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Dessine moi un Spitmon
Wilø Lund
Maison du Ciel et du Souffle
Dessine moi un Spitmon
07 octobre 118
Je marche sur les ponts suspendus fait de bois et de lianes, un véhicule m’oblige à me baisser, manquant de percuter le pont.
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Noé m’attrappe et me regarde, je sens une vague de réconfort me monter aux yeux par de lourdes perles roulant sur mes joues. Il essuie les larmes de la dextre, son grand sourire accroché aux lèvres.
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Je le suis avec légèreté, un air béa fige mes traits. Il est là, devant moi, ses mèches brunes jouent avec la brise qui se lève, parfait négatif de ma dépigmentation soudaine. Bientôt le ciel s’obscurcit, masquant les trois lunes de la pollution grandissante.
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La peur et la colère déforment le visage de mon frère, ils courent, l’atmosphère est électrique, pesante, stressante. Je me mets à accélérer pour tenir le rythme et bientôt les bruits mécaniques nous rattrape.
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L’acier me sert le bras, froid et implacable, je me débats, la douleur remonte jusque dans mon épaule. Noé se jette sur les Robocops, cette police automate qui règne en maître dans le quartier.
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Trop tard, bien trop tard. Le robot soulève mon jumeau et le corps bascule par-dessus le pont.
D’un sursaut Wilø se réveilla, la nuque en sueur et le palpitant au cœur. Elle mit quelques longues secondes à reconnaître cette chambre décorée de toiles et statuettes aux pastels panachés. Sa chambre. Loin du noir et blanc de sa vie d’antan, ici c’était son petit cocon qu’elle avait voulu de joie et de charmes. Oui, tout était harmonieux, doux, enveloppant. Se levant de sa couche la Veilleuse se tint la tête d’où pointait un élancement épineux. Elle se dirigea vers une petite bassine qu’elle remplit de l’eau contenue dans un broc avant de s’asseoir en face de la coiffeuse. La fraîcheur du liquide lui fit le plus grand bien, démêlant ses songes goutte par goutte, apaisant les souvenirs qui rongeaient son âme du manque et de culpabilité. Une longue expiration termina de ramener l’élémentaire à l’instant présent, son regard émeraude se perdant dans la contemplation des astres lunaires dont la clarté baignait la pièce d’un voile cotonneux.
Wilø savait pertinemment qu’elle ne retrouverait pas le sommeil, cela faisait un petit moment que le passé ne l’avait pas taraudé, jouant de son subconscient pour entretenir les peines de l’éloignement, pour ne pas dire celles d’une séparation définitive. Elle se vêtit chaudement en ce début de saison froide avant d’attraper son arc, son sac et de quitter le nid qu’elle s’était constitué ici. La nuit s’éclaircissait doucement tandis que le froid mordit son visage ramenant de la couleur sur cette peau laiteuse. La femme cacha son nez sous un épais tissu enroulé autour du cou, laissant ses pas la mener où bon leurs semblaient, traversant divers ponts suspendus avant de retrouver l’altitude zéro du sol Azamyrois. Elle salua ses collègues en faction d’un signe de la main en quittant la protection des murailles, marchant tout droit, toujours tout droit vers ce bosquet qu’elle affectionnait pour son calme et ses trésors, le plus proche de sa Maison. La plaine Est offrait une végétation luxuriante et variée, prisée des animaux pour ses cachettes et les gourmandises qu’elle recelait. Il n’était pas rare d’y croiser nombre d’Azamyrois en quête de diverses herbes pour leurs préparations, qu’elles soient culinaires, médicales ou expérimentales. A cette heure matinale, Wilø ne croisait personne pour son plus grand plaisir. Les premiers rayons de soleil inondaient feuilles et cours d’eau du feu qui composait l’astre, donnant une saveur exquise au paysage dont l’élémentaire ne se lassera jamais. Elle fila sans réfléchir à travers quelques buissons et bosquets, enjambant le fin bras d’un ruisseau peu profond pour retrouver un arbre qu’elle avait pour habitude de grimper, le saluant d’une caresse avant de rejoindre le nœud charpenté lui servant de siège. A son pied, la lueur bleutée d’un ériscus luttait sans force contre le soleil levant, un sourire naquit sur les lèvres de Wilø dont l’esprit finit de s’apaiser. Les cauchemars étaient bien loin face à un tel spectacle, et très vite ses doigts glissèrent dans sa sacoche pour en sortir son carnet et son fusain. Elle ignorait le froid, se concentrant sur la douce chaleur que diffusait le nouvel astre, prête à coucher sur les feuilles les courbes du premier animal venu. Sans fausse modestie la Veilleuse apprécia son travail, il n’y avait pas photo, l’on observait une nette progression dans ses croquis, un Spitmon ressemblait à un Spitmon et plus à une masse nébuleuse surmontée de cornes enroulées. Non, il ne ressemblait plus à un vieux mouton malade terrestre qui aurait mérité de finir dans une boîte, avec des trous pour qu’il puisse respirer, tout de même. Le Spitmon était dorénavant duveteux, tenait sur ses quatre pattes, et avait fière allure. Ne manquait plus que la couleur pour agrémenter ce noir et blanc que tentait d’oublier notre ancienne mécano.
Adossé au tronc, les genoux remontés servant de pupitre, Wilø observait, se faisant oublier de la nature qui finit par laisser passer un pandamel à travers la cime des arbres. Le cervidé, méfiant, huma l’air, en alerte, les oreilles tournant aux quatre points cardinaux avant de se permettre quelques lampées dans le cours d’eau dansant calmement non loin de la tour de contrôle de la blanche. La pointe du fuseau dessina les premières lignes, d’abord grossières, avant de peaufiner les courbes des muscles, la douceur des plumes et la puissance des cornes. L’animal était parti depuis un moment quand la femme termina son croquis, satisfaite. La faim la rappela à l’ordre, le soleil avait pleinement assis sa domination sur le ciel sans que le temps n’affecte son admiration pour ce lieu. Dommage que l’hyvernas sur lequel elle avait élu domicile n’eût pas encore de fruits, elle s’en serait bien délectée. Il y avait pour l’heure une solution, certes peu goûteuse, mais rapide pour remplir son estomac. L’air. Elle avait appris à s’en repaître, doucement, sans laisser sa nature prendre le dessus. Il lui suffit d’une longue et interminable inspiration pour réduire la faim à l’état de gourmandise. Les yeux fermés, Wilø s’assoupit quelque temps avant qu’un trio de joyeuses lekeos ne viennent tournoyer autour d’elle. Ces espèces de belettes volantes étaient aussi joueuses que de jeunes chiots et il y avait ce divertissement qu’elles adoraient : le vent ! Wilø s’amusa à envoyer quelques zéphyrs dans les plumes des mammifères qui se jouaient des courants en virevoltant autour de l’élémentaire. Une bise après l’autre, les lekeos volèrent d’un peu trop près de la blanche accrochant son précieux carnet qui tomba droit vers cette eau ruisselante, mort assurée pour le bestiaire crayonné, et pas que … Dans un élan de peur, Wilø envoya une bourrasque pour éloigner le cahier du ru, les feuilles se détachèrent et se dispersèrent sans ménage. La faune, grande majorité des ébauches, cachée des portraits du passé, ce fameux temps qui s’amusait à se rappeler à elle en songes inquiétants, cet antérieur qu’elle avait peur d’oublier à en tracer, trait pour trait, les contours d’êtres aimés.
Sans acrobatie rocambolesque Wilø sauta de son perchoir se réceptionnant d’une masse d’air bien mieux contrôlé que la précédente pour se précipiter sur son inestimable ouvrage, recueillant chaque feuille comme un fruit rare.
Vex Ydris
Maison du Ciel et du Souffle
Dessine moi un spitmon
Feat Wilø
Octobre 7, 118
Voilà des mois que Vex n'était pas sortie toute seule. Pas plus loin que les cultures et les terrains d'entraînement pour élémentaires tout du moins. Car sa dernière sortie près du Bosquet s'étant soldée par une rencontre avec un racca et ses gigantesques dents, l'alchimiste avait jugé qu'il était plus sage de rester à distance de toute aventure peu adaptée à sa nature de scientifique. Elle n'était rien d'autre qu'une grande gigue sans muscles ni entraînement, tout juste bonne à porter trois livres sur une distance de quelques mètres à peine. Et surtout, elle commençait à sérieusement en avoir marre de mettre le feu à ses vêtements.
Alors pourquoi ce jour-ci avait-elle choisi de s'éloigner ? Sûrement parce que l'Homme est stupide, oublie vite ses déconvenues pour reprendre ses vieilles habitudes de maître du monde. Vex n'y faisait pas exception. Comme les autres avant elle, elle avait choisi d'omettre ce passage de son existence, prétextant sûrement qu'elle ne devait pas craindre grand chose. Les veilleurs commençaient à avoir l'habitude de voir l'élémentaire rentrer dans son plus simple appareil et sa dernière tentative de contrôle sur le terrain en compagnie d'Elide s'étant soldée par un succès réjouissant, c'est du baume au coeur et la confiance dans l'âme que Vex s'était dirigée vers l'extérieur.
Une petite bourse nouée à sa taille au cas où elle croiserait des ingrédients intéressants, l'alchimiste avait troqué son habituelle robe pour un pantalon en cuir, plus seyant et surtout plus pratique en cas de fuite une bestiole aux trousses quand elle approcha d'un petit bosquet silencieux où serpentait une rivière en ce début de mois d'Octobre. Tout était calme, Vex l'était plus encore et si la vie était encore loin du tumulte qu'elle connaîtrait prochainement, Vex se sentait bien. Alors certes, dans une mesure d'alchimiste solitaire, mais tout de même.
Elle se sentait si bien qu'elle eu même le courage de s'enfoncer un peu sous les arbres, sachant un poste de garde de veilleur non loin, elle ne risquait rien à s'éloigner un peu, tant qu'elle restait à portée de cri de ce drôle de baraquement. Mais ce fut des bruits de feuilles envolées qui attirèrent son attention, la forçant à regarder en direction du bruit attenant. Comme animées par un joyeux coup de vent, les feuilles voletaient et s'agitaient entre les troncs, comme animées d'une volonté propre et Vex se mit alors à tenter de les rattraper, comme elle le pouvait. Loin d'être la plus habile, ni la plus preste, l'alchimiste dû parfois trottiner un peu, courir après une feuille pour mieux l'attraper quand elle tomba plus ou moins nez à nez avec un visage qu'elle connaissait. Wilo. Une jeune élémentaire arrivée à peu près en même temps qu'elle, courait après les pages de son cahier, se trouvant sûrement un peu aussi bête que Vex qui en avait ramassé la moitié.
« Bonjour Wilo ! C'est à toi tout ça ? » Et elle lui tendit le paquet de feuilles qu'elle prit soin de ranger un peu, les alignants plus ou moins dans le même sens avant de lui offrir un petit sourire. « C'est très joli en tout cas, j'ignorais que tu avais des talents pour dessiner. » Et de nouveau un peu rigide, un peu coincée, Vex resta légèrement à distance, comme si son feu avait pu la contaminer d'un simple toucher.
Wilø Lund
Maison du Ciel et du Souffle
Dessine moi un Spitmon
07 octobre 118
Les feuilles virevoltaient, Wilø joua du vent pour en ramener à elle tout en ramassant le reste. C'était un bon exercice pour maîtriser sa nature en douceur, à cet instant ce n'était pas de cet œil qu'elle le voyait. Elle maugréait, se rappelant des paroles de l’artisane à l'origine du carnet. Ne lui avait-elle pas dit qu'il valait mieux attacher les feuilles, se proposant de les coudre pour lui éviter exactement l'instant présent ? L'élémentaire avait jugé qu'il serait plus utile d'avoir des feuilles volantes. Pourquoi s'obstine-t-on toujours à ne pas écouter les professionnels ?
Dans ses pensées la blanche n'entendit pas le pas discret de l’alchimiste ramassant à son tour chaque feuille qui la menèrent tout droit vers leur propriétaire. Wilø lâcha un "
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Cherchant parmi les croquis qu'elle tenait, Wilø ne put retenir un rire en voyant l'un de ses premiers jets.
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Elle attrapa le paquet tendu par la brune, son sourire vacilla en apercevant le portrait au-dessus de la pile. Pourquoi l'avait-elle dessiné, Solveig ? Amour d'un temps qui n'avait pas hésité un instant à l'abandonner. Elle avait eu espoir de la revoir en atterrissant ici, elle avait laissé ses oreilles traîner dans l'attente d'entendre ce prénom, Solveig. Elle avait longuement observé les têtes passant la grande porte des murailles lorsqu'elle était de vigie à la recherche de traits familiers, en vain. Non, Solveig n'était pas ici, elle n'avait pas cette excuse de l'avoir quitté pour un meilleur monde. Nul doute que Wilø aurait fini par lui pardonner si tel avait été le cas. Nostalgie et amertume ne font pas bon ménage, le vent y répondit faisant claquer les pages entre ses mains sous le regard de l’alchimiste. Fermant les yeux, l'élémentaire prit une grande inspiration et expira tout aussi longuement, calmant les ondes aériennes.
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Elle finit de récupérer l'ensemble de son carnet non sans l'aide de Vex, sa main se posa sur l'avant bras de la brune pour la remercier de son aide avant de se retirer doucement. Wilø connaissait assez l'élémentaire de feu pour savoir que les élans tactiles n'étaient pas sa tasse de thé. Cela faisait longtemps qu'elles ne s'étaient pas vues, et revoir sa complice d'entraînement ravie l'élémentaire plus qu'elle ne l'aurait cru.
Vex Ydris
Maison du Ciel et du Souffle
Dessine moi un spitmon
Feat Wilø
Octobre 7, 118
Finalement, pour quelqu'un de froid et de distant, Vex appréciait bon nombre de personnes de cette ville. Elle en détestait une en particulier, mais le reste lui était au pire indifférente et au mieux plaisante. Wilo faisait partie de la seconde catégorie. Bien que les deux femmes ne se soient pas recroisées depuis un certain temps, Vex avait toujours apprécié la compagnie de sa congénère, trouvant un côté rafraichissant - sans mauvais jeu de mot concernant l'élément maîtrisé - de la jeune femme. Elles avaient même un temps foulé les pavés de la guilde d'Ozénys ensemble, lorsque Wilo se cherchait encore, ne sachant trop vers quelle voie se diriger.
Sans parler d'avoir un jour été amies proches, Wilo avait été la première à assister aux nombreuses pertes de contrôle de Vex, résultant en la carbonisation pure et simple de sa garde robe, une vraie plaie pour la scientifique qui n'avait d'autre choix que de racheter encore et encore les même vêtements. Ce n'était pas faute d'avoir tenté de concevoir un matériaux ignifugé, mais les explorations étaient encore trop peu nombreuses pour qu'ils estiment avoir découvert la moitié de ce que cette terre recelait et c'est donc les miches à l'air que Vex était souvent rentrée, parfois seule, parfois en compagnie de Wilo, toujours l'égo tout au fond des chaussures qu'elle n'avait plus.
Depuis quelques mois pourtant, les accidents s'étaient espacés. Sûrement parce que Vex ne se rendait plus aussi souvent sur le terrain d'entraînement, préférant sa petite vie rangée de scientifique à toute tentative d'aventure, acceptant finalement qu'elle n'était pas faite pour le grand frisson. Et si elle finirait prochainement par en décider autrement, pour l'heure, c'est sous couvert d'une promenade tranquille, se sachant en sécurité et à proximité des veilleurs que Vex s'était enfoncée dans un petit bosquet non loin des cultures, observant la faune et la flore resplendissante qu'offrait ce nouveau monde foisonnant de vie. Elle ne se souvenait pas de l'état de la Terre, seules les informations lui ayant été dispensées ça et là à son arrivée faisaient office de vérité, mais imaginant à merveille ce qu'une terre écorchée et dénuée de vie devait être, Vex appréciait d'autant plus ce que ce monde leur offrait.
C'est donc le baume au coeur, heureuse et satisfaite de cette petite vie que Vex rencontra les feuilles virevoltant au vent. Ses réflexes étaient médiocres, mais à coup d'essais nombreux, elle parvint à attraper quelques feuilles, trouvant finalement leur propriétaire qui n'avait besoin que d'un peu de son vent pour faciliter sa besogne. Retrouvant alors son petit sourire affable qu'elle avait en tout temps, Vex complimenta les esquisses de Wilo, reconnaissant aisément ne pas avoir son talent quand elle vit Wilo rougir, la femme de feu manquant d'en faire de même. Mais son masque de froideur polie toujours en place, elle parvint à masquer toute gêne, ses vêtements masquant à merveille les quelques degrés qu'elle venait de prendre du simple fait d'échanger avec un humain quand son sourire vint s'agrandir à la mention de la guilde. Une part d'elle avait regretté lorsque Wilo s'était dirigée vers les veilleurs, mais la vocation de la jeune femme avait été si forte qu'elle n'avait pu qu'accepter de voir la guilde perdre un autre potentiel membre prometteur.
Le rire qu'eut alors Wilo la fit pourtant quitter ses pensées et son regard fut automatiquement attiré par le dessin que regardait alors la veilleuse. Penchant la tête sur le côté dans un geste plus animal qu'il était humain avant de ne tendre la main vers la feuille, tournant et retournant le dessin dans tous les sens pour y chercher un sens. « Mes connaissances de la faune étant relativement ridicules, je crains ne pas être la plus à même de reconnaître ce que tu as tenté de dessiner mais c'est.... conceptuel. » Et elle eut alors un petit rire qu'elle ne prit pas le temps de retenir, levant cependant une main élégante devant sa bouche pour cacher son rictus.
C'est alors que Vex tendit le paquet de feuille qu'elle était parvenue à rattraper à l'élémentaire d'air, retrouvant ce petit sourire affable et protocolaire qu'elle avait tant travaillé, bien que ses yeux démontrent qu'elle était plus à l'aise que ses gestes raides laissaient penser. Du coin de l'oeil, elle distingua bien un portrait parmi les feuilles, mais craignant de ne voir quelque chose de terriblement personnel, Vex détourna le regard, son sourire s'effaçant au profit de lèvres pincées. Lèvres qui se pincèrent davantage lorsqu'elle sentit le vent forcir autour d'elles. Un vent qui n'avait rien de naturel, en témoignait la cime des arbres immobiles au dessus d'elles, les lékéo s'en donnant à coeur joie dans les tourbillons créés par les émotions de l'opaline qui semblaient s'emballer. Silencieuse, Vex se demanda un instant si elle devait intervenir, mais le souvenir cuisant de sa dernière intervention lui revint et son visage sembla un instant se perdre dans une moue attristée. Elle venait certainement de repenser à cette jeune femme, cette élémentaire de vent qu'elle avait tenu tout contre elle, comme une mère, pour mieux la voir l'éviter. Elles s'étaient bien recroisées quelques fois, mais la tension dans les gestes d'Elide avait été si parlante - même pour une femme peinant à lire le non verbal comme Vex - qu'elle avait abandonné toute idée de poursuivre un jour cette amitié. Renfermée sur elle-même par ce simple constat, Vex s'était ainsi promis de ne plus jamais ainsi se laisser aller, car se montrer accessible n'était finalement que la meilleure manière d'être blessée.
Elle sortit pourtant de ses pensées lorsque Wilo mentionna ses souvenirs. Sans forcément réaliser que les paroles pouvaient lui être adressées, l'alchimiste ne prit ombrage des propos. Elle avait l'habitude que les autres soient pris de malaise dès lors qu'on mentionnait la mémoire. Elle, avait fini par se faire à l'idée qu'elle ne recouvrirait jamais ses souvenirs, c'était ainsi, elle avait fini par l'accepter. Car finalement, courir après l'inatteignable n'avait aucune bonne finalité, aucune autre que la frustrer et la rendre malheureuse. Ainsi était la vie.
Toujours aussi calme, flegmatique et un brin distante, Vex se contenta de légèrement sourire à sa congénère, loin d'imaginer toute la gêne qui l'animait au simple fait d'avoir mentionné l'amnésie de l'alchimiste. À la question, elle haussa légèrement les épaules, préférant détourner le regard pour éviter tout échange qu'elle savait deviendrait gênant et un petit sourire affable et rassurant sur les lèvres, elle répondit alors, sans animosité aucune.
« Parfois, oui. Parfois je m'en fiche. Mais c'est surtout l'absence de certitudes qui est la plus difficile. Je sais certaines choses, mais aucune façon de le prouver. Et là où les choses sont les plus difficiles, c'est avec les autres. Car je n'ai aucun passé sur lequel m'appuyer, aucune expériences sur lesquelles me baser pour prendre certaines décisions. Mais globalement, je dirais que non, généralement, ça ne me manque pas. Pas trop, tout du moins... » Et préférant laisser ainsi mourir le sujet, Vex ne renchérit pas, n'étant pas particulièrement friande de revenir sur ces zones d'ombre qu'elle ne pouvait s'expliquer, parfois balayées d'élan lumineux venant les combler.
Aidant alors Wilo à réunir les dernières feuilles volantes, c'est lorsqu'un bruissement derrière elles attira leur attention qu'elle vit la veilleuse se camper, tirer une flèche, l'encocher, prête à tirer et immédiatement, Vex se sentit prendre quelques degrés. Son corps réagissait à tout danger de la même manière : en prenant feu et si elle préférait éviter toute combustion au beau milieu des bois, son inexpérience en matière de combat la rendait dangereusement propice à s'enflammer. Mais finalement, la menace n'était qu'une feuille volante, entraînée par un lékéo joueur et en réalisant que le danger n'était rien, l'alchimiste pu se détendre, rassurée. Mais ce fut la main de Wilo sur son bras qui la fit pleinement sursauter, sûrement parce que Vex était trop absorbée dans ses pensées, mais réalisant qu'il s'agissait là de son amie, elle lui offrit un léger sourire navré, penchant légèrement la tête sur le côté de cette manière qu'elle avait de s'excuser sans paroles. La dernière feuille récupérée, elle se tourna alors vers Wilo, retrouvant peu à peu sa température normale - qui était de toute manière élevée - avant de demander, d'une voix douce qu'elle tentait de moduler pour paraître moins froide et moins distante.
« Tu rentrais en ville ou tu avais prévu de rester ? » Toujours aussi à l'aise dans les moments sociaux et les échanges avec ses pairs, Vex gardait ses airs de chien dans un jeu de quille, mal à l'aise, raide, peinant à savoir que dire ou quoi faire dans cette situation.
Wilø Lund
Maison du Ciel et du Souffle
Dessine moi un Spitmon
07 octobre 118
Que souhaitait entendre la brune comme réponse ? Wilø de se posa pas la question et prit cette interrogation comme une invitation de la part de Vex.
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Wilø aurait bien proposé à Vex de l'accompagner jusqu'au minerai rouge, celui-ci était éloigné, il n'aurait peut-être pas été prudent de s'y rendre avec elle. Non pas que Vex était dans l'incapacité de se défendre, elle se souvenait de leurs entraînements et la bouillonnante élémentaire avait en elle un feu ravageur. Sans s'en rendre compte, la blanche sourit à certains souvenirs.
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S'il fallait que Wilø passe tous ces jours de repos à l'entraînement avec Vex, elle l'aurait fait pour la jeune femme. Elle ressentait la nécessité de soutien élémentaire, et Vex, aussi forte qu'elle pouvait paraître frêle, avait ce petit quelque chose qui intriguait notre Veilleuse. Douce et mystérieuse, destructrice et sensible.
Vex Ydris
Maison du Ciel et du Souffle
Dessine moi un spitmon
Feat Wilø
Octobre 7, 118
Un petit sourire affable sur les lèvres lorsque Wilo vint proposer de l'accompagner, Vex hocha légèrement la tête tandis qu'elle se remettait à marcher, le nez rivé au sol en quête de plantes, d'herbes, de n'importe quoi qu'elle pourrait continuer à bidouiller. Car sa bourse commençait sérieusement à peiner, avec les multiples expériences effectuées, allant de l'onguent pour les brûlures à la crème hydratante qu'elle avait emporté chez elle. Et si le passé lui avait démontré qu'elle n'était pas faite pour sortir seule, être accompagnée par une veilleuse et une tireuse émérite comme Wilo la réconfortait. Au moins, peu de risques qu'elle s'enflamme, rentre encore une fois couverte de honte et sans un vêtement sur le dos pour la cacher.
« Ce serait très gentil de ta part de m'accompagner. » Reconnut-elle alors, un petit sourire gêné désormais rivé sur les lèvres. Détournant alors rapidement les yeux, Vex revint se concentrer sur son observation du sol, n'y voyant là que mousse et feuilles mortes sans intérêt, quand Wilo parla d'un gisement de Twill qu'elle avait trouvé. Immédiatement, ses améthyste se mirent à pétiller, de cette même excitation qu'elle ressentait lorsqu'on lui livrait certaines denrées assurant alors de nouvelles nuits de recherche intense passée en compagnie de ses fioles et de son fidèle becher.
« Si tu arrives à en récolter, je t'en serais reconnaissante Wilo, merci d'y avoir pensé. » Et de nouveau, cette gêne, inexplicable qui la prenait, forçant le nez rose de l'élémentaire à se tourner vers le sol où ses boucles noires la cachaient.
Mais heureusement pour elle, leur marche continuait, sans grande trouvaille pour l'alchimiste, mais permettant au moins de diffuser un peu cette gêne pugnace, constante que ressentait Vex lorsqu'elle échangeait avec ses pairs. Mais elle se souvenait aussi de la promesse qu'elle avait fait à Niels, celle d'essayer, alors quand Wilo mentionna le terrain d'entraînement, Vex retrouva son léger sourire, un brin de fierté brillant même dans son regard.
« J'y étais récemment avec une nouvelle arrivée. J'ai réussi à maîtriser mon feu sans m'enflammer, c'est donc une réussite, je crois. » Et cette fois, c'est un sourire vrai qui lui échappe, un de ces sourires qui montent jusqu'aux yeux tandis qu'elle regarde un instant Wilo, manquant de se prendre les pieds dans une racine qu'elle parvient pourtant à éviter in-extremis.
Feignant que rien de tout ça n'était arrivé, Vex perdit pourtant un peu son sourire quand la jeune femme aux cheveux cendrés lui proposa de s'entraîner. Cela faisait longtemps maintenant qu'elles ne l'avaient pas fait et ces derniers mois, le feu de Vex semblait n'avoir rien fait d'autre que vouloir se déchaîner, elle déglutit alors, pinçant ses lèvres longuement dans un signe évident qu'elle réfléchissait et alors qu'elle s'apprêtait à répondre que l'idée pouvait s'avérer intéressante, voilà que Wilo en rajoutait, rappelant à l'alchimiste les nombreuses fois où son feu était venu la consumer.
Cette fois, Vex piqua un fard monumental, se raidissant dans cette robe visiblement pas taillée pour courir la forêt. Wilo pu d'ailleurs facilement sentir la pauvre alchimiste prendre quelque degrés, approchant dangereusement de son point de fusion quand soudain, une racine salvatrice vint la sauver, barrant son passage tout autant qu'elle accrocha son pied, conduisant irrémédiablement Vex à se vautrer. S'en suivit alors un jet de cheveux noirs, puis le fracas des genoux de Vex frappant le sol sans que ses réflexes ne parviennent à la rattraper ou à amortir la chute. L'impact fut accueilli dans un souffle et le front presque posé sur l'humus qui avait heureusement légèrement atténué la brutalité du choc, Vex ne pu rien faire d'autre que d'accuser le coup de cette énième humiliation. Elle avait déjà dû subir les regards libidineux des veilleurs toutes les fois où elle était rentrée sans un manteau sur le derrière, voilà maintenant que Wilo s'y mettait.
Alors après quelques longues secondes d'agonie silencieuse, Vex vint se redresser, époussetant les aiguilles de conifères et autres déchets forrestiers venus se coller à son visage quand elle reprit, bougonne et visiblement peu amusée par le petit trait d'humour que venait de faire la veilleuse.
« Ce n'est pas drôle. J'ai arrêté de m'entraîner pour cette raison... Ce n'est pas toi qui devais subir les regards répugnants de tes collègues au passage des portes. » Et poussant alors sur son bras mollasson pour se relever, Vex refusa sûrement la main que lui offrit Wilo pour l'aider, soupirant finalement sans plus oser la regarder. « Je crois que je vais rentrer. » Et retrouver son laboratoire, au moins, ses fioles, elles ne se moquaient pas d'elle ni plus qu'elles se permettaient de commenter ses courbes toutes ces maudites fois où elle avait été contrainte de les montrer.
Wilø Lund
Maison du Ciel et du Souffle
Dessine moi un Spitmon
07 octobre 118
Le sourire de Vex était rayonnant, il était aussi rare que précieux. Il ne dura que quelques instants, la proposition d'un entraînement rappela l'alchimiste à sa nature de réservée. Puis vint la taquinerie, Wilø sentit la température se réchauffer alors même qu'elles étaient à l'ombre des cimes. La brune était là et la seconde d'après, elle avait disparu. La Veilleuse tourna la tête avant de comprendre que ça se passait au sol. Se précipitant vers Vex, elle se figea un instant en entendant ses paroles. Tendant sa main pour aider sa partenaire, elle se la vit repousser froidement, un pincement au cœur la picota.
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Elle n'avait jamais eu le don pour la drague, un compliment caché derrière un trait d'humour mal interprété, et pour cause. Solveig le lui avait toujours dit, sa maladresse était un désastre dans ces moments-là.
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Wilø s'en voulait, se mordant l'intérieure de la joue. Ne pouvait-elle pas réfléchir un peu avant de parler ? Elle rattrapa la brune déjà repartie en direction d’Azamyr. Se plantant devant elle pour l'obliger à l'écouter - ou à la contourner - Wilø insista.
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Les améthystes orageuses piquèrent encore davantage l'élémentaire. Au dessus, une branche craqua, l'élémentaire d'air l'envoya valser d'une bourrasque plus puissante qu'elle ne l'aurait voulu ce qui attisa plus encore sa nature primaire. S'appuyant sur le tronc de l'arbre, ses doigts se crispèrent sur les écorces, ses phalanges blanchirent sous la contraction., des mèches albâtres s’échappèrent de son chignon fait à la hâte le matin même.
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Vex Ydris
Maison du Ciel et du Souffle
Dessine moi un spitmon
Feat Wilø
Octobre 7, 118
Comme ça, aussi facilement qu'un coquillage à marée basse, Vex s'était fermée. Comme une porte claquant sous l'effet d'un courant d'air, les sourires pincés étaient oubliés, relégués au rang de souvenir lointain, comme si finalement, de sa chaleur il ne restait rien d'autre qu'un mirage, un arrière goût amer qui peinerait à s'effacer. Car Vex était froide, oui. C'était d'ailleurs le sujet principal des railleries de son collègue élémentaire, qui ricanait du fait qu'elle soit bien peu chaleureuse pour une représentante des êtres de feu. Oui mais voilà, Vex ne savait faire autrement, c'était ainsi qu'elle était née. Ou plutôt, née à nouveau. Car elle ignorait toujours tout de qui elle avait été sur Terre, comme un chewing-gum collé à ses basques, refusant de la lâcher, le souvenir - ou plutôt l'absence de souvenir - n'avait de cesse de venir l'enquiquiner. Lorsqu'elle se braquait par exemple. Était-ce le fait de sa personnalité, qu'elle avait avant d'arriver, ou une simple réponse évidente pour se protéger ? Que des questions auxquelles elle n'aurait jamais de réponses. Que des moments destinés à la troubler.
Alors quand elle se prit les pieds dans la racine au commentaire de Wilo, son absence d'entraînement ne fit rien d'autre que la faire lamentablement s'étaler. Mais en même temps, vu la honte cuisante que venait de lui coller la veilleuse sur le dos, elle ne pouvait que s'effondrer. C'était donc là l'unique chose que les gens retenaient ? L'idiote d'élémentaire de feu revenait encore nue après s'être essayée à maîtriser la bête primale ? Ha ha. Que c'était drôle. Oui, pour tout le monde, sauf pour elle. Et quand par dessus tout ça, on venait commenter son corps... Non, voilà pourquoi Vex préférait la compagnie solitaire de son laboratoire. Au moins, là bas, pas de questions sur son amnésie, pas de moqueries sur son corps tant de fois dénudé quand elle ne voulait rien d'autre que le cacher.
Alors bien sur, Vex n'écouta pas les suppliques de la veilleuse, qui tentait tant bien que mal de se rattraper. Malgré les excuses, malgré le fait qu'elle la suive alors qu'elle se dirigeait maintenant vers les remparts, rien de tout ça ne saurait l'arrêter. Enfin si. Car Wilo vint se planter devant elle, lui barrant peu ou prou le passage et Vex leva alors le nez. Ses améthystes orageuses semblaient teintées de colère, mais ses joues marquées de rouge trahissaient sa honte, elle ne voulait rien d'autre que se cacher.
L'alchimiste se mit alors à l'écouter, toujours aussi silencieuse, comme si aucun mot n'acceptait de sortir, ou trop se bousculaient et lèvres pincées, elle ne parvint à soutenir le regard de la veilleuse lorsque celle-ci revint s'excuser. Et si le début de la phrase était prometteur, malheureusement, la suite ne fit rien d'autre que de la faire soupirer. Contournant alors Wilo pour reprendre sa marche, Vex continuait de chauffer. Son nez, ses oreilles, ses joues, sa peau toute entière gorgée de rouge trahissait sa gêne d'être ainsi complimentée, mais rien n'enlevait le fait que tous et toutes continuaient de l'objectifier. Elle n'était finalement qu'un corps, harmonieux, voluptueux, certes, mais qu'elle n'avait jamais voulu montrer.
Et si Vex ne pouvait pas craindre la chaleur, les bourrasques de vent de l'élémentaire ne tardèrent pas à prendre des accents de sirocco, tant il suffisait que les brises viennent effleurer la peau brûlante de l'alchimiste pour s'y réchauffer. Au dessus d'elles, les lékéo s'en donnaient à coeur joie, planant dans les volutes chaudes des deux engeances primales mélangées.
Et si toute à sa vexation presque immature, l'alchimiste était bien décidée à ne plus écouter les inepties que lui déballerait la veilleuse, lorsque celle-ci vint saisir son bras, elle fut contrainte de se stopper. Tournant un regard froncé vers la veilleuse, elle s'apprêtait à l'apostropher, lui enjoindre de ne pas la toucher, mais elle lu de la peine sur le visage de Wilo et soudainement, sa colère sembla s'apaiser. Pas sa chaleur, par contre et sûrement que Wilo peine à supporter de maintenir le contact avec son bras, tant Vex bouillonne presque sous ses vêtements.
Les dernières paroles avaient fait mouche. Wilo avait raison. Elle ne devait pas cesser de s'entraîner sous prétexte que quelques mufles attendaient avec impatience son arrivée, prenant certainement des paris sur le temps qu'elle avait mis avant de s'enflammer, le genre de tenue qu'elle porterait, l'étendue de peau dénudée... Mais se confronter à leurs regards, leurs paroles, les murmures échangés, c'était bien trop difficile pour une introvertie par nature, alors, bien qu'elle peine à soutenir le regard de la veilleuse face à elle, Vex cessa sa marche, se tournant enfin pour la regarder. Que pouvait-elle répondre à ça après tout ? Oui, elle devrait ne pas se laisser décourager, oui. Mais elle n'était ni une combattante, ni une magicienne née. Si seulement elle pouvait se cacher pour s'entraîner...
Un soupir contrit plus tard et toujours pas de parole de la part de l'alchimiste qui se contentait d'écouter Wilo. En face d'elle, la veilleuse semblait peiner à contenir l'Autre, cette engeance débordante n'attendant qu'une opportunité pour tout renverser. Et si Vex se savait en sécurité, sous la protection de son Autre, elle n'avait pas envie de s'enflammer, rejouer encore cette même rengaine de rentrer, le bras sur la poitrine pour se cacher. Elle allait rétorquer, répondre après avoir longuement pris le temps de réfléchir à ses paroles, comme elle l'avait toujours fait, quand soudain Wilo fit un geste brusque vers le haut, chassant une branche qui s'apprêtait à tomber, sûrement fragilisée par le vent qui n'avait de cesse de forcir, faisant battre les boucles sombres de l'alchimiste sur son visage.
Prise de ce qui semblait être un soudain malaise, Wilo vint s'affaler contre le tronc, provoquant immédiatement l'inquiétude de l'élémentaire qui en perdit son air renfrogné pour s'approcher. De la colère et la gêne, il ne restait plus rien, simplement la crainte de voir Wilo basculer, tout comme Elide l'avait fait quelques jours plus tôt à peine. Aussi, le souvenir de cette étreinte maternelle qu'elles avaient partagé suffit à adoucir un peu plus encore la froide alchimiste, loin d'imaginer comme son coeur serait piétiné quelques semaines plus tard lorsqu'elle comprendrait qu'Elide la rejetait. Tendant alors une main inquiète vers la jeune femme, Vex pencha légèrement la tête, tentant d'accrocher le regard venteux dans lequel se battait les jades avec les nuages.
« Wilo ? » Parvint-elle seulement à demander, la voix tremblante trahissant le fait qu'elle appréhendait. Car la dernière chose qu'elle voulait était d'affronter l'Autre de Wilo, ici, en pleine forêt. Son feu ferait des ravages irrécupérables. Mais déjà, la voix de son amie revenait, reprenait ses notes habituelles, permettant ainsi à l'alchimiste de respirer. Ouf, elles avaient évité le pire.
Un léger sourire pincé et Vex tendit la main de nouveau, l'invitant à se redresser, avec son aide ou non et tentant de se faire rassurante comme elle l'avait été avec Elide, elle ne fit pourtant pas durer le contact entre elles, bien plus gênée qu'elle n'avait pu l'être dans le rôle de mère qu'elle avait pu endosser.
« Tout va bien, je ne suis plus fâchée. » Un nouveau petit sourire plein de retenu et elle reprit, d'une voix douce, tranchant avec la stoïcité presque parfaite de son visage : « Je suis désolée de m'être emportée, c'est un sujet sensible... » Tendant alors son bras à Wilo afin qu'elle le saisisse et qu'elles avancent ensemble, Vex tenta de moduler sa température, sans grand succès. Comme un radiateur portatif, la bougresse chauffait à toute berzingue, tenant sûrement Wilo au chaud et toute une partie de la forêt. « Mais si on pouvait éviter de mentionner ces évènements à l'avenir, ça m'arrangerait... » Elle ponctua alors sa phrase d'un petit sourire, un peu moins pincé, moins retenu, sans pour autant qu'il ne dévoile ses dents ni ne monte jusqu'à ses yeux. « Concernant ta proposition de s'entraîner, je ne sais pas... Ça fait des mois que j'ai abandonné, je ne ferais que te retarder, tu as sûrement bien mieux à faire que d'assister une torche humaine. Mais si tu veux, je pourrais venir te regarder, peut-être que j'en tirerais des leçons intéressantes. » Et son sourire se fit un peu plus triste, comme si finalement, Vex avait accepté le fait qu'elle n'aurait jamais assez de contrôle pour pleinement maîtriser l'autre. Les risques étaient trop grands, elle ne voulait plus s'enflammer. Sa dernière déconvenue remontait à plusieurs mois déjà, mais rentrer portée, couverte de la tunique d'un homme qui l'avait encore une fois trouvée nue au beau milieu des bois, non. Non, elle ne pouvait plus supporter toutes ces humiliations.
Wilø Lund
Maison du Ciel et du Souffle
Dessine moi un Spitmon
07 octobre 118
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Changeant de sujet d’une voix qui se voulait plus légère, la Veilleuse s’autorisa un sourire à l’attention de Vex en anticipant le pétillement qu’elle lirait dans ses yeux.
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Vex Ydris
Maison du Ciel et du Souffle
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Feat Wilø
Octobre 7, 118
À l'image de son élément, ses coups d'éclat de colère allaient et venaient comme une étincelle dans le vent. Et il avait fallu qu'elle voit la tristesse sur le visage de Wilø pour que la froide alchimiste perde un peu de cette hargne retombe, laissant ainsi l'élémentaire pantoise. C'était un sujet sensible, assurément. Kaël en ferait d'ailleurs les frais un mois plus tard, mais pour l'heure, elle ne pouvait décemment pas reprocher à sa congénère quelque chose qui était de son fait. Wilø n'y était pour rien après tout si l'alchimiste s'était bien trop de fois enflammée, se couvrant de ridicule lorsqu'il avait fallu repasser les portes. Et la moue pincée et raide qu'affichait alors Vex se mua en quelque chose d'autre, quelque chose de plus... peiné. Mais elle tendit pourtant son bras à la veilleuse, celle-ci l'usant sans se faire prier pour se redresser. Car si Vex était si fermée, si froide, c'était uniquement parce que cette pudeur, cette gêne constante l'empêchait de tourner ces petits désagréments en ce qu'ils étaient : des moments ridicules mais sans grandes conséquences, outre pour la vertu de l'alchimiste qui n'avait plus vraiment de raison d'exister. Un petit sourire pincé plus tard et Vex décidait sûrement d'enterrer définitivement cette histoire, espérant sûrement au passage que Wilø ne verserait pas de nouveau dans des commentaires de son physique. Car si Vex n'aimait pas qu'on parle de ses petites mésaventures, commenter son corps revenait à prendre le risque qu'elle s'embrase tant la gêne infusait ses traits au moindre commentaire, qu'il soit graveleux, ou non.
Mais déjà, venait l'heure de proposer de s'entraîner et si l'attitude de Vex parlait pour elle, elle vint pourtant confirmer que l'idée était loin de l'enchanter. À la tentative d'insister dont fit preuve la veilleuse, évidemment que son nez vint se froncer. Mais tenant toujours le bras de la blanche contre le sien, elles continuèrent d'avancer, tournant désormais le dos aux remparts qu'elles ne voyaient pas s'éloigner. « Mh... Ne peut-on pas dire que mon succès de la fois dernière suffit comme entraînement pour le reste de l'année ? » Un brin de malice vint presque briller dans son regard, tandis qu'elle s'essayait à une petite blague, mais son sourire restant pincé, c'est finalement sur un hochement de tête qu'elle vint accepter. « Bon d'accord, un seul entraînement. Mais la forêt est exclue, j'ai déjà failli y mettre le feu une fois... » Et elle quitte bien vite le regard de la veilleuse du sien, incapable de le soutenir davantage.
Et naturellement, le coup de chaud de l'élémentaire ne fit que s'amplifier, forçant même sa compagne d'albâtre à faire lever un brin de vent pour les rafraîchir. Car Vex n'ayant jamais chaud, il était difficile pour elle de réaliser quand la température qu'elle dégageait devenait insupportable pour ceux ne partageant pas ses particularités. La bise légère qui lui fit voleter quelques boucles sombres lui fit pourtant réaliser et c'est à une concentration nouvelle que Vex tenta de l'apaiser.
C'est d'ailleurs le moment que choisit Wilø pour questionner l'alchimiste sur les plantes recherchées et retrouvant cette fois tout à fait son calme, Vex reprit son observation minutieuse du sol, en quête du moindre ingrédient utile. « Et bien... Je ne sais pas trop, tout ce qu'on pourra trouver ? Je ne suis malheureusement pas aussi confortable qu'une herboriste dans ce genre de recherches, mais si je vois quelque chose, je te le dirais ! » Et elle offrit même un maigre sourire à Wilø, un de ceux dont elle avait le secret, plein de retenue, presque gêné par l'idée de trancher si franchement avec l'attitude fermée qu'elle arborait. Lâchant alors le bras, elle vint même se pencher, soulevant un petit buisson en quête de fruits ou de quelconque denrée quand Wilø mentionna une ancienne connaissance. Immédiatement, le visage de Vex vint s'illuminer, un sourire radieux fendant cette fois ses lèvres alors qu'on aurait pu jurer la voir se retenir de pouffer.
« Oh oui je m'en souviens ! Je te rassure, aucun talent particulier, j'avais aussi le plus grand mal à rester concentrée quand il s'évertuait en élucubrations douteuses. » Mais elle vit bien dans le regard de sa compagne de balade qu'il ne servait à rien d'insister et les yeux tordus par la risette qui lui barrait la face, Vex leva une main élégante à sa bouche pour y cacher le gloussement qui vint s'en échapper. « Oui, quelle idée de t'envoyer chercher cette plante alors que tu n'avais jamais prétendu être spécialiste ! » Et le rire fut immédiat, presque insensé tant le simple souvenir de cette mésaventure suffit à faire oublier toute honte à Vex. Qu'elles avaient ri ce jour là une fois la frayeur éliminée. Mais elle se reprit rapidement, voyant Wilø buter sur le nom de cette plante, parvenant sans mal à se souvenir de cette plante sur laquelle elle avait tenté d'expérimenter. Mais la suite du récit ne fit qu'alimenter son hilarité, repensant alors sans mal à Albert, qui n'avait pas remarqué que Wilø avait empoisonné le pauvre bucheron. La main sur le ventre, elle vint même essuyer une larme au coin d'un de ses yeux violets quand la veilleuse fini de conter cette histoire. « J'ignore ce que voyait le pauvre homme, mais ses pupilles étaient si dilatées qu'il a fallu attendre que les effets se dissipent pour que je puisse remarquer qu'il avait les yeux d'un noir de jai. » À deux doigts de s'appuyer contre un arbre, Vex ne cessait de ricaner, adressant finalement un sourire qu'elle ne tenta pas de réfréner à son ami qui confirmait qu'elle était ravie de l'avoir croisée. Elle ne répondit cependant rien, hochant simplement la tête de cette manière protocolaire qu'elle avait d'acquiescer.
Elle laissa alors Wilø se diriger vers le ru et s'y accroupir, désignant rapidement une plante que l'oeil distrait de Vex n'avait même pas remarqué. Immédiatement attirée par le végétal, Vex vint s'agenouiller, observant un instant les pistils et leur lueur bleutée, la poche de la plante et sa racine avant de finalement chercher sa dague dans son dos pour... ne pas la trouver. Lèvres pincées, elle tourna alors le nez vers Wilø, avec ce même air gêné et elle demanda alors, gardant le genou à terre pour libérer l'espace autour de la plante. « Je n'ai plus rien pour la ramasser entière, as-tu un couteau à me prêter ? » Et après quelques secondes de flottement elle reprit, un peu moins guindée bien que toujours affreusement gênée. « C'est une Lilantia d'ailleurs, elles sont très utiles pour leur propriétés antiseptiques. » Prenant alors la dague qui lui était tendue, l'alchimiste vint poser le pied sur les branches de l'arbrisseau qui la camouflait et enfonça la lame dans la terre, tentant de déterrer les racines afin de récupérer la plante toute entière. Quelques racines furent coupées dans la manoeuvre mais sa plante récupérée, Vex arborait maintenant un sourire radieux, ravi. « Je vais pouvoir la planter dans mon jardin ! Je savais que sortir récupérer mes propres denrées serait mieux finalement. » Et elle vint essuyer la lame du couteau sur sa manche avant de la tendre de nouveau à Wilø, avec autant d'aisance qu'un poulet qui l'aurait manoeuvré. « Merci Wilø. »
Wilø Lund
Maison du Ciel et du Souffle
Dessine moi un Spitmon
07 octobre 118
Les souvenirs et les rires avaient laissé la place au silence. Pas le silence gêné, lourd qui vous fait sentir tout petit avec cette envie de dire “Euh, on m'appelle, c'était un plaisir, à la prochaine !”. Non, c'était l'un de ces silences qu'on aime à écouter, appréciant la présence de l'autre dans cette quête légère de trouver quelques denrées végétales pour l’alchimiste qui n'était plus en herbe. Un silence respectueux où la nature gratifiait les exploratrices de quelques bruissements chantant en duo avec la mélopée jouée par l'eau qui s'écoulait. Le flap flap des lekeos qui les suivaient donnait le tempo, leurs pas battaient le rythme, il y avait là une harmonie qu'aucune des deux femmes ne souhaitaient désaccorder d'une fausse note.
D'abord un. Puis deux. Le son du cor s'arrêta pour laisser la place à celui des cloches. Le danger venait donc de l'extérieur. Sur les remparts, les Veilleurs sonnaient la menace qu'ils étaient les seuls à percevoir. La belle mélodie crissa, les belettes volantes s'enfuirent, les arbres semblaient retenir leur souffle, même l'eau au débit apaisant paru s'accélérer. Alors le silence devint plus vaste, plus menaçant, se muant en guetteur invisible prêt à surgir à tout instant.
Le premier réflexe de Wilø fut de se rapprocher de Vex, arc et flèche en main, les sens en alerte.
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Elles ne savaient si la menace venait de terre, des airs ou des eaux. Dans le dernier des cas elles ne craignaient rien, pour les deux autres … Wilø entraîna son amie dans les bosquets où elles s'y enfoncèrent à l’abri des regards aériens. La Veilleuse savait que se cacher n'était pas suffisant, la faune pouvait être redoutable et leur sens développés ne s'arrêtaient pas à la vue.
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Par instinct, elle scruta les alentours tout en restant à côté de son amie. Cette dernière, visage fermée, suivait les recommandations de la veilleuse à la lettre. S’appuyant contre un arbre, accroupi, Wilø invita Vex à s’asseoir à ses côtés. Le visage figé, elle savait que l’alchimiste était plus téméraire qu’elle n’y paraissait et supposer que la crainte qui crispait le visage gracile de la brune était celle de voir son être intérieur se révéler et brûler les lieux plus que la peur d’une mauvaise rencontre. Tenant son arme d’une main, la blanche posa sa senestre sur celle de Vex, cherchant son regard améthyste.
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Levant la tête, elle jugea la branche épaisse qui culminait deux mètres plus haut.
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Observant une nouvelle fois autour d’elle, Wilø rangea son arc sur son épaule et posa sa main sur l’épaule de Vex.
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Ses yeux devinrent aussi blanc qu’un cumulus lorsqu’elle en appela à sa nature qui se manifesta aussitôt, comme libérée d’une prison à l’apparence humaine. Wilø se concentra pour garder son enveloppe charnelle tout en concentrant l’air sous les pieds de Vex.
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Vex Ydris
Maison du Ciel et du Souffle
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Feat Wilø
Octobre 7, 118
L'élan de honte était en passe de se faire oublier, la rigidité méfiante de Vex avec et si l'élémentaire peinait à passer outre ces éternels rappels des hontes cuisantes qu'elle s'était infligée, Wilø avait le don de savoir l'apaiser. Confondue en excuses, puis ayant gentiment offert son aide pour trouver les denrées que l'alchimiste était venue chercher, c'est côte à côte que les deux femmes avancent désormais, les yeux au sol en quête de nouvelles plantes à ramasser. La besace chargée de la Lilantia que la veilleuse avait repéré, c'est absorbée dans sa recherche que Vex se fige lorsque les sons se font entendre au loin derrière elles, sur les remparts. Loin de connaître la signification de cette alerte, Vex sait surtout que tout bruit fort, de ce genre ne pouvait rien annoncer de bon et c'est raidie avec ses habituels airs de biche prise dans des phares que l'élémentaire suit à la lettre les recommandations de la veilleuse.
Wilø semblait avoir remarqué la tension émanant de sa congénère, car à peine les avait-elles mises à couvert, qu'elle tenta de rassurer une Vex qui devait certainement avoir pris quelques degrés. Les traits tirés, le visage figé, Vex fronça les sourcils lorsque Wilø lui proposa d'escalader. Elle ? Escalader ? Avec sa force de mouche et on endurance digne des meilleures mollusques ? C'était tout bonnement impossible. Mais prise de court par la proposition de la veilleuse de l'aider, Vex ne pu que hocher la tête, son mutisme trahissant l'angoisse venue l'imprégner.
Muette, raidie d'appréhension, Vex se laissa soulever, tremblant comme une feuille sur le coussin d'air qu'était venue matérialiser la jeune femme sous ses pieds. Et comme ça, comme si elle ne pesait rien, elle fut levée, à deux mètres de hauteur jusqu'à cette branche salvatrice. Assise comme elle le pouvait, les jambes ballant dans le vide de chaque côté de l'épaisse branche, Vex tenta bien de tendre une main à son amie, mais Wilø ne semblait plus vraiment être présente, ses yeux laiteux laissant transparaître les mille tempêtes qui battaient en elle. « Attrape ma main Wilø ! » Mais rien à faire, l'élémentaire de vent semblait toujours aussi absorbée, tentant de se lever à son tour pour mieux... chuter. Échappant un hoquet de surprise digne des plus belles poules qui auraient vu arriver le renard, Vex posa les deux mains à plat sur le tronc, levant finalement le nez dans l'espoir de distinguer la créature arrivant droit sur elles. Et quelle créature... L'animal ailé possédait la tête d'un lion et toute la souplesse d'un oiseau en vol, faisant immédiatement blêmir l'alchimiste à sa vision. « Oh non... » Geignit-elle alors, frôlant sûrement déjà son point de fusion tant elle réalisait qu'elles étaient désormais faites comme deux rates. « Wilø... Un riftan... Il faut qu'on s'échappe... Nous n'avons aucune chance... » Sans plus attendre, Vex tenta de désescalader, agrippant faiblement bras et jambe au tronc sur lequel Wilø l'avait fait monter mais à peine eut elle les bras détachés de l'épaisse branche sur laquelle elle était assise, que sa prise se mit à glisser et l'élémentaire chuta du mètre cinquante qu'il lui restait. La chute ne fut pas brutale, tout au plus humiliante et vautrée sur son derrière, Vex leva le nez vers l'élémentaire de vent, à deux doigts de basculer et elle se releva d'un bond, prête à se ranger derrière la décision que prendrait son amie. « On fuit ou... on se bat ? » Elle ne se battrait certainement pas, mais sa forme élémentaire avait au moins le don de calmer la faune un poil trop énervée. Tant pis pour l'honneur, elle rentrerait une fois encore nue et couverte de ridicule, si tant est qu'elles parviennent à s'en tirer. Et derrière elles, le riftan approchait, flairant sûrement l'odeur de peur qui émanait de la pauvre alchimiste qui devait certainement se promettre que plus jamais, elle ne sortirait.
Wilø Lund
Maison du Ciel et du Souffle
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07 octobre 118
Wilø se figea à la vue de l’animal. Il lui semblait que la douleur de ses cicatrices refirent surface lui rappelant de quoi était capable le félin aérien. Elle connaissait bien les riftans, pas seulement parce qu’elle en avait déjà croisé, surtout parce qu’elle s’était renseignée sur la race pour se tenir prête le jour où elle en recroiserait un. Et il semblait bien qu’il soit arrivé. Concentrée, Wilø détourna à peine le regard lorsqu’une masse s’affaissa derrière elle.
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La brune s’était relevée sans plus de cérémonie avant d’interroger la veilleuse sur la conduite à tenir.
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Il n’y avait malheureusement aucune cachette dans les parages pour les deux vagabondes des plaines. Son être intérieur ne demandait qu’une chose, s’exprimer pleinement face à cet ennemi d’autrefois. Il était la raison pour laquelle elle avait intégré les veilleurs, afin de protéger les habitants des attaques de prédateurs tel le riftan qui, à leur dernière rencontre, s'était jeté sur un troupeau de spitmons en train de paitre pour s’en repaitre. Le berger avait failli y laisser sa peau, et Wilø aussi ! Les veilleurs étaient arrivés juste à temps pour les repousser avant que … Les souvenirs reflués, les tensions avec. L’éleveur serait sûrement mort si la jeune femme n’était pas intervenue, faisant appel à sa nature pour repousser tant bien que mal l’animal. Et ils le seraient tous les deux si les veilleurs n’étaient pas arrivés à temps.
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Le rifta continua d’humer l’air avant de pousser un rugissement plaintif. Après quelques secondes où les seuls battements d’ailes de l’animal se firent entendre, un autre rugissement répondit plus loin sur leur gauche.
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L’arme toujours tendue vers le lion aux ailes d’aigle, Wilø entama sa marche arrière. Elles avaient parcouru quelques mètres ainsi lorsqu’une branche craqua allègrement sous une de ses bottes.
S’il ne les avait pas déjà repéré, c’était maintenant chose faite, il cracha sa colère envers les deux élémentaires tout en fonçant sur elle. La flèche décocha, se plantant dans l’aile de l’animal dont la trajectoire se trouva affectée. Se posant au sol, il darda son regard sur la veilleuse avant d’arracher le trait avec sa gueule.
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Wilø sentait la chaleur augmenter prêt d’elle et un incendie était la dernière chose à souhaiter ici. Au moins ne périrait-elle pas entre les crocs du riftan. Ce dernier se ramassa sur lui, signe d’une attaque imminente. Sans plus réfléchir la blanche laissa son être s’exprimer sans plus y réfléchir, envoyant une masse d’air dans les ailes déployées du félin rapace. Pris dans la bourrasque au moment du saut, l’animal se virevolta quelques mètres plus loin. Wilø se retourna subitement pour prendre l’alchimiste par les épaules. Ses yeux blancs sondaient les spinelles tourmentées de son amie et sa voix orageuse lui intima de l’écouter. Autour d’elle, les bourrasques claquaient la végétation formant une maigre barrière contre l’animal furieux.
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Vex Ydris
Maison du Ciel et du Souffle
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Feat Wilø
Octobre 7, 118
Quelle merde. Elle qui était simplement sortie chercher quelques plantes, avait eu le plaisir de faire la rencontre de Wilø dans les bois et s'imaginait profiter de sa petite journée de congé comme une alchimiste éprouvée au grand dehors était maintenant face à la mort en personne, sous la forme de griffes et de crocs acérés. Non, vraiment, quelle journée de merde. Elle s'était vautrée tête la première, avait été encore une fois rappelée à sa condition de nudiste reconnue d'Azamyr par les paroles sans délicatesse de Wilø.
Durant cet instant de flottement où Vex avait vu quelle genre d'engeance démoniaque leur fonçait droit dessus, elle regretta sûrement à peu près tous ses choix de vie, allant de sa décision de sortir aujourd'hui jusqu'à ces moments où galvanisée par une pseudo impression de maîtriser son don, elle s'était essayée à s'entraîner : pour mieux lamentablement échouer et rentrer les fesses à l'air devant le regard moqueur ou libidineux de qui se trouvait aux portes à cet instant. Seule dernière fois en date qui s'était bien passée ? La rencontre avec Elide, qu'elle n'avait d'ailleurs pas revu depuis.
Sautant maladroitement au sol pour rejoindre Wilø, Vex demanda alors si elles devaient fuir ou se battre, le riftan approchant maintenant dangereusement des deux femmes, la veilleuse désormais fin prête à décocher une flèche si nécessaire. Tremblant déjà dans ses chausses absolument pas prévues pour la fuite ou le combat, Vex eut sûrement une légère envie de hurler, de pleurer en même temps tant l'idée de finir déchiquetée sous les griffes de cette bête ne la réjouissaient pas, mais surtout, ô grand surtout, parce qu'elle savait comment finirait cette histoire. Comme avec le racca, elle prendrait feu, finirait nue et devrait emprunter des vêtements à la veilleuse pour rentrer la tête basse, honteuse.
Wilø donna donc l'ordre de tenter de reculer et le visage crispé d'angoisse, les membres tremblants de cette peur viscérale venue l'étreindre, Vex se mit à reculer. Parfois, elle lançait un regard déséspéré vers Wilø qui gardait une concentration sans pareille, mais reculant lentement, c'est lorsque le pied de l'alchimiste se posa sur une branche qu'elle n'avait bien évidemment pas remarquée qu'elle grimaça, consciente qu'elle venait de faire foirer leur petit plan de fuite.
Comme une poule qui aurait trouvé un couteau, un lapin pris dans des phares ou même une maudite vache coincée sur l'autoroute, Vex ne savait quoi faire. Elle n'avait d'autre choix que de s'en remettre entièrement à Wilø, sentant pourtant chaque once de son corps hurler pour s'embraser. L'Autre était là, tapi au fond d'elle et tentait déjà de sortir, griffant et mordant son enveloppe charnelle en intimant à l'alchimiste qu'il pourrait la protéger. Aux prises avec le combat intérieur que Vex menait, elle leva ses améthyste vers la veilleuse lorsque celle-ci l'attrapa par les épaules, le visage figé dans une moue teinté de désespoir : le temps du choix était maintenant révolu. Sourcils froncés, les mains crispées sur le sac contenant toujours la lilantia qu'elles avaient ramassé, Vex secoua d'abord la tête négativement. Non, elle ne pouvait pas faire ça, Wilø le savait, elle finirait par tout faire brûler. Alors elle tenta une supplique, gémissant un « Non... » lamentable alors qu'elle s'illustrait maintenant de tout son courage. Mais le choix était tout fait, elles n'avaient plus d'autre issue, Vex devait essayer.
Alors quand Wilø s'effaça, laissant Vex face au félin ailé qui fixait maintenant son regard mordoré sur l'élémentaire, la pauvresse ne pu s'empêcher de trembler. Elle n'était pas une combattante que diable ! Tout au plus, elle arrivait à déployer assez de force pour porter son grimoire de chez elle à la guilde, alors affronter une bête pareille !? C'était ridicule.
Les mains tremblantes, les traits tirés, Vex tenta d'invoquer son feu, mais la peur, l'angoisse coulant dans ses veines allait tout faire capoter, elle le savait. Alors des flammes naquirent de ses doigts, léchant sa peau pour mieux se concentrer entre ses paumes et le nez plissé sous l'effort que la pauvre alchimiste déployait pour ne pas tout simplement s'embraser se fit voir sur son visage raidi d'appréhension. « Je ne vais pas y arriver Wilø... » Pas le temps de réfléchir, elle tendait une main vers le riftan et tirait ce qui en sortirait. La gerbe de flammes fut digne d'un véritable déluge de feu, ravageant tout sur son passage sans pour autant approcher l'animal et geignant à nouveau en voyant les dommages réalisés, Vex tendit cette fois sa seconde main, tentant de reproduire le geste. La seconde gerbe fut moins soudaine, plus précise aussi et cette fois, l'animal sentit assez la chaleur lui frôler les moustaches pour cesser son avancée, feulant devant le feu qui se propageait à la végétation alentours. Un rugissement plus tard et l'animal tentait de nouveau d'avancer mais sans succès, la végétation entourant les deux femmes brûlant maintenant comme du coton, les flammes se propageant à toute allure.
Vex semblait à deux doigts de pleurer, tant le fiasco de cette petite sortie prenait des proportions ridicules et gardant ses mains tremblantes tendues vers les flammes, elle tenta de les absorber, de les reprendre en elle pour cesser le carnage, le riftan soufflant de rage derrière le mur de feu pour mieux s'envoler, retournant sûrement aux côtés de son compagnon, loin des flammes ravageuses. Peu à peu, le feu pu refluer, filant droit vers les paumes tendues de l'alchimiste qui tremblait maintenant comme une feuille, son corps se gorgeant de ce feu sans pour autant s'enflammer. Les doigts scintillants de cette absorption, Vex s'assura que chaque centimètre de végétation enflammée fut bien éteint, malgré les traces noires de suie qui persistaient et l'odeur de brûlé qu'elle laisserait derrière elle et une fois gorgée de ces flammes, assurée que ses bêtises avaient été rattrapées, elle se fit immobile, ses paumes brûlantes retombant le long de son corps avant qu'elle ne tourne un regard d'une tristesse sans fin vers la veilleuse. Il était temps pour Vex de rentrer, de partir se cacher et se promettre de ne plus jamais sortir, tant elle ne pouvait plus supporter la vision de cette forêt calcinée. Alors, figée, raide d'attente d'obtenir la confirmation qu'elles étaient finalement hors de danger, Vex resta là, plantée comme un navet au milieu de cette clairière décimée par les flammes qui malgré leur disparition laissaient derrière elle une nature brûlée, morte.
Wilø Lund
Maison du Ciel et du Souffle
Dessine moi un Spitmon
07 octobre 118
Les bourrasques de Wilø ne suffisaient pas à intimider l'animal et ses flèches peinaient à percer sa peau. Le vent continuait à chanter autour d’elles, aussi, lorsque les premières flammes chauffèrent l’atmosphère, l'air s'embrasa pour mieux répandre l’onde brûlante. Lorsqu'elle vit le riftan à peine ralentir, la veilleuse craignit que sa stratégie ne tombe à l'eau. Le tourment en elle gronda plus encore, elle était prête à céder lorsque la deuxième gerbe de flammes entama la confiance du félin qui se replia stratégiquement. Il était temps. Elle s'apprêtait à attraper Vex par le bras pour l’enjoindre à déguerpir lorsque l’alchimiste prit le temps de rappeler le feu en elle, ce qui surprit la veilleuse qui ne pensait pas cela possible. Elles avaient beau être de la même race, la maîtrise de leurs éléments semblait bien différente l'une de l'autre. Cette fois, ces dames ne tardèrent pas, qui savait pour combien de temps le riftan avait été mis en déroute, et si son copain n'allait pas débarquer sous peu.
Assez éloignée, Wilø se permit de parler à son binôme.
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N'était-ce pas son rôle à elle de protéger la population des bêtes dangereuses comme le félin qu'elles venaient de croiser ? N’était-ce pas à elle de prendre tous les dangers pour que Vex rentre en un seul morceau ? Elle avait failli à sa mission, pire encore, elle avait mis en danger son amie.
La tristesse des émeraudes devant les herbes calcinées ne lui avait pas échappée. Toujours sur le pas de course en direction de la porte des murails Wilø reprit.
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Honte, colère, culpabilité ne font jamais bon ménage. Aussi lorsqu'un des veilleurs en faction donna un coup de coude à son collègue pour montrer Vex en lui soufflant un “
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En tombant, la sacoche de Wilø s'ouvrit laissant échapper quelques dessins rangés à la hâte plus tôt dans la journée. Le vent de l'élémentaire les fit de nouveau virevolter et devant Vex se posa celui du spitmon.
Vex Ydris
Maison du Ciel et du Souffle
Dessine moi un spitmon
Feat Wilø
Octobre 7, 118
C'était désormais une certitude, Vex se jurait de ne plus jamais utiliser son pouvoir, de ne plus jamais sortir et de ne plus jamais se confronter à ce genre de danger. Il suffisait de voir le genre de fiasco qu'elle semait sur son passage dès lors qu'elle s'essayait à invoquer son feu. L'alchimiste le savait désormais, elle n'était pas faite pour l'extérieur, n'était qu'un rat de laboratoire qui laissait derrière elle chaos et désolation lorsqu'elle tentait d'utiliser son don et Wilø aurait beau utiliser tous les stratagèmes du monde pour tenter de lui faire croire tout autre chose, Vex en était convaincue en son for intérieur : elle n'était qu'un désastre ambulant.
Alors, une fois la menace du riftan assez éloignée pour qu'elles puissent rebrousser chemin, les deux femmes se mirent en route vers les remparts, Vex le nez bas, Wilø aussi, se rejetant sûrement la faute sur les épaules pour avoir mis en danger l'élémentaire de feu en lui intimant qu'elle la protègerait si elle se rendait toutes deux plus loin dans les terres. Mais l'élémentaire de feu n'en voulait pas à sa congénère, après tout, elle aurait très bien pu dire qu'elle refusait de s'éloigner, préférait retrouver le confort de son laboratoire où rien ni personne ne risquerait de les mettre en danger. Son autorisation de sortie ne concernait que ses allés et retours jusqu'à la guilde, les veilleurs avaient été très clairs, les civils non entraînés n'avaient rien à faire en dehors des murs.
Pour éviter d'accabler davantage la veilleuse qui tenta de la rassurer en prétextant qu'elle avait fait quelque chose de prodigieux, Vex hocha légèrement la tête. Mais le coeur n'y était pas, n'y était plus. Elle n'avait qu'une envie : celle de rentrer. De retrouver son petit chez elle confortable et douillet et ne plus avoir à se remémorer l'état lamentable de la végétation après qu'elle y ai laissé sa griffe brûlante.
Vex resta d'ailleurs bien silencieuse lorsque Wilø vint s'excuser, se reposant la faute entière sur les épaules pour la débâcle et fronçant un instant les sourcils, Vex quitta son masque de tristesse pour enfiler celui de l'incompréhension et du désaccord. Mais elle n'eut pas la force de la rassurer, ni celle de se montrer compatissante et aidante face à cette culpabilité. Elle aurait aimé lui dire comme ce n'était en rien sa faute, comme elles n'auraient pas dû tant s'éloigner, mais Vex n'avait plus le goût à rien, rien d'autre que de rentrer.
Par contre, lorsqu'elles arrivèrent près des remparts et que les veilleurs en poste à la porte se permirent un petit commentaire au sujet de l'élémentaire couverte. Celle-ci se mit à fulminer. Mais Vex étant qui elle était : timide, réservée et discrète, elle ne répondit rien, jusqu'à ce que Wilø explose. Elle la vit plaquer celui à l'origine de la moquerie contre le mur d'un geste à peine, son vent maintenant le bougre contre la pierre. Les yeux écarquillés, Vex n'osait pas bouger, comme une biche prise dans des phares et quand le second larron tenta de l'arrêter, provoquant la transformation complète de l'élémentaire de vent, Vex resta figée.
Sa voix spectrale hurlait aux veilleurs de respecter l'alchimiste, qui avait — même si elle n'en avait pas la même vison — protégé la ville de l'attaque du riftan. Sourcils froncés, Vex se pencha pour ramasser le carnet de Wilø qui s'éparpillait en tout vents avant de s'approcher, comme elle le pouvait de sa forme de vent pur.
« Wilø... Calme toi. » Elle continua d'approcher, ses cheveux fouettant son visage alors qu'elle tenait fermement les feuilles qui n'attendaient qu'un coup de vent pour s'envoler et elle continua, d'une voix douce, bordée de tristesse de voir son amie perdre les pédales de la sorte. « Ils n'en valent pas la peine, regarde-moi. » Si Wilø se tourne, Vex lui offre un sourire compatissant, plein de bienveillance et de douceur alors que de sa main libre, elle tente d'inciter Wilø à s'approcher. « Allez viens, on rentre toutes les deux, on va aller boire un bon thé et oublier tout ça, d'accord ? » Fourrant les feuilles dans la besace de la blanche qu'elle avait ramassée, Vex détacha son manteau, prête à couvrir Wilø lorsqu'elle aurait retrouvé sa forme de chair et pour la cacher aux regards de ses collègues, mais elle leva pourtant un regard mauvais dans leur direction, ses yeux mauve brillant d'une lueur orangée. « Vous n'êtes que des abrutis et aucun de vous ne mérite d'avoir une femme aussi noble que Wilø à ses côtés pour protéger la ville. Ouvrez nous la porte. » Autoritaire, presque mauvaise dans cette façon qu'elle avait eu de leur cracher cet ordre, Vex ne fléchit pas, le dos droit, le nez fier, masquant à merveille comme elle rêvait certainement de disparaître dans le sol à l'évocation de ses nombreux accidents.
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