Bienvenue sur Ozéna

Mar 19 Mar 2024 - 22:55

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Rencontre Onirique - Eos & Lyra

21 Avril 118

La nuit tombe sur mon vingt-neuvième anniversaire, et sur une toute nouvelle page de mon histoire: Aujourd'hui, j'ai obtenu les clefs de mon nouveau chez moi. D'un œil plus que fier, je contemple la vieille bâtisse située dans un angle du quartier, entourée du canal, et voisine d'une ravissante boutique de fleurs. Au rez de chaussée, un bureau avec une porte menant à l'extérieur et parfaitement agencé pour mes consultations, avec des vitraux magnifiques aux larges fenêtres, et au premier et seul étage de quoi aménager mes appartements sans mélanger le professionnel et le privé. Une coquette maison parfaite pour tous mes besoins. Un petit pincement au cœur tout de même de ne pas pouvoir montrer cette merveille à ma famille. Oh, comme les vitraux partout au rez de chaussée auraient plu à Noi, et comme l'eau coulant partout, permettant nages et moments de détentes auraient comblé de joie mes mères! Je souris à la perspective que peut-être, inconsciemment, toute ma famille ait une pensée pour moi en ce jour si spécial. En trois mois, ils ne m'ont sûrement pas oublié.

Satisfait de la vue, je passe la porte principale qui couine un peu, et monte directement dans la chambre mansardée. Dedans, rien, ou presque encore. Juste un vieux lit en bois noir et tout une déco à retravailler. Il est certain que mes prochaines payes vont être dédiées à rendre l'endroit accueillant!
Je redescend le vieil escalier pour m'engouffrer dans la petite cuisine en dessous. Ce n'allait certainement pas être la pièce la plus utilisée, mais j'y place quelques petits fruits et graines à grignoter, et réfléchis un instant avant de mettre à la bouche une irula fraîchement achetée. Le melon d'eau éclate en bouche, et je m'en délecte et regardant les carreaux colorés envoyé des lumières multicolores sur le plan de travail, le temps que la nuit fasse son œuvre. Oh, j'aurais très bien pu aller fêter mon anniversaire ailleurs, prendre un gâteau et boire à ma propre santé, mais...

En réalité, la journée a été drainante. Mon lit me tend les bras dans mon nouvel appartement pas très neuf mais dont la nouveauté a avalé tout mon enthousiasme. Je baille en finissant ma dernière bouchée, puis me lave les mains rapidement pour me débarrasser du suc de mon repas très improvisé avant de passer vite fais à la salle de bain. Pas de bain ce soir cependant, juste un coup d'eau rapide. La pompe est trop longue a activer, et le thermostat n'est pas encore d'actualité dans ce monde ci.

Après quinze minutes, je ressors en caleçon, prenant mes aises et mes habitudes comme à l'époque de ma chambre étudiante, et gravis les marches deux par deux pour me jeter sur le matelas bordé de plumes. Ah, enfin un repos privilégié, chez moi... Je regarde les poutres de bois au dessus de moi, imaginant déjà des guirlandes, des lustres, ou même des grigris suspendus, des rideaux aux fenêtres, des plaids à gogo sur le fauteuil usé qui traine dans un coin de la pièce, et des plantes, pleins de plantes comme aimait ma mère...

Le fleuve s'écoule, seulement perturbée par le mouvement de la pagaie que je pousse vigoureusement pour avancer vers l'île située au milieu, scindant les flots en deux courants de chaque côté. De la verdure, du sable gris, des galets chauds, et la promesse d'un lieu calme et qui m'accueille comme son premier aventurier. La pirogue ne fait aucun bruit quand elle se dépose sur la plage, et je n'ai pas à la tirer beaucoup: Elle est légère comme une plume, et aucune écume ne semble préoccupée de la ramener à l'eau.

Puis je me tourne vers la forêt luxuriante. Des oiseaux de mille couleurs chantent des sons mélodieux, et au milieux des lianes fleuries, un sentier d'herbe aussi douce que la soie semble former une ode sensorielle à mes pieds nus. J'avance. Les arbres se penche de côté pour laisser le soleil allumer le chemin, et les papillons s'envolent comme une nuées fantastiques de dorures. C'est magnifique.
Puis une clairière se forme au devant de moi, avec une petite fontaine donc l'eau si claire me donne une soif immédiate. Elle semble si fraîche et si pure... Je m'installe sur le rebord de marbre et regarde mon reflet. Nul écaille sur ma peau, que j'ai pourtant accepté depuis les premiers jours, juste mon épiderme d'antan, humain, pâle sans dire blanc, et un éclair malicieux dans mes yeux vert de gris.

Je me penche pour me désaltérer quand, à quelques centimètres de l'onde, mon reflet est troublé par une autre image: En miroir, une femme, belle comme le jour, me fixe. Elle est blonde, sa peau d'albâtre réverbère la lumière du soleil, et comme si cette petite fontaine avait une profondeur insoupçonné ses vêtements d'un rose pivoine ravissant flottent dans l'onde. Une vraie fleur de lotus éclose à l'envers.

Je m'approche encore, et finis par tomber dans l'écran liquide qui m'embrasse tout à fait. La jungle disparait, ainsi que son bruit, ses chants, et ses habitants. Il ne reste qu'elle, la pivoine flottant dans le vide à peine bleuté, et moi, à un mètre peut-être. J'ouvre la bouche mais l'eau n'y rentre pas. Ma voix sort sans souci, exprimant ma seule pensée:

"Tu es magnifique. J'adore les fleurs, mais tu dois être la plus belle de toute celle que j'ai pu voir, ici ou ailleurs."

Mer 20 Mar 2024 - 14:54

ÉTHÉRÉE

[petite musique d'ambiance]

Les bougies suintent à force de bruler. La cire perle doucement dans le calme de la nuit. Elles crachent leur lueur chaude sur mon visage et leur caresse n’arrange rien à ma fatigue. Les yeux chargés de sommeil, je lutte pour ne pas piquer du nez. Au passage de mes doigts, le tissu chuchote. La mélodie d’une couture bien faite. Je pique, tends, resserre, froisse avec délicatesse la matière.

Chaque jour, quand les danseuses du Rouge-gorge débarquaient comme des furies dans les coulisses, il fallait répéter les mêmes mouvements. Raccommoder les bas déchirés pour l’une, fixer quelques rubans de plus pour l’autre. Je ferme les yeux pour mieux me souvenir des détails. L’esprit embrumé, je n’ai aucun mal à les imaginer, prêt de moi, à se battre pour une nuance de fard à joue. Leurs rires me manquent. J’aimerai que la nuit soit salvatrice, pouvoir les rejoindre dans mes rêves mais je sais. Je sais que c’est impossible. Cet écho lointain du passé est tout ce qui me reste d’elles. Un espoir vain pendant que le temps grignote jour après jour le souvenir de leurs voix, du contour de leurs visages. Plus les années passent et plus l’odeur de leurs bras semblent s’éloigner de moi, douloureuse réalité à laquelle je refuse encore de m’abandonner.

« Maman… »

Soudain, tout se floute. L’aiguille me glisse entre les doigts. Une torpeur dévorante me gagne. Je suis lasse du monde qui m’entoure. Mes paupières me semblent bien trop lourde à porter et le contact de la table contre ma joue trop agréable pour y résister. Mon corps est lesté, comme happé par la gravité. Je perds le fil de mes pensées et…je sombre.

~

Lorsque mes yeux se réouvrent, le monde semble dévêtu de sens. Autour de moi, rien que le vide abyssal. Intriguée, je lève la tête et remarque l’ondulation symptomatique de l’eau. Je suis immergée. Panique sourde et habituelle. Je vais me noyer. Je me débats, en vain. Mon rythme cardiaque s’accélère mais rien n’envahit mes poumons. Etrangement, aucun liquide ne comprime ma respiration. Quelque chose ne va pas. Tout est calme. Trop calme. Anormalement reposant. Un rêve. Il ne pouvait s’agir que de cela. Petit à petit, les derniers instants resurgissent. Cette sensation, je ne la connais que trop bien. J’ai dû m’endormir.

Dans quel nouvel esprit je me suis encore retrouvée ? Je pose les yeux autour de moi. Les tons des couleurs sont vifs et les contours bien définis. Cette tête-là, il ne me semble pas l’avoir déjà visitée. La personne à qui appartient ce rêve doit avoir une bonne imagination pour obtenir un tel niveau de précision dans une situation si onirique.

Alors que mon corps s’emploie à regagner la surface, une forme se dessine au-dessus de moi. Un homme semble s’être penché sur la masse. Surement le propriétaire du songe dans lequel je me suis plongée ou bien une chimère y appartenant. Je me fige, me demandant s’il arrive aussi à me déceler malgré l’étreinte de l’eau. Sa silhouette est déformée par les vaguelettes de la surface. Je n’ai accès qu’au contour ondulé de son corps.

L’homme finit pourtant par franchir le seuil du liquide. Il rompt soudainement le silence et se retrouve, à son tour, prisonnier du néant. En apesanteur, je sens son regard sur moi. Il est proche et je ne peux me dérober au contact de ses yeux d’un vert fiévreux. Je me permets alors, à mon tour, de le détailler sans gêne. Sa peau de neige, l’anarchie de ses cheveux iridescents malmenés par des flots inexistants, la musculature de ses épaules. Mes yeux se promènent sur une anatomie étrangère. L’irréalité d’une rencontre hors du temps.

Suspendue à ses lèvres, je n’ose rompre ce moment de grâce. C’est alors qu’il brise le calme. Sa voix est prodigieusement agréable à l’oreille et me parvient en écho lointain. Une fleur ? Sa remarque m’arrache un petit sourire. Je baisse la tête et remarque la robe pâle qui virevolte autour de mes hanches. C’était toujours intéressant de découvrir ce que les autres imaginent pour moi. La réalité est que je n’ai aucun contrôle sur ce monde de plaisir et de cauchemar. Je ne peux qu’observer sans lutter et me faire, habituellement, le plus discrète possible. Victime de désirs qui me dépassent. Cette tenue n’était donc que le reflet insoupçonné des envies de la créature flottant en face de moi.

« Je dois reconnaitre que tu as bon goût. »

Mon attention accroche de nouveau sa silhouette élancée. Mes mèches blondes chatouillent mes épaules nues. Je m’abandonne, encore, à son regard.

« Quel est ton nom ? » me surpris-je à demander.

Mer 20 Mar 2024 - 16:35

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Rencontre Onirique - Eos & Lyra

21 Avril 118

Pendant un moment à la durée indéfinissable, la femme fleur et moi nous regardons face à face sans mot dire. Elle est jolie, avec ses cheveux flottants et ses yeux curieux. Une vraie poupée de porcelaine. Et puis mes premiers mots virevoltent jusqu'à elle, avouant sa joliesse, et son sourire me fais rougir instantanément. Elle doit prendre conscience de sa forme de pivoine parce qu'elle détaille alors sa robe, et j'en profite pour regarder moi-même si je ne suis pas en pyjama (soit sans attirail, vu la chaleur...) ou je ne sais quoi. Mais non: Il faut croire que l'eau m'avait donné un costume tout à fait extraordinaire, d'une teinte d'un bleu transparent pour le haut, découvrant des écailles que je reconnais depuis que je les ai reçue de mon passage, sur un pantalon ivoire très confortable sur le bas, flottant aussi paisiblement que les pétales de l'apparition.

Elle se moque d’ailleurs de moi, gentiment cela dit. J'ai bon goût? Je ris et aucune goutte ne rentre dans mes poumons pour m'étouffer. Le rendu de la substance dans laquelle nous sommes est très agréable, se mouvant si doucement que cela forme à peine une caresse sur la peau.

Peony, La pivoine donc, me demande mon nom, et je lui souris en tendant une main délicate:

"Je m'appelle Eos. Eos, comme la déesse de l'aurore. Et toi? J'ai tellement envie de t’appeler Peony, tu ressembles tellement à cette fleur! Mais peut-être que ton vrai prénom te va encore mieux?"

J’attrape doucement la main diaphane de la demoiselle avant de demander, avec un sourire:

"On y va?"

Et aussi doucement, je pousse mon corps vers le haut, nous faisant remonter lentement pour crever la surface. De l'autre coté de l'onde, la forêt a disparu. Il y a de l'herbe bien entretenue, des dalles de marbre et un château sans âge, aux pierres ocres et aux tuiles corail. Des arbres centenaires nous protège d'un soleil éclatant, et j'aide Peony a sortir du bassin avant de dire:

"Nos vêtements ont déjà séché."

Sa robe n'en perd rien de sa superbe, et mon haut fait beaucoup moins transparent, prenant un bleu nébuleux qui me plait beaucoup. La main encore dans celle de la demoiselle, je lui demande, de la gaité dans la voix:

"Voulez vous aller quelque part, Damoiselle?"

Il y a des bancs disposés partout, et le château semble tout à fait accueillant aussi. Mais après tout, je suis un gentleman: Les femmes d'abord.

Mer 20 Mar 2024 - 18:23

PLAISIR COUPABLE

Son rire résonne. Pluie de perles dans les nuages. J'observe ses joues se tinter de pourpre sous le joug de ma remarque. Je ne peux m’empêcher d'apprécier le trouble qui s'éprend, l'espace d'un instant, de lui. L'embarras lui va si bien. Eos.

« C’est un joli prénom, il te va bien. »

Ma main, aventurière, part à la rencontre de la sienne. Poeny ? Une pivoine. Je suppose que cela est assez vrai accoutrée de la sorte. Je lui offre un nouveau sourire tendre. Amusée par la proposition, j’accueille ce nouveau patronyme. Après tout, comment pourrait-il savoir que je suis une intruse ? Une anomalie infiltrée dans son subconscient ? S’est-il, ne serait-ce que, déjà rendu compte que tout ceci n’était qu’un rêve ? Je décide d’attendre, trouvant son innocence charmante.

« Pour toi, je serais donc Peony. »

Doucement, ses doigts rencontrent les miens. Sa peau est chaude. Le contact, grisant, se fait extraordinairement doux. Je n’y résiste pas et laisse Eos me tirer hors de ma prison aquatique. Lorsqu’il m’aide à sortir de la fontaine, je découvre la beauté de son inconscient. Un frisson, polisson, secoue mon corps. Les mots m’échappent face au décor bucolique qui s’offre à nous.

« C’est splendide. » soufflais-je du bout des lèvres.

Mon regard azur se promène sur la canopée luxuriante avant de revenir soutenir le sien. Je m’y plonge sans détour, une furieuse envie de m’amuser un peu. Une étincelle de malice s'éprend de moi et, agile, je ruine l’espace qui me sépare de son torse. Je resserre la poigne qui garde la sienne et l’entraine prêt de moi. Sur la pointe des pieds, je me hisse jusqu’à son oreille et, dans un chuchotement, lui lance un défi brulant de curiosité et d’une envie soudaine de le malmener un peu. Mon souffle se glisse dans son cou. La proximité se fait saisissante.

« Et bien Eos, je te propose un marché. Si tu arrives à m’attraper, je te confierai un secret. »

Sans attendre sa réaction, j’attrape les jupons de ma robe et les relèves pour dégager mes jambes. Espiègle, je m’élance dans la course poursuite, bien décidée à ne lui laisser aucun avantage. Un air de défis caché dans l’œil, je pars en courant vers le château qui nous attend, au loin. Les cheveux au vent, je me rends pleinement compte du réalisme saisissant du monde qui m’entoure. L’odeur de l’herbe fraichement coupée, la morsure d’un rayon de soleil, la fraicheur du marbre sous mes pieds nus. Tout semble si intense, sortit de l’esprit avide de perfection du jeune homme.

Mer 20 Mar 2024 - 21:40

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Rencontre Onirique - Eos & Lyra

21 Avril 118

La dame se fait mystérieuse, mais elle ne prend pas ombrage de mon enthousiasme à l'appeler Peony. Je lui fais un sourire plus grand encore, ravie qu'elle le prenne bien, tandis que nos mains se joignent. Comme des enfants innocents, nous remontons à la surface seulement pour trouver un nouveau lieu, moins sauvage, plus grandiloquent. Je prend mon rôle très au sérieux, et en tant que chevalier servant aide la demoiselle à sortir de l'eau aérienne. Ses yeux se posent en tout sens, et je prend le temps d'admirer les rayons du soleil qui se dépose contre ses paumettes.

Et puis son regard revient sur moi, et je ne peux pas m'empêcher de regarder ailleurs, juste pour éviter de montrer que je l'ai fixé. Mon regard se pose sur un bosquet de lis de flamme dont les couleurs chatoyantes ne passent pas inaperçues...
Enfin, jusqu'à ce que la petite main dans la mienne presse un peu ma paume. Je me tourne vers la femme fleur qui, avec un regard animé, me fait descendre de quelques centimètre vers son visage et, un instant surpris, je me laisse entrainer. Sa voix se fait souffle, ce qui me colle un frisson dans le creux de la nuque, pour me murmurer un défi digne de l'enfance.

"T’attraper?"

Aussitôt dit que les pétales de la robe s'élancent dans le gazon. Je ris, impressionné par son talent pour courir avec tant de voilages, et, pris au jeu, l'élance à mon tour. Le vent chaud s'engouffre dans mes cheveux à mesure que la distance s'amenuise, mais ses petits sauts de côté me prennent toujours par surprise et, peu doué pour la course de fond, je m'essouffle rapidement. Il me faut une autre tactique pour rattraper ma Dame. Je trouve alors un massif de lupins et me tapis derrière, regardant entre les longues tiges la pivoine s'élancer, puis jeter un regard en arrière avant de s’arrêter, perplexe: La partie de loup est devenu un cache-cache, jeu auquel je suis bien plus fort.

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