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Saison froide ☃︎ Azamyr • An 118 — Novembre à Décembre

Imaginez un monde dans lequel votre avenir est incertain, la fin se rapprochant de plus en plus, sans que vous puissiez changer votre destin. Un jour, une solution est trouvée, vous permettant d’espérer, de croire en la possibilité d’une autre vie, une nouvelle vie. Il vous faut trouver une clé, vous permettant de traverser le portail menant à un nouveau monde. Là, tout est possible, vous naissez à nouveau, différent. Vous devrez faire face aux dangers, aux complots, aux découvertes. Mais l’avenir s’étend devant vous. Le petit journal d'Azamyr

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the pattern of the lonely people ● Najma

Kiran Radras
Maison de la Flamme et de l'Ombre


the pattern of the lonely people

Somehow I should have known
You'd grow away from me
Cuz we were so alone when we came here


9 Novembre, 118 - feat. Najma Awaleh


C’est l’inconfort qui le réveille. Dans un amas de membres étranglés, il peine à retrouver ses dix doigts, ses deux bras, ses deux jambes, au milieu de tout le reste. Dans les premiers instants d’éveil, dans l’entre-deux mondes, il lui semble que le haut est à droite, le bas en haut, et tout le reste est parti par la fenêtre. Petit à petit, l’inconfort devient douleur, de celles qui semblent cibler une vertèbre précise, qui accompagne souvent une sieste impromptue sur une chaise, par exemple. Ou une nuit quasi-complète adossé à un mur, puis par terre enroulé sur lui-même. Cette douleur a le mérite de remettre le plafond et le sol à leurs places respectives, mais le rouquin n'en reste pas moins froissé, à l'image du croquis sur lequel il s'est endormi. Le papier est précieux, en ce monde, et ça le peine toujours d'en gâcher. Dans un baillement, il déplie son corps jusqu'à retrouver consistance humaine, ou du moins adjacente.

Soupir.

Les mains frottent le visage pour lui enlever ses rainures, ses plis, et le reste de la journée devient enfin envisageable. Sauf que la seule perspective à son programme, c'est l'ennui. Il balaye sa chambre des yeux, à la recherche d'un frein au rien qui menace déjà de le ronger. L'ennui, il a découvert, ne lui sied pas. Il n'a jamais la décence de rester seul, et invite toute sa fratrie, que Cy n'a jamais envie de voir. L'ennui vient avec l'agitation, qui lui fourmille sous la peau s'il a le malheur de rester immobile; avec l'agacement, qui lui pèse sur la langue comme un venin qu'il aurait besoin de cracher après tout et rien; et avec des pensées-spirales dont les tourbillons paraissent inesquivables.

Alors il se jette sur la première occupation qui lui vient à l'esprit: le rangement. Pas que le rangement soit exactement efficace contre l'ennui, mais il a sa voix qui lui revient avec des non-sens pseudo-philosophiques sur le bordel dehors, bordel dedans, et il faut dire qu'on y voit plus bien clair, dans cette chambre. Alors il attrape les quelques vêtements qu'il possède et qui sont balancés deçà delà, en fait une pile ailleurs, et s'attelle à collecter les dessins parsemés partout. Les esquisses, les croquis, les expériences, les ratés, les affiches. Les affiches. Les affiches. Disque rayé coince sur la piste, sur une rayure. Il les ramasse, les affiches. Les affiches pour Najma. C'est des propositions, des essais, des petites tentatives sur lesquelles il a passé du temps. Certaines lisent en grosses lettres calligraphiées "Besoin de vous", d'autres "Collecte de dons" ou encore "Donnez ce que vous pouvez". Certaines avaient même des plans maladroits, parce qu'il est pas architecte, Kiran. C'est pour l'orphelinat dont elle lui a parlé, projet dans lequel il s'est engouffré comme un courant d'air. Faut dire qu'il a besoin de direction, le spectre. Sauf que voilà, depuis quelques temps, mois, semaines, ses affiches, il se les garde. Chaque fois qu'il a essayé de les apporter à Najma, elles ont pris une porte close dans la tronche, à grands coups de pas le temps qu'il a acceptés plus ou moins bien. En décroissant, jusqu'au plus du tout, et il a arrêté d'essayer, s'est gardé ses affiches, et a enfermé les sentiments associés; frustration, tristesse, doute, inquiétude, dans une boîte fermée par une pierre posée dessus. Sauf que l'ennui s'amuse à jeter des pavés proverbiaux dans la mare de sa tranquilité, et le pavé le plus proche, c'est celui là.

Affiches-rejets en main, ou plutôt en poigne, il se met en route, Kiran, aux premières heures du jour, dans le froid hivernal. Sans détourner le regard du droit devant, lui qui a d'ordinaire les yeux baladeurs, et qui peine à aller d'un point A à un point B sans visiter tout l'alphabet. Mâchoire serrée sur... quoi ? Il a pas enregistré de phrases à lui dire, encore, pas fait de relecture de son introduction, pas pas pas. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il marche jusqu'au temple, sans égard pour les Dieux qui le regardent peut-être. Ils diraient quoi, de toute façon ? Bordel dehors, bordel dedans, bordel dehors, bordel dedans. Kiran a le souffle court entre les côtes, et le mêlé de sentiments ne fait qu'épaissir à mesure qu'il le laisse faire, et qu'il inspire-expire trop vite.

Temple en vue, il presse le pas jusqu'à gravir les marches qui mènent à l'entrée et se poster à côté de la porte, bras croisés sur des souffles courts, tout à fait déterminé à attendre là jusqu'à ce que Najma arrive, ou parte, peu lui importe.
Kiran Radras
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Najma Awaleh
Maison de la Flamme et de l'Ombre



The pattern of the lonely people
Najma Awaleh & Kiran Radras

Les occupations permettent d'oublier de réfléchir, de ne pas regarder en arrière. Ce que l'on perd, ce que l'on fuit, ce que l'on abandonne. J'ai tant laissé derrière moi, avant le grand voyage, mais aussi après. Et certains ne méritaient simplement pas d'être abandonnés et oubliés. J'ai l'impression de commettre sans cesse les mêmes erreurs sans jamais en tirer de leçons. Je pensais avancer, je pensais m'être reconstruite en femme forte et sage, alors qu'en réalité, je me complais à stagner dans ce confort si reposant. Je me plaît à oublier les responsabilités qui me semblaient trop dures à assumer. Je me suis répété pendant un moment que je ne suis pas responsable des sentiments des autres, mais c'est totalement faux ; mes actes et mes paroles ont des conséquences, mais celles-ci me font peur. Alors, je les mets de côté, en occupant mon esprit avec mille autres choses bien moins importantes.

Je commence même à redouter et à repousser les moments où je me retrouve seule chez moi. Comme une vague que l'on aurait retenue trop longtemps, mes pensées déferlent en dévastant tout sur leur passage. Destructrices, elles ne laissent que des débris de moi-même. Alors, je mets de côté tout ce qui me rattache à ces émotions. Nos habitudes et mes projets sont relégués dans un coin de mon esprit, dans une obscurité que je souhaite inatteignable, comme si le problème allait se résoudre tout seul. Comme si j'étais capable d'oublier cette culpabilité qui me harcèle simplement avec un peu de temps. Si la solitude et l'ennui m'étaient agréables, ils sont maintenant un fardeau que j'essaie d'éviter.

Pour ce faire, j'use de multiples stratégies. Pour commencer, mon arrivée au temple est de plus en plus matinale et mon départ se fait de plus en plus tardif. Personne ne s'en inquiète vraiment, je pense que personne n'est assez proche pour pouvoir le remarquer. Je veille à ce que tout soit toujours en ordre, quitte à m'acquitter des tâches qui ne me reviennent pas vraiment, libérant les autres prêtres et prêtresses de leurs fardeaux. Je me concentre également sur les soucis des visiteurs du temple, les mettant avant les miens. C'est aussi moi qui m'occupe des courses extérieures, et cette suractivité commence à peser sur mon état de santé global. Le stress et la fatigue sont quasiment omniprésents, et je suis bien trop souvent sur la défensive.

Aujourd'hui est l'une de ces journées difficiles, une journée où il n'y a pas grand-chose à faire et où la fatigue engourdit mon esprit. Pour y remédier, j'ai décidé de m'occuper du jardin du temple. Si ce jardin permet à l'esprit de s'apaiser, il n'est pas seulement décoratif ; j'y ai planté quelques herbes médicinales afin de répondre au mieux aux besoins des lieux. Cependant, depuis quelques jours, des taches brunes sont apparues sur les feuilles de certaines d'entre elles. J'ai déjà vu cela, il s'agit de champignons dus à l'excès d'eau, et je sais comment y remédier. Je décide donc de laisser une note pour avertir de faire attention lors de l'arrosage des jardins avant de partir pour me rendre chez le botaniste des environs.


Je ne m'attendais pas à ce que la raison de mes angoisses me rattrape aussi brusquement. Je pensais même que mes nombreux rejets avaient fini par le décourager. Pourtant, Kiran se tient adossé au mur de la bâtisse. Beaucoup de questions me viennent à l'esprit, mon cerveau carbure à toute vitesse tandis que mon corps se fige. Que fait-il ici ? Depuis combien de temps est-il là ? Devrais-je feindre de ne pas l'avoir vu ? Que devrais-je dire ? Puis, comme s'il reprenait son cours normalement, je m'approche de lui avec un sourire aux lèvres. Comme si cela ne faisait pas plusieurs semaines que je l'évite, comme si tout allait bien et était normal.

“Bonjour Kiran, c’est un plaisir de te voir, comment vas-tu ?”

Mon hypocrisie me serre la gorge, mais je ne sais pas comment me sortir de cette situation délicate. Encore une fois, je tente simplement de fuir mes responsabilités, espérant qu'il se contente de ces salutations amicales et d'une excuse bancale.


Najma Awaleh
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Kiran Radras
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the pattern of the lonely people


Tap, tap, tap, tap-tap. Les phalanges libres tapotent le bras opposé dans un rythme crescendo. T’as pas honte, tap, tu veux pas juste m’envoyer chier, tap, tu peux pas me fermer la porte au nez, tap-tap. Et ça recommence, je t’ai amené ça, tap, puis je pars de ta vie, tap, j’ai compris le message, tap, adieu, Najma, tap-tap. En boucle qui s’ajoute aux autres, son cerveau dit tout en même temps, prépare mille phrases aussitôt rayées, aussitôt discardées. Rien n’a le bon ton, rien n’a la bonne frappe. Faut dire qu’il a jamais eu le talent des mots, Cy. Tantôt cascade qui peine à réfréner ses flots, tantôt silence tombal, maladroit entre les deux, c’est pas pour rien qu’il réagit toujours après coup. Souvent, le premier jet sort mal. De traviole, à l’envers, à moitié. Les mots coincent dans les coins, s’accrochent au fond de sa gorge, ou ne prennent pas les bons manteaux en sortant, s’habillant de colère au lieu de tristesse, de méchant au lieu de confus.

Ce qu'il voudrait dire, c'est je comprends pas, explique-moi.

Mais ces mots-là, il y a pas accès.

Alors il se regarde ruminer, coincé dans sa colère-blessure et à la fois presque hors de lui-même, déjà persuadé qu'il fonce dans le mur. La peur qu'on le laisse, qu'on le délaisse, qu'on parte sans prévenir, réveille au fond de lui des inquiétudes anciennes. Des instincts enfantins. La terreur de se réveiller seul au monde. Que du jour au lendemain, les autres l'aient effacé de leurs vies, d'un claquement de porte, d'un craquement de nuque, ou d'un j'ai pas le temps. Najma, c'est la personne qu'il connaît le mieux, dans cette nouvelle vie. Kiran, à la barre de sa barque percée, s'est accroché au premier port dans la tempête, et avec elle, ça a été facile, alors que des existences entières les séparaient. A l'inverse de Najma, le spectre n'a jamais eu foi en quelque chose de plus grand que les êtres humains. Pourtant, il a foi en elle. Bien différente, assurément, de celle qu'elle a en ces entités immatérielles, mais une forme de foi malgré tout. C'est le problème de toute une vie, cette propension à croire si fort aux autres, quitte à se brûler. Alors les banalités sporadiques et expéditives qu'elle lui a lancées les quelques fois où elle a pas réussi à l'éviter ont semé doutes et angoisses dans sa croyance. Le taptaptaptaptap de ses doigts s'arrête contre la manche de son vêtement. Il ne sait toujours pas ce qu'il va dire, quand elle va sortir, mais l'envie lui traverse l'esprit: lui aussi pourrait disparaître, être le premier à s'enfuir, à laisser tomber, pour pas vivre avec l'idée qu'une personne de plus lui a tourné le dos. Seulement, c'est moins crédible quand il est déjà sur le pas de sa porte à attendre de la voir.

Difficile de dire combien de temps il passe planté là. Le temps est, de toute façon, devenu un concept moins oppressant, ici. Il y prête en tout cas moins attention. Ce qui est certain, c'est que lorsqu'il l'aperçoit, toutes ses réflexions piaffantes, piétinantes, ne sont allées nulle part. Les arguments ont couru après leurs propres queues jusqu'à avoir le tournis et ne lui laisser qu'un vieux goût de mal-être au palais. Mais voilà qu'elle est là, Najma, face à lui, et son sourire fait revenir la colère qui avait fait un pas en arrière; pour mieux charger, apparemment. Le dos décolle du mur, il décroise machinalement les bras, et manque de mots. Elle lui lance du trivial, du banal, comme si de rien n'était. Il en a même un doute, l'espace d'un instant: est-ce qu'il a exagéré la situation? Possible. Pourtant, il se souvient bien de toutes les fois où, poliment, elle l'a envoyé voir ailleurs, là où avant elle aurait accueilli sa présence au sein de son quotidien. Il a senti le vent tourner, pourtant il n'a pas non plus tendu la main dans sa direction. Il l'a juste regardée partir.

"Un plaisir de te voir?" Premiers mots arrivés à l'extérieur, et le revoilà dans son corps. Mâchoires vissées, doigts crispés, muscles tendus. C'est le corps qui prend la suite, d'ailleurs, tendant brusquement la liasse de papiers à présent déformés. "Tiens, voilà ce que t'évites depuis des semaines. Il fait un pas en arrière. Comme si c'était pas lui, qu'elle évite. "Ca y est, t'en as eu marre?" Le rationnel sait bien que c'est pas ça, que ça, c'est pas elle. Mais ça lui fait une belle jambe, qu'une partie de lui le sache, quand c'est qu'un figurant. Il a le regard planté sur un point imprécis, juste à la droite de Najma. "Ben t'inquiète pas, je vais te soulager, regarde: Ca va bien, merci. Passe une bonne journée!" Il se placarde un rictus aux lèvres, fait un petit geste de la main, mais le jeu d'acteur tient pas la route. Dans ses mots, ça martèle au lieu de recoudre, il casse là où il voudrait réparer.
Kiran Radras
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Najma Awaleh
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Najma Awaleh & Kiran Radras

Comment ai-je pu penser pendant une seule seconde que je pouvais simplement feindre l’ignorance et agir comme si rien ne s’était passé ? Nous sommes censés être amis et pendant des semaines, je l’ai traité comme un élément gênant de ma vie, je l’ai repoussé, je l’ai blessé. Je me suis terrée dans les mensonges, ignorant tout ce qu’il devait ressentir et ce que je ressentais moi-même. Je soulageais ma conscience en me disant que mes actes n’avaient pas de conséquences, mais ce sont ces mêmes conséquences qu’il vient de me jeter au visage et que je ne peux ignorer.

J’avais peur, peur que tout ceci se concrétise et ne soit réel. Avais-je besoin de voir cette douleur sur son visage pour le comprendre ? De tenir la preuve de son engagement envers moi entre mes mains ? Ces simples feuilles qui me semblaient être d’un poids insurmontable lorsqu’il me les présentait, aussi lourdes que le poids de mon cœur, ne sont pourtant que de simples feuilles maintenant que je les tiens entre mes mains. Concrètes, mais légères, emplies de toute sa passion, son engouement et son amour. Une part de moi a envie de les jeter loin, de fuir sans me retourner, mais comme effrayée par cette perspective, je les serre contre moi, mes mains s’y accrochant désespérément, comme si elles étaient la seule chose qui nous rattachait encore l’un à l'autre. Je me sens tiraillée entre ce que je veux et ce que je devrais faire.

Ces derniers mots sont comme l’ultime coup de poignard de sa douleur. Comment peut-il penser que ce soit un soulagement ? Mais en réalité, tout ceci ne sont que les conséquences de mes actes, même si c’est difficile à accepter. Je ne sais pas vraiment comment réagir, je ne veux pas le laisser partir, mais c’est comme si mon corps était figé et que mon cerveau ne parvenait plus à réfléchir correctement. J’aurais eu besoin de temps pour comprendre ce que je ressens et ce que je devrais faire ou dire, mais le voilà qui s’éloigne déjà. Et plus il s’éloigne, plus l’angoisse monte en moi. J’ai l’impression que si je ne le retiens pas maintenant, je n’aurais plus jamais l’occasion de le faire. Seulement, je ne peux pas m’excuser comme si c’était aussi simple et sans importance, ça ne l’est pas. Nous avons besoin de temps, j’ai besoin de temps.

“ Attends, je ne souhaite pas que tu partes. ”

Ce n’est qu’un demi-mensonge et la partie de moi qui veut le protéger et conserver notre amitié est plus grande que la peur, c’est elle qui a parlé en premier. Alors que j’espère qu’il va s’arrêter, qu’il va se retourner et comprendre ma sincérité, je réfléchis à la suite de mes propos. Puis-je vraiment attendre de lui qu’il me comprenne alors que je ne le peux pas moi-même ? Je ne veux pas essayer de me trouver des excuses pour ce que je lui ai fait, mais je ne peux pas attendre de lui qu’il me pardonne non plus sans essayer d’exprimer ce que je ressens. Tout est un peu confus et je ne sais quelle est la bonne démarche à suivre. Peut-être que finalement je cherche juste à gagner du temps.

“ Je dois faire une course pour le temple, les plantes du jardin sont malades. J’ai peur qu’elles ne finissent pas la saison si je ne fais rien et avec les températures en baisse elles sont de plus en plus fragiles. Il faut que je passe chez le botaniste. Voudrais-tu m’accompagner ? ”

Chaque mot est placé simplement dans cet objectif. Je n’ai pas réellement besoin de lui expliquer le comment du pourquoi, mais chaque seconde que j’arrive à gagner pour lui poser cette dernière question est un soulagement et un supplice. Repousser l’inévitable qui angoisse tant, le soulagement final de prononcer ces mots et l’attente insoutenable de sa réponse. Cette part de moi aurait préféré ne pas le croiser aujourd’hui et pourtant je suis heureuse qu’il soit là.
Najma Awaleh
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Kiran Radras
Maison de la Flamme et de l'Ombre


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Demi-tour en demi-teinte, la première enjambée plus grande que les deux suivantes, et déjà il est prêt à s’arrêter si elle ne le fait pas. Ça lui colle au bide, ce faux-départ, la pseudo-résolution mal foutue à un conflit terminé avant d’avoir démarré. Jamais été grand fan des chocs frontaux, Cy, et la tendance à louvoyer entre les écueils ou à abandonner le navire au moindre obstacle à l’horizon a la peau dure. Mécanisme foireux posé là en bouclier aux douleurs potentielles, devenu douve, pont-levis et forteresse. L’autopilote est prêt à le ramener jusqu’à chez lui, tirer une croix sur l’amitié et l’affection portés à Najma comme ça. La justification est là, toute prête, dans un c’est ce qu’elle veut qui regarde pas plus loin que le bout de son nez. Et c’est tout ce qu’il faut au parasite, à l’intrus dans ses pensées, festoyeur de doutes, qui susurre des qu’est-ce que tu croyais et des en même temps qui voudrait? purulents aux oreilles fragiles.

Sauf que non. Pas cette fois. Leur conversation sonne faux, et le tableau qu’ils ont commencé ensemble n’est encore qu’esquisses et traits hasardeux, il ne veut pas que les quelques embardées qu’ont fait leurs pinceaux servent de signature à cette œuvre nouvelle.  Pour autant, il parvient pas tout à fait à enrayer ses pas fuyants, pas avant que les mots sortent de la bouche de Najma. Il s’arrête au attends. Au moins, elle l’a retenu, et c’est la preuve dont il avait besoin pour entériner ses espoirs. Je ne souhaite pas que tu partes. Elle non plus, elle voit pas ça comme un point final. Il a l’impression que son cœur retrouve une taille normale, pris qu’il était dans l’étau de ses pensées-poison. Kiran se retourne vers elle, presque à s’en filer le tournis. Tout prend trop d’ampleur, pour lui, mais il a trop peu existé auprès des autres pour gérer les houles sans avoir l’impression de se noyer. Solitaire par habitude plus que par préférence, mais solitaire malgré tout, à l’exception des exceptions, justement. Sur Terre, ont vécu dans une bulle à deux, surtout les dernières années, et Cy a oublié la couleur des amitiés nouvelles. De plus, la facilité des premiers temps auprès de Najma, jusqu'à ces semaines froides, lui apportaient un réconfort et une familiarité qui ont servi de ligne de vie à ses débuts attristés en ce nouveau monde, et dont le manque se fait ressentir.

Mais tout va mieux. Elle l'a retenu. Sa tête bourdonne de tant de mots différents, qu'il peine à saisir les seuls qui l'intéressent au milieu de la cacophonie, ceux de Najma. Pourtant, ils sont précieux, et il s'illumine en retour. Peut-être que pour elle, c'est autre chose; un moyen de le satisfaire, un bon geste en remerciement à ses efforts dessinatoires, mais pour lui, elle vient de le réinviter dans sa vie. Il fait d'ailleurs taire les autres possibilités qui s'énoncent, et décide de ne se concentrer que sur la réalité: elle l'invite à prendre part à son quotidien, comme ils l'ont souvent fait. "Oui, avec plaisir. Qu'est-ce qu'elles ont? C'est grave?" Il en oublierait presque tout le reste, satisfait qu'une porte lui soit enfin ouverte. "Je te suis, on va sauver les plantes!." Prêt à lui emboîter le pas, prendre la perche et ne l'interroger que sur leur nouvelle mission, se laissant de côté, il a malgré tout le fond de gorge encore noué sur ce qu'ils n'ont pas dit. L'amer et l'acide des rejets répétés rongent sa joie retrouvée. Et si elle ne l'avait invité que parce qu'il est aussi distrayable qu'un môme, si ce n'était qu'une sucette lancée pour le contenter sans trop le blesser, et le laisser retourner à sa vie rassuré et répéter le cycle à l'infini? Et si c'était sa bonté inhérente qui l'avait poussée à le retenir? Et si, et si, eti si. Il serre les dents pour faire taire les doutes qui lui donnent une profonde envie de s'enfuir, plante les ongles dans ses paumes pour occulter l'indésirable. Malgré ses efforts, une fois de plus, son pas ralentit, alors qu'il va enfin là où il voulait aller: dans la même direction que Najma. Puis s'arrête. "Najma, je.." Il lève les yeux dans sa direction, articule un "je comprends pas," un peu lent pour ne pas laisser les rênes à ses angoisses galopantes. "Faudrait que tu m'expliques, parce que je comprends pas ce qu'on fait, là," rajouté dans le même souffle, sans savoir préciser ce qu'il attend précisément, comme explications. La colère-masque lui manquerait presque, en comparaison. La solitude aussi.
Kiran Radras
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