15 novembre 118

C’était un caprice, enfantin, stupide, pourtant Soukaïna avait tenu à fêter ce premier mois de vie sur Ozéna. Même si elle ne savait rien de son passé, elle sentait qu’elle était femme à fêter toutes les bonnes occasions, à se rassembler avec ses proches pour plaisanter et évoquer des bons souvenirs. Ici, malheureusement, elle n’a ni proche, ni souvenir. Sa nouvelle vie est faite d’une multitude d’adaptations et d’adoptions : celles de prendre un nouveau nom, de supposer toutes les choses qu’elle aime ou non, d’accepter son symbiote et le déchirement de vivre loin de lui, d’apprendre qui sont les Dieux ici et d’être attirée de manière inexpliquée par eux… La dryade avait fait moult efforts, personne ne pouvait lui enlever ça. Parmi les nouveaux arrivants, certains comme elle s’illustraient par leur envie de s’insérer dans cette nouvelle société, de comprendre et d’appréhender ce monde pour ne pas se contenter de survivre, mais bien de vivre. Alors, quand niaisement elle avait demandé à confectionner un ou plusieurs gâteaux pour le, les déposer, comme une offrande, là où tout a commencé… Son mentor, une nymphe, n’avait pas eu le cœur à lui répondre négativement et de mettre un terme à son petit fantasme. Il n’y avait rien de bien méchant là-dedans.

Elle avait passé une heure pour pâtisser des biscuits, en forme d’étoiles, de lunes, et même de petits cœurs. Ils étaient grossiers, irréguliers, manquaient de raffiner, mais avec tout le beurre et le sucre qu’ils contenaient, ils seront très certainement addictifs une fois en contact avec les papilles. Il avait fallu attendre une heure de plus qu’ils cuisent dans le grand four. Soukaïna avait bien failli se brûler, dans son empressement de découvrir s’ils avaient bien doré. Les sablés avaient un aspect tout à fait appétissant et elle était satisfaite. C’était la première fois qu’elle mettait la main à la pâte, dans les cuisines de sa maison des Maintes Eaux. Une partie allait rester sur place, pour être dégustée par les cuisiniers qui font manger chaque jour pour tous ceux qui vivent au sein de cette maison. L’autre avait été emballée dans un linge pour être transportée. En les prenant en main, elle sentait la douce chaleur des biscuits traverser le tissu. C’était parfaitement agréable.

La dryade se dandinait dans la rue, accrochant les regards étonnés de quelques passants. Fatiguée par sa nature solaire tout le temps, tout, le, temps, la nymphe qui l’accompagnait n’avait plus d’énergie à consacrer à son comportement. Elle attendra qu’elles se trouvent devant le temple pour la reprendre et lui demander d’adopter une attitude calme, adaptée au lieu de culte. Avant, elle espérait secrètement que Soukaïna se fatiguerait avant d’arriver, à force de remuer de la sorte, de fredonner tous les airs qui lui passaient par la tête et de renifler toutes les minutes le linge qui prenait la bonne odeur des pâtisseries. Elle était usante. Un enfant dans le corps d’une jeune femme qui ne sait ni se tenir, ni se retenir.

La grandeur et l’architecture du temple eurent au moins le mérite de rendre silencieuse quelques instants la dryade. Sa bouche formait un « o » bien rond, comme chaque fois qu’elle avait l’occasion de poser ses yeux devant cet édifice. Prise d’un élan de nostalgie, ou de tristesse, elle ne savait pas trop, elle se mit à frénétiquement se gratter la branche sur le front. Le contact du bois sous ses ongles était agréable. Son mentor la remarqua faire, depuis qu’elle avait rencontré son symbiote, dès qu’elle avait à faire à la moindre sensations tristes, au moindre sentiments désagréables, Soukaïna cherchait un contact avec son végétal.

- Tout va bien Souki ?

L’intéressée hocha vivement la tête, avant de rabattre sa main le long de son corps. Et finalement, pour se donner une contenance, elle agrippa le linge des biscuits, tout chaud entre ses doigts. La nymphe lui fit signe d’entrer et elle n’eut pas besoin de lui demander d’être silencieuse. Pour une fois, sans doute animée par des pensées un peu tristes, la dryade faisait preuve de contrôle d’elle-même, d’auto-discipline.

On ne peut pas dire qu’il y avait foule dans le temple, mais quelques fidèles se promenaient, en récitant des prières, ou tout simplement en admirant l’édifice depuis l’intérieur. Guidée par son mentor, Soukaïna suivit la nymphe jusqu’à la salle d’apparition. La salle du tout début. La salle du renouveau. La dryade l’appelait d’une façon différente à chaque fois qu’elle l’évoquait. Elle gardait un très bon souvenir de son arrivée par le portail. Sa nudité ne l’avait pas particulièrement prise au dépourvue, elle qui ne porte pas de bijoux et des habits très simples, modestes. Elle se souvenait avoir été impressionnée par la statue d’une grandeur incroyable. C’était son premier contact avec ce monde, Ekaris dans toute sa splendeur. Puis des fidèles, des prêtres et des prêtresses l’avaient accueillie, recueillie, elle qui ne savait rien, pas même son véritable nom.

Lorsqu’elles approchèrent de la salle, évidemment, personne n’y entrait comme dans un moulin. Femme respectable et respectée, la nymphe qui l’accompagnait s’adressa avec toute la déférence dont elle était capable à une prêtresse présente, interloquée par leur venue. Soukaïna baissait la tête bien bas, signe qu’elle aussi reconnaissait le rang de cette dévote confirmée.

- Bonjour, nous sommes venues humblement faire une offrande à la déesse Ekaris. Soukaïna, ici présente, est arrivée il y a de cela un mois, jour pour jour. Elle souhaite présenter ses hommages en déposant des biscuits aux pieds de la statue.

L’intéressée releva la tête, juste assez pour pouvoir admirer la prêtresse au travers de sa frange de cils. Avec ses yeux vert tendre, son minois adorable et son regard de petit chaton abattu, il était bien difficile de lui refuser quoi que ce soit. Pourtant, la prêtresse fut ferme dans le ton de sa voix, lorsqu’elle leur demande de quitter les lieux.

- Et bien qu’elle fasse son offrande ailleurs, car ce n’est pas le moment, vous m’en voyez navrée.

La négociation était clairement fermée et la déception beaucoup trop grande. Soukaïna avait horreur que l’on lui refuse quelque chose et gérait très mal sa frustration, si bien qu’elle sentit le picotement des larmes affluer.

- Je vous en supplie...

Novembre est une période parfois difficile en Ozéna. Aucune fête durant tout le mois ; il fait froid, mais il n’y a pas encore de neige avec laquelle jouer ; Les fleurs se meurent, et même si les arbres embrassent des couleurs embrasées de teintes orange, le paysage est terni par un ciel gris, ennuyeux, vide de toute inspiration ; Les gens sortent moins, festoient moins, et la mode s’efface peu à peu sous des couches de vêtements peu élégantes. En sommes, de tous ces états…

- « Je m’ennuiiiiiiiiiiie… »

Lïn s’ennuyait, et l’avait fait savoir à ses frères, sa maman, aux prêtres et même aux passants… En vain. La cité restait sourde à ses suppliques et ne se pliait point en quatre pour lui offrir quelques divertissements. Ce matin allait encore, car le cervidé put prendre le temps de coiffer sa chevelure élégante, de tresser soigneusement quelques mèches avec son ruban, de choisir quelques habits assortis avec les teintes de la saison, et d’orner ses bois blancs de quelques bijoux assortis… Mais ce n’était qu’un peu plus de deux heures d’occupées en cette longue journée.

Bien entendu, Lïn avait bien essayé de s’occuper en embêtant ses frères, mais ils ne jouaient pas le jeu. Maman lui avait bien proposé de faire du violon ou de participer aux activités du Temple ; mais aucune muse ne l’animait ; quant à prêcher, prier ou s’occuper des enfants de l’orphelinat ? Très peu pour Lïn, autant s’ennuyer diablement et s’en plaindre. Donc… Lïn s’ennuyait. Mais une idée lumineuse traversa son esprit : à défaut de taquiner ses frères ou de travailler avec les prêtres… pourquoi ne pas aller taquiner les prêtres eux-mêmes ?

Souffler sur les bougies récemment allumées, jouer du violon pas loin de la salle de prière, changer les pages des livres, les déranger avec des questions embarrassantes… Lïn profitait allègrement du fait que les prêtres n'osaient pas répondre à l'enfant de la Haute-Prêtresse. Mais ses petits manèges prirent fin lorsqu’une prêtresse l’aperçut en train de remplacer les herbes des encensoirs par des pétales d’Abysil. Non seulement elle l’arrêta, mais en plus elle se permit de l’engueuler ! Faisant fi de son statut d’enfant de la Haute-Prêtresse. Lïn ne laisserait certainement pas cet affront impuni.

Alors, le cervidé fixa la prêtresse, scrutant la moindre faille à exploiter, le moindre faux pas à rapporter à sa mère. Mais Lïn réalisa vite que ses maigres connaissances en « prêtrise » ne lui permettaient pas vraiment de repérer des erreurs. Pourtant, un salut sembla se présenter sous la forme de deux visiteuses du temple. En les espionnant discrètement, Lïn comprit qu'elles venaient déposer des offrandes et que la prêtresse s'y opposait. Parfait.

En quelques bonds gaies, Lïn rejoint sa maman pour lui faire état de la situation…

- « Mamaaaaan. Il y a madame Klad qui empêche des bons fidèles d’accéder à la salle de prière ! »

… Du moins, de la version de la situation que l’enfant avait soigneusement arrangée à sa façon.

Ne voulant pas mettre en doute les propos de son enfant -même si ce rapport lui sembla étrange, d’autant plus que Lïn l’emmena plutôt vers la salle du portail. Elizabeth vint à la rencontre de la prêtresse et des deux femmes sans attendre. Comme à son habitude, sa démarche était assurée et sa présence enveloppait le couloir d’un calme certain. Elle sourit avec courtoisie et douceur aux deux femmes avant de regarder avec interrogation la prêtresse.

- « Bien le bonjour à vous. Madame Klad, pourriez-vous me faire état de ce qu’il se passe ? »

- « Madame Moonmawh… Ces personnes souhaitent pénétrer dans la salle du portail, qui est, comme vous le savez, sacrée. Dans laquelle le droit d’entrée se doit d’être strictement limité, même pour des… Offrandes. »

- « Mais maman, si la salle du portail est sacrée : ne faut-il pas en donner accès à tous ceux qui viennent pour qu’ils puissent profiter de son aspect sacré, et non en restreindre l’accès selon un jugement individuel et arbitraire ? »

Hors de question de laisser cette grande pimbêche avoir le dernier mot ! Lïn se fichait éperdument de cette salle, de son côté sacré et privé, des règles qui entourent le temple… Mais tous les arguments étaient bons pour avoir gain de cause.
La Haute-Prêtresse réfléchissait. Après tout, l’accès à la salle était certes réglementé, principalement pour ne pas perturber le travail des prêtres lorsqu’une personne franchissait le portail. Mais cette idée de sanctuariser l’espace, presque comme un interdit, déplaisait à Elizabeth.

- « La salle du portail est le premier endroit où quiconque apparaît. Les textes mentionnent une seconde naissance, tant cet événement est important. Il me semble légitime de laisser aux personnes récemment arrivées l’occasion de revenir y exprimer leur reconnaissance. »

Elizabeth sourit à la jeune dryade avec bienveillance, dont elle se souvenait être arrivée il y a tout juste un mois. Elle comprenait que revenir ici devait lui donner l’impression de marquer son arrivée, et il lui semblait qu’il serait bêtement ritualiste d’interdire un tel acte pour une question de règlement strict.

- « Bien, madame Moonmawh. »

Répondit la prêtresse, avec tous les respects qu’elle devait à sa supérieure. Elle ne manqua pas, néanmoins, de remarquer le regard narquois et extrêmement satisfait de Lïn. Adulte, et mature, madame Klad ne lui offrit aucune satisfaction de réponse ; une petite déception qui vint marquer la victoire totale du cervidé.

- « Je vous remercie, madame Klad, d'avoir surveillé la salle. Je m’assurerai d’accompagner nos visiteuses dans celle-ci. Vous pouvez en profiter pour vous reposer un peu, si vous le souhaitez. »

La prêtresse s’inclina, avant d’accepter la proposition et s’en aller sans cacher que sa dignité restait immaculée malgré tout. Discrètement, de sa maturité adolescente, Lïn tira la langue en sa direction quand elle lui tourna le dos. Elizabeth, ne l’ayant pas remarqué, s’adressa à la dryade et à sa mentor.

- « Vous pourrez déposer votre offrande au pied de la statue, ainsi qu’adresser une prière, si vous le souhaitez. J’aimerais simplement vous demander quelque chose : Si une personne venait à arriver par le portail, il faudra impérativement vous retirer. Est-ce que cela vous convient ? »

Une fois certaine que cette petite règle soit bien comprise, d'un geste chaleureux et bienveillant, Elizabeth leur proposa de pénétrer dans la salle du portail.[/color]

Évidemment, son mentor l’avait prévenue : Il était tout à fait possible que l’on refuse l’accès de la salle d’apparition. Car, comme son nom l’indique, malgré la magnificence de la statue d’Ekaris aux pieds du bassin, cette salle n’avait pas pour but de se recueillir, de faire des offrandes ou des cérémonies. Elle était présente à Azamyr uniquement pour ceux passant le portail, après avoir activé une clé. Soukaïna n’avait aucun souvenir de ladite clé, ni de l’avoir activé pour venir ici. La dryade n’avait pas l’habitude qu’on lui refuse grand-chose et pensait que son petit air d’animal abattu, mais terriblement mignon, était un passe-droit naturel lui ouvrant toutes les portes. Quelle naïveté ! Rien dans le langage non-verbal de la dévote face à elles deux ne laissait penser qu’elle allait fléchir, adoucie par les yeux de la dryade. Au contraire, cela avait plutôt tendance à l’agacer et elle se mit à froncer les sourcils.

C’est alors que dans leur dos, une autre femme fit son apparition. Elle les contourna et adressa à la nymphe et à la dryade un sourire bien plus chaleureux que celui de sa collègue de foi. Cette femme possédait une grâce naturelle, mais surtout, elle avait une tête de louve. Non seulement les yeux de la chipie s’agrandirent, bien arrondis, mais elle a la contempla avec curiosité. Elle se souvenait de ce visage, car lorsqu’elle était arrivée, c’était l’un des tout premiers qu’elle avait remarqué autour d’elle, nue dans le bassin, après avoir traversé le portail. La louve s’adressa à l’autre dévote pour comprendre la situation. Non loin, une adolescente elle aussi métamorphe, mais cervidé pour le coup, suivait la conversation sans en perdre une miette, contrairement à la haute prêtresse, ses yeux étaient plutôt malicieux que bienveillants.

Un coude de coup dans ses côtes lui indiqua que ni sa position, ni son regard plein de curiosité, n’étaient polis. La nymphe fronçait les sourcils à l’adresse de sa protégée, dont le comportement n’était pas digne de cette rencontre. La dryade ferma la bouche, avala sa salive et redressa les épaules. Dans cet échange, se jouait la possibilité qu’elle puisse accéder à la salle d’apparition pour déposer ses biscuits pour offrandes. Finalement, la haute prêtresse usa de ses connaissances sacrées, appuyée par le cervidé et proposa à la prêtresse, en dessous dans la hiérarchie, de prendre un peu de repos. C’était limite si Soukaïna n’allait pas taper des mains de contentement : elle avait finalement obtenu ce qu’elle voulait, une nouvelle fois. Au détriment de la décision de l’autre dévote qui n’avait d’autres choix que de s’incliner face à sa supérieure. Et lorsqu’elle contourna l’adolescente, elle prit également sur elle pour ne pas tiquer face à cette langue rebelle et insolente. La dryade réprima un rire en se mordant l’intérieur de la joue.

Ravie par la tournure des événements, Soukaïna serra les biscuits emballés dans le linge contre sa poitrine, mais prenant garde de ne pas les écraser tout de même. D’un nouveau coup de coude, la nymphe lui signala qu’il était temps d’être reconnaissante. Elle et son mentor s’inclinèrent vers l’avant, signe de déférence, pendant une poignée de secondes. Puis elles se redressèrent et son mentor des Maintes Eaux pensait prendre la parole pour la remercier de s’être interposée. C’est que la dryade bavarde entra en scène, trop heureuse pour se contenir.

- Madame Moonmawh… ? Un regard vers elle, la haute prêtresse lui fit signe qu’elle ne s’était pas trompée en reprenant le nom qu’elle avait entendu. Je vous suis extrêmement reconnaissante d’avoir plaidé en notre faveur… En ma faveur… Je n’oublierai jamais votre geste.

Son sourire s’étira sur ses dents du bonheur, brillantes de blancheur, entourées de lèvres bien charnues et plus brunes que roses. À ses côtés, la nymphe dansait d’un pied sur l’autre, craignant que la dryade prononce des paroles déshonorantes, qu’elle s’exprime sans tourner sept fois la langue dans sa bouche. Fort heureusement, Soukaïna était sincèrement heureuse de posséder cette chance unique et comptait bien se comporter pour en être digne.

- Si cela me convient ? Évidemment ! C’est déjà une chance de pouvoir retrouver la statue de la déesse Ekaris, de pouvoir revoir le bassin d’apparition et de prononcer une prière dans cette salle de renaissance. Si un autre élu nous rejoint en notre présence, nous partirons vite pour ne pas gêner votre noble travail. Si cela devait arriver, je verrais cela comme une nouvelle bénédiction des Dieux…

Ses yeux étaient songeurs, rêveurs. Certainement, un tel événement ne ferait que renforcer sa toute nouvelle foi. Soukaïna se surprit à prier secrètement qu’une nouvelle arrivée se produise, après qu’elle ait déposé son offrande aux pieds d’Ekaris, qu’elle se soit agenouillée et qu’elle s’adresse en prière aux forces spirituelles de ce monde.

- Allons-y, Souki… Nous n’avons pas de temps à perdre.

La nymphe prit la main de la dryade, pour l’arracher à ses pensées négatives et l’encourager à se mouvoir. D’un geste, la métamorphe louve venait d’inviter les deux fidèles à pénétrer dans la grande salle d’apparition. Évidemment, elles n’auraient ni un temps infini, ni l’occasion de déambuler n’importe où dans ce lieu. Suivies du regard par la louve, et l’adolescente derrière elle qui s’était rapprochée pour les zieuter, main dans la main, toutes les deux contournèrent le bassin d’eau. Face à la gigantesque statue, la petite Souki, haute comme trois pommes, avait l’impression de devoir se dévisser la tête pour parvenir à regarder la déesse Ekaris dans toute sa splendeur. Son cou lui tirait déjà, mais la nymphe se racla la gorge pour lui rappeler la raison de leur présence. La dryade se pencha, s’accroupit et déposa à ses pieds le paquet de biscuits, encore chauds. Lorsqu’elle ouvrit le linge, l’odeur lui donnait envie de saliver. Elle s’assura qu’ils n’étaient pas en miette, les arrangea pour qu’ils soient présentables. Personne ne les mangera, à moins qu’Ekaris profite d’un instant de calme pour s’accroupir, ramasser le tout d’un unique geste de la main, avant de les faire disparaître dans son estomac de pierre et de marbre. La dryade recula de quelques pas, pour se placer aux côtés de son mentor. Elles joignirent leurs mains, devant leur ventre respectif et chacune ferma les yeux pour s’adresser aux divinités d’Ozéna.