Bienvenue sur Ozéna

Ven 24 Nov 2023 - 23:58

SélénaBrinclair

Pour que tu m'aimes encore...

DorneTilliann

Le 23 septembre, Année 118.

Appuyée sur le pommeau de son épée, Séléna observait silencieusement les nouvelles recrues telle une statue de pierre au visage impassible. Encadrer les explorateurs n'enchantait guère la sentinelle, pour la simple et bonne raison que la pédagogie était un concept qui lui échappait complètement. Elevée à la dure, envoyée à l'armée dès qu'elle eut l'âge de quitter ses parents et sa maison d'enfance, elle avait été accueillie dans des conditions médiocres la forçant à se démener pour se faire une place. Si les nouveaux venus sur Ozéna considéraient l'entraînement comme complexe, alors elle ne voulait pas les imaginer entre les mains de ses anciens supérieurs, leurs phalanges froides et leurs mains crispées autour de sa gorge afin de la modeler à leur image. Ses yeux suivaient les mouvements maladroits de ceux qui n'avaient jamais tenu une arme, d'autres qui tenaient absolument à attirer son attention, à la recherche d'une validation qu'ils n'obtiendraient point. Oh, Séléna était dure car elle savait exactement ce qui les attendait en dehors de ces murs et si elle ne les préparait pas correctement, elle risquait de les perdre. Trop d'années s'étaient écoulées sans que certains collègues ne refassent surface, considérés comme morts en dehors des remparts. La nymphe ne tolérait plus l'échec, si elle l'avait fait un jour. Les autres pouvaient bien se tromper, elle n'avait pas ce luxe.

Son regard glissa des bras menus d'une chimère pour remonter jusqu'au mur épais en bois, le tic-tac de l'horloge passant miraculeusement dans ses fines oreilles au milieu du brouhaha. Quand la fin de la journée sonna enfin, la sentinelle se redressa et épousseta son pantalon noir serré, sa longue chevelure attachée en une multitude de tresses dansant au creux de ses reins. « Même heure, demain. Ne soyez pas en retard, personne ne sera attendu. ». Une jeune femme timide, d'une vingtaine d'années, à la peau pâle et à la chevelure brune s'approcha de la nymphe timidement. Sans lui adresser un seul regard, concentrée à rassembler ses affaires, la voix autoritaire et ferme de Séléna s'éleva dans les airs. « Dites-moi, Yulia. Si vous êtes blessée, l'infirmerie est encore ouverte. Tâchez de ne pas laisser les autres vous malmener. Et s'ils persistent… ». L'envie de lui souffler qu'elle s'en occuperait la titillait, mais elle n'en fit rien. La sirène devait apprendre à se défendre, à se débrouiller seule. Que se passerait-il, le jour où elle ne serait pas là ? Un drame. Une catastrophe. Dont elle serait responsable.

La demoiselle secoua la tête de gauche à droite. « Non, tout va bien. Je venais simplement voir avec vous si je pouvais m'avancer sur l'entraînement de demain, si vous auriez des exercices que je pourrais pratiquer seule. ». Séléna s'arrêta dans le rangement de sa sacoche, les lèvres pincées. Elle connaissait ce comportement, et cela ne présageait rien de bon. « Le repos est essentiel. Vous ne ferez pas une bonne exploratrice ou une combattante efficace si vous êtes épuisée. De plus, la théorie a ses limites, il n'y a rien de tel que pratiquer avec vos futurs collègues. ». Un petit soupir s'échappa de l'entre ouverture de ses lèvres rosées. « Sans compter que vous ne serez pas avec moi demain. Avec un peu de chance, Soren s'occupera de votre groupe à ma place. ». La tête penchée sur le côté dans l'interrogative, Yulia ne comprenait pas. Depuis le début, depuis ses premiers jours, Séléna ne s'était jamais absentée, pas même une seconde. « Vous avez quelque chose de prévu ? C'est rare de vous voir louper un entraînement. Cela doit être important. ». Passablement agacée par cette intrusion dans sa vie privée, la sentinelle ferma le livre qu'elle tenait entre les mains d'un coup sec avant de mettre dans sa sacoche. « Vous ne croyez pas si bien dire. Bonne soirée, Yulia. ». Et sans plus de cérémonies, la blonde quitta le QG de la guilde des explorateurs, un goût amer en bouche. De son côté, Yulia ne put se retenir de rire. C'était bien la première fois que son instructrice s'ouvrait à de telles émotions, et l'idée de la voir enfin lâcher prise la réjouissait plus que de raison.

Au pas de course, la sentinelle se dirigea vers son foyer, la Maison des Maintes Eaux et s'engouffra dans sa chambre pour retirer son armure en cuir ainsi que ses vêtements de travail. Cela faisait déjà quelque temps que son chemin n'avait pas croisé celui du bibliothécaire et avoir osé provoquer ainsi le destin la rendait aussi nerveuse qu'électrique. Plusieurs jours auparavant, la nymphe s'était perdue dans la boutique d'une apothicaire qu'elle connaissait bien pour l'avoir personnellement formée, une dénommée Khioné. Si la jeune femme ne se confiait à personne, elle savait que la dryade ne lui poserait aucune question quant à la destination ou la signification des fleurs qu'elle voulait envoyer au nécromancien, ce qui l'arrangeait grandement. Néanmoins, la jeune femme s'était targuée d'un trait d'humour en voyant la nymphe réclamer « des fleurs qui rendent heureux », lui répondant entre deux rires qu'elle en possédait bien, mais qu'elles étaient loin d'être légales. Ainsi, un ravissant bouquet de Rolusa avait trouvé son chemin jusqu'à l'antre du savoir, accompagné d'un petit mot conviant le damoiseau à un rendez-vous ce jour. Séléna ignorait si Dorne avait bien reçu son message, mais quelque chose lui disait qu'il l'attendait, qu'il soit au courant ou non de son arrivée.

Enfilant ce qui ressemblait le plus à une robe dans son armoire fort peu fournie, la nymphe se recouvrit ensuite d'une épaisse cape pour la camoufler avant de sortir de ses quartiers et de prendre la direction de la bibliothèque. Le souffle court, la respiration saccadée, Séléna se demanda un millier de fois ce qu'elle était bien en train de faire et quelle bête l'avait piquée pour se mettre dans une situation aussi inconfortable. Une fois arrivée devant les épaisses portes, elle prit quelques instants pour retrouver son calme, donnant une petite impulsion sur ses talons pour se propulser en avant. Elle devait se contrôler. Elle devait manier cette magie, la dompter, l'apprivoiser. En comprendre le fonctionnement pour parvenir à l'arrêter. La tâche était loin d'être aisée, encore moins lorsqu'elle croisait le regard de celui qui faisait fondre son cœur. La sentinelle leva le poing, prête à taper pour qu'on vienne lui ouvrir quand le doute l'assaillit. Et s'il n'était pas heureux de la revoir ? Était-elle venue trop tard ? Et que faisait-elle ainsi vêtue, aussi jolie qu'une fleur, une pointe de maquillage rouge sur ses lèvres, au beau milieu du Quartier Nord ? Séléna fronça les sourcils et força son corps à bouger, donnant trois coups sur la vitre. Elle se recula de quelques centimètres, croisant ses mains devant son bassin tout en essayant de garder son calme. Quand la porte s'ouvrit enfin, son visage se teinta immédiatement de rouge et sans oser croiser son regard, la nymphe se mit à balbutier. « Bon.. Bonsoir Dorne. J'espère que.. Que je ne te dérange pas. Est-ce que tu as reçu mon… Mon message ? ».

Codage par Eirôn

Feat Séléna Brinclair

Pour que tu m'aimes encore... - 23 Septembre 118

Un bouquet de fleur et une invitation à une soirée. Une charmante et tendre proposition. Quand était la dernière fois que le jeune homme avait reçu des fleurs? Un souvenir bien trop lointain pour vraiment dire que ça comptait, finalement. Forcément qu'il avait décider de les prendre, les sentir, apprécier chaque petite partie de ce délicieux cadeau. Il avait même demandé à Cassia de trouver un jolie vase pour pouvoir y mettre ce magnifique présent. Bon, hélas, l'ancien médecin était définitivement pas quelqu'un de très doué avec les plantes. Alors ce devra être son assistante qui s'occupera correctement de tout cela pendant que lui observera, même, contemplera ce délicat cadeau.

Mais la deuxième chose importante avec tout cela, c'était surtout l'invitation pour une soirée. Quelque chose de plus... Classique que ce qui avait bien pût se passer la dernière fois. En même temps, difficile de battre l'étrangeté de cette première réelle rencontre avec la Nymphe. Tragique, magique et... Délicieux? Difficile à chaque fois de réellement savoir où commençait sa pensée personnel et celle qui fût un minimum influencé par le baisé puissant et envoutant de Séléna. Mais cela n'empêchait pas Dorne d'éprouver un profond sentiment fort ancré en lui. Et cela, il n'y avait aucun doute, c'était bien réel. Il n'avait pas fait en sorte de retenir la sentinelle qui allait quitter probablement à jamais sa vie pour un vague sentiment plaisant. Il y avait bien plus que cela.

Et pour préparer cette soirée, prouver à sa tendre qu'il était sérieux, que lui non plus ne proférait pas de veines paroles en l'aire. Ainsi avait-il utiliser une partie de son argent personnel pour acheter un beau costume. Après tout, tout le monde n'avait pas la chance de sortir pour un rendez vous avec la grande Séléna Brinclair, non? Quel que pouvait-être le prix de la tenue, pour le coup, Tilliann s'en fichait pas mal. Ce n'était définitivement pas un homme très dépensier. Sa boutique tournait extrêmement bien, son alimentation était simple, correct et peu onéreuse, son assistante était bien payée bien entendue mais tout cela lui permettait, pour cette fois, de ce faire un certain plaisir. De se? Allons, il voulait surtout faire plaisir à la Nymphe. Espérant se présenter sur un bien meilleur jour. Après tout, depuis leurs rencontre, il dormait mieux. Mangeait plus. Une partie de ses tristes cernes avaient disparue, son visage se faisait un petit peu plus rayonnant malgré sa condition de réveilleur de morts.

"C'est bientôt!" Annonça une douce voix impatiente derrière lui.

Un léger rire amusé sortie de la bouche de Dorne, habillé comme dans les grandes soirées mondaines qu'il faisait lorsqu'il était marié. C'était si... Bizarre. Comme si la vie souhaitait vraiment lui offrir une seconde chance. De mieux pouvoir recommencer. De mieux pouvoir s'élancer. Avait-il suffisamment souffert pour qu'enfin le destin lui tende la main? En tout cas, si l'univers ne s'alignait pas pour lui, aucun doute que sa jeune amie l'alignera par lui.

"Je sais, Cass', je sais." Répondit enfin le nécromancien qui boutonnait les derniers boutons de son vêtement. Il voulait avoir l'aire impeccable pour sa dulcinée.

"Pas de bêtise ce soir hein? On rentre pas trop tard et on boit pas de trop!" Agitant faussement son doigt comme une mère rappelant à l'ordre son enfant, la jeune Fae semblait clairement s'amuser de la situation, voyant alors son patron faire une sortie comme un adolescent ou un jeune adulte.

"Je te rappel qui te paye à la fin de chaque journée, Cassia?" Menaça faussement Dorne, un léger sourire en bouche.

"Moi même, je vous rappel que vous m'avez nommée comme gestionnaire du salaire et des stocks." Sourire triomphant, bras croisées sur la poitrine, elle l'avait eu.

"Bien bien, tu as gagnées. Aller, je te laisse la boutique. Mais oublie pas de la fermer en fin de soirée d'accord? Je préfère que tu sois chez toi tranquillement."

Un simple petit raclement de gorge affirmatif suffit à contenter Dorne qui laissa alors à son assistante la suite des opérations. Bougre de petite... Elle avait dépassée de peu la vingtaine et pourtant c'était déjà une personne bien plus accomplie que bon nombres d’individus. Ricanant une dernière fois, le jeune homme haussa simplement les épaules avant d'attendre patiemment. C'était son jour de repos, sa soirée de repos et il ne comptait pas que quelqu'un puisse la gâcher. A partir de cet instant, il appartenait juste à Séléna. Ainsi, assis tranquillement sur un fauteuil normalement prévue pour les abonnés de sa bibliothèque, il chantonnait un air d'un autre temps.

Alors que les ténèbres venaient dominer le monde, le fils Tilliann toujours loin dans son air musical, retrouva pied à la réalité lorsque trois coups résonnèrent à la porte. Probablement Séléna. Au moins avait-elle décidée d'agir de façon bien plus... Calme, que la fois où elle était entrée d'un coup en le suivant. Pas que l'inverse lui aurait déplus aussi ce soir la, cela dit. Se levant alors, tenue toujours bien propre, il vint à la rencontre de l'ouverture faite de bois. C'était donc le grand moment. Le premier vrais rendez vous avec la gente Dame. Celle qui lui avait promis de lui faire la cours et de faire de lui, sienne. En repensant aux paroles pleine d'ardeur de la sentinelle, le coeur du nécromancien vint à battre assez fort. Mince alors... C'était beaucoup trop intense, c'était si... Plaisant. Dix ans sans battre et le voilà qu'il revenait à la charge pour rattraper tout le retard à pomper le sang et faire revivre un corps qui était comme mort.

Prenant une intense respiration, Dorne vint à ouvrir la porte, un grand sourire sur le visage. Si rare, si précieux... Pour ouvrir ensuite délicatement la bouche face à l'ange en face de lui. Nymphe à la tenue sublime, difficile de ne pas sentir sa poitrine fondre de douceur. Mais elle détournait le regard, toujours aussi timide. Dans ses actes comme ses paroles. C'est en sortant, fermant délicatement derrière la porte, qu'il porta sa main en dessous du menton de la jeune Dame, relevant alors sa tête, pour qu'elle le regarde. Lui offrant un beau sourire.

"Bonsoir, Séléna. J'ai reçu, et bien entendue que tu ne me dérange pas.." Hésitant, il vint cependant lui offrir un baisé au niveau de la commissure de ses lèvres. Ne sachant pas spécialement si effleurer directement ce fruit interdit ne lui jouerait pas potentiellement un tour. "J'espère que ma tenu te plais. J'ai voulu t'offrir le grand jeu mais... Je ne fais malheureusement pas le poids face à toi. Tout ce rouge te mets magnifiquement en valeur." Puis, il déposa un autre baisé sur l'autre commissure des lèvres. "Je suis ravis de passer cette soirée avec toi. Je rêve de te revoir depuis ton dernier départ, sache le."

Un nouveau sourire, bienveillant. Un regard toujours aussi calme, sur un visage enfin heureux.

KoalaVolant

La tenue de Dorne

SélénaBrinclair

Pour que tu m'aimes encore...

DorneTilliann

L'attente sur le pas de la porte de la bibliothèque sonna interminable pour la jeune nymphe. Tétanisée, elle essayait tant bien que mal de lutter contre les questions qui se bousculaient dans son esprit. Tantôt emplie d'espoir avant de sombrer dans les méandres de ses doutes, Séléna regardait le monde autour d'elle s'animer, comme prisonnière derrière une vitre teintée. Les habitants d'Azamyr passaient dans son dos, jactant sur les prix des consommations à l'Ours Beurré, ne s'intéressant que peu à cette silhouette fébrile, postée sur ses talons dans l'expectative d'un homme qui se faisait bien plus désirer que ce qu'elle aurait pu imaginer. Pourquoi diable avait-elle franchi ces portes quelques jours plus tôt, à la recherche de réponses, pour ne ressortir qu'avec plus de questions ? Sa main droite alla gratter nerveusement le creux de son coude et un minuscule soupir, à peine perceptible, s'échappa de l'entre ouverture de ses lèvres rosées. Voir ce rendez-vous comme un combat dont elle devait absolument ressortir victorieuse lui permettait d'aborder la situation avec plus de sérénité que ce dont elle aurait été naturellement capable. Néanmoins, cela ne voulait pas dire qu'elle avait la moindre arme pouvant la sauver de ce stress, de cette angoisse qui faisait battre son coeur à vive allure. Elle discerna quelques bruits de pas dans la bibliothèque qui la firent reculer par réflexe et lorsque la porte s'ouvrit enfin, son souffle se coupa.

Somptueux, aussi élégant qu'un Malakim tout droit venu des cieux, le nécromancien la laissa bouche bée. Durant un bref instant, elle sentit ce moment coupé du monde, le temps s'arrêtant pour lui laisser l'occasion de contempler ce tableau de maître dont seul Dorne avait le secret. Ses yeux s'arrêtèrent sur la courbure de ses lèvres qui dessinaient un sourire radieux qu'elle crut, l'espace de quelques secondes, n'avoir que pour elle seule. Une pointe de vanité au fond de ses iris ambrés, la sentinelle admira le fruit de tous ses efforts, la récompense à de longues journées à préparer en amont cette rencontre. Stoïque, la nymphe plissa les yeux et fronça doucement les sourcils lorsque le bibliothécaire approcha son visage du sien avant de déposer un baiser sur la commissure de ses lèvres, la faisant reculer instinctivement de quelques centimètres. Séléna resta interdite, dans l'incompréhension la plus totale face au côté entreprenant du nécromancien, à sa facilité à lui offrir son étreinte sans craindre qu'ils ne soient vus. Elle avala sa salive nerveusement, son regard toujours fuyant tout en acquiesçant à ses paroles. Oh, elle le trouvait bien plus que charmant, néanmoins les mots ne parvenaient pas à franchir ses lèvres sous tant d'appréhension et elle dut se forcer à prendre une grande inspiration. La nymphe se concentra sur ses émotions, les enfermant dans un carcan qu'elles ne connaissaient que trop bien. Celui de l'indifférence feinte, de l'autorité qui reprit ses droits sur ses traits délicats.

« Je nous ai pris une table dans un restaurant, pour ce soir. ». Un choix complexe, celui de trouver ce que Dorne pouvait bien apprécier manger. Heureusement, Séléna n'avait pas été complètement seule dans ce questionnement et elle remercia silencieusement Cassia d'avoir été aussi coopérative que discrète dans leurs échanges. « Je… Je pensais que ce serait une bonne idée pour nous de passer un peu de temps ensemble, de… ». Elle se tritura nerveusement les doigts. « D'apprendre à nous connaître. En dehors de ta bibliothèque. ». Elle espérait que dans un lieu neutre, ses pouvoirs ne se manifesteraient pas aussi forts qu'à leur première rencontre. Un espoir vain, la sentinelle se cachant derrière une myriade d'excuses pour ne pas trop approcher Dorne, de crainte que leur échange ne se termine de la même manière. Elle qui avait promis de faire les choses correctement se retrouvait prise au piège avec sa propre envie de se fondre dans l'étreinte du bibliothécaire, une tentation qui lui brûlait le bout des doigts.

Avec tendresse et une pointe d'hésitation, la jeune femme à la chevelure argentée tendit le bras faisant glisser ses doigts sur son poignet avant d'entrelacer leurs doigts. « Je… Je t'y emmène ? Ce n'est pas très loin. ». Ses joues se teintaient de rouge à vue d'oeil, néanmoins Séléna n'en avait cure. Elle était venue avec un but, un objectif, et elle allait ressortir gagnante d'un des combats les plus complexes de sa vie. Lentement, la jeune femme entama la marche dans la direction d'un restaurant à l'allure sophistiquée, dont la devanture sobrement nommée "L'Authentique" brillait sous les flammes dansantes d'une torche bien placée. Après avoir donné deux coups sur la porte, celle-ci s'ouvrit silencieusement, offrant une vue splendide sur le mobilier en bois ainsi que sur une grande cheminée. Les lieux, entièrement vides si ce n'est pour la serveuse qui alla les installer après les avoir accueillis, respiraient une atmosphère paisible, semblable à celle de la bibliothèque de Dorne. Une fois assise, Séléna commença à se dandiner sur sa chaise, incapable de cacher son angoisse. « Je… Comme je ne savais pas trop où nous en étions je… ». Elle se mordit les lèvres. « J'ai… J'ai réservé la salle. Pour nous. Juste pour nous. ». Aucune autre âme n'y mettrait les pieds, leur donnant une intimité paradoxalement publique. La vérité étant que Séléna, craignant que Dorne ne veuille pas assumer leur relation au grand jour, avait préféré prendre ses précautions. Mieux valait prévenir que guérir, même si dans leur cas il était plus vraisemblablement trop tard qu'autre chose.

Codage par Eirôn

Feat Séléna Brinclair

Pour que tu m'aimes encore... - 23 Septembre 118

Dorne resta un instant intrigué par le mouvement de recule de Séléna alors qu'il vint déposer ses lèvres proche des siennes. Y avait-il un soucis dans sa façon de faire? Ou alors la Nymphe ne pensait pas que cela irait aussi vite? C'était plutôt difficile de savoir tout ce qui pouvait se passer dans l'esprit de la guerrière... Le fils Tilliann n'était qu'un homme après tout. Il pouvait anticiper des choses, mais pas des réactions, des réflexions ou des façons d'être. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était espérer de faire les bons choix, Et à ce moment, le doute d'avoir peut-être dût choisir une autre cible pour ses lèvres venait à le travailler.

Voir par la suite le regard fuyant de Séléna amusa très légèrement le nécromancien. Pour la raison qu'il ne pensait sincèrement jamais avoir cet effet sur une personne qui pourrait probablement le tuer avec une seule main, et surtout car il était toujours amusant de voir la différence de réaction de cette beauté quasi céleste entre le moment présent et quand ils eurent une...

La pensée de l'intensité de ce moment vint à faire rougir Dorne qui l'effaça rapidement de son esprit pour reprendre un air plus normal, car en effet, la seule chose amusante finalement c'était qu'elle était totalement capable de l'écraser, et pourtant elle semblait si nerveuse. Ce qui la rendait encore plus adorable, plus mignonne... Une Nymphe qui soufflait le chaud et le froid, c'était si craquant. Si la belle n'avait pas, fort probablement, tant fait d'effort pour préparer cette soirée, l'ancien médecin l'aurait probablement juste attrapée la main pour l'emmener dans sa demeure pour pouvoir l'étreindre toute la nuit et avoir sa tête posée sur son cœur dans une tendresse incroyable qu'il recherchait à chaque fois qu'il sombrait face au visage de la Sentinelle.

Mais le futur était fait de bons plats, un restaurant plus précisément. Souriant, le fils Tilliann reprit tranquillement.

"C'est un bon plan. Pour un premier rendez-vous il n'y a rien de mieux."

Si le côté autoritaire et droite de Séléna pouvait reprendre ses droits pour lui permettre de se relever de ses quelques craintes, le nécromancien savait surtout qu'il avait en face de lui une jeune femme qui pouvait être sacrément brisée et timide cherchant sûrement à faire bien les choses. Alors c'était de son devoir, en tant qu'amoureux, de la soutenir, la complimenter et la guider. Un amour est un jardin qui se doit d'être entretenue à deux après tout. Et si Dorne n'avait d'habitude pas la main verte, il ne comptait faire faner aucune fleure de ce délicieux jardin.

Le côté stressée de la Nymphe sembla revenir assez vite puisqu'elle se remit à bredouiller, exprimant son envie de passer du temps loin de la bibliothèque, de se connaitre. Il fallait dire que c'était une bonne idée, surtout au vue de la première rencontre fracassante. Souriant, l'ancien médecin comptait clairement passer un bon moment avec la guerrière, et surtout, il souhaitait en effet en apprendre bien plus sur elle. Plus que sa vie d'avant, ses rêves, ses goûts, tout ce qui était possible finalement. Cette soif d'en apprendre bien plus sur la fameuse Séléna Brinclair. Chaque information qu'il obtiendra sera, pour lui une arme de plus pour lui donner de plus jolies cadeaux ou éviter divers boulettes. Comme il l'avait précisé, lui aussi comptait la courtiser comme la Reine qu'elle était. Pas de raison que ce ne soit que dans un sens...

"Je suis partant pour en apprendre plus sur toi. Au moins on aura l'occasion de discuter sans une maudite bouteille d'alcool trop forte et surtout avec un délicieux repas en tête à tête. Je peux difficilement rêver de mieux!"

Un léger rire sincère, et finalement vint le temps où sa dulcinée lui prit le bras avec délicatesse, sentant bien vite ses doigts s'unir avec ceux de Séléna. Avoir ainsi retrouvé ce contact physique fit légèrement rougir le géant à la chevelure brune qui sentait son coeur battre un peu plus fort. Au moins n'était-il pas le seul à prendre des couleurs aussi vite et facilement. Mais en soi, cela allait terriblement bien avec la robe magnifique que portait la Nymphe. En jetant un rapide coup d’œil, il se demandait comment quelqu'un pouvait être aussi ravissante, l'envie de l'embrasser en devenait clairement une damnation. Mais Dorne était quelqu'un qui savait garder un sang-froid exemplaire de par sa vie de médecin... Et puis il était sobre, cela l'aidait énormément pour le coup. Pour retrouver son calme il reprit juste la parole, trainant son regard ailleurs, un sourire en coin.

"Je te suivrais où tu iras, Séléna! Proche ou loin, le temps n'a pas d'importance si je suis avec toi."

Un peu de flatterie, une légère douceur dans les mots et voilà qu'ils partirent sur les chemins de la Cité. Et en voyant rapidement où le duo allait, le fils Tilliann en fût agréablement surpris. Ce restaurant n'était pas un des plus connue de sa maison, et pourtant il était de bonne qualité. Soit la Nymphe était une parfaite chanceuse pour avoir choisit ce restaurant parmi tant d'autres, soit elle avait fait une sacré enquête. Et vue la témérité de la personne, pour le nécromancien, c'était clairement la deuxième solution. Avalant sa salive par le plaisir qu'il espérait avoir par ce futur repas, entrant dans le bâtiment en appréciant avec grand plaisir la qualité des meubles et l'ambiance si délicieuse, quelque chose attira pourtant le regard de Dorne. Personne? A cet heure-ci? Clairement, l'ancien médecin ne pensait pas non plus à trouver un endroit plein à craqué mais tout de même. Quelque chose d'étrange clochait et difficile de savoir la raison de ce vide... Au moins, le duo pourra discuter sans aucun problème d'être écouté par une oreille indiscrète, peut-être que ce sera plus facile pour Séléna?

Quand il vint ainsi à s'assoir, il vit la pauvre Nymphe stressée, semblant cacher quelque chose. Levant un sourcil inquiet, tendant une main vers une des siennes dans une envie de la protéger, il fut stoppé par son aveux qui le laissa... sans voix. Yeux légèrement écarquillés, bouche légèrement ouverte, s'arrêtant alors comme une statue de marbre, le bibliothécaire resta ainsi de longues secondes.

"Réserver un restaurant... pour une soirée?" Dit-il lentement alors, clignant des yeux rapidement. "Séléna c'est..." Baissant légèrement les yeux, l'homme ne savait plus trop où se mettre, un peu gêné. "C'est profondément romantique comme façon de faire, tu te rend compte?" Un léger sourire d'adolescent s'incrusta sur son visage, suivit d'un rire léger. L'impression de redevenir le jeune homme encore étudiant qu'il fût il y a si longtemps déjà... "C'est vraiment délicieux de ta part..."

Relevant son regard vers celui de la Nymphe, arborant ce côté bienheureux, spectre d'une ancienne époque, le nécromancien avait vraiment apprécié la chose, mettant totalement de côté la légère folie du geste. Quand la Sentinelle disait qu'elle ferait tout pour le conquérir, clairement elle ne plaisantait pas.

"Si tu es aussi investie dans ton travail que dans l'envie de faire de moi tiens, j'imagine pas la qualité de la Guilde des explorateurs avec toi la bas." Un léger brin d'humour, un brin de flatterie, le tout avant de reprendre. "A l'avenir, si tu souhaites savoir où nous en sommes, n'ai aucune crainte, Séléna. Je serais heureux que l'on me voit avec toi, en public ou en privée. C'est plutôt que..."

Légèrement hésitant, Dorne vint à se gratter légèrement le crâne, embêté, détournant alors le regard. Lui n'avait aucun soucis avec cela, c'était qu'un simple bibliothécaire, mais l'inverse...

"J'espère que toi cela ne te dérange pas non plus. Je ne suis qu'un humble bibliothécaire, je suis loin d'être un grand nom même au sein de mon propre quartier. Je... Ne voudrais pas que la moindre parole négatif puisse retomber sur toi avec ceci. Ou que l'on puisse te faire du mal à travers notre relation." Puis, relevant de nouveau la tête, un léger sourire sur le visage, le fils Tilliann chercha à reprendre un peu plus de force par le doux regard de sa belle. "Quel que soit comment on arborera notre union face à ce nouveau monde qui nous a engloutie, je serais heureux. Car ce sera un chemin avec toi, Séléna. Et c'est le plus important pour moi."

KoalaVolant

Sam 6 Jan 2024 - 20:43

SélénaBrinclair

Pour que tu m'aimes encore...

DorneTilliann

L'enthousiasme délirant du nécromancien face au grotesque de la situation ne la rendait que plus attendrissante. Séléna, qui n'avait jamais ressenti l'amour jusqu'ici, se trouvait fort dépourvue quand son regard croisait le sien et que son cœur se mettait à battre la chamade. Comment en trente huit années d'existence, la romance n'avait-elle jamais frappé à sa porte ? Oh la nymphe se souvenait de certaines tentatives de ses anciens collègues. Être une femme dans l'armée restait une corvée de taille, un affrontement perpétuel face à des ennemis toujours plus nombreux et surtout invincibles. Alors, après tant d'années dans la persécution et l'hostilité, sans doute la sentinelle appréciait-elle la douceur et la tendresse dégagée par le bibliothécaire, son regard empli d'affection. Elle tentait, tant bien que mal, de ne pas se remémorer la soirée qu'ils avaient passé ensemble. Non pas qu'elle la regrettait, bien au contraire, néanmoins les souvenirs n'en demeuraient pas incroyablement gênants pour le balbutiement de couple qu'ils étaient aujourd'hui. Sans compter le fait que Séléna continuait à s'en vouloir, à se blâmer de cette perte de contrôle inestimée et inestimable. La culpabilité mettrait un temps considérable à la quitter, si elle la quittait un jour. La nymphe ne pouvait concevoir avoir agi de la sorte, sans réfléchir, sous le coup d'une impulsion si puissante que cela en devenait surnaturel. Comment Dorne pouvait-il encore désirer la voir après avoir perdu ainsi son libre arbitre, elle l'ignorait. Mais elle devait cesser de se poser la question, et avancer sur le chemin en même temps qu'elle le traçait.

Elle cligna des yeux à plusieurs reprises, le souffle coupé. Profondément romantique ? « Je… Est-ce que c'est trop ? ». Les sourcils légèrement arqués vers le bas, les lèvres tremblantes, Séléna ne savait plus sur quel pied danser. Tout son corps exprimait l'envie de fuir cette sensation aussi agréable qu'intensément angoissante mais elle gardait les pieds ancrés sur le plancher, refusant de bouger ne serait-ce que d'un cheveu. Si le nécromancien semblait ravi de son initiative, la nymphe, elle, ne pouvait stopper le flot de questions qui défilait dans son esprit. Peut-être la prenait-il pour une folle au fond de lui ? Qui réservait un restaurant entier pour un premier rendez-vous ? Pouvait-elle réellement appeler ce moment leur premier rendez-vous, compte tenu de ce qui s'était passé seulement quelques jours auparavant ? Toutes ces interrogations se bousculaient dans sa tête, rendant sa réflexion brumeuse et flou, une sensation qu'elle abhorrait déjà, en la connaissant à peine. Elle se racla la gorge, prenant une grande inspiration pour retrouver son calme. A la guerre comme à la guerre, la jeune femme ne devait pas perdre son sang froid. Plus neutre, également plus droite, la sentinelle se redressa fièrement et releva le menton. « Si seulement la volonté d'une personne suffisait pour mener à bien les explorations, nous n'en serions pas là. ». Elle se reprit, saisissant la dureté de ses mots. « Dé… Désolée. Parler travail a tendance à me tendre, mais je comprendrais que tu aies des questions. Il est aussi bon pour moi d'apprendre à me défaire de cette image qui n'est… ». Elle baissa les yeux, infiniment vulnérable. « Peut-être pas moi finalement… ».

La nymphe sentit une chaleur émaner dans sa poitrine, réalisant avec une joie non dissimulée que le nécromancien n'éprouvait aucune peine à être vu avec elle en public. Si elle n'imaginait pas que courtiser quelqu'un aurait pu être aussi aisé, elle n'osa pas pour autant se considérer officiellement avec Dorne. Elle lui devait bien plus qu'un piètre rendez-vous ou qu'une incartade dans les salles privées de sa bibliothèque. Et si l'expérience manquait à la sentinelle, l'enseignement compenserait. Fort heureusement pour elle, la romance débordait souvent des étagères des bibliothèques et quand bien même Azamyr était un monde nouveau, l'amour continuait de régir les cœurs, y compris les plus froids. Ce sentiment d'allégresse disparut brusquement alors que la nymphe leur commandait deux verres de vin de paleberge, ses sourcils se fronçant de frustration et son visage se muant dans une moue entre la colère et l'indifférence la plus totale. « Le premier qui osera prononcer ton nom sans qu'il ne s'agisse de louanges n'aura pas l'occasion de parler plus longtemps. ». Le regard noir, la mine assombrie par les pensées qui l'assaillaient, Séléna perdit de vue un instant le bonheur qui lui chatouillait les doigts. Comme si elle venait de se réveiller d'un profond sommeil, la nymphe redressa la tête et cligna des yeux, avant qu'un minuscule sourire ne vienne à nouveau s'emparer de ses traits, contrastant avec la crainte qu'elle venait d'inspirer. « Nous nous connaissons à peine et… Je ne veux pas que tu sois angoissé à l'idée qu'on puisse t'associer à moi. Je ne le suis pas à ton sujet. Sans compter que… ». Un petit soupir s'échappa de ses lèvres rosées. « Que tu le crois ou non, je ne suis pas véritablement populaire dans mes propres rangs. Mes subordonnés me trouvent trop froide, trop intransigeante, trop directe. Une main de marbre dans un gant de fer, un monstre… ».

Elle haussa les épaules, entre la peine et la résignation. « Ne te méprends pas, je ne désire pas me plaindre. Seulement, ils ont déjà suffisamment de munitions pour m'atteindre pour te rajouter à l'équation. Si un jour notre… relation… venait à te causer des problèmes, je souhaite l'entendre. ». Leur commande arriva enfin et doucement, la nymphe s'empara de son verre et poussa celui de Dorne vers lui délicatement tout en remerciant la serveuse d'un air complice. « Et tu n'es pas qu'un humble bibliothécaire. Tu es notre accès au savoir, le garde fou de ce qui peut nous faire avancer à Azamyr. Celui qui dirait le contraire serait un imbécile au mieux, un inconscient au pire. Sans compter que ta valeur ne s'arrête pas à ton métier, elle est multiple, impossible à mesurer. ». Si la sentinelle paraissait dure, elle pensait pourtant chacun de ses mots. « Si l'un d'entre nous peut souffrir de la réputation de l'autre, ce n'est pas moi. ». Elle leva son verre entre ses doigts fins, l'approchant de celui de son amant, un sourire intimidé plaqué sur son visage rougi. « J'espère réussir à te convaincre de passer encore d'autres soirées à mes côtés, Dorne. A toi. ».

Codage par Eirôn

Dim 7 Jan 2024 - 17:01

Dorne Tilliann a écrit:
Feat Séléna Brinclair
Pour que tu m'aimes encore... - 23 Septembre 118

Profiter de chaque instant de la vie... C'était un adage que Dorne avait longtemps oublier. Depuis le début de sa descente aux enfers, depuis le début de sa dépression, il y avait beaucoup de choses simple, délicate et enivrante qu'il avait oublier. Mais parmi toute les règles simples, c'était bien celle-ci, la plus importante. Comment profiter simplement de l'amour, ou des personnes chères quand on pensait toujours au lendemain, aux autres, à la tristesse et aux difficultés? Comment trouver un simple moment de repos, un simple moment pour aérer son esprit, pour aérer son cœur? Par ce baisé offert, par cette magie si étrange, la Nymphe, malgré une action que l'on pouvait qualifier de coupable, avait relancer bien des engrenages chez le bon fils Tilliann. Quand il posait ses yeux dans ceux de Séléna, il souhaitait que cela dure une éternité. Comme quand sa peau rencontrait la sienne, quand il pouvait sentir la douce odeur de cette formidable femme... Quel que soit le chemin sur lequel il pouvait marcher aux côtés de la Sentinelle, il risquerait de la suivre aveuglément. Avec le sourire.

L'amour était un risque. Certains pensent que c'est une faiblesse à cause de cela. Mais pour Dorne, qui avait vécu le meilleur et surtout le pire de l'amour...
C'était surtout la façon la plus étrange et formidable qu'il pouvait y avoir afin de s'ouvrir au monde. Et son monde, il souhaitait que ce soit Séléna.

Cette dernière semblait d'ailleurs perdue alors que le nécromancien avait parlé du côté romantique d'avoir complétement réservé tout un restaurant. Que ce soit sa façon de cligner rapidement des yeux, de poser la question et tout de suite après sembler vivre dans l'hésitation cruel de son cœur. Difficile de ne pas remarquer que la pauvre âme se mettait énormément de pression. Trop, probablement. Voulait-elle que tout soit parfait à chaque fois? Ou juste pour lui? Finalement, l'ancien docteur ne connaissait pas toute les ficelles de l'immense main qui faisait danser sa compagne, comme lui même ne connaissait pas tout les filaments qui le faisait bouger... Mais cette soirée était la pour ça non?

"Cela dépend des personnes, je suppose. Beaucoup n'aiment pas les grandes démonstrations d'attentions, et certaines n'aiment tout simplement pas se sentir afficher d'une certaine façon..." Dit-il, haussant les épaules, avant de sourire délicatement à sa tendre compagne. "Mais moi, j'aime bien. Cela montre que ce qu'il y a la..." Dit-il, en déposant un doigt délicat au niveau du coeur de la Nymphe. "Est la chose précieuse que je me dois moi aussi de faire battre. Comme ce que tu as réussie à faire, avec cela."

De sa main de libre, il montra alors le restaurant, toujours souriant. Il se souvenait, de sa jeunesse. A peine la vingtaine passé, pauvre comme pas permis de par sa lignée, qui pourtant faisant tout son possible pour offrir tout ce qu'il pouvait à Edana. Voir quelqu'un lui offrir cela en retour, cela lui faisait comprendre la joie qu'il avait apporter... Et cela lui faisait encore plus de bien. Finalement, en s'ouvrant à un futur avec la sentinelle, il commençait à comprendre que le passé n'était pas une prison, mais un exemple, un tableau d'essai qui nous permettait de comprendre les bonnes des mauvaises choses.

Peu après vint le compliment sur la capacité que devait avoir Séléna au sein des explorateurs, compliment qui semblait l'avoir délicatement touchée puisque d'un coup, une grande partie de ce qui pouvait ressembler à du doute s'envola pour une certaine fierté, une certaine grandeur. Mince, quel que soit le visage qu'elle prenait, il était impossible pour Dorne de ne pas la trouver ravissante... Manquant de se pincer la lèvre, il profita de l'écoute pour se ressaisir, voyant alors une pointe d'orgueil s'évanouir bien rapidement dans la crainte du jugement peut-être. La voir redevenir cette jeune femme vulnérable poussa le nécromancien à lui prendre délicatement une de ses mains avec deux des siennes. L'une, caressant le dos de la main, l'autre, faisant des petit cercles devenant petit à petit des coeurs du bout de son indexe dans le creux de sa paume. Comme une façon de la rassurer.

"Je suis désolé d'avoir amené sur le tapis quelque chose de peu plaisant alors. Tâchons d'apprendre correctement tout les deux la véritable image de toi ce soir, et tout ce qui te concerne alors, d'accord?"

Sourire toujours présent sur les lèvres, c'est à contre-coeur que l'ancien médecin relâcha la main de sa compagne, une fois seulement qu'il fût sûr qu'elle avait repris un peu plus de substance. Pour cela il y avait les gestes, mais aussi les mots, comme signaler à la personne que l'on aimait l'envie de consolider une relation en l'assumant, chose qui ne dérangeait clairement pas le fils Tilliann et semblait en plus clairement faire plaisir à la belle Nymphe. Au grand bonheur de Dorne. Même si ce bonheur s'évapora légèrement auprès de ses propres doutes... Même si le nécromancien pouvait sembler par bien des aspects confiants, il avait clairement la chance d'avoir eu de l'expérience, et son esprit était habitué au doute pour parfois s'en servir à son avantage, il n'en restait pas moins un être qui était bien facilement perdu par moment. Lui aussi ne voulait clairement que le bonheur de Séléna, et sa dernière envie, c'était de la voir souffrir, ou pire, d'être une des raisons de sa souffrance, directement ou non...

Mais la peur et le doute vinrent à disparaitre, remplacé par une légère surprise inquiète face au regard noir et la menace jeté par sa compagne. Clairement, il ne voudrait certainement pas être l'imbécile qui, à défaut de lui faire mal, serait celui qui la mettrait en colère. Il n'avait aucune raison de contester sa capacité à faire taire quelqu'un... Déjà qu'il ne doutait pas de sa capacité à elle de le soulever comme un sac de fruits... Et même si le sourire de la sentinelle revint, reprenant sur une autre partie de la conversation, il fallut un certain temps pour le jeune homme afin de retrouver, lui aussi un visage un peu plus paisible après la légère dose de crainte offerte. Sourire qui se changea en interrogation. Cette jeune femme, trop froide? Une main de marbre? En soi, il pouvait le concevoir, le tout début de la soirée avait été... Froide dans un sens. Et une partie de la conversation aussi, avant que vraiment, l'un comme l'autre ne décident d'ouvrir un peu leur immenses carapace.

Comprenant que Séléna en avait gros à dire, il la laissa alors continuer, posant délicatement ses coudes sur la table, se servant de ses mains pour bloquer sa tête afin de continuer à admirer la beauté de la Nymphe, en observant la douceur se ses lèvres bouger à chaque mots. Analysant alors la situation, il hocha la tête quand à la fin des paroles de la douce femme.

"Je t'en ferais part, Séléna." Dit-il, alors que la serveuse semblait s'approcher d'eux. "Et n'ai crainte, être associé à toi me provoque surtout du bonheur."

Un léger clin d'oeil complice accentua l'arrivé du vin. Voyant la guerrière lui pousser son verre, Dorne compris bien le signal et vint à la prendre, ne souhaitant clairement pas faire attendre la pauvre organisatrice de la soirée. Le tout avant de rougir face aux compliments de sa Belle. Détournant alors le regard, gêné, utilisant sa main libre pour gratter délicatement l'arrière de son crâne. Entendre ce genre de paroles de quelqu'un qui fait battre votre coeur, cela avait clairement une saveur bien plus enchanteresse, bien plus forte et, clairement...Cela lui faisait un bien fou.

Levant son verre, face à la souffrance comme au bonheur, il trinqua alors avec la Nymphe, sourire aux lèvres. Reprenant la fin de la phrase de la jeune femme, la changeant simplement, disant alors...

"A nous, Séléna." Rendant alors son sourire intimidé, car lui aussi, se sentait de plus en plus désarmé face à la force et la tendresse de cette guerrière... "N'ai aucune crainte, ma chère, si l'univers pouvait m'accorder ce souhait, j'aimerais déjà avoir la chance de passer toute mes prochaines soirées avec toi."

Buvant alors une gorgée de vin, le jeune homme pût alors sentir la chaleur de l'alcool couler en son sein, profitant de ce délicieux breuvage dans sa bouche, dans son corps pour fermer les yeux quelques secondes, soupirer de plaisir, et revenir à la réalité.

"Merci pour tes paroles, juste avant, sur... Ce que je suis. Venant de toi, ça... Cela me touche vraiment. J'espère sincèrement un jour être plus pour cette Cité. Être plus pour cette nouvelle civilisation. Mais aussi et surtout, je..." Hésitant légèrement, toussant pour se donner du courage, il reprit. "Je souhaites êtres aussi plus pour toi." Son sourire décida de revenir alors au galop à cet instant la. "N'oublie pas après tout, que moi aussi, je profite d'avoir la chance de passer du temps avec toi."

Un léger rire, léger sortie alors de sa bouche, réussissant à retrouver le doux plaisir de se détendre. Il y avait clairement dans ce lien qu'il nouait avec la sentinelle quelque chose d'électrisant, de fort, d'intense... Quelque chose qu'il n'avait clairement jamais ressentit. Et ça, il en était clairement déstabilisé.

"Je veux clairement apprendre la moindre chose sur toi, Séléna. Faire de nous quelque chose de sérieux, de solide... Afin que rien ne puisse nous atteindre. Je sais que c'est toujours difficile de s'ouvrir aux autres mais... Pour que cette histoire fonctionne, je suis prêt à t'ouvrir plus que mon cœur. Car je souhaites que l'on s'ouvre à deux un avenir commun."

KoalaVolant

La tenue de Dorne

Dim 21 Jan 2024 - 17:57

SélénaBrinclair

Pour que tu m'aimes encore...

DorneTilliann

La simple idée que Dorne puisse être tourmenté à cause d’elle suffisait à serrer la gorge et le coeur de la nymphe. N’était-ce pourtant pas ce qui arrivait à chaque personne qu’elle daignait approcher d’un peu trop près ? Peu nombreuses, les relations amicales et amoureuses de la jeune femme se comptaient sur les doigts d’une main, et si elle était tout à fait honnête avec elle-même, la plupart étaient sur le déclin. Les explorateurs la considéraient comme une supérieure et elle s’était arrangée pour ne jamais être rien de plus, de peur que la complicité ne les rende trop arrogants vis à vis des alentours d’Azamyr, qu’ils s’amusent jusqu’à ce qu’un incident se produise. Séléna vivait dans l’expectative, dans l’attente d’une catastrophe qui lui pendait au nez. Aussi, la chaleur qui grandissait dans sa poitrine quand elle posait ses yeux ambrés sur le bibliothécaire la décontenançait considérablement. Fort heureusement pour ses angoisses, le nécromancien possédait une capacité dont nul autre ne disposait : celle d’apaiser la nervosité d’une nymphe bien trop perfectionniste. Alors que la voix douce et assurée de Dorne résonnait dans le restaurant entièrement vide si ce n’est pour eux et pour la serveuse qui profitait d’une soirée reposante, la sentinelle pouvait sentir ses muscles se détendre progressivement, ses sourcils cesser de se froncer et ses lèvres se fondre dans un sourire timide.

Le rouge qui parcourait déjà ses joues ne fit que s’accentuer sous les mots tendres du bel âtre qui la dévisageait, et elle ne put retenir un petit rire nerveux. « J’ai l’impression que tu es la nymphe, et que je suis le nécromancien. Je ne porte pas très bien les couleurs de ma nouvelle race. ». La séduction se devait être son principal atout, pour autant elle ne le maîtrisait absolument pas. Les nymphes devaient charmer, séduire, attirer les âmes fébriles dans leurs filets pour ensuite les transformer en parfaits petits pantins transis d’amour. Dès son arrivée à Ozéna, Séléna avait éprouvé de réelles difficultés à se faire à sa nouvelle nature. Sans doute que si cela était possible, elle se serait plaint au responsable des assignations, préférant se retrouver dans la peau d’une race guerrière. Une malakim, cela aurait sans doute été parfait, mais le destin aimait jouer avec l’ironie et avec les nerfs de la demoiselle. « Tu n’as pas besoin d’être plus. Tu es déjà tellement. Tu fais déjà tant. ». Si elle ne pipa mot sur les origines de la confiance en elle qu’elle montrait actuellement à son sujet, la réalité était bien plus sombre. Durant ces quelques jours de séparation, la sentinelle avait déployé des stratagèmes bien particuliers afin d’en apprendre plus sur le bibliothécaire, à commencer par soudoyer Cassia. Qui de mieux pour lui donner des informations que celle qui passait chaque jour à ses côtés ?

« C’est… C’est ce que je veux également. Ce que j’espère, en tout cas. ». Pouvait-elle seulement être sûre de ce qui se passait entre eux, alors que tout avait commencé aussi soudainement ? Séléna disait l’aimer et elle le pensait, néanmoins cela ne suffisait pas. L’amour en-lui même ne suffirait pas non plus à maintenir leur relation à flot, à la rendre solide. La nymphe ignorait tout de l’art et de la manière pour créer un lien aussi puissant que celui-ci, mais rien ne pouvait contrer sa soif d’apprentissage, de connaissances. Si cela concernait Dorne, alors elle aurait soulevé des montagnes. Son regard suivit ses mains qui se baladaient des siennes au haut de son crâne, relevant un petit épi noir qui la fit doucement sourire. Dans sa simplicité, le bibliothécaire débordait de charme, un de ceux qui ne pouvaient laisser indifférent. Elle avala une gorgée de vin de paleberge avant de reprendre la conversation, la tête légèrement penchée sur le côté dans l’interrogative. « En… En savoir plus sur moi ? Tu sais Dorne, il n’y a pas grand-chose à dire. ». Dans les faits, Séléna ne se définissait que par son goût pour l’ordre, son éducation militaire ainsi que … sa sœur. Une pointe d’amertume s’installa dans sa voix qui sembla dérailler un instant avant qu’elle n’avale sa salive. « J’ai… J’ai toujours été comme ça. Sur Terre, j’étais militaire. Je partais un peu partout dans le monde, mais malheureusement, ce n’était jamais pour visiter. ». Parfois, il arrivait à la nymphe d’être nostalgique de cette époque où elle pensait avoir trouvé sa voie. Aujourd’hui, rien n’était moins vrai.

« Comme… Comme tu peux t’en douter c’est la toute première fois pour moi que… enfin... ». Son regard fuyait dans les recoins du restaurant, tandis que les cartes des plats étaient enfin amenées, lui sauvant temporairement la mise. « Tu… Tu sais comment faire, alors que ce genre de… d’interactions est… complètement inconnu au bataillon pour ma part. ». Repenser au fait que le nécromancien avait pu avoir quelqu’un d’autre avant elle lui fit un petit pincement au coeur, qu’elle décida d’ignorer. « Mais je ferais de mon mieux, j’apprendrais, alors... ». Son sourire se fit plus franc. « Merci de me laisser essayer Dorne. ». Plus elle repensait à la soirée qu’ils avaient passé ensemble, plus elle doutait. L’incompréhension grimpait en flèche, l’inexplicable étant arrivé, elle souhaitait tout de même le décortiquer. C’était peine perdue, toutefois Séléna n’était pas connue pour abandonner si rapidement. « Alors dis-moi, si ce n’est pas indiscret… Parmi toutes les professions que tu aurais pu choisir sur Ozéna, pourquoi bibliothécaire ? J’en suis ravie, ne te méprends pas, seulement j’aimerais savoir. ». Elle n’osa pas remuer le couteau dans la plaie en lui demandant pourquoi il n’était plus médecin, alors même qu’elle lui avait avoué ne pas porter cette profession dans son coeur à leur première rencontre. La perte de sa femme avait du avoir un impact colossal sur sa psyché, et elle n’aurait voulu gâcher ce moment pour rien au monde. Doucement, sa main alla prendre la sienne avant de remonter jusqu’à son visage, essuyant une goutte qui perlait au bord des lèvres du nécromancien. « Tu.. Tu en avais un peu sur la joue. ».

Codage par Eirôn

Dim 28 Jan 2024 - 16:32

Feat Séléna Brinclair

Pour que tu m'aimes encore... - 23 Septembre 118

La vie, l’humanité, l’amour… Tant de choses qui semblaient si simples lorsqu’on observait de loin, mais qui devenaient terriblement compliquées lorsqu’on décidait de se l’offrir à soi-même. Il n’y avait qu’à prendre l’exemple de ce pauvre Dorne, face à la belle Séléna. Pour lui, essayer de la rassurer, vouloir la voir sourire, la rendre heureuse était comme une seconde nature. Comme un organe ayant toujours été présent dans l’enceinte même du corps du fils Tilliann. Pour celui qui avait déjà connu l’amour, pour celui qui avait vécu toute sa vie pour vouloir sauver et protéger les autres… Il n’y avait pas plus simple, lorsqu’enfin son âme décidait de renaître des abysses qui avaient tant fait souffert son mental, son moral et tout simplement sa vie… Mais lorsqu’il devait commencer juste un peu à s’observer lui même? C’était un tout autre drame. Il y avait des débuts de craintes, de doutes, de peur… Car il se voyait comme il était, vulnérable, remplis de défauts et comme ayant été incapable de sauver comme il l’aurait voulue. Mais, et la question était de savoir si c’était positif ou non, quand il posait son regard sur la Nymphe, il n’y avait pas de “Je”. Il n’y avait pas de “Dorne”. Pour lui, c’était un “Nous” qu’il souhaitait créer avec Séléna. Et il était bien plus facile de se dire que si l’autre allait mieux, alors, nous même, avons la possibilité d’avancer. Main dans la main, tout le long du chemin. Si elle était nerveuse, si elle avait peur, si elle doutait… Alors il la regarderait à chaque fois avec l’amour qu’il portait en lui pour souffler délicatement chaque parcelle sombre.

Même si certaines devaient retomber sur lui, tant pis. L’amour était un partage, un sacrifice. Car à la fin, cela valait tellement le coup, si ça fonctionnait…

Alors forcément, voir la belle guerrière rougir et plaisanter sur la condition des deux êtres le fit sourire à son tour. En soi, difficile de dire pourquoi l’univers avait décidé de faire d’eux ce qu’ils étaient. Un nécromancien, pour un médecin, une Nymphe pour une guerrière. Il devait bien y avoir une raison, mais laquelle? Quelque chose qui dépassait probablement leur compréhension, actuellement? Mais qui se révélera dans le futur? Ou bien un sombre secret qui ne sera jamais révélé. Cela dit, le simple fait de se voir en créature du charme fit rire l’ancien médecin qui posa une main sur sa bouche afin de diminuer l’intensité de son, avant de reprendre son sérieux et de regarder la jeune femme droit dans les yeux, une immense pointe d’amour pouvant se lire dans ses pupilles.

“Tu portes très bien tes propres couleurs, Séléna. Et c’est ce qui fait ton charme à mes yeux.” Puis, croisant les bras tout en se mettant contre le dossier de sa chaise, il vint à lui sourire, toujours dans la même douceur. “Il est toujours plus facile de se juger durement, hein? Alors compte sur moi pour équilibrer cela.”

Si seulement quelques secondes, il pouvait-être capable de la faire sourire. Si juste quelques secondes il y avait cette possibilité de lui faire oublier ses craintes ou ses doutes, les prendre pour lui dans le creux de son cœur… Il le ferait, à chaque fois. Un petit sacrifice, tout ce qu’il y avait de plus noble quand on aimait. Et cet amour, comme la plus belle et douce des flammes naissante, il ne comptait pas la voir être soufflée de sitôt.

Quand vint la remarque de la guerrière sur ce qu’il était, l’ancien médecin vint à rompre le regard, légèrement gêné, venant instantanément se gratter l’arrière du crâne. Pour celui qui se dévalorisait si souvent, recevoir une telle ode à sa personne était assez troublant pour le faire rougir. Il en vint même à tousser pour espérer remettre son esprit sur les rails. Par les Quatre, c’était clairement quelque chose qui faisait un peu battre son coeur mais… Il lui était impossible de ne pas essayer de faire mieux, pour elle en tout cas…

“Il y a… Enfin… Tu sais… Il n’y a pas… Pas de plus grand plaisir que de toujours… Vouloir donner plus, à celle qui nous fait perdre la tête alors… Enfin… Je tiens à toi, cela me semble donc normal…”

Donner, recevoir… Le cercle vertueux de l’amour. Impensable de n’être que donneur, et si douloureux de n’être que receveur… Pour le fils Tilliann, de cette relation, il voulait en faire le rond parfait, et même s’il voyait en cette belle sentinelle l’espoir d’une avalanche d’attention, il était hors de question de la voir seule grimper les sommets, très clairement.

Ils grimperont à deux, main dans la main. Et c’est d’ailleurs la confirmation sortant de la bouche de sa dulcinée qui soulageait toujours un peu plus notre bibliothécaire amoureux. Un peu intimidé certes, essayant d’occuper ses mains, son corps, cherchant un poile dans l’alcool force et réconfort pour ne pas perdre la tête face à Séléna, cherchant aussi sujets de discussions mais aussi d’informations. Pour cela, le nécromancien vient à demander d’en savoir plus sur la Nymphe, de manière innocente. Finalement, il connaissait si peu de choses d’elle, et, pire que tout, il ne connaissait personne de son entourage proche. Si elle en possédait, toutefois vue le poids qui semblait parfois écraser son moral quand elle parlait de ses liens chez les explorateurs. Mais le fait d’avoir voulu en savoir plus semblait avoir légèrement déstabilisé sa dulcinée qui d’abord refermait la question en se rabaissant avant de rebondir sur son passée de militaire. Mais même là dessus, ce fût quelque chose de rapidement abordé sans réelle continuité. Ce qui était dommage après tout, l’ancien médecin ayant espéré voulu en apprendre juste une miette de plus…

“Allons, il y a plein de petites choses qui peuvent être intéressantes à savoir… Par exemple… Lisais-tu? Entre tes missions? Avais-tu de la fierté à servir comme militaire? Ou même, voyager sans visiter, ça t’apportait une sensation de dépaysement? Certaines choses que tu aimais, en dehors de ce métier, dans ta vie… Je ne veux bien entendue pas que tu me dises des choses que tu veux garder pour toi, bien entendu. Je veux juste… Connaitre la moindre petite miette de toi.”

Et ce fût alors un petit sourire attendri qui se dessina sur le visage de notre protagoniste, espérant détendre un peu sa comparse. Si elle souhaitait par contre réellement couper court à cela, il ne s’en offusquera pas. Il ne voulait pas la pousser vers une direction qui pourrait l’embêter. Et dans ce cas là, il chercherait autre chose. Il y avait bien des façons de connaître une personne lors d’un dîner après tout.

Quand Séléna décida de reprendre la conversation à son compte, toujours dans cette espèce de timide coquille de papillon souhaitant s’échapper de son cocon, tout ce que pouvait faire Dorne à ce moment était de la regarder avec un doux sourire, le regard attendrie de voir cette pauvre Nymphe parler de cette première romance, de son envie d’apprendre, de faire de son mieux, d’évoluer… Bon sang, comment ne pas craquer? Comment ne pas avoir envie de s’avancer doucement, se pencher et l’embrasser délicatement pour lui montrer à quel point tout ce qu’elle disait rendait fou d’amour ce pauvre être vivant? L’envie était présente, intense mais… L’homme dût se contenir. rester en place et sourire.

“Allons, c’est parfaitement normal Séléna. Tu souhaites faire les choses bien et… Je trouve ça beau, les gens qui essayent, justement. Essayer, s’améliorer… Je n’ai aucun doute sur le fait que tu feras de ton mieux. Et j’ai hâte de voir tout ce que tu peux me réserver, car je suis sûr que je vais aimer chaque tentative!”

Reprenant un verre d’alcool, faisant tourner le délicieux breuvage dans sa bouche avec délicatesse pour amplifier le goût, le nécromancien resta à l’écoute face à la question de la Nymphe. Il ne pensait certainement pas que ça puisse venir aussi vite sur le tapis… Alors il fit en sorte de réfléchir un peu, feuilletant à moitié la carte d’un regard distrait pour trouver les mots qui lui semblait le plus correct. Pourquoi être devenu bibliothécaire…

“Je…” Commença t’il, hésitant. “Je me suis fait une promesse, très jeune. C’était d’aider les gens. Alors, bien entendu, tous les métiers servent à aider les gens, du fermier à l’artisan en passant même par cuisinier. Mais quand j’ai décidé de vraiment changer de voie… J’avais encore l’appel du scientifique qui résonnait dans mon âme, tu vois? L’envie d’apprendre, l’envie d’enseigner, de partager. Et les livres, ce savoir… Permettait d’aligner toutes les facettes possibles afin de me garder entier, je suppose? Comme un catalyseur. Je peux apprendre. Je peux écrire. Je peux partager. Je peux sauver et je peux faire avancer les choses. Je pense que c’est ce qui m’a décidé. Et je pense que c'est ce qui m'a fait évoluer un temps, avant de... De perdre pieds un temps. J'étais médecin, c'est ce qui permet à l'Humain de survivre. Mais l'éducation, l'art, les livres... Permet à l'Humanité de vivre, non?”

Plus il parlait, et plus Dorne trouvait une certaine flamme dans son regard, une certaine passion. La même qu’il avait eu lors de l’ouverture de sa boutique, la même qu’il avait eu au tout début quand il y avait encore tellement de choses à apprendre, à comprendre… Cela s’était retrouvé enfoui et perdu quand son mental avait de nouveau craqué. Mais tout reprenait doucement vie avec Séléna. Finalement, peut-être avait-elle raison? C’était-elle la nécromancienne, capable de faire revivre ce qui semblait mort depuis si longtemps?

“Et… toi?” Demanda-t’il, un peu hésitant. “En tant qu’ancienne militaire, tu aurais pu faire partie des Veilleurs ou servir ta maison. Pourquoi la guilde des Explorateurs spécifiquement?”

Faire comme avant? Voyager partout, mais cette fois-ci avoir l’occasion de visiter? Il était intriguant de savoir ce qui pouvait mener quelqu’un à faire son métier, il était vrai. Et ce serait mentir de dire que cela n’intéressait pas un minimum le fils Tilliann

Et son esprit commençait déjà à partir sur de vastes suppositions quand la main de son amoureuse le fit sortir de sa rêverie, le faisant légèrement trembler d’une douce excitation. Il n’y avait rien de mieux que le contact de la peau de sa partenaire, et la sentir remonter tout le long de son corps le faisait frissonner avec ardeur… Jusqu’à sentir le contact de ses doigts sur sa bordure de lèvre. A cet instant, de nouveau, l’envie d’aller embrasser cet ange divin lui reprenait, celle pour qui, même si la magie avait été présente, il avait décidé de tout donner. C’est pour cela qu’alors qu’elle s’excusait, d’une douceur si enivrante, il vint de sa main libre attraper délicatement cette main encore si proche, offerte. Embrassant alors le doigt qui avait récupéré la fine gouttelette, embrassant par la suite délicatement chaque phalange, puis, pour finir, un long baisé dans la paume de la main de Séléna qu’il fit en sorte de refermer délicatement avant de la lâcher.

“Désolé… Je rêve de pouvoir t’embrasser de nouveau, alors… Je pensais que ce baiser messager réussirait à compenser un peu cela…” Les joues totalement rouge de cette action quelque peu irréfléchie, le jeune homme détourna le regard vers un coin de la pièce, toussotant alors. “Je trouve ta présence… Le contacte de ta peau… Si réconfortant, Séléna… Comme le plus doux et chaleureux des cocons… Comme l'envie de toujours te garder à mes côtés.”

Après cette légère déclaration, Dorne déplaça son regard dans celui de la Nymphe, un doux sourire sur le visage. Plein de tendresse et d’amour. Gardant alors le contacte quelque secondes, sans rien dire, dans un silence quasiment religieux, juste pour le plaisir d’observer la plus pure de toute les beautés… Et quand le temps semblait enfin toucher à sa fin, il leva une main en direction de la serveuse pour commander.

KoalaVolant

SélénaBrinclair

Pour que tu m'aimes encore...

DorneTilliann

S'il existait un mot pour définir ce que Séléna ressentait quand elle posait ses yeux ambrés sur Dorne, elle ne le connaissait guère. Son regard dansait entre le plancher, leurs verres, les épis insolents de sa chevelure noir de jais et ce sourire ravageur qui lui faisait perdre ses moyens. Dans cette cavalcade déchaînée, la nymphe ne savait quel tempo adopter, quel rythme suivre. Elle qui menait toujours la danse se retrouvait mains et pieds liées par une timidité qu'elle cachait d'ordinaire sous une montagne de sévérité et d'intransigeance, et si cette situation la mettait hors d'elle, elle savait qu'elle ne pourrait y échapper. A l'instant où ses bottes avaient franchi le pas de la porte de la bibliothèque, où ses premiers mots avaient quitté ses lèvres, l'univers avait scellé leurs destins. Aussi étrange que cela puisse paraître, la sentinelle se surprit à croire que leur union pouvait durer, qu'ils surmontraient les obstacles qui se mettraient sur leur passage. Seul le temps, cruelle entité, saurait lui donner la satisfaction de la raison ou l'agonie de l'échec. Pour l'heure, elle devait se concentrer, paradoxalement, à ne pas penser. Ne pas imaginer ce à quoi pouvait ressembler le lendemain, simplement espérer qu'elle ne se réveillerait pas seule.

L'enchaînement de questions fit s'arrêter la demoiselle dans son fil de pensées, la prenant par surprise. Peu de gens sur Ozéna connaissaient son passé, son ancienne carrière. Encore moins se permettaient de poser des questions. Après tout, les vies antérieures restaient étrangement tabou à Azamyr, comme si la plupart des habitants désiraient les oublier. Séléna ne pouvait que comprendre, quand bien même aucun traumatisme profond n'avait jonché son existence, cela ne lui donnait pas plus envie d'en parler. Un minuscule sourire apparut sur ses traits, faisant remonter le rouge de ses joues près de ses paupières et elle se mit à réfléchir. « Je n'ai jamais été une grande lectrice, à mon grand désarroi. ». Un petit rire nerveux la parcourut. « Je sais, paradoxal quand on sait que je suis venue te déranger dans ta bibliothèque. La vérité étant que j'ai toujours apprécié la lecture mais je ne m'en suis jamais donnée le temps. Je possédais des dizaines et des dizaines d'ouvrages que je n'ouvrais jamais, sans cesser d'en accumuler. ». Acheteuse compulsive, la jeune femme avait une vilaine tendance à chercher du réconfort dans les biens matériaux, chose qui lui était passée en arrivant sur Ozéna, sans doute car l'azyria était à ses yeux bien plus précieux que l'argent sur Terre. « Si je devais choisir un style, et ce ne sera probablement pas une surprise pour toi tant cela va te paraître cliché… Ce serait le policier. Je prends… Enfin je prenais énormément de plaisir à lire une enquête de bout en bout. ». Quant au dépaysement… Dubitative, la nymphe fit la moue durant quelques secondes. La question était légitime, mais sa réponse si ennuyeuse et morne qu'elle risquait de briser l'élan de confiance que Dorne lui avait miraculeusement octroyé. « Il y a eu une fois, en Écosse, où j'ai eu la chance de pouvoir observer le peu de verdure qu'il restait sur Terre. J'aurais voulu ne jamais partir, mais la vie de militaire fait… faisait que je n'avais pas le choix sur mes destinations ou le temps que j'y passais. Si j'avais eu ton talent en dessin, j'aurais sûrement pris le temps de faire des croquis des rares paysages qu'il m'était donné d'observer. ».

Silencieusement, Séléna prit le temps d'écouter les explications du nécromancien, de boire ses paroles comme celles d'un évangile. Ainsi tout découlait de la même source, de la même envie : celle d'aider autrui. Aux yeux de la nymphe, Dorne aurait bien pu être un malakim tant sa bonté d'âme le rapprochait des anges. « Tu as raison. D'autant plus dans un monde dans lequel il y a tout à découvrir. ». En arrivant sur Ozéna, il avait décidé de saisir les clefs de la Sagesse et maintenant il se permettait de voler celles qui gardaient l'accès à son coeur. Peut-être n'était-il pas aussi sage qu'elle aimait l'imaginer. « Dire que beaucoup pensent que science et art sont diamétralement opposés. Tu fais en sorte que ces deux facettes se rejoignent harmonieusement. Je te jalouse. ». Elle pouvait donner l'impression d'exagérer, pourtant il n'en était rien. En le connaissant à peine, Séléna débordait d'admiration pour Dorne, alors elle n'osait guère imaginer ce que ses sentiments donneraient une fois qu'elle le connaîtrait sur le bout des doigts, si tant est qu'il acceptait de lui donner sa chance. Son baiser sur sa main la fit rougir de plus belle avant que son discours ne rende son regard fuyant. La tension entre leurs deux corps était palpable, électrique. Le goût de l'interdit ne rendait leur interaction que plus dangereuse encore, et c'est après un petit soupir d'appréhension que la nymphe osa ouvrir la bouche. « Il n'y a rien que j'aimerais plus que de pouvoir à nouveau t'embrasser. ». Pas ici, pas maintenant. Le résultat de leur dernier baiser avait été dévastateur, et elle avait promis de courtiser au mieux le bibliothécaire, de se prouver digne d'un amour qui ne lui avait jamais été porté. L'arrivée de la serveuse la fit s'arrêter dans son admiration transie et elle reporta son attention sur le menu. Son choix se porta sans surprise sur un potaufeu épicé à la molunisa et une fois la carte rangée, elle se décida à répondre à la dernière question posée par celui qu'elle espérait être son futur compagnon.

« Pour les explorateurs, eh bien… ». Elle ferma les yeux, une vague de peine la submergeant. « Quand nous nous sommes rencontrés Dorne, je t'ai odieusement et égoïstement déclaré que je détestais les médecins. Je te présente mes plus sincères excuses, néanmoins cette frustration n'est pas sortie de nulle part. ». Refusant de céder à la nervosité, elle redressa la tête et reprit la main du bibliothécaire dans la sienne, cherchant son soutien, son réconfort. « J'ai rejoint les explorateurs car je suis à la recherche de quelque chose. Je serais bien incapable de te dire s'il s'agit d'un animal, d'une plante, d'un minerai… ». Depuis son arrivée à Azamyr, Séléna n'avait fait aucun progrès et cet échec cuisant la minait énormément. « La clef que j'ai utilisée pour venir ne m'appartenait pas. Elle était à ma soeur, Hannah. Elle allait l'utiliser quand elle est tombée gravement malade, et a décidé de me la céder. Quand je suis partie, je lui ai fait la promesse de revenir avec un remède. ». Un énième rire nerveux la fit sursauter doucement. « J'étais encore un peu jeune et naïve, penser trouver un remède miracle à un cancer de l'estomac, cela aurait été inouï. Aujourd'hui, je suis toujours au même point qu'à mon arrivée, malgré les dizaines et les dizaines d'explorations, malgré ma persévérance à me rapprocher des dryades pour leurs capacités extraordinaires concernant les végétaux. Une décennie est passée, et pour être tout à fait honnête avec toi, je ne suis plus sûre que ma quête ait le moindre sens. Mais je me suis tant engagée que je ne me vois pas faire machine arrière et abandonner la guilde. Ils sont devenus mon foyer, même si la plupart ne m'apprécient pas. ». Etrangement, Séléna parvenait à lutter contre le désespoir qui se frayait un chemin jusqu'à son cerveau endolori. Elle ignorait pendant combien de temps elle parviendrait à tenir le choc, mais Dorne méritait d'entendre la vérité. « J'ai également fouillé entièrement ta bibliothèque plus d'une fois à la recherche d'un miracle, tu t'en doutes. ». Puis elle haussa les épaules, à moitié avachie sur sa chaise alors que le doux fumet de son plat commençait à arriver jusqu'à ses narines. « Je suis désolée de ne pas avoir de beaux contes à te raconter, Dorne. Jusqu'ici, ma vie a été ennuyeuse. J'ai bon espoir que la suite s'éloigne de cette tendance. ». Elle se releva doucement, se penchant au-dessus de la table pour déposer un baiser rapide et chaste sur les lèvres du nécromancien, priant pour que ses pouvoirs n'agissent pas à sa place. « Je compte sur toi pour m'aider dans cette tâche. ».

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Feat Séléna Brinclair

Pour que tu m'aimes encore... - 23 Septembre 118

Il y avait parfois une certaine ironie avec le tic-tac de la vie. En fonction de comment l'on pouvait voir notre vie évoluer, il nous revenait de bien des façons. Pour Dorne, il y eu un long moment où ce tic-tac allait trop vite, beaucoup trop vite pour lui. Quand il était en médecine, quand il voyait son cursus ne pas aller assez vite mais au contraire, voir ses parents mourir à petit feu sans être capable de pouvoir les sauver. A ce moment-là, il aurait voulu ne pas voir les aiguilles défiler si vite, qu'il puisse alors profiter efficacement du temps qu'il pouvait avoir avec eux ou trouver une solution à leurs maladies. Mais non. Puis après la mort d'Edana, c'était le contraire. Il entendait le tic-tac. Si lent, si fort. Comme un bruit amplifié capable de briser les tympans. Ne s'arrêtant jamais, inexorable comme la fin. Comme une longue descente aux enfers qui vous fait remémorer à chaque instant le temps qui passe, avec ou sans vous. Et cela avait duré tellement d'années horribles. Et finalement, voilà que le fils Tilliann avait une nouvelle façon de voir ce tic-tac. Il ne l'entendait plus. Quand il était avec Séléna. Comme l'impression d'oublier hier, d'accepter le lendemain et de vivre l'instant présent. Comme si finalement, pour une fois, il ne cherchait pas à contredire le temps. Et pour cela, il avait fallu d'une simple action. Qu'une Nymphe soit assez courageuse pour aller dans l'antre d'un bibliothécaire sans savoir ce que le destin pourrait offrir. Un courage qu'honorait le nécromancien. Comme celui de voir une femme qui malgré ses peurs, ses doutes et sa fragilité, cherchait à faire les choses biens. C'est cette inspiration qui permettait à notre protagoniste de ne plus entendre ce fichu tic-tac. Mais, plutôt, de vouloir juste écouter son cœur, et celui de cette merveilleuse femme.

Et pour entendre le cœur de quelqu'un, quel meilleur moyen que d'en apprendre plus sur elle? C'est donc avec une certaine liberté que l'ancien médecin vint à aller à la pêche aux informations. Se demandant bien ce qui pourrait en sortir, souhaitant après tout lui aussi apprendre sur le bout des doigts qui était Séléna Brinclair. Face à son léger sourire presque invisible qui donnait à son visage une douceur incroyable, se mariant divinement bien à ce rouge délicat. Posant une main sur son menton, comme en pleine réflexion, Dorne resta alors à l'écoute de toutes les informations qu'on pouvait lui donner sans jamais montrer le moindre jugement ou prendre la parole. C'était le moment de la Nymphe, et il ne voulait clairement pas la déranger. Quand on s'ouvrait, ce n'était certainement pas pour être arrêté toutes les deux minutes par un goujat. Il voulait que la confiance devienne un élément stable et fort de ce couple, et si la guerrière en face de lui faisait de son mieux pour mettre sa magie de côté, lui aussi se devait de tout faire pour que les choses se passent bien. L'idée même que sa dulcinée collectionne les livres l'amusait quelque peu, bien que ce soit dommage qu'il n'y ai pas le temps de les lire. Compréhensible cependant si c'était une personne envoyée à droite à gauche en mission. Comment lire, si on ne pouvait rester au calme? Cela ne faisait que gâcher la lecture.

Surtout pour quelqu'un qui aimait la lecture policière, ce serait dommage de ne pas être à fond dedans du début à la fin. L'espoir profond du fils Tilliann était que maintenant, dans cette nouvelle vie, elle puisse retrouver ce plaisir, peut-être? La question sur le dépaysement peina un peu plus l'ancien médecin qui se demandait combien de fois la pauvre protectrice avait dût se mettre de côté dans sa vie afin de ne jamais profiter des choses. Et bien que cela le toucha de recevoir un compliment sur ses dessins, il aurait lui aussi voulu que son amour puisse en profiter pour rêver un peu plus. C'est après une légère hésitation qu'il se mit à réfléchir avant de répondre.

"Je ne sais pas si elle t'en avait parlé mais Cassia... Aime bien écrire. Et hormis les livres de romances, elle aime le policier. L'on pourrait, si cela te dit, prendre du temps, parfois pour nous deux hors de nos métiers respectifs? Toi, lisant, moi dessinant? Un moment à deux, mais surtout, pour toi. Qu'en penses tu?" Demanda t'il alors, un léger sourire sur le visage. "Je te remercie cela dit de t'être ouverte à moi en répondant à ses questions. Chaque informations que je peux obtenir sur toi me confirme un peu plus que je souhaites en savoir plus."

Après cela vint le moment où c'était à Dorne de s'ouvrir. De répondre au pourquoi il avait décidé de suivre ce chemin la et pas une autre voie. Et avoir l'appréciation de Séléna, avoir son soutiens et même cette jalousie... C'était quelque chose qui lui réchauffait le cœur. C'était un chemin qu'il avait bâtit, certes sans avoir été seul car ce serait renier l'aide de personnes incroyables. Mais avoir le regard d'une autre qui confirmait le tout, c'était encore plus doux, plus beau. Surtout si cette personne souhaitait tenir votre cœur, voir même, le tenait déjà. C'est malgré tout avec une main caressant ses cheveux que l'homme reprit, un peu gêné.

"Merci de tes paroles, Séléna je... Je suis content de savoir que je ne suis pas seul à jalouser un peu l'autre."

Admit-il alors. Après tout, Séléna était une guerrière, une exploratrice. Elle pouvait faire bien des choses que ne pourrait jamais faire le fils Tilliann. Découvrir le monde, le faire sien, dans un sens quand lui ne pouvait que rester dans l'ombre sans rien voir d'autre que son propre royaume. Si la Nymphe était un soleil qui se cachait d'elle-même, le nécromancien lui reconnaissait la force d'une telle âme qu'il enviait sur bien des points après tout. Chacun cherchant peut-être dans l'autre bien plus qu'une façon de combler un vide, mais trouver un moyen d'aller plus loin que leurs propres faiblesses...

Et l'une des faiblesses qui semblait bien tirailler les deux âmes, c'était celle de ne pas pouvoir encore se nourrir de nouveau aux lèvres de l'autre comme il fut admis entre les deux entités autour de la table. Au moins l'idée de pouvoir commander vint un peu à retirer l'ardeur naissante alors que Dorne décida de commander la même chose que sa moitié, demandant cependant de ne pas obtenir quelque chose de trop épicé. Son estomac risquerait sûrement de lui faire payer une façon inhabituelle de déguster les choses. Le tout avant de se replonger directement dans les paroles de celle qui était tout son centre d'attention.

La voir réitéré le sujet de la haine des médecins le fit hausser un sourcil. C'était une façon particulière de se lancer dans une réponse, mais après tout cela ne l'avait pas blessé la première fois. Encore une fois, il ne pouvait en vouloir aux gens ce genre de haine, surtout pour ceux perdant des proches. Il était plus facile de blâmer quelqu'un que juste la maladie. Mais plus il écouta sa dulcinée, plus son cœur vint à se serrer. Une quête qui pouvait sembler absurde, une envie folle, et encore une fois, comme pour l'histoire des livres, du paysage et de tant de choses, la pauvre Nymphe mettait sa personne de côté, pour une autre, pour d'autres. C'était parfois si ironique pour l'ancien médecin de voir une partie de son défaut dans celle pour qui il éprouvait des sentiments. Comme une façon de raisonner dans le meilleur et parfois le pire. Elle semblait en souffrir, de cet échec. Que ce soit dans son rire ou son aveux d'avoir tout essayé. Et c'était quelque chose qui était terriblement frustrant pour lui aussi. Forcément, sa bibliothèque n'était qu'un lieu parmi tant d'autres d'informations incomplètes pour un monde nouveau. Et cela n'avait pas été une aide mais une perte de temps pour cette femme qui cherchait à faire de son mieux. Qui s'abandonnait dans une lourde souffrance...

Mais c'était une façon de prouver qu'elle avait une grande force, en elle. Séléna avait donné un but à sa douleur, une recherche puissante. Comme lui peu de temps après la mort d'Edana, même s'il y avait eu un temps long et difficile. Et alors qu'il s'apprêtait à répondre, il fût interrompu par sa moitié qui s'excusait de nouveau, souhaitant une nouvelle tendance, et avant même qu'il puisse réagir, le baisé sur ses lèvres lui cloua le bec. Il fût rapide, chaste, mais suffisant pour le faire frémir. Suffisant pour combler une partie de cette soif qu'il avait. Mais voir ensuite le visage de cette Nymphe l'attrista. Avançant son visage, dans l'espoir de récupérer une lèvre, de la retenir, mais elle était déjà retournée sur sa chaise. Il n'y avait pas eu de magie, cette fois, mais... Ce n'était pas cela qu'il cherchait. Il cherchait juste Séléna. Ses lèvres, sa peau, ses caresses... Comme l'envie de replonger dans un moment de tendresse pour sentir de nouveau la chaleur dans son corps froid.

"Je t'y aiderais, Séléna." Confirma t'il, avec un léger sourire afin de retrouver un visage plus doux. "Il y a tout un monde à explorer, tant de choses à créer. Nous aurons la possibilités de nous offrir une immense quantité d'histoires, j'en suis certains." Il vint d'abord à calmer son estomac par un peu de nourriture, avant de reprendre, son regard dans celui de la Nymphe. "Je ne t'abandonnerais pas. Et je ferais tout mon possible pour qu'il ne puisse y avoir de plus beaux Contes que ceux parlant de la plus belle des Nymphes, Séléna Brinclair."

Il vint par la suite timidement chercher sa main, la caressant avec délicatesse. C'était peut-être stupide mais... Quand il n'avait plus de contact physique avec la guerrière, il se sentait presque comme... Avec quelque chose en moins. Comme s'il cherchait à se sentir entier avec cette délicieuse personne. Comme avec ses lèvres, comme avec sa peau, cela le rassurait, cela l'aidait à ressentir et à continuer à vivre.

"Je te remercie pour ce repas. Grâce à lui... On a l'occasion de discuter et d'avancer un peu plus. C'était une superbe idée pour un premier rendez-vous. J'espère de mon côté avoir l'occasion de t'offrir quelque chose, bientôt..." Il hésita un instant, avant de reprendre. "Il y a tellement de choses que j'aimerais faire pour obtenir un de tes sourires... Mais..." Un léger sourire vint à apparaître sur son visage. "J'ai peut-être déjà une merveilleuse idée pour toi. J'espère que tu me fais confiance pour te surprendre le moment venue?"

Tout en continuant de parler et de manger, il semblait bien que l'assiette de l'un comme de l'autre venait à diminuer, voir même, disparaître, poussant cela dit une certaine question au bord des lèvres du pauvre nécromancien.

"Je ne comprend pas comment on peut manger épicé avec autant de plaisir." Dit-il, avec un rire léger. "La moindre chose un peu trop chaude m'enverrait dans un état pitoyable. C'est une habitude que tu apprécies pour toi? Ou alors c'est plutôt une résistance initiale?"

KoalaVolant

Mer 20 Mar 2024 - 19:54

SélénaBrinclair

Pour que tu m'aimes encore...

DorneTilliann

Prendre du temps en dehors de leurs métiers respectifs… Si la théorie plaisait à la sentinelle, la pratique n’en demeurait pas moins complexe, voire impossible. Depuis son arrivée, Séléna vivait pour la Maison des Maintes Eaux, respirait pour la Guilde des Explorateurs. Elle en avait oublié de penser à elle, de réfléchir à ce qu’elle voulait faire de cette nouvelle vie, de cette expérience extraordinaire. Cette première soirée avec Dorne représentait l’avènement d’une ère différente, d’un monde qu’elle modulerait à son image plutôt que toujours se tordre pour rentrer dans des cases qui ne lui correspondaient pas. La proposition du bibliothécaire fit doucement sourire la nymphe qui s’imagina un instant, couchée dans l’herbe verdoyante d’Azamyr, les yeux rivés sur un des nombreux romans qu’elle ne prenait jamais le temps de finir tandis que Dorne dessinait les paysages au-delà des frontières d’Ozéna. Pendant un bref instant, elle s’en voulut de ne pouvoir l’emmener avec elle en dehors des remparts, quand elle songea à tout ce que le nécromancien aurait pu apprendre sur le monde, sa soif de savoir n’étant jamais réellement étanchée. Pourtant, elle savait pertinemment qu’il ne pourrait jamais venir l’accompagner tant que le monde extérieur restait ce qu’il était aujourd’hui : dangereux, mortel. A Azamyr, le bibliothécaire était en sécurité. Tout du moins, c’est ce qu’elle se persuadait de penser, pour rendre la séparation moins difficile.

« J’aimerais beaucoup. ». Un constat simple, empli d’honnêteté. Séléna ne pipait pas mot quand bien même elle savait que d’ici un mois, elle aurait quitté Azamyr pour découvrir d’autres horizons. Adrastos, pris d’un coup de folie comme il lui en arrivait tant, avait vu l’arrivée de nouveaux explorateurs comme une aubaine. La nymphe avait bien tenté de lui faire ralentir la cadence, elle savait pertinemment qu’il était futile de s’étendre sur un combat qui était déjà perdu. Ils partiraient, elle partirait, laissant pour la première fois quelqu’un derrière elle, quelqu’un qui l’attendrait. Entre la tristesse de devoir s’en aller et la réjouissance de pouvoir se blottir dans les bras de l’être aimé après une dure exploration, la nymphe affichait une mine mitigée. Le contact bref mais intense de ses lèvres avec les siennes la fit doucement chavirer et son visage se mua dans un sourire timide et légèrement tremblant. Dans le silence, elle jaugeait la réaction du nécromancien, la façon de se plisser qu’avaient les minuscules rides au bord de ses yeux, son sourire qui s’ourlait dans un océan de plaisir qui la déstabilisait plus que de raison… Mais surtout son regard planté dans le sien, tandis qu’elle essayait de déceler si une pointe de magie s’était échappée de ce baiser pourtant si fugace. Pendant un long moment, elle se contenta de l’observer, prenant sa main dans la sienne avant que la réalisation ne tombe sous le sens et la soulage. Dorne semblait être en pleine possession de ses moyens, tout du moins il ne succombait pas aussi facilement à l’ensorcellement qu’à leur première rencontre.

Elle s’affola néanmoins quand le bibliothécaire déclara vouloir lui venir en aide et agita ses mains devant son visage, clignant des yeux rapidement. « Je… Enfin je ne voudrais pas te déranger, encore moins empiéter sur ton travail ou encore pire, sur ton temps personnel. C’est une quête que j’ai décidé d’entreprendre, j’aurais tout autant pu refuser de prendre la clef de ma sœur et... ». Il ne faudrait pas que mes mauvaises décisions te retombent dessus. Cette dernière phrase resta logée au fin fond de son esprit, refusant de passer la barrière de ses lèvres maintenant closes. Elle peinait à accepter l’aide, la main qui lui était tendue et cette tendance à l’indépendance ne serait pas guérie en quelques jours, si elle guérissait tout court. « Je te fais confiance. Tu me connais déjà bien plus que n’importe qui en Ozéna après tout. ». La douce odeur du potaufeu commandé quelques minutes auparavant arriva à ses narines et d’instinct, la nymphe se mit à dodeliner doucement de la tête, trépidant à l’idée de pouvoir enfin dîner alors qu’elle avait dû faire l’impasse sur son repas du midi le jour même. Quand elle put enfin y planter sa fourchette et prendre une première bouchée, la nymphe sentit la chaleur de son met s’étendre dans son corps, lui provoquant une sensation d’apaisement somme toute nécessaire pour poursuivre la soirée. Elle mangeait vite, trop vite, et heureusement la voix de Dorne la fit s’arrêter alors que son assiette commençait à dangereusement se vider.

« Oh, je… euhm... Désolée, c'est juste que je n'ai pas eu le temps de déjeuner alors j'ai... J'ai un peu faim. ». Devait-elle avoir honte ? Non, le nécromancien ne se serait jamais permis une remarque blessante. Tout du moins elle l’espérait, car après tout, les deux tourtereaux ne se connaissaient pas aussi bien qu’ils le laissaient paraître. « J’aimerais te dire que je suis immunisée au piment mais ce serait un bien beau mensonge. Sur Terre, je détestais ça mais depuis que je suis arrivée ici, mes goûts ont… Changé, et j’apprécie tout ce qui est épicé. Parfois un peu trop, je dois le reconnaître. ». Elle pencha doucement la tête sur le côté, sa longue chevelure argentée dansant sur ses épaules pour une fois dépourvues d’armure. « Je me suis toujours demandée si j’étais la seule à avoir vu des changements pareils, mais je n’ai jamais pris l’occasion d’en discuter avec qui que ce soit. Je sais que les animaux et les plantes ici sont très différents de ce que nous avions auparavant mais.. ». Elle s’arrêta un instant pour réfléchir. « Un exemple très simple, je détestais le miel, mais ici j’apprécie celui produit par les Miélochats. Pourtant, le goût est très similaire. Le portail doit modifier plus de choses que nous l’imaginons. ». Tendrement, son doigt alla caresser la paume du nécromancien, ses joues rougissant à nouveau. « Ce… Ce que je sais, par contre, c’est que... ». Il était trop tôt. Mais n’avaient-ils pas déjà dépassé toutes notions de bienséance, d’ordre des choses ? Son regard se fit un peu plus fuyant. « Je t’aurais… Je t’aurais probablement apprécié, peu importe le monde dans lequel nous nous serions trouvés. ». Un petit rire s’échappa d’entre ses lèvres tandis que sa main libre jouait avec sa fourchette. « On ne pourra jamais savoir, mais j’aime le penser. Et si un jour il était possible de retourner sur Terre, alors... ». Sa gorge se serra. « J’aimerais rester auprès de toi, si tu me le permets, afin de finir ce que j’ai commencé. ».

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