Chronologie générale:

L'histoire d'Eos commence avant lui, avec ses parents.
Sa famille s'est crée dans un polycule élargi: Un groupe d'amoureux, composé de trois hommes et deux femmes, qui avait choisi de tout partager, leur vie, leurs amours et leur foyer. Ils avaient bâti une grande maison commune sur le littoral laotien où ils avaient finalement élu domicile, un peu excentrée du village dont ils étaient aussi tombés amoureux et naturellement, au bout de quelques temps, le premier enfant naquit dans la communauté.

Il y en eut trois en tout, et Eos était le petit dernier, et le seul enfant de Mya Saysanasy, sa mère biologique. L'un de ses pères, Noi,  admirateur d'une mythologie ancienne et presque oubliée, voulu l'appeler "Eros", le dieu de l'amour. Mais en ce jour de fête, où les chansons et les tambours battaient leur pleins, l'administrateur rata le R dans son prénom, l'appelant du même coup Eos. Noi en fut un peu désappointé (surtout qu'Eos était une déesse), mais ce fut rapidement oublié: ça lui allait bien, ce tir perdu qui lui avait donné pour marraine l'incarnation de l'aurore, et le petit être était rempli d'une joie nouvelle, apportant un sentiment rafraîchi à tous et toutes.Ses parents, tous les cinq, étaient ravis de son arrivée, et comme sa fratrie il eut une enfance heureuse, débordante d'amour et de disponibilité parentale, trouvant chez les uns ce qu'il ne pouvait trouver chez les autres.

Rapidement, on remarqua sa sensibilité accrue à ses émotions, et bien vite on trouva des façons d'aider le jeune garçon à se sentir bien malgré ce flux déstabilisant et inarrêtable, lui procurant un bien être qu'il eut envie de faire connaître aux autres enfants autour de lui. Si au départ, il pensa devenir médecin, c'est quand sa découverte du mot "psychiatre" arriva, à une époque qu'on définirait comme le collège, que sa vocation lui colla tout à fait à la peau. Il finit ses cours d'instruction à domicile et se fit inscrire dans un lycée général, où il vit l'étendue du travail à fournir, autant pour ses camarades que pour lui-même, avant d'entrer à la fac.

S'il s'intégrait plutôt facilement à la vie en société de par son naturel avenant et chaleureux, sa sensibilité, bien que maitrisée, était toujours bien présente, et son mode de vie familial basé sur un amour inconditionnel lui avait donné un cœur papillonnant facilement pour autrui. Il aima quelques filles, quelques garçons, parfois plusieurs personnes en même temps, mais sans jamais briser le cœur d'aucun tant il prenait le temps d'écouter et de s'ouvrir à l'autre. Mais les années passant, il réussit à se concentrer pour finir ses études et passer ses années au prix de nombreuses heures sans sommeil et de sacrifices de sa vie personnelle.
Étudiant scrupuleux, puis interne se donnant corps et âme, il lui arrivait de frôler le burn-out tant la tâche était colossale, et son dévouement une cause de l'érosion de ses forces.

Petit à petit, il avait vu les ténèbres de la ville. La tristesse, la dépression, l'anéantissement de certains face à une vie difficile, rythmée par les péripéties écologiques de plus en plus étouffantes, et cette anxiété présente partout lui collait au corps comme un poison visqueux dans lequel il se débattait. Dans les moments les plus rudes, il prit le temps de revenir dans sa maison d'enfance où sa famille arrivait toujours à lui mettre un peu de baume au cœur avant de repartir.
Cependant, ce moment de retour au calme s'amenuisait d'année en année, et lorsque son diplôme fût vraiment acquis, il dut prendre plusieurs mois pour recharger ses batteries, et penser à ce qu'il voulait faire. Il profitait allègrement du jardin, du village charmant bien que simple et de la mer pas trop loin qui lui procurait un sentiment de paix dès que les embruns l'atteignait. Et un jour, alors qu'il alla se baigner par une matinée qui s'annonçait douce, il trouva, entre deux rochers au bord du courant, le verrou des portes du nouveau monde dont tout le monde parlait.

Au début, il pensa à la rejeter à la mer. Après tout, il n'en avait pas vraiment besoin, ou peut-être que si?
ça pourrait être un cadeau, pour une personne particulièrement touchée par l'éco-anxiété de ce monde? Il en avait pourtant tellement vu, des gens brisés, essayant de fuir leur condition par la porte de l'inconnu... Y avait-il seulement une solution à leurs problèmes, au-delà de ce portail?
Après ces mois d'introspection, Eos choisit de se laisser trois mois pour trouver la réponse à toutes ces réflexions, et cacha la clef dans le jardin de la maison, sous un banc ou sa mère Mya et lui aimaient à discuter quand il était petit. Il retourna en ville, travailla dans l'hôpital où il avait passé ses années d'internat, et face à la misère du monde terrestre, et entendant quelques chanceux parler de leur désir et espoir d'aller dans le nouveau monde, tous plus broyés les uns que les autres par la vie, ses pensées s'éclaircirent. Au bout de deux mois, il émit le souhait de partir, et bien que l'hôpital fit tout ce qu'il pût pour le garder, il tint tête. Au mois de décembre 4188, il passa les portes de son ancien travail, puis pris le chemin de ce qui avait toujours été sa maison, et rejoignant sa famille et ses frères et sœurs leur fit part de son choix.

De tous les siens, seul son frère ne comprit pas tout de suite sa décision. Ils prirent des jours à discuter, se rassurer, et pleurer du départ d'un des leurs, avant de choisir d'une date de départ pour que tous soient présents.
C'est ainsi que le 10 janvier 4189, Il écrasa son sang sur sa clé, et fit ses adieux à la Terre, à ses mères et pères, son frère et sa sœur, prêt à découvrir Ozéna et à y donner le meilleur de lui-même.

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Le passage du portail fut une épreuve qu'il n'avait pas imaginé. La sensation de l'eau, le réflexe d'y nager, ne pas trouver la sortie, manquer d'air, brasser du vent, s'y noyer... Et crever la surface pour renaître différemment.
à l’orée de sa nouvelle vie, il avait été surpris de ses doigts légèrement palmés, et des teintes changeantes dans ses cheveux d'encre, et sa peau, par endroit, s'était incrustée d'écailles nacrées. Nymphe il était devenu. On lui expliqua les tenants et aboutissants de sa condition, et il avait accepté avec une facilité déconcertante tout cela. Bien vite il fit le tour d'Azamyr, enivré du soleil et de l'air pur, de l'océan et des fleuves clairs et de la végétation qui prenait le pas dans la ville. Son cœur était apaisé, il avait pris la bonne décision. Ne manquait plus qu'à installer son cabinet, et aider ses congénères pour apprécier pleinement leur réveil dans leur monde, le merveilleux monde qui leur tendait les bras.

Palier de pouvoir:

Inventaire: