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Poppy | Terminée
Poppy
Maison du Ciel et du Souffle
Histoire
tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac…
Cette putain d’horloge fait quarante trois mille deux cents tacs et autant de tics. Parce qu’en vingt quatre heures il y a quatre vingt six mille quatre cent secondes. Au plafond il y a soixante douze dalles, soixante douze et deux tiers si on compte les demi dalles qui sont apposées dans les angles au-dessus de la porte et à la fenêtre. En parlant de fenêtre, elle donne sur un carré de ciel bleu et une branche. Une minuscule et ridicule petite branche sur laquelle un moineau marron et gras vient se poser environ trois fois par jour. Le reste de la journée il fait des allers et retours sans se poser, comme s'il tentait une partie de chat perché avec lui-même. Ou avec moi. Mais si c’est avec moi qu’il joue, il est vraiment idiot. Pourtant j’aime croire qu’il s’amuse à fuir mon regard. Ce moineau grassouillet est ma principale attraction.
bibipbipbipbipbipbipbipbipbipbipbibipbipbipbipbipbipbipbipbipbipbibipbipbipbipbipbipbipbipbipbipbibipbipbipbipbipbipbipbipbipbipbibipbipbipbipbipbipbipbipbipbipbibipbipbipbipbipbipbipbipbipbip…
Compter les bips est plus compliqué que les secondes. Quand ils sont réguliers il y en a presque autant que les tic et les tac confondus mais certains jours, ils accélèrent si fort que je n’arrive pas à les compter. C’est amusant, ça rajoute un peu de piment. Parfois je fais semblant de perdre le fil, parce que ça rend ma journée atypique ; aujourd’hui je n’ai pas réussi à compter les bip et m’offre un challenge pour demain ; je dois réussir à les compter. Mais dans le fond, qui se fiche bien des bips et des tacs ou même des tics ? Moi-même je m’en fiche. Mais ils sont ma mélodie. La seule et unique qui berce mes jours et mes nuits. Quand je dors, j’entend le tac et le tic, ils se calquent sur les battement de mon coeur qui lui-même suis le rythme des bips. A l’unisson, tous ensemble. Parfois, lorsque les infirmiers me tournent vers mon carré de ciel bleu, je me demande si le moineau, lui aussi, à le cœur qui bat avec nous.
Clac.
Ca c’est la fausse note de ma mélodie, celle qui interrompt notre harmonie pour mon plus grand plaisir. Parfois infirmier, parfois infirmière, de temps en temps un visage connu. Aujourd’hui est un grand jour semble-t-il, père et mère réunit dans une même pièce alors que la guerre a été déclarée lorsque j’ai commencé mon propre combat. D’alliés et d’amants, tous deux sont devenus les pires ennemis que la terre ait jamais porté, quant à moi, de fille chérie je suis devenue sujet de discorde mais aussi de peine.
- Maintenir Isaure en vie va devenir de plus en plus compliqué.
Je m’étais toujours demandé quand cette nouvelle allait tomber. Non pas que je sois en mesure de suivre correctement les informations, parfois seulement arrivé-je à glaner quelques nouvelles ici et là au détour de conversations qui ne m'étaient pas adressées. Une chose était sûre, je savais que le monde allait mal et les poids mort dans mon genre serait sans nul doutes les premiers sacrifiés. Bah tant mieux, pas plus utile qu’une poupée de chiffon, je ne persistait à exister que pour les beaux yeux de mes parents. Mais aussi parce que le syndrome d’enfermement portait un peu trop bien son nom. Difficile de se défenestrer quand on peut seulement cligner des yeux n’est-ce pas ?
