Lumière et fine lame

Depuis son élection on ne pouvait pas dire que Chandler chômait; la première visite de Galatéa avait été une véritable épreuve pour lui.  Mais chaque jour venait désormais avec autant de peines que d'opportunités. Cela avait été une excellente rencontre, tout compte fait, forte utile pour son avenir. Si le renard avait déjà tâché de se créer des relations avant son élection, il savait déjà qu'il devrait désormais redoubler encore d'efforts pour légitimer son poste si durement acquis. Oui, des relations et de grandes décisions. Ou plutôt de bonnes décisions. Et puis des justes. Voilà, c'était tout à fait cela son objectif maintenant : créer de grandes relations et prendre de bonnes décisions. Ou bien l’inverse? Enfin, y'avait de l'idée, se disait le nouveau dirigeant tout en ajustant ses broches dorées sur son pourpoint de velours violet. Habillé tout avec classe, il avait encore choisi l'une de ces chemises bouffantes en soie crème et un pantalon côtelé enrubanné de partout. Quelques bagues, un médaillon serti de pierres précieuses et bien sûr le menton haut. C'est ainsi qu'il se dirigea pour prendre ses fonctions.

Comme chaque début de journée le soleil se levait face au bureau de Chandler, illuminant le vitrail coloré placé derrière son siège. Les rayons dansant reflétaient milles et unes couleurs d'arbres et de fleurs sur un parquet bien ciré. Cela ne lui avait pris que quelques jours pour commencer à faire disparaître l'odeur de la pipe de son ancien propriétaire. Il lui faudrait bien plus de temps par contre pour savoir ce que contenait le mur de bibliothèque sur la façade gauche et l'utilité de tous les objets présents dans sa grande armoire à droite. Les cartes étalées sur la table à côté étaient plus faciles à comprendre. Sa première visite du jour d'ailleurs était celle d'un membre de la Maison venu lui déposer de nouveaux plans retrouvés à la demande de son dirigeant. Des cartes exactes représentant le QG de la Maison de la Terre et du Sang. Y figurait sur une première page une illustration de la maison et de ses jardins, qui ressemblait plus à un château du Moyen-âge terrien, avec de nombreuses cours, salles et jardins à ciel ouvert. Bien sûr qu'il en connaissait déjà une bonne partie, cela faisait 8 ans qu'il en arpentait tous les coins et recoins. Il avait d'ailleurs participé à moultes aménagements, notamment la fondation d'arches dans ce jardin ici, et le réarrangement des tapisseries là. Ce qui l'intéressait plus dans cette nouvelle version des cartes qu'il avait reçu était la troisième représentant la vue en coupe de toutes les salles ainsi que, si l'on s'y penchait de plus près, quelques marques de ci de là qui laissaient penser qu'on y trouverait des passages secrets.  

Chandler le gratifia d'un signe de la tête plus que révérencieux quand il remarqua que son visiteur suivant se tenait déjà dans le couloir. L'homme qui sortit laissa la porte ouverte à ce qui lui sembla être un métamorphe, mais Chandler prit le temps d'enrouler sa nouvelle et précieuse carte et de la glisser dans un étui en cuir avant d'annoncer à son compatriote;  

Posant sa carte sur la table, il s'avança vers le milieu de la pièce en tendant l'une de ses pattes pour serrer la sienne. Chandler espérait installer un climat de confiance chaleureuse avec une bonne poignée de main , posant ensuite sa deuxième sur l'avant bras de son congénère. D'un geste ouvert il indiqua ensuite l'un des deux sièges face à son bureau mais avant de s'installer lui-même dans le sien il se dirigea vers une petite desserte ronde juste à côté. Il y prit un carafe en verre dont il remua le liquide d’un geste délicat du poignet. Un délicieux parfum sucré s’en dégagea ainsi qu’une légère note tannique, ou terreuse.

Proposer du lait à un gros chat, en plus d'être très aimable le renard souria tout autant au fait que c'était un joli pied-de-nez à la nouvelle condition de son compatriote. Ou plutôt une petite ironie gentille. Pour peu qu’il soit d’humeur à prendre sa nouvelle situation de bon aloi. Il aurait aussi pu lui proposer de l'eau mais cela aurait été si... banal. Et puis, lui-même avait un petit faible pour ce genre de gourmandises, sa gentillesse était un bon prétexte pour s'en servir lui-même, agrémenté d'une généreuse cuillère de miel. Le service terminé il s'installa de l'autre côté d'un bureau massif en bois sculpté d'un paysage bucolique. Il garda les bras ouverts devant lui et son attitude soucieuse face à son interlocuteur. Un grand sourire aux lèvres son regard restait fixé sur celui de son invité, pétillant d'autant de sérieux que de curiosité. Encore un rendez-vous bien officiel, se disait-il. Qu'allait-on lui offrir cette fois ? Ou bien lui demanderait-on une faveur ?

