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[En cours] Trois lames et deux rousses. (feat Ambre Kerdel)
Valkya
Maison du Ciel et du Souffle
Trois lames et deux rousses.
Novembre 1, année 118 feat. @Ambre Kerdel
Une certaine quiétude se dégageait de ses hauteurs, de cette vue donnant à la fois sur l'océan à perte de vue et les terres lui faisant face. Le rempart scindant la cité était une étreinte réconfortante pour les habitants de la ville, une protection face aux dangers de l'extérieur, gardé par des femmes et des hommes aux quotidiens. La vie suivait son cours en contrebas, parfois insouciante, le tout agrémenté des sons et des odeurs remontant le long des solides murs. Les températures avaient lentement commencé à décliner, laissant les premières buées provenant des souffles se faire apercevoir au plus froid de la journée. Le soleil était haut dans le ciel, irradiant de ses rayons ce nouveau monde, presque sans marquer de différences avec la terre.
C'était dans ce contexte que nous retrouvons Valkya, les deux pieds solidement fiché sur le parapet de la portion d'enceinte là où elle patrouillait. Le vide se profilant alors qu'elle fixait l'horizon sans but précis. Les larges ailes de la malakim étaient repliées dans son dos, prêtes à servir si une chute devait survenir où tout simplement un saut consentit pour sentir un frisson passager.
Son objectif était tout autre cependant, la rousse voulait mettre à profit son moment de « pause » dans sa garde pour parfaire ses compétences de bretteuse. Même si elle jouissait déjà d'une grande expertise de par son passé, mais aussi son entraînement acharné depuis qu'elle était à Ozéna, la veilleuse savait qu'entretenir son talent était capital. Affronter des « humains » était une chose, affronter des animaux exotiques et sans doute bien plus dangereux que sur terre en était une autre.
Un long soupire.
Un bras se reculait.
Une lame naissait dans sa main.
De par son pouvoir, la malakim pouvait matérialiser bon nombre d'armes diverses et variées, mais elle affectionnait particulièrement une lame relativement longue et courbée. La garde était inexistante ou presque, n'offrant qu'un manche et la continuée démesurée d'un fil acéré.
Une arme peu courante, propre à Valkya, qu'elle seule savait manier avec toute la dextérité qu'on lui connaissait. Un prolongement de son bras, garant de son vœu de défendre ceux ayant comme elle choisi la « renaissance ».
L'astre céleste projetait ses rayons, frappant le casque bosselé et ailé de cette valkyrie écarlate, qui, lame levé vers le firmament, entamait une danse.
Gracieuse, précise et tout en fluidité, la lame fendait l'air, sifflant à chaque coup de taille, traçant d'éphémères arc de cercle verticaux et horizontaux.
Les bottes en cuir glissaient sur la roche taillée, tantôt solides sur leurs appuis, tantôt en suspension dans l'air pendant un bref instant.
Le poignet dont la main brandissait l'arme se mouvait comme s'il ne rencontrait aucune résistance mécanique, à la limite du supportable.
La chevelure rougeoyante de cette guerrière prise dans une sorte de transe martiale ondulait tel un incendie se propageant, saccadée, hypnotisant.
Les larges ailes, teintes enflammées, apportaient soutien, mobilité dans les gestes plus aériens, et panache. Une maîtrise assurée de ce nouveau corps était plus que perceptible.
Une dernière passe d'armes.
La lame se figeait.
Valkya expirait lentement.
Après avoir duré plus de cinq minutes, cette danse aussi belle que meurtrière prit fin, le corps de la malakim se relâchait petit à petit alors que sur son front perlait une goutte de sueur.
L'épée finira par disparaître dans crépitement lumineux, comme si elle n'avait jamais existé, pendant que la veilleuse dégourdissait ses doigts soumis à rude épreuve. Valkya vint par la suite s'adosser au parapet le plus proche, retirant son casque pour le poser à ses côtés, offrant son regardé d'or au monde, alors qu'une légère grimace, conséquence de la luminosité, lui fit plisser les yeux.
Elle l'avait senti, entendu, quelqu'un l'observait depuis quelques instants, mais sans y prêter une attention directe, la rousse préférait se désaltérer, saisissant l'outre de son ceinturon et profitait des fins filets d'eau ruisselant sur ses lèvres rosées. Essuyant le trop plein d'un geste de son poignet, Valkya finira par poser le regard sur la porte de la tour non loin, là où une silhouette semblait observer.
La malakim offrit un visage placide à l'inconnu se profilant, mais il n'était pas difficile de deviner qu'il s'agissait d'un ou d'une collègue.
- Qu'est-ce qui t'amène par ici camarade si ce n'est ta garde ? Lançait Valkya de sa voix contrastée entre droiture et chaleur.
C'était dans ce contexte que nous retrouvons Valkya, les deux pieds solidement fiché sur le parapet de la portion d'enceinte là où elle patrouillait. Le vide se profilant alors qu'elle fixait l'horizon sans but précis. Les larges ailes de la malakim étaient repliées dans son dos, prêtes à servir si une chute devait survenir où tout simplement un saut consentit pour sentir un frisson passager.
Son objectif était tout autre cependant, la rousse voulait mettre à profit son moment de « pause » dans sa garde pour parfaire ses compétences de bretteuse. Même si elle jouissait déjà d'une grande expertise de par son passé, mais aussi son entraînement acharné depuis qu'elle était à Ozéna, la veilleuse savait qu'entretenir son talent était capital. Affronter des « humains » était une chose, affronter des animaux exotiques et sans doute bien plus dangereux que sur terre en était une autre.
Un long soupire.
Un bras se reculait.
Une lame naissait dans sa main.
De par son pouvoir, la malakim pouvait matérialiser bon nombre d'armes diverses et variées, mais elle affectionnait particulièrement une lame relativement longue et courbée. La garde était inexistante ou presque, n'offrant qu'un manche et la continuée démesurée d'un fil acéré.
Une arme peu courante, propre à Valkya, qu'elle seule savait manier avec toute la dextérité qu'on lui connaissait. Un prolongement de son bras, garant de son vœu de défendre ceux ayant comme elle choisi la « renaissance ».
L'astre céleste projetait ses rayons, frappant le casque bosselé et ailé de cette valkyrie écarlate, qui, lame levé vers le firmament, entamait une danse.
Gracieuse, précise et tout en fluidité, la lame fendait l'air, sifflant à chaque coup de taille, traçant d'éphémères arc de cercle verticaux et horizontaux.
Les bottes en cuir glissaient sur la roche taillée, tantôt solides sur leurs appuis, tantôt en suspension dans l'air pendant un bref instant.
Le poignet dont la main brandissait l'arme se mouvait comme s'il ne rencontrait aucune résistance mécanique, à la limite du supportable.
La chevelure rougeoyante de cette guerrière prise dans une sorte de transe martiale ondulait tel un incendie se propageant, saccadée, hypnotisant.
Les larges ailes, teintes enflammées, apportaient soutien, mobilité dans les gestes plus aériens, et panache. Une maîtrise assurée de ce nouveau corps était plus que perceptible.
Une dernière passe d'armes.
La lame se figeait.
Valkya expirait lentement.
Après avoir duré plus de cinq minutes, cette danse aussi belle que meurtrière prit fin, le corps de la malakim se relâchait petit à petit alors que sur son front perlait une goutte de sueur.
L'épée finira par disparaître dans crépitement lumineux, comme si elle n'avait jamais existé, pendant que la veilleuse dégourdissait ses doigts soumis à rude épreuve. Valkya vint par la suite s'adosser au parapet le plus proche, retirant son casque pour le poser à ses côtés, offrant son regardé d'or au monde, alors qu'une légère grimace, conséquence de la luminosité, lui fit plisser les yeux.
Elle l'avait senti, entendu, quelqu'un l'observait depuis quelques instants, mais sans y prêter une attention directe, la rousse préférait se désaltérer, saisissant l'outre de son ceinturon et profitait des fins filets d'eau ruisselant sur ses lèvres rosées. Essuyant le trop plein d'un geste de son poignet, Valkya finira par poser le regard sur la porte de la tour non loin, là où une silhouette semblait observer.
La malakim offrit un visage placide à l'inconnu se profilant, mais il n'était pas difficile de deviner qu'il s'agissait d'un ou d'une collègue.
- Qu'est-ce qui t'amène par ici camarade si ce n'est ta garde ? Lançait Valkya de sa voix contrastée entre droiture et chaleur.
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Ambre Kerdel
Maison de la Flamme et de l'Ombre
Trois lames et deux rousses
Un nuage de buée se forma devant les lèvres d'Ambre.
- (Veilleur inconnu) Je suis là !
La jeune femme s'attarda encore une poignée de secondes sur l'horizon.
Une brise glaciale lui caressa la joue et, en joueuse espiègle, souleva quelques cheveux roux.
Un martellement de bottines se rapprochait d'elle avec hâte, cumulant les outrages en troublant le silence environnant. Ce jour là, le retard de la relève ne lui avait fait ni chaud ni froid... et le spectacle ne valait pas la torsion du cou.
Voilà déjà un bon moment qu'elle s'était perdue dans la contemplation silencieuse du paysage. Absorbée par ses songes, sautant du regard de cimes en nuages, elle était presque déjà au-delà de son lieu de garde. Le calme.
Si doux.
- (Veilleur inconnu) Ambre ?
L'intéressée soupira et dut se résoudre à faire un pas de côté.
Un jeune visage cerclé de blond apparut au dessus de son épaule, tout sourcils levés de son interrogation. Penché vers elle, il dégageait le parfum de propreté que leurs semblables ne gardaient jamais bien longtemps. Le silence l'accueillit une seconde fois, ni lourd, ni réprobateur. Se faisant simple écho à l'atmosphère ambiante.
Semblant soudainement se rappeler le cours des choses, le masque de surprise retomba et il lui adressa un sourire désolé :
- (Veilleur inconnu)- A charge de revanche promis, vas-y.
Le garçon se posta aux côtés d'Ambre et lui déroba l'horizon du regard. Son maintien était exemplaire, presque tout dans sa hâte d'effacer son récent manque de ponctualité.
Elle ne se souvint plus exactement à quel moment elle avait réussi à ne plus voir Cody en cette jeune recrue. Peut être s'agissait-il de ces grands yeux bleus, là où son homologue avait préféré l'émeraude.Sa taille honteusement conséquente l'écartait également du groupe des petits bonhommes, et il devait bien se tenir par deux fois plus haut que le sosie qu'il avait laissé sur terre.
- Hmm
Ambre fit volte face et abandonna le veilleur à son travail, bien trop sereine pour s'essayer à la discussion ou aux reproches. Côtoyer la faucheuse avait rendu l'homme coutumiers de ces réponses laconiques, et elles étaient un juste équilibre à l'énergie qu'elle dépensait d'ordinaire. Un second sourire, entendu cette fois-ci, maquilla le visage du camarade...Et ce sans même qu'il daigne tourner la tête pour le lui adresser : Il avait compris qu'elle ne lui en tenait pas rigueur.
L'intéressé carra les épaules et reprit le sérieux de sa tâche.
Tandis que la Veilleuse s'éloignait lentement ,
ignorant tout de la mimique,
une main sage posée sur la garde de sa dague.
Oubliant déjà qu'elle l'avait laissé là.
La route jusqu'aux pieds du rempart n'était pas aisée, et il lui fallait généralement plusieurs minutes avant de parvenir à destination. Se déplaçant mécaniquement, Ambre observait, distraite, les tours et la forteresse qui s'étendaient à perte de vue. Ils étaient peu nombreux à s'être engagés, et cela rendait leur présence éparse sur les hauteurs. L'ensemble gardait ainsi une authenticité sauvage, presque intime. Il n'était pas coutume de croiser âme qui vive entre les postes, et la libre circulation accordée aux citoyens ne les avait pas plus motivés à s'y promener.
Presque au ralenti, la jeune femme finit par s'arrêter à mi-parcours, achevant son déplacement d'un talon levé, presque suspendu. Voulait-elle réellement regagner sa maisonnée alors que le soir ne menacerait pas avant plusieurs heures ?
Elle ramena finalement sa botte à la hauteur de la première et demeura ainsi statique.
*Non* constata-t-elle simplement.
Non. Elle estimait n'avoir pas eu suffisamment de temps à s'accorder. Pas suffisamment d'instants à apprécier.
Ce type de ressentis ne naissait qu'en gourmandise d'un furieux besoin de solitude. Elle était à ce moment, où son esprit avait soif de paix et d'exil, sans la vigueur d'un caprice. Se transporter du côté libre et sauvage d'Ozena – donc à l'extérieur de la cité – lui paraissait aussi lassant qu'un retour au bercail. Finalement, pourquoi...
Un chuitement à peine perceptible accrocha l'attention de la Veilleuse. L'oreille relié à un hameçon invisible, elle laissa l'étrange son lui tirer la tempe vers l'arrière. Avait-elle tant rêvé d'escapade que l'étrange venait à elle ?
Minimisant autant que possible les mouvements parasites, Ambre chercha du regard le responsable à travers pierres et tours. Conserver sa posture statique évitait à son cuir de frotter, et au moindre son de lui échapper.
« Fffffffffffffffffffffffffff »
Un pas qui glisse... un sac que l'on traîne ? Un son qui ne naît pas souvent entre ces pierres.
Rien ne s'offrit au regard de la veilleuse, bien agacée de se voir ôter toute possibilité de conserver sa sérénité. Fallait-il qu'elle tourne autours de cette foutue tour pour débusquer le ou les coupables ?
Ladite structure de pierre se dressait fièrement à l'endroit où elle s'était tenue quelques instants plus tôt. La dépasser s'était fait sans grande cérémonie , affadie par ses sœurs qui avaient pris ce même droit d'existence à intervalles régulièrs. Elle n'avait rien de fière, rien de noble. Et avait même retrouvé un silence que le vent semblait grignoter... Etait-ce le vent ?
Ambre tendit l'oreille encore une fois, persuadée d'avoir intercepter une seconde caresse étrange. S'agissait-il d'un camarade ?
La jeune femme demeura droite, interdite.
Serra la mâchoire.
…
...
Fit finalement demi tour et s'engouffra au cœur des escaliers en colimaçon.
Son ascension s'était faite à pas de loup. La faucheuse n'avait pas à cœur de déranger un camarade en garde, et pas plus le goût du risque à s'annoncer aux potentiels dangers. Si les marches ne lui avaient dérobées qu'une fraction de son temps, le spectacle qu'elle découvrit au sommet lui en ôta la notion.
Une bourrasque rousse y sévissait.
Sans même s'en apercevoir, Ambre s'était immobilisée en plein centre de l'arche couvrant la porte. Les lèvres descellées, elle admirait le spectacle qui lui était offert et ce, sans même comprendre comment elle n'en avait perçu qu'un souffle discret. Elle y avait oublié toute discrétion. Délaissé ses craintes et ses suspicions.
Devant elle, dansait une créature harmonieuse et létale. La Malakim exécutait des mouvements que la grâce aurait jalousé, proche d'un rêve rouge aux prises d'un adversaire invisible … lequel devait atrocement souffrir de cette beauté technique.
Ambre aurait juré qu'une telle merveille n'existait qu'en récits, et elle expérimenta à cet instant l'un des rares moments de vie où rien ne vint ternir sa réflexion.
Pas l'once d'un geste calculé.
Pas même l'espoir d'une opportunité à voler.
Elle resta là, immobile, détaillant avec une admiration infantile l’entraînement auquel se soumettait sa camarade.
Et la fin survint.
Bien trop rapide.
La jeune femme eut grande peine à se défaire de la sensation de flottement qui l'avait saisie. La Malakim s'était déjà tournée dans sa direction lorsqu'enfin, elle avait pleinement repris ses esprits.
Ce visage ne lui était pas inconnu, pourtant, elle avait la certitude de ne jamais avoir assisté à une telle démonstration. Comment se nommait-elle déjà ….
- (Valkya) Qu'est-ce qui t'amène par ici camarade si ce n'est ta garde ?
La solennité de ses paroles la fit tressaillir. La Veilleuse y saisit un contraste frappant avec l'art précédent, comme si l'épéiste avait cédé la place à un énième bloc de pierre... que la tour venait de recracher.
*Bon dieu...* souffla intérieurement Ambre, interloquée.
Que venait-il de se passer ?
Et comment osait-elle poser la question ?
Le niveau des veilleurs était certes à la hauteur de leur tâche, mais celui-ci, en particulier, était généralement le privilège des Capitaines, ou des fantasmes ! L'art des armes avait cruellement manqué au sein de leurs quartiers, et Ambre n'avait eu de cesse de chercher un digne représentant de ses idéaux guerriers.
Et celui-ci s'abritait sous les missions de gardes... et l'ombre des tours !?
La jeune femme en aurait presque mordu son poing tant elle s'en voulait d'être passé à côté.
Alors qu'elle réintégrait toutes les mauvaises habitudes qui la caractérisaient, elle improvisa une réponse empressée :
- J'ai été relevée, le bruit … – elle désigna la Malakim d'un geste vague en balayant l'espace devant elle – m'a alertée.
La bretteuse n'avait rien d'un chef et, pourtant, Ambre avait senti le besoin de se justifier. Elle s'étonna de ne pas ressentir l'envie de quelques répliques acerbes. Pas même celle de lui dire qu'elle pouvait bien déambuler où ça lui chantait.
Elle se surprise à avancer, simplement.
Puis à s'arrêter, à quelques pieds de son interlocutrice, comme interceptée par un mur invisible. Aucun salut ne lui vint à l'esprit, aucun qui ne lui paraisse suffisamment poli, ou raisonnablement loin des familiarités. Elle s'abstint même de la détailler, s'obligeant à sélectionner l'instant de manière plus... judicieuse.
- Jolie lame – Acheva-t-elle simplement en hochant la tête. Elle regretta presque instantanément cette réflexion grotesque. *Jolie lame... espèce d'idiote* se morigéna-t-elle. La lame n'avait aucun mérite. Strictement aucun.
Elle se foutait bien de quel instrument la Malakim pouvait s'armer. Un puissant désir d'appropriation venait de naître dans le cœur d'Ambre.
C'était ça.
Ça qu'elle était venue chercher chez les Veilleurs.
- (Veilleur inconnu) Je suis là !
La jeune femme s'attarda encore une poignée de secondes sur l'horizon.
Une brise glaciale lui caressa la joue et, en joueuse espiègle, souleva quelques cheveux roux.
Un martellement de bottines se rapprochait d'elle avec hâte, cumulant les outrages en troublant le silence environnant. Ce jour là, le retard de la relève ne lui avait fait ni chaud ni froid... et le spectacle ne valait pas la torsion du cou.
Voilà déjà un bon moment qu'elle s'était perdue dans la contemplation silencieuse du paysage. Absorbée par ses songes, sautant du regard de cimes en nuages, elle était presque déjà au-delà de son lieu de garde. Le calme.
Si doux.
- (Veilleur inconnu) Ambre ?
L'intéressée soupira et dut se résoudre à faire un pas de côté.
Un jeune visage cerclé de blond apparut au dessus de son épaule, tout sourcils levés de son interrogation. Penché vers elle, il dégageait le parfum de propreté que leurs semblables ne gardaient jamais bien longtemps. Le silence l'accueillit une seconde fois, ni lourd, ni réprobateur. Se faisant simple écho à l'atmosphère ambiante.
Semblant soudainement se rappeler le cours des choses, le masque de surprise retomba et il lui adressa un sourire désolé :
- (Veilleur inconnu)- A charge de revanche promis, vas-y.
Le garçon se posta aux côtés d'Ambre et lui déroba l'horizon du regard. Son maintien était exemplaire, presque tout dans sa hâte d'effacer son récent manque de ponctualité.
Elle ne se souvint plus exactement à quel moment elle avait réussi à ne plus voir Cody en cette jeune recrue. Peut être s'agissait-il de ces grands yeux bleus, là où son homologue avait préféré l'émeraude.Sa taille honteusement conséquente l'écartait également du groupe des petits bonhommes, et il devait bien se tenir par deux fois plus haut que le sosie qu'il avait laissé sur terre.
- Hmm
Ambre fit volte face et abandonna le veilleur à son travail, bien trop sereine pour s'essayer à la discussion ou aux reproches. Côtoyer la faucheuse avait rendu l'homme coutumiers de ces réponses laconiques, et elles étaient un juste équilibre à l'énergie qu'elle dépensait d'ordinaire. Un second sourire, entendu cette fois-ci, maquilla le visage du camarade...Et ce sans même qu'il daigne tourner la tête pour le lui adresser : Il avait compris qu'elle ne lui en tenait pas rigueur.
L'intéressé carra les épaules et reprit le sérieux de sa tâche.
Tandis que la Veilleuse s'éloignait lentement ,
ignorant tout de la mimique,
une main sage posée sur la garde de sa dague.
Oubliant déjà qu'elle l'avait laissé là.
La route jusqu'aux pieds du rempart n'était pas aisée, et il lui fallait généralement plusieurs minutes avant de parvenir à destination. Se déplaçant mécaniquement, Ambre observait, distraite, les tours et la forteresse qui s'étendaient à perte de vue. Ils étaient peu nombreux à s'être engagés, et cela rendait leur présence éparse sur les hauteurs. L'ensemble gardait ainsi une authenticité sauvage, presque intime. Il n'était pas coutume de croiser âme qui vive entre les postes, et la libre circulation accordée aux citoyens ne les avait pas plus motivés à s'y promener.
Presque au ralenti, la jeune femme finit par s'arrêter à mi-parcours, achevant son déplacement d'un talon levé, presque suspendu. Voulait-elle réellement regagner sa maisonnée alors que le soir ne menacerait pas avant plusieurs heures ?
Elle ramena finalement sa botte à la hauteur de la première et demeura ainsi statique.
*Non* constata-t-elle simplement.
Non. Elle estimait n'avoir pas eu suffisamment de temps à s'accorder. Pas suffisamment d'instants à apprécier.
Ce type de ressentis ne naissait qu'en gourmandise d'un furieux besoin de solitude. Elle était à ce moment, où son esprit avait soif de paix et d'exil, sans la vigueur d'un caprice. Se transporter du côté libre et sauvage d'Ozena – donc à l'extérieur de la cité – lui paraissait aussi lassant qu'un retour au bercail. Finalement, pourquoi...
Un chuitement à peine perceptible accrocha l'attention de la Veilleuse. L'oreille relié à un hameçon invisible, elle laissa l'étrange son lui tirer la tempe vers l'arrière. Avait-elle tant rêvé d'escapade que l'étrange venait à elle ?
Minimisant autant que possible les mouvements parasites, Ambre chercha du regard le responsable à travers pierres et tours. Conserver sa posture statique évitait à son cuir de frotter, et au moindre son de lui échapper.
« Fffffffffffffffffffffffffff »
Un pas qui glisse... un sac que l'on traîne ? Un son qui ne naît pas souvent entre ces pierres.
Rien ne s'offrit au regard de la veilleuse, bien agacée de se voir ôter toute possibilité de conserver sa sérénité. Fallait-il qu'elle tourne autours de cette foutue tour pour débusquer le ou les coupables ?
Ladite structure de pierre se dressait fièrement à l'endroit où elle s'était tenue quelques instants plus tôt. La dépasser s'était fait sans grande cérémonie , affadie par ses sœurs qui avaient pris ce même droit d'existence à intervalles régulièrs. Elle n'avait rien de fière, rien de noble. Et avait même retrouvé un silence que le vent semblait grignoter... Etait-ce le vent ?
Ambre tendit l'oreille encore une fois, persuadée d'avoir intercepter une seconde caresse étrange. S'agissait-il d'un camarade ?
La jeune femme demeura droite, interdite.
Serra la mâchoire.
…
...
Fit finalement demi tour et s'engouffra au cœur des escaliers en colimaçon.
Son ascension s'était faite à pas de loup. La faucheuse n'avait pas à cœur de déranger un camarade en garde, et pas plus le goût du risque à s'annoncer aux potentiels dangers. Si les marches ne lui avaient dérobées qu'une fraction de son temps, le spectacle qu'elle découvrit au sommet lui en ôta la notion.
Une bourrasque rousse y sévissait.
Sans même s'en apercevoir, Ambre s'était immobilisée en plein centre de l'arche couvrant la porte. Les lèvres descellées, elle admirait le spectacle qui lui était offert et ce, sans même comprendre comment elle n'en avait perçu qu'un souffle discret. Elle y avait oublié toute discrétion. Délaissé ses craintes et ses suspicions.
Devant elle, dansait une créature harmonieuse et létale. La Malakim exécutait des mouvements que la grâce aurait jalousé, proche d'un rêve rouge aux prises d'un adversaire invisible … lequel devait atrocement souffrir de cette beauté technique.
Ambre aurait juré qu'une telle merveille n'existait qu'en récits, et elle expérimenta à cet instant l'un des rares moments de vie où rien ne vint ternir sa réflexion.
Pas l'once d'un geste calculé.
Pas même l'espoir d'une opportunité à voler.
Elle resta là, immobile, détaillant avec une admiration infantile l’entraînement auquel se soumettait sa camarade.
Et la fin survint.
Bien trop rapide.
La jeune femme eut grande peine à se défaire de la sensation de flottement qui l'avait saisie. La Malakim s'était déjà tournée dans sa direction lorsqu'enfin, elle avait pleinement repris ses esprits.
Ce visage ne lui était pas inconnu, pourtant, elle avait la certitude de ne jamais avoir assisté à une telle démonstration. Comment se nommait-elle déjà ….
- (Valkya) Qu'est-ce qui t'amène par ici camarade si ce n'est ta garde ?
La solennité de ses paroles la fit tressaillir. La Veilleuse y saisit un contraste frappant avec l'art précédent, comme si l'épéiste avait cédé la place à un énième bloc de pierre... que la tour venait de recracher.
*Bon dieu...* souffla intérieurement Ambre, interloquée.
Que venait-il de se passer ?
Et comment osait-elle poser la question ?
Le niveau des veilleurs était certes à la hauteur de leur tâche, mais celui-ci, en particulier, était généralement le privilège des Capitaines, ou des fantasmes ! L'art des armes avait cruellement manqué au sein de leurs quartiers, et Ambre n'avait eu de cesse de chercher un digne représentant de ses idéaux guerriers.
Et celui-ci s'abritait sous les missions de gardes... et l'ombre des tours !?
La jeune femme en aurait presque mordu son poing tant elle s'en voulait d'être passé à côté.
Alors qu'elle réintégrait toutes les mauvaises habitudes qui la caractérisaient, elle improvisa une réponse empressée :
- J'ai été relevée, le bruit … – elle désigna la Malakim d'un geste vague en balayant l'espace devant elle – m'a alertée.
La bretteuse n'avait rien d'un chef et, pourtant, Ambre avait senti le besoin de se justifier. Elle s'étonna de ne pas ressentir l'envie de quelques répliques acerbes. Pas même celle de lui dire qu'elle pouvait bien déambuler où ça lui chantait.
Elle se surprise à avancer, simplement.
Puis à s'arrêter, à quelques pieds de son interlocutrice, comme interceptée par un mur invisible. Aucun salut ne lui vint à l'esprit, aucun qui ne lui paraisse suffisamment poli, ou raisonnablement loin des familiarités. Elle s'abstint même de la détailler, s'obligeant à sélectionner l'instant de manière plus... judicieuse.
- Jolie lame – Acheva-t-elle simplement en hochant la tête. Elle regretta presque instantanément cette réflexion grotesque. *Jolie lame... espèce d'idiote* se morigéna-t-elle. La lame n'avait aucun mérite. Strictement aucun.
Elle se foutait bien de quel instrument la Malakim pouvait s'armer. Un puissant désir d'appropriation venait de naître dans le cœur d'Ambre.
C'était ça.
Ça qu'elle était venue chercher chez les Veilleurs.
01 Novembre de l'an 118 - Remparts (Azamyr)
Valkya
Maison du Ciel et du Souffle
Trois lames et deux rousses.
Novembre 1, année 118 feat. @Ambre Kerdel
« Curieux » voilà sans doute le terme qui venait en premier lieu dans l'esprit de Valkya lorsqu'elle détaillait les réactions de sa consœur de métier comme de crinières. Sans émettre d'avis trop précipité, la nouvelle venue semblait à la fois « intéressée » et « agacée », cela était perceptible par le timbre de sa voix, quoi que relativement neutre, pouvant presque passer inaperçu, mais quelque chose la trahissait, de très fins tressaillement. Non la malakim n'était pas une détective émérite capable de déceler la moindre émotion dans une parole ou un geste, mais, l'art du combat, et sans doute aussi sa condition apprenait à saisir les subtilités les plus délicates dans le phrasé, la gestuelle etc.
Non, la valkyrie ne pouvait se targuer d'un tel savoir, pas encore, tout cela n'était que supposition nébuleuse, un pressentiment qui l'avait immédiatement saisi lorsque cette jeune femme était venu s'adresser à elle. Mettant de côté cette impression, main directrice posée sur la courbure de son casque siégeant sur la roche froide du rempart, un léger tapotement se fit entendre alors que les perles dorées de la malakim se posèrent sur son interlocutrice.
De mémoire, Valkya se souvint d'avoir déjà croisé cette personne, lors de ses nombreux tours de garde, sans réellement avoir prit le temps d'échanger avec cette dernière. Il est vrai que les rondes étaient souvent l'occasion de s'entretenir avec ses collègues, mais tous ne se croisèrent pas forcément régulièrement. Il était peut-être temps de remédier à cela ?
- Navré de t'avoir alerté pour rien, nul riflan ou waluin dans les environs, seulement ton humble interlocutrice, qui parfaisait ses compétences. L'entraînement est toujours quelque chose qu'il ne faut guère négliger n'est-ce pas ? Disait-elle alors qu'une légère bourrasque glaciale vint faire frémir sa crinière rougeoyante.
Rebondissant sur le compliment, lâché presque à demi-mot, la trentenaire d'apparence se feignait d'un sourire discret, à peine perceptible. Elle qui avait toujours apprécié les épées, titres à l'appui sur terre, ne boudait jamais son plaisir de débattre sur le sujet, même si ici, elle voulait se contenter de rester brève.
- Merci, je l'ai imaginé sur le modèle d'un katana, médiocre sur la défense, mais puissante dans la taille. Marquant un temps d'arrêt dans son explication, la malakim se relevait de toute sa stature, avant de saisir son casque et de l'enlacer dans le creux de son coude droit.
- Tu ne sembles pas t'embarrasser de politesses et de familiarités, mais, je vais tout de même me présenter ... Valkya.
Elle ne prenait pas ombrage face au manque de civisme de sa compatriote, sans doute bien plus jeune qu'elle, surtout que l'urgence de l'instant avait pu créer cette situation sans salutations en bonne et due forme. La vétérane n'oubliait pas que la population d'Azamyr était en premier lieu des « terriens » comme elle, avec leurs habitudes, manières d'être et autre tout comme elle. Ne pas correspondre aux standards de « courtoisie » pompeuse auxquels elle avait pu être habituée pendant sa vie sur la planète bleue ne devait plus l'étonner ici-bas.
Derrière son détachement, la malakim tentait de se montrer un brin loquace, cherchant à casser cette image rigide qui la suivait depuis son arrivée. C'est ainsi qu'elle souhaitait rebondir sur ce qu'avait dit sa camarade veilleuse.
- Les armes semblent t'intéresser, où le combat de manière générale n'est-ce pas ?
Peut-être que Valkya faisait fausse route sur son intuition, mais elle sentait que sa prestation de tout à l'heure avait sans doute provoquer un petit quelque chose chez l'autre rousse. La vétérane ne se targuait pas d'être un maître d'armes, même si elle avait un niveau qui en équivalait sans doute certains ici présent, mais son style laissait rarement indifférent, bien que loin d'être infaillible.
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Ambre Kerdel
Maison de la Flamme et de l'Ombre
Trois lames et deux rousses
La pertinence des réponses de son interlocutrice fit grandement plaisir à la Faucheuse.
Elle s’était exprimée avec aisance et solennité, ne s’embarrassant nullement de détails ou de balbutiements. Ambre devinait une sagesse certaine dans le discours, quelque chose d’apaisé et de maîtrisé dans l’aura qu’elle dégageait.
La jeune femme ménagea l’ambiance de quelques secondes silencieuses, veillant à considérer chaque déclaration de la Malakim sans en ignorer la moindre nuance. Il se déroulait là une scène presque irréelle : Son interlocutrice lui apparaissait désormais dans toute son entièreté.
Des pieds à la tête, la première certitude qui naissait à l’observation était sont statut de guerrière. Le muscle fin et prononcé, elle avait un corps à l’image des efforts qu’elle avait dû fournir. S’ils manquaient d’épaisseur, Ambre imaginait aisément qu’une raison devait se dissimuler dans cette infime faiblesse... Et il était clair que cette combattante-ci ne souffrait que peu de ce contraste : Son maintien était sûr , de ceux que l’on acquiert à force de victoire et de confiance envers ses propres capacités. Sa chevelure était à l’image de ses ailes, flamboyante. Elle y devinait de multiples nuances de roux et de corail, et l’ensemble retombait en vagues souples dans son dos et sur ses épaules. Si la veilleuse avait pu comparer leur deux crinières, la sienne aurait paru bien pâle, presque brune, tant celle de la femme profitait de couleurs vives.. Devait-elle cette particularité à son sang Malakim ?
Poursuivant son observation, Ambre glissa son regard le long de la mâchoire de la dame et remonta jusqu’à ses yeux pour y planter les siens. Elle s'attendit soudain à voir ces pupilles s’embraser et dû se faire violence pour soutenir ce regard-ci sans ciller. Depuis quand n'avait-elle pas rencontré pareil personnage ? L'ancienne joueuse avait parcouru bon nombre d'univers et de jeux, et elle aurait juré que l'on ne trouvait ces spécimens que dans ces derniers. Y avait-il un graphiste hors pair derrière les modifications accordées par le portail ?
La jeune femme ne put retenir un sourire naturel tant la satisfaction, héritée de son observation, l’enjouait. Cette veilleuse là n’était pas un simple piquet de garde.
- Veuillez pardonner mon … indélicatesse. Enchantée, mon nom est Ambre – Elle inclina une nouvelle fois la tête en guise de salut – J’ai débuté ma veille il y a tout juste 2 ans.
Elle ne souhaitait pas que cette précision naisse … en excuse de son impair. La veilleuse sentit néanmoins que le malentendu était permis mais elle n'en eu cure. Cette information avait été offerte afin de corriger sa faute, et elle voulait laisser la dame apprécier la franchise dont elle était capable.
Ambre croisa les mains dans son dos et laissa ses jambes la balancer d’avant en arrière, soudainement mal à l’aise. Elle comprenait qu’il était important de donner une très bonne impression à ce genre de femme. Il serait dangereux de plonger dans ses disgrâces, et bien trop dommageable de ne pas s’attirer ses faveurs. Les explications relatives au choix de son épée trahissait une passion des armes ; et elle avait finalement devant elle, tout ce que son esprit avait catégorisé depuis l’enfance comme la guerrière idéale.
Cependant…
Ambre se mordit la langue afin de retrouver sa pondération. La méfiance qu’elle avait hérité depuis ses précédentes mésaventures chatouillait ses sens, peu encline à se taire face à ce trop plein de coïncidences. La Malakim pouvait bien représenter ce qu’elle avait si ardemment désiré ET recherché à Azamyr, il ne fallait pas tomber par inadvertance dans la gueule d’un Riftan parasité.
Ainsi mesura-t-elle les mots qu’elle offrit en réponse à la dénommée Valkya :
- Me voilà démasquée. – Elle lui adressa un sourire bienveillant – Mais en ce qui me concerne, je n’ai malheureusement pas les moyens de mes ambitions.
Ambre porta la main à son fourreau et en extirpa l’une de ses lames. L’habitude lui avait fait choisir celle à sa droite, lui assurant une aisance au dégainé puisque droitière. La lame s’était découverte en un chuintement discret, et les pauvres reflets qui s’en étaient échappés témoignaient de la pauvreté du matériel.
La jeune veilleuse présenta l’arme à l’horizontale, la laissant reposer à plat sur ses deux paumes ouvertes. Elle ne l’avança toutefois pas en direction de la Malakim, devinant qu’il serait insultant de suggérer qu’elle l’observe de plus près pour en deviner la mauvaise facture. Elle ajouta :
- Je me réconforte en écoutant les bons philosophes de comptoirs qui … assurent que le bretteur seul est responsable de l’efficacité de sa lame.
La jeune femme ponctua sa répartie d’un gloussement léger : elle ne se formalisait pas tant d’être si maigrement équipée. Elle rengaina ainsi son poignard d’un mouvement simple et sec, mouvement que ses précédents entraînements avaient rendu leste.
- Mais je n’ai pas plus la prétention de pouvoir me justifier ainsi. – conclut-elle sans laisser percer la moindre pointe de déception. Les discussions moroses étaient déprimantes et elle préférait conserver la légèreté de leur conversation. – Votre entraînement n’en est que plus impressionnant. – Silence – Veuillez pardonner mon indiscrétion mais ... d’où tirez-vous cette technicité ?
La jeune femme pencha légèrement la tête de côté, interrogative.... Et furieusement impatiente en son for intérieur. Voilà que surgissaient ses petites manies de curieuse opportuniste à fourrer son nez dans les affaires qui ne la regardaient guère. Ambre se demandait ainsi si un quelconque mentor l’avait menée sur cette voie, s’il existait en Ozéna un maître d’arme plus compétent encore. Elle s’imaginait déjà observant la Malakim à l’abri d’un rempart, retenant minutieusement les mouvements, et les appliquant ensuite, le soir venu …Loin du regard des curieux et de ceux qui viendraient facilement se moquer de ses mouvements maladroits.
De fait...Les exercices d'Ambre n'avaient que trop peu portés leurs fruits ces derniers jours. Elle sentait qu'elle avait atteint un palier ou sa motivation seule ne suffirait pas.
Valkya avait raison, l’entraînement n’était pas chose à négliger. Et ressasser tout ceci venait de faire naître en elle la furieuse envie de retourner à ses essais.
Elle s’était exprimée avec aisance et solennité, ne s’embarrassant nullement de détails ou de balbutiements. Ambre devinait une sagesse certaine dans le discours, quelque chose d’apaisé et de maîtrisé dans l’aura qu’elle dégageait.
La jeune femme ménagea l’ambiance de quelques secondes silencieuses, veillant à considérer chaque déclaration de la Malakim sans en ignorer la moindre nuance. Il se déroulait là une scène presque irréelle : Son interlocutrice lui apparaissait désormais dans toute son entièreté.
Des pieds à la tête, la première certitude qui naissait à l’observation était sont statut de guerrière. Le muscle fin et prononcé, elle avait un corps à l’image des efforts qu’elle avait dû fournir. S’ils manquaient d’épaisseur, Ambre imaginait aisément qu’une raison devait se dissimuler dans cette infime faiblesse... Et il était clair que cette combattante-ci ne souffrait que peu de ce contraste : Son maintien était sûr , de ceux que l’on acquiert à force de victoire et de confiance envers ses propres capacités. Sa chevelure était à l’image de ses ailes, flamboyante. Elle y devinait de multiples nuances de roux et de corail, et l’ensemble retombait en vagues souples dans son dos et sur ses épaules. Si la veilleuse avait pu comparer leur deux crinières, la sienne aurait paru bien pâle, presque brune, tant celle de la femme profitait de couleurs vives.. Devait-elle cette particularité à son sang Malakim ?
Poursuivant son observation, Ambre glissa son regard le long de la mâchoire de la dame et remonta jusqu’à ses yeux pour y planter les siens. Elle s'attendit soudain à voir ces pupilles s’embraser et dû se faire violence pour soutenir ce regard-ci sans ciller. Depuis quand n'avait-elle pas rencontré pareil personnage ? L'ancienne joueuse avait parcouru bon nombre d'univers et de jeux, et elle aurait juré que l'on ne trouvait ces spécimens que dans ces derniers. Y avait-il un graphiste hors pair derrière les modifications accordées par le portail ?
La jeune femme ne put retenir un sourire naturel tant la satisfaction, héritée de son observation, l’enjouait. Cette veilleuse là n’était pas un simple piquet de garde.
- Veuillez pardonner mon … indélicatesse. Enchantée, mon nom est Ambre – Elle inclina une nouvelle fois la tête en guise de salut – J’ai débuté ma veille il y a tout juste 2 ans.
Elle ne souhaitait pas que cette précision naisse … en excuse de son impair. La veilleuse sentit néanmoins que le malentendu était permis mais elle n'en eu cure. Cette information avait été offerte afin de corriger sa faute, et elle voulait laisser la dame apprécier la franchise dont elle était capable.
Ambre croisa les mains dans son dos et laissa ses jambes la balancer d’avant en arrière, soudainement mal à l’aise. Elle comprenait qu’il était important de donner une très bonne impression à ce genre de femme. Il serait dangereux de plonger dans ses disgrâces, et bien trop dommageable de ne pas s’attirer ses faveurs. Les explications relatives au choix de son épée trahissait une passion des armes ; et elle avait finalement devant elle, tout ce que son esprit avait catégorisé depuis l’enfance comme la guerrière idéale.
Cependant…
Ambre se mordit la langue afin de retrouver sa pondération. La méfiance qu’elle avait hérité depuis ses précédentes mésaventures chatouillait ses sens, peu encline à se taire face à ce trop plein de coïncidences. La Malakim pouvait bien représenter ce qu’elle avait si ardemment désiré ET recherché à Azamyr, il ne fallait pas tomber par inadvertance dans la gueule d’un Riftan parasité.
Ainsi mesura-t-elle les mots qu’elle offrit en réponse à la dénommée Valkya :
- Me voilà démasquée. – Elle lui adressa un sourire bienveillant – Mais en ce qui me concerne, je n’ai malheureusement pas les moyens de mes ambitions.
Ambre porta la main à son fourreau et en extirpa l’une de ses lames. L’habitude lui avait fait choisir celle à sa droite, lui assurant une aisance au dégainé puisque droitière. La lame s’était découverte en un chuintement discret, et les pauvres reflets qui s’en étaient échappés témoignaient de la pauvreté du matériel.
La jeune veilleuse présenta l’arme à l’horizontale, la laissant reposer à plat sur ses deux paumes ouvertes. Elle ne l’avança toutefois pas en direction de la Malakim, devinant qu’il serait insultant de suggérer qu’elle l’observe de plus près pour en deviner la mauvaise facture. Elle ajouta :
- Je me réconforte en écoutant les bons philosophes de comptoirs qui … assurent que le bretteur seul est responsable de l’efficacité de sa lame.
La jeune femme ponctua sa répartie d’un gloussement léger : elle ne se formalisait pas tant d’être si maigrement équipée. Elle rengaina ainsi son poignard d’un mouvement simple et sec, mouvement que ses précédents entraînements avaient rendu leste.
- Mais je n’ai pas plus la prétention de pouvoir me justifier ainsi. – conclut-elle sans laisser percer la moindre pointe de déception. Les discussions moroses étaient déprimantes et elle préférait conserver la légèreté de leur conversation. – Votre entraînement n’en est que plus impressionnant. – Silence – Veuillez pardonner mon indiscrétion mais ... d’où tirez-vous cette technicité ?
La jeune femme pencha légèrement la tête de côté, interrogative.... Et furieusement impatiente en son for intérieur. Voilà que surgissaient ses petites manies de curieuse opportuniste à fourrer son nez dans les affaires qui ne la regardaient guère. Ambre se demandait ainsi si un quelconque mentor l’avait menée sur cette voie, s’il existait en Ozéna un maître d’arme plus compétent encore. Elle s’imaginait déjà observant la Malakim à l’abri d’un rempart, retenant minutieusement les mouvements, et les appliquant ensuite, le soir venu …Loin du regard des curieux et de ceux qui viendraient facilement se moquer de ses mouvements maladroits.
De fait...Les exercices d'Ambre n'avaient que trop peu portés leurs fruits ces derniers jours. Elle sentait qu'elle avait atteint un palier ou sa motivation seule ne suffirait pas.
Valkya avait raison, l’entraînement n’était pas chose à négliger. Et ressasser tout ceci venait de faire naître en elle la furieuse envie de retourner à ses essais.
01 Novembre de l'an 118 - Remparts (Azamyr)
Valkya
Maison du Ciel et du Souffle
Trois lames et deux rousses.
Novembre 1, année 118 feat. @Ambre Kerdel
Il ne fallut guère de temps pour que la jeune femme rectifie sa prise de contact un brin désinvolte à l'égard de Valkya, toujours stoïque, faisant face à sa probable cadette. Le poids du regard de la malakim pouvait sembler lourd voir strict, mais il ne manquait pas de bienveillance alors qu'elle continuait de détailler un peu plus celle qui lui faisait face tout en opinant du chef sur une présentation bien plus courtoise et appréciable.
L'angélique pu juger rapidement d'une certaine forme physique, la dénommée Ambre ne laissait pas paraître un manque cruel de condition, bien au contraire. Son regard semblait franc, il soutenait, bien que quelque peu vacillant celui de Valkya, mais bien des choses pouvait se cacher sous couvert de franchise, cela, la veilleuse le savait que trop bien.
Faisant fi d'une trop grande méfiance, la malakim laissait un sourire discret habiller son faciès empêtré d'un naturel neutre et elle finit par répondre.
- Je ne t'en tiens pas rigueur rassure toi. Enchantée – En réponse, la rousse flamboyante inclina également la tête avant de reprendre - Je vois, tu n'es donc pas une débutante et tu connais déjà les rouages, pour ma part, et si cela peut avoir le moindre intérêt à tes yeux, j'ai débuté ma garde il y a 9 années maintenant.
Un échange d'informations ce voulant respectueux, et sans doute bien plus propice au prolongement d'une discussion se voulant éventuellement prolifique et non pas fermée et à sens unique. Le temps pouvait sembler long sur les remparts, alors, Valkya pouvait se permettre de temps à autre d'échanger avec ses camarades sans que cela n'ait d'influence délétère sur sa garde.
Quand la jeune femme abordait le « manque de moyen pour atteindre ses ambitions » Valkya, ayant au préalable accrocher son casque à un fin crochet métallique présent sur son ceinturon, finira par croiser les bras sous sa poitrine, le cuir de son plastron crissant légèrement, elle semblait interpellée.
Sans dire un mot dans l'immédiat, le regard doré de la malakim se posa alors sur ce que lui présentait Ambre, une dague de facture grossière, qu'elle détailla quelques secondes avant de se laisser aller à un léger ricanement qui était plus ironique que moqueur.
De sa main non dominante, la veilleuse retira lentement son « arme » fichée dans un fourreau de cuir sur son flanc gauche. Elle la présenta également à sa consœur, visiblement tout aussi désabusée.
- Les bons philosophes comme tu le dis, sont souvent ceux qui possèdent les armes de meilleures qualités ou à défaut, ne prenant même pas place sur un champ de bataille. - Valkya marqua un temps d'arrêt, laissant son pouce effleurer le tranchant irrégulier de l'arme en pierre qu'elle ne sortait qu'en cas de dernier recours, préférant les créations qu'elle pouvait modeler à sa guise. - Dans ce nouveau monde, nous ne jouissons pas de l'avancée technologique de jadis sur terre, et par conséquent, le bon matériel est rare et onéreux.
Sans réellement attendre de réponses, la rousse flamboyante, d'un roulement agile du poignet, vint replacer son arme là où elle devait être. Notant la pointe de déception dans le son de la voix de son interlocutrice, la bretteuse voulait tenter de répondre le plus sincèrement possible à cette interrogation qui semblait intéressée.
- Tu me fais trop d'honneur, mais pour te répondre en toute franchise, je dois sans doute en partie mon habilité à mon ancienne vie sur terre, j'ai été championne d'escrime pendant de longues années et j'ai beaucoup étudié l'art de l'épée. - Valkya se détourna un instant, déposant ses mains sur le parapet du rempart, fixant l'horizon, à la fois nostalgique et irritée de son passé.- Cependant, j'ai une question à te poser également si tu me le permets. - La malakim offrit un regard par-dessus son épaule sans se détourner totalement. - Tes ambitions, comme tu l'as mentionné, passent-elles par des armes de bonnes factures ainsi que l'art du combat ?
Perspicace ? Sans doute un peu, Amanda savait lire entre les lignes, dénicher les points faibles, les désirs et autre fait imputé à une personne pour les retourner contre cette dernière. Pourtant, aujourd'hui Amanda n'était plus, Valkya avait prit sa place et donc, le côté malveillante de cette perspicacité s'était grandement atténué.
La grande rousse fit face à Ambre, avant d'approfondir sa question sur un ton emplit de maturité.
- Le combat est souvent dépeint comme quelque chose d'héroïque, de long et spectaculaire, mais dans la réalité des faits, il n'en est rien. C'est quelque chose d'abrupte, d'extrêmement éphémère et souvent la mort en découle. La technicité est effectivement la seule chose qui peut maintenir en vie, ça et parfois, le but, les espoirs que tu places dans les coups que tu vas porter. Se battre par pur égoïsme, pour une futile querelle ou pour servir ses intérêts, est à la portée de n'importe qui, se battre pour protéger autrui de manière désintéressé est reversé aux guerriers et guerrières les plus honorables. - Valyka pointa son indexe dans la direction de la jeune femme. - Toi, Ambre, de quel côté de cette frontière sont tes ambitions ?
La question n'était pas réellement une forme de jugement, elle se voulait manichéenne, afin de mieux cerner la jeune femme.
L'angélique pu juger rapidement d'une certaine forme physique, la dénommée Ambre ne laissait pas paraître un manque cruel de condition, bien au contraire. Son regard semblait franc, il soutenait, bien que quelque peu vacillant celui de Valkya, mais bien des choses pouvait se cacher sous couvert de franchise, cela, la veilleuse le savait que trop bien.
Faisant fi d'une trop grande méfiance, la malakim laissait un sourire discret habiller son faciès empêtré d'un naturel neutre et elle finit par répondre.
- Je ne t'en tiens pas rigueur rassure toi. Enchantée – En réponse, la rousse flamboyante inclina également la tête avant de reprendre - Je vois, tu n'es donc pas une débutante et tu connais déjà les rouages, pour ma part, et si cela peut avoir le moindre intérêt à tes yeux, j'ai débuté ma garde il y a 9 années maintenant.
Un échange d'informations ce voulant respectueux, et sans doute bien plus propice au prolongement d'une discussion se voulant éventuellement prolifique et non pas fermée et à sens unique. Le temps pouvait sembler long sur les remparts, alors, Valkya pouvait se permettre de temps à autre d'échanger avec ses camarades sans que cela n'ait d'influence délétère sur sa garde.
Quand la jeune femme abordait le « manque de moyen pour atteindre ses ambitions » Valkya, ayant au préalable accrocher son casque à un fin crochet métallique présent sur son ceinturon, finira par croiser les bras sous sa poitrine, le cuir de son plastron crissant légèrement, elle semblait interpellée.
Sans dire un mot dans l'immédiat, le regard doré de la malakim se posa alors sur ce que lui présentait Ambre, une dague de facture grossière, qu'elle détailla quelques secondes avant de se laisser aller à un léger ricanement qui était plus ironique que moqueur.
De sa main non dominante, la veilleuse retira lentement son « arme » fichée dans un fourreau de cuir sur son flanc gauche. Elle la présenta également à sa consœur, visiblement tout aussi désabusée.
- Les bons philosophes comme tu le dis, sont souvent ceux qui possèdent les armes de meilleures qualités ou à défaut, ne prenant même pas place sur un champ de bataille. - Valkya marqua un temps d'arrêt, laissant son pouce effleurer le tranchant irrégulier de l'arme en pierre qu'elle ne sortait qu'en cas de dernier recours, préférant les créations qu'elle pouvait modeler à sa guise. - Dans ce nouveau monde, nous ne jouissons pas de l'avancée technologique de jadis sur terre, et par conséquent, le bon matériel est rare et onéreux.
Sans réellement attendre de réponses, la rousse flamboyante, d'un roulement agile du poignet, vint replacer son arme là où elle devait être. Notant la pointe de déception dans le son de la voix de son interlocutrice, la bretteuse voulait tenter de répondre le plus sincèrement possible à cette interrogation qui semblait intéressée.
- Tu me fais trop d'honneur, mais pour te répondre en toute franchise, je dois sans doute en partie mon habilité à mon ancienne vie sur terre, j'ai été championne d'escrime pendant de longues années et j'ai beaucoup étudié l'art de l'épée. - Valkya se détourna un instant, déposant ses mains sur le parapet du rempart, fixant l'horizon, à la fois nostalgique et irritée de son passé.- Cependant, j'ai une question à te poser également si tu me le permets. - La malakim offrit un regard par-dessus son épaule sans se détourner totalement. - Tes ambitions, comme tu l'as mentionné, passent-elles par des armes de bonnes factures ainsi que l'art du combat ?
Perspicace ? Sans doute un peu, Amanda savait lire entre les lignes, dénicher les points faibles, les désirs et autre fait imputé à une personne pour les retourner contre cette dernière. Pourtant, aujourd'hui Amanda n'était plus, Valkya avait prit sa place et donc, le côté malveillante de cette perspicacité s'était grandement atténué.
La grande rousse fit face à Ambre, avant d'approfondir sa question sur un ton emplit de maturité.
- Le combat est souvent dépeint comme quelque chose d'héroïque, de long et spectaculaire, mais dans la réalité des faits, il n'en est rien. C'est quelque chose d'abrupte, d'extrêmement éphémère et souvent la mort en découle. La technicité est effectivement la seule chose qui peut maintenir en vie, ça et parfois, le but, les espoirs que tu places dans les coups que tu vas porter. Se battre par pur égoïsme, pour une futile querelle ou pour servir ses intérêts, est à la portée de n'importe qui, se battre pour protéger autrui de manière désintéressé est reversé aux guerriers et guerrières les plus honorables. - Valyka pointa son indexe dans la direction de la jeune femme. - Toi, Ambre, de quel côté de cette frontière sont tes ambitions ?
La question n'était pas réellement une forme de jugement, elle se voulait manichéenne, afin de mieux cerner la jeune femme.
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Ambre Kerdel
Maison de la Flamme et de l'Ombre
Trois lames et deux rousses
(Valkya) - Tes ambitions, comme tu l'as mentionné, passent-elles par des armes de bonnes factures ainsi que l'art du combat ?
Ambre sursauta, tirée de sa rêverie. La malakim s'était exprimée, encore une fois, à l'aide de mots emprunts de sagesse et de pondération. Son opinion respirait la vérité tant elle les prononçait avec assurance, et la jeune veilleuse aurait bien eu du mal à la démentir : L'on devinait aisément qu'ils étaient le fruit d'une existence bien plus longue et expérimentée que la sienne. Ainsi, son dialogue n'appelait qu'à être écouté avec l'attention qui lui était dû. La jeune femme n'avait pas la moindre envie de prendre le contrôle d'un tel échange, tant elle se sentait perdue face à l'immensité qui se dégageait de cette conscience là. Elle savait que le moindre faux pas en réponse rendrait son propos risible, et elle s'était donc contentée de l'écouter avec un silence timide, craignant justement cet instant où elle souhaiterait la voir participer à nouveau.
- Et bien …. - Ambre hésita. Se contenter de ces seules notions comme explications serait bien insuffisant à justifier... les-dites ambitions – Pour répondre à votre première question... Oui entre autres choses...
Elle sentit qu'elle ne pouvait se contenter d'une réponse aussi vague. Au mieux, Valkya serait déçue. Au pire, elle se méprendrait.
- L'art du combat s'est révélé être ma principale ambition, je ne peux le nier. - soupira-t-elle. Elle délaissa volontairement le sujet des armes, qui, pour elle, passait sérieusement au second plan. Son esprit avait clairement rangé ses intérêts par ordre de priorité, et la bonne facture de son matériel ne deviendrait un problème que lorsque sa technique en souffrirait. Et il lui fallait bien avant tout en avoir, de la technique. - Pour ce qui est de la motivation...
Ambre se saisit le menton, preuve qu'elle réfléchissait sérieusement à cette question-ci. Pourquoi s'être ainsi laissée enfermer dans cette ambition ? Il y avait assurément une raison pour que cet aspect là de sa vie l’obnubile à ce point. L'envie de gagner ? D'asseoir une domination quelconque sur un adversaire ? Considérer autrui comme un adversaire-né l'y avait-elle conduit ? Qu'est ce qui... avait bien pu la rendre à ce point heureuse lorsqu'elle avait eu cet avantage sur terre, au sein de sa communauté virtuelle ? L'admiration qu'on lui avait porté avait été très apprécié, elle ne pouvait le nier. Le regard des autres ne l'avait jamais laissée indifférente et pouvoir se pavaner sans craindre la défaite avait été un avantage dont elle s'était régalée. Pourtant...
La jeune veilleuse eut une pensée pour Cody et une nouvelle certitude s'imposa à elle : Non cela n'avait pas suffit.
Tant et tant de raisons se bousculaient à la suite sans pour autant s'aligner sur le discours de la Malakim: Les risques inhérents du combat lui étaient étrangers. Elle n'avait pas encore goûté au danger ou à la mort. Dire qu'elle serait irréprochable le jour-J serait une pure bêtise. Elle n'avait cependant pas l'expérience pour elle et ne pouvait donc présumer de ce qu'était la réalité du terrain... ni même de sa propre réaction lorsque son instinct prendrait le pas sur sa raison. La faucheuse pouvait donc facilement écarter cette notion qu'elle n'avait jamais touché du doigt. Ainsi ne s'attarda-t-elle pas plus sur ce détail.
Ce qui dérangeait la jeune fille, en revanche, était ce qu'avait évoqué Valkya, l'air de rien : Se battre pour ses intérêts. Il était évident que cet aspect là lui était tout à fait familier. Ambre n'était pas connue pour son abnégation et elle avait toujours cherché à obtenir ce qu'elle voulait sans s’embarrasser du reste. Cela rendait-il son propos moins légitime ?
Elle se mordit soudainement la langue, et un éclair de colère, fugace, obscurcit son regard. Non ! Sa condition ne se résumait pas en un simple et stupide sentiment d'avidité, elle s'y refusait. Il y avait certainement autre chose qu'elle ne réussissait pas à identifier. Quelque chose au delà de son besoin d'indépendance et de son envie d'être la meilleure version d'elle-même.
- Je crois que j'aime avoir la force de mes convictions – finit-elle par lâcher, bien moins enjouée qu'auparavant – Je serai terriblement chagrinée de ne pouvoir lever mon arme, si j'avais décidé de le faire.
Ambre planta son regard dans celui de Valkya. La détermination lui avait durcit les traits.
- Je n'ai pas la prétention de dire si je la lèverai pour les bonnes raisons. Mais pouvoir le faire me laissera l'avantage du choix.
Elle sentit instantanément que la franchise lui avait probablement sauvé la mise. Déblatérer sur les bonnes mœurs et sur le meilleur de l'humanité lui aurait prêté l'image de la jeune fille naïve. Ce n'était pas à 27 ans que l'on pouvait se targuer d'avoir saisi les subtilités du bien et du mal. Son âge devait malgré tout lui avoir inculqué que chacun d'eux pouvait bien se cacher en elle, et c'est bien cela qu'elle devait démontrer à son interlocutrice : Elle ne se voulait pas héro au cœur vaillant. Le poids de ses choix ne l'avait pas toujours maintenue du bon côté de la balance, sa présence à Azamyr en témoignait. Et elle savait que la vie lui réservait encore de nombreuses leçons. Quel chemin emprunterait-elle ? Quelles valeurs s'inscriraient dans le tranchant de sa lame ? Rien n'était gravé dans le marbre.
- Il est encore trop tôt pour que je me connaisse parfaitement, reposez-moi la question dans quelques années !
Le visage d'Ambre se détendit et elle ponctua sa phrase d'un rire insouciant. Il était temps de profiter de cette légèreté pour changer de sujet :
- Championne d'escrime donc ….
La faucheuse mima un air pensif et tourna son visage vers le paysage qui s'étendait au delà des remparts. Cette femme-là n'avait donc pas acquis son savoir en Ozéna. Nul mentor pour la superviser depuis ces nouvelles terres. Donc.... sur ces remparts....Valkya devenait probablement l'être le plus capable dans cet art. La jeune femme eut un sourire malin: *Bingo !*
Voilà trois ans.
Trois longues années.
Qu'elle avait traqué de nombreux citoyens dans l'espoir de trouver le saint mentor stéréotypé.
Elle laissa le silence s'éterniser, espérant qu'il lui offre le courage d'aller au bout de son idée. Enfin, elle acheva :
- ... Me voilà curieuse.
Le ton avait été égal. D'une discrète nuance.
Presque anodin, s'il n'avait pas été ponctué d'un doigt doucereux sur le manche d'une dague.
Ambre sursauta, tirée de sa rêverie. La malakim s'était exprimée, encore une fois, à l'aide de mots emprunts de sagesse et de pondération. Son opinion respirait la vérité tant elle les prononçait avec assurance, et la jeune veilleuse aurait bien eu du mal à la démentir : L'on devinait aisément qu'ils étaient le fruit d'une existence bien plus longue et expérimentée que la sienne. Ainsi, son dialogue n'appelait qu'à être écouté avec l'attention qui lui était dû. La jeune femme n'avait pas la moindre envie de prendre le contrôle d'un tel échange, tant elle se sentait perdue face à l'immensité qui se dégageait de cette conscience là. Elle savait que le moindre faux pas en réponse rendrait son propos risible, et elle s'était donc contentée de l'écouter avec un silence timide, craignant justement cet instant où elle souhaiterait la voir participer à nouveau.
- Et bien …. - Ambre hésita. Se contenter de ces seules notions comme explications serait bien insuffisant à justifier... les-dites ambitions – Pour répondre à votre première question... Oui entre autres choses...
Elle sentit qu'elle ne pouvait se contenter d'une réponse aussi vague. Au mieux, Valkya serait déçue. Au pire, elle se méprendrait.
- L'art du combat s'est révélé être ma principale ambition, je ne peux le nier. - soupira-t-elle. Elle délaissa volontairement le sujet des armes, qui, pour elle, passait sérieusement au second plan. Son esprit avait clairement rangé ses intérêts par ordre de priorité, et la bonne facture de son matériel ne deviendrait un problème que lorsque sa technique en souffrirait. Et il lui fallait bien avant tout en avoir, de la technique. - Pour ce qui est de la motivation...
Ambre se saisit le menton, preuve qu'elle réfléchissait sérieusement à cette question-ci. Pourquoi s'être ainsi laissée enfermer dans cette ambition ? Il y avait assurément une raison pour que cet aspect là de sa vie l’obnubile à ce point. L'envie de gagner ? D'asseoir une domination quelconque sur un adversaire ? Considérer autrui comme un adversaire-né l'y avait-elle conduit ? Qu'est ce qui... avait bien pu la rendre à ce point heureuse lorsqu'elle avait eu cet avantage sur terre, au sein de sa communauté virtuelle ? L'admiration qu'on lui avait porté avait été très apprécié, elle ne pouvait le nier. Le regard des autres ne l'avait jamais laissée indifférente et pouvoir se pavaner sans craindre la défaite avait été un avantage dont elle s'était régalée. Pourtant...
La jeune veilleuse eut une pensée pour Cody et une nouvelle certitude s'imposa à elle : Non cela n'avait pas suffit.
Tant et tant de raisons se bousculaient à la suite sans pour autant s'aligner sur le discours de la Malakim: Les risques inhérents du combat lui étaient étrangers. Elle n'avait pas encore goûté au danger ou à la mort. Dire qu'elle serait irréprochable le jour-J serait une pure bêtise. Elle n'avait cependant pas l'expérience pour elle et ne pouvait donc présumer de ce qu'était la réalité du terrain... ni même de sa propre réaction lorsque son instinct prendrait le pas sur sa raison. La faucheuse pouvait donc facilement écarter cette notion qu'elle n'avait jamais touché du doigt. Ainsi ne s'attarda-t-elle pas plus sur ce détail.
Ce qui dérangeait la jeune fille, en revanche, était ce qu'avait évoqué Valkya, l'air de rien : Se battre pour ses intérêts. Il était évident que cet aspect là lui était tout à fait familier. Ambre n'était pas connue pour son abnégation et elle avait toujours cherché à obtenir ce qu'elle voulait sans s’embarrasser du reste. Cela rendait-il son propos moins légitime ?
Elle se mordit soudainement la langue, et un éclair de colère, fugace, obscurcit son regard. Non ! Sa condition ne se résumait pas en un simple et stupide sentiment d'avidité, elle s'y refusait. Il y avait certainement autre chose qu'elle ne réussissait pas à identifier. Quelque chose au delà de son besoin d'indépendance et de son envie d'être la meilleure version d'elle-même.
- Je crois que j'aime avoir la force de mes convictions – finit-elle par lâcher, bien moins enjouée qu'auparavant – Je serai terriblement chagrinée de ne pouvoir lever mon arme, si j'avais décidé de le faire.
Ambre planta son regard dans celui de Valkya. La détermination lui avait durcit les traits.
- Je n'ai pas la prétention de dire si je la lèverai pour les bonnes raisons. Mais pouvoir le faire me laissera l'avantage du choix.
Elle sentit instantanément que la franchise lui avait probablement sauvé la mise. Déblatérer sur les bonnes mœurs et sur le meilleur de l'humanité lui aurait prêté l'image de la jeune fille naïve. Ce n'était pas à 27 ans que l'on pouvait se targuer d'avoir saisi les subtilités du bien et du mal. Son âge devait malgré tout lui avoir inculqué que chacun d'eux pouvait bien se cacher en elle, et c'est bien cela qu'elle devait démontrer à son interlocutrice : Elle ne se voulait pas héro au cœur vaillant. Le poids de ses choix ne l'avait pas toujours maintenue du bon côté de la balance, sa présence à Azamyr en témoignait. Et elle savait que la vie lui réservait encore de nombreuses leçons. Quel chemin emprunterait-elle ? Quelles valeurs s'inscriraient dans le tranchant de sa lame ? Rien n'était gravé dans le marbre.
- Il est encore trop tôt pour que je me connaisse parfaitement, reposez-moi la question dans quelques années !
Le visage d'Ambre se détendit et elle ponctua sa phrase d'un rire insouciant. Il était temps de profiter de cette légèreté pour changer de sujet :
- Championne d'escrime donc ….
La faucheuse mima un air pensif et tourna son visage vers le paysage qui s'étendait au delà des remparts. Cette femme-là n'avait donc pas acquis son savoir en Ozéna. Nul mentor pour la superviser depuis ces nouvelles terres. Donc.... sur ces remparts....Valkya devenait probablement l'être le plus capable dans cet art. La jeune femme eut un sourire malin: *Bingo !*
Voilà trois ans.
Trois longues années.
Qu'elle avait traqué de nombreux citoyens dans l'espoir de trouver le saint mentor stéréotypé.
Elle laissa le silence s'éterniser, espérant qu'il lui offre le courage d'aller au bout de son idée. Enfin, elle acheva :
- ... Me voilà curieuse.
Le ton avait été égal. D'une discrète nuance.
Presque anodin, s'il n'avait pas été ponctué d'un doigt doucereux sur le manche d'une dague.
01 Novembre de l'an 118 - Remparts (Azamyr)
Valkya
Maison du Ciel et du Souffle
Trois lames et deux rousses.
Novembre 1, année 118 feat. @Ambre Kerdel
Après le long monologue qu'elle venait d'infliger à sa jeune camarade, Valkya avait prit l'habitude de s'exprimer d'une façon parfois troublante, d'un autre âge, et cette dernière oubliait souvent qu'elle s'adressait à une génération bien plus jeune. Enfin, même ces termes où cette manière de voir les choses étaient bien antérieures à sa propre existence terrestre, sans doute que son éducation un brin pincée et son étude des arts de l'épée l'avait grandement motivée à entretenir un discours plus « sage » et « réfléchi ». Enfin, malgré cela, Ambre semblait comprendre le message de la malakim, tout du moins, la façade de ce dernier, car bien entendu, il y avait un message caché derrière ces dires. Tout était sujet à étude, les expressions faciales de la jeune veilleuse, son souffle, le mirage de ses convictions découlant de ses réponses. Oui, indéniablement l'être aux ailes flamboyante était observateur, laissant ses sens très développés être aux services de ses attentes. Lesquelles et pourquoi ? Tout simplement pour connaître, que cela soit son allié où son ennemi.
Au fond d'elle-même, la vétérane n'espérait pas que la jeune rousse s'empêtre dans un discours alambiqué dans l'unique but était de dépeindre des ambitions nobles et pures afin de flatter la lame écarlate qui pouvait donner cette impression de droiture et d'exemplarité. Non, elle souhaitait voir la nuance se cachant sous l'émaille, des irrégularités singulières qui donnaient du sens à une existence.
Peut-être en attendait elle trop, alors que, faisant face à Ambre, Valkya avait depuis quelques instants cessé de la pointer du doigt afin de lui laisser l'opportunité d'étancher cette curiosité qui était sienne.
Au final, lorsque celle qui faisait face à la malakim répondit, l'ange par procuration ne fut guère déçue, bien au contraire. Écoutant avec intérêt l'enchaînement de réponses, l'écarlate croisait les bras sur sa poitrine, droite et inflexible, prenant chaque mot dans son entièreté afin d'en saisir toute la substance. Aux fils des répliques, Valkya sentit qu'Ambre chercha au fond d'elle-même afin de trouver les mots justes, ceux qui avaient du sens à ses yeux et pas uniquement une parole lancée afin de répondre à une quelconque convenance. Voilà une surprise agréable, même si la jeune femme semblait avoir été un peu bousculée par le procédé, la grande rousse démontra sa satisfaction par un sourire discret habillant son faciès si sérieux.
Malgré que la conversation avait pu glisser sur un sujet précédent, notamment la faculté de la vétérane à l'épée, et que cela semblait particulièrement intéresser la jeune veilleuse, la lame écarlate décroisera les bras avant de déposer la paume de sa main sur l'extrémité de sa piètre arme.
-Une réponse qui semble sincère et emplit d'honnêteté, cela change de certains de tes camarades m'ayant arrosé de nobles idéaux simplement pour tenter de s'attirer ma « sympathie » Insistant bien sur le dernier mot de sa phrase par une élocution presque accusatrice. Valkya finira par reprendre le court de son monologue. -Mon ancien hobby semble grandement éveiller ton intérêt, mais je ne peux que le comprendre au vu de tes attentes. La malakim se tourna, aux côtés de la jeune femme en observant le lointain, ponctué d'inconnus et de découvertes. Elle n'était pas dupe, la trentenaire d'apparence se doutait bien que l'honnête arriviste cherchait sans doute une formation aux combats et il ne fallait pas être un sage pour deviner que chez les veilleurs, bon nombre ne l'étaient pas réellement, pas encore en tout cas. Laissant le long silence se prolonger, avant d'être rompu par une parole d'Ambre.
Une nouvelle fois, les commissures se rehaussèrent, alors que, encore en train d'affûter ses sens et de les entraîner, la vétérane put presque sentir le trépignement de la jeune rousse, doigt pointant vers le manche de sa dague. Amusée, se dit tout simplement - Pourquoi pas ? Il était peut-être temps pour elle de transmettre un savoir jalousement gardé depuis longtemps, ce qu'elle s'était toujours refusée de partager jusqu'ici. Cependant, Valkya devait s'assurer que cette volonté que semblait démontrer Ambre n'était pas simplement un mirage, et que sa condition physique soit aussi résolue que cette détermination.
- Très bien, je te donne rendez-vous à la salle d'exercice de le tour Nord quand tu auras terminé ta garde. Nous verrons si ta curiosité sera étanchée ou non. Disait la malakim d'un ton à la fois sérieux et emplit de mystère.
Son regard se ferma sur l'horizon et elle finira par s'en détourner, se faisant, sa camarade veilleuse pu sentir quelque chose la bousculé légèrement, et alors qu'elle pouvait contempler l'une des anges de ce monde s'éloigner sur les remparts elle distinguera alors une épée relativement courte auréolée d'une lumière dorée qui finira par disparaître dans sa main droite. Elle du se douter alors que Valkya l'avait déjà testée en faisant apparaître cette arme en direction de ses côtes lorsque toutes deux observaient au-delà des murs avec la plus grande discrétion.
C'était dans cette certaine confusion que la lame écarlate laissait sa peut-être future disciple, pour se préparer à sa venue dans la tour nord, s'assurant de son emploi du temps et de la disponibilité de la salle au préalable.
La fin de journée se profilait enfin, la salle était plongée dans une ambiance tamisée, les ondulations que provoquaient les flammes dansantes des torches animaient les lieux.
Elle était là, la malakim, assise en tailleur, larges ailes repliées, deux épées d'entraînement dans ses mains, pointes fichés dans le sol froid de pierre. Semblant plongée dans une transe méditative, l'attente d'Ambre se faisait ressentir.
Soudainement la lourde porte de bois s'entrouvrit, et elle était là, semblant prête et déterminée, la jeune veilleuse.
Le regard d'or se posa alors sur elle, inflexible, avant que Valkya n'exprimait une chose importante à ses yeux.
-Je vais être honnête avec toi, cet instant ne signifie en rien que je serai celle qui va t'enseigner l'art de l'épée, il s'agit d'un test, j'ai besoin de savoir si ta résolution est aussi sincère que tes propos. Et cette résolution passera par un duel. Si tu perds, il te faudra chercher autrui pour ta quête de connaissance, me suis-je bien fait comprendre ?
L'une des deux épées en bois que tenait la malakim fut lancée avec agilité en direction de cette partenaire d'entraînement, alors que de son côté, la vétérane fendit l'air de la sienne d'un geste vif, avant de placer le fil fictif proche de son visage et d'entamer une ronde dans la pièce, sans jamais perdre du regard Ambre.
Danse guerrière.
Pas lents.
Main assurée.
Au fond d'elle-même, la vétérane n'espérait pas que la jeune rousse s'empêtre dans un discours alambiqué dans l'unique but était de dépeindre des ambitions nobles et pures afin de flatter la lame écarlate qui pouvait donner cette impression de droiture et d'exemplarité. Non, elle souhaitait voir la nuance se cachant sous l'émaille, des irrégularités singulières qui donnaient du sens à une existence.
Peut-être en attendait elle trop, alors que, faisant face à Ambre, Valkya avait depuis quelques instants cessé de la pointer du doigt afin de lui laisser l'opportunité d'étancher cette curiosité qui était sienne.
Au final, lorsque celle qui faisait face à la malakim répondit, l'ange par procuration ne fut guère déçue, bien au contraire. Écoutant avec intérêt l'enchaînement de réponses, l'écarlate croisait les bras sur sa poitrine, droite et inflexible, prenant chaque mot dans son entièreté afin d'en saisir toute la substance. Aux fils des répliques, Valkya sentit qu'Ambre chercha au fond d'elle-même afin de trouver les mots justes, ceux qui avaient du sens à ses yeux et pas uniquement une parole lancée afin de répondre à une quelconque convenance. Voilà une surprise agréable, même si la jeune femme semblait avoir été un peu bousculée par le procédé, la grande rousse démontra sa satisfaction par un sourire discret habillant son faciès si sérieux.
Malgré que la conversation avait pu glisser sur un sujet précédent, notamment la faculté de la vétérane à l'épée, et que cela semblait particulièrement intéresser la jeune veilleuse, la lame écarlate décroisera les bras avant de déposer la paume de sa main sur l'extrémité de sa piètre arme.
-Une réponse qui semble sincère et emplit d'honnêteté, cela change de certains de tes camarades m'ayant arrosé de nobles idéaux simplement pour tenter de s'attirer ma « sympathie » Insistant bien sur le dernier mot de sa phrase par une élocution presque accusatrice. Valkya finira par reprendre le court de son monologue. -Mon ancien hobby semble grandement éveiller ton intérêt, mais je ne peux que le comprendre au vu de tes attentes. La malakim se tourna, aux côtés de la jeune femme en observant le lointain, ponctué d'inconnus et de découvertes. Elle n'était pas dupe, la trentenaire d'apparence se doutait bien que l'honnête arriviste cherchait sans doute une formation aux combats et il ne fallait pas être un sage pour deviner que chez les veilleurs, bon nombre ne l'étaient pas réellement, pas encore en tout cas. Laissant le long silence se prolonger, avant d'être rompu par une parole d'Ambre.
Une nouvelle fois, les commissures se rehaussèrent, alors que, encore en train d'affûter ses sens et de les entraîner, la vétérane put presque sentir le trépignement de la jeune rousse, doigt pointant vers le manche de sa dague. Amusée, se dit tout simplement - Pourquoi pas ? Il était peut-être temps pour elle de transmettre un savoir jalousement gardé depuis longtemps, ce qu'elle s'était toujours refusée de partager jusqu'ici. Cependant, Valkya devait s'assurer que cette volonté que semblait démontrer Ambre n'était pas simplement un mirage, et que sa condition physique soit aussi résolue que cette détermination.
- Très bien, je te donne rendez-vous à la salle d'exercice de le tour Nord quand tu auras terminé ta garde. Nous verrons si ta curiosité sera étanchée ou non. Disait la malakim d'un ton à la fois sérieux et emplit de mystère.
Son regard se ferma sur l'horizon et elle finira par s'en détourner, se faisant, sa camarade veilleuse pu sentir quelque chose la bousculé légèrement, et alors qu'elle pouvait contempler l'une des anges de ce monde s'éloigner sur les remparts elle distinguera alors une épée relativement courte auréolée d'une lumière dorée qui finira par disparaître dans sa main droite. Elle du se douter alors que Valkya l'avait déjà testée en faisant apparaître cette arme en direction de ses côtes lorsque toutes deux observaient au-delà des murs avec la plus grande discrétion.
C'était dans cette certaine confusion que la lame écarlate laissait sa peut-être future disciple, pour se préparer à sa venue dans la tour nord, s'assurant de son emploi du temps et de la disponibilité de la salle au préalable.
La fin de journée se profilait enfin, la salle était plongée dans une ambiance tamisée, les ondulations que provoquaient les flammes dansantes des torches animaient les lieux.
Elle était là, la malakim, assise en tailleur, larges ailes repliées, deux épées d'entraînement dans ses mains, pointes fichés dans le sol froid de pierre. Semblant plongée dans une transe méditative, l'attente d'Ambre se faisait ressentir.
Soudainement la lourde porte de bois s'entrouvrit, et elle était là, semblant prête et déterminée, la jeune veilleuse.
Le regard d'or se posa alors sur elle, inflexible, avant que Valkya n'exprimait une chose importante à ses yeux.
-Je vais être honnête avec toi, cet instant ne signifie en rien que je serai celle qui va t'enseigner l'art de l'épée, il s'agit d'un test, j'ai besoin de savoir si ta résolution est aussi sincère que tes propos. Et cette résolution passera par un duel. Si tu perds, il te faudra chercher autrui pour ta quête de connaissance, me suis-je bien fait comprendre ?
L'une des deux épées en bois que tenait la malakim fut lancée avec agilité en direction de cette partenaire d'entraînement, alors que de son côté, la vétérane fendit l'air de la sienne d'un geste vif, avant de placer le fil fictif proche de son visage et d'entamer une ronde dans la pièce, sans jamais perdre du regard Ambre.
Danse guerrière.
Pas lents.
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