[Event 3-2] Une intrusion improbable
'Dé du destin' :
Le bruit fracassant de la porte qui céda face à la charge du raboth la fit sursauter et, miracle, lever les yeux de son ouvrage pour tenter d'aperçevoir à travers la vitre d'où venait le vacarme. Parfaitement immobile, elle plissa les yeux et se pencha en avant, décelant une silhouette gigantesque dans la pénombre qui lui glaça le sang. Incapable de reconnaître l'animal d'aussi loin, Mélusine quitta son perchoir, enfila ses bottes à une vitesse fulgurante puis dévala les escaliers qui la menaient jusqu'à l'extérieur. Une fois dehors, sa respiration se mit à accélérer dangereusement, l'adrénaline bouillonnant dans ses veines. Ses yeux, eux, couraient partout sur cette scène digne d'un cauchemar, à la recherche d'une arme, d'un citoyen suffisamment utile pour venir à bout du monstre qui allait déferler sur son quartier, sur sa maison. Rien. Pas un seul signe de Davian, la populace elle commençait à s'agiter, cherchant une issue par laquelle le raboth ne pourrait pas les suivre.
Elle se mit à avancer au pas de course, rejoignant le pont sur lequel s'étaient amassés les quelques
Aveugle et affaibli, la bête n'avait plus grande allure, pourtant Mélusine était sans doute la mieux placée pour savoir qu'il n'existait rien de plus dangereux qu'un être acculé dont les ressources viennent à manquer. Sa gorge se serra et elle recula de quelques pas, observant les alentours d'un air inquiet. Loin d'être une guerrière, la vampyre savait qu'elle n'était d'aucune aide face au raboth, aussi elle se concentra sur l'évacuation des civils qui l'entouraient, passant une main affectueuse dans le dos de ceux qu'elle reconnaissait, les incitant à partir le plus vite possible se réfugier loin du danger. Ses doigts glissèrent sur l'épaule d'un faucheur au teint livide quand un éclat singulier attira son attention sur un toit, la faisant s'arrêter net. Peut-être était-ce un reflet, le fruit de son imagination, mais elle ne parvenait pas à détacher son regard de cette lumière dans la nuit qui avait disparu aussi vite qu'elle avait surgi. Son instinct la poussa à se jeter sur la Fae Unseelie, la forçant à se pencher tandis qu'un projectile filait sous son nez, à deux doigts de la faire saigner. Mélusine venait à peine d'arriver, pourtant elle en avait déjà plus qu'assez.
- Résumé:
- Mélusine arrive près du raboth et évacue les civils, consciente qu'elle ne sera d'aucune utilité dans un combat, elle joue la carte de la prudence. Elle blâme à demi-mot les veilleurs d'avoir laissé la créature s'immiscer dans la ville (son quartier, plutôt), avant qu'un éclat étrange n'attire son attention sur un toit. Incapable de regarder ailleurs, elle comprend l'urgence de la situation et se précipite sur Calithéa pour la pousser.
Toujours dans la rivière, le raboth semble toujours désorienté et entravé. Gelé, paralysé puis aveuglé, il n'est pas dans la meilleure des situations mais sa férocité ne s'estompe pas pour autant, et il continue à fendre l'air de ses cornes, bien qu'il soit pour l'instant incapable de se déplacer. Un second trait décoché par la dirigeante de la Maison du Ciel et du Souffle vient frapper l'animal au poitrail, proche du premier tir, mais contrairement à la première fois, sa cible ne semble pas se crisper et s'immobilier comme la fois précédente. La blessure engendrée, mineure, ne l'incommode pas particulièrement non plus.
C'est néanmoins le moment que choisit le Fae qui vous accompagne dans cette lutte pour avancer silencieusement vers le colosse, et tenter de lui asséner un puissant coup d'estoc en profitant du chaos ambiant et de l'aveuglement de l'animal... Et il y parvient. Il arme son bras avec toute la force qu'il peut y mettre dans une situation aussi délicate, et vient plonger sa lame dans la poitrine du raboth, précisément au niveau du point faible que vous venez d'identifier.
Mais même si sa peau y est moins épaisse et que l'animal est aveuglé, la douleur vive qu'il ressent soudain lui suffit à reconnaitre qu'un danger immédiat se tient juste devant lui. Alors que l'épée du veilleur se fige à quelques centimètres de profondeur dans sa chair, et avant qu'il puisse tenter de l'enfoncer davantage, la bête assène dans sa direction un violent coup de tête. Grâce à l'aveuglement, elle ne parvient pas à trouver de ses cornes le corps de son agresseur, mais le front du raboth vient heurter le flanc droit du veilleur, qui se retrouve projeté contre le petit muret de pierre qui sépare la route de la rivière, à quelques mètres de vous, Viktor et Alden. Après quelques secondes, il vous signale d'un signe de la main qu'il va relativement bien, mais sonné par l'impact, il est contraint de ramper à l'écart du combat. Sa participation s'arrêtera ici ... Mais pas nécessairement celle de son épée. Sur la rive, à deux mètres de toi Alden, tu vois son épée qui git au sol, maculée du sang de la créature.
Si vous venez de perdre un combattant, le destin semble néanmoins vous sourire. La blessure causée par le Fae n'est pas très profonde, mais sous le coup et dans la lutte qui a suivi, le raboth a arraché la lame de son poitrail, tranchant son cuir épais sur une bonne dizaine de centimètre, laissant une plaie béante, dénué de la moindre protection naturelle. De son côté, Alden, le maitre d'armes désarmé va enfin pouvoir vous montrer l'étendue de son talent, et vous voilà même rejoints par pas moins de deux veilleurs et un explorateur désœuvré qui tombent à point nommé !
Et les deux veilleurs en question font d'ailleurs une entrée héroïque. Quelques mots brièvement échangé, avant qu'une stratégie visiblement bien rodée ne se mette en place : un tir chirurgical de Wilø, rendu plus puissant encore par la maitrise élémentaire d'Elide qui ne se laisse pas déconcentrer par l'arrivée tonitruante de votre dernier renfort. Le projectile fuse et vient se planter dans la chair déjà à vif du raboth. Cette fois la blessure est assez profonde, et rapidement vous voyez que du sang s'écoule de la plaie et vient tâcher la glace. Ralenti par la présence de la flèche, l'écoulement du sang n'est pas assez rapide pour mettre le raboth hors d'état de nuire dans l'immédiat, mais nul doute que le saignement deviendra redoutable si le combat se prolonge, et plus encore si l'animal continue de se débattre ainsi dans tous les sens.
C'est à cet instant que la voix puissante d'un imposant métamorphe tonne, vous intimant de cesser les hostilités. Zerk, tu accourt et sans aucune hésitation, saute dans la rivière. L'eau anormalement froide, même pour cette saison, t'arrive en haut de l'abdomen alors que tu avances jusqu'à quelques mètres de l'animal en difficulté. Tu tends une de tes pattes en direction du raboth, et te concentres pour établir avec lui ce lien propre à ta race, pour essayer de le comprendre. Tu y parviens sans trop de peine, mais tu n'étais absolument pas préparé à ce qui t'assaille.
Un déferlement d'émotions s'abat sur toi et menace de t'emporter. De la détresse, de la panique et de la douleur, naturellement, mais ce n'est pas tout. Une agressivité que tu reconnais sans peine, non pas celle motivée par une volonté de blesser ou de tuer, mais celle motivée par la préservation, par le rejet de la proximité d'autant d'êtres inconnus dans l'espace vital d'une bête très territoriale. Et enfin, tu perçois comme ... un léger arrière-gout de trahison. Sans pour autant dire que ce raboth faisait confiance à votre civilisation, à votre ville et ses habitants, quelque chose te fait dire qu'il n'y était pas entièrement étranger comme un animal sauvage devrait l'être, et que se retrouver pris au piège au beau milieu de la ville et attaqué de toute part l'anime d'une certaine volonté de se venger, et à la fois de fuir le plus loin possible d'ici.
Pendant quelques secondes, tu es complètement désorienté et incapable de la moindre action. Par chance, tu es hors de portée de l'animal dont les pattes sont toujours, pour l'instant, enserrée dans la glace de Viktor, mais cette prison ne tiendra plus très longtemps et la lutte intérieure que tu mènes pour recouvrer ton jugement va devoir être rapide.
Sur les rives, les choses ne sont pas plus calmes. Mélusine, tu es arrivée sur les lieux et tes efforts pour évacuer les derniers civils portent leurs fruits : le périmètre est désormais sécurisé; et il n'y reste plus que vous, et votre imposant adversaire du jour. Tu t'approches de Calithea et lui adresse la parole, mais avant qu'elle n'ait l'opportunité de te répondre, un éclat curieux dans ta vision périphérique attire ton regard. Tu n'as guère le temps de comprendre ce dont il s'agit exactement, ni d'où il provient, tu n'as qu'une fraction de seconde pour le voir fuser vers vous et pour entendre ce son singulier. Tu t'accroupis brusquement, saisissant la dirigeante de la Maison du Ciel et du Souffle par son vêtement pour l'emmener avec toi vers le sol.
Pendant un bref instant, pour toi, le temps semble se figer. Le raboth ne barrit plus, les cris des civils se sont éloignés, tu n'entends pas le moindre son de lame dégainée ou de flèche décochée. A ton grand soulagement, tu ne ressens aucune douleur, ce qui te laisse penser que tu n'as pas été touchée. Cependant, celui-ci vacille quelque peu quand tu vois la tunique de Calithea se teinter de rouge. Elle semble hébétée, avant de porter la main vers son épaule pour la tâter, et écarter le col de son vêtement, révélant ainsi la pointe d'un carreau d'arbalète qui dépasse de sa poitrine, juste en dessous de sa clavicule gauche, avant de tituber et de tomber, assise sur le sol pavé.
HAHAHA, la bonne blague.
Quelques agitations furieuses de la part du raboth plus tard, les effets de la paralysie disparut, voilà que l’idée du métamorphe se transformait en véritable chaos de destruction. Un craquement, puis un autre et les pattes du tigre découvrir soudainement la sensation du vide alors que le pont s’effondrait.
L’eau devenu glacé s’infiltra partout ou elle le pouvait alors que Alden évitait par une chance miraculeuse un gros morceau de pierre. Un peu plus et il se retrouvait à devenir de la pâté pour chat. Oreilles plaquées en arrière, une grosse peluche trempée sortit la tête de l’eau en inspirant un grand coup. Son regard tomba sur le sorcier des neiges emporté par cette fâcheuse tentative. Au moins n’avait-il rien non plus, c’était déjà ça.
- Je crois, que, le pont est cassé toussa Alden aidé par son acolyte de l’instant pour sortir de l’eau.
Alden tourna son regard vers le petit léger problème qu’il venait de rajouter et une certaine honte lui brûla les poumons. Comme si il n’avait que ça à faire pour se faire remarquer, lui le nouvel arrivant à la tête de tigre.
- C’était une mauvaise idée pour le coup déclara le métamorphe les crocs serrés.
Alden asséna un coup amical à l’épaule de l’homme de glace.
- Au moins on s’en sort pas trop mal, désolé pour ça.
Il y avait une petite aura drôle dans cette histoire si les beuglements de la bête furieuse ne venait pas gâcher la fête.
Alden se retourna vers la bonne femme qui criait des ordres depuis le début tandis qu’elle le réprimandait avec hargne. Le métamorphe se sentant encore plus vexé montra les crocs. Oui c’était bon, il avait comprit, pas la peine d’en rajouter une couche.
La dirigeante beugla des ordres qu’Alden n’écouta pas plus agacé qu’autre chose.
Pendant l’incident, des renforts étaient venus en nombre. Des veilleurs, un autre métamorphe qui essaya de résonner le groupe afin d’utiliser ses pouvoirs. Mélusine.
Mélusine ?!
Alden se sentit d’un seul coup flagada. Évidemment qu’elle était là. C’était trop évident pour que ça se passe autrement. Il l’a salua d’un signe de tête avant de regarder doucement mais sûrement du côté opposé à sa position.
Puis la situation s’enchaîna très vite. La dirigeante autoritaire vînt décocher une nouvelle flèche puis tout le monde observa le veilleur armé de son épée venir d’un geste puissant et courageux planter la lame dans la poitrine de l’animal. De quelques centimètres seulement mais c’était déjà mieux que rien. En revanche, ce qui s’en suivit était moins glorieux. Le raboth envoya valser le guerrier d’un puissant coup de tête. Le métamorphe regarda le corps s’écraser des mètres plus loin. Dans son armure, le bougre réussit à lever une main pour confirmer que la mort ne l’avait pas emporté. Celui là, il est coriace se dit Alden dans un coin de sa tête alors que ses yeux de félins se posèrent sur l’épée qui avait atterrit à ses pattes. Une lame plus grande que ce qu’il avait l’habitude de manier, juste là, à sa portée.
Deux veilleuses perchés en hauteur assénèrent un autre puissant coup d’une flèche filante et le raboth cilla une seconde. Alden regarda la bête. Puis la lame. Puis de nouveau la bête. Il n’y avait pas besoin du pouvoir des métamorphes pour comprendre que cette bête affolée avait peur. L’ours blanc qui s’était rapproché de la créature s’occupait maintenant d’établir un contact. Que fallait-il faire ? La plupart des civils étaient maintenant évacués. Le sortir de la cité devenait de plus en plus une idée à bannir. Mais tuer un être vivant qui n’a rien demander à personne ? Il n’y avait rien d’héroïque là-dedans. Et pourtant. Plus le jour se levait et plus ce choix devenait le seul choix possible.
Ailleurs, les flammes dévorent.
Ici, la mort s’infiltre.
Alden aperçoit Mélusine se jeter sur la dirigeante du Ciel et du Souffle. Le métamorphe ours semble d’un coup hébété. Le veilleur sonné ne se relève toujours pas. Le raboth piégé souffre. Le félin trempé à la colère montante décide alors de se saisir de l’arme à terre.
Il n’y a plus de blague, plus de sourire. Plus qu’un regard engagé sur la suite des évènements. Le temps semble s’être arrêté dans un cauchemars sans retour possible.
Une inspiration plus tard, Alden quitte l’élémentaire puis s’engage dans une course pour contourner l’animal et prendre de l’élan. Il ne réfléchit plus, il a juste un point d’accroche à rejoindre. Son maître avait été très clair là-dessus. « Ne regarde pas le chemin à parcourir mais toujours la destination à rejoindre. » Et puis pour ce qui est du reste, qu’il se rate ou non, Alden n’avait pas grand-chose à perdre de toute façon non ? On le prenait déjà pour un métamorphe stupide avec son coup d’avant, il n’avait rien à prouver à personne.
Le tigre dans sa course saute sur un débris de pont, puis un autre un peu plus haut. Il se revoyait gamin, sautant avec agilité sur un parcours façonné par la montagne elle-même. Puis d’un bon puissant, le tigre atterrit sur l’arrière train du raboth. Le dos de l’animal était maculé d’épines tranchantes. Dans l’élan de ses bons, le félin ne réfléchissait plus. Une patte, griffes de sorties se planta le long de sa barrière d’épines en évitant les pointes et un autre mouvement plus tard, Alden se retrouvait au niveau de la nuque de la bête. De ses deux bras, Alden vînt planter la lame sous la crinière du raboth. Sa lame rencontra la peau dure comme de la roche. Alden gronda fortement, y mettant toute sa force jusqu’à ce que la pointe ne perce la nuque pour venir toucher une de ses vertèbres qui fit dévier la lame sur l’épaule du pauvre animal. La plaie générée s’ouvrit sur une dizaine de centimètres puis la lame dans la puissance du geste fendit l’air à nouveau.
Les paroles de Kamalain résonnait dans son crâne alors que le félin essayait de retrouver son équilibre sur le dos de la bête. « Toute forme de vie sur cette terre doit être respectée. Il n’y a pas un être supérieur à un autre Alden. Nous sommes tous identiques. C’est pourquoi nous ne devons créer le mal. »
- Désolé maître.
La réalisation la frappa tel un éclair, glaçant son sang de la racine de ses cheveux jusqu'à la pointe de ses orteils. Elle se retourna vers les veilleuses perchées, jaugeant leur position, puis la direction d'où venait le tir. Les alentours étaient calmes, les civils évacués. Si elle devait parler, c'était maintenant où jamais. Si elle ne créait pas la panique, alors elle remplirait le cœur d'autrui du sentiment qu'elle préférait, de cette sensation grisante qui la faisait se lever chaque jour. La vengeance. Sans qu'elle ne s'en aperçoive, ses mots dépassèrent sa pensée. « C'est une tentative d'assassinat. ». Son sang bouillonnait. Elle savait que la paix à Azamyr n'était qu'une façade, jamais, elle n'aurait imaginé qu'elle puisse s'effondrer en une seule nuit. Son cerveau se mit à carburer, cherchant dans sa mémoire l'origine du tir, l'éclat qu'elle avait aperçu une fraction de seconde, et son regard perçant s'arrêta sur une silhouette encapuchonnée qui s'attelait habilement à recharger l'arbalète qu'elle tenait encore fermement d'une main. Son souffle se coupa et d'un signe de main rapide, elle intima à l'archère de la suivre dans ce qui se transformerait en une véritable chasse à l'homme. Si Wilo la suivait, Mélusine n'en avait cure, il lui fallait agir vite, sans que le tireur ne remarque qu'elle l'avait repéré et la discrétion n'était malheureusement plus une de ses forces, ainsi exposée au beau milieu de la place. À pas de velours, la vampyre trotta en direction du tireur et quand elle ne fut plus qu'à une dizaine de mètres, elle le vit pointer une nouvelle fois Calithéa qui s'éloignait encore péniblement de la scène du crime. Son visage se crispa et la mâchoire serrée, elle eut à peine le temps de réagir lorsqu'il se retourna pour rediriger son tir sur elle. Emporté par la précipitation, la silhouette la manqua de peu et commença à descendre de son perchoir à toute allure, laissant entrevoir son visage, que la vampyre reconnut comme un des chasseurs. Ils osaient. Ces ingrats. Ils retournaient leurs armes contre leurs protecteurs, n'était-ce pas ironique ? Un sourire tremblant naquit sur les lèvres de la vampyre. Ainsi, il fallait apprendre au prédateur ce que ressentait une proie.
Elle adressa un regard à la veilleuse, sans un mot ni même une mise en garde, avant de détaler à la poursuite de l'inconnu, dans un labyrinthe de ruelles qu'elle connaissait malheureusement pour lui comme sa poche. Ses pieds frappaient le sol à une vitesse folle, son corps se servant dans l'adrénaline de ce tir qui aurait pu la tuer, refusant de se laisser semer par un triton de pacotille. Pas tout de suite. Elle manqua de s'arrêter devant une porte grande ouverte, hésitant à s'y engouffrer avant de remarquer que le chasseur venait de tourner dans une autre direction, au bout de la rue. Le jeu du chat et de la souris, Mélusine le connaissait bien, pour autant elle ne prenait aucun plaisir à tenter de rattraper celui qui venait de mettre à feu et à sang son quartier, son foyer. Si elle le retrouvait, rien ne laissait présager qu'elle serait capable de se contrôler, et cette idée la ravissait étrangement. Puis une autre porte attira son regard et cette fois, elle s'arrêta, balayant du regard la scène, le silence contrastant avec le brouhaha qu'elle venait à peine de quitter. L'eau était calme, aussi, elle put déterminer que le triton ne s'était pas échappé dans la rivière, et son instinct la poussait à ouvrir cette porte qui la narguait. Peut-être était-ce trop tard. Dix secondes suffiraient à mettre suffisamment de distance, et maintenant qu'elle avait commis l'erreur de s'arrêter, elle ne pouvait que s'y enfoncer. Lentement, elle posa ses doigts sur le bord de la porte, l'ouvrant délicatement avant d'appuyer sur le mécanisme sur son poignet, dévoilant une paire de griffes en idrite. D'un geste brusque, elle frappa dans le bois de la porte, marquant son passage, et dans la pénombre, elle commença à avancer, faisant tinter ses griffes les unes contre les autres. « Sors d'ici, enfin… ». Mélusine sentit sa patience s'étioler, son envie de vengeance déferler dans une cavalcade déchaînée au creux de sa poitrine. « Personne n'a besoin d'être blessé inutilement, n'est-ce pas ? ». Et d'un coup sec, elle asséna un violent coup de griffe dans un tonneau, ce dernier se brisant sous sa force. Sa voix chantante s'éleva dans les airs, la vampyre roucoulant sous une montagne de frustration. « Faisons donc en sorte que ta souffrance ait du sens, petit poisson. ».
- Résumé:
- Mélusine comprend qu'ils viennent d'être témoins d'une tentative d'assassinat et confie Calithéa à une sylphe croisant leur route. Silencieusement, elle prie pour qu'Alden ne se tue pas dans sa bêtise. Elle parvient par miracle à discerner la silhouette encapuchonnée qui s'apprête à tirer à nouveau et après avoir fait un rapide signe de tête à Wilo, elle s'engage dans sa direction. Elle le reconnait comme un triton, chasseur pour la cité et cette réalisation lui fait perdre son calme.
Ce dernier, surpris par sa présence, redirige son tir vers elle et rate. Il s'enfuit ensuite dans un labyrinthe de ruelles, que Mélusine malheureusement pour lui connait bien. Il tente de brouiller les pistes en ouvrant une porte, ce qui ne fonctionne pas car la vampyre le voit un peu plus loin. Finalement elle arrive dans une plus grande ruelle jouxtant une rivière dont l'eau n'a pas été perturbée, elle estime donc qu'il n'a pas pris la fuite par la voie aquatique. Persuadée d'être seule avec le criminel, elle laisse une trace de griffure sur la porte pour souligner qu'elle s'y trouve et commence à jouer avec sa nourriture.
Jet de dés :
100 (perception)
Une intrusion improbable
○
La sortie des premiers explorateurs annonçaient beaucoup de choses, et il fallait encore préparer beaucoup. Une expédition, une première pour la guilde qui avait été reçue et acclamée pour le bonheur des explorateurs. Bien sûr, bon nombre d'entre eux étaient déçus de ne pas faire partie des heureux élus, moi le premier d'ailleurs. Mais tous le monde n'était pas prêts, et un trop gros groupe serait trop indiscrets, essuyant plus de pertes qu'un groupe petit mais vaillant. Il fallait ronger son frein, entrainer les recrues, préparer une autre sortie. Espérer que le premier groupe reviendrait entier, en vie, pour nous donner tout leur précieux savoir. Je regarde la carte du monde connu, puis trace un rond dans un pan de la feuille demeuré vierge. Ils devraient être là, dans ce brouillard de papier...
"ADRASTOS!" Je me tourne vers le regard terrorisé de la jeune dryade. "Il y a le feu et... et... Une BÊTE!" Je me lève de mon siège et tend les mains pour prendre les épaules du garçon. "Où, Sergeï?" Le pauvre pointe un doigt sur la fenêtre où une épaisse fumée se fait entrevoir et je fronce les yeux avant de hâter mon pas pour prendre du matériel. "Tu restes là, j'y vais. Si d'autres jeunes viennent, dis leur de rester en sécurité, s'ils sont terrifiés. Sinon, qu'on aide les zones impactées!" Il ne servait à rien d'envoyer Sergeï près des flammes, ou même devant la bête qu'il ne m'avait pas décrit. Avoir des tétanisés dans les rangs ne serviraient à personne. Autant qu'il reste ici, et préviennent les autres. "La bête... La bête est plus loin, dans le Quartier Nord." Je décoche un regard à la dryade apeurée et lui souris. "Merci pour tes informations. Tu as été utile, de cette façon."
Puis je sors et cours vers les flammes, l'odeur âcre me prenant peu à peu le nez sans que je ne recule. Devant le silo enflammé, je m'arrête un instant pour susurrer: "C'est... Terrible." Puis mes yeux trouvent la silhouette de Koss et je m'en approche avant de le héler: "Je vois que tu contrôle la situation, il semblerait qu'il se passe autre chose: Un animal est entré dans la cité. J'y vais! Si tu as besoin de plus d'aide, envoie nous quelqu'un à la guilde, il y aura peut-être des bras!" Et sans plus attendre je m'enfonce plein nord dans les rues où les cris finissent par s'éloigner. La population est évacuée, mais tous ont le regard rivés sur le ciel où la fumée et les flammes dévastatrices se font entrevoir à travers les toits.
Au fur et à mesure de mon avancée, cette attention dérive dans la direction que je prend et j'en conclue que ceux là ont dû voir la bête. Une sylphe portant sa dirigeante s'arrête en me voyant, et devant l'état de ma comparse du conseil je m'empresse de lui dire: "Allez vite à l'infirmerie, n'hésitez pas à jouer des coudes, mais ne prenez pas la place des plus blessés qu'elle. Elle doit vivre... Mais il faut respecter les urgences médicales." La sylphe hoche la tête et avec un regain d'énergie porte plus fermement Calithéa tandis que je rejoins à grands pas la rivière, son pont éclaté, et au milieu un raboth portant sur son dos un tigre. Le spectacle est si surprenant que je m'arrête, hébété. Qui des deux est la bête indiquée? L'un me semble plus dangereux, l'autre plus en détresse, et je hurle en remontant vers le pont: "Ne le tuez pas si on peut le déplacer!"
L'animal est fou oui, de douleur et de peur comme tout un chacun le serait à sa place. Comment le tigre avait pu penser que s’empaler sur son dos était une bonne idée? Je hurle encore: "Je peux lancer une illusion qui apaiserai l'animal, Plus calme il sera possible de le déplacer, s'il n'est pas en trop mauvais état!" Du coin de l'oeil, je reconnais Viktor, le directeur de la Guilde d'Ozénys. "Vous qui avez un raboth, comment l'avez vous fait rentrer? A-t-on un faucheur expérimenté?" Tant que l'animal était encore maîtrisable, il était temps de choisir son sort.
2 novembre 118
Wilø n'était pas spécialement pour l’abbatage de la bête, au contraire, si toute autre solution pouvait être trouvée, elle s'y engouffrerai sans la moindre hésitation, à la seule condition que cela ne présente aucun risque pour la population. Hors le mammifère semblait peu enclin à se calmer, et quand on voyait les dégâts aux alentours - bien-sûr elle n'avait pas les tenants et aboutissants de ce qu'il serait passé au préalable et ne se doutait pas que le pont effondré n'était pas dû au raboth -, le risque lui semblait trop important pour changer de stratégie, surtout maintenant que l'animal souffrait de ses blessures. Il fallait l'achever proprement. Elle encocha une nouvelle flèche avant qu'un métamorphe tigre ne se jette sur le dos de l'animal pour l’entailler plus encore. Le risque de le toucher était bien trop grand.
En voulant consulter Elide du regard, les prunelles de Wilø s’attardèrent sur des silhouettes en fond de scène. Une femme à la peau pâle entourée d'une chevelure aussi sombre que l’ébène leur fit signe de tête et le ventre de la veilleuse se noua en reconnaissant sa Dirigeante assise près d'elle, la main portée à son épaule. Sans plus réfléchir la blanche se précipita à leur rencontre, Calithéa était à présent aux mains d'une Sylphe.
-
-
- C'est une tentative d’assassinat. avertit haut et fort la civil.
Cette fois, le sang de Wilø se glaça. La brune lui fit signe de la main et la blanche courut à sa suite, alerte. Elle suivit du regard la direction que prenait celle aux yeux de sang et repéra la silhouette qui arma à nouveau son arbalète. Comprenant sa cible, Wilø ne put retenir son exclamation.
-
Malheureusement son intervention eut pour conséquence d’attirer l’attention de l’assassin sur elles et la brune échappa de peu au carreau. Cette dernière jeta un regard de marbre à la veilleuse avant de détaler d’une vitesse surprenante. Ni une ni deux Wilø se précipita à sa suite, l’agitation de la place lui rappela son rôle, n’était-elle pas encore en train de faillir à sa mission ?
La présence d’un assassin était plus inquiétante encore, l’hésitation ne fut que de courte durée et ses jambes puisèrent toute l’énergie possible pour suivre l’inconnue à travers les ruelles. Ce fut grâce à un effort redoutable que Wilø réussit à garder en vue la poursuivante, parfois au détail près d’un talon de botte tournant dans un coin de rue. Elle s’arrêta devant une porte fraîchement entaillée et reprit son souffle avant d’entrer, armée de son arc, flèche encochée. Un tonneau éventré l’accueillit sur fond de cliquetis inquiétant. Enfoncée dans le bâtiment elle reconnut la silhouette de la femme qui l’avait interpellé et tâcha de la rejoindre le plus discrètement possible. Il faisait sombre, quelques rayons de lumière naissante filtraient à travers les embrasures. La pièce était visiblement un entrepôt où traînaient quelques outils sur un râtelier de bois et au sol avec un grand nombre de caisses en bois vides. La poussière accumulée au-dessus témoignait du temps qui s’était écoulé sans que personne ne soit revenu ici. S’y dessinait les empreintes légères de quelques bestioles ayant trouvé refuge dans l'entrepôt. Observant chaque recoin, le regard de Wilø s’attarda sur la mezzanine plus éclairée grâce aux fenêtres sales qui la surplombaient. Aucune ombre ne semblait perturber la lumière faiblarde du plancher supérieur. Une échelle non loin permettait d’y accéder, aussi s’en approcha-t-elle pour se percher sur les premiers barreaux, espérant déceler le moindre indice attestant de la présence du fuyard, mieux encore, le trouver et l’arrêter.
Rien ne lui sauta aux yeux, et en tendant l'oreille un son à peine audible semblait lui parvenir. Elle pencha la tête, son arc toujours en main, et entendit un son rauque et régulier qu'elle ne parvenait pas à déterminer. Une respiration ? Sans parvenir à localiser sa provenance, elle se concentra alors sur l’inconnue toujours devant elle, insufflant une brise qui lui souleva les mèches pour attirer son attention avant de lui faire signe de tendre l'oreille. Peut-être sera-t-elle plus à même de déterminer la provenance de ce bruit sourd ?
Mais, entre elle et les humains, le choix ne souffrait malheureusement pas la comparaison. Manger ou être mangé, telle était la loi universelle, et Ozéna ne faisait pas exception.
Un cri un peu plus loin attira son attention, et la jeune femme se retourna juste à temps pour voir la dirigeante de sa maison s’effondrer au sol. Une femme inconnue à la longue chevelure corbeau se dressait à ses côtés et aboyait des ordres comme si la ville lui appartenait – mais après tout c’était peut-être le cas. Elide observa un instant la frêle silhouette avant que son attention ne glisse sur le corps de la Fae que l’on emmenait à l’abri. Une tentative d’assassinat, sur un membre du Conseil ? Et ben, sacré bordel. Ça n’inaugurait rien de bon.
D’un mouvement de tête, Elide fit signe à Wilø de suivre la furie aux yeux carmin – elles n’avaient pas besoin d’être deux pour cette chasse à l’homme. Inconsciente du drame qui se joua à un cheveu de carreau, l’élémentaire reporta son attention sur la bête hurlante pile au moment où le métamorphe tigre lui plantait son épée dans le dos. S’il tombe, il va se faire piétiner ! pensa-t-elle. Par réflexe, l’élémentaire tendit les mains devant elle et invoqua son pouvoir pour tenter de stabiliser le voltigeur en herbe.
Un hurlement – encore un ! – la fit toutefois sursauter, et c’est donc un regard furibond que la Veilleuse braqua sur Adrastos. Elle reconnut la silhouette du chef des explorateurs, que sa fonction amenait à se rendre régulièrement aux remparts, et qu’elle avait vu pour la dernière fois pas plus tard que la veille à l’occasion du départ de l’Expédition. Ses paroles, cependant, lui arrachèrent un grondement agacé.
« Le tuer, pas le tuer, il faudrait se décider, merde ! », cria-t-elle à son tour pour se faire entendre par-dessus le chaos général. Le raboth, toujours pris au piège dans la glace, lâcha un énième beuglement.
La glace.
S’ils congelaient l’animal, cela pourrait à la fois leur permettre de l’évacuer dans des conditions à peu-près sécurisées, tout en le maintenant assez longtemps en vie pour permettre aux soigneurs de s’occuper de ses blessures.
Quittant un instant des yeux le spectacle d’Alden dansant la gigue sur le dos du Raboth, la jeune femme balaya la place du regard pour l’arrêter sur la silhouette de l’homme qu’elle supposait être à l’origine de la patinoire. Elle le héla de toutes ses forces.
« Hé ! Un Raboth cryogénisé, ça vous semble faisable ? Il survivrait, et on pourrait le dégager d’ici ! »
Il suffisait juste de créer une tempête de glace. Et, au pire, si cela ne fonctionnait pas, cela permettrait peut-être de ralentir suffisamment la bête pour permettre aux autres de l’achever. L'élémentaire, cependant, jugea plus prudent de taire cette dernière réflexion, laissant à Viktor le soin de décider quoi faire.
- Résumé:
Elide laisse Wilø suivre Mélusine dans la chasse au tireur.
De son côté, elle essaie de maintenir Alden sur le dos du Raboth à l'aide son pouvoir (Jet de dés "Stabilisation d'Alden" : 15).
Elle propose à Viktor de créer une tempête de glace pour congeler le Raboth et pouvoir ainsi le sortir de la ville sans avoir à le tuer.
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum