Bienvenue sur Ozéna

Lun 30 Sep 2024 - 18:15

Spores et Venin

Le Jardin des Mémoires était à peine ouvert depuis quelques semaines que déjà les gens s'y attroupait à mon grand contentement. Des heures de travail, d'expérimentations, de cultures et de style pour en arriver aux visages distincts que les hectares de terrains en friche encore un an auparavant donnaient au public. Heureusement pour ce travail d'acharné que le sommeil m'avait quitté: Possédant environ neuf heures de plus que le commun des mortels, j'en avait profité pour mettre d'aplomb l'endroit, et ainsi réaliser ce projet qui servirait à tous.

En bonne cultivatrice, j'avais d'abord fait découvrir les esquisses du lieu aux personnes venant en main d’œuvre aux champs, et comme une trainée de poudre le concept de ce lieu encore utopique s'était fait connaître par le bouche à oreille. Un endroit différent des catacombes pour plusieurs raisons:
Premièrement, il n'y avait pas de corps. Les catacombes avaient cet inconvénient que les âmes sensibles refusaient de voir leurs morts sous terre, dans un endroit religieux qui ne correspond pas à tous qui plus est. Un jardin était tout de même plus accueillant et athée.
Deuxièmement, Le lieu était dédié au deuil terrestre. Comme nul part ailleurs, et selon une demande unanime de toute les races, de tous les quartiers, selon leurs mémoires: La famille terrestre, qu'elle soit morte ou laissé derrière, manquait à la majorité des habitants. Qui n'avait pas laissé derrière un être aimé? Que l'on se rappelle ou non de son passé, un deuil était à faire, et les plus difficiles étaient plus agréables à porter si un lieu était fait pour.

Puis il avait fallu travailler la terre. Gardant les arbres certainement centenaires de part et d'autres, j'avais d'abord formé le jardin commun, dressant l'herbe pour en faire un gazon a peu près adéquat et des buissons fleuris, des bosquets verdoyants, des buissons couverts de fruits colorés. Puis, ennuyé de ce jardin classique qui plairait aux plus simples d'entre nous, je plantait ensuite des arbres pour couper la vue sur l'étendue encore en travaux et créais un verger où serpentait le ruisseau qui prenait naissance au fond du terrain, venant d'une grotte sans aucun doute. Eriscus, parkiiriers et élaïriers se dispatchaient aisément, bientôt suivi d'un hivernas magnifique planté près de la rive où je construisit un pont à la japonaise. Et finalement, un an plus tard, nous en étions toujours là, à travailler ce que le public ne voyait pas encore, mais que je voyais déjà avec excitation et engouement.

Un authentique labyrinthe formé de bacs d'expériences végétales se dressait entre l'arken géant près de la source et les cultures, et il me tardait que le public parte pour en profiter et tester un nouveau fruit inconnu. Bien que mes connaissances culinaires et mes besoins nutritionnels étaient bien loin de se résumer aux fruits du nouveau monde, la curiosité était bien présente encore pour ce qui était de rendre plus goutu le sang de mes repas. Une entreprise vaine jusqu'alors qui n'avait donné que des déceptions ou presque. Mais l'espoir fait vivre, n'est-ce pas?

Adossée au muret de la maison-cabane de jardin acheté avec le terrain, je regarde une vieille nymphe s'agenouiller près de la source pour y déverser quelques larmes avant de ressortir, visiblement libérée d'un poids, puis un métamorphe corbeau laisse une plume dans un bosquet où un petit nichoir d'argile lui sert de monument familial (payé généreusement parmi les premiers du Jardin ), et lorsque le gazon est laissé tranquille je me faufile entre les arbres pour tester mes bêtises culinaires.

Rejoignant l'arken paisible (il faut absolument qu'un jour je fasse quelque chose ici), je regarde mes carré de plantes façon permaculture et remarque que sous sa cloche de verre une petite liane prélevée près des falaise forme sa première fleur. Génial! Aussitôt, je lève la cloche et une poussière fine et dorée s'étend dans l'air, me faisant éternuer. ça sent bon, c'est fruité... J'en respire un peu plus pour imaginer le fruit qui en sortira avant de remettre sous son bouclier transparent la plante nouvelle avant d'éternuer de nouveau. Et bien, il ne manquerait plus que je sois allergique!

Pensant aller fermer le portail, je me dirige vers la rivière quand un bruit lointain, faible, se fait entendre. Un bruit de...pas? je marche, ça marche, je marche ça marche, je m'arrête, ça s'arrête... Mes savates sont-elles hantées d'un écho? "Il y a quelqu'un?" Rien aux allentours et mon nez encombré de cette satanée poussière ne marche plus très bien... Et que fait la rivière ici? Les yeux arrondis par la Surprise, je regarde mon ruisseau s'élever pour faire un lacet, se transformant peu à peu en.... "Serpent?!" Vite, à la maison chercher une serpillère pour sortir le reptile de ma rivière! Ou ma rivière de ce reptile?

Je cavale en me prenant les pieds jusqu'à mi cuisse dans le corps mouillé jusqu'à la cabane, mais je me prend un tronc qui m'injurie pour que je m'excuse, puis un autre, et lorsque je pense que la forêt a cessé de geindre de ma détresse je percute de nouveau quelque chose de nouveau, plus mou. "Aïe! Voilà que les arbres ramollissent... Rien ne va plus ici!"

ft. Frederic Lafleur

Lun 30 Sep 2024 - 19:40

Avril 117

Des jardins. Même dans ce nouveau monde aux ressources moyen-âgeuses, à la population réduite et à l'environnement hostile et encore méconnu, il se trouvait toujours des passionnés pour apprécier les plantes au point d'en cultiver précieusement et les agencer délicatement comme un gamin son tas de feuilles mortes et de cailloux. Non pas que l'idée déplaise au docteur LaFleur en réalité. Non, son déplaisir venait d'ailleurs : ce jardin-ci visait à rendre hommages aux morts. En tant que spectre, peut-on déjà me pleurer ? Une question idiote - autant que sa nature -, qui lui occupait l'esprit alors qu'il marchait tranquillement vers sa destination, profitant de sa fin de journée. Cassandre, sa secrétaire - assistante, en bonne dryade, n'avait pu s'empêcher d'y aller et, en bonne Cassandre, de lui en parler comme si cela pouvait l'intéresser. Et il semblait que, pour cette fois, elle avait eu raison.

Visiblement les plantes de ce monde appréciait le retour des douces températures autant que celles de la Terre - quoique la majorité, dans leur serre privée et maîtrisée, ne connaissaient plus guère le passage naturel des saisons -. Ainsi, c'est au milieu d'une débauche de nouvelles pousses et de visiteurs et visiteuses larmoyantes que le spectre se présenta, l'air aussi tragique qu'un boxer à qui l'on vient de décrocher une bonne droite. Ayant délaisser le long manteau d'hiver, pour une veste laissant voir une chemise à motif, et un pantalon long distingué, le spectre au teint halé délaissa bien vite les allées les plus empruntées, ainsi que les bosquets et autres amas de plantes merveilleuses. Ce qu'il cherchait n'était pas la plante la plus intrigante, ni la fleur la plus splendide, ni l'arbre le plus vénérable, pour ce qu'il avait en tête. Non, ce qu'il recherchait... Était le végétal le plus banal et ennuyeux possible. Juste assez intéressant à l’œil pour être remarqué, mais pas assez pour retenir le regard plus d'un instant. Voilà ce qui lui conviendrait bien. En l'instant, il n'avait que dédain à l'égard des pleureurs et pleureuses aux gestes pathétiques qui cherchaient la perle rare pour leurs proches disparus. Avec un peu de chance, le gamin qu'il entendait courir marcherait sur la précieuse fleur d'une âme en peine et -

De surprise, sa haute stature manqua flancher sous le choc, ses cheveux longs noirs lâches. Le 'gamin' venait de lui rentrer dedans ! Par réflexe, le spectre saisit l'importun - importune - et n'eut pas le temps de l'envoyer voir ailleurs qu'elle le traitait... D'arbre.

"Mademoiselle, un peu de respect pour ceux qui se recueillent...!" la corrigea Frédéric, avec une fausse solennité.

Agacé, il chercha le regard sous les délicates bouclettes blondes et... En fut pour ses frais. Ses pupilles... Sans s'attarder sur la couleur magnifique, le médecin nota surtout des pupilles bien trop dilatées, même pour cette fin de soirée. Encore moins en étant si proche d'un spectre qui commençait à émettre un peu de lumière. Pourquoi donc... Fumer ? Injecter ? Maladie ? Tiens, est-ce que le passage d'un monde à l'autre soignait l'esprit en plus du corps ? Ne s'attendant pas à ce que l'inconnue ait ce genre de réponse, il dit plutôt, tout en commençant à l'inspecter - le coin des lèvres ? Le nez ? Les mains ? - pour trouver trace, peut-être, de ce qui l'agiter.

"Excusez-moi mademoiselle, les arbres ne ramollissent pas. Vos sens si, à mon avis. rectifia-t-il avec un professionnalisme ennuyé. Votre nom, votre âge ? Le jour que nous sommes ? Dites-moi que votre esprit ne s'est pas envolé lui aussi."

Sans pour autant la lâcher il la repoussa un peu pour mieux la regarder dans son ensemble. Une poupée aux doigts terreux... A-t-elle gratté quelque chose ? Il n'y a pas de tombe ici... Ah, nigaud, une jardinière peut-être ? Du coin de l'oeil il aperçut des curieux que leur éclat avait attiré. Avec son agitation ils vont penser que, ah, baste ! Par précaution, il la lâcha. Espérant qu'elle ne se remette pas à courir après des byquellis roses ou autre vision fantasque qui l'habitait.

Lun 30 Sep 2024 - 22:30

Spores et Venin

Il y avait des choses que j'avais compris être étrange pour la majorité des gens, et la synesthésie en est un: Voir les émotions écrites en toute lettres en couleur devant les gens, le lien que formait mon cerveau entre la couleur et l'émotion était dénué de sens pour le commun, un véritable mystère pour les non affranchis. Mais l'expérience qui commençait à prendre forme dans mes yeux n'avait rien à voir avec mes synapses: Tandis que le serpent d'eau continuait d'avaler ma rivière, la forêt nourricière semblait prendre vie, dansant sur leur racine pour mieux me mettre le nez dans l'écorce (si possible violemment, sinon ce ne serait pas drôle), et au moment où je pense m'en être sorti c'est sur un autre type de soucis que je tombe.

L'arbre mou est un visiteur. Et bien que son œil critique semblait dire merde à l'autre comme un divorce à peine prononcé, sa bouche devient un bec massif qui me sermonne avec réprobation me fait éclater de rire. "On ne vous à même pas encore cueilli, soyez patient!" Je regarde autour de nous et une volée de moustiques semblent nous regarder fixement, l'air consternés. Je secoue alors les bras, annonçant vigoureusement: "Il faut partir, aller oust, oust! La nuit tombe mais ce n'est pas une raison de rester!"

Les moustiques semblent partir bon gré mal gré et les lumières flamboyantes du spectre canard forment un contraste particulier avec sa chemisette. Je pouffe dans mes mains comme une enfant, et fronçant le nez semble réfléchir, un brin perplexe devant sa question qui semble évidente. "Je suis Eve. Et vous êtes... Un sang mêlé spectre? C'est vraiment bizarre... Oula, ma tête tourne." Une nausée me prend alors que le sol semble devenir un matelas à eau, ondoyant sous mes pieds à tel point que je m'accroupis, puis m'assois au sol. "Ahhh, arrêtez le radeau de la méduse! Maître canard, je vous en prie, faites quelque chose! Quel mardi de.... merde" Je ferme les yeux, essayant de contrôler le vertige qui me prend, en vain. Etait-on même mardi, d'ailleurs?

ft. Frederic Lafleur

Mar 1 Oct 2024 - 21:54

Par Enos, Ekaris, et le reste... Pire, pire qu'une enfant ! A un marmot des gros yeux et une grosse voix pouvait faire l'affaire, mais pour une jeune femme en plein délire, autant essayer de raisonner un courant d'air. Entre propos incohérents et mimiques de gamine ravie, l'inconnue gagnait des airs de Muse du délire... Ou de délinquante qu'on enferme le temps qu'elle dégrise. Guère intéressé par sa discussion sans queue ni tête, le LaFleur se mua en observateur froid, la retenant d'une main quand elle manqua s’avancer dans un buisson de plantes à piques pour, semble-t-il, 'chasser' les curieux qui l'observaient.

L'envie ne lui manquait pas de la laisser en plan, vraiment. Il avait suffisamment à faire en journée pour ne pas passer son temps libre à s'occuper des égarés. D'un coup d'oeil, il inspecta les quelques visiteurs visibles entre les plantes, espérant voir la 'raideur' ou la vigilance d'un Veilleur ou d'un gardien dans le tas, histoire de lui confier la patate chaude pour qu'elle soit confinée dans une pièce le temps de redescendre sur terre. Mais, si ce n'est des figure tristes ou fouineuses, voire les deux, il ne trouva pas son bonheur. Le LaFleur se résigna et rendit son action plus officielle.

"Enchanté Eve. dit-il d'un ton profondément ennuyé. Je suis le Docteur LaFleur. Puisque vous ne semblez pas dans votre état normal, je vais vous tenir compagnie le temps que tout ceci prenne sens, voulez-vous ?"

Par un coup de chance ? La demoiselle eut la bonne idée de s'asseoir. Si le médecin transportait bien souvent le minimum nécessaire pour soigner de petites blessures, les égarements de l'esprit étaient une autre paire de manche. Il ne s'amusait pas à transporter toute une pharmacie sur lui, d'autant plus que les moyens de ce monde n'avaient pas atteint la praticité d'un médicament compact et efficace tenant dans une toute petite pilule. Magie exceptée. Je suis dans un fichu jardin, il doit bien y avoir une plante utile.
Profitant de la 'stabilité' de la jeune femme au sol, le spectre lumineux fit signe à une silhouette obscure.

"Vous, allez me chercher un jardinier. Quelqu'un qui s'y connait en plante.
- Mais je ne connais pas...
- Posez la question. Chercher une personne qui a l'air ravie d'être là, vu que le plus grand nombre vient pleurer ici. Devant le manque d'enthousiasme de l'inconnu, il insista. Cette jeune femme est malade, elle a besoin d'herbe médicinale !"

Finalement, l'inconnue s'exécuta. Frédéric soupira. Après réflexion, il aurait volontiers échangé les rôles, en réalité. Du moins, songea le spectre luminescent, il devrait être aisé de nous retrouver. Non sans un coup d'oeil aux cieux où les dieux devaient bien rire, il contempla ensuite la ridicule vue d'une jeune femme en tout point charmante, si ce n'est que ses airs de grandes confusions dignes d'un poisson dans un petit bocal rond, et ses propos évoquant l'imaginaire d'un enfant de trois ans.

"Mademoiselle Eve... tenta-t-il. Auriez-vous bu, manger quelque chose d'étrange, récemment ? Touché, senti... ?"

Il n'avait guère d'espoir d'obtenir une réponse cohérente ou simplement intéressante, mais cela pourrait avoir son charme que de lui demander à nouveau plus tard, et de faire la comparaison.

Mer 2 Oct 2024 - 11:48

Spores et Venin

Ahhhh, je savais que j'étais pas faite pour la mer. Le sol qui tangue, l'odeur de marée, le canard... Je le savais en montrant les Maintes Eaux à Fayad que de préférence je serais une femme de sol ferme. Le canard lui ne semble dérangé par rien, quoi que son ton mou démontre qu'il doit bien se faire chier à me regarder me dépêtrer de ma condition. Il se dénomine, et des fleurs poussent sur sa tête. "Je comprend pourquoi..." un spectre sang mélé dryade? un écho dans ma tête dit dans une voix masculine malicieuse ça fait beaucoup là, non? et je secoue ma caboche avant de m'allonger sur le gazon qui me palpe.

Le canard intercepte un moustique et lui demande un jardinier, et je commence à me relever pour suivre le suceur volant en éternuant: "Je suis cultivatrice, je peux vous aider." Je me tient sur une motte qui ressemble plus à une botte et, le genou tremblant, j'ajoute: "Des herbes médicinale j'en ai plein dans mon jardin, mais va falloir être plus clair." Le canard phosphorescent devient blanc, et je ne suis pas sûre que c'est ce que je voulais dire.

Une main se distingue dans les plumes et je l'attrape avant de me mettre debout avec difficulté, et pointe du doigt le serpent. "Il faut vaincre le reptile pour lui voler les sophiroles!" La fougère rouge et argentée était une denrée intéressantes pour les médecins de la ville qui me demandaient souvent de leur vendre les baies, et je tente le tout pour le tout... En posant un pied devant l'autre. "VICTOIRE!" je marche sur l'eau ! Fière comme un paon, je montre ma performance et me place face à l'aquatique serpentin et le brave d'un doigt courageux. "A nous deux, monstre!" Je vais lui faire ma meilleure prise de lutte, à moins que... "MONSIEUR LAFLEUR, j'ai besoin de ma Gourgandine, vite!"

ft. Frederic Lafleur

Dim 6 Oct 2024 - 14:23

Voilà, la cultivatrice intoxiquée, le serpent qui se mord la queue, le médecin qui appelle à l'aide... Un parfait exemple d'un monde à l'envers. Du moins la jeune femme n'était-elle pas complètement déconnectée de la réalité. Au vue de ses exclamations les plus excentriques, elle voyait des choses, c'est certains, mais il était peut-être possible d'en tirer quelque chose. Autre que des exclamations de victoire contre un ennemi invisible. Sophirole ? Cela me dit quelque chose... Réalisant avec un grand regret qu'il ne connaissait pas encore sur le bout des doigts ses plantes ozéniennes, le médecin s'approcha de la délirante.

"VOUS DÉLIREZ, MADEMOISELLE EVE. expliqua-t-il en articulant de manière exagérée. LAQUELLE DE VOS PLANTES TRAITENT LES HALLUCINATIONS ? Plus bas. Votre serpent est un ruisseau calme."

Certains patients réalisaient que ce qu'ils voyaient était hallucination, malgré les tours de leur esprit. Frédéric ne savait encore si Eve était de ceux-ci ou non... Si je prenais ce qu'elle a pris, serais-je plus à même de me faire comprendre ? Cette réflexion absurde, le LaFleur la corrigea aussitôt : il serait sans doute aussi déraisonnable qu'elle, mais au moins, il ne sera pas dans l'état d'esprit de l'adulte responsable des agissements d'un gamin déluré. Un de ces moments où il se serait bien passer d'être médecin.

"Eh bien, l'chagrin lui en a fait perdre la boule." s'amusa une voix rêche.

D'un coup d'oeil, Frédéric découvrit un petit vieux aux oreilles de lapin et aux favoris particulièrement garnis. Avec son petit chapeau et son blouson tout propre, il évoquait des vieilles images de dimanche campagnard au cimetière, tout droit tiré d'un livre d'histoire sociétale évoquant les modes de vie bien 'rustiques'. Le médecin eut comme un doute : avait-il inhaler quelque chose, en étant simplement présent dans ce jardin ? Sous son regard interrogateur, une des oreilles du gars tiqua. Non, ce devait être un métamorphe, ou un sang-mêlé.

"J'peux comprendre, y a d'quoi... continua l'ancien.. 'Voir laissé tout son monde derrière... Pas eu l'choix, 'vec si peu d'clé, et ma Rosamund qu'était d'jà plus là...
- Excusez-moi de vous interrompre monsieur, dans votre histoire ô combien passionnante. interrompit Frédéric, en conservant son calme. Mais cette demoiselle semble avoir consommé quelque chose et je m'efforce de...
- Oh ? Qu'eh donc ? J'pourrais en avoir un peu ?
- Je - Je vous demande pardon ? Non. Non. Son regard à l'attention de la délirante se fit insistant. Eve. Une plante. Contre. Les hallucinations.
- M'a pas l'air bien méchant c'qu'elle a pris." continua le vieux.

Alors, lequel des deux je jette en premier à l'eau ? La fille ou le vieux ? Une profonde inspiration pour tenir la bride à ce genre d'impulsion. Une exténuante expiration. Une abyssale inspiration...

Dim 6 Oct 2024 - 20:16

Spores et Venin

Aussitôt attrapée la main disparait, devenant une palme alors que le canard me caquète dessus. "Assez, gallinacé mal foutu! Vous me donnez le mal de mer!!" Il fallait trouver un remède pour le malade, mais qui est-il? Je tourne la tête d'un côté, de l'autre, mais pas de malade ici. Peut-être est ce que c'était le canard? Je plisse des yeux. Les métamorphes avaient pourtant une langue commune mais lui ne semblait pas le savoir. "VOUS. Parler langue. A-Z-A-M-Y-R. Moi pas comprendre le canetonnage!" Il fallait le sauver d'une malédiction de sorcière malfaisante, certainement. Je me dirige donc vers la rivière dont il ne restera sûrement rien vu la soif du serpent et pointe d'un doigt brave le serpent qui hisse ses anneaux liquides dans les airs.

Comment se battre contre un esprit de l'eau? Je réfléchis, puis crie à la suite de ma demande de gourgandine: "VITE, une paille!" Voilà de quoi transpercer l'animal qui se lie et se délie. Je regarde autour de moi et attrape la première paille venue, la met en bouche et aspire un grand coup. ça goute la vase... Et mes bottes sont vite trempées de la bataille.

Mais où est passé Lafleur? Sûrement qu'il est allé cherché ma gourgandine. En attendant je pointe le canard et lui crie: "uh uh, uh uh uhhhhhhhhhh!!" Puis j'enlève la paille de mes lèvres et réitère: "Vous, utilisez votre plumage hydrophobe pour passer au travers du serpent! Les sophiroles pour le malade imaginaire, il n'y a pas de temps à perdre!" Puis je montre au travers du corps encore gros de mon adversaire qui ne semble pas m'attaquer plus que de me tremper et articule: "Les baies violettes, là bas, celle qui dansent! Attrapez les!"

Puis je remets la paille dans ma bouche, aspire de nouveau, puis tousse comme une dératée en m'étranglant. "Il... Il m'a envoyé un caillou dans... Dans la paille..." Je deviens écarlate et, presque vaincue, m’aplatis au sol, l'envie de dégorger autant que de dormir me prenant d'un coup. Dormir?! "Lafleur... Je succombe et Gourgandine n'est même pas là?! Je... Je veux dormir?! C'est pas normal je..."

Noir. Rideaux. Entracte?

ft. Frederic Lafleur

Mais quespastis?:

Lun 14 Oct 2024 - 12:18

Face à la bêtise des délires, au bout d'un moment, une solution seule demeurait : le stoïcisme. Fébrile, Eve lui avait échappé, le temps de clamer de nouvelles billevesées. Du moins, l'étaient-elles toutes ? Un instant de stupeur suffit pour qu'elle commença à s'étrangler stupidement en buvant un mélange de boue aqueuse, et ce fut tout. Le médecin en avait assez, il allait vraiment finir par l'attacher quelque part. Surgissant dans son dos, Frédéric la débarrassa sans ménagement de son bâton creux, lui passant les bras sous les aisselles avant de presser, soudainement. Ainsi, il cherchait à faire pression sur le diaphragme et les organes afin de la faire recracher la bourbe dont elle s'était encombrée les voies hautes. Secouée comme une poupée de son, elle ne pesait pas bien lourd la petite cultivatrice, et toutes ses jolies boucles souffrirent d'éclaboussures de bave et de boue régurgitée.

Tout prêt, le vieux métamorphe aux oreilles de lapin se grattait la tempe, ayant l'air d'avoir quelques doutes quant à l'intérêt de se mettre dans cet état second, finalement. Les quelques visiteurs alentours se détournaient de leur contemplation pour observer ce duo d'hystérique, pataugeant dans le ruisseau en négligeant tout respect du silence solennel. Les petites farces de la vie, aurait souri le spectre, s'il n'était pas méchamment concentré sur le fait de ceinturer la fille, et la flotte lui rentrant dans les chaussures.

Mais ! Il avait été question de propos un peu plus éclairés cette fois. Les baies violettes ? Bien sûr, celles qu'avaient désigné dans son délire la cultivatrice étaient rouges, mais cela suffit à aviver une intuition chez le spectre que, oui, jusqu'à un certain point, la jeune femme avait bien cherché à lui répondre. Trimbalant la jeune femme, il s'approcha de l'étrange plante désignée, évoquant des fougères terrestres, courbées autour de leur fruit, et en saisit quelques-unes.

"Mangez, Mademoiselle Eve. asséna-t-il, d'un ton ne souffrant pas de refus.
- Ah ? Qu'est-ce vous lui donnez donc à c'te pauv' fille ?" demande le vieux lapin.

Frédéric ne s’embarrassa pas d'une réponse, espérant que la jeune femme collaborerait -quand bien même elle venait se s'étrangler à moitié - et que les fruits auraient l'effet escompté, et pas l'inverse. Malheureusement, l'individu alpagué plus tôt n'avait pas reparu avec de l'aide, il n'y avait que le quidam pour regarder avec curiosité, sans heureux hasard pour qu'un connaisseur de pareil plante se présente et les arrange. Bien, j'irai revoir mes plantes... Et je vais avoir deux mots à lui dire quand elle reprendra ses esprits.

Lun 14 Oct 2024 - 19:06

Spores et Venin

Il fallait être pleine de bravoure pour s'engager en combat déloyal avec un reptile aquatique aussi gros avec pour seule arme une paille de bois! Déterminée à remettre mon ruisseau à sa place et prendre les sophiroles des anneaux pernicieux du monstre, je pompe péniblement gorgée après gorgée le contenu de son corps avant qu'il ne me lance son arme fatale. Un coup dans ma trachée et je tombe comme inanimée sur le sol trempé de tant d'effort, dramatiquement touchée au plus profond de mon âme (dans ma glotte).

Le sort aurait pu avoir raison de moi si seulement les plumes fermes et expérimentées du Docteur Canard ne s'était pas refermé affectueusement contre mon ventre et, dans un enlacement des plus grisant... Je crache mes poumons humides sous la pression qu'impulse les avant-bras contre moi, et j'aimerais protester mais le choc reprend, une fois, deux, et je coule encore et encore sur les chaussures plutôt classieuse pour un palmipède. Entre deux dégoulinations, j'arrive finalement à bredouiller: "Re-lâchez-moi-siouplé".

Reprenant mes côtes, je lance un œil vide au spectre à plumes et reconnaît rapidement le visage de la fleur avant qu'il ne disparaisse dans son inquisiteur demande. Sans y penser j'ouvre le bec, laissant le décidément-beaucoup-de-chose me gaver de baies alors que je balbutie "Attention quand même au serpent..." Puis me laisse retomber, soudainement très lasse. Un peu de repos, juste un ... peu.

Je ne sais pas combien de temps je reste ainsi, mais lorsque mes yeux se rouvrent le soleil est couché, le jardin vide à l'exception du médecin phosphorescent. Nauséeuse, je n'arrive pas à savoir s'il est fatigué, en colère ou simplement ennuyé de sa journée. "Monsieur Lafleur? Je ... suis désolée." Je réprime un haut le cœur avec un arrière goût boueux et grimace: "Quel mardi de merde... On est mardi, je crois?"

ft. Frederic Lafleur

Mais quespastis?:

Jeu 17 Oct 2024 - 16:00

"Nous sommes le jour où une cultivatrice a subit les effets de ses propres cultures. Curieuse journée, n'est-ce pas ?" fut-il déclamé avec déplaisir. Une tête à la longue chevelure noire se pencha sur la Belle aux Bois Hallucinés. Bon retour sur le plancher des biquellys, Mademoiselle Eve."

Lumineux, le spectre ne l'était en l'instant que par sa nature, luminescent dans la morte nuit. Ayant improvisé une couche de fortune avec le matériel de la hutte de la cultivatrice inconsciente, il avait ensuite joué les gardiens le temps que son métabolisme évacue les toxines, avec l'aide des fruits. Bien sûr, il avait noté l'astuce dans son carnet. Par la suite il prendrait le temps de revoir ses plantes, cela était certains. Penchée sur la donzelle allongée, dans un coin discret de son petit jardin des délires, le LaFleur attendait avec grande impatience de pouvoir s'en retourner à ses affaires, malgré l'heure ridiculement tardive. Même le vieux lapin avait fini par s'en aller, non sans avoir tenté de tirer les vers du nez du LaFleur.
Mais ce dernier avait d'autres choses à faire que de divertir le quidam, et encore quelques petites choses à régler. Du pied, il poussa une bassine vers la jeune femme, par précaution.

"Puisque vous me semblez à nouveau maîtresse de votre esprit, permettez-moi de me présenter à nouveau. annonça-t-il tranquillement, les mains dans le dos. Je suis le Docteur LaFleur, et le hasard m'a conduit en ce jardin alors que vous déliriez allégrement au sujet d'un serpent, entre autre originalité. Il soupira. Auriez-vous idée de la plante à l'origine de vos hallucinations, par hasard ?"

Grand dandy dans son manteau, il agissait avec l'assurance et la raideur de qui sait ce qu'il a à faire et n'éprouve aucun plaisir à la tâche. Avec un peu de chance la fille ne serait pas aussi inconsciente qu'elle en donnait l'impression, et il n'aurait pas à passer le jardin au peigne fin avec l'aide d'un connaisseur de la flore, pour en vérifier la dangerosité.

Jeu 17 Oct 2024 - 19:27

Un rapide coup d’œil me remémore la rivière maintenant docile, le goût âcre des sophiroles, et tandis que la faune aquatique émerge en allumant les lumières bleues la silhouette longue du médecin se découpe sous une épaisse fourrure d'un moozer abattu il y a peu et dont le tannage n'est pas encore tout à fait parfait. "Vous... Avez trouvé ça dans la maison?" Que le médecin s'introduise dans l'abri n'était pas si surprenant, mais nous laisser au dedans alors qu'il avait pris la peine d'aller dedans m'interroge.

Je me relève doucement et grimace sous l'arrière gout vaseux que ma gorge renvoie. "Je suis... à peu près sûre que c'est arrivé à d'autres jardiniers dans l'histoire." Si ce n'est la grande majorité, mais ce n'est que pure spéculation. "A part ce détail... Je n'ai pas trop vu passé la journée je vous avouerais." Je regarde avec plus de détails le docteur. Des traits trop symétriques, un regard hautain, des cheveux cascadant presque jusqu'au sol et d'un texture parfaitement lisse qui rendrait jaloux plus d'un. Puis mon regard se heurte à la bassine et je secoue mes boucle, un air de dêgout passant sur mes traits. "ça va, je préfère que les fonds de la rivière restent là où je les y ais mit." Vomir en société, ce serait mal ma connaître.

"Le hasard fait bien les choses, je trouve, Monsieur Lafleur." Je lance mes pupilles de nouveau sur le médecin et m'époussette superficiellement. Il n'y avait pas de hasard: C'est Lysrus qui envoyait le médecin, et me châtiait de ma bêtise en m'étouffant d'un coup de serpent aquatique. Il avait bien raison: Quelle hallucination idiote! "Mais sans aucun problème très cher, vous voulez bien... Me remettre sur pied?" Une fois debout, je montre le pont, puis grimace en constatant mon état lamentable. "Prenons le chemin, si je pourrais bien traverser le ruisseau à pied vous êtes encore suffisamment en bon état pour ne pas vous tremper." Constatant les vêtements soigneusement faits je me demande une seconde qui peut bien avoir ce sens de détail avant d'hausser les épaules, allant vers les bacs expérimentaux. "Vous savez, je n'ai pas eu le temps de faire grand chose... Seulement de renifler une plante."

En pleine nuit la traitresse affiche une couleur sublime de pêche et bien proprette dans sa cloche de verre je la pointe du doigt. "Voici notre coupable. Au moins, nous avons un traitement... Je suis contente que les sophiroles poussent facilement."

Jeu 17 Oct 2024 - 20:38

Bien que peu agréable, le LaFleur ne se montra pas moins serviable, et surtout... Observateur. S'assurant qu'Eve, après ses délires et son inconscience, formulait de nouveaux des propos cohérents, et se mouvait correctement. Mine de rien, la luminescence du spectre se jouait des yeux nacrés, et Frédéric eut la satisfaction de voir ses pupilles réagir normalement. Passant outre la pauvre excuse de la cultivatrice, il se fit son ombre tel l'huissier le propriétaire mis en cause, et la suivit par delà le ponton. Charmante petite structure de bois, avec son charme bucolique, enrichi par le roucoulement du petit cours d'eau au milieu des plantes verdoyantes. Malheureusement, Frédéric n'avait pas la tête à en apprécier le charme.

Par contre, il fut un instant charmé par la fragilité de la plante révélée. Ses pétales délicates, son coloris léger et doux, son apparence évoquant la douceur du satin à ses yeux. Mais... A la belle beauté, un peu de prévention en rappela la dangerosité, sous la forme d'une cloche de verre. De perplexité, Frédéric se renfrogna.

"Excusez-moi Mademoiselle Eve mais... Vous avez bien mis sous cloche cette plante. Cloche dont il doutait de la stabilité, sur une surface rocailleuse irrégulière. Alors pourquoi..."

Pourquoi mettre le nez dans une plante dont vous avez conscience des dangers ?! En réalité, le LaFleur s'abstint de terminer sa phrase car, s'il s'était laissé porté, il aurait fortement forcé le ton. Ce qui, en l'instant, lui paraissait totalement superflu. Et il sentait que sa fin de journée gâchée jouait au delà du raisonnable sur ses nerfs. Raisonnable, le spectre ne souhaitait pas ajouter à cela une prise de bec ridicule. Il avait eu assez à faire avec la délirante plus tôt, en la matière. Mais... Il n'allait pas laisser passer l'affaire.

"Mademoiselle, vous faites pousser une plante hallucinogène dans un jardin public. asséna-t-il avec une contrariété contrôlée. Dois-je vraiment vous informer des risques de cette idée ? Par contre je vais vous dire qui en sera vraiment contrarié, en plus des victimes : le médecin qui les verra lui être amené en famille. Moi. Une profonde inspiration, suivi d'une expiration tout aussi importante. Heureusement que vous aviez un antidote dans votre jardin, et que vous avez été capable, sinon de le consommer vous-même en prévention, de me le montrer. Mais... Frédéric soupira, agacé d'avance. Voyez avec des connaisseurs quelles plantes doivent être retirées de votre jardin. Peu importe leur apparence si elles mettent en danger vos visiteurs."

Fusillant l'inconsciente des yeux, il asséna, appuyant chaque mot d'une colère froide :

"Je vous laisse deux jours. Ensuite, j'irai en informer votre Maître de Maison."

Ce fichu parc à poison ne devrait même pas être ouvert.

Jeu 17 Oct 2024 - 22:15

La couleur bleutée de l'homme presque taciturne et pourtant bien resté ici pour m'aider ressemble étrangement à celle des insectes vaquant sur l'onde paisible, ou encore aux jeunes arbres Eriscus plantés ça et là dans le jardin dans un pur majoritairement décoratif. Si mes yeux pouvaient briller dans le noir, ils ressembleraient d'ailleurs peut-être à ça, mais je laisse la mon observation pour répondre aux questions plutôt qu'à paraître telle une carpe: Bouche béante et muette. Par contre, Monsieur Lafleur doit bien être consterné, critique ou encore possiblement indifférent, mais choisis en tout les cas de ne pas rajouter de l'eau au moulin, ne relevant rien de mes propos, préférant prendre le pas direction le fond du jardin où mes plantations nouvelles se montrent sous la lumière cette fois violette de l'Arken géant.

En remarquant le petit écrin de verre entourant soigneusement la fleur, le spectre semble bel et bien perplexe et je montre d'autres boutures et nouveaux plants, tout aussi bien conservés. "Toutes les boutures que j'ai sont sous cloche. On a pas encore inventé la serre en plastique, Docteur." Dans un sens, ça m'avait préservé de boire mon cours d'eau seule et désespérée, et potentiellement de m'y noyer. La fleur avait décidé de m'empoisonner au moment opportun, quand un médecin s'aventurait "par hasard" dans mon jardin. D'ailleurs... "On... ne s'est jamais croisé ici. Par hasard, vous avez dit?" Cette fois, ma curiosité est bel et bien piquée.

Aïe. Voilà que les remontrances du médecin devenaient dangereuse pour la survie même du lieu et je me fais d'un coup bien plus sérieuse. Prenant ma voix la plus confiante, je rectifie: "C'est un jardin privé, Monsieur. Je l'ouvre au public, c'est une grande différence." L'irritation à peine retenue du médecin me fait tout de même tiquer: Serait-il furieux de voir plus de monde pour la santé des malades... Ou pour sa propre tranquillité? "Je puis vous assurer, Monsieur, que le Public n'est pas invité jusqu'ici. Derrière ces bacs, ce sont aussi mes cultures, des légumes, des céréales. Il y a assez d'hectares pour qu'une partie soient vue par le public... Et une autre pas." Je croise les bras, écoutant avec attention et un peu plus d'amertume les dires du médecin. Est-ce que ces dires étaient embêtants parce qu'ils allaient à l'encontre de mes frivoles expériences? Ou est-ce parce qu'il avait raison? Ma mauvaise foi fait rapidement un choix.

"De quels connaisseurs voulez vous parler exactement?" Ouvrant les bras, je montre la totalité du Jardin. "Nous sommes dans un monde nouveau. Toute nouveauté est faite par l'expérience de quelque chose. Nouveaux pas dans une direction différente, tests, expérimentations contrôlés ou non... Votre métier vous serait bien plus difficile sans remèdes à donner." Je pointe ensuite la fleur dans son bocal, puis les sophiroles en contrebas. "Grâce à moi vous avez appris deux choses: ça, c'est pas bon. Et ça, en bas, c'est bon. Surtout pour vous, je crois. Alors Monsieur Lafleur, préférez vous que je garde mes plantes sous verre avec un oeil attentif sur mon public, et la possibilité de trouver remèdes et alimentaire ici, ou préférez vous regarder impuissant ls gens mourir parce que vous avez trop peur de faire ce que vos ancêtres ont tenté pour survivre: Tester des choses?"

Je laisse un silence tendu s'installer entre nous puis montre une délimitation invisible: "Si ça peut rassurer votre esprit, je clôturerais l'accès à cette partie, pour protéger le public et votre tranquillité. Mais avouez quand même que cette journée n'a pas été vaine en connaissances." Je plante mes yeux azurés dans les siens qui semblent toujours en colère qu'importe l'occasion, attendant de voir si l'homme était juste un ronchon sans courage ni ouverture d'esprit, ou si sur le masque du prudent médecin se cachait autre chose qui serait certainement plus plaisant.

Sam 19 Oct 2024 - 23:07

Le LaFleur n'avait ni l'envie ni le temps de répondre à la curiosité de la jeune femme. Ses affaires, elle les avait interrompu par ses délires.

"Un jardin privé où circule du public. Une grande différence en effet. lâcha-t-il, sarcastique. Adultes, adolescents, enfants - et ces derniers ont tendance à se perdre là où on ne s'y attend pas, ne pensez-vous pas ? -."

A tous reproches, il était normal de permettre à autrui de se défendre, c'est donc ce que fit le médecin, avec la patience de l'adulte face à l'adolescent qu'il va sans grand doute punir s'il ne trouve pas une excellente défense. Et, aussi fripé que se fit le petit nez de la charmante petite dame, ses arguments ne convainquirent pas Frédéric. En réalité son propre attribut nasal se hérissa aussi, dans un duel ridicule de pifes fâchés. Du vent et des pâquerettes d'inconscience.

"Les herboristes de la guilde d'Ozénys, Mademoiselle Eve. Si vous n'avez pas déjà fait leur connaissance, c'est regrettable, ils vous auraient peut-être épargné votre déconvenue. Si le ton était tempéré, il suintait d'acidité, et les mires bleutées s'étaient étrécis d'un agacement prononcé. Si j'ai bien compris, Mademoiselle, vous essayez de justifier votre maladresse et votre inconscience par 'l'apport de la découverte' ? Dois-je vous rappeler que votre 'expérimentation' - qui n'a d'expérimentation que le nom - aurait pu vous mettre en danger sans mon intervention ? Son regard la transperçait d'un jugement sans douceur. Êtes-vous du domaine scientifique mademoiselle ? Si c'était le cas, peut-être auriez-vous connaissance de quelques notions basiques de sécurité, comme la présence d'un collègue, la gestion des accès aux zones dangereuses, et la prise en compte des risques ?"

Toute bienveillance ou sympathie oubliées - ce n'était pas son point fort de toute façon -, le LaFleur luminescent se redressa, regardant la jeune femme de haut, telle une vision fantasmée d'un élégant fantôme courroucé, revenu hantée la vivante. Si la cultivatrice avait espéré atteindre sa curiosité, elle s'y était prise de la mauvaise manière, et le médecin en lui criait à l'infamie et à la bêtise. Malheureusement pour la cible de son ire, nulle assistante compatissante n'était en vue pour le tempérer, seulement les insectes idiots chantonnant dans leur écrin de verdure aux propriétés encore mal connues, et c'est avec un acharnement digne d'un enseignement d'années préparatoires qu'il enchaîna :

"S'il est une chose que vous m'avez remémoré aujourd'hui, Mademoiselle Eve, c'est bien que l'humanité reproduit le même schéma, d'essais, d'erreur et d'apprentissage... Il inspira entre ses dents, par delà sa grimace. ... Mais que dans votre cas, vous n'avez même pas fait preuve du bon sens tirés de millénaires d'apprentissage de l'ancien monde. Il se pencha, ajoutant sur un ton odieusement doucereux. Souhaiteriez-vous connaître quelques noms de ces scientifiques décédés en vain d’expérimentation non encadrée ? A moins que vous ne souhaitiez inaugurer vous même cette triste liste, dans notre nouveau monde si neuf et mystérieux ?"

Lun 21 Oct 2024 - 0:10

Le Docteur canard était bien plus appréciable sans aucun doute possible par rapport à l'illuminé sarcastique que la lucidité me laissais entrevoir dans mon jardin. Oh, quelle idée de MERDE que d'avoir créé un lieu où tout le monde pouvait venir. J'aurais dû préciser "sauf les cons", mais le désavantage, c'est qu'ils ne se reconnaissent pas. Et avec ma veine, c'était même un con en blouse, un de ceux que l'on écoute. Si celui-ci décidait de faire fermer mon lieu de travail forgé depuis un an, tout ça pour la malheureuse expérience d'UNE plante... "Vous êtes paranoïaque ou vous aimez simplement détruire le travail d'autrui. Je suis à peu près sûr que vous n'avez jamais prié aucun explorateur de ne pas sortir parce que c'était dangereux, ou interdit la cuisine "au cas où". Et avoir passé une mauvaise journée n'est pas une raison suffisante, Monsieur." Ai-je l'air pincé? Très certainement.

Le spectre se relève (et bon sang ce qu'il est haut) mais ça ne change rien: Je suis toujours petite... Et passablement amère de ce qu'il m'impose. Son constat ne fait qu'augmenter ma colère, et c'est devenue cramoisie que je lui dis cette fois d'une voix bien moins aimable: "Je crois Monsieur que vous n’êtes en droit de rien ici, ni de me faire la leçon, ni de dire ce que je peux ou ne peux pas faire chez moi! Il va falloir se réveiller!"

Mon dernier choix de mot me fait me rendre compte de l'opportunité qu'il m'est faite et je plonge dans le regard du spectre qui ne me lâche pas en bon chien d'attaque. Il ne fallait pas beaucoup plus pour... Je ne réfléchis qu'une seconde.
Une balayette fauche d'un coup le spectre et une fois à terre, je le plaque au sol, enfermant le docteur dans une emprise qui n'empêche ses yeux bleus couleur fureur de vouloir me tuer. Ni une, ni deux, j'en profite et je m'y perd avec toute la concentration que je puisse avoir, puisque ma tentative de protéger mon jardin d'une autre façon n'avait abouti. Trouver le souvenir de la journée n'était pas difficile, mais le couper était une autre affaire, puisque c'était un sentiment nouveau: Si j'aimais à voir et aspirer les souvenirs d'autrui, jamais je ne m'étais permise de l'amputer. Une première fois goût aversion, mais qui allait bientôt devenir un vilain cauchemar... Je prend mon plus beau sourire théâtral alors que le docteur doit se taper la migraine du siècle tout comme moi, ainsi qu'une sacrée gueule de bois mentale, un gonflement au pied et une sacrée gêne de me voir au dessus de lui, ce que je rectifie immédiatement en me posant respectueusement à côté de lui.

"Monsieur, vous m'entendez?" Je refrène mon hostilité d'il y a une seconde pour la masquer d'une amabilité innocente. "Oh, comme je suis soulagée de vous voir ouvrir les yeux... Vous vous baladiez dans le jardin quand vous vous êtes entravé et... Vous avez du faire un malaise. Vous m'avez fait une peur bleue!" Je feins un regard de soulagement et propose ma main pour relever le damoiseau déboussolé. "Vous vous souvenez d'où vous êtes? De qui vous êtes? Avez vous besoin d'un médecin? J'ai fait demander quelqu'un mais... Personne n'est venu. Et je ne pouvais pas vous laisser seul."

QUEPASSER?:

Dés:

Mar 22 Oct 2024 - 18:29

Dédaigneux, le spectre survolait la colère de la jeune femme avec la distance du connaisseur face à l'ignorant. L'explorateur choisissait les risques, le cuisinier connaissait ses ingrédients... Chaque parole de l'indigente le renforçait dans son attitude. Qu'elle limite l'accès suffirait pour le public, mais un contrôle par des connaisseurs de ce petit paradis vert trouble serait de bon ton pour calmer son enthousiasme hasardeux pour la plantation. Reconnaître sa bêtise était hors de sa portée ? Peu lui importait, en vérité, malgré son agacement prononcé. Il avait exprimé ses doutes et... Ce serait suffi... sant... ?
Malgré-lui, il se soudain glisser. Du choc contre ses jambes, puis le sol, il n'eut presque pas conscience. Ni du corps se jetant sur le sien. Une part de lui se récria pour se taire aussitôt - ...pyre ?! -. L'attiraient soudainement, n'existaient plus, il ne voyait plus que les yeux.

---------------------------------------

La conscience... Et aussitôt, un fort regret de la retrouver, avec le coup au cerveau qu'il ressentit. D'immobile et fixe il se transforma en boule de membres, ses mains agrippant son crâne au milieu de mèches noires folles. Un gémissement à peine réprimé retentit dans la clairière de verdure domestiquée, alors que le grand homme y gigotait comme un asticot luminescent sur l'herbe, empêtré dans son long manteau, ignorant la silhouette menue près de lui. De confusion et de douleur, le spectre riva sur le ciel un regard halluciné. Qui ? Où ? Pourquoi ? Pourquoi avait-il si fichtrement mal ? Il respirait comme un enfant qui sort tout juste d'un vilain rêve, doutant encore de la frontière entre cauchemar et réalité.

"Aaaaaaaahh...!" lâcha-t-il entre ses dents serrées.

Qui était-il ? Où était-il ? Pourquoi la douleur, pourquoi... ? Un entremêlement de questions toute d'importance se battait pour son attention, qui, elle, ne pouvait se détourner du siphon lui écrasant les méninges par la pression.

"Je- ah ! Hmmmm... !" geignait-il, se plaquant les paumes sur les yeux comme si les y enfoncer pouvait atténuer la douleur.

Une longue minute s'écoula, d'incompréhension, d'une respiration étranglée, et d'un unique sanglot de douleur, avant qu'il ne se pose finalement, le visage toujours crispé par la souffrance d'une blessure dont il n'avait pas encore la compréhension. Enfin, il fut à peu près capable de reprendre ses esprits, et de comprendre ce qu'on lui disait. Ses doigts se relâchèrent suffisamment sur son visage pour qu'un oeil bleu plissé se hasarde à regarder qui lui parlait. Un visage clair aux douces boucles, tout à fait charmant... Si ce n'est que les questions posées déclenchaient chez lui une alarme qu'il mit un temps à formuler. Qui je suis, je dois savoir... Tomber ?

"Je suis... ? Je... Je suis... ! Comme si cela lui coûtait, il se tut dans un silence de tension, avant de lâcher brutalement. LaFleur ! Je suis... LaFleur ! Une... Fleur ? Non ! Non... Rappelle-toi bon sang... Dans un murmure las. Frédéric LaFleur ! Je suis, je suis, je, je... Je suis Frédéric LaFleur ! Médecin..."

Ce mot fit l'effet d'un tiroir ouvert, révélant son contenu - enfin ! - clairement.

"Merci Mademoiselle... dit-il en déglutissant. Excusez-moi, je vais... rester là encore un peu. Je dois vérifier quelque chose. Une profonde inspiration. Frédéric LaFleur. On est... A Ozéna... ? Nous sommes bien à Ozéna ? Un coup d'oeil nerveux à l'inconnue, avant qu'il ne ferme les paupières, tirant sur sa mémoire comme un file qu'un nœud coince quelque part. Frédéric LaFleur. Médecin. Fils de... Il grinça des dents. Peu importe. Nous sommes... En l'an 117... En... Avril ? Baste, cette fichue migraine..."

Pour une raison qu'il ne s'expliquait pas, la date lui échappait, et insister semblait renforcer la douleur. Une pointe d'angoisse lui étreignit la gorge, mais le spectre se força à tirer encore sur le fil.

"Nous sommes en l'an 117... Et je faisais... Qu'est-ce que je faisais ? Peste et tarentule, qu'est-ce que je faisais ?"

Fébrile, l'une de ses mains lui lâcha le visage pour tâter l'arrière de son crâne, avant de revenir devant ses yeux.

"Pas d'hémorragie externe... C'est déjà ça. lâcha le médecin, perturbé par sa mémoire récalcitrante. Il ne dit pas non à une main pour se redresser. Il ne voulait pas se précipiter en se relevant trop soudainement. Son cerveau le lancina suffisamment par ce simple mouvement. Merci... Je vous remercie, d'avoir pris le temps... Sauriez-vous ce que je... Où nous sommes ? Et ce que je faisais ici ?"

Jeu 24 Oct 2024 - 18:36

C'est impressionnant comme ça va vite, d'hypnotiser quelqu'un. En un éclair les yeux furieux du docteur se font moins vifs, vitreux comme ceux des poissons que l'on sort de l'eau, et malgré la fascination que je ressens en voyant mon œuvre réussie je me concentre pour la réussir entièrement. ça ne dure pas très longtemps, et mes gestes se font plus doux en comprenant qu'il ne se débattrait pas. Si j'avais su je ne l'aurais pas jeté par terre de la sorte... Ou peut-être que si, il le mérite après tout.

Pourtant quand je vois la souffrance qu'il endure je réprime un sentiment de culpabilité, un gros "désolée" marqué dans mon esprit sans que rien ne sorte de mes lèvres. Ma tête tambourine, mais j'ai l'habitude, tandis que lui... Je le regarde cette fois réellement un peu peinée, mais lui sert tout de même mon baratin avec brio alors que le spectre se tord sous la migraine. Puis alors qu'il bégaye je me tourne vers l'onde redevenue claire malgré notre combat dedans et y trempe ma manche avant de revenir à lui. "Vous avez mal à la tête? J'ai souvent des migraines interminables, l'eau soulage un peu... Si vous me permettez." S'il accepte, je pose la manche délicatement contre sa nuque, espérant que ça ait un effet sur le marteau qui lui bat le crâne.

Voyant combien le spectre est agité je tente de le calmer, posant mes mains contre ses épaules avec fermeté mais sans agressivité, laissée au placard pour un meilleur mensonge... Et parce que sa douleur me rend vraiment compatissante. Si j'avais su, j'aurais vraiment fais plus doucement... "Monsieur Lafleur, vous êtes médecin donc?" Comme fouillant dans une mémoire trouée, les choses que je n'ai normalement pas touchées lui reviennent facilement et je souris, encourageante. "Nous sommes toujours à Ozéna, oui." Ses grands yeux bleus fluo se referment pour mieux entrevoir ses souvenirs et tandis qu'il se fait une commémoration de tout ce qu'il est je me contente de chercher des solutions pour sa migraine terrible tandis que la mienne monte, horrible, mais secrète: Si sa migraine trépidante était contagieuse à ses yeux, il se douterait sûrement de quelque chose... Je me masse une tempe tout en réfléchissant, alors que le docteur se remémore la date. "Précisément, oui." Une semaine d'ouverture, et déjà des ennuis... Je barricaderais mes expériences, pour sûr!

"Monsieur s'il vous plaît, restez calme..." C'est lui le médecin mais je joue les infirmières alors qu'il vérifie l'entièreté de son crâne. D'un côté, je ne suis pas peu fière de n'avoir pas détruit sa mémoire entièrement, ni sa tête sur le sol par ailleurs, même si ça ne fait pas de moi la vampyre la plus gentille du jour... Je donnerais une belle offrande pour Tydéa, après tout j'avais ouvertement outrepassé mes droits... Je me reconcentre sur le Lafleur en montrant les arbres un peu plus luminescents. "Nous sommes dans mon Jardin. Vous êtes venu le visiter je pense et... j'étais occupée avec un autre visiteur quand j'ai entendu du bruit près de la rivière. Je pense que vous vous êtes entravé, vous êtes boueux et vous étiez sur le sol. J'ai fais sortir tous le monde en demandant de me quérir un médecin, vous ait trouvé une couverture pour ne pas que vous ayez froid... Et j'ai attendu en surveillant votre respiration." Il y a une demie vérité dans tout ça: Je n'ai pas plus d'idées de ce qu'il faisait ici que ce que j'en ai dis. "Comment vous vous sentez?" ça doit lui changer, d'être le patient. "Avez vous besoin de quelque chose, de l'eau peut être?"

Dim 27 Oct 2024 - 6:31

La sensation de fraîcheur sur sa nuque, et les réponses de la jeune femme, eurent le mérite de tranquilliser un peu le médecin souffrant. Quoique fuyante, sa mémoire ne lui jouait pas de trop vilain tour : ses propos étaient cohérents, les informations correctes... Vraisemblablement, il ne s'était pas raté, pour être confus ainsi... Et surtout ne pas se rappeler le pourquoi de sa venue. Pourtant, je n'ai pas de blessure crânienne... Une migraine oui, mais sans... Choc ? Se sentir aussi perdu qu'un vieillard enfuit de sa maison de retraite, dans un lieu inconnu, malgré les gentilles attentions d'une belle âme, le contrariait quelque peu. Ce qui n'aidait pas son mal de tête d'ailleurs. Rester calme. Cela n'a pas l'air grave, alors... Avec le temps...

"Un Jardin, dites-vous... ? Je suis chez vous... ? Un visiteur... ? Pourquoi y a-t-il des visiteurs dans... ? Une nouvelle pointe de douleur l'interrompit, lui faisant de nouveau fermer les yeux. Il savait quelque chose ! Il en avait la certitude, mais tenter de s'en rappeler n'était pas plaisant. Aaaaah, par tous les Dieux... Oui... Oui, de l'eau serait bien..."

A son cabinet il aurait sans doute de quoi calmer la douleur, le temps que son cerveau, quoiqu'il lui soit arrivé, s'en remette. A ses questionnements, la fatigue imposa bientôt un silence impérieux, s'associant avec la douleur pour rendre toute réflexion bien trop laborieuse. Ah, ce que s'allonger à nouveau était tentant... ! Nous sommes... En fin de journée. J'ai dû travailler... Il rouvrit les yeux. Cassandre ! Cassandre en saurait peut-être plus, sur sa journée, ses intentions en venant ici... Elle doit être retournée dans sa Maison. Et ce qui aurait dû être une simple marche pour aller frapper à la porte de son assistante lui paraissait présentement un interminable voyage au bout de ses forces. Qu'est-ce qui lui arrivait ?

"Mademoiselle, votre nom je vous prie... Dans quel quartier se trouve votre... Jardin ? Il me faut... Il se massa les tempes, dans une futile tentative d'apaiser les tambours pulsant sous son crâne. Sommes-nous loin du Quartier Central ? J'y ai mon cabinet, je pourrais y trouver de quoi me soulager... Il balaya des yeux la végétation alentours. A moins que vous n'ayez quelque plante ici... ? Je ne sais plus..."

Faire chercher Cassandre... Aller à son cabinet... L'esprit bourbeux du médecin pataugeait à ces idées. Je dois... Me lever. Mais, peut-être pour avoir de trop nombreuses fois vu des malades se lever malgré ses recommandations, le LaFleur eut la présence d'esprit de n'en rien faire. Il ne manquerait plus qu'il ajoute une seconde chute à la première.

"Je... Je suis de la Maison de la Flamme et de l'Ombre. dit-il, avant de se rappeler que sa luminescence était plutôt parlante en la matière. Qu'est-ce qui est le plus proche... ? Je suppose que dormir sera le meilleur des remèdes pour l'instant..."

Dim 27 Oct 2024 - 22:13

L'eau contre la nuque bleutée de l'homme aux longs cheveux avait l'air de faire effet, bien que le cerveau sous cette crinière impressionnante avait tout de même l'air de cogiter de trop encore. Balbutiant, égaré, le spectre cherche ses réponses et je me fais plus patiente encore, répondant en continuant de le tapoter du bout de ma manche. "C'est un Jardin un peu particulier, il sert pour les personnes endeuillées. Mais vous n'avez pas l'air..." Je regarde plus attentivement le docteur. Il y a l'air, et il y a la chanson comme on dit: L'amer personnage avait-il un deuil à faire, serait-ce la raison de sa venue? Dans tous les cas pour l'aider un peu je lui propose de l'eau et je me relève alors, galopant à toute jambes jusqu'à la maison-atelier pour y trouver un verre et de l'eau propre. Puis je reviens et le lui tends, écoutant de nouveau ses questions entre deux gorgées.

Etait-on toujours curieux comme ça après un trou de mémoire? A ma connaissance, on avait une sacrée soif, mais la curiosité n'était pas présente dans mes souvenirs de mon propre moment d'égarement mental. "Je comprend ce que vous vivez, j'ai perdu la mémoire moi aussi..." Dans d'autres circonstances cependant, et aucune chance que je veuille la retrouver un jour. "Je m'appelle Eve, Monsieur Lafleur. Vous êtes dans notre Quartier, j'imagine que rentrer chez vous sera facile d'ici..." à moins qu'il n'habite plus la Flamme et l'Ombre, c'était rare mais pas impossible. "Nous ne sommes pas trop loin de la frontière avec le centre, mais... êtes vous sûr que vous pouvez y aller seul dans votre état? Voulez vous que je demande de l'aide, maintenant que vous êtes réveillé?" A cette heure, il serait miraculeux que quelqu'un traine dehors pour le seconder mais plus on restait ici, plus les chances que le docteur reprenne ses esprits en ayant jamais quitté les lieux, ce qui ramènerait à la vie les cavaliers de l'apocalypse sans nul doute.

A sa question j'hésite un brin puis fronce le nez: "Je cultive quelques plantes oui, mais je n'en connais pas pour le mal de tête ou les troubles de mémoire..." Autant les secondes seraient totalement inutiles à mes yeux, autant les premières seraient dans mes préférés... "Mais si vous savez en reconnaître, je pourrais vous indiquer ce que j'ai!" Je doute que les sophiroles soient plus qu'un simple anti poison... Dans tous les cas hors de question de remonter le lafleur dans mon jardin. La rivière était pour lui une limite à ne pas franchir tant que la fleur de zinzinland n'était pas protégée. En espérant que lorsqu'il retrouverait ses sens elle serait hors d'atteinte...

"Dans tous les cas il serait en effet bon que vous dormiez. Je peux vous raccompagner, si besoin. Je suis une grande insomniaque." Petit sourire poli, en espérant que si le spectre comprenait que j'étais une vampyre il ne ferait pas le lien avec mes pouvoirs trop vite... "Vous sentez vous... Prêt à vous lever?" Non pas que je veux pressé le grand luminescent mais étant donné la réussite de ma première fois, il ne faudrait pas que ça retombe comme un soufflé...

Dim 3 Nov 2024 - 12:32

En deuil, lui ? La mémoire tiraillée entre douleur et sensation indistincte, le LaFleur but avec reconnaissance. Si les réponses lui échappaient, au moins avait-il la chance de ne pas s'être effondré dans un coin loin des regards. Qu'il ne se soit pas trouvé de plaie liée à sa chute lui semblait pourtant bien étrange, en plus du reste.

"Un accompagnant ne sera pas de trop... Je suis dans ces désagréables états où l'on ne sait plus trop ce dont on est capable ou non. grimaça-t-il, agacé par l'idée sans pour autant la refuser. De même, je ne me ferai pas confiance aujourd'hui pour reconnaître les bonnes plantes... Marcher jusqu'à la Maison de la Flamme me semble le plus raisonnable... Votre aide sera la bienvenue, mademoiselle Eve."

Non sans un pauvre sourire à l'attention de sa bienfaitrice, le spectre procéda ensuite avec précaution pour se relever, grimaçant quand son maux de tête tambourinait de trop. Le sommeil lui semblait une bien douce solution, un bienheureux oubli qui, il l'espérait, le laisserait de nouveau maître de son esprit au matin. Précautionneux, il prit à pas prudent la direction de sa maison - et de sa chambre, qu'il n'occupait pas toujours - avec l'aide de la jeune femme. Arrivé à bon port, il la remercia, et disparu dans le bâtiment, pour s'abandonner enfin à un rassurant sommeil. Ayant une pensée pour la demoiselle du jardin, à qui il devrait rendre visite plus tard pour la remercier convenablement.

Autant dire que son inclinaison changea radicalement quelques jours plus tard. Après des jours de brume mentale, où il renvoya une bonne partie de ses patients faute d'être dans un état décent pour subvenir à leur besoin, le LaFleur s'éveilla avec l'esprit soudainement aussi clair que de l'eau de roche. Sa mésaventure, les véritables actions de la 'gentille' Eve. L'on ne le vit pas ce matin-la au cabinet, Cassandre devant s'excuser platement sans trop savoir quoi dire sur la disparition du médecin.

Pour la 'visite' de remerciement, Frédéric préféra laisser les herboristes de la Guilde d'Ozénis s'en charger, après leur avoir indiquer que le Jardin des Mémoires, rendu accessible au public par sa propriétaire, comportaient des plantes à risques, qui nécessiteraient sans doute une vérification de leur part, pour la sécurité de tous. Mademoiselle Eve verrait avec eux si les plantes concernées étaient suffisamment sécurisées ou non.
Et puis il glissa un mot sur l'assaut d'Eve à son encontre, à la Maison de la Flamme et de l'Ombre. Les vampyres étaient connus pour leur tempérament à fleur de peau. Savoir lesquels oubliaient les règles de la civilisation au profit d'une 'correction' facile par leur pouvoir, au mépris d'autrui, n'était pas négligeable.

Ensuite... Il prit son après-midi. Alla le passer en bonne compagnie. Se promener pour admirer un peu la ville. Évitant le Jardin, tout en tournant autour, sans oser l'approcher. La raison de sa venue d'alors lui était revenue, mais elle ne méritait pas de se frotter à une vampyre lunatique. S'il devait revoir la cultivatrice, il escomptait bien que ce ne soit pas à l'avantage de la jeune femme, cette fois. Peut-être garder un calmant 'à vampyre' dans sa poche, à l'avenir, au cas-où ?

Méfiez-vous des jolies filles là au bon moment.

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