Through hell and back

Feat Kaël

Décembre 20, 118

Peut-être que Vex avait inhalé trop de vapeurs toxiques. Peut-être que le coup porté sur sa tête l'avait rendue profondément stupide, ou alors le traumatisme, ses craintes et ses angoisses la rendaient de nouveau amnésique. Mais elle semblait avoir oublié les paroles du Malakim prononcées quelques jours plus tôt dans la cuisine. Car tout paraissait si loin désormais. Ces moments de bonheur, ce réveil dans les bras de Kaël au lendemain de leur randonnée. Tant s'était produit en quelques jours que Vex ne pouvait s'empêcher de se sentir changée, d'avoir distingué une part d'elle qu'elle ne pensait pas si importante : cet absence de confiance en elle, les marques laissées par les paroles de Viktor lorsqu'il l'avait mise plus bas que terre avant que Kaël ne parvienne à la relever de ses regards empreints de fiertés pendant leur escapade jusqu'aux falaises. Non, Vex n'était finalement rien d'autre qu'une femme brisée, sans passé, sans accroches, sans repères et la visite du Fae n'avait fait qu'accentuer ces failles qu'elle pensait pourtant si bien cachées.

Alors bien malgré elle, parce qu'elle refuse de ne pas dire la vérité à Kaël comme elle l'avait toujours fait, l'élémentaire de feu tente de s'exprimer, de dire ce qui lui ronge le coeur, l'angoisse plus encore que de se retrouver seule chez elle à nouveau. Finalement, rien de tout ça ne comptait, tant que le veilleur était à ses côtés et lorsqu'elle s'épanche, livre enfin ses sombres pensées, une certitude persiste : celle que Kaël soit définitivement dégoûté. Lui qui avait eu tant de mal à s'ouvrir, à se laisser approcher devait maintenant composer avec une femme blessée, traumatisée au point de l'avoir supplié de ne pas l'abandonner. Pour finalement manquer de mettre le feu à la demeure, dans un élan gigantesque de bêtise.

Elle restait accrochée à son gobelet comme elle avait pu le faire avec la main de Kaël lors de ses premiers soins, avec une détresse de gosse se réveillant d'un cauchemar. Et même si elle avait persisté à fuir le regard du Malakim, c'est la main posée sur la sienne qui lui fit finalement lever les yeux, qui s'étaient de nouveau gorgés de larmes. Tant d'émotions pour une seule journée, Vex avait grand besoin de dormir, des heures, des jours, des semaines même tant elle était épuisée, avait besoin de ce sommeil pour oublier, commencer à guérir de toutes ces plaies, physiques comme psychologiques qui l'étouffaient. Alors en silence, elle écouta les mots de Kaël, détournant pourtant rapidement les yeux lorsqu'il rappela qu'il pouvait difficilement la quitter, puisqu'ils n'étaient encore rien, tant tout était trop frais. C'était douloureux à entendre, mais pourtant tellement vrai. Vex avait beau s'agripper au veilleur comme une forcenée, le voir comme un souffle d'air pur au milieu de la chape de mazout qu'était sa vie, il disait vrai, rien n'avait encore commencé et la pression sur les épaules de Kaël était déjà colossale.

Vex était si prise dans ses propres tourments, la difficulté qu'elle avait à accepter le dévouement du Malakim à rester à ses côtés qu'elle ne vit d'abord pas les joues de Kaël s'empourprer. Non, la spirale de tourments était infinie, constante, alors il fallu que la main remonte contre son bras, qu'il se penche vers elle pour qu'elle daigne enfin le regarder. Même là, transi de fatigue et d'angoisse, les joues rougissantes du veilleur semblèrent prendre la place d'une ancre en pleine mer, d'un phare brillant dans une obscurité la plus totale. Vex était parfaitement ravagée, ce soir. Passée par toutes les émotions possibles et imaginables, elle était simplement épuisée, ne pouvait pas réfléchir clairement ni même se considérer avec bienveillance, alors elle se contenta de faire ce qu'elle avait toujours fait jusqu'alors : elle fit confiance au Malakim. Un hochement de tête léger fut sa première réponse, sans qu'elle ne détache son regard mauve gorgé de larmes qui ne coulaient pas du visage penché au dessus d'elle. Sa main qui serrait comme une forcenée le drap vint se lever, pour se poser contre la joue du veilleur dans cette même douceur qu'elle avait toujours employé et son pouce caressa délicatement la peau sous sa pulpe tandis qu'elle s'abstenait de parler, tant tous les mots qui lui venaient à l'esprit semblaient en désaccord avec ce avec quoi elle acquiesçait. Après tout, Kaël avait raison, il était là, c'était tout ce qui importait, non ? Il lui avait dit ne pas lui en vouloir, elle-même ne lui en voulait pas de l'avoir frappée de cette maudite porte de placard dans la manoeuvre pour tenter de calmer la situation qui dégénérait, alors pourquoi avait-elle encore le coeur si lourds ?

« D'accord. Merci... Pour tout. » Et plutôt que de laisser Kaël répondre, continuer de s'enliser dans l'expression d'émotions qu'il ne comprenait pas, Vex se contenta de l'attirer. Sans force aucune, tant la mouche qu'elle était était maintenant passée au stade de mollusque, avec toutes ses douleurs, mais le geste était là et Kaël étant déjà penché, il n'eut pas beaucoup de distance à parcourir pour que Vex puisse venir l'embrasser. Rien de passionné, rien de triste, simplement ce besoin qu'elle avait de le savoir là, près d'elle, avec elle, dans toute l'horreur que cette journée avait été. Car Vex aurait amplement préféré pouvoir profiter de la chaleur des bras du Malakim pour s'endormir, mais les lits ridicules ne le permettraient jamais, grandes ailes de chauve-souris oblige, alors elle grappilla un peu de chaleur où elle le pouvait, dans ce contact si salvateur qu'était un baiser de Kaël après cette rude journée. Et insistant probablement pour que le contacte perdure, dans tout le désespoir qu'elle incarnait, Vex daigna finalement le lâcher, le laissant retrouver son espace vital, sa place dans son lit si il le désirait et au prix de nombreux efforts, Vex reposa le gobelet sur la table de chevet, s'installant plus confortablement dans ce lit avant d'oser tourner la tête, de regarder Kaël une dernière fois avant de souffler la chandelle qui les éclairait, faute d'oser tenter de reprendre contact avec son feu et de dire, la voix nouée par les émotions accompagnant cette rude journée dont la fin n'avait été que trop attendue, espérant sûrement que la suivante serait porteuse d'espoir, de guérison pouvant enfin commencer — quelle erreur — : « Bonne nuit. » Elle dormirait très certainement affreusement mal, serait réveillée de cauchemars horribles, dans lesquels elle verrait Kaël mourir brûlé vif ou d'autres où elle tenterait de fuir son assaillant qui parviendrait toujours à la rattraper. Mais Vex pu au moins s'endormir en se rassurant sur le fait que cette nuit, au moins celle-là, elle ne serait pas seule, même si il y avait fort à parier qu'elle empêcherait certainement Kaël de se reposer avec ses gémissements terrifiés et ses sursauts répétés.

 

Through hell and back

Feat Kaël

Décembre 20, 118

Le baiser eut au moins le mérite de calmer les nerfs à vifs de la pauvre alchimiste. Tant s'était déroulé au cours de cette journée, tant de choses néfastes, désagréables, insupportables même pour une seule personne, elle venait simplement de craquer. La route vers la guérison serait longue, semée d'embûches, pourtant lorsque Kaël se recula et que Vex pu une fois encore admirer son visage, malgré ses traits tirés, elle semblait plus calme. Ses larmes avaient tarit, son palpitant s'était calmé et elle pouvait maintenant se reposer dans un semblant de calme, oublier le temps d'une nuit toute l'horreur qu'ils venaient de traverser.
Étendue sur le dos, elle eut même un petit sourire lorsque Kaël l'appela sa jolie alchimiste, lui rappelant une dernière fois qu'il était là, à ses côtés, même si le désastre de cette journée aurait certainement eut mieux fait d'être évité, elle n'était pas seule et pouvait se reposer sans craindre quoi que ce soit. Ils étaient en sécurité au dispensaire, rien ni personne ne pouvait les atteindre, ils étaient ensemble, c'était tout ce qui comptait.

Vex n'eut pourtant pas le droit à une nuit calme et sans songes. Mélange savant de dizaines de situations différentes, elle pu pourtant profiter d'une première partie de nuit assez calme, si on en oubliait les flashs sans queue ni-tête qui défilaient sous son regard impuissant. D'abord, elle vit un laboratoire, qui n'avait rien à voir avec celui de la guilde tant la technologie qu'il contenait était clairement au dessus de ce qu'ils avaient pu recréer sur Ozéna, mais des visages semblaient commencer à se dessiner, pour mieux disparaître dans un fondu au noir. Puis, Vex se revoyait chez elle, Kaël lui tournait le dos et la quittait, sans qu'elle ne puisse tenter de le rattraper. Impuissante, elle regardait l'homme qu'elle aimait partir, puis ses yeux se baissèrent et elle pu remarquer comme ses mains étaient couvertes de sang. Qu'avait-elle fait ?

Impossible à définir car déjà, le scénario changeait, Vex courrait. Elle courrait pour sa vie, le diable aux trousses, son visage lui restant invisible tant les quelques fois où elle se retournait ne suffisaient qu'à lui démontrer que la forme inquiétante se rapprochait.
Ces multiples rêves et cauchemars eurent raison de son sommeil profond, plongeant l'élémentaire de feu dans une sorte de demi réveil insupportable alors qu'elle tentait de s'extirper de ces situations terrifiantes quand soudain, un cri la réveilla tout à fait, la faisant sursauter dans le lit alors qu'elle ouvrait les yeux sur une pièce sombre plongée dans le noir. Le palpitant tambourinant furieusement à ses oreilles, elle entendit quelqu'un s'agiter à côté d'elle et durant les quelques secondes qui lui servirent à réaliser où elle était, Vex resta immobile, avant qu'un geste soudain mais aussi douloureux ne la fasse atterrir sur ses pieds. Kaël hurlait à tout rompre à côté d'elle, dans une langue qu'elle aurait juré ne pas connaître mais qu'elle comprenait étrangement dans des sonorités similaires à une qu'elle avait parlé, il y a longtemps. Alors, Vex se traîna à genoux, esquivant par miracle les mains du Malakim qui fouettaient l'air autour de son visage et attrapant la première chose qu'elle croisait, un bras, une main, une épaule, ou même le visage du veilleur, Vex se pencha vers lui, agrippée comme un foutu cowboy en plein rodéo pour ne pas être envoyée valser à l'autre bout de la chambre et elle tenta de l'apaiser, les mots qu'elle prononçait lui venant naturellement sans même qu'elle sache d'où elle les connaissait. « Kaël, acalma-te ! Acalma-te ! » Mais le veilleur était fou, terrifié, alors Vex se pencha, tentant de le stabiliser en appuyant le haut de son corps sur celui du veilleur, de l'immobiliser de son poids avant qu'il ne renverse absolument tout autour de son lit du dispensaire. « É meu, Vex, acalma-te Kaël, està tudo bem, acalma-te ! » Vex parlais portugais, une langue oubliée, reléguée à un passé dont elle ignorait encore tout qui lui venait avec un naturel qui la désarçonna autant qu'elle n'était pas sûre qu'il fonctionne. Mais ses bras vinrent enlacer le Malakim qu'elle tentait d'immobiliser, dont le coeur tambourinant contre sa joue commençait à se calmer, les gestes avaient cessés de fouetter l'air dans une frénésie aussi soudaine qu'incompréhensible.
Machinalement, ses doigts avaient serré les bras du veilleur, tentant comme elle le pouvait de le calmer, de l'apaiser par sa présence malgré son propre coeur qui tambourinaient dans sa poitrine, aussi paniqués par ses propres rêves que par la panique dans la voix du veilleur qui avait hurlé à réveiller des morts et aussi longtemps que nécessaire, Vex resta vautrée sur Kaël, la joue posée contre son torse, un bras l'enlaçant maladroitement alors que sa voix faiblissait, ne cessant pourtant de scander « Acalma-te » encore et encore jusqu'à ce que le Malakim parvienne à se ressaisir et à l'écouter.

 

Through hell and back

Feat Kaël

Décembre 20, 118

Agrippée au veilleur comme si il allait exploser, tenter de se lever et fuir, Vex eut l'impression de se faire dompteuse d'animal sauvage. Le bougre avait une force colossale et s'agitait comme un forcené, faisant parfois dangereusement tanguer l'alchimiste qui serra son étreinte comme elle le pouvait, malgré ses maigres forces, malgré ses douleurs qui réduisaient considérablement sa capacité à se tenir. Mais tant pis, rassurer le Malakim était plus important, sa détresse était palpable tant elle entendait son palpitant s'agiter dans sa cage thoracique, résonnant dans la mâchoire de Vex qui restait posée contre son torse. Vex commença alors une litanie de mots qu'elle n'imaginait pas connaître, parlant une langue dont elle ignorait même avoir le moindre savoir. Elle parlait portugais, mais comment se souvenait-elle de ce dialecte alors même qu'elle pensait ne pas avoir de passé, être une toile vierge venant tout juste d'arriver, de se découvrir. Pourtant, elle répéta encore et encore les mêmes mots, tentant d'apaiser les angoisses du veilleur qui peinait à reprendre pied. Vex ne comprenait foutrement rien à ce qu'il se passait, tout ça n'était qu'un bordel infâme, sans nom et sa tête continuait de l'élancer, à chaque nouvelle tentative que Kaël mettait en oeuvre pour tenter de se libérer. Mais acharnée, animée de cette volonté de lui venir en l'aide, de l'apaiser, elle continua de répéter, encore et encore « Acalma-te, É meu, Vex, acalma-te. » comme Kaël l'avait fait lorsqu'elle paniquait, venant tout juste de se réveiller de son coma provoqué par le coup reçu sur la tête.

Il fallu que quelqu'un taque avec acharnement sur la porte pour qu'elle relâche doucement son étreinte, restant malgré tout au contact du veilleur qui s'était peu à peu apaisé, à force de répétition de ces mots qu'il semblait comprendre. Comment avait-elle compris ce que Kaël racontait ? Pourquoi comprenait-elle l'espagnol et surtout pourquoi parlait-elle portugais ? Trop de questions qui ne trouvèrent pas de réponse lorsqu'une voix tonna dehors, exigeant le calme pour les autres patients qui avaient certainement été réveillés par la panique qu'avait subi le veilleur. Silencieuse, Vex posa délicatement sa main contre la joue de Kaël, la caressant avec tendresse pour continuer de l'apaiser, sa chaleur et ses gestes essuyant doucement la sueur venue tremper le visage encore tiré d'angoisse du Malakim. Sans un mot, Vex laissa Kaël s'expliquer, s'excusant pour la commotion provoquée, pour le dérangement et confirmant que tout le monde allait bien malgré les cauchemars terrifiants qui les avaient tout deux réveillés.

Débarrassés de la présence agacée, Vex continua de distiller ses gestes tendres, resserrant doucement son étreinte sur Kaël qu'elle serrait contre elle, la joue toujours posée en travers de sa poitrine. Peu à peu, la tension dans le corps du veilleur refluait, même Vex et ses sens d'humaine normale pu le sentir et à mesure qu'elle le sentait s'apaiser, elle même desserrait sa prise, maintenant qu'elle était assurée qu'il ne se remettrait pas à ruer comme un fou, pour fuir on ne sait où. Son coeur aussi se calmait, résonnant moins fort contre sa mâchoire, faisant moins lanciner la douleur qui irradiait le crâne de l'alchimiste et quand elle entendit la voix de Kaël s'adresser à elle, enrouée d'avoir tant hurlé, Vex sentit son propre coeur se serrer. Pourquoi s'excusait-il ? Son cauchemar n'était pas sa faute, il n'y était pour rien. Vex resta un instant immobile, remontant doucement sa joue jusqu'à l'épaule du veilleur alors qu'elle tenait en équilibre instable sur ses genoux, à moitié vautrée sur le veilleur. Sa main n'avait pas quitté sa joue et malgré l'obscurité la plus totale qui l'empêchait d'y voir quoi que ce soit, Vex continua ses caresses. La voix brisée d'émotion du veilleur continua de lui serrer la gorge et venant cette fois s'allonger sur le flanc aux côtés du veilleur, Vex parvint à caser une demi fesse sur le minuscule morceau de matelas restant, enlaçant étroitement Kaël qui s'excusait maintenant pour lui avoir fait du mal.

« Tout va bien, inutile de t'excuser. » Murmura-t-elle doucement, son pouce ne discontinuant pas les caresses qu'il apposait sur la joue du Malakim qu'elle sentait se détendre à chaque nouveau mouvement qu'elle faisait. Il s'excusa encore, mais cette fois, le bras de Vex qui gisait sous son flanc s'approcha de la main toujours fermement arrimée aux draps entre leurs deux corps et elle vint doucement lier leurs doigts, la joue posée contre l'épaule de Kaël, le serrant contre elle comme elle le pouvait malgré les douleurs qu'elle ressentait.

« Ce n'est pas grave, je suis là, tout va bien. » Elle le serra même un peu plus fort contre elle, malgré la position horriblement inconfortable, malgré le fait qu'elle manquait dangereusement de tomber si Kaël avait le malheur de bouger. Mais Vex n'en avait que faire, la seule chose qui importait était de le rassurer, d'apaiser ce coeur qu'elle sentait toujours battre sous son coude qu'elle avait déposé contre son torse pour mieux laisser son pouce caresser sa joue avec douceur. Comme Kaël l'avait fait lorsqu'elle avait été celle qui les avait réveillés, comme il avait fait lorsqu'elle avait paniqué, un nombre incalculable de fois la veille. Peu importe ce que Kaël avait fait, quel genre de démons le poursuivait, Vex était là et se promettait certainement qu'elle le serait toujours, quoi qu'il adviendrait. Et autant que nécessaire, elle répéta à son tour ces trois mots « Je suis là. » tant que Kaël le nécessitait, tentant même de le bercer de ses caresses afin qu'il se rendorme, si il le pouvait.

 

Through hell and back

Feat Kaël

Décembre 20, 118

La crise était contenue et peu à peu, Vex sentit Kaël s'apaiser, oublier sa peur, l'horreur qu'avait dû être son cauchemar pour le pousser à hurler de la sorte. Elle-même trouvait un certain réconfort à ainsi être contre lui, pour oublier ses propres craintes, passer l'éponge sur ces rêves atroces qui la suivraient encore très longtemps et dont elle ne se détacherait vraiment jamais. Mais l'un contre l'autre, ils pouvaient oublier un temps ce qu'ils vivaient, ce qu'ils avaient vécu et ce que serait les jours à venir avec leurs lots de régression et d'autres difficultés à affronter. Comme si finalement, la chaleur qu'ils se dispensaient pouvait tout effacer, Vex continua de caresser délicatement la joue de Kaël contre qui elle se serrait, tenant en équilibre instable sur un quart de fesse sur le bord du pauvre sommier. Mais plus rien ne comptait, plus rien d'autre que ce coeur qu'elle sentait peu à peu s'apaiser à son contact, ce souffle qu'il reprenait peu à peu faute de continuer à hurler. Et tant qu'il le fallu, autant que nécessaire, Vex continua de serrer Kaël contre elle, de murmurer des paroles apaisantes, de le rassurer. Elle était là et le resterait, peu importe quel genre de démon il affrontait, quel genre d'horreurs tentaient de le rattraper tout droit venues de son passé.

Ignorant sûrement toute la noirceur du récit que Kaël aurait à lui raconter, Vex resta ainsi, malgré l'inconfort de la position, malgré les douleurs associées — après tout, une douleur de plus ou de moins, qu'est-ce que ça changeait ? — et peu à peu, l'élémentaire de feu se sentit glisser, rejoindre de nouveau les bras de Morphée avant que la voix de Kaël ne se fasse de nouveau entendre. Viens ? Hein ? Où ça ? Elle ne comprenait pas ce qu'elle était censée faire, si bien qu'il fallu que le Malakim l'attire contre lui, la plaçant entre ses jambes et le torse reposant sur le sien pour que l'alchimiste comprenne ce qu'il voulait dire. Au dessus de lui, elle reposa sa joue contre son torse, ses bras reprenant leur place le long des épaules de Kaël sur lequelles elles se reposèrent. Blottie contre le torse du veilleur, entourée de ses bras, Vex somnolait déjà lorsqu'il la recouvrit de la couverture et ne tarda pas à sombrer une fois tout le monde confortablement installé. Kaël souffrirait sûrement d'être ainsi reposé sur ses ailes, mais au moins, ils étaient ensembles, partageant leur chaleur pour repousser les démons qui tentaient de les hanter, d'agiter leur nuit. Si bien d'ailleurs que bercée par les battements lents du coeur du veilleur contre sa joue, Vex ne fit cette fois aucun rêve. Elle était tellement épuisée, tellement fatiguée de tous ces évènements qui ne cessaient de s'enchaîner que cette fois, la fin de nuit fut parfaitement noire, le soleil lui-même ne parvenant pas à la réveiller.

Ce fut la voix de Rhysand qui la tira de son sommeil, les yeux encore collés et la bouche pâteuse d'avoir dormi si profondément, les motifs du maillot de corps de Kaël imprimés contre sa joue. Levant le nez dans une drôle de tête épuisée, Vex sembla chercher à comprendre où elle était, ce qu'il se passait lorsque le frère ailé de Kaël ricana un peu, les observant les bras croisés depuis le pieds du lit où il se trouvait.

« Et bien voyez vous ça, je ne vous avait pas dit de bien vous tenir ? » Il ricanait mais une lueur inquiète éclairait son regard mauve et Vex eut l'outrecuidance de reposer sa joue contre le torse de Kaël, comme si elle refusait d'admettre que la chauve-souris géante était là, les dérangeait dans leur repos et venait avec les affaires promises. Elle eut un soupir, puis invoqua ses forces pour se redresser, libérer Kaël de son étreinte et lui rendre un tant soit peu de liberté de mouvement avant de se traîner comme une vieillarde jusqu'à son propre lit. Cette fois, le bleu autour de sa tempe était bien installé et les courbatures du coup de porte de placard rendaient ses gestes gourds, difficiles. Elle eut même un gémissement douloureux en se réinstallant dans son lit, fuyant le regard de Rhysand qui l'observait fixement, incapable de masquer son inquiétude. « Je suis passé chez toi, comme convenu, Vex chérie. » Elle restait profondément silencieuse, sachant pertinement ce que Rhysand allait dire, des frissons courant déjà sur sa peau à l'idée de devoir parler, de devoir raconter. Toute trace d'humour quitta la voix du veilleur qui observa finalement son frère, tentant sûrement de lui transmettre toute l'étendue de ses pensées qui n'étaient pourtant pas difficiles à deviner. « J'ai aussi parlé avec des soignants en arrivant, tu as mis un sacré bordel cette nuit, vous êtes gentiment invités à rentrer dès aujourd'hui. » La tension était palpable dans la chambre, Vex n'osant toujours rien dire, ayant sûrement envie de disparaître sous les couvertures tant tout ça prenait des proportions qu'elle n'arrivait pas à supporter. Elle allait devoir rentrer chez elle, seule, affronter le souvenir de ce qu'elle y avait vécu. À cette simple pensée, sa gorge se serra, son coeur accélérant peu à peu dans sa poitrine. « J'ai refermé la fenêtre de chez toi pour éviter que tout gèle, mais je pense que mon frère est d'accord avec moi sur le fait que tu n'y retourneras pas, pas tout de suite, en tout cas. » Et Rhysand chercha dans le regard de son frère une désapprobation de cette décision qui avait certainement été discutée avec Cassian le matin même, lorsque Rhysand lui avait raconté ce qu'il avait trouvé chez l'alchimiste, l'odeur de terreur, les traces de sang. Afin de tenter d'alléger un peu la conversation, il rajouta pourtant d'une voix légère, retrouvant son timbre taquin. « Ce n'est de toute façon pas avec ta démarche de vieillarde que tu arriveras à te faire à manger toute seule, hein, Vex chérie ? » Elle daigna alors enfin tourner les yeux du mur qu'elle fixait en silence, tournant la tête vers Kaël pour l'interroger du regard, savoir si sa présence le dérangerait, si elle était la bienvenue chez lui, chez eux, le temps de sa convalescence. Elle, évidemment, n'espérait rien d'autre que de ne pas être seule, pas tant que les souvenirs étaient si frais, les choses encore trop ancrées dans son esprit encore fraîchement traumatisé.

 

Through hell and back

Feat Kaël

Décembre 21, 118

C'était cruel de venir les couper alors qu'ils dormaient enfin si paisiblement, avaient enfin réussi à apaiser leurs cauchemars et leurs angoisses et étaient ainsi serrés l'un contre l'autre. Finalement, même avec la contrainte d'un lit ridiculement petit, Kaël et Vex n'avaient pas résisté à ce besoin qu'ils avaient de se serrer l'un contre l'autre lorsqu'ils dormaient, un besoin acquis si vite, si soudainement mais qui n'avait été que renforcé par les évènements passés.
Si bien d'ailleurs que lorsque l'alchimiste entendit le rire gras de Rhysand dans son dos, elle maugréa un peu comme elle le faisait. Elle aurait bien réclamé cinq petites minutes, mais le commentaire ajouté sur leur absence de tenue lui fit perdre toute envie de lambiner et elle retrouva rapidement son lit où elle eut probablement envie de disparaître pour ne plus jamais ressortir son nez. Rhysand pour sa part semblait s'en donner à coeur joie, mettant dans la gueule des deux pauvres blessés le fait qu'ils étaient gentiment priés de rentrer chez eux après le grabuge de la nuit et sûrement parce que les soignants jugeaient que Vex pouvait parfaitement faire sa convalescence chez elle, loin d'imaginer ce qu'elle avait bien pu y traverser. Alors, silencieuse comme la mort, Vex écouta Rhysand parler, se tendant parfois un peu plus lorsqu'il mentionnait certains détails sans pour autant sembler vouloir fuir lorsqu'il évoqua le fait qu'elle était conviée à venir partager leur appartement le temps qu'elle soit remise.

Ce qui inquiétait plus l'alchimiste était plutôt le fait de s'imposer, de venir perturber la quiétude de leur demeure — et aussi peut-être de devoir subir les parties fines des deux chauve-souris lubriques —, alors elle interrogea Kaël du regard. Celui-ci ne semblait pas particulièrement répugné à l'idée qu'elle s'invite quelques jours chez eux et les paroles de Kaël vinrent finalement le lui confirmer. Elle n'était de toute façon pas capable de ranger sa maison, d'effectuer les réparations nécessaires tant qu'elle ne pourrait pas marcher sans craindre de se briser, alors elle acquiesça d'un hochement de tête avant que Kaël ne vienne demander où se trouvait le bouquet. Un petit sourire vint cette fois tordre les lèvres de Vex qui tourna de nouveau le regard vers Kaël, son repère, son ancre dans ce moment si étrange quand cette fois, Rhysand mentionna les découvertes qu'il avait fait dans la chambre de l'élémentaire. Vex devint écrevisse, coulant presque dans son lit alors qu'elle tentait certainement de s'y cacher, de disparaître à l'idée que le frère de Kaël ait vu, peut-être même fouillé dans ce tiroir pourtant censé rester inconnu de tous.

Mais la tension émanant de Kaël devait avoir suffit à calmer toute ardeur humoristique de sa part, car il faisait mention de régime alimentaire et à deux doigts de suffoquer de honte dans son lit, Vex resta un instant pantoise, les yeux ronds, stupide, ne comprenant pas vraiment comment on était arrivé à une telle conclusion. Elle dû d'ailleurs se racler la gorge une fois ou deux, pour être capable de parler, mais elle répondit alors.

« Euh... Oui, d'accord... Ça me convient je me ferais à votre régime et je... euh... Je participerais aux frais. Quand je serais capable je pourrais vous faire à manger si vous voulez. » Par les dieux qu'elle était ridicule, à rougir comme une adolescente alors que son coeur tambourinait dans sa poitrine, incapable de regarder Rhysand dans les yeux. Elle soupira finalement, passant une main sur son visage avant d'être rapidement rappelée à l'ordre par son bleu douloureux et son arcade encore fraîchement recousue et se redressant finalement en position assise, au prix de nombreuses douleurs, elle observa le sac que Rhysand posa aux pieds de son lit, le petit sourire ourlant ses lèvres n'annonçant rien de bon. « Je t'ai empaqueté assez de vêtements pour les prochains jours, j'espère qu'on aura droit nous aussi à ton délicieux rôti. » Et il lui offrit un clin d'oeil qui fit immédiatement détourner la tête de Vex qui prit le sac pour le tirer sur ses genoux avant que la chauve-souris libidineuse ne se tourne vers son frère. « Allez, on se lève princesse, il est temps de rentrer à la maison ! » Et il jeta les vêtements de rechange apportés à son frère avec bien plus de rudesse que lorsqu'il avait donné son sac à Vex, ricanant avant de tourner les talons, se dirigeant déjà vers la porte. « Je te laisse cinq minutes pour te changer et te faire coquet, je reviendrais chercher ta dulcinée si tu n'es pas capable de la porter jusqu'à la maison, hors de question que je marche, ces beautés ont besoin d'exercice ! » Et il étendit légèrement ses ailes, se pavanant fièrement dans la chambre du dispensaire avant de sortir, laissant finalement Kaël et Vex seuls alors que l'élémentaire se redressait dans son lit, mal à l'aise, gênée au possible. « Je peux sortir si tu préfères te changer tranquillement. » Oui Vex, bien-sûr, comme si tu allais être capable de marcher comme une grande sans manquer de t'effondrer au sol lorsque tu réaliserais toute les douleurs qui t'étreignaient.
De son côté, Rhysand était certainement aller régler la note, prendre les différentes prescriptions des deux malades avant de se poster contre un mur, attendant tranquillement la sortie des convalescents et à n'en pas douter, il laissera probablement ses oreilles traîner légèrement, voir s'il ne surprenait pas un petit rapprochement.

 

Through hell and back

Feat Kaël

Décembre 21, 118

Cette collocation allait être difficile, Vex le savait. Ou du moins, elle venait de le comprendre lorsque Rhys s'évertua à enchaîner les remarques cinglantes, moqueuses alors que la pauvre élémentaire ne rêvait que d'une chose, oublier ce qu'elle avait vécu, retrouver son lit et s'y vautrer pendant des jours, dormir, dormir encore jusqu'à finalement laisser derrière elle la journée de la veille. Sauf que voilà, elle en serait profondément incapable. Épuisée, elle était surtout blessée, fourbue, courbaturée et les nombreuses ecchymoses qui parcouraient son corps lui rappelleraient encore longtemps toute l'horreur qu'elle avait traversé. Au moins, une chose persistait, la présence de Kaël à ses côtés, même si elle devrait supporter au passage les deux mufles qui lui servaient de frères. Et sûrement que remarquant qu'il avait légèrement dépassé les bornes, Rhysand reposa son attention sur son frère plutôt que de continuer de titiller la pauvre alchimiste qui n'avait plus vraiment les épaules pour encaisser ses boutades. Alors Vex se contenta de hocher la tête avec lenteur pour ne pas réveiller sa commotion lorsque la chauve-souris aux yeux mauves indiqua avoir remis la clé dans le sac. Il avait certainement dû fouiller pour trouver ce sac que Vex avait rangé après la randonnée, mais l'idée d'imaginer Rhysand fouillant dans ses tiroirs était déjà bien assez insupportable comme ça, mieux valait ne pas y penser, comme tout le reste. À la place, l'élémentaire de feu se contenta de garder le sac sur ses jambes, jusqu'à ce qu'enfin Rhysand sorte et les laisse en paix, un petit sourire lui étant pourtant venu lorsque Kaël avait insulté son frère lorsqu'il lui jeta ses affaires au visage.

Vex proposa même à Kaël de lui offrir un peu d'intimité, mais celui-ci refusa, invoquant le fait qu'elle l'avait déjà vu nu. Certes, elle avait vu ses fesses, mais pas vraiment le package complet et si son esprit n'était pas à ce genre de pensées, elle apprécia pourtant que Kaël se retourne le temps pour elle de se changer. Sauf que voilà, en fouillant dans le sac pour en tirer un pull propre et un nouveau pantalon, Vex ne manqua pas de remarquer que Rhysand avait aussi sélectionné quelques pièces de nuit très à son goût. Probablement pour inciter Vex à les porter, lorsqu'ils iraient se coucher dans la chambre de Kaël. Malgré le dos tourné du Malakim, malgré le fait qu'elle sache qu'il ne pouvait la voir, Vex piqua un fard, la chaleur de ses joues faisant lanciner son mal de tête et tambouriner son coeur, mais elle resta silencieuse, enfonçant les éléments frivoles tout au fond de son sac avant de s'affairer à s'habiller, lentement, comme la vieillarde qu'elle était.
Loin étaient les progrès fait pendant l'entraînement maintenant que chaque fichu muscle de son corps la faisaient souffrir et devant parfois s'y reprendre à plusieurs fois tant chaque geste provoquait une agonie insupportable, elle termina de nouer son pantalon, restant assise sur son lit tant que l'heure du départ n'était pas donnée.

À la demande si elle était fin prête, elle acquiesça, Kaël finissant alors par se retourner et essayant un léger sourire encourageant, Vex prit la main qui lui était proposée. Elle se leva avec peine, mais désormais sur ses pieds, elle prit quelques secondes pour contempler le Malakim, comme pour se gorger de sa présence, s'assurer qu'il était bien là, avec elle, qu'elle ne rêvait pas, qu'elle n'était pas tout simplement morte lors de cette nuit. Mais ce qu'il s'était passé lors de la précédente ne pouvait être le fruit de ses songes et si ils n'en avaient pas encore reparlé, Vex finirait par demander à Kaël ce qui avait bien pu le pousser à hurler, espérant sûrement l'aider à se défaire des démons qui le tourmentaient. Elle fronça pourtant légèrement les sourcils lorsque le veilleur mentionna qu'elle devrait se laisser porter par Rhysand, être séparée de lui le temps du trajet afin qu'il puisse les rejoindre à pieds et même si elle savait parfaitement qu'elle était incapable de marcher sur une telle distance, Vex tenta pourtant d'argumenter. « Je peux rester avec toi et marcher, j'en suis capable. » Quel joli mensonge. Sûrement une tentative de sa part de minimiser son état, de ne pas admettre qu'elle était complètement brisée, physiquement comme psychologiquement. Qu'elle souffrait encore des effets de sa commotion et ne pourrait certainement pas faire deux pas avant de s'effondrer. Mais Kaël lui fit rapidement comprendre que la décision n'était pas discutable et Vex se contenta d'acquiescer, non sans bougonner légèrement.

Une fois sortis de la chambre, Vex pu avoir conscience de toutes ses difficultés à marcher, des douleurs dans ses hanches, son dos et des effets encore bien présents de sa commotion. Malgré la main de Kaël dans la sienne, l'élémentaire devait presque plisser les yeux pour tenter de calmer les vertiges qui la prenaient et pâle comme un linge lorsqu'ils atteignirent la sortie, Rhysand les attendait les jambes croisées, cette même attitude déliée dans les geste.

« J'ai presque failli attendre. Mais vous êtes beaux comme des coeurs, maintenant remet moi le précieux paquet Kaël, veux-tu ? » Vex hésita à lâcher la main du Malakim, regardant presque Rhysand d'un air mauvais. Ravi d'avoir enfin réveillé la combativité de l'élémentaire, Rhysand s'approcha alors, prenant un ton volontairement enjôleur, sûrement pour la faire enrager. « Promis, j'irais doucement, Vex chérie. » Cette fois, l'alchimiste plissa le nez et semblait sur le point de l'insulter. Mais elle était si fatiguée, avait tellement mal de partout qu'elle se contenta de jeter un regard vers Kaël, comme pour s'assurer qu'elle le retrouverait vite et que rien ne pourrait lui arriver et elle laissa Rhysand l'attraper, la soulever avec bien plus de précaution qu'elle n'aurait pu l'imaginer et lancer un petit regard plein de défi à son frère avant de lâcher : « On se retrouve à la maison, profite bien de ta promenade ! » et de prendre son élan, battant des ailes pour s'envoler, un rire le suivant à mesure qu'il rejoignait la demeure des frères Malakims. Tout au long du trajet, Rhysand resta silencieux, sûrement conscient du malaise de Vex, de cette difficulté qu'elle avait à se laisser enlacer, regrettant aussi sûrement d'avoir fourré les vêtements légers dans le sac. Après tout, son odorat ne lui avait pas révélé si l'agression avait simplement dépassé les coups et avec un peu de retardement, il réalisa sûrement qu'il avait peut-être dépassé les bornes. Mais trop fier, ne connaissant que trop peu Vex, il n'en dit rien, se contentant de les déposer en douceur devant l'appartement qu'il partageait avec Kaël et Cassian et indiquant la porte d'entrée, il fut surpris de voir une Vex qui restait plantée là, attendant sûrement l'arrivée de Kaël. Il l'observa, un instant, mais comprenant qu'elle refuserait d'entrer, il se contenta de tendre la main pour prendre son sac, la laissant en paix pendant que les yeux de Vex fixaient l'horizon en quête de cette vision qu'elle attendait : Celle de Kaël qui les rejoignait.

 

Through hell and back

Feat Kaël

Décembre 21, 118

Il était plutôt évident que Vex était angoissée à l'idée de voler dans les bras de Rhysand. Ce n'était pas qu'elle ne lui faisait pas confiance, mais si. Loin de connaître le veilleur ailé comme elle connaissait Kaël, elle avait subi les assaut d'un homme inconnu la veille et aurait largement préféré marcher plutôt que de devoir serrer ses bras autour de la nuque d'un inconnu notoire qui s'était moqué d'elle un nombre incalculable de fois par le passé. C'est donc à reculons qu'elle se laissa prendre dans les bras, l'étreinte de Rhysand se faisant étroite alors qu'il lançait un petit sourire provocateur à son frère avant de s'envoler. Le trajet se passa pourtant bien, fut particulièrement silencieux et une fois arrivé devant les pieds de la tour, il garda Vex dans ses bras, montant les escaliers jusqu'à la déposer au sol devant la porte de l'appartement, l'invitant à entrer pour qu'elle refuse, préférant attendre Kaël qui mit pourtant un long moment à arriver.
Mais Vex attendit patiemment, en brave golden retriever qu'elle était, fixant le haut des escaliers jusqu'à voir poindre le museau de Kaël qui fit immédiatement lever un sourire sur son visage.

Assise sur les marches des escaliers pour économiser ses forces qui n'étaient pas fameuses, elle se releva en grande peine, à deux doigts de se jeter dans les bras de Kaël pour se rassurer. Sauf que les forces lui manquaient, c'était une évidence, alors elle se contenta de sourire. La question lui fit immédiatement secouer négativement la tête et elle entendit bientôt la voix de Rhysand, outré que son frère ose imaginer qu'il ai pu tripoter sa douce urger Vex d'être sincère. Malgré elle, elle conserva son sourire, les bras débarrassés de son sac alors que Kaël prenait sa main dans la sienne.

« Non il a été gentil. » Les éclats de rire dans l'appartement avaient au moins le mérite de la rassurer un peu, en effet, Rhys était un gentil vaurien, il ne faisait que tenter de détendre l'atmosphère. Il avait gardé pour lui tous commentaires, sûrement conscients que l'état psychique de l'élémentaire ne lui permettait pas de supporter ses possibles boutades et s'était contenté de la ramener à bon port, jusqu'au palier de la porte.
Vex laissa ses chaussures dans l'entrée, comme Kaël et débarrassée de son manteau, elle le pendit aux côtés de ceux des veilleurs, reprenant rapidement la main de Kaël dans la sienne pour se rassurer et le suivre dans la pièce à vivre où se trouvaient les deux chauve-souris. Excités comme des puces au salon de la moquette, Rhysand et Cassian semblaient attendre l'arrivée des deux tourtereaux blessés comme un véritable cadeau de Noël et c'est avec une petite remarque bien sentie de Cassian que Vex fut rapidement mise dans le bain. Ils puaient tous les deux, à n'en pas douter et Vex n'avait qu'une envie ; se débarrasser de ce bandage, ôter cette odeur insupportable de feu de sa peau et retourner se coucher. Silencieuse, elle resta un peu en retrait, comme si elle voulait de nouveau se cacher derrière Kaël, mais les deux chauve-souris s'approchaient déjà, ricanant comme deux adolescents. Cassian avait préparé un bain et les épaules de Vex se détendirent un peu, ne remarquant pas la lueur malicieuse dans le regard de Rhysand qui s'approchait pourtant, murmurant une grivoiserie à l'oreille de l'élémentaire qui ne manqua évidemment pas de piquer un fard. Cette fois, la gifle manqua de partir, mais trop rapide pour elle, Vex ne pu que fusiller le veilleur du regard qui partait déjà en ricanant, retrouvant sa chambre dont il ferma la porte, tout comme fit Cassian.

De nouveau seuls et oubliant très clairement que les chauve-souris avaient l'ouïe assez fine pour les entendre, Vex demanda alors, levant le nez vers Kaël : « Ils sont toujours comme ça ? » Et avant même que le chef d'escouade n'ait le temps de répondre, la voix de Rhysand se fit entendre depuis sa chambre : « Et encore tu n'as rien vu ! Ne te retiens surtout pas de gémir Vex, j'ai hâte d'entendre ce que ta jolie voix peut faire ! » Les joues de Vex se couvrirent de nouveau de couleurs et à deux doigts de fondre de honte, elle suivit Kaël jusqu'à la salle d'eau, fermant la porte derrière eux avec une légère envie de la calfeutrer, la barricader et creuser des douves autour. La salle d'eau était suffisamment grande pour accueillir une baignoire bien plus large que celle que Vex possédait — ailes de Malakim oblige — et si les premiers instants dans la pièce remplie de vapeur lui rappelèrent les mauvais souvenirs de la veille, l'envie de se glisser dans l'eau bouillante surpassait tout. Vex jeta un dernier coup d'oeil vers la porte, pour s'assurer qu'elle était bien fermée et se retourna finalement vers Kaël, les lèvres pincées de gêne, se sentant comme un maudit éléphant dans un magasin de porcelaine. L'instant flotta un peu, comme si Vex ne savait pas trop quoi faire, devait-elle se déshabiller sans réfléchir ? Après tout, Kaël l'avait déjà vue nue aussi, mais son corps était ravagé, couvert de bleus et ne serait sûrement pas très agréable à regarder, alors elle lui tourna le dos, plus pour lui éviter cette vision d'horreur que pour véritablement se protéger et s'affaira à retirer son pull, dans lequel sa tête resta coincée un moment, entamant une bataille laborieuse et ridicule avec le tissu qui faisait de la résistance. La tête prise dans l'étau de maille de laine, Vex chancela un instant, retirant le pull et le bandage qui couvrait sa tête au passage et presque essoufflée de sa terrible bataille avec le vêtement récalcitrant, elle prit quelques secondes de pause pour se remettre de son effort, Rhysand et Cassian ne manquant certainement aucune miette de ce qu'ils devaient déjà imaginer être des ébats passionnés. « Et ben vous ne perdez pas votre temps ! Vex chérie, je t'ai soigneusement sélectionné une jolie chemise de nuit, je suis sûre que Kaël va l'adorer ! » Interloquée, Vex se retourna un bras sur sa poitrine, dévoilant au passage ses hanches bleuies par le coup de porte de placard, son bras dont la coupure avait déjà commencé à s'effacer et les quelques ecchymoses qui parcouraient sa peau ça et là pour que ses yeux mauves tombent sur une chemise de nuit outrageuse que Rhysand avait soigneusement disposé sur un meuble de la salle d'eau. La pièce était ridiculement courte et transparente et de nouveau, Vex eut envie de fondre dans le sol et de disparaître quand Cassian tonna finalement depuis sa chambre, bien décidé à finir sa nuit en paix : « Rhys ta gueule ! » Des rires fusèrent des deux chambres des frères de Kaël puis le silence revint et un petit sourire amusé malgré elle sur les lèvres — bien que ses joues soient toujours aussi colorées —, Vex ôta finalement son pantalon avant de se diriger vers le bac d'eau, s'appuyant sur le rebord pour se stabiliser et y grimper. Merde à la fin, ils étaient des adultes, avaient manqué de mourir par l'erreur de Vex et en avaient réchappé, ils n'étaient pas à un morceau de peau dévoilée près. Elle ne prit pourtant pas de temps superflu pour s'immerger et une fois dans l'eau chaude, Vex ne pu retenir un petit soupir d'aise qu'elle tenta pourtant de garder discret — oreilles de Malakim à l'affut oblige — avant de se tasser dans un coin du bac, tentant de laisser le plus de place possible à Kaël pour qu'il puisse y entrer.

 

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Feat Kaël

Décembre 21, 118

L'arrivée dans la demeure des trois chauve-souris avait été synonyme d'une Vex rentrant presque sa tête dans ses épaules. Se faisant toute petite, elle avait dû subir les assauts incessants d'un Rhysand bien décidé à la voir fondre de gêne, avoir envie de s'infiltrer dans les lattes du plancher et y disparaître pour toujours. Mais Vex se doutait aussi que ses tentatives étaient certainement dans le simple but de lui changer les idées, d'ôter ses pensées de la nuit précédente et de la débâcle qu'ils avaient connu pour cette maudite histoire de bain, alors elle tenta de ne pas se laisser abattre, de rester digne, fière, sans grand succès. À la place, ils furent laissés tranquilles en vue d'un bain, ne faisant que faire croître la gêne de l'élémentaire de feu lorsqu'elle comprit qu'ils étaient épiés. Avec leur ouïe fine, les frères de Kaël entendaient tout, même ses plus simples murmures, alors lorsqu'elle eut fini de se battre avec son pull, Vex se dépêcha de terminer de se déshabiller avant de se glisser dans l'eau chaude, retenant cette fois toute plainte sonore de plaisir. Elle appréciait pourtant le contact de l'eau — qui aurait peut-être mérité d'être bouillante pour qu'elle puisse vraiment s'y prélasser, mais sa gêne était palpable, évidente et ne fut qu'accentuée lorsque Kaël se glissa à son tour dans l'eau, restant un instant debout devant elle sans même se cacher.

Ce fut à Vex de détourner les yeux tant ce qu'il lui avait mis sous le nez manqua de la faire s'étouffer. Autant ses fesses étaient hilarantes, mais là, voir ça, d'aussi près, sans filtre ni tentative de masquer la chose aux yeux de l'alchimiste qui s'imaginait sûrement qu'il tenterait de se camoufler. Cette fois, elle piqua un fard monumental, réveillant au passage ses maux de têtes qui ne la quitteraient pas de la journée. Hébêtée, silencieuse, Vex garda les yeux détournés, un long moment. Si bien d'ailleurs qu'elle ne nota pas l'agacement évident de Kaël avant qu'il ne la tire de ses pensées en lui proposant un gant et la savonnette afin qu'elle puisse se nettoyer. Les couleurs refluant tout juste de son visage, elle tendit une main pour récupérer le linge et le savon rudimentaire mais elle tenta pourtant un petit sourire pour le remercier. Elle avait vraiment vu son... ? HEIN !? Déglutissant pour tenter de rassembler un brin de contenance, cette fois, les yeux lilas de l'alchimiste se posèrent sur le visage du veilleur et il avait l'air excédé. Se doutant sûrement que les idioties de ses frères devaient y être pour beaucoup, Vex se demanda pourtant si elle était aussi responsable de l'attitude du veilleur face à elle. Après tout, elle était éteinte, dans son coin, n'osait pas parler, s'était même presque recroquevillée dans l'eau pour prendre le moins de place possible, peut-être Kaël regrettait-il de l'avoir amenée ? Et pendant l'instant où les yeux tristes de Vex observèrent le visage du veilleur qui faisait sa toilette en l'ignorant royalement, elle commença doucement à se laver. Et avant même que l'élémentaire de feu ne trouve le courage de parler, Kaël se levait, s'enroulait dans une serviette et quittait le bain, la laissant seule dans l'eau où se diluait le savon qu'ils se frottaient sur la peau.

Pire encore, elle le vit même lever les yeux au ciel, comme si il pouvait lire dans ses pensées, entendre toutes les questions que Vex se posait et ce simple fait suffit à enfoncer le clou, apportant la conclusion sur le fait qu'elle dérangeait. Elle hocha légèrement la tête lorsqu'il mentionna aller préparer une collation et reprit les gestes lents sur ses bras, frottant sa peau avec douceur tant les bleus qui la parcouraient étaient sensibles et douloureux. Une fois seule, Vex pu se détendre un peu, s'étaler dans la baignoire et s'immerger totalement, mais son coeur restait serré. Elle se décidait peut-être sûrement à rentrer, à retrouver sa maison où personne ne l'épierait, où elle ne se sentirait pas de trop et sans même entendre la conversation qui avait lieu derrière la porte fermée, elle continua ses ablutions, osant même laver ses cheveux de la savonnette pour se débarrasser de leur crasse et des relents de sueur qui y étaient collés. Elle dû faire preuve de toute la douceur du monde pour ne pas toucher la plaie qui habillait maintenant son crâne et se chargea d'essorer délicatement ses boucles avant de ne finalement sortir, s'enroulant dans une épaisse serviette avant de ne se confronter à son reflet.
Elle qui était si coquette était mortifiée. Elle était ravagée, ses joues s'étaient creusées, en deux jours à peine et d'horribles cernes barraient sa face, créant une continuité avec l'oeil au beurre noir qui maculait son oeil touché. Du bout des doigts, elle effleura le bleu contre sa tempe, longeant sa pommette avant de soupirer, préférant quitter ce reflet qui ne faisait que la ramener à ce qu'elle avait subi, ce qu'elle devrait tenter d'oublier. Elle ne prit d'ailleurs pas le temps de regarder son corps, se doutant aisément que les douleurs qui le parcouraient étaient toutes liées à des bleus divers et variés et tombant la serviette, elle enfila de nouveau les vêtements qu'elle portait en arrivant. La nuisette fut simplement jetée à la poubelle, sans un regard pour cette dentelle délicate qu'elle avait autrefois achetée, se disant sûrement "et si" alors même qu'elle n'avait personne pour qui la porter. Cette Vex là était restée dans les méandres de la nuit du vingt décembre, une part d'elle s'imaginait sûrement que jamais plus elle ne la retrouverait.

Pendant ce temps, derrière la porte, Rhysand et Cassian avaient acculé Kaël dans la cuisine, parlant tout bas afin que l'alchimiste ne puisse les entendre et devant l'hésitation du veilleur à livrer les secrets de l'élémentaire de feu, Rhysand se sentit contraint d'ajouter : « Je sais ce que j'ai vu et senti Kaël et je n'ai pas envie de lui demander de m'expliquer, alors raconte nous ce qu'il s'est passé. » Cassian avait la mine grave des jours de mauvaise nouvelle, les mâchoires serrées à l'idée qu'on ai pu faire du mal à la dulcinée de son frère. Tout ça était très récent, mais les frères chauve-souris portaient déjà une affection indescriptible à l'élémentaire de feu, simplement pour ce qu'elle représentait pour leur frère et en bonne chauve-souris de garde, ils étaient tous deux excédés à l'idée qu'on ai pu toucher, maltraiter cette femme si importante pour Kaël. Les bras croisés, Cassian fit clairement comprendre à Kaël qu'il ne se satisferait pas d'une réponse évasive, ni du fait que Kaël refuse de leur expliquer. Ils devaient savoir, pour pouvoir la protéger, savoir quel genre de fou courrait les rues de la ville, ils avaient besoin de savoir ce qu'il s'était passé.
Heureusement pour Vex, cet échange lui était inconnu, probablement encore dans le bain alors que les trois frères s'expliquaient et lorsqu'elle sortirait, elle n'aurait probablement aucune idée des paroles qui avaient été échangées, n'étant de toute façon pas prête, ni assez en confiance avec les frères de Kaël pour oser leur expliquer, parler de ce qu'elle avait vécu alors qu'elle tentait de l'oublier, de l'enfoncer loin dans une mémoire qui semblait ne plus être aussi défaillante qu'elle l'était.

 

Through hell and back

Feat Kaël

Décembre 21, 118

Chaque seconde passée seule étaient le théâtre de pensées obscures pour la pauvre Vex. Elle ne pouvait s'empêcher de revivre le film incessant de cette funeste nuit, se remémorer les flashs fugaces qu'il restait dans son pauvre esprit commotionné et même si elle était passée dans une lassitude étrange, une fatigue physique et psychique qui la poussaient à se traîner, sûrement que les chauve-souris aux alentours entendaient très bien son palpitant s'affoler. Alors elle s'observa, un instant, dans le miroir, observant son visage tuméfié, cette entaille sur son avant bras qui avaient conduit l'inconnu à devenir fou, à vouloir faire d'elle un pantin désarticulé. L'angoisse fit naître des frissons de dégoût, qui se muèrent en une nausée intense, mais fit surtout monter un désespoir si grand chez l'élémentaire qu'elle ne pu que se blâmer. Si seulement elle avait été capable de se défendre, n'avait pas simplement échoué pour finir assommée.

Elle ne pouvait pas continuer d'affronter son reflet, c'était insupportable, de se voir si blessée, si brisée par cette rencontre nocturne, alors qu'elle avait été si stupide d'ouvrir sa porte à un parfait inconnu. Bernée comme un lapereau de trois jours, elle avait cru bon de faire entrer un homme chez elle au plus clair de la nuit et malgré le fait qu'elle ai supplié, pleuré comme une madeleine, elle avait été blessée, en avait oublié l'identité de son attaquant et était désormais confrontée à cette vision désastreuse d'elle-même. Vex était faible et elle le savait.

Pendant qu'elle observait ce reflet désastreux dans le miroir, l'élémentaire entendit des éclats de voix derrière la porte. Les frères se prenaient le bec, sûrement au sujet du fait qu'ils devaient maintenant cohabiter avec une alchimiste qui n'avait même plus le répondant nécessaire pour les envoyer bouler, malgré qu'elle ai promis à Kaël quelques jours plus tôt ne pas avoir peur d'eux. Elle était lamentable, pathétique et se jugeait cette fois parfaitement indigne du veilleur qui méritait certainement bien mieux qu'une fragile élémentaire de feu, incapable de contrôler son élément, ni même de se défendre. Alors qu'en réalité, Vex était bien-sûr simplement traumatisée, se rejetait la faute dessus, comme si elle avait pu éviter ce qu'il s'était passé. Mais la guérison avait des voies impénétrables et avec sa personnalité renfermée, manquant de confiance en elle, il était évident que Vex souffrirait de culpabilité, même si elle n'était pas méritée.
Peut-être Cassian et Rhysand étaient-ils en train de protester, de demander à ce que Vex parte, qu'elle rentre chez elle et cesse de les déranger ? Une petite voix mesquine au fond d'elle lui répétait que c'était là la raison de leurs coups d'éclats. Aussi, l'élémentaire de feu resta plus longtemps dans la salle d'eau, craignant de sortir, craignant de ne les couper dans une conversation intime alors qu'elle aurait aisément pu deviner qu'ils discutaient simplement ce que Rhysand avait vu, senti chez elle. Mais prise dans ce tourment de pensées, Vex se persuadait que l'agacement vu chez Kaël, que les éclats de voix de l'autre côté de la porte ne concernait rien d'autre que obligation qu'avaient certainement les frères de composer avec la présence d'une femme chez eux. Après tout, ils avaient sûrement un programme bien chargé, des demoiselles à faire venir et qu'une autre femme soit présente, blessée qui plus est, ne donnerait probablement pas une bonne image d'eux, alors Vex retourna près de la poubelle, y récupérant la nuisette pour ne pas laisser de traces de son passage, même dans ce genre de contexte et elle se chargea finalement de vider l'eau du bain, ne sachant trop que faire de la pièce de lingerie qu'elle eut probablement envie de brûler.

Sauf que l'expérience de la veille l'avait vaccinée, il était hors de question qu'elle utilise son feu chez les veilleurs, prenne le risque de tout faire s'embraser. Prise au piège dans cette salle de bain, Vex attendit que les éclats de voix se calment et quand enfin, elle n'entendait plus rien, elle ouvrit la porte, tombant sur une triade de chauve-souris rassemblés dans la cuisine, chuchotant dans un signe évident qu'ils parlaient de l'élémentaire. Soudain, la réalité la frappa, aux mines inquiètes, aux regards compatissants que lui lancèrent immédiatement Rhysand et Cassian et prise en étau, Vex se rendit vers son sac, pour y bourrer négligemment le déshabillé qu'avait sorti Rhysand un peu plus tôt. Frappé à son tour par la bêtise dont il avait fait preuve en fouillant ainsi dans les affaires de l'élémentaire, le veilleur aux améthystes se raidit aux côtés de ses frères, bien que son visage ne laisse que peu montrer toute l'étendue de la culpabilité qui venait de le frapper et revenant cette fois vers la cuisine non sans mettre un temps insupportable pour se relever après s'être agenouillée à côté du sac, Vex ne su pas trop que dire, ce fut donc Rhysand qui ouvrit le bal.

« Je suis désolé Vex, je n'aurais pas dû fouiller dans tes affaires. » Ils savaient, c'était une évidence. Vex n'en voulait pas le moins du monde à Kaël pour avoir raconté ce secret qui n'en était pas un, il l'avait d'ailleurs débarrassée d'une corvée dont elle ne se sentait pas prête, tant le simple fait de tenter de formuler ce qu'il lui était arrivé revenait à lui faire monter la bile aux lèvres et les larmes aux yeux, alors, pour toute réponse, sans que la logique ne puisse être expliquée de personne, ni même des dieux, Vex répondit alors, de but en blanc :

« Je veux apprendre à me battre. » Et Cassian et Rhysand la regardèrent, estomaqués, interdits. Elle venait de répondre à des excuses par une demande d'apprendre à se battre ? La commotion devait être sévère, bien pire que ce que les chauve-souris libidineuses avaient bien pu imaginer. Sans voix, le duo de chauve-souris qui lui faisait face ne répondit rien, alors Vex ajouta, comme pour confirmer qu'elle savait que le secret était dévoilé : « Je veux savoir me défendre. » Et elle s'approcha finalement, usant sûrement de tout le courage qu'elle n'avait pas pour s'approcher, jusqu'à Kaël, Rhysand et Cassian s'écartant pour la laisser passer, toujours muets. Arrivant finalement vers son veilleur, Vex prit quelques secondes pour l'observer et le coeur tambourinant dans sa poitrine d'oser dire ce genre de choses devant les frères de Kaël, elle réitéra finalement. « Est-ce que tu acceptes de continuer à m'entraîner ? » Oui parce qu'elle n'allait quand même pas pousser le courage jusqu'à demander aux deux types qui l'avaient continuellement sexualisé pendant une année de le faire, Vex n'était quand même pas stupide à ce point.

 

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Feat Kaël

Décembre 21, 118

Comment Vex était-elle passée de vouloir s'enfuir à demander à apprendre à se battre ? Elle-même l'ignorait. Peut-être était-ce la le résultats d'une fulgurance d'envie de s'en sortir, de ne plus être une victime ni ne plus jamais avoir à supplier si tant est qu'elle finisse de nouveau par se retrouver dans une situation similaire ? Il en était qu'elle avait prononcé ces mots, les avait formulé et qu'un drôle de poids était venu se retirer de ses épaules. Oui, elle avait été victime d'une agression. Oui, elle avait eu peur, si peur qu'elle en avait oublié qu'elle était une arme, une engeance de destruction et de désolation qui pouvait tout détruire sur son passage. Mais Vex ne voulait plus se recroqueviller. Elle ne voulait plus pleurer, ni supplier, elle voulait être forte. À l'image de l'homme qu'elle s'autorisait un peu plus chaque seconde à aimer, pouvoir lui faire honneur et être digne de se tenir à ses côtés. Car en l'état, avec ses airs de femme battue et son attitude chétive, Vex était loin de briller. Elle n'était plus qu'une coquille vide, une enveloppe charnelle sans substance, incapable de quoi que ce soit d'autre que d'angoisser, de pleurer et d'espérer que chaque seconde apporte son lot de soulagement. Et heureusement que Kaël avait été à ses côtés dans ces premiers moments difficiles. Car seule, sans soutien ni support, il y avait fort à parier que l'élémentaire brisée aurait envisagé le pire.

Mais non, elle était là, s'approchant des chauve-souris, pour dire qu'elle voulait se battre. Les mots étaient symboliques, car outre le fait de savoir se défendre en cas de danger, Vex voulait aussi se battre contre son traumatisme. Avancer, ne plus être simplement cette pauvre femme victime de violences. Elle voulait se battre contre ce traumatisme, reprendre le contrôle de sa vie, être enfin entière et ne plus jamais reculer ni trembler devant rien ni personne. Vex voulait être courageuse, brave, robuste, solide et puissante. Elle voulait avancer.
Alors devant la surprise générale, Vex expliqua ses propos, s'avançant maintenant en direction de Kaël, ses deux frères s'écartant sur son passage comme si elle venait d'annoncer être une déesse incarnée. Les deux Malakims semblaient être imprégnés d'un profond respect, d'un déférence silencieuse pour l'alchimiste au visage ravagé qui avait finalement décidé de reprendre en main sa vie, alors même que la veille seulement elle était sortie de la flaque de sang dans laquelle elle reposait.

Sur le visage de l'élémentaire, aucune colère, aucune volonté de se venger pour la révélation de son secret. Pour elle, ce détail là était même oublié, elle n'en avait que faire, après tout, Rhysand avait vu la maison, il avait senti l'odeur de terreur qui l'avait imprégnée, probablement senti l'odeur masculine différente de celle de son frère qui devait encore y flotter. Le menton haut, le nez fier, Vex osa même demander à Kaël si il acceptait de continuer à l'entraîner. Après tout, elle avait fait preuve de courage en formulant cette demande, alors elle pouvait bien pousser davantage en disant qu'elle comptait bien reprendre où ils s'étaient arrêtés avant cette randonnée. Certes, pendant le mois où l'élémentaire s'était surtout (re)mise en forme, ils avaient principalement effectué des ronds de jambe et tenté d'améliorer le cardio inexistant de l'alchimiste, mais maintenant, ce qu'elle voulait, c'était enfin oser avoir ces "échanges musclés" comme l'avait présenté Kaël dans son laboratoire ce fameux soir. Cette fois, Vex voulait essayer, apprendre le combat, savoir se défendre, savoir parer. Alors elle fronça légèrement les sourcils lorsque son Malakim demanda si elle voulait faire ça avec quelqu'un d'autre et derrière elle, Cassian proposa son aide et Vex tourna légèrement la tête dans sa direction pour l'écouter.

Que plus personne n'ose l'approcher lui semblait être le résultat qu'elle espérait. Après tout, Vex voulait savoir se défendre, alors, cette proposition lui tira un léger sourire devant la bienveillance et les sous-entendus que bordaient cette phrase. Oui, elle pourrait devenir cette femme là, une femme forte, que rien ni personne ne pourrait plus jamais soumettre par la force ni la violence. Puis ce fut au tour de Rhysand de proposer à son tour son aide et non sans remarquer le petit tacle savamment dispensé à ses deux frères au passage, Vex écouta les paroles du Malakim aux yeux mauve, la tête tournée dans sa direction, sans pour autant répondre. Tant de bienveillance de leur part la touchait, elle savait que désormais, les frères adapteraient leurs paroles, leurs comportements à ce qu'ils savaient, peu importe ce qu'avait bien pu raconter Kaël.

C'est quand le bras de son veilleur se tendit vers elle, sa main se déposant contre son bras sain que Vex termina de s'approcher, glissant sa main libre dans celle de Kaël alors qu'elle le regardait, hochant la tête pour acquiescer. Oui, elle voulait continuer, refusait de laisser ses pensées obscures la faire fuir, foncer droit vers un désespoir qu'elle ne pourrait affronter seule, alors elle répondit, tout bas, bien qu'elle sache que Rhysand et Cassian l'écoutaient avec attention.

« Oui, toujours. » Le mot était-il prononcé pour quantifier cette affection qui n'avait de cesse de grandir, ou bien pour signifier qu'elle n'était toujours pas dégoûtée ? Vex ne précisa pas, mais elle termina de s'approcher, lâchant la main de Kaël pour l'enlacer, bien qu'elle sente peser les regards des deux frères dans son dos et la joue posée contre le torse où elle sentait le coeur du veilleur battre la chamade, Vex ajouta finalement, les yeux fermés. « Merci de leur avoir raconté, je n'y serais pas arrivée. » D'une certaine manière, elle signifiait par ces paroles qu'elle acceptait que Rhysand et Cassian soient informés, qu'elle leur était reconnaissante pour la façon qu'ils avaient de l'accueillir, d'accepter de la protéger et de faire d'elle la femme forte qu'elle voulait devenir. Et au moins, dans les bras de Kaël, Vex pouvait effacer ces sombres pensées, faire taire cette voix moqueuse et mesquine dans son esprit qui lui scandait comme elle n'était pas digne, comme elle devait certainement déranger. Car la voix avait beau tenter de prendre de l'ampleur, le coeur qui battait contre son oreille la surpassait et ne faisait bientôt plus d'elle qu'un murmure inaudible qu'elle aurait bientôt oublié.