- Mais Isaure est jeune, elle n’a que vingt six ans ! Ca c’est mon père, je peux reconnaître sa voix de ténor d’ici. Il faut dire qu’il a passé la majeure partie de mon adolescence à m’houspiller pour tout et pour rien. A l’époque je le haïssais. Aujourd’hui je me surprend à avoir envie de l’entendre me dire que je picole trop, que la cigarette va me faire claquer avant trente ans et que je dois faire attention aux garçons. En plus il avait raison le bougre. Enfin pas que la clope soit complètement responsable de mon état hein, ni les garçons d’ailleurs. Le vrai problème vient juste du chef d’orchestre, ce bougre de cœur en carton pâte qui a jugé bon de se bloquer à cause d’un caillot. A tout juste vingt ans. Je sais pas comment vous appelez ça vous mais moi ça serait quelques choses comme : Vie de merde. En plus c’est même pas comme si je pouvais blâmer quelqu’un ou quelque chose. J’ai commencé à bosser dans la tech, les nouvelles technologies m’voyez, juste après mes études. On ne va pas se mentir mais vu l’époque c’est clairement la plus grosse planque du millénaire. Mais faut commencer au bas de l’échelle, à l’usine, donc je gagnais pas des masses. Enfin, suffisamment pour apporter ma contribution à la famille et avoir de quoi me faire plaisir à côté. Le coup de l’accident cardio vasculaire, franchement ça tombait mal.
- Je comprend mais… Et ça c’est Cathy. Six ans que la pauvre se coltine mes parents. Les hauts, les bas, c’est elle qui les prend de plein fouet. C’est aussi elle qui me tourne vers la fenêtre à trente deux mille quatre cent secondes parce qu’elle a remarqué que depuis deux ans le piaf et moi on est devenu bon copain. C’est aussi elle qui des fois me redresse dans le lit et à cause de qui je me retrouve à juste fixer le mur en attendant que le temps passe. “Pour éviter les escarres” paraît-il. Oh je vous vois venir : “Mais Isaure on est en quatre mille cent et des bananes, les soins sont de bien meilleurs qualités piapiapiapia…” Alors certes, c’est plus comme en deux mille vingt trois quand tu devais partager ta piaule avec Bernadette soixante dix ans qui sort d’une coloscopie mais on roule pas sur l’or dans ma famille et sans vouloir me vanter, six ans d’hospitalisation journalière tout le monde peut pas se l’offrir.
- Jean… Peut-être… Et ça c’est maman. Maman c’est mon grand mystère. On était proche avant, plus qu’avec mon père. Pourtant c’est celle qui a fuit dès que j’ai plus pu aligner trois mots. Je la soupçonne d’avoir peur d’être trop faible et de ne pas être à la hauteur. Mais comment je la confronte moi dans cette affaire ? Bah, ça vaut pas le coup d’avoir de la rancoeur, après tout je ne pourrais jamais lui dire.
- Mais… Mais c’est notre fille ! Et voilà on est reparties sur ce sempiternel débat.
L’avantage d’être muré dans son propre corps, c’est qu’on apprend à se déconnecter. Alors je finis par oublier d’écouter, je me laisse bercer par les tics, les tacs et les bips. Mes yeux accrochent ceux en verre de Poppy, une peluche qui m’a été offerte par quelqu’un. Pas n’importe qui, mon seul et unique amour, qui ne sait probablement pas ce que je suis devenue et qui, à l’heure actuelle doit être en train de faire je ne sais quoi du type fonder une famille ou déménager dans une ville sympathoche avec une belle blonde à son bras. Connasse de blonde. Mais bon, est-ce que je peux vraiment lui en vouloir alors qu’on avait huit ans et que c'est moi qui ait quitté Russie natale -enfin mes parents surtout - ? Pas vraiment, mais ça me fait plaisir de pouvoir détester quelqu’un sans qu’il en ait rien à cirer. Et peut-être un peu de bien aussi.
Je ne sais même pas si je serais foutu de me souvenir de son visage si je le revoyais, parfois je me surprends même à chercher son prénom dans les tréfonds de ma mémoire, parce que le temps fait son affaire et que j’oublie. Un peu comme pour tout ce que j’ai appris autrefois ; est-ce que je saurais encore lire et écrire ? Quand j’étais gamine j’adorais jouer du violon, j’étais pas si crade d’ailleurs mais j’ai arrêté bien avant de me retrouver dans ma prison d’os et de chair. Faut dire que ça coûte une blinde et je parle pas que du prof. J’aimais chanter aussi, mais ça même si j’ai oublié ça fera pas grande différence, j’ai toujours chanté faux. Au grand désespoir de toute la famille qui m'écoutait m'égosiller du matin au soir comme un goret jusqu’à ce que je comprenne que c’était peine perdue. Un peu comme le gamin qui t'offre un dessin moche mais que tu félicites comme si il avait découvert la Tour Babel. Tout pareil.
En fait, je pense que j’ai toujours aimé m’exprimer. Que ce soit par l’art, ma voix… Tout ce qui pouvait me permettre de le faire, j’aimais ça. Ce qui nous ramène donc à la situation présente : De. La. Merde.
Clac.
Ah, ça c’est le signe que je peux réécouter. Sans surprise, ma mélodie ininterrompue m’attends toujours sagement. Le moineau lui s’en est allé, la nuit est tombée et c’est une journée de plus à cocher sur le calendrier de ma morne existence.
Chaque jour se succèdent les tics, les tacs, les bips, le moineau, les comptes, papa, maman, Cathy parfois Elena -bien moins sympathique mais ô combien jolie, alors je lui pardonne-. Lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi, dimanche. Janvier, Février, Mars, Avril, Mai, Juin, Juillet, Aout, Septembre, Octobre, Novembre. Le débat est toujours aussi stérile ; mes parents n’ont plus un rond, mon père est prêt à se saigner aux quatre veines pour me payer un jour de plus, ma mère songe sérieusement à me laisser claquer. Je ne peux pas en vouloir à l’un comme à l’autre. Même si je dois admettre que j’ai un peu de frustration à l’idée de mourir. J’avais vingt ans quand ça a commencé, je n'ai pas eu le temps de vivre. Mais ça ne sert à rien de remuer le couteau hein. Autant se faire à l’idée tout de suite. Je ferme les yeux lorsqu’il fait nuit, une journée de plus de cochée.
- Isaure, Isaure, réveille toi. Vite.
Mon cœur manque un battement et c’est un bip de moins sur le commencement de ma journée. Quand j’ouvre les yeux, c’est mon père que je découvre. C’est là que je me rend compte que je l’ai pas regardé depuis très longtemps. Il a vieilli, ses cheveux de bruns sont devenue blanc et son visage me semble subitement très anguleux, rachitique même. Sous ses yeux se traînent des cernes telles des valises, bleuâtre et pochées comme un cocard. Il a l’air épuisé. J’aimerais lui demander ce qui lui prend, pourquoi il a besoin de me secouer comme un prunier et mon regard doit poser la question car il répond immédiatement.
- Je l’ai trouvé ma puce, j’ai trouvé la clé ! Dans ses iris mordorés, si semblable aux miens, un éclair de folie passe. Il ne m’est pas difficile de comprendre que cette clé il l’a cherche depuis longtemps sauf que moi, je sais pas ce que c’est cette clé. - Je t’aurais pas laissé mourir ma petite puce, jamais. Ca je sais papa. Je sens ses doigts calleux attraper ma main, ils tremblent. De sa dextre je le vois fouiller dans mon armoire de soin, il en sort une aiguille certie d’un anneau noir. Si je pouvais grimacer, je le ferais ; ce sont les plus grosses. Puis il me pique le doigt avec. Là, j’ai envie de le gifler. Non seulement ça fait un mal de chien, mais en plus je vois toujours pas où il veut en venir. Sauf que je peux toujours rien dire, je vois juste qu’il applique férocement mon doigt endoloris sur une pierre aussi rouge que mon sang.
- Je te l’ai dis ma fille, tu vivras. Tu vivras enfin. Pour la première fois de ma vie je vois mon père pleurer. L'éclair de folie dans ses yeux s’est éteinte et il a juste l’air d’un homme épuisé de se battre. Pourtant il arbore le sourire de celui qui a réussi. - Je t’aime. Me souffle-t-il alors que je comprends enfin.
Adieu ma mélodie, adieu le moineau et surtout adieu papa.
Le froid est mordant. Il faut dire qu'elle ne le connaît que trop peu. Cela fait des années qu’elle ne la plus sentit. Mais il n’est rien comparé à la sensation qui s’écoule dans ses veines. Cela même qu’elle pensait ne jamais plus sentir. En chien de fusil sur le sol, ses yeux mordorés s’ouvrent sur la haute silhouette d’une femme. Ou pas vraiment. De quelque chose qui y ressemble. Puis quelqu’un se penche sur elle.
- Votre nom ?
Elle le regarde de ses grands yeux, incrédule. Et lui de même. La jeune femme a envie de lui hurler qu’elle ne peut pas répondre, qu’elle ne sait pas. Alors l’homme s’agenouille et tend les bras vers elle pour l’aider. La peur la pousse à reculer avant de la figer comme une statue de sel. Soudain son visage se tord en une moue terrible de joie et de peine, sa gorge se noie de larmes et de rires sous le regard effaré du pauvre religieux.
- Po… Poppy. Murmure-t-elle.
Cette putain d’horloge fait quarante trois mille deux cents tacs et autant de tics. Parce qu’en vingt quatre heures il y a quatre vingt six mille quatre cent secondes. Au plafond il y a soixante douze dalles, soixante douze et deux tiers si on compte les demi dalles qui sont apposées dans les angles au-dessus de la porte et à la fenêtre. En parlant de fenêtre, elle donne sur un carré de ciel bleu et une branche. Une minuscule et ridicule petite branche sur laquelle un moineau marron et gras vient se poser environ trois fois par jour. Le reste de la journée il fait des allers et retours sans se poser, comme s'il tentait une partie de chat perché avec lui-même. Ou avec moi. Mais si c’est avec moi qu’il joue, il est vraiment idiot. Pourtant j’aime croire qu’il s’amuse à fuir mon regard. Ce moineau grassouillet est ma principale attraction.
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Compter les bips est plus compliqué que les secondes. Quand ils sont réguliers il y en a presque autant que les tic et les tac confondus mais certains jours, ils accélèrent si fort que je n’arrive pas à les compter. C’est amusant, ça rajoute un peu de piment. Parfois je fais semblant de perdre le fil, parce que ça rend ma journée atypique ; aujourd’hui je n’ai pas réussi à compter les bip et m’offre un challenge pour demain ; je dois réussir à les compter. Mais dans le fond, qui se fiche bien des bips et des tacs ou même des tics ? Moi-même je m’en fiche. Mais ils sont ma mélodie. La seule et unique qui berce mes jours et mes nuits. Quand je dors, j’entend le tac et le tic, ils se calquent sur les battement de mon coeur qui lui-même suis le rythme des bips. A l’unisson, tous ensemble. Parfois, lorsque les infirmiers me tournent vers mon carré de ciel bleu, je me demande si le moineau, lui aussi, à le cœur qui bat avec nous.
Clac.
Ca c’est la fausse note de ma mélodie, celle qui interrompt notre harmonie pour mon plus grand plaisir. Parfois infirmier, parfois infirmière, de temps en temps un visage connu. Aujourd’hui est un grand jour semble-t-il, père et mère réunit dans une même pièce alors que la guerre a été déclarée lorsque j’ai commencé mon propre combat. D’alliés et d’amants, tous deux sont devenus les pires ennemis que la terre ait jamais porté, quant à moi, de fille chérie je suis devenue sujet de discorde mais aussi de peine.
- Maintenir Isaure en vie va devenir de plus en plus compliqué.
Je m’étais toujours demandé quand cette nouvelle allait tomber. Non pas que je sois en mesure de suivre correctement les informations, parfois seulement arrivé-je à glaner quelques nouvelles ici et là au détour de conversations qui ne m'étaient pas adressées. Une chose était sûre, je savais que le monde allait mal et les poids mort dans mon genre serait sans nul doutes les premiers sacrifiés. Bah tant mieux, pas plus utile qu’une poupée de chiffon, je ne persistait à exister que pour les beaux yeux de mes parents. Mais aussi parce que le syndrome d’enfermement portait un peu trop bien son nom. Difficile de se défenestrer quand on peut seulement cligner des yeux n’est-ce pas ?
- Mais Isaure est jeune, elle n’a que vingt six ans ! Ca c’est mon père, je peux reconnaître sa voix de ténor d’ici. Il faut dire qu’il a passé la majeure partie de mon adolescence à m’houspiller pour tout et pour rien. A l’époque je le haïssais. Aujourd’hui je me surprend à avoir envie de l’entendre me dire que je picole trop, que la cigarette va me faire claquer avant trente ans et que je dois faire attention aux garçons. En plus il avait raison le bougre. Enfin pas que la clope soit complètement responsable de mon état hein, ni les garçons d’ailleurs. Le vrai problème vient juste du chef d’orchestre, ce bougre de cœur en carton pâte qui a jugé bon de se bloquer à cause d’un caillot. A tout juste vingt ans. Je sais pas comment vous appelez ça vous mais moi ça serait quelques choses comme : Vie de merde. En plus c’est même pas comme si je pouvais blâmer quelqu’un ou quelque chose. J’ai commencé à bosser dans la tech, les nouvelles technologies m’voyez, juste après mes études. On ne va pas se mentir mais vu l’époque c’est clairement la plus grosse planque du millénaire. Mais faut commencer au bas de l’échelle, à l’usine, donc je gagnais pas des masses. Enfin, suffisamment pour apporter ma contribution à la famille et avoir de quoi me faire plaisir à côté. Le coup de l’accident cardio vasculaire, franchement ça tombait mal.
- Je comprend mais… Et ça c’est Cathy. Six ans que la pauvre se coltine mes parents. Les hauts, les bas, c’est elle qui les prend de plein fouet. C’est aussi elle qui me tourne vers la fenêtre à trente deux mille quatre cent secondes parce qu’elle a remarqué que depuis deux ans le piaf et moi on est devenu bon copain. C’est aussi elle qui des fois me redresse dans le lit et à cause de qui je me retrouve à juste fixer le mur en attendant que le temps passe. “Pour éviter les escarres” paraît-il. Oh je vous vois venir : “Mais Isaure on est en quatre mille cent et des bananes, les soins sont de bien meilleurs qualités piapiapiapia…” Alors certes, c’est plus comme en deux mille vingt trois quand tu devais partager ta piaule avec Bernadette soixante dix ans qui sort d’une coloscopie mais on roule pas sur l’or dans ma famille et sans vouloir me vanter, six ans d’hospitalisation journalière tout le monde peut pas se l’offrir.
- Jean… Peut-être… Et ça c’est maman. Maman c’est mon grand mystère. On était proche avant, plus qu’avec mon père. Pourtant c’est celle qui a fuit dès que j’ai plus pu aligner trois mots. Je la soupçonne d’avoir peur d’être trop faible et de ne pas être à la hauteur. Mais comment je la confronte moi dans cette affaire ? Bah, ça vaut pas le coup d’avoir de la rancoeur, après tout je ne pourrais jamais lui dire.
- Mais… Mais c’est notre fille ! Et voilà on est reparties sur ce sempiternel débat.
L’avantage d’être muré dans son propre corps, c’est qu’on apprend à se déconnecter. Alors je finis par oublier d’écouter, je me laisse bercer par les tics, les tacs et les bips. Mes yeux accrochent ceux en verre de Poppy, une peluche qui m’a été offerte par quelqu’un. Pas n’importe qui, mon seul et unique amour, qui ne sait probablement pas ce que je suis devenue et qui, à l’heure actuelle doit être en train de faire je ne sais quoi du type fonder une famille ou déménager dans une ville sympathoche avec une belle blonde à son bras. Connasse de blonde. Mais bon, est-ce que je peux vraiment lui en vouloir alors qu’on avait huit ans et que c'est moi qui ait quitté Russie natale -enfin mes parents surtout - ? Pas vraiment, mais ça me fait plaisir de pouvoir détester quelqu’un sans qu’il en ait rien à cirer. Et peut-être un peu de bien aussi.
Je ne sais même pas si je serais foutu de me souvenir de son visage si je le revoyais, parfois je me surprends même à chercher son prénom dans les tréfonds de ma mémoire, parce que le temps fait son affaire et que j’oublie. Un peu comme pour tout ce que j’ai appris autrefois ; est-ce que je saurais encore lire et écrire ? Quand j’étais gamine j’adorais jouer du violon, j’étais pas si crade d’ailleurs mais j’ai arrêté bien avant de me retrouver dans ma prison d’os et de chair. Faut dire que ça coûte une blinde et je parle pas que du prof. J’aimais chanter aussi, mais ça même si j’ai oublié ça fera pas grande différence, j’ai toujours chanté faux. Au grand désespoir de toute la famille qui m'écoutait m'égosiller du matin au soir comme un goret jusqu’à ce que je comprenne que c’était peine perdue. Un peu comme le gamin qui t'offre un dessin moche mais que tu félicites comme si il avait découvert la Tour Babel. Tout pareil.
En fait, je pense que j’ai toujours aimé m’exprimer. Que ce soit par l’art, ma voix… Tout ce qui pouvait me permettre de le faire, j’aimais ça. Ce qui nous ramène donc à la situation présente : De. La. Merde.
Clac.
Ah, ça c’est le signe que je peux réécouter. Sans surprise, ma mélodie ininterrompue m’attends toujours sagement. Le moineau lui s’en est allé, la nuit est tombée et c’est une journée de plus à cocher sur le calendrier de ma morne existence.
Chaque jour se succèdent les tics, les tacs, les bips, le moineau, les comptes, papa, maman, Cathy parfois Elena -bien moins sympathique mais ô combien jolie, alors je lui pardonne-. Lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi, dimanche. Janvier, Février, Mars, Avril, Mai, Juin, Juillet, Aout, Septembre, Octobre, Novembre. Le débat est toujours aussi stérile ; mes parents n’ont plus un rond, mon père est prêt à se saigner aux quatre veines pour me payer un jour de plus, ma mère songe sérieusement à me laisser claquer. Je ne peux pas en vouloir à l’un comme à l’autre. Même si je dois admettre que j’ai un peu de frustration à l’idée de mourir. J’avais vingt ans quand ça a commencé, je n'ai pas eu le temps de vivre. Mais ça ne sert à rien de remuer le couteau hein. Autant se faire à l’idée tout de suite. Je ferme les yeux lorsqu’il fait nuit, une journée de plus de cochée.
- Isaure, Isaure, réveille toi. Vite.
Mon cœur manque un battement et c’est un bip de moins sur le commencement de ma journée. Quand j’ouvre les yeux, c’est mon père que je découvre. C’est là que je me rend compte que je l’ai pas regardé depuis très longtemps. Il a vieilli, ses cheveux de bruns sont devenue blanc et son visage me semble subitement très anguleux, rachitique même. Sous ses yeux se traînent des cernes telles des valises, bleuâtre et pochées comme un cocard. Il a l’air épuisé. J’aimerais lui demander ce qui lui prend, pourquoi il a besoin de me secouer comme un prunier et mon regard doit poser la question car il répond immédiatement.
- Je l’ai trouvé ma puce, j’ai trouvé la clé ! Dans ses iris mordorés, si semblable aux miens, un éclair de folie passe. Il ne m’est pas difficile de comprendre que cette clé il l’a cherche depuis longtemps sauf que moi, je sais pas ce que c’est cette clé. - Je t’aurais pas laissé mourir ma petite puce, jamais. Ca je sais papa. Je sens ses doigts calleux attraper ma main, ils tremblent. De sa dextre je le vois fouiller dans mon armoire de soin, il en sort une aiguille certie d’un anneau noir. Si je pouvais grimacer, je le ferais ; ce sont les plus grosses. Puis il me pique le doigt avec. Là, j’ai envie de le gifler. Non seulement ça fait un mal de chien, mais en plus je vois toujours pas où il veut en venir. Sauf que je peux toujours rien dire, je vois juste qu’il applique férocement mon doigt endoloris sur une pierre aussi rouge que mon sang.
- Je te l’ai dis ma fille, tu vivras. Tu vivras enfin. Pour la première fois de ma vie je vois mon père pleurer. L'éclair de folie dans ses yeux s’est éteinte et il a juste l’air d’un homme épuisé de se battre. Pourtant il arbore le sourire de celui qui a réussi. - Je t’aime. Me souffle-t-il alors que je comprends enfin.
Adieu ma mélodie, adieu le moineau et surtout adieu papa.
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Le froid est mordant. Il faut dire qu'elle ne le connaît que trop peu. Cela fait des années qu’elle ne la plus sentit. Mais il n’est rien comparé à la sensation qui s’écoule dans ses veines. Cela même qu’elle pensait ne jamais plus sentir. En chien de fusil sur le sol, ses yeux mordorés s’ouvrent sur la haute silhouette d’une femme. Ou pas vraiment. De quelque chose qui y ressemble. Puis quelqu’un se penche sur elle.
- Votre nom ?
Elle le regarde de ses grands yeux, incrédule. Et lui de même. La jeune femme a envie de lui hurler qu’elle ne peut pas répondre, qu’elle ne sait pas. Alors l’homme s’agenouille et tend les bras vers elle pour l’aider. La peur la pousse à reculer avant de la figer comme une statue de sel. Soudain son visage se tord en une moue terrible de joie et de peine, sa gorge se noie de larmes et de rires sous le regard effaré du pauvre religieux.
- Po… Poppy. Murmure-t-elle.
- Palier de pouvoir:
Palier 1
- Chronologie générale:
- Juin 4163 | Naissance - Moscou
Juin 4167 | 4 ans - Découverte du violon, nouvel enfer personnel de ses parents
Octobre 4171 | 8 ans - Expatriation de la famille vers les Etats-unis
Septembre 4170 | 17 ans - Abandon de scolarité pour aller travailler en usine
Février 4183 | 20 ans - AVC
Septembre 4189 | 26 ans - Arrivée à Ozéna
- Inventaire:
Le vent souffle fort par ici.
Physique
Poppy est montée sur ressort, sans doute liée à ses six années d’enfermement, elle ne peut s’empêcher de rester assise très longtemps au même endroit. Ainsi elle affectionne tout particulièrement les tenues pratiques. Au diable les robes et fanfreluches, place aux pantalons et aux chemises. Elle aime également porter des bottes, d’après ses dires elles lui donnent l’air “classe”. Ce n’est que son avis mais il n’est pas rare de la voir vêtue ainsi. Parfois agrémente-t-elle le tout d’un simple corset en cuir. Elle rechigne également à porter des vêtements de protection aussi légers soient-ils car ils entravent son amplitude de mouvements.
Poppy est reconnaissable au foulard qu’elle porte souvent pour cacher son visage. “cultiver le mystère” est l’une des raisons qu’elle brandit à chaque fois qu’on lui pose la question. La vérité c’est que la peur la pousse à cacher son identité, la solitude la pousse à redouter son prochain et son sexe ne l'aide en rien.
La jeune femme ne le dira pas, mais elle est le parfait mélange de son père et de sa mère. Elle arbore le nez en trompette de cette dernière ainsi que ses hautes pommettes, les yeux mordorés de son père et les longs cheveux noirs de feu sa grand-mère. Comme les femmes de sa famille, elle n’est également pas très grande avoisinant de justesse le mètre soixante. Son corps est svelte et athlétique comme celui de l'hyperactive qu’elle est devenue, ne laissant que peu de place aux formes généreuses qu’elle envie à ses congénères sans vraiment se l’avouer. Elle n’est, cependant, pas peu fière des ailes verdâtres qu’elle arbore dans son dos depuis son arrivée en ce monde.
Poppy est reconnaissable au foulard qu’elle porte souvent pour cacher son visage. “cultiver le mystère” est l’une des raisons qu’elle brandit à chaque fois qu’on lui pose la question. La vérité c’est que la peur la pousse à cacher son identité, la solitude la pousse à redouter son prochain et son sexe ne l'aide en rien.
La jeune femme ne le dira pas, mais elle est le parfait mélange de son père et de sa mère. Elle arbore le nez en trompette de cette dernière ainsi que ses hautes pommettes, les yeux mordorés de son père et les longs cheveux noirs de feu sa grand-mère. Comme les femmes de sa famille, elle n’est également pas très grande avoisinant de justesse le mètre soixante. Son corps est svelte et athlétique comme celui de l'hyperactive qu’elle est devenue, ne laissant que peu de place aux formes généreuses qu’elle envie à ses congénères sans vraiment se l’avouer. Elle n’est, cependant, pas peu fière des ailes verdâtres qu’elle arbore dans son dos depuis son arrivée en ce monde.
Caractère
Poppy est l’équivalent d’une enfant dans le corps d’un adulte. Elle est immature, capricieuse et complètement dénuée d’instinct de survie. Elle est maladroite non pas parce que c’est dans sa nature mais parce qu’elle a tendance a vouloir tout faire trop vite, comme si la vie pouvait lui reprendre le présent qu’elle lui a fait. Une partie de son existence lui a été enlevée et elle compte bien la récupérer, vivre à cent à l’heure est une façon de le faire.
Mais sous ses sourires, ses rires et cette aura solaire qu’elle dégage, Poppy est terrifiée à l’idée de retourner dans la cage de son corps ou même dans une cage tout court. Dormir est devenue une épreuve à laquelle elle a du mal à se soumettre, ce qui l’oblige parfois à avoir recours à certain remède pour réussir à s'apaiser. Elle est également impétueuse, parfois provocatrice quand quelque chose lui déplaît. L’autorité n’est pas sa tasse de thé et si elle s’y plie c’est car elle n’a souvent pas le choix.
Malgré ses petits défauts, Poppy est fidèle, sans doute trop pour son propre bien. Elle cherche souvent à voir le bon dans le mauvais, laissant jouer de son empathie exacerbée sur ceux qui ne le méritent pas. La Sylphe est également doté d’un sens de l’humour relativement douteux.
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Mais sous ses sourires, ses rires et cette aura solaire qu’elle dégage, Poppy est terrifiée à l’idée de retourner dans la cage de son corps ou même dans une cage tout court. Dormir est devenue une épreuve à laquelle elle a du mal à se soumettre, ce qui l’oblige parfois à avoir recours à certain remède pour réussir à s'apaiser. Elle est également impétueuse, parfois provocatrice quand quelque chose lui déplaît. L’autorité n’est pas sa tasse de thé et si elle s’y plie c’est car elle n’a souvent pas le choix.
Malgré ses petits défauts, Poppy est fidèle, sans doute trop pour son propre bien. Elle cherche souvent à voir le bon dans le mauvais, laissant jouer de son empathie exacerbée sur ceux qui ne le méritent pas. La Sylphe est également doté d’un sens de l’humour relativement douteux.
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À propos de toi
On m'a appaté en me disant que vous étiez gentil et que vous aimiez le drama (irp hein, pas irl ). Donc me voici. Je suis également une très (trop) grande fan de romance, de lecture et de jeux vidéo. Ma PAL dégueule de bouquin éclaté du booktok qui m'ont couté mon salaire mais ils me rendent heureuse alors que demande le peuple ? Je suis aussi une grande fan de Baldur's gate (Et d'Astarion au cas où doute il y aurait). M'enfin voilà, rien de plus à dire ! (si, si vous n'avez pas lu Cavalier Vert, faites le)
Des bisous
Informations
Nom & Prénom
Isaure Milan alias PoppyÂge
[age="4163"]Race
SylpheMaison
Maison du Ciel et du souffleMétier
Exploratrice pour la guildeFeat
Oc via IAInvité
Invité
Oh purée, les images sont fabuleuses, l'or des yeux ressort tellement, c'est incroyable !
Bon courage pour ta fiche et bienvenue parmi nous ! <3
Bon courage pour ta fiche et bienvenue parmi nous ! <3
Ozéna
Staff
Validé !
Bienvenue sur Ozéna !
La pauvre Poppy, son histoire est si triste ! J'espère qu'elle aura plus de chances sur ce nouveau monde
J'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de ta fiche !
Tu obtiens donc un bonus de +50 Azys pour ton inscription dans la Maison du Ciel et du Souffle !
Te voilà presque fin prête à débuter ton aventure. Il te faudra d'abord aller recenser ton avatar, ainsi que ton métier, avant de pouvoir te lancer dans le monde.
N'oublie pas de poster ton journal de bord également, cela te permettra de suivre tes jeux, mais également d'avoir un résumé de tes relations. Tu pourras également poster ton inventaire afin d'avoir un visuel sur tes achats de la boutique et ainsi faciliter la prise en compte de ces derniers lors de tes jeux, par les MJs.
Bonne chance et surtout amuse-toi bien !
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