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Une ascension à travers les années - Ft Feyre
Voilà maintenant six longues années qu'Arakyel était devenue une habitante d'Azamyr. D'abord simple Dryade au charme ravageuse, elle était devenue bien plus que cela. Actuelle directrice d'une troupe de comédiens au Jardin Fantastique, la fille des Triska avait fait en sorte d'implanter ses racines dans différents niveaux de la société. Séduisant les imbéciles par son charme ravageur et achetant ceux qui n'étaient pas attirés par ses pétales. Trempant aussi bien dans la légalité de la vie que dans les sombres créations de ce nouveau monde. Mais clairement, notre protagoniste avait un très grand intérêt à se rapprocher aussi de sa Cheffe de maison. Feyre Sarynx, une sirène aussi belle qu'efficace. Normal qu'elle soit alors à la tête de ce quartier de la Cité, aussi mal que cela puisse t'être pour Arakyel de l'admettre. Après tout, difficile de ne pas apprécier la compétence, encore plus quand c'était allié à la beauté.
D'abord embauchée comme espionne au vue de sa fonction, et cela après quelques années à montrer son importance et l'intérêt que la Dryade portait à la cheffe, c'était un tout nouveau type d'invitation qui avait été envoyé cette fois-ci à notre protagoniste qui revenait tout juste d'une mission d'informations qu'on lui avait transmise quelque jours auparavant. Si initialement cela pouvait l'ennuyer d'être appelée comme une vulgaire servante de seconde main, encore plus alors que son emploi du temps était plein à craquer et que son envie de revoir Nyméria lui prenait la tête, Arakyel savait pertinemment que dans ses objectifs de grimper et, peut-être un jour prendre la place de Feyre, il serait nécessaire d'agir toujours comme une suivante qu'une meneuse. Ce qui donnait clairement des envies de meurtres à la directrice qui à chaque fois passait de longues heures dans son bain de pétales et de fleurs pour calmer ses nerfs.
C'était habillée de sa magnifique et longue robe blanche que la fille Triska s'était présentée au QG de sa maison. Cheveux détachée dans une longue et magnifique crinière blanche comme la neige, notre protagoniste s'était alors rendue aussi belle que d'habitude en rendant ses lèvres le plus rouge possible à travers divers pétales de fleurs. Sa peau délicate avait eu la chance d'être massée pour raffermir les pores de sa peau. S'il fallait, pour cette journée usée en plus d'un peu de son charme pour rendre ce rendez-vous plus à son avantage, il n'y aurait alors aucune honte à cela. Mais alors que la douce Dryade attendait son tour pour rencontrer la cheffe de maison, ce qui était clairement un affront pour Arakyel que d'attendre, même si elle ne pouvait se permettre de le dire sous peine de perdre ses avantages, elle en vint finalement à réfléchir à sa première rencontre organisée pour se faire connaitre de Feyre...
---- Il y a environs deux années de cela -----
Cela faisait déjà trois années que la comédie du Jardin Fantastique avait vue le jour. De nombreuses années durant lesquelles la fille Triska avait tout donnée pour recruter de bons éléments. Sans oublier l'écriture des textes s'inspirant des normes de l'ancien monde remis au goût du jour sur le nouveau. Mais ce jour-ci était particulièrement important pour elle. Parmi toute ses invités, il y avait un membre de choix. Feyre Sarynx, la toute nouvelle cheffe de la maison des Maintes Eaux. La Dryade avait même fait le déplacement personnel, offert une délicieuse bouteille d'alcool avec un carton d'invitation personnalisé pour "espérer" la voir venir pour l'une des plus grande représentations du Jardin Fantastique. Pour l'occasion, notre douce protagoniste avait passée la journée entière à décorer la scène de nombreuses fleures et pétales, ayant crée des figures florales pour obtenir la plus belle scène possible. Son but, c'était pas juste d'offrir un bon moment à la sirène, oh que non. Nul doute que cette charmante Feyre devait souvent avoir des bons moments dans sa vie. L'objectif c'était clairement de marquer l'esprit de sa Cheffe de maison à travers quelque chose de marquant. Une nouvelle dirigeante se devait de recevoir un accueil digne de son poste... Et notre protagoniste comptait bien lui offrir. Faire en sorte que l'on se souvienne clairement du nom d'Arakyel Triska, dite "Rose" pour ses représentations.
Il était après tout bien plus facile de s'élever quand votre nom était connue des bouches les plus importantes de la Cité... Et c'était clairement le but de la comédienne. Un jour peut-être se chargera t'elle de faire venir dans son antre les autres dirigeants, mais pas ce soir. Ce soir c'était seulement en l'honneur d'une seule.
Et la représentation se fit d'ailleurs sans aucun problème. De la comédie, du chant, de la danse, du fantastique... Arakyel avait donnée tout son cœur à l'ouvrage, offrant une toute autre facette de sa personnalité. Celle d'une personne libérant ses épaules du poids de toute ses folies, de toute sa grandeur pour n'être plus qu'un avec la comédie. Il n'y avait plus de Dryade, il y avait son personnage. Il n'y avait plus que la solitude d'un cœur pleine de rage, mais une comédienne parmi tant d'autres. Si sa voix était fait d'ordre et de conquête, elle devenait douce comme la soie lors des chants... Plus de trois décennies à vivre parfois pour un public ingrat, mais aussi tout autant d'années à, chaque jour, s'entrainer, s'entrainer et donner jusqu'à son dernier gramme d'énergie pour vouloir être la meilleure, surpasser sa mère, surpasser tout ce qui était sur son chemin... Pour briller comme la plus belle des étoiles.
Puis après le spectacle, la révérence face au public, le départ de la plus grande partie des spectateurs et l'après spectacle pour les invités de marque et surtout, Feyre. De cette soirée, offrant coupe de vin et autre bouchées, Arakyel avait bien espérée offrir un moment inoubliable à la sirène... Et d'avoir inscrit son nom et sa magnificence dans son esprit comme son âme...
Code par KoalaVolant
Khioné, qui avait été la première à repérer sa comparse, avait eu raison quant au rôle qui avait été offert à Arakyel. Mais également sur sa capacité à mener sa mission à bien. Feyre n’aurait su mentir ; elle n’aimait pas la jeune femme un point c’est tout. Mais les raisons qui la poussaient à la détester étaient exactement les mêmes qui faisaient d’elle un élément d’une qualité inestimable. Féroce, ambitieuse et loyale -pour peu que l’on eut les mêmes intérêts qu’elle - Arakyel n’avait jamais déçu Feyre. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’elle l’avait convoquée, aujourd’hui.
Une demoiselle passa la tête par l’embrasure de la porte, murmura quelques mots et Feyre leva les yeux de sa paperasse. Le moment était venu. Les dieux seuls savaient à quel point elle détestait les rendez-vous de ce genre, elle aurait volontiers demandé à Khioné de faire passer le mot à Arakyel elle-même, mais hélas ce n’était pas ainsi que les choses devait se passer. Alors à contre cœur, elle reposa sa plume dans l’encrier, roula le parchemin sur lequel elle était en train d’écrire puis repoussa doucement sa chaise. Par la fenêtre- véritable bijou de magie- l’océan s’étendait à perte de vue, on y devinait parfois les ombres de créatures plus ou moins grandes et de temps à autre, un banc de poissons colorés venait illuminer l’obscurité. S’arrachant à la contemplation de cet infinis qui lui était offert, elle se dirigea vers la sortie.
Arakyel était semblable à un hiver de glace avec ses cheveux et sa robe blanche, laquelle n’était pas sans rappeler la tenue que Feyre portait à cet instant.
- Arakyel. Suis moi. Elle s’était avancée jusqu’à la dryade et avait lancé ses quelques mots d’une voix profonde et inflexible. Cela pouvait presque sonner comme un ordre plus que comme une invitation. Son visage se fendit d’un léger sourire et sa main indiqua la direction à prendre.
Arakyel Triska. Rose. C’était Khioné la première a avoir eu des vues sur la dryade. Feyre n’était alors qu’une novice qui peinait encore à réaliser ce qui était en train de lui arriver. Dire qu’elle ne l’avait pas vu venir aurait été un pieu mensonge, tout avait méticuleusement été calculé pour que les choses se passent exactement de cette façon. Cela n’empêchait pas pour autant la sirène d’être complètement dépassée par les évènements. Heureusement, elle débordait d’envie et de motivation. Cette place, elle s’était battue pour l’avoir et elle allait continuer de se battre pour la conserver. Tout comme elle comptait bien batailler pour les idées qu’elle allait maintenant pouvoir faire passer. Mais pour cela, il lui fallait plus qu'un siège de dirigeant. Il lui fallait des alliés. La première avait été Khioné, une évidence. Les autres… Eh bien Feyre les cherchaient justement. C’était ainsi que le nom d’Arakyel lui était parvenu ; par le biais de son bras droit.
Dubitative, elle avait émis des réticences. Elle avait déjà une dryade à ses côtés, qui en plus partageait ses idées. Était-il nécessaire d’en avoir une seconde ? De plus que pourrait-elle faire d’une directrice de troupe de comédiens? Mais Khioné avait insisté et avait fini par déposer une invitation en lettres dorées sur son bureau ainsi qu’une bouteille. Feyre avait lourdement soupiré mais également promis de se rendre à cette fameuse soirée, celle du Jardin fantastique. Cependant elle émit une condition ; sa décision serait prise non pas après cette soirée mais lorsqu’elle l’aura jugé bon. Durant ce temps, Arakyel serait sous son observation.
Ce fut donc avec cette idée en tête que Feyre se présenta à cette soirée, dissimulée derrière le masque d’une jeune femme joviale et triomphante. Elle passa l’entièreté de la représentation à observer Arakyel pour n’en tirer rien d’autre que le rôle de cette créature qu’elle devait interpréter. Preuve qu’elle était une bonne artiste et une excellente comédienne. Mais cela ne suffisait pas à Feyre alors, lorsqu’elle quitta le théâtre elle laissa une note à l’attention de la dryade. Une première épreuve, qu’elle lui imposait sans le lui montrer. Après tout, si elle devait en faire l’une de ses complices, encore fallait-il s’assurer qu’elle en soit capable.
Lorsqu’Arakyel découvrirait le mot, elle pourrait y lire :
Pourriez-vous me rendre, cependant, un service ?
Il faudrait que vous trouviez et me rameniez une Xiura. Avant la fin de la première lune de ce mois-ci.
Je compte sur vous.
Même si clairement l'attente n'avait pas été aussi longue que prévue, il était toujours embêtant pour la Dryade que de devoir être reléguée à un poste semblant assez peu important pour qu'on la pousse à patienter. Cela lui rappelait clairement douloureusement les débuts de sa carrière comme artiste. Les auditions, par exemple ou juste quand sa mère avait pris un malin plaisir d'attendre toute une semaine pour lui annoncer le refus catégorique de devenir une membre de l'Opéra de Varsovie. Arakyel c'était alors donnée comme point d'honneur, une fois devenue une puissante, de ne plus être celle que l'on faisait attendre... Mais clairement pour cette journée, Feyre en avait décidée autrement. Mais que pouvait bien faire la Directrice à ce moment la? Se lever et partir? L'idée était assez amusante sur le principe et avait amplement de quoi faire passer un message que de voir ainsi partir la personne que l'on invitait en rage... Mais cela n'aurait aucune bonne influence sur le futur de la comédienne et ce n'était vraiment pas ce qu'elle cherchait. Plier l'échine, sourire, obéir, contenter la Sirène, une longue liste comme le bras de choses dont se forçait à faire notre protagoniste pour être sûr que tout se passe à merveille dans sa façon d'être bien vue.
Et la patience vint à récompenser la fille Triska quand sa cheffe de maison vint enfin à sa rencontre. Une chose était sûre, c'est que Feyre était en très grande partie dans l'alignement des légendes des Sirènes que l'on pouvait lire à l'époque sur Terre, d'une grande beauté, un charme certain et pourtant cela ne l'empêchait pas d'avoir un visage ferme et impériale. Clairement, l'attitude et le charisme d'une bonne dirigeante de maison. Ce qui énervait toujours plus Arakyel dans tout ce schéma frustrant. Il était bien plus facile de se débarrasser de quelqu'un d'incompétent ou n'ayant absolument aucun charisme, mais les cartes étaient clairement pas en sa faveur ni sur le premier point, ni sur le deuxième. Il restait donc clairement le chemin plus long et tortueux de faire ses preuves. Face à l'ordre, la Dryade manqua de laisser une grimace de désapprobation s'incruster sur son visage, réussissant à le remplacer par un simple sourire en se levant et en faisant une révérence en prenant le soin de lever légèrement sa robe pour ne pas qu'elle puisse toucher le sol.
"Dame Sarynx, un plaisir que de vous voir aujourd'hui."
Un simple petit coup de pommade, et la voilà à se déplacer dans la direction indiquée par sa cheffe de maison. Laissant ses mains se joindre tranquillement dans son dos pour offrir une figure plus douce et joviale, la démarche de la Directrice se voulait fine et distinguée, continuant de réfléchir sur quoi pourrait bien se porter la discussion d'aujourd'hui. Mais quoi que cela puisse t'être, ce serait sûrement important. C'était toujours important, quand c'était Feyre qui faisait une demande pour ce genre d'entrevue en tête à tête...
"Être convoquée est toujours un honneur pour moi, j'espère de nouveau pouvoir aider convenablement ma Maison..."
Servir sa maison... Sa cheffe... Ce n'était pas la dernière fois, pour sûr...
---- Peu après le spectacle d'il y a deux ans -----
Une lettre avec une recommandation? Voilà quelque chose qui était une première. Surprenant même. C'était bien la première fois qu'on lui faisait quelque chose du genre. Mais clairement, Arakyel n'était pas quelqu'un de dupe. Tout ceci ressemblait au début d'une quête qui l'énervait déjà. Oh, pas à cause du principe même de la chose. Elle comprenait qu'on lui demande de faire des efforts, montrer de l’investissement... Tout ce genre de choses, elle les demandait elle même à ses acolytes pour savoir si un pion était ou non digne de confiance. C'était plutôt le faite de devoir s'aligner à un rang cruellement bas pour faire plaisir à quelqu'un que la Dryade ne connaissait pratiquement pas afin de rejoindre son entourage. Au moins respectait-elle suffisamment l'idée que sa Cheffe de maison ne soit pas une imbécile qui faisait directement confiance aux gens grâce à une belle soirée, quelques bons alcools et quelques belles phrases. Si cette relation pouvait partir sur un chemin clairement chaotique, au moins naissait la délicate fleur du respect.
Ainsi il fallait une Xiula avant la fin de la première lune? Un certain sourire s'était dessiné sur le visage de la fille Triska face à la demande. Qu'on demande à une Dryade une plante était suffisamment ironique, même si ce n'était pas fais exprès, pour ne pas amuser la comédienne qui avait fait son possible pour demander à ses agents de lui en ramener une. Cela n'avait d'ailleurs pas pris plus de temps que cela finalement, cette plante la n'étant pas la plus difficile à retrouver. Cependant, la douce Dryade avait refuser que cela soit une plante achetée dans une quelconque et stupide boutique de fleuriste, s'il en existait une dans l'une des quatre maison. A ses yeux, il fallait que ce soit la chose la plus naturelle et sortie du sol très récemment. Et qu'on lui retrouve bien entendue la plus splendide des Xiula. Ce n'est pas parce que la mission était simple, qu'il fallait bâcler les choses. C'était clairement quelque chose qui pouvait faire sortir la Polonaise de ses gongs. Et Arakyel était quelqu'un qui aimait la qualité plus que tout.
Ainsi avait-elle exprès fait le déplacement, décalant certain de ses rendez vous, le tout avec un petit bouquet de Xiula dans les mains. Belles, cueillit du jour, jusqu'à la Maison Principal des Maintes Eaux. Difficile de savoir ce que pourraient-être les prochaines épreuves, mais clairement, la comédienne était prête à faire bien des choses pour se tailler une place convenable dans ce fichue monde...
Code par KoalaVolant
Elles traversèrent le long couloir jouxté de fenêtre qui donnaient sur la gigantesque maison au fond des eaux. De droite et de gauche l’ont pouvait apercevoir aussi bien des bancs de poissons que quelques sirènes ou nymphes. Feyre n’y prêtait plus vraiment attention. L’habitude était venue avec les années et le manque de temps avec son nouveau poste. Elle passa donc sans jeter un regard vers l’extérieur et bifurqua au croisement d’un second couloir pour emprunter celui le plus à droite. Trois enjambées plus tard, elles se trouvaient face à la porte de son bureau qu’elle poussa avant de laisser entrer Arakyel.
-Après toi. Dit-elle pour l’y inviter.
C’était une pièce simple dont le bureau était placé face à la seule fenêtre. Les murs étaient recouverts d’étagères elle-même remplies de livres. Des rouleaux de parchemins étaient disséminés aux quatres coins de la pièce et parfois l’on trouvait une plante ou un objet étrange. Les Xiura ne figuraient plus parmi cette liste car elles avaient, depuis bien longtemps, étaient utilisées.
- Je t’en prie, assieds-toi.
Elle en fit de même en prenant place dans le fauteuil confortable au velours bleuâtre élimé qui faisait face à celui destiné à la dryade. Quand cette dernière fut installée, elle reprit :
- Est-ce que tu as une idée de la raison de ta convocation ?
Après tout Arakyel avait déjà démontré ses qualités en terme d'espionnage. Cependant Feyre était plutôt bonne quand il s’agissait de garder un secret, surtout dans une communauté aussi ridiculement petite que celle d’Azamyr et à part Khioné, elle n'informait presque personne de ses intentions. Ce qui était également le cas des raisons de cette convocation.
Le bouquet de Xiura était magnifique avec son blanc pâle et son bleu turquoise qui n’était pas sans rappeler à Feyre son appartenance nouvelle au monde aquatique. C’était une plante qu'elle avait toujours appréciée pour ses bienfaits mais également parce qu’elle lui faisait un peu penser aux edelweiss que ses parents faisaient pousser dans des petits pots, au fin fond de leur laboratoire de fortune.
La mission qui avait été confiée à Arakyel était simple mais elle aurait aussi bien pu se procurer la plante sans difficulté aucune, lui ramener un simple échantillon et se trouver quitte d’avoir réussi ce qu’on lui avait demandé. Mais elle avait préféré prendre un peu plus de temps et donner à Feyre le meilleur. C’est en tout cas que lui avait dit son bras droit lorsqu’elle lui avait présenté les fleurs. “Cueillit du jour. On fait difficilement mieux.”. C’était exactement le sous-entendu qu’elle avait émit “Je veux pas une Xiura. Je veux la plus belle que tu pourras trouver”. Arakyel l’avait compris. Un mince sourire avait étiré les traits de la sirène et elle l’avait convoquée.
Assise à son bureau, tourné vers l’unique fenêtre qui donnait sur la mer, elle avait accueilli la comédienne d’un sourire amical.
- Je vous remercie pour les Xiura, Arakyel et pour l’invitation à votre représentation. J’ai passé une excellente soirée. Elle marqua une pause avant de poursuivre. - Vous avez dû deviner qu’il ne s’agissait pas simplement de trouver des Xiura j’imagine. Le contraire eut été étonnant en vérité, la dyade lui avait été présentée comme sagace. - J’aimerais vous soumettre une nouvelle… Demande. Dit-elle alors qu’un sourire d’un autre genre était en train de fleurir sur son visage. - Accepteriez-vous de me laisser utiliser mon chant sur vous ? C’était une épreuve bien différente de la précédente et qui demandait à Arakyel de faire preuve d’une confiance aveugle en Feyre, peut-être même plus encore.
Que ce soit sur le faite que sa cheffe appréciait aussi de la voir, vérité ou mensonge Arakyel s'en moquait ne retenant finalement que la flatterie, ou savoir que son utilité était bien visible dans l'esprit de Feyre, il devint bien difficile de retirer le léger sourire s'étant dessiner alors sur la figure de la Dryade. Voilà que petit à petit, tout ce qui se faisait, tout ce qui se mettait en place depuis deux années offraient du positif pour elle. Au moins, tout cela n'aura pas été du temps de perdue, car clairement cette possibilité n'aurait définitivement pas plus à la pauvre fille des Triska. Enfin, peut-être aurait-elle pût se vanter d'avoir aider sa maison, ce qui, dans un sens n'était pas si mal que ça finalement. Le pouvoir s'obtenait par bien des manières, et faire en sorte que les Maintes Eaux puisse dépasser même d'une courte tête ses rivales, c'était un bon départ.
Alors à cet instant où les pièces de ce puzzle géant que la Directrice essayait de résoudre jour après jour s'emboitaient petit à petit, comment ne pas avoir envie de laisser exprimer un peu plus son plaisir si profond? D'habitude, le regard de la comédienne était si souvent orienté vers l'avant. Vers l'avenir. C'était après tout, l'une des choses qui comptait à ses yeux. Atteindre son rêve. Mais le voir se rapprocher pas après pas lui donnait cette petite envie, de voir sur les côtés. Profiter du décors qu'offrait ce long couloir. La nature, le charme des autres sirènes et nymphes de cette délicieuse maison... Juste, le temps de quelques secondes, Arakyel regardait tranquillement sur les côtés comme un plaisir délicieux, pourtant si simple au lieu de s'aveugler sur l'horizon de ses conquêtes. Il n'y avait pas plus délicieuse récompense que celle mérité par l'ardeur du travail.
Et, à peine le temps d'enrichir son esprit de petites choses simple que le duo était arrivées au bureau de la Cheffe de maison. Laissant la sirène ouvrir la porte en l'invitant à rentrer, la fille Triska, toujours son délicat sourire aux lèvres, vint la saluer d'un hochement de tête.
"Je vous remercie."
En rentrant ainsi dans la pièce, le sourire délicat de la Polonaise devint rapidement une légère grimace. Clairement, même si sa Cheffe était une belle femme raffinée et efficace, son goût niveau décoration était... Triste. Rien de bien incroyable, rien de bien grandiloquent. Au moins on pouvait clairement voir qu'elle était occupée par le travail. Mais pour une Cheffe de maison, c'était clairement dommage. La Dryade aurait probablement fait de cette pièce quelque chose de bien trop luxueux à côté. Mais après tout, même si les deux femmes avaient certains points communs... De grands points communs, il y avait heureusement des différences. Et bien souvent, c'est par les différence que l'on fait les meilleurs concoctions.
S'asseyant délicatement après l'invitation de son hôte, ce qui était après tout une preuve de politesse, seule la personne qui dirige peut autoriser ce genre de gestes simple, et clairement Arakyel avait eu l'éducation adéquate. Souriante, posant alors délicatement son coude sur un des côtés de son fauteuil afin d'y déposer sa tête, la longue chevelure blanche de la fille Triska se répandant alors un peu partout. Face à la question de son interlocutrice, la Directrice vint à poser un de ses longs doigts de sa main libre sur ses lèvres, faisant mine de réfléchir.
"Je doutes que ce soit juste pour le plaisir de me voir, ou même de m'entendre chanter, Dame Sarynx, sinon vous seriez venue dans mon humble demeure. Auriez-vous donc déjà une nouvelle mission pour moi? Si c'est le cas je me ferais une grande joie de vous aider une nouvelle fois. Vous pouvez me faire confiance la dessus, n'est-ce pas?"
Retirant son doigts de sa bouche, l'esprit de la Polonaise se mit alors à réfléchir sur le principe farfelue de la confiance. C'était après tout, clairement donner à quelqu'un une arme de plus pour vous clouer sur place. Mais parfois, pour avancer dans une relation... Pour avancer dans un plan, il fallait savoir s'offrir un peu. Donner une balle à la personne qui vous faisait face.
Et Arakyel était suffisamment joueuse pour donner bien plus qu'un chargeur complets aux gens comme lors d'une belle histoire de chant...
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Une convocation! Sa première par une Cheffe de maison. Voilà une claire aubaine pour Arakyel. Cela faisait maintenant quatre années qu'elle officiait dans cette nouvelle Cité, faisant tourner sa vie et sa forme autours du simple but de se hisser petit à petit plus haut que sa simple condition de personne lambda. Oh, bien entendue, le faite d'être Directrice d'une comédie, de diriger la tête de file, de chanter, danser et faire tourner les têtes depuis deux trois années maintenant l'avait fait passer bien au dessus que la plupart des âmes présentes dans ce petit endroit mais... Se limiter à cette position? Jamais. On avait pas toucher un jour les étoiles pour s'amuser à toucher les feuilles d'un arbre le lendemain. Clairement, qui voulait encore gouter à l'imperfection de la terre face à la pureté du ciel?
Certainement pas la comédienne qui se déplaçait jusqu'au QG de sa maison, le pas déterminé. Est-ce que c'était son bouquet qui avait eu l'effet escompté pour cela? La rose rouge allait en avoir le cœur net alors que tout le trajet s'était fait le regard droit, fier, faisant fi de tout ce qui pouvait exister autours de la fille Triska. Et cela, jusqu'à son bureau. Un endroit sobre, mais qui avait au moins le plaisir de donner sur la mer. Au moins si jamais Feyre en avait marre de voir la monotonie de son lieu de travail, elle pouvait se tourner vers la beauté de la nature...
Se tenant debout, les mains jointes dans le dos, droite et fière comme à son habitude, la délicate Dryade écouta les paroles de sa supérieure. Cette dernière semblait ravie, et, comme l'avait supposée Arakyel, les fleurs mais aussi son invitation semblait avoir pesées dans la balance. D'ailleurs, la Dame ne prit même pas la peine de masquer sa fierté, mais garda cependant le silence par respect. Jusqu'à l'énonciation des Xiura.
"Il y a toujours bien plus derrière chaque demande. La est l'art d'être efficace avec une demande."
Une légère révérence théâtrale, répété des milliers de fois afin de toujours rajouter ce petite côté comédie qui tenait une place majeure dans l'existence de notre protagoniste. Cependant, et alors qu'elle se relevait, la demande de Feyre vint à surprendre suffisamment la Polonaise pour la laisser un instant sans voix, haussant alors un sourcil. Laisser une sirène chanter? Voilà quelque chose d'étonnant. Et de potentiellement dangereux pour elle. Cela indiquait clairement de faire confiance à sa Cheffe, une confiance totale... Ou alors de vouloir prendre le risque de savoir ce qu'il pouvait se passer. Et ce simple petit frisson fût assez intéressant pour faire de nouveau sourire Arakyel. Après tout, pourquoi pas? Ne devait-elle pas en plus montrer que sa personne était assez digne de confiance? Quoi de mieux que de laisser sa charmante Cheffe prendre le micro et devenir la vedette?
"Mais ce serait avec plaisir, Dame Sarynx. Je me ferais une joie de savoir ce que vaut votre voix" Puis, détachant les mains dans son dos pour les repositionner face à elle avec un faciès calme et sérieux, elle termina alors. "Les fleurs poussent toujours mieux avec une chanson, après tout..."
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- Nous ne manquons effectivement pas de travail. Assena Feyre avec fatalité. C’était peu de le dire. Plus les années allaient et plus le nombre de personnes présentes à Ozena était en hausse ce qui les rendait toujours plus difficiles à contrôler. Feyre n’aimait pas voir à petite échelle et elle faisait plus confiance aux membres de sa maison qu’aux autres, il lui fallait donc des oreilles attentives, capables de se déplacer parmi les autres grandes places d’Azamyr. Notamment celle de la maison de la flamme et de l’ombre dont cet imbécile de Davian était le chef. Mais ce n’était pas pour cela que Feyre avait fait venir Arakyel. C’était pour quelque chose qui, elle en était persuadée, allait un peu plus intéresser la dryade.
- Mais ce n’est pas pour cela que je t’ai fait venir ici. Pas tout à fait. Rectifia-t-elle. Toute puissante dans son fauteuil, elle tendit le bras vers un parchemin fermé d’un cachet de cire qu’elle brisa, de sa main libre elle attrapa une plume dont elle trempa la pointe dans l’encre noire puis elle ratura le bas du parchemin de son écriture aérienne et élégante. - Cela fait maintenant deux années que tu opères pour moi en toute discrétion. Je ne regrette pas de t’avoir choisi, ni que Khioné t’aies repéré. Tu as été fort utile à la maison des Maintes Eaux durant toutes ces années. Ce temps est désormais révolu. Elle ponctua sa phrase en terminant d’écrire. Puis d’un geste leste, elle tourna le parchemin vers Arakyel afin qu’elle puisse lire mais aussi écrire au bas de la feuille.
Ses yeux étaient plantés dans ceux de son vis-a-vis sans jamais ciller. Elle observait, analysait les réactions de la dryade comme un chat aurait observé une souris car c’était exactement ce que représentait Arakyel pour l’heure. Une petite souris qui risquait de devenir un gros rat si elle n’y prenait pas garde et Feyre aimait garder à l'œil tout ce pouvait lui causer du tort.
- Je souhaiterais que tu deviennes sentinelle.
Une pierre deux coups. Elle offrait à la jeune créature une place convoitée, un pouvoir plus grand qu’elle n’en avait jamais eut à Azamyr jusqu’à présent et elle s’assurait d’une certaine façon la sécurité ; si elle venait à la trahir, Azamyr tout entier saurait le genre de dryade qu’elle était et il y avait fort à parier que même les membres de la maison des Maintes Eaux lui tourneraient le dos.
- Qu’en dis-tu ? Demanda la sirène avec un sourire ravageur.
Arakyel avait accepté presque trop rapidement. Feyre s’était attendu à une hésitation au moins ou peut-être une tentative de négociation mais ce n’était absolument pas ce qui c’était passé. Elle était restée muette, les yeux légèrement plissés pour scruter le visage de la dryade dans l’espoir d’y déceler quelque chose qu’elle n’aurait pas remarqué. Hormis la fierté et une ferme résolution, elle n’y trouva rien. Alors elle se mit à chanter sans prévenir.
Son timbre était plus aiguë que l’on aurait pu s’y attendre de sa part, elle dont la voix de velours avait une rondeur naturelle presque chaleureuse. Pourtant ce chant était le sien. Il était né en même temps que son nouveau corps sur Ozena. Elle n’avait jamais eu besoin de l’apprendre, ni de le composer, un jour elle avait chanté et c’était ainsi. Ni plus, ni moins. Toutefois en maîtriser la puissance et la magie avait été une affaire bien différente. Rude même. Qui avait demandé à nombre des membres de sa maison ou de ses amis de lui faire une confiance aveugle. Mais aujourd’hui elle maîtrisait parfaitement son don, elle était même en train de travailler à son amélioration. Celle qui lui permettrait d’investir les esprits endormi. Hélas, Feyre n’en était pas encore là. Contraire à Arakyel dont l'œil était devenu vitreux.
Feyre se leva et immédiatement sa nouvelle marionnette lui emboita le pas. Elles quittèrent ainsi le bureau puis le couloir qui y menait. Durant une heure, la sirène ne cessa ni de chanter, ni de marcher et Arakyel la suivit d’une démarche mécanique. Ses yeux d’habitude si vif n’exprimaient rien d’autre qu’un vide profond, sans fin.
Quand la fin de l’heure approcha, Feyre regagna son bureau et reprit place dans son siège puis elle arrêta de chanter. Laissant Arakyel seule, debout, au milieu de la pièce.
Ah, le travail... Clairement, ce n'était pas le genre de choses qui embêtait plus que cela Arakyel. Être une espionne au service de Feyre avait clairement ses avantages. Cela lui permettait d'en savoir un peu plus sur sa propre maison tout en se faisant bien voir mais surtout, de conserver à côté tout ce qu'elle faisait de plus ou moins louche dans l'ombre de sa Comédie fantastique. Et savoir qu'il y en avait et qu'il y en aurait toujours pour les Maintes Eaux avait de quoi réjouir pleinement la Dryade. Cela aurait été clairement problématique qu'il ne puisse plus rien y avoir pour la douce Dame, cela réduirait très certainement son utilité pour la Sirène... Et cela ralentirait concrètement ses plans. Alors que cela continue ainsi! Grimper une montagne pouvait-être long, comme le chemin qu'elle prenait, mais au moins il était prudent. Et si la fille des Triska savait jouer avec le feu, et les Dieux savaient que c'était le cas sur terre comme sur Ozéna par moment, quand cela touchait à son nouveau rêve, la tête froide était devenue bien plus utilisée.
"Alors je suis votre femme, Dame Sarynx. Tant que vous ne décidez pas de m'écraser sous les requêtes tout de même."
Dit-elle alors, un petit amusement dans sa voix. Elle n'aurait clairement pas le temps de gérer tout les problèmes en plus de ses propres affaires. Mais elle ferait un certain effort. La relation que les deux femmes entretenaient avaient suffisamment de respect et de cordialités avec une pointe de confiance sur le principe de bien faire son travail pour que cela tourne correctement. Et Arakyel se disait bien que sa cheffe ne serait pas incompétente au point d'inutilement briser ce lien entre elles.
Mais ce n'était pas pour le travail que cette entretiens s'était réalisé. Haussant un sourcil, intriguée, le corps de la Directrice vint à se pencher un peu plus en avant. Regardant alors tour à tour la sirène et son parchemin. Impossible de lire à l'envers, et clairement la situation devenait intriguant au point où la comédienne ne quittait plus le texte. Mais les paroles de Feyre étaient pour le moins... Particulière. L'entendre parler de sa justesse de choix, d'être contente de se travail mais vouloir finir ce temps? Cela, dit comme ça n'avait aucun sens. Gardant calmement ses nerfs intactes, après tout le moindre excès d'émotions ne lui apporterait rien, s'il fallait se déchainer ce serait dans son bassin privé, la fille Triska se mit alors à lire le parchemin. Sa bouche s'ouvrant alors délicatement tout en écarquillant les yeux.
Sentinelle? De la maison des Maintes Eaux?
"Par la Rose de Turaida, Feyre..."
S'exprima assez choquée Arakyel de la proposition qu'on venait tout juste de lui faire, en perdant ses habituelles bonne manière. En prenant un poste aussi important au sein de cette maison, c'était sa place qu'elle voyait grimper d'un sacré échelon. Cela lui offrirait clairement plus de puissances, un peu plus de pouvoir et aiderait clairement ses plans à se mettre en place...
Mais...
Et il y avait toujours un mais... Cela lui offrait aussi quelques contraintes. En prenant un tel poste, c'est sa comédie, qu'elle mettrait de côté de façon claire et précise. Elle ne serait plus comédienne, juste directrice. Peut-être même que sa façon de gérer ses plans se feraient moins avec elle mais plus souvent avec son second... Sans compter que, en signant, elle aurait une chaine difficile à retirer. C'était plus qu'un accord, c'était un contrat. Le rompre serait horrible pour elle, et complexifierait toute tentative ou envie de prendre le pouvoir dans le futur... Reprenant son sourire délicat qui montrait toujours le côté confiant de la Dryade, la fille Triska se mit à tousser dans une de ses mains, avec délicatesse pour éclaircir sa voix face à la sirène qui, de par son délicieux sourire enchanteur, voulait savoir la réponse.
"C'est une magnifique proposition que vous me faites la, Dame Sarynx..." Commença t'elle alors, tapotant délicatement la feuille de ses ongles. "Je dois vous admettre que je ne pensais pas que vous penseriez à moi pour cela..." Fausse modestie, c'était quelque chose d'évident même qu'on lui offre ce poste, elle pensait juste que ça prendrait plus de temps..."Mais... Je ne saurais accepter d'un coup. Sans même y réfléchir un peu. Vous... Servir..." Un mot bien difficile à prononcer quand on était quelqu'un comme la comédienne. "... Demanderait beaucoup de temps. Vraiment beaucoup de temps. Je risquerais d'avoir moins de poids sur ma belle comédie... Pouvez vous... Me laissez le temps de la grande fête d'Ozéna, pour y réfléchir? De faire ma mise au point, et de signer ou non en toute âme et conscience? Je ne souhaiterais pas abimer la confiance que vous me porter. Et je ne souhaiterais aucunement m'engager à la légère..."
Car quand Arakyel faisait quelque chose, c'était avec forces et puissance. Et elle comptait totalement profiter de ce petit temps d'offert, s'il était accepté, pour réfléchir au meilleur chemin à prendre. Et pour cela, il lui faudra demander à quelques personnes la rentabilité d'un tel choix...
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Arakyel était confiante quand à son choix de se laisser faire, pour le coup, cela ne lui semblait pas être un véritable problème que de se laisser enchanter par le chant d'une sirène. Et, souriante, quand vint enfin venu le moment où Feyre utilisa sa magie, il n'y eu pour la fille Triska... Que les ténèbres d'un profond rêve. Son corps, comme s'il n'était plus doté de penser concrète suivait alors aveuglement et stupidement les pas de la cheffe des Maintes Eaux. Difficile de savoir si c'était une sensation particulière pour la Dryade qui finalement ne ressentait pas grand chose hormis celui de s'enfermer délicatement dans un délicat nid de rêves. Ce qui n'était pas pour déplaire à celle qui ne dormait plus depuis bien longtemps pour optimiser le plus possible son temps.
Et clairement, le temps passa, laissant une heure s'épuiser jusqu'au réveil de la Polonaise. Une longue heure de marche qui, finalement, avait sembler être un simple fragment de seconde. Semblant tout de même ressentir une certaine fatigue dans ses jambes, la douce dame posa sa main sur son front, massant alors ses yeux de sa main après les avoir fermés. Debout, au milieu de la salle, ne sachant pas réellement ce qu'il s'était passé, n'arrivant pas à déchiffrer la brume de son subconscient pour y tirer une réponse concluante, notre pauvre protagoniste essaya de récupérer petit à petit son esprit. Quand cela fût fait, au bout d'une bonne minute, la Dryade vint à se redresser correctement, reprenant son aire fière et impériale habituelle. Ce n'était pas ce genre de petit jeu ou de tracas qui allait lui retirer la personne qu'elle était après tout. Souriante, cachant malgré tout ce léger trouble de temps évaporé sans souvenir tel le pire des black-out, elle fit en sorte de ne rien laisser paraitre, hormis sa confiance.
"Alors, Dame Sarynx? Satisfaite de votre voix?" Demanda t'elle amusée.
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- Allons, Arakyel, Commença-t-elle, - Tu me sers depuis deux années déjà et tu n’as jamais fait défaut à la maison des Maintes Eaux. A la maison c’était un fait, à elle c’était une autre paire de manches mais c’était une conversation qui n’avait pas lieu d’être et qui ne l’aurait sans doute jamais. Elle la chassa donc de son esprit et poursuivit. - Cela demandera effectivement du temps, peut-être même plus. Tu n’es pas sans savoir l’importance d’un tel poste autant que sa rareté, lui rappela-t-elle cependant. - Mais je comprends que cela demande réflexion. Après tout cela obligerait un changement drastique de ton mode de vie et je ne souhaite pas te forcer la main. En cela Feyre disait la vérité. Si Arakyel souhaitait refuser, elle ne l’obligerait aucunement à prendre ce poste. Valait-il encore mieux ne pas avoir de sentinelle que d’en avoir une qui ne souhaite pas l’être.
Tendant doucement la main, Feyre récupéra le parchemin et le roula avec une lenteur toute calculée puis elle le rangea avec un monticule d'autres documents qui attendaient d’être aussi bien lu que signé. Enfin, elle s’arracha à sa chaise pour faire face à la fenêtre qui donnait sur l’océan.
- Cela me convient. Tu auras jusqu’à la fin de la fête. Elle lui lança un regard par dessus son épaule. - Mais si je n’ai pas de nouvelles de toi d’ici là, cette proposition s’avèrera nulle et non avenue. Dit-elle d’une voix douce où planait l’avertissement. La maison des Maintes Eaux possédait des dizaines d’âmes, l’une d’entre elles pourrait sans doute se charger de ce labeur. - Si cela te convient, alors tu es libre. J’ai suffisamment abusé de ton temps, douce Arakyel. Tout en parlant Feyre se tourna. Son visage arborait un sourire poli qui ne montait pas jusqu’à ses oreilles.
Le brouillard de l’enivrement avait longuement persisté dans les iris d’Arakyel, il était arrivé après le vide qui s’était creusé en eux quand elle s’était mise à chanter mais peu à peu la lueur caractéristique de vie s’était agitée. D’abord faiblarde, une flammèche vacillant dans une tempête puis elle avait gonflé jusqu’à devenir le feu ronflant qu’elle avait l’habitude de voir dans son regard. Si la dryade avait cillé, elle ne laissa rien paraître de son trouble. C’était à la fois perturbant et parfait ; Arakyel ne se laissait pas aisément émouvoir et si c’était le cas, elle le camouflait très bien. C’était exactement ce qu’il fallait à Feyre.
- Plutôt oui. Répondit-elle dans un rire discret avant de tendre la main pour désigner le siège vide qui faisait face à son bureau. - Installez vous. Elle attendit que la dryade se soit exécutée puis reprit la parole. - Comment était-ce ? C’était une question la taraudait toujours et pour laquelle elle avait reçu autant de réponses qu’elle avait fait de victime. - Enfin, nous ne sommes pas là pour discuter de mon don, éluda-t-elle finalement d’un geste de main. - Maintenant que je sais de quel métal vous êtes faites, je peux vous dire les raisons de ces machinations. Se faisant, elle se laissa aller contre le dossier de son siège. - Soyez mes yeux et mes oreilles à Ozena. Pas pour moi. Pour la maison des Maintes Eaux. Ses yeux vert olive se plantèrent dans ceux de d’Arakyel et elle attendit.
L'avenir était entre ses mains, avec un tel poste. La promesse de grimper les différents échelons au sein de sa maison. Mais qu'en était-il ensuite de sa propre libertés, de ses propres choix à elle avec un poste aussi important? Le sourire de Feyre montrait clairement une teinte presque inquiétante, même aux yeux de l'impériale Dryade. Difficile de savoir où commençait réellement l'offre, et ou se terminait le piège. Après tout, si Arakyel respectait aussi bien sa cheffe de maison, c'était pour son esprit, son intelligence et son talent. Une femme forte, puissante... Enivrante. Le genre à faire légèrement chavirer l'esprit de la comédienne. Mais c'était ce genre de poisson qui était dangereux, le genre à qui il fallait garder un oeil dessus quand on pêchait en haute mer. Et accepter ce poste, c'était faire en sorte que, finalement, la personne la plus surveillée... Ce soit-elle, non?
La fille Triska aimait les risques, aimait jouer avec le feu sans forcément calculer ses chances ou non. Aux cartes, dans le plaisir ou dans le danger, mais ici... Même sa petite voix embrasée par la folie ne parlait pas. Pour une fois. C'est qu'il était temps de jouer tête basse, et de réfléchir bien comme il le fallait. Au moins sa supérieur ne semblait pas le prendre mal, au contraire. Que ce soit tout d'abord dans sa façon de féliciter la comédienne, tout en soulignant qu'elle ne souhaitait pas la forcer. Ah, douce dame Sarynx... Dire que si cette belle rose n'avait pas eu cette immense soif de pouvoir, elle aurait pût-être la plus fidèle des alliées... Mais tout ce qu'elle voyait, c'était juste un petit arrêt dans sa quête pour prendre cette place de cheffe tant convoité... Prenant par la suite son sourire le plus délicat et faussement sincère, elle inclina alors doucement la tête pendant que le parchemin en face d'elle était repris.
"Votre attention de ne point me bousculer me touche en plein cœur, Dame Sarynx." Ce qui était en partie vrai, elle omettait juste de dire qu'au fond, cela ne lui faisait ni chaud ni froid. "Je ferais en sorte de réfléchir le plus efficacement possible à la question."
Cela demanderait du temps, mais heureusement, la sirène lui en donnait. Cela lui donnait environs une dizaine de jours, puisque ce ne serait pas avant la fin des festivités. Et comme la Dryade ne comptait absolument pas y participer, préférant dans ces moments la continuer de réfléchir à ses plans ou barboter dans son petit bain privée, Et si cela se trouve, la chère Arakyel n'aura pas à dépenser la totalité du temps donnée, et donc rebondir bien plus vite et bien plus efficacement. De toute façon, la menace mise en jeu par Feyre était claire. Trop attendre, et la proposition lui filerait sous le nez. Et il n'y aura clairement pas de secondes chances à ce niveau la. Ce serait une fermeture définitive à tout ce qui pourrait l'intéresser pour progresser à la régulière dans ce quartier... Et cela, sans qu'elle puisse l'avoir choisie par elle même. C'était hors de question.
Suite à cela, il n'en fallut pas plus pour que sa patronne ne la congédie. Souriant à l'adjectif douce, la fille Triska vint à se lever calmement, faisant alors la plus belle révérence possible avant de commencer à partir. Au moins, la journée n'aura clairement pas été une perte de temps. Il lui faudra réfléchir à organiser une réunion bien rapidement avec les têtes pensantes de sa comédie et...
Sûrement revoir la belle Nyméria...
Alors qu'elle s'apprêta à passer par la porte, une légère question vint à s’immiscer dans l'esprit de notre protagoniste, légèrement inquiète...
"Dites, ô douce Dame Sarynx?" Demanda t'elle alors, retournant seulement son visage, en partie caché par sa chevelure de neige. "Si, admettons, je refuses... Est-ce que je resterais votre espionne? Les yeux et les oreilles de cette maison?" Il était toujours important de savoir jusqu'où sa supérieur accepterait le refus... Et ce que pourrait réellement lui coûter chaque choix...
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Si tout de même, la Dryade pouvait mettre une petite note pour le futur au sujet de cette expérience, c'était de ne clairement pas laisser une sirène l'approcher seule. Ou alors de garder quelqu'un de suffisamment loin s'il fallait en rencontrer une... Ou quelqu'un de sourd. Ne sachant pas réellement combien de temps il s'était passé entre son sommeil et son réveil, et surtout, ce qu'elle avait pût faire, Arakyel ne souhaitait juste pas retomber dans ce genre d'étreinte sans lumière. C'était bien plus qu'un moment de faiblesse, c'était donc à éviter comme la peste. Au moins elle espérait que Feyre ne fit rien de réellement répréhensible pour ennuyer la fille Triska. Et au vue du caractère de la personne, n'ayant jamais agit contre elle, au contraire, c'était fort peu probable...
S'installant alors à la place proposée, souriante pour ne pas montrer les questions qui pouvaient lui traverser encore un peu l'esprit, la Polonaise s'apprêta à répondre avant d'être directement interrompue par la cheffe de sa maison. Il fallut un certain effort à notre protagoniste pour ne pas se sentir offenser d'être invitée à parler, pour la repousser. Serrant délicatement son index de son pouce et son majeur afin de canaliser ce début de rage sur quelque chose. Mais cette rage n'eut pas besoin d'être canalisée plus longtemps. Bien au contraire. Car la proposition de la sirène était une incroyable mélodie aux oreilles de la comédienne. Faisant face au merveilleux regard de son interlocutrice, le sourire de la Dryade revint bien vite sur son visage, s'amplifiant alors de milles feux.
Devenir les yeux et les oreilles de la maison c'était... Une merveilleuse opportunité. La possibilité de mettre son nez partout, sans qu'on ne lui pose la moindre question tant que c'était fait dans les règles de l'art. L'occasion de mettre un peu mieux en place son manège à travers la comédie. C'était... Presque trop beau pour être vrai.
"Vous me voulez moi, Dame Sarynx?" Demanda t'elle, faussement surprise, posant sa main contre son coeur. "C'est quelque chose d'important que vous me demandez la mais... Ce serait un plaisir que de servir ma maison." La Polonaise vint à incliner légèrement sa tête en signe de respect. Un long sourire sur le visage. "Avec moi, je peux vous assurer que mes racines observeront le plus possible les choses qu'il puisse y avoir dans cette maison... Et cela, pour le bien être des Maintes Eaux..."
Après tout, avant de toucher du bout des doigts la conquête d'Azamyr, il fallait s'assurer d'une chose.
La conquête de son propre quartier...
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L’idée de mentir était tentante. Comment réagirait donc la dryade sous cette pression ? Prendrait-elle une décision immédiate ? Choisirait-elle de reculer ? Ou au contraire de franchir le pas ? La curiosité de Feyre la démangeait si fortement qu’elle éclaira ses pupilles un bref instant avant de disparaître. Abandonnant sa plume, elle entrelaça ses doigts au-dessus du bureau et prit un air songeur. Elle laissa le silence s’étirer sans chercher à l’en empêcher, seulement troublée par les bruits de la maisonnée qui s’agite. Au terme d’une attente qui pu sembler horriblement longue, elle leva les yeux vers Arakyel et répondit d’une voix neutre.
- J’imagine que j’aurais toujours besoin de tes yeux et de tes oreilles aux quatre coins d’Azamyr.
Puis comme si c’était une réponse suffisante, elle reprit sa plume et se remit à écrire.
La sirène ne put s’empêcher d'émettre un rire plus franc que moqueur. Arakyel oscillait entre exagération et réelle surprise, si bien qu’elle ne savait plus vraiment ce qu’elle devait croire. D’une certaine manière, cela lui était parfaitement égal. Que la dryade fasse donc ces simagrées, du moment qu’elle lui apportait ce qu’elle lui demandait c’était la seule chose qui comptait.
- Je suis heureuse de vous l’entendre dire, Arakyel. Dit-elle en réponse, affichant un sourire affable qu’elle gardait presque en toutes circonstances. - J’ai confiance en vous. Et je ne suis pas la seule. Son sourire s’effaça quelque peu puis elle s’arracha à son siège et fit le tour du bureau. - Je compte donc sur vous pour me tenir informé de ce qui pourrait m’échapper. Quant à vos missions, s’il en est, je saurais vous contacter. Elle intimait ainsi à la dryade de ne pas prendre l’initiative de leur rencontre qui aurait pu aisément dévoiler leur nouvelle entente.
En quelques enjambées elle rejoignit la jeune femme et planta son regard dans le siens.
- J’ai foi en vous. Et c’était exactement ce qu’elle ressentait.
Savoir que Feyre aurait toujours besoin d’elle était tout ce qui fallait à Arakyel pour la faire glousser. Oh, bien entendu, comment se débarrasser de la fille Triska après tout? Avoir de l’inquiétude? Baliverne enfin, comment pouvait-elle un seul instant douter de son incroyable talent et de son immense utilité à la Maison des Maintes Eaux. Hochant alors simplement la tête, tout en disparaissant alors de la pièce, sa voix s’éleva, comme un léger écho qui devenait de plus en plus lointain…
“Vous pouvez toujours comptez sur moi, douce Dame Sarynx. Tout comme vous saurez à chaque fois où me trouver!”
Un nouveau rire, moins fort, toujours étouffé d’une main délicate accompagnait cette fois le bruit de talons marchant d’un pas assuré sur le sol. Il n’y avait plus grand chose à faire aujourd’hui, cette réunion ayant été mise comme priorité pour la Directrice. Alors c’est ses prochains jours, qu’il faudra occuper… Prévoir, administrer, un peu de repos aussi… La Polonaise n’aurait pas des mois pour réfléchir. Elle profiterait d’une soirée, très prochainement, à organiser un peu avant la fête des Quatre Maisons pour voir certaines collaboratrices, discuter avec ses comédiennes pour le futur, savoir comment pourrait tourner sa boutique… Mais il y avait un bien plus gros morceau avec qui discuter.
Et alors que ses doigts touchèrent délicatement la peau de son cou, cherchant comme une trace disparue, Arakyel se demandait ce qu’en penserait sa jardinière de tout cela… Tout comme son bras droit…
Oh, que le futur semblait enivrant, rien que d’y penser, la Dryade pouvait sentir son écorce frémir et ses pétales s’agiter…
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Avoir un nouveau poste à pourvoir dans ce monde, un nouvel accès à des responsabilités, peut-être plus de pouvoir, accroître son ambition… Son anniversaire n’était pas encore là, et pourtant, dans la tête de la charmante rose, c’était la fête. Pouvoir mettre son nez un peu partout avec l'appui de sa propre Cheffe tant que tout était fait correctement… Et que la Rose de Turaida en soit pour cible, avec Arakyel tout était fait à la perfection, il ne faudrait que quelques années de plus avant qu’on lui offre un véritable poste pour commencer à asseoir son règne…
Et même si l’envie de prendre la place de Feyre était grande, et bien entendue que ce jour arrivera, pour le moment la fille Triska se devait de continuer de porter la robe de la subalterne. Cela serait frustrant, bien entendu, mais c’était déjà en partie très clairement éclipsé par le fait de voir la Maison des Maintes Eaux devenir dans le futur la plus grande de toutes. La Sirène était talentueuse, efficace et avait cette aura qui plaisait très clairement à la Dryade. Alors en plus avec son aide à elle et d’autres éléments… Est-ce qu’il y aura une chose pour stopper cette maison de devenir la plaque tournante d’Azamyr? Fort peu probable.
Ainsi, avoir la confiance de sa nouvelle supérieure vint à faire sourire la Polonaise qui s’inclina respectueusement face à la demande de Feyre. Bien entendu, en tant qu’espionne, ce ne serait jamais à elle d’agir, mais de recevoir. Il n’y avait pas d'agent plus inutile que celui qui était déjà découvert.
“Votre confiance est bien placée, Dame Sarynx. Je ne crois pas que quelqu’un se soit déjà plaint de moi dans l’ancien monde, et je ne compte pas faire en sorte que cela arrive ici.”
Puis, quand les deux femmes se firent face, recevant alors la confiance de la belle Sirène, le regard de la comédienne se troubla légèrement, surprise qu’on lui offre malgré tout une telle foi. Un cours instant, hésitante, la Dryade ne sût quoi répondre avant de reprendre son aire habituelle, presque hautaine et confiante.
“C’est une belle entente qui se forme la, Dame Sarynx. Le futur de la Maison des Maintes Eaux s’annonce radieux, j’en suis certaine…”
Un futur radieux… Pour la Maison, mais aussi pour les deux Dames à n’en point douter…
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