Lumière et fine lame.

 29 OCTOBRE 118, QG DE LA MAISON DE LA TERRE ET DU SANG
Alden Vanguar & Chandler Riskain

Le tigre avait la poigne ferme et forte. La patte du renard faisait presque la moitié de la sienne, leurs différences de taille était considérable. 40 centimètres les séparaient, à vrai dire. Mais Chandler ne se montra pas gêné pour si peu, voilà 8 ans maintenant qu’il s’habituait à sa nouvelle forme. Depuis le temps la pilule était passée. Ca, et la pointe de jalousie qu’il avait pu ressentir en découvrant tous les autres pouvoirs que d’autres races avaient pu obtenir dans ce monde. Ses propres facultés et l'inéluctabilité de la chose rendaient ces faits supportables.

Il voulait son ton mi-plaintif mi-plaisantin mais il garda la fin de sa phrase plus sincère pour lui-même:  En plus de devoir faire ses nouvelles marques, il avait en plus l’impression de ne pas avoir trop le droit à l’erreur désormais… Mais Chandler garda son visage ouvert, sirotant son verre de lait au miel tout en écoutant son invité parler de sa vie et de ses projets. Il agrémentait ses propos de quelques hochements de tête ou de petites onomatopées. Il n’interrompit pas son récit, à la fois fasciné par son extravagance mais aussi piqué de curiosité tandis qu’il faisait étalage de son passé et de ses compétences. Le renard se posa naturellement la question de ce que cette sorte de moine-guerrier aurait à lui proposer, pourquoi lui dire tout cela, mais le tigre plutôt loquace déballa tout son sac d’un coup en répondant au fur et à mesures aux questions qu’il aurait pu se poser. L’excitation et la curiosité du renard étaient à son comble quand le tigre termina sa litanie en annonçant;

Chandler aurait pu lui sauter au cou en hurlant “Mais bien sûr ! Tu es l’élu ! Hourra ! “ . Mais un peu de retenue, tout de même. Au lieu d’exploser de joie il afficha un sourire qui s’étalait d’une oreille à l’autre et se pencha vers le tigre, les deux pattes sur le bureau;

Chandler quitta son siège et contourna son bureau, invitant d’un geste de la patte encourageant le tigre qui avait paru si sérieux et si soulagé maintenant qu’il s’était délesté de son projet. Il ferait un très bon élément au sein de sa Maison, à n’en point douter. Le destin était drôlement bien organisé pour permettre à de telles personnes de trouver les clefs vers ce monde-ci. Et encore mieux avisé de mettre de tels éléments entre les pattes du renard. Il traversa la pièce et se dirigea vers une table près de l’entrée sur laquelle étaient étalées plusieurs cartes. Chandler plaça celle récemment acquise et mise à jour du QG au centre et pointa d’une griffe un espace dégagé, entouré de muraille.

Il laissa son nouvel allié consulter les différents documents, Il aurait sans doute de nombreuses questions mais avant qu’il ne les pose son dirigeant continua son appréciation du projet.

Sa propre litanie terminée, il laissa à Alden le temps de comprendre à quel point l’idée qu’il avait pourrait s’avérer d’importance capitale pour Ozéna . De son côté, le renard exultait de toutes les possibilités que cela offrait. Personne ne pouvait jamais prétendre avoir terminé son apprentissage, quel qu’en soit le domaine. Qui plus est, la mise en place d’un tel domaine de compétence ne pourrait que ravir le Conseil et aucun avis autre que le sien ne pourrait être requis pour un tel projet. Désormais il ne suffisait plus de savoir que ce dont maître Vanguar aurait besoin et de quand voudrait-il commencer. Les candidats à ses entraînements seraient immédiatement tous trouvés.

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Alden buvait les paroles de Chandler comme du petit lait. De nombreux sourires francs et sincères apparaissaient sur ses babines ce qui encourageait encore Chandler dans son désir de lui faire plaisir. Il avait l’air d’un chic type, droit dans ses bottes bien qu’un peu timide. Il n’émettait aucune réserve ni aucune condition aux possibilités que lui exposait son dirigeant. Tout semblait lui convenir, peut-être même au-delà de ses espérances. Et c’était tout à fait à cela qu’aspirait le dirigeant de la Maison de la terre et du Sang : offrir des possibilités aux habitants d’Ozéna afin que chacun puisse employer et magnifier ses compétences innées. Et ce tigre était aujourd’hui exactement dans cette quête là : exploiter et mettre au services des autres ses qualités et connaissances. Quand il failli parler de ses craintes au sujet de ce qu’il pouvait faire ici Chandler crut y voir une pointe de souvenirs de son époque sur terre. Tous les nouveaux arrivants laissaient leurs histoire, leurs passé et leurs possession derrière eux sans aucun retour en arrière. Cela éveilla un tantinet la curiosité de Chandler; qui avait été Alden sur terre et qu’avait-il abandonné, lui ? Mais il n’en demanda rien, le moment était aux perspectives d’avenir réjouissantes et non à la nostalgie douloureuse. Peut-être qu’une occasion plus opportune se présenterait une autre fois. Ou pas. Cela n’avait que peu d'importance pour Chandler. Quand ils quittèrent le bureau du dirigeant, les deux métamorphes découvrirent sous un nouvel angle les espaces du QG. À l’image du reste du quartier Sud la végétation reprenait vite ses droits et la fontaine sur laquelle donnait son bureau faisait peine à voir. Il faudrait qu’il la fasse nettoyer au printemps prochain, si on la remettait en marche ou si au moins on y mettait des poissons elle éviterait les moustiques et serait du plus bel effet ici. Pour le reste, il faudrait enlever un peu de lierre ici ou là mais tout en gardant quelques essences sauvages : vous n’imaginez même pas toute la faune et la flore qui dépendent d’un seul mètre carré laissé à la nature. Prenant tout son temps pour marcher, Chandler vit passer par-ci par là les quelques derniers insectes d'automne et les oiseaux qui les chassaient encore. Son poil lui-même commençait à s'épaissir pour le prochain changement de saison. Il faudra veiller à l’isolation et au système de chauffage des nouveaux locaux qu’il allait attribuer à Alden.  

L’aile du QG consacrée à l'entraînement paraissait austère de premier abord. Si l’on pouvait y voir quelques passages et les marques de quelques entraînements il était clair qu’elle n’était pas utilisée aussi régulièrement et par autant de personnes que possible. Chandler lui-même n’y avait presque jamais mis les pieds en 9 ans. Le premier hall était haut de plafond. Il devait s'appuyer contre l’enceinte extérieure du QG car il n’y avait aucune ouverture face à eux mais il ouvrait à gauche sur un couloir puis une cour et à droite sur plusieurs portes fermées qui devaient conduire à des espaces de rangements ou des vestiaires. Il y avait un autre grand vitrail au-dessus de la porte d’entrée dont un carreau manquait mais qui baignait la pièce des dernières lueurs chaudes d’automne.

En passant dans le petit couloir, Chandler poussa du bout de la patte la seule porte qui se trouvait sur le côté ; il semblait y avoir des tables et des chaises mais d’épais rideaux cachaient la lumière. << Et ici, il y à une salle de cours. >> ponctua le dirigeant mais le tigre avait déjà continué droit devant lui pour découvrir un deuxième espace presque aussi grand que le premier hall. Cette cour était à ciel ouvert, comme beaucoup d’autres salles de la Maison de la Terre et du Sang. La majeure partie du sol était en terre battue et la mousse avait l’air d’hésiter entre l’envahir ou s’attaquer plutôt aux murs. Des fenêtres étroites donnaient sur la cour extérieure d’où ils étaient venus. Une porte dérobée au fond devait mener directement à une autre aile intérieure du QG.

Le tigre, lui, était extatique. Il prit de profondes inspirations et commença inconsciemment à rouler des mécaniques. Ce devait être l’équivalent guerrier d’un érudit qui remonte ses lunettes sur son nez devant une nouvelle bibliothèque. Non pas que l’image fasse peur à Chandler mais c’est que ce dernier ne s’était presque jamais battu dans sa vie. Quand il avait quitté les bas quartiers terriens à l’âge de 12ans il avait laissé derrière lui les lois de la jungle au profit de la rhétorique et des jeux de pouvoirs et d'influence. Sur Ozéna il ne s’était presque jamais attiré d’ennuis ou avait résolu la plupart des conflits avec bagout ou agilité. Dans le doute le renard fit un petit pas en arrière, se tenant sur ses gardes avec politesse.

C’est avec ce dernier compliment que le renard espérait s’en sortir . Peut-être avait-il peur de l'échec, ou bien des bobos. Pour sûr que la différence de gabarit entre le tigre et le renard avait son importance également. Depuis qu’il était métamorphe il avait certes gagné en agilité et en endurance , en griffes et en crocs, mais il ne s’était jamais senti d’utiliser ses facultés animales pour se trouver puis impressionner des adversaires. Et si le tigre voulait échanger quelques coups et autres passes-passes avec lui, il faudrait revoir le choix de son adversaire:  ils couraient autant au fiasco qu’au ridicule. Il lui en avait déjà assez couté comme ça d’avouer cette faiblesse et cette lacune à son compatriote de maison pour ne pas en plus se laisser jeter gratuitement au tapis comme un vulgaire petit chiot sans défenses.

Lumière et fine lame

C’était un plaisir pour le Dirigeant de voir s’épanouir l’un de ses compatriotes dans son environnement et ses occupations de prédilections. Ce n’était pas sans lui rappeler la conversation qu’il avait eu la veille avec Galatéa : son objectif à la tête de la Maison était de faire en sorte que chacun puisse trouver la voie à laquelle se consacrer, autant par sens d’utilité communautaire que pour éviter l’oisiveté et la procrastination. Et en la matière Alden semblait être un passionné dans son domaine.

Alden était un véritable tigre de combat. Il montrait une parfaite connaissance du métier de guerrier, techniquement et logistiquement parlant. Si neuf années de cette nouvelle vie avaient fini d’acclimater Chandler au changement de temporalité et suffit pour lui faire oublier les pompes à oxygènes, les écrans holographiques et les navettes spatiales, voir cet animal manier un bâton de combat comme dans les films restait un spectacle dépaysant. Spectacle qu’il admira en faisant montre d’autant de plaisir que d'appréhension. Le sourire avait retrouvé ses lèvres en voyant le plaisir que prenait l’artiste… jusqu’à ce qu’il l’invite à s’y joindre. Là, le renard ne sourit plus du tout. Les arguments qu’Alden avançait étaient parfaitement valides. Certes, il ne possédait pas de garde du corps, mais il n’y avait pas de raison de s’en pourvoir, n’est-ce pas ? En tout cas, jusqu’à présent, et après quelques secondes de réflexions le dirigeant douta que, même désormais qu’il portait ce titre aussi prestigieux que stratégique, il était persuadé que personne n'attenterait à sa vie. Sa ruse suffirait… n’est-ce pas ? Ce baton, pointé dans sa direction, l’en faisait presque douter.

Ils se tenaient, l’un en face de l’autre, à quelques pas que Chandler avait pris soin de mettre entre eux deux quand un un rire attira l’attention du renard . Derrière Alden apparut un homme, la planche de salut du matois. Est-ce qu’il les dérangeait ? Que neni, bien au contraire. Un sourire malin réapparut sur sa frimousse rousse et sa patte ne trembla pas quand il prit l’arme qu’on lui tendait. Il comptait mettre cet élément de distraction à profit.

Il se mordrait sûrement les doigts de profiter ainsi de la politesse de son adversaire et plus encore d’avoir succombé à son instinct mais l’idée qui lui était venue d’un trait était trop tentante pour ne pas s’y soumettre. Le bâton était presque aussi grand que lui mais sa force animale lui permettait de la manier sans trop de difficultés. Profitant que le terrain de terre n’était pas encore ni trop tassé ni trop battu il le balaya d’un grand geste vif et franc. Il souleva ainsi un gigantesque nuage de sable et de poussière sur le tigre. Espérant que cela suffirait à l’aveugler ou l’incapaciter quelques secondes Chandler continua l’exécution de son plan sans une seconde d’hésitation. Plongeant dans le nuage il contourna le guerrier et se mis à hurler à plein poumons;

Quand il réapparut de l’autre coté , à quelques pas du spectateur, le renard était hilare. Un chouilla honteux de ce qu’il venait de faire , mais un grand sourire aux babines. Il était également question de s’assurer que le spectateur en question ne se jetterait pas à son “secour” et ne s’en prenne à son “adversaire”.

Chandler se retourna ensuite en direction d’Alden car il fallait maintenant également faire preuve de diplomatie. Ce cher ami si bien intentionné n’avait pas mérité un tel traitement et encore moins qu’on lui manque de respect. Le renard avait donc cessé de rire repris sérieux et compassion quand il reprit sur un ton amical et sincèrement désolé;

Le dirigeant espérait sincèrement qu’il n’avait pas froissé le grand esprit guerrier qui lui faisait face. Il était un peu fière, au fond, de son plan fourbe machiavélique, mais il s’était déjà pris d’une certaine affection pour son compatriote métamorphe. Il accepterait les leçons qu’on lui donnerait, davantage par respect et soif de connaissances que par réel plaisir de combattre. Par curiosité de connaître cette “énergie au fond de soi” autant que par la recherche d’adrénaline. La sienne présentement commençait déjà à s’estomper ainsi que l'acuité de sa vigilance. C’était drôle, ce sentiment qui vous fait battre le coeur plus fort, affine tout vos sens et déverse une quantité folle de cortisole dans toutes vos cellules. Il se fourrait rarement dans le pétrin et n’avait plus connu de bagarre depuis des années, même sur Terre. L'apanage de l’âge, de la maturité et d’une situation financière plus que correcte sans doute. Néanmoins la perspective de devenir meilleur et de s'améliorer, quel que soit le domaine, titillait les désirs du métamorphe. Le tigre avait parfaitement raison : ce monde était nouveau, dangereux et plein de surprises. Il fallait qu’il s'entraîne et puisse compter sur ses propres compétences plus que sur celles des autres pour assurer sa propre sécurité.  Peut-être même que des séances d'entraînnement pouvait s'assimiler à "prendre du temps pour soi" et "passer du bon temps" avec un ami !

Lumière et fine lame

Le blondinet lui avait bien sauvé la mise. Un peu plus et c'en était cuit du renard qui aurait dû affronter un tigre gigantesque avec pour seule arme... un bout de bois presque aussi grand que lui. Et pourtant il ramassa des éloges de sa part. Comme quoi, tout n'était peut-être pas aussi pire qu'il l'avait crû !  Chandler lâcha même un rire sincère quand Alden lui fit la leçon au sujet de la différence entre une fuite silencieuse et le déplacement en hurlant. Il était aux anges de découvrir qu'il n'avait pas mal pris son sale coup et faisant fit des distances protocolaires il se laissa même submergé de joie et de soulagement. Il tappa une franche accolade au tigre, une main sur l'épaule, l'autre sur l'avant-bras, dans une étreinte fraternelle brève.

Son rire sincère dissimulait une appréhension et un doute bien réel. Lui-même avait des sens accrus, il était presque sûr que malgré le nuage de poussière, le tigre aurait très bien pu ne faire qu'une bouchée de son dirigeant. Il aurait été une fourmi entre ses pattes gigantesques. Mais enfin, il y avait tout de même de quoi se réjouir , tout s’était finalement bien terminé, et presque dans les honneurs !

Chandler se retourna ensuite vers le blondinet. Il lui disait un truc. Il l’avait rencontré par le passé, c’est sûr. Voyd ? Royd ? Mais si, celui qui voulait créer un ordre de templier ! En pleine réflexion il arborait un sourire chaleureux en s’avançant vers lui, une patte en avant pour serrer la sienne, l’autre balayant les alentours.

Un projet un projet un projet… le projet de Poyd. Allons, ça allait lui revenir , ou bien il se mettrait à table tout seul. Celà dit Chandler bien que torturé par ce trou dans ses connaissances était véritablement aux anges. Tellement de personnes en si peu de temps pour lui proposer des projets et avoir la ferme intention et toutes les motivations du monde à les mener à bien. Quel augure fantastique pour l’avenir.

C’était incroyable comme ses deux interlocuteurs étaient gigantesque à côté de lui. Pauvre tout petit renard, mais il ne se dégonfla pas.

Mais oui, c’était ça. L'entraînement du corps et de l’esprit, pas vrai ? Une chance pour eux, ces locaux disposaient d’assez d’espaces pour qu’ils se les partagent. Tout le monde y trouverait son compte à n’en point douter !