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Urgence à paillettes
Donatella
Maison de la Flamme et de l'Ombre
3 Novembre 118
Pas à pas, la vie de Donatella se mettait en place. Elle s’habituait à la résidence de la maison de la flamme et de l’ombre. Elle apprivoisait son pouvoir chaque jour davantage, contrôlant mieux ses visions. L’idée d’être capable de redonner vie temporairement à un corps mort attaquait encore trop sa sensibilité. Elle préférait oublier cette capacité pour le moment. Petite victoire personnelle, elle avait réussi à dégoter un peu de matériel de couture. Rien de bien grandiose mais juste assez pour rajouter quelques broderies sur sa tunique noire. Des petites fleurs blanches entouraient son col et le bout de ses manches. Elle s’appropriait davantage ses vêtements ainsi et se sentait plus à l’aise.
Ce qui lui manquait cruellement, c’était une indépendance financière. Elle appréciait l’accueil et l’aide qui était mis en place pour son arrivée dans ce nouveau monde, mais l’heure de son envol approchait et l’argent lui permettrait d’exprimer davantage sa personnalité, de vivre plus librement. Sans hésiter, son chant étant sa clé maîtresse, Donatella avait cherché à en faire son métier. Elle visitait les différents lieux qui seraient adaptés à des concerts dans l’espoir d’y trouver sa plateforme de lancement. Et miracle - ou plutôt récompense de son labeur - l’auberge Hurlante avait accepté ! Elle avait deux semaines pour finir ses préparatifs.
Donatella avait eu du mal à dormir tant la nouvelle l’excitait. Elle repassait son répertoire dans son esprit, elle faisait des tours dans sa chambre en s’imaginant sur scène, elle saluait des publics invisibles. Sans surprise, le sommeil ayant fini par vaincre, elle n’émergea pas avant dix heures le lendemain. Elle avait une idée précise en tête dès son réveil. Dans ses mises en situation factices, elle se voyait toujours dans ses tenues extravagantes. La diva devrait-elle monter sur l’estrade dans ses haillons ? Hors de question.
Ce fut avec cet état d’esprit qu’elle se rendit chez le tailleur. Elle en avait entendu parler et l’information n’était pas tombée dans l’oreille d’une sourde. Avec un entrain accru par la pluie dehors, elle poussa la porte d’entrée. Ses doigts tremblaient légèrement de nervosité. Elle n’avait pas d’argent encore, mais elle avait besoin d’un vêtement pour cette représentation. Dans le pire des cas, elle était prête à ne sortir qu’avec du tissu et réaliser sa robe elle-même, ce ne serait pas la première fois. Bien que sans machine et à la main, cela risquait de lui prendre du temps. Donna était patiente et dégourdie. Elle connaissait déjà la couture et s’en sentait capable. En revanche, si le tailleur acceptait de lui prêter une tenue, voire de lui offrir... elle en serait plus que ravie. Il fallait bien rêver dans la vie ! Ça permettait à de belles opportunités de se mettre en place parfois.
Pour mettre ses chances de son côté, malgré son essoufflement dû à sa course pour éviter les gouttes, elle enfila son masque de cantatrice en pénétrant dans la boutique. La tête haute, la détermination transparaissait dans sa posture. Sa chevelure noire soigneusement peignée encadrait son visage aux joues rosies par l’air frais. Des gouttes dégoulinaient de certaines mèches. Se couvrir de sa veste n’avait pas suffi face à l’averse. La retirant avec délicatesse pour éviter de se mouiller davantage et d’en mettre partout sur le seuil de la boutique, Donatella balaya la pièce de regard bleuté. Elle était à la recherche d’un interlocuteur.
“Bonjour ?”
Donatella s’exprima d’une voix forte, espérant se faire entendre à travers les différentes pièces. Dénuée d’agressivité, elle posait un ton poli et assuré.
“Je souhaiterai parler au tailleur. Je suis à la recherche d’une robe.”
Pas à pas, la vie de Donatella se mettait en place. Elle s’habituait à la résidence de la maison de la flamme et de l’ombre. Elle apprivoisait son pouvoir chaque jour davantage, contrôlant mieux ses visions. L’idée d’être capable de redonner vie temporairement à un corps mort attaquait encore trop sa sensibilité. Elle préférait oublier cette capacité pