10 Octobre 118

S’il y avait bien une chose qui me différenciait de mon frère Ujin, c’était bien les dépenses.
Ujin était comptable, et ça voulait tout dire sur ça façon de dépenser : Il comptait tout, gardait le moindre sous, réfléchissait aux financements de toutes choses des semaines voire des mois à l’avance et réglait ses affaires sans jamais s’endetter ni manquer de rien. Son style de vie était administratif et, même si on s’entendait tout à fait bien, peu de chose dans notre vie d’adulte nous rapprochait de près ou de loin.

Si je ne me considère pas comme un acheteur compulsif, j’aime à me sentir confortable et bien dans tous les pans de ma vie. Alors, dès que les clefs de mon appartement ont été en ma possession, mon argent est passé dans deux types de financements : La nourriture (étant une suprême quiche en cuisine) et la décoration d’intérieur. Autrement, je n’avais besoin de rien : J’aime les choses simples, et mes activités et loisirs consistent majoritairement à mes baignades, mes discussions avec les membres des Maintes Eaux que je côtoie, lire un bon bouquin emprunté à la bibliothèque avec un enca bien chaud et à retrouver Péonie dans mes rêves.

Et depuis Avril, la maison avait bien changée. Si son bâti ancien était déjà tout à mon goût, l’intérieur avait été refait presque du sol au plafond. Peinture, ameublement et bougies avaient pris place dans les pièces, suivies de près par les plaids, quelques rares copies de livres et des tapis moelleux… Ne manquaient que quelques pièces, éphémères tel les bouquets pris chez ma voisine Zora, ou durables pour faire un cocon de mon antre merveilleux.

Et en passant devant la petite boutique artisanale un jour un peu trop chargé, les magnificences postées devant la vitrine m’avaient fait de l’œil, suffisamment pour que j’imprime à peu près le chemin pour y revenir un jour plus calme, et c’est ainsi que je me poste devant de nouveau tandis que tous le monde se remet de ses émotions après les fêtes des Quatre Maisons.

Je prend le temps de détailler les articles dont certains, miniatures, sont de vrais chef d’œuvre de précision, et me décide à passer la porte avec un entrain non feint.

« Bonjour ! »

La boutique est petite et regorge de mille merveilles. Sur chaque étagère, des lampes savamment faites pour tenir les bougies les moins rudimentaires, des bijoux, quelques automates colorés attendant de prendre vie et des suspensions pleuvent du plafond. C’est ce que je suis venu voir, et je penche la tête en arrière pour en admirer quelques uns avant d’adresser un sourire à la demoiselle ailée presque cachée par le comptoir.

« Je suis venu passer commande pour un objet de ce style... »

Je pointe une suspension du doigt, millimétré d’une dentelle de métal délicate qui donne une impression de fragilité tandis que le matériel et, lui, tout sauf délicat. Une vraie orfèvrerie.

« J’ai apporté un dessin de ce que je voudrais, si ça peut aider... »