Vous savez, dans ma tête, il y a plusieurs mondes.
Voulez vous tous les connaître?
Voulez vous tous les apprendre ?
Venez..
Approchez...

------------- Monde de mensonges.

Le monde est faux.
Tout le monde ment, tout le monde cache la vérité sous des sourires, sous des cadeaux et des fêtes illuminées.
Trahi.

On t'a tellement trahi, Aziraphale...

On a donné naissance, à toi, et ton frère jumeau, un jour de mai. Tu ne te souviens plus de quel jour, tu ne veux pas te souvenir, tu sais juste que quand le mois de mai est passé, tu prends une année de plus, c'est tout.

A une époque, tu avais hâte de fêter ton anniversaire, mais maintenant, tu en as oublié la date précise. A quoi bon se souvenir du jour où on t'a mis au monde ? Ce jour où tu as posé ton premier regard sur le monde, et que tu n'avais pas encore conscience de tout ce que cela allait t'apporter ?

Vous êtes nés à quelques minutes d'intervalle, mais cela suffisait à tes parents pour que tu sois considéré comme l'aîné. Celui qui devait montrer l'exemple au "plus jeune", celui qui devait être exemplaire et ne pas faire d'erreurs, pour que le cadet comprenne comment il devait se comporter. Déjà une pression sur tes épaules à peine ouvrais tu les yeux. Votre mère aimait lire. Elle adorait la littérature en tout genre. Et elle a souvent lu en boucle ce livre. Ce livre était tellement vieux qu'on ne savait même plus qui était l'auteur, ni même son titre. Mais tout ce qu'elle savait, c'est que les prénoms des deux personnages principaux étaient ses préférés. Aziraphale, l'ange du Jardin d'Eden, et Rampa, le serpent qui a manipulé Eve.

Ainsi, vous aviez déjà vos prénoms, tu t'appelais Aziraphale, et ton frère jumeau s'appelait Rampa.
Ironique, que deux jumeaux aient les prénoms d'un ange et d'un démon.
C'est un avenir qui se traçait directement, n'est-ce pas ?
N'en soyez pas si sûr...

Vous faisiez tout ensemble. Vous ne "manquiez de rien", vous aviez une "vie parfaite". Malgré le déclin de l'humanité qui se dessinait sous vos yeux d'enfant, vous étiez assez naïfs pour penser que ce n'était qu'une passade, que tout allait s'arranger, et que créer des histoires avec ces magnifiques jouets était plus intéressant. Toutes ces petites choses vous étaient offertes par vos parents, tous les jours vous aviez des cadeaux, vous étiez noyés d'objet que cela en devenait banal.

Vous étiez riches du coup, non ?
Non.
Là est toute la trahison.

------------- Monde de trahisons.

Un jour, quand vous étiez plus grands, et que vos parents s'étaient absentés un petit moment, vous aviez décidés de fouiller partout. Vos jouets vous ennuyaient, vous vouliez quelque chose de plus marrant, et quoi de plus drôle que de fouiller la chambre de vos parents ? Rampa fouillait les placards, et toi, tu as eu la mauvaise idée de regarder les tables de nuit. Dans le tiroir de votre père, il y avait des papiers. Des papiers avec des mots bien trop difficiles pour vous, mais vous aviez compris en voyant les chiffres en négatifs, les insultes dans des lettres de menace...

Ah, oui.
En fait, vous étiez criblés de dettes.
Mais vos parents vous mentait délibérément.
Pourquoi ?
Vous ne le saviez pas.
Mais bizarrement,
ces jouets devenaient encore plus fades...

Quand ils sont rentrés, ce jour là... Leur petit ange, et leur petit démon ont décidé de les confronter. Comment pouviez vous réagir autrement, que vous veniez d'apprendre qu'on vous a élevé dans le mensonge et dans les dettes, masquées sous des jouets et des bons repas ? Comment réagir, quand ces cadeaux étaient en fait le seul moyen qu'ils ont trouvé pour vous cacher leur pauvreté ?

Ils sont si égoïstes...
Mais au moins, vous vous êtes rapprochés.
Toi et ton frère, vous êtes devenu encore plus proches ; plus soudés.
Et cela vous a sauvé.
Une fois.

------------- Monde de rétorsions.

Les impayés et les dettes de vos parents les ont rattrapés. L'humanité arrive à sa fin, l'argent est pour certains tout ce qu'il leur reste. D'autres songe à trouver refuge dans cet "autre monde" qui est en train de se créer. Mais pour vos parents, tout se terminera avant une quelconque rédemption. Des tueurs à gages, des assassins, qu'importe comment les appeler, sont venus les tuer durant votre sommeil. Ayant entendu le capharnaüm que cela a engendré dans la maison, tu as pris la main de ton frère, et tu as fui la maison par la fenêtre de votre chambre.

"Où pouvons nous aller, Azira? Retournons à la maison...
- Non. On a nulle part où aller, mais si on y retourne, ils vont nous tuer, ou pire, je ne sais pas ce qu'ils feraient de nous pour rembourser les dettes de ces idiots, mais je ne veux pas l'imaginer. Donc partons, loin. On trouvera un abri.
Si tu le dis..."

Tu ne voulais pas mentir à Rampa. Mais tu étais obligé. Tu ne voulais pas lui avouer que tu ne savais pas où aller, ni même si vous alliez survivre plus de trois jours dehors.
Tu détestes mentir pourtant... Mais tu n'avais pas le choix.
Ô Seigneur, tu commençais déjà à te détester pour ce mensonge...

------------- Monde de rédemption.

Vous aviez grandi. En prenant d'autres prénoms. Pendant un court instant de votre vie, juste pour pouvoir vivre en esquivant les tueurs qui étaient toujours à votre recherche. Les dettes de vos parents ne sont pas épongées avec le temps, ce n'est pas étonnant.

Enfants des rues, vous aviez trouvé un petit appartement médiocre, très médiocre, payé avec vos économies. Des économies venant de boulots illégaux et parfois tordus, juste pour vivre dans un petit confort, sans dettes. Mais vous aviez toujours cette épée de Damoclès au-dessus de vos têtes. Elle était toujours là, prête à frapper. Et ce qui devait arriver, arriva.

------------- Monde de contusions.

Tout est allé vite.
Trop vite.

Un coup dans le dos, un coup dans la tête, tous les murs étaient peints de cette couleur vive. Des éclaboussures par-ci par-là... Tu tentais de te défendre, du mieux que tu le pouvais. Rampa n'était pas là. Tu étais tout seul face à cet homme, avec des cheveux longs, bruns. Il avait l'air expérimenté dans ce qu'il faisait, si bien qu'il avait réussi à te maîtriser. Tu saignais, énormément. Ta lame s'est plantée dans ton torse, et tu pouvais enfin croiser son regard.

Le regard de celui qui t'a blessé.
De celui qui va te tuer.
De celui que tu iras hanter toute sa vie.
Oh, ses yeux étaient si livides...
Si tu pouvais seulement lui arracher...
Lui qui venait de détruire tout ce que tu avais bâti avec ton frère...

Mais une lumière était apparue. La silhouette de ton frère, qui rentrait avec des pommes dans les mains. Ces fruits de la tentation qui étaient tombés au sol en te voyant au bord de la mort. Il allait se jeter sur ton assaillant, mais ce dernier s'est résigné. Sa lame tremblait sous ta gorge, ses yeux étaient si perdus.

Achèves moi. Si tu l'oses.

Mais son corps s'était levé, te laissant une ouverture pour partir. A l'aide ton frère, vous vous étiez enfuis, loin, très loin, encore. Mais tes blessures avaient eu raison de toi, et tu avais perdu connaissance.

Les mensonges, toujours les mensonges... C'est à cause d'eux que tu avais eu cette blessure. Oh, tu te vengeras, tu le tueras de tes mains, cet homme qui t'a blessé, qui t'a fait saigner.
Tu le tueras.
Tu t'y engages.

------------- Monde de déperditions.

En te réveillant, le visage de ton frère était en face de toi. Il avait réussi à trouver quelqu'un pour te soigner malgré la fin du monde évidente. Une idée sortait de ses lèvres. Une seule.

Trouvons deux clés.
Partout à Ozéna.
Loin d'ici.
Loin de ce monde.

Pourquoi tu n'arrives pas à le croire, Aziraphale ?
Ah, oui, cette épée de Damoclès, toujours là. Elle n'est toujours pas tombée.

Ensemble, vous aviez essayé de trouver deux clés. C'était votre unique chance de changer de vie, fuir cette Terre où tout bascule, tout est un danger pour vous. Vous ne pouviez rien bâtir, tout sera détruit un jour ou l'autre. Par chance, vous aviez réussi à avoir une clé. Coup du hasard, Rampa avait réussi à la voler dans la poche d'un homme peu attentif à ses affaires. Il en manquait une. Une seule, et vous pouviez partir.

Ah...

L'épée a décidé de tomber maintenant, n'est-ce pas ?
Tout va encore trop vite...
Beaucoup...
Trop...
Vite...

Il n'y a plus de "on", il n'a plus de "vous". Il n'y a que toi, toi et toi seul. Tu es tout seul. Tout seul face à "Lui". Lui, au sol. L'eau de tes larmes se mélangeant au sang au sol. Oh, Rampa... C'est ainsi que tu pars ? Tu es mon jumeau, te perdre, c'est comme perdre une partie de moi. Pourquoi on t'a retiré de moi ? Pourquoi on t'a pris ?
Est-ce la même organisation que cet idiot qui m'a blessé avant ?
Rampa...
Reviens...

-------------

"On" t'a pris ce que tu as de plus cher. "On" t'a retiré ton frère. La seconde partie de ton âme. "On" a osé le tuer. Tu es aveuglé par la vengeance, Aziraphale. Rien ne tourne correctement dans ta tête, tout est flou et rien ne fonctionne bien. "Vous" alliez vous libérer. "Vous" alliez enfin goûter à la liberté d'une nouvelle vie. Pourquoi il fallait que cela se passe ainsi?

Oh, Rampa.
Je te vengerais.
J'irais à Ozéna. Pour toi, et je te vengerais, je trouverais qui a fait ça.
Car j'ai appris une chose, mon cher jumeau.
Hakmarrja.
C'est notre nom de famille.
Tu sais ce qu'il signifie. Tu l'as toujours su,
N'est ce pas ?
Rampa.

Palier de pouvoir:

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Inventaire: