La fête des voisins

Feat Vadim

Décembre 9, 118

Ces dernières semaines avaient été un véritable n'importe quoi. Avec ses horaires décalés, son entraînement ardu et ses courbatures constantes, Vex avait peu à peu quitté son état de stase, passant de loque mollassonne à personne à peu près normalement constituée. Les incidents de type combustion spontanée avaient été de plus en plus rares, sûrement aidés par sa forme physique nouvelle et un calme à peu près retrouvé — mais aussi majoritairement parce que l'alchimiste ne se mettait plus en danger —. Il y avait bien eu cette rencontre avec le veilleur la veille, mais rien ni personne ne semblait plus capable de tourmenter l'élémentaire qui acquerrait peu à peu assez de contrôle sur son feu pour s'y sentir connectée.

Et c'est finalement maintenant que le tumulte de la vie se calmait, avant qu'ils ne prennent le départ avec Kaël pour leur petite randonnée jusqu'aux falaises que Vex s'était retrouvée à penser à ce vieil ami qu'elle n'avait plus jamais croisé. Après tout, Vadim avait investi son ancien appartement et jamais depuis son installation elle n'était passée lui rendre visite, malgré ses promesses de le ravitailler en Zucon pour tous les services rendus. Hésitant sûrement quelques jours, se demandant alors si elle n'outrepassait pas ses droits en venant toquer, l'alchimiste s'était assurée de remplir quelques gourdes — qu'elle était maintenant capable de porter — et c'est les bras chargés qu'elle s'était mise en chemin vers son ancien logement.

Elle ne regrettait en rien son déménagement, après tout, comment préférer fréquenter les bains publics quand on avait une baignoire privée ? Non, vraiment, elle ne retournerait à cette vite de troglodyte pour rien au monde.
Les bras chargés — de zucon et d'autres choses —, Vex avait traversé la ville jusqu'à son ancien quartier, retrouvant ses ruelles toute en hauteur, ses bâtiments accessible uniquement aux personnes ailées quand elle reconnut au loin la devanture de son ancienne demeure. Bien des mois qu'elle l'avait débarrassé, mais le souvenir chaleureux de ce petit cocon qu'elle s'était créé lui donna instantanément le sourire, ou alors était-ce l'idée de venir saluer Vadim qui la mettait en joie. Mais la possibilité que le mercenaire soit aller courir par monts et par vaux était grande, aussi, elle se préparait à laisser sur le pallier le petit panier qu'elle lui avait concocté.

Toquant trois coup tout en tenant les gourdes en équilibre instable d'une seule main, Vex attendit, chaudement emmitouflée dans son manteau bordé de fourrure, le nez rougi par le froid de l'hiver cette fois bien installé. Pas de réponse... L'habitation semblait vide et plutôt que de coller une oreille indiscrète à la porte, Vex réessaya de toquer, pinçant sûrement déjà ses lèvres de déception alors qu'elle se penchait pour disposer le panier sur le sol, à l'abri des éléments tout en pestant sûrement de ne pas avoir préparé de petite note afin que Vadim ne s'imagine pas avoir une admiratrice secrète. Enfin... Il n'était pas difficile d'imaginer que seule l'alchimiste était capable de venir lui déposer une cargaison entière de Zucon et quelqu'autres petits onguents dont elle saurait le mercenaire avoir l'utilité.

 

La fête des voisins

Feat Vadim

Décembre 9, 118

Pourquoi Vex jouait-elle les livreur de zucon ? Sûrement parce qu'elle se sentait légèrement coupable de ne pas avoir donné de nouvelles depuis aussi longtemps, peut-être aussi parce qu'il fallait bien une bonne raison pour venir toquer chez quelqu'un, non ? Toujours aussi à l'aise qu'un chien dans un jeu de quilles, l'alchimiste avait choisi ce jour de décembre, lendemain de sa mésaventure sur la plage où elle avait bien failli mourir noyée. Un peu de sympathie après être passée à la machine à laver, ce n'était jamais de trop, non ?

C'est donc les bras chargés et ne tremblant presque pas sous la charge que l'élémentaire de feu s'était dirigée vers son ancienne demeure. L'appartement en rez-de-chaussée d'une large maison avait été laissé au mercenaire il y a de ça de nombreux mois et si Vex ne pu s'empêcher de ressentir un brin de mélancolie à la vision de la porte de bois qu'elle avait si longtemps poussé avant de déménager, c'est bien sur le pallier qu'elle se demanda si elle n'avait pas été un brin optimiste en se rendant en plein milieu de journée chez le mercenaire. Après tout, il pouvait être n'importe où et il aurait fallu s'armer d'une chance de cocue pour imaginer le croiser.

Accroupie devant la porte, Vex déposait déjà l'assemblage généreusement garni devant la porte lorsque celle-ci s'ouvrit, faisant immédiatement sursauter l'élémentaire prise la main dans le panier. Relevée d'un bond d'une souplesse qu'elle n'aurait pas imaginer avoir, elle laissa le panier en plan quelques instants avant de perdre son air surpris au profit d'un sourire plus naturel. « Vadim ! Pardon j'ai cru que tu n'étais pas là. » Ricana-t-elle presque, pointant d'un geste du menton le panier gisant à ses pieds qui vomissait presque de denrées. Elle resta pourtant un instant pantoise, comme ayant perdu l'habitude des petites boutades bien senties du mercenaire. Mais bien vite, les connexions semblèrent se faire et elle eut un de ces petits rires, secouant la tête alors qu'elle se penchait pour ramasser le panier. « Te foutre dehors ? Tu dis toujours autant de bêtises à ce que je vois, pourquoi viendrais-je te foutre dehors ? » Et elle lui fourre le panier dans les bras, sans grande douceur, avec somme toute bien plus de force qu'elle ne pouvait en avoir avant.
Invitée à entrer, elle ne se fit pas prier, frottant déjà ses mains gantées à ses bras dans un vain espoir de se réchauffer. La bâtisse était chauffée, un avantage pour la frileuse élémentaire de feu qui attendit pourtant avant de tomber le manteau, son regard lilas courant déjà ça et là tandis qu'elle observait ce que Vadim avait fait de l'appartement. « Tu es en plein travaux ? Je ne voulais pas te déranger, je peux repasser plus tard si tu es occupé. » Et avec une lenteur d'insulaire qu'on aurait balancé dans la neige pour la première fois, Vex fit peu à peu sauter chaque bouton du manteau, osant parfois quelques regards de biais vers le mercenaire sans pour autant parvenir à soutenir son regard très longtemps. La timidité était toujours au rendez-vous visiblement, surtout après tant de mois passés sans se fréquenter.

 

La fête des voisins

Feat Vadim

Décembre 9, 118

La dernière fois que les deux compères s'étaient croisés, Vex jouait les dryades dans les bois, les miches à l'air et l'égo en berne, Vadim la portant finalement pour lui épargner de laisser sa plante de pieds dans la forêt. Cinq mois s'étaient écoulés et outre une forme physique un peu moins pathétique pour l'élémentaire, ses cheveux avaient surtout beaucoup poussés. Rien qu'un homme constaterait, tant il fallait qu'une femme change de visage pour qu'ils constatent un ridicule changement, mais elle semblait surtout déliée, plus souple aussi dans ses gestes tandis qu'elle avançait dans la charmante maisonnette que Vadim s'était maintenant approprié. Loin était l'époque où l'appartement fourmillait de denrées, avec ses plans de travail débordants de bocaux et de fioles en tout genre, le mercenaire avait opté pour une version plus... minimaliste que l'élémentaire ne manqua pas de remarquer. Elle eut pourtant un petit rire quand il mentionna le charme pittoresque, ignorant si il faisait là un de ces nombreux traits d'humour où si il avait parfaitement conscience qu'une table et quelques chaises n'était pas considéré comme un ameublement suffisant.

Secouant légèrement la tête, elle chassa la mine amusée de son visage, observant simplement autour d'elle avec ce petit air pincé. Mais son air soucieux pris le pas sur ses pensées et taisant toute remarque, elle se contenta de pincer ses lèvres comme elle l'avait toujours fait, hésitant certainement à demander si Vadim allait bien. Mais toujours aussi timide, toujours avec cette impression qu'elle n'était pas légitime à se montrer intrusive, elle se contenta de garder le silence, appréciant simplement la chaleur du foyer du mercenaire pour oser faire sauter quelques boutons. Toute affairée à son effeuillage qu'elle était, Vex ne réalisa pas que Vadim était très sérieux lorsqu'il parlait de problème de porte. Hein ? Un instant, ses gestes s'arrêtèrent, comme suspendus dans le déboutonnage du manteau à moitié ouvert, mais secouant simplement la tête avec incrédulité, Vex reprit sa manoeuvre, retirant finalement le manteau qu'elle garda sur un bras sans vraiment trop savoir quoi en faire.

« Tu crois qu'il est cassé... ? Enfait je ne sais pas pourquoi je te demande ça, je n'ai aucune connaissance en verrous de porte. » Et elle ponctua le tout d'un petit rire, remettant volontiers sa veste à Vadim qui vint la prendre pour... la poser juste à côté. Toujours avec ces même airs de biche prise dans des phares — la mollesse physique en moins —, Vex suivait du regard Vadim qu'elle sentait presque... hésiter. Comme si finalement, elle dérangeait et regrettant sûrement un peu sa venue à l'improviste, Vex resta là, plantée dans cette cuisine et ses trois meubles, sans trop savoir ce qu'elle devait dire ou faire pour tenter de diffuser cette drôle de gêne. C'était donc ça, retrouver de vieux amis après tant de temps passé ? Des discussions plates, des banalitées échangées sur fond de "alors quoi de neuf" avant que tout le monde retrouve son quotidien ? Non, elle avait un meilleur souvenir du mercenaire que ça. Sa question fit pourtant taire toute réalisation désagréable et les yeux toujours rivés sur Vadim, Vex prit quelques instants avant de répondre, un brin moins enjouée, moins sûre de ce qu'elle faisait.

« Moi ? Oh euh... Ces dernières semaines ont été particulièrement mouvementées, j'ai dû forcer la cadence pour subvenir aux besoins en matière de potions et autres onguents suite aux attaques. J'en ai au aussi profité pour m'entraîner, afin de moins risquer de m'enflammer pour un oui ou pour un non... Sinon, la routine, je ne sors plus seule depuis quelques temps déjà, il faut croire que j'ai été vaccinée. Et toi ? Tu continues de braver tous les dangers ? » Un petit sourire bienveillant vint cette fois tordre sa bouche alors qu'elle s'approchait, ayant troqué ses robes pour des pantalons plus seyants, plus adaptés à ses entraînement quotidiens. « Tu n'a pas l'air en forme Vadim, tu prends soin de toi ? » Cette histoire de porte semblait l'avoir inquiétée, mais réalisant sûrement qu'elle était bien trop cavalière, elle se racla la gorge, reculant de quelques pas avant de se tourner vers le panier qui attendait toujours sagement là. « Je t'ai apporté le zucon que je t'avais promis, désolée que ça ai pris tant de temps, mais les matières premières manquait... C'était la dernière récolte, mais j'ai ajouté quelques petites choses pour que tu puisses te soigner si tu venais à te blesser. » Et aussi sûrement d'autres petites choses pleines de sympathie et de prévenance dont seule Vex avait le secret, mais ce genre de sujet n'étant pas ceux dans lesquels l'achimiste aimait s'épancher, elle se contenta de détourner le regard, fronçant sûrement le nez en le sentant s'échauffer.

 

La fête des voisins

Feat Vadim

Décembre 9, 118

Il n'y avait pas à dire, la glaciale élémentaire de feu s'était réchauffée pendant ces mois sans se croiser. Plus à l'aise, moins raide, elle semblait surtout ravie de revoir le mercenaire, malgré le fait que Vadim soit toujours aussi démonstratif dans cette façon qu'il avait de parler. Loin de s'en formaliser, Vex avait surtout vite retrouvé ses automatismes, prenant peu ou prou chaque parole que prononçait le mercenaire pour de l'humour, c'est un sourire rivé sur les lèvres qu'elle écouta les réponses que lui offrit Vadim. Il fallait dire que l'imaginer se glisser par la fenêtre pour sortir de sa chambre dans laquelle il s'était enfermé était cocasse, avec ses larges épaules et sa carrure de golgoth, tout portait à croire qu'il n'avait pas eu la grâce d'une danseuse en se laissant tomber dans les parterres de fleurs. Pinçant ses lèvres pour masquer son hilarité, la brune se contenta de hocher la tête, l'oeil pétillant d'un rire difficile à contenir. « Je vois très bien oui. » Un gloussement manqua bien de lui échapper, mais toute à son sérieux de scientifique, Vex parvint à se tenir, feignant simplement d'observer la décoration spartiate pour ne pas craquer.

Pointée vers une chaise, c'est sans se faire prier que l'élémentaire prit place, laissant son regard passer de Vadim à son absence de meubles, pour mieux revenir au mercenaire. Son attitude crispée, cette façon qu'il avait de presque ne pas savoir où se mettre avait le don de mettre Vex mal à l'aise, un fait qu'elle se garda pourtant de souligner. Elle expliqua pourtant avec entrain à quoi elle avait passé ces dernières semaines, sans réaliser que leur dernière rencontre datait déjà de quatre mois. Les mains jointes sur ses genoux, l'alchimiste n'avait toujours pas touché au panier, d'où dépassait quelques fioles scellées et autres paquets minutieusement emballés. Loin d'être la parfaite petite ménagère, Vex s'était surtout contenté de ce qu'elle connaissait, des potions, onguents et autres préparations diverses de sa confection, auxquels elle avait ajouté quelques douceurs glanées ça et là en ville. Soit on était en capacité de cuisiner de la meth, soit on était bonne pâtissière et vu la maladresse dont savait parfois faire preuve la jeune femme, il y avait fort à parier que sa cuisine ne servait pas à grand chose d'autre qu'à entasser ses denrées pour fournir son laboratoire. Attentive, à l'écoute, elle pinça ses lèvres à la mention de guerre, finissant par décrocher un sourire avant d'hésiter devant la proposition de boisson. Elle savait ne pas tenir l'alcool et si sa mémoire inexistante était correcte, la vodka était bien plus forte que l'hydromel, elle répondit pourtant : « La vodka dont tu m'avais parlé ? Celle que tu fais toi-même ? Alors oui, je veux bien la goûter ! » Son esprit turbinait bien sur quoi répondre à cette drôle de sortie sur les guerres, mais elle ne trouva rien d'autre à rétorquer que cette maigre phrase : « Et je préfère qu'il n'y ai pas de guerre... Je serais bien inutile. Mais si tu as besoin de travailler, j'ai toujours besoins de plantes pour mes potions ! » Et cette fois, un charmant sourire illumine son visage, comme pour tenter de contrebalancer la paralysie faciale dont souffrait Vadim.

Secouant légèrement la tête à la remarque sur le fait que le panier était bien, BIEN fourni, Vex haussa les épaules, préférant passer sous silence cette générosité dont elle ne parvenait à se défaire. N'était-ce finalement pas mieux, si le nouveau monde se peuplait en partie de gens biens ? Une question philosophique qu'elle laissait au veilleur rencontré la veille, qui semblait avoir deux passions dans la vie : les femmes et disserter en boucle sur des sujets obscurs que la laborantine préférait ignorer. « Tu devrais pouvoir tenir quelques jours tout au plus en terme de nourriture, je doute que les pâtisseries soient très nourrissantes de toute manière... Par contre pour ces cicatrices, tu veux me montrer ? J'ai mis au point un baume pour aider à les atténuer, surtout celles qui peinent à vraiment se refermer. » Elle s'adossa alors au dossier, croisant les jambes élégamment alors qu'elle observait Vadim faire le pied de grue dans sa cuisine. « Tu ne compte pas t'asseoir ? » Haussant alors un sourcil inquisiteur, elle s'apprêtait à redemander si elle dérangeait quand le mercenaire s'excusa, tirant cette fois un sourire d'une douceur folle à la froide alchimiste. « Ne t'excuse pas, je ne serais pas plus à l'aise que toi si tu avais déboulé chez moi après quatre mois sans s'être croisés, je n'aurais pas dû passer à l'improviste, je suis désolée. » Le verre dûment rempli de vodka, Vex l'observa un instant avant de s'en saisir, venant finalement renifler le liquide clair. La grimace fut instantanée tant la claque olfactive qu'elle prit lui annonça la couleur de ce que ferait cette boisson quand elle la goûterait. « Oh ! » Manquant presque de s'étouffer tant l'odeur était forte, elle observa un instant Vadim, comme en quête d'information sur la marche à suivre. Devait-elle tout boire d'un coup ? La siroter ? Elle porta le verre à ses lèvres et tenta de tremper ses lèvres, buvant finalement une belle gorgée avant de grimacer comme une gosse qu'on aurait fait mordre dans un citron. « Oh la vache. » À deux doigts de cracher du feu, l'alchimiste se mit surtout à tousser, rouge écrevisse qu'elle était sous le feu venu lui brûler les entrailles. Elle était incapable de se brûler, pourtant, cette brûlure là, elle la sentait bien.

 

La fête des voisins

Feat Vadim

Décembre 9, 118

Quelle drôle de réunion prenait place. Vadim semblait aussi ravi que pouvait l'être un bolchévique dans un champ de mines et Vex avec sa bonne humeur contrastait horriblement dans la cuisine vide. Mais Vex était une dure à cuire — un comble pour une élémentaire de feu — et préférant ne pas tenir rigueur de l'humeur soupe-au-lait de son vis-à-vis, elle se contenta de hocher la tête lorsqu'il mentionna que cette vodka là n'avait rien à voir avec celle qu'il faisait au pays. Elle eut même un petit rire, lorsqu'il pesta contre les pommes de terre, provoquant une petite grimace moqueuse de la part de l'alchimiste. « En réalité il y en a... Mais elles sont assez particulières à récolter. Les agriculteurs racontent qu'elles hurlent et pleurent quand on les sort de terre. » Sans se questionner sur le fait que son sourire parviendrait peut-être à dérider le mercenaire, Vex s'installa à la place indiquée, le manteau précédemment enlevé dans son dos et observant un instant le mercenaire, pinçant ses lèvres devant la réaction discrète mais évidente pour l'alchimiste au sujet de son activité. C'était évident que Vadim n'avait pas imaginé devenir cueilleur de baies professionnel, mais faute de mieux à proposer, elle se contenta de proposer de regarder ses cicatrices. Autant se rendre utile, plutôt que de se regarder en chien de faïence pendant deux heures, laissant l'humeur du mercenaire se déliter à mesure qu'il se rappelait comme sa nouvelle vie était chiante et sans intérêt.

Silencieuse, Vex laissa à Vadim le temps de retirer sa chemise, dévoilant un corps relativement bien proportionné, que de nombreuses cicatrices venaient orner. Sans oser un regard plus appuyé sur les méplats du torse du mercenaire, Vex manqua surtout de s'empoisonner avec la Vodka qui rivalisait avec de l'essence tant elle manqua de s'enflammer à la gorgée de pirate qu'elle s'enfila. S'en suivit une toux pathétique, un rougissement à faire pâlir des tomates et une Vex qui manqua bien de tomber de sa chaise tant le feu qui lui consumait l'oesophage surpassait l'entendement. Le verre avait été à moitié descendu et bien vite ses effets se feraient sentir sur le visage de l'alchimiste, mais retrouvant des couleurs plus humaines, elle se leva, laissant son verre où il était : sur la table.

« Je vais regarder de plus près. » Énonça-t-elle sans vraiment demander l'avis du mercenaire. Mais déjà, venait le petit commentaire sur les attributs nécessaires à la descente de la boisson et sûrement un peu piquée dans son estime, Vex leva un nez fier, plantant son regard lilas dans celui de Vadilm. « J'ignorais que la vodka se buvait avec les parties génitales. » Mais son sérieux s'évapora vite, sûrement aidé par les vapeurs de vodka venues lui réchauffer les narines. Mais elle reprend son sérieux, penchée vers les cicatrices qu'elle observe, une à une, levant parfois une main qu'elle réfrène avant qu'elle ne soit venue toucher. « Lesquelles te dérangent le plus ? » Elle s'arrêta au dessus de l'une d'entre elles, à l'aspect récent. « Celle là est parfaite pour l'onguent, elle sera grandement atténuée par ses effets. Les autres ont l'air plus anciennes, mais la crème devrait aider. » Et la bougresse continue de l'observer, tournant autour comme un maquignon un jour de foire. La langue déliée, les gestes moins bridés maintenant que le verre à demi avalé faisait son petit effet, c'est finalement dans le dos de Vadim que Vex pose un doigt sur une cicatrice, l'effleurant comme si son contact lui énoncerait l'histoire que racontait l'entaille. « Comment tu t'es fait celle là ? » Et l'esprit encore clair, elle retire sa main, soufflant sûrement un « désolée » avant de revenir s'asseoir, noyant sa gêne dans le reste de son verre, au grand damn d'un Vadim qui aurait certainement à gérer une Vex ivre morte avant la fin du prochain verre.

 

La fête des voisins

Feat Vadim

Décembre 9, 118

Comme disait l'adage, le vin faisait son chemin. Sauf que le vin en question était une véritable bombe ingérée par une novice totale, qui n'allait certainement pas tarder à déballer tout un arsenal de bêtise sans nom avant de s'endormir le nez sur la table. Non, vraiment, quelle idée avait eu Vadim de faire boire de la vodka à une femme ayant à peu près autant de capacité à l'encaisser qu'une adolescente. Heureusement, pour l'instant, l'alchimiste reste digne et expliquant que le nouveau monde a ses propres patates, c'est évidemment avec surprise qu'est accueillie la nouvelle par le mercenaire. Il fallait dire que des patates qui crient et pleurent, c'était... différent. Elle se contenta pourtant de hocher la tête, l'oeil mutin, la bouche rieuse, tant l'absurde de cette conversation atteignait des sommets.

« C'est ça, les gens n'aiment pas trop les récolter, à croire qu'une réaction physiologique basée sur un simulacre suffit à émouvoir. » Voilà, Vex, la sensible scientifique recommençait ses bavardages à base de charabia scientifique, tout en prétendant ne pas avoir de coeur. Le train pour Lalaland venait d'être embarqué, direction la cuite expresse pour l'alchimiste qui se relève, se met à tourner autour d'un Vadim qui prend le rôle de bête de foire. Mais la remarque concernant ses capacités l'arrêta un instant dans son observation, lui faisant lever un sourcil circonspect avant que son sourire ne revienne de plus belle. « Je te rappelle que tu as mis le nez sur le pot tout seul. » Le sérieux avait été retrouvé, mais quelques secondes à peine avant qu'un petit rire stupide ne lui vienne au souvenir de la panique qu'elle avait lu dans les yeux du mercenaire lorsqu'il avait réalisé avoir fait une belle bêtise.

Alors son observation reprit, plus minutieuse, plus envahissante aussi parfois. Passée derrière lui, elle observe les diverses cicatrices qui bardent le corps du mercenaire, avec un détachement digne des inventeurs les plus zélés. Loin d'elle l'idée de laisser glisser son regard sur ce deltoïde particulièrement proéminent, ou sur la façon dont les dorsaux de Vadim ressortaient. Non, bien sûr que non. Ni plus d'ailleurs que la frimousse de la scientifique commençait maintenant à se teinter, à mesure que la température dans la pièce atteignait des valeurs tropicales. Le radiateur ambulant commençait à être éméché et à en juger par les longueurs que prenaient l'auscultation, il y avait fort à parier que l'appétit scientifique n'était pas le seul à en être contenté. Elle a d'ailleurs un instant de latence, pour répondre à la question posée et levant le nez de son observation, une boucle sombre glissant de son épaule pour venir se déposer quelques secondes sur le plat d'une épaule, elle se redresse, pinçant les lèvres dans une moue concentrée — comme si elle tentait de luter contre les effets d'un alcool ingéré.

« Je l'ai déjà testé et il est sans danger, tu n'es pas le seul à bien aimer se blesser. » La voix est taquine, sans sérieux et reprenant son observation, la bougresse a même l'audace d'effleurer une strie, avant de se raviser, soufflant une excuse qu'elle ne doit très certainement pas penser. Comble du comble, elle semble peu à peu oublier qu'elle n'est pas simplement là pour se rincer l'oeil, mais bien pour venir en aide au mercenaire et gardant ce même petit air espiègle, elle ricane, le contournant de nouveau pour retrouver sa chaise. « Tant que l'arbre n'a pas décidé de te faire griller... Mais la plupart de ces marques seront atténuables grâce à mon baume, je t'en apporterais un échantillon, si tu veux. » Et évidemment, elle tait les mots qui lui brûlent les lèvres, ceux disant qu'elle acceptait de le lui appliquer, comme elle avait d'ailleurs pu le faire pour le chef d'escouade durant des semaines après qu'ils aient contracté leur petit échange de bon procédés. Mais ce genre d'audace attendrait, il allait falloir un peu plus qu'un verre pour que l'alchimiste soit totalement déliée.

 

La fête des voisins

Feat Vadim

Décembre 9, 118

Que l'ambiance était bonne. Avec ses petites boutades, ses neurones qui fondaient comme neige au soleil sous les effets aussi soudain que pernicieux de la vodka ingérée. Non, vraiment, tout annonçait une merveilleuse fin de journée. Vex perdait chaque seconde un peu plus de neurones de son coefficient intellectuel à trois chiffres et à chaque nouvelle boutade lancée en l'air, son sourire s'élargissait. Ricanant lorsque Vadim accepta de reconnaître qu'il avait bien failli se tuer seul, Vex se contenta de secouer la tête, malgré tout sûrement ravie que son ami n'ait pas périt de sa bêtise et qu'il ai bénéficié d'assez de chance pour ne pas souffrir de la moindre séquelle. Non, vraiment, la vie allait bon train, les minutes s'égrainaient et la face l'élémentaire n'avait de cesse de rosir, signe que bientôt, elle ne répondrait plus de rien.

Elle fronça pourtant les sourcils quand il fut mention de créer une entreprise. Après tout, elle aurait pu faire fortune il y a longtemps, mais il fallait croire que son petit salaire d'alchimiste pour la guilde lui suffisait, tant tous ses clients privés ne mettaient presque jamais la main au porte-feuille. Sa générosité la conduirait à sa perte, mais finalement, n'était-ce pas une bonne chose pour le nouveau monde qu'une des principales alchimiste ne souhaite pas recréer un modèle capitaliste ? Elle se mit alors à marmonner, nouveau signe évident que l'alcool faisait son chemin et poussant le verre vide vers le mercenaire, elle l'invita à le remplir silencieusement, signe que la raison avait cette fois définitivement quitté le navire.

Son verre dûment rempli, assise face à un Vadim qui expliquait son plan de jeune entrepreneur réalisable en trois leçons avant qu'elle ne se fende d'un rire, ses prunelles se voilant un peu plus à chaque instant sous les effets cette fois parfaitement évident de l'alcool ingéré.

« Je te dirais bien que c'est une bonne idée, mais j'ai la fâcheuse tendance à refuser de me faire payer, je crois que je suis un peu trop gentille... » Car oui, sous ses airs de porte de prison, avec son humour caustique et décalé et ses manières de tourelle de tank, Vex était en réalité un véritable petit napage de crème brûlée. Adorable, généreuse, l'alchimiste offrait à tour de bras ses potions, quitte à devoir travailler encore plus dur pour rattraper ses largesses.
Le nez rose, les yeux troubles, Vex commençait dangereusement à pencher sur la table, se vautrant peu à peu d'un coude sur le bois poli tandis qu'elle fixait maintenant Vadim avec les yeux brillants. Le ridicule était visible à des kilomètres à la ronde et si le mercenaire avait été un tant soit peu prévenant, il aurait sûrement foutu l'alchimiste à la porte maintenant, s'épargnant ainsi les élucubrations pathétiques qui allaient en suivre.
Elle qui était habituellement si peu expressive, enchaînait maintenant les réactions toutes plus excessives les unes que les autres, allant du gloussement niais au possible, au rire stupide et probablement injustifié. Si bien d'ailleurs qu'elle fronça les sourcils devant les hésitations de Vadim concernant sa générosité.

« Dis pas n'importe quoi, c'est toujours moi qui ai proposé, tu ne grattes rien. » Et elle revint se vautrer dans sa chaise, passant une main brouillonne dans ses cheveux alors qu'elle peinait de plus en plus à faire le point sur cette vision que l'alcool brouillait. C'est que boire de la vodka comme du petit lait n'était pas pour les débutants et elle allait bientôt le réaliser.
Pourtant, la question sur son passé lui fit retrouver son sérieux — bien qu'il soit difficile de rester sérieuse quand on avait la face rouge, les yeux troubles et les manières déliées par un alcool ingéré un poil trop vite — et elle pinça un instant ses lèvres, secouant la tête avec un poil trop de véhémence, ce qui fit s'agiter ses cheveux et son pauvre cervelet privé de son essence.

« Non, je ne me rappelle toujours de rien... Alors j'ai décidé de créer mes souvenirs. » Et sûrement qu'elle tente un regard équivoque, qui ressemble peu ou prou à une vaste tentative de charme digne des poissons globe les plus patauds. Mais soupirant légèrement devant cette perte de contrôle sur laquelle elle n'a aucune prise, elle pousse un instant le verre à moitié plein, dans une vaste tentative de calmer la course dangereuse de l'alcool colonisant son sang. Mais les paroles de Vadim semblèrent la toucher et gardant un instant le silence, c'est la moue pincée, les yeux compatissant qu'elle regarde un instant Vadim, avant de se pencher, posant une main cavalière sur l'avant bras du mercenaire. « Je suis désolée d'apprendre que ta vie te manque... Tu n'as rien qui te ferais oublier ce que tu as quitté ? J'imagine que si tu es venu ici... Ce n'est pas pour rien, mais tu finiras par t'habituer, j'en suis sûre. » Elle tente alors un petit sourire encourageant, serrant un instant les doigts contre l'avant-bras qu'elle tient, les yeux plongés dans ceux de Vadim qu'elle tente — sûrement vainement — de réconforter. Et cette fois, la timidité ne revient pas à la charge, totalement étouffée par l'alcool cette fois bien assez prenant pour faire oublier toute commune mesure à l'alchimiste pourtant normalement si réservée. Une dernière chance pour Vadim de la foutre dehors, avant qu'il ne soit obligé de gérer la crise hormonale d'une alchimiste trop ivre pour réaliser qu'elle était en train de se ridiculiser.

 

La fête des voisins

Feat Vadim

Décembre 9, 118

Combien de verres fallait-il à Vex pour finir ivre morte ? Sûrement bien moins qu'à ce cher Vadim, qui avait au moins la présence d'esprit de siroter son verre plutôt que le boire comme du petit lait comme le faisait l'élémentaire. Non, il y avait fort à parier que la quantité dont devrait se séparer Vadim n'entache en rien ses réserves pour l'hiver, vu la vitesse fulgurante à laquelle la vodka lui montait au nez. De plus en plus avachie sur la table, les yeux troubles, Vex n'en avait plus pour très longtemps avant de commencer à loucher et avant que sa retenue toute entière ne vole en éclat. Après n'avait-elle pas écrit dans ces pages de journal envolées quelques remarques concernant... Non, ces pages avaient été oubliées. N'est-ce pas ?

Mais gardant encore quelques secondes prise sur le réel, Vex se fendit d'un sourire à la pseudo tentative de philosophie que fit quelques secondes le mercenaire. Elle n'estimait qu'on ne pouvait jamais être trop gentil, en témoignait les dernières relations nouées ces derniers mois, mais aussi tout le bien qu'elle avait semé en ne demandant que rarement qu'on la paie. Un service rendu, un geste simplement altruiste, c'est sur cette base que le laboratoire de la guide lui avait été entièrement laissé, tant qu'elle usait de ses propres matières premières pour ses commandes hors cadre. Alors elle se contenta de continuer à boire, trop vite, comme si elle connaissait les effets ravageurs de cet alcool fort qui faisait fondre sa matière grise à vue d'oeil. Finalement, ce petit salaud de Milo lui avait dit de se lâcher, elle avait simplement décidé de le faire selon ses propres termes et loin de ses yeux baladeurs qu'elle avait tout fait pour éviter.

« Est-ce que tu te ferais du souci pour moi ? » Ricane-t-elle alors, aussi sérieuse que peut l'être son visage rosi par l'alcool et ses pupilles voilées, mais vint finalement les mentions plus personnelles de la part de Vadim et elle perdit rapidement son sourire au profit d'une main pleine de réconfort qu'elle vint déposer sur l'avant-bras devant elle. Un instant, son attention fut certainement détournée par ce contact, par la chaleur qu'elle sentait sous sa paume, sans vraiment savoir si elle était de son fait. Mais elle pinça ses lèvres à l'affirmation sur la chance qu'elle avait d'avoir tout oublié, car finalement, Vex avait accepté l'idée d'avoir tout oublié, sûrement pour le mieux, ça, elle le savait. « Je sais, j'ai fini par me faire à l'idée que certaines choses devaient rester où elles étaient... Peut-être que cette amnésie me protège de quelque chose, alors, je préfère ne pas trop chercher... » Inconsciemment, sa main avait glissé, remontant l'avant bras jusqu'à être stoppée par la manche retroussée. C'est l'instant où Vadim choisit de poser sa main libre sur la sienne, tirant alors Vex de ses contemplation teintées de vapeur d'alcool, lui faisant lever le nez. Un élan compatissant vint alors la frapper et sûrement mue par ce second verre qu'elle n'avait pas plus savouré que le premier, l'alchimiste se releva, sa main quittant le bras pour cette fois venir se déposer avec une infinie douceur contre la joue du mercenaire dont elle fit lever le menton vers elle.

« Ne t'excuses pas, je serais toujours là pour t'écouter. » Glissant alors cette fois tout à fait dans l'élan de ridicule qu'amenait tout cet alcool ingéré, Vex dépassa toute commune mesure, là, plantée devant Vadim, la main contre sa joue comme si elle ne blêmirait pas à en disparaître en se souvenant des bêtises qu'elle faisait. Et distillant une caresse d'un pouce chaud et tendre, Vex demanda alors à la silhouette de Vadim qui ne tarderait pas à se dédoubler : « Qu'est-ce que je peux faire pour t'aider ? » Autre que se vautrer sur ses genoux et tenter de l'embrasser ? Un petit quelque chose que Dame Vodka ne tarderait pas à provoquer, si tant est que le mercenaire ne voit pas venir comme l'autobus lancé sur l'autoroute toute la bêtise que s'apprêtait à afficher la pauvre alchimiste et sa descente digne des meilleurs piliers.

 

La fête des voisins

Feat Vadim

Décembre 9, 118

L'alcool aurait bon dos le lendemain, lorsqu'il faudrait expliquer pourquoi elle se réveillerait avec un mal de crâne des enfers, des souvenirs flous de cette soirée pourtant partie sous le signe d'une simple petite réunion entre voisins. Mais voilà, Vex avait à peu près autant de connaissances qu'une adolescente prépubère et c'est la gueule dans la vodka qu'elle avait sombré, oubliant toute commune mesure, laissant derrière elle cette cervelle qu'elle se traînait. C'était simple, finalement, non ? Deux verres d'alcool fort et toute inhibition était oubliée, la confiance aléatoire de l'alchimiste en elle envolée et propulsée au rang des plus belles danseuses, elle devait certainement être persuadée de son charme désormais. Ou alors elle se couvrait aussi de ridicule, mais ça, le temps le lui dirait.

Car alcool fort, oui, mais extinction de sa compassion, non. Et les confidences distillées par Vadim semblent l'atteindre en plein coeur, comme si finalement, malgré l'absence, malgré cette drôle d'amitié un peu étrange qui s'était établie entre eux, tout ce que Vex voulait, c'était qu'il soit heureux. Alors oui, elle ignorait bien que la madeleine de Proust du mercenaire était les meurtres bien exécutés, mais loin de savoir que celui qu'elle imaginait être un gentil mercenaire avait en réalité l'appétit du sang, elle s'était contentée de distiller quelques gestes tendres, quelques regards qui ne laissaient que peu de place au doute. Si seulement quelques bribes de conscience avaient subsisté, elle se serait confondue en excuses, aurait retiré sa main, se serait enfuie le rouge aux joues et la honte collée sur le dos, mais voilà, le vin avait fait son chemin et c'est complètement débridée que Vex riva son regard mauve sur le mercenaire.

Le verre avait été abandonné, vide et l'alchimiste levée, c'est plantée devant Vadim qu'elle avait glissé quelques caresses sur sa joue qu'elle tenait. Qu'est-ce qu'elle faisait déjà ? Ah oui, elle devait sûrement essayer de le rassurer, de lui montrer qu'il n'était pas seul dans cette épreuve, bien qu'elle ignore tout de ce qu'il ressentait. Et sûrement aussi que l'origine du geste est maintenant inconnue, qu'elle ne sait plus pourquoi elle fait tout ça, simplement happée par le geste miroir de la caresse que lui offre Vadim. Et quelques secondes, le regard de Vex se perd, sa joue pèse un instant contre la main qui l'effleure, comme si elle avait attendu pareille caresse depuis des années. Combien de temps que personne ne l'avait touchée de la sorte ? Peut-être des années, peut-être une vie, faute de souvenirs du passé pour lui répondre, Vex se contente de s'abandonner, d'oublier comme elle est seule, comme elle a peur de s'enflammer. Car sobre, le feu qui la dévore est trop présent, trop aléatoire pour qu'elle s'aventure à pareilles expériences et peut-être que sous le pouce de Vadim, la chaleur monte, mais c'est un tout autre feu qui la consume.

Rouvrant les yeux qu'elle n'avait pas senti se fermer, l'alchimiste observe, ce visage si près, ses yeux fauve et un instant, malgré le sujet qui se veut sérieux, elle sourit. Un de ces sourires de con complètement aviné, un sourire d'une bêtise telle qu'elle contraste avec les paroles qui franchissent ses lèvres. « Si ça te concerne, ce n'est pas sans importance... » Mais les mots meurent, avec la silhouette de Vadim qui se penche et sans plus attendre, Vex vient le rejoindre, laissant derrière elle la raison qui flotte dans les dernières gouttes de vodka au fond de son verre. Elle se jette presque contre lui, atterrissant sur ses genoux par on-ne-sait-quelle manoeuvre et un bras venant immédiatement s'enrouler autour de sa nuque, la bougresse verrouille sa prise. Au moins, il ne pourrait pas s'échapper. Pas de détour, pas de longs regards tendres — faute de ne savoir quel Vadim regarder —, elle plonge, fond sur ses lèvres avec une ardeur de morte de faim, sûrement (complètement) galvanisée par l'alcool ingéré et vautrée sur ses genoux, une main impérieuse vient se glisser par le col de sa chemise, la paume douce de ses mains de rat de laboratoire effleurant son dos, s'enfonçant toujours plus loin dans le vêtement qu'elle souhaite de toute évidence voir tomber. Demain viendrait la honte, les regrets, pour l'heure, Vex ne voulait qu'une chose : se rassasier.

 

La fête des voisins

Feat Vadim

Décembre 9, 118

Terre à Vex, nous avons perdu le signal. Voilà où était l'esprit de l'alchimiste actuellement. Perdue en orbite autour d'une planète au nom imprononçable, les doigts filant sans vergogne sous la chemise qu'elle pousse, tire sans se soucier de la survie de ses coutures comme si rien d'autre ne comptait. Car à peine leurs lèvres se touchent que Vex déraille complètement, comme un fusible sautant sous une tension insoutenable, la retenue de l'alchimiste venait de quitter la stratosphère. Elle avait atterrit sur les genoux de Vadim, sans trop avoir comment, ni pourquoi, fondant simplement comme une morte de faim sur les lèvres qu'elle avait vu plonger. La cervelle abrutie par l'alcool, les neurones aux abonnés absent, l'alchimiste oublie toute réserve au profit d'un feu encore plus ardent que celui coulant dans ses veines. Tout aurait pu continuer sur cette jolie lancée à Lalaland, Vex étendue sur la table, ses vêtements arrachés et les regrets du lendemain la suivant comme un filigrane imprimé à tout jamais, mais quelqu'un dans cette joyeuse petite équipée avait encore toute sa tête et c'est sourcils froncés que la bougresse se voit repoussée, les yeux toujours plus troubles, les gestes toujours plus déliés.

Les paroles qui arrivent à ses oreilles tentent bien de dire quelque chose, mais la bougresse n'en a rien à faire. La main repoussée revient s'agripper, l'étreinte se fait plus ferme encore et tentant vainement de revenir prendre sa bouche, Vex se voit être ignorée, Vadim jouant sûrement des cervicales pour éviter les baisers enflammés que dissémine maintenant la succube le long de sa mâchoire. Un gloussement vient même ponctuer l'absurde de son geste, sa main s'enfonçant toujours plus loin dans la chemise, éprouvant son col dont les liens sont dangereusement étirés.
Mais cette fois, un pouce lui saisit le menton, reculant l'affreuse de la peau qu'elle attise et les deux mains posées à plat sur le torse sans ne plus rien tenter, c'est avec une moue bougonne que Vex écoute le refus se formuler.

« Je suis pas jolie c'est ça ? » Demande-t-elle alors, à deux doigts de hoqueter sous les effets de l'alcool et retirant ses mains du torse du mercenaire, l'alchimiste s'affaire à dégrafer son corsage, glissant déjà dans les affres d'un alcool qui la conduirait irrémédiablement à regretter. Qu'est-ce qu'elle était bien en train de foutre, là, sur les genoux du mercenaire, à l'aguicher comme la pire des puterelles, dans des gestes désespérés ? Ridicule, Vex était tout bonnement ridicule, à jouer les reine du charme, mais à peine la dernière attache saute que la diablesse déballe toute son onctuosité, à base de généreuse poitrine à peine couverte par la chemise aux accents transparents qu'elle arbore sous le corset. La foire à la crème fraîche était maintenant ouverte et revenant à la charge, c'est à des années lumières de toute commune mesure que l'alchimiste tente à nouveau de venir l'embrasser. Cette fois, on avait atteint des sommets, le paroxysme de l'alcool était enfin étayé et chaque nouvelle seconde passée à continuer de se ridiculiser ne ferait qu'aggraver le poids de la honte qu'elle ressentirait une fois la terrible boisson évacuée. Oui mais voilà, ivre morte et raisonnable n'ayant jamais fait bon ménage, c'est le nez fourré dans le cou du mercenaire que Vex se presse, appuie, roule allègrement des hanches dans le simple but d'échauffer assez le mercenaire pour qu'il craque et cède enfin à ses charmes avinés. Et sûrement que dans tout son désespoir de femme ivre, Vex embrasse, mordille même la peau tendre dans le cou de Vadim, car on ne pouvait jamais assez se ridiculiser, n'est-ce pas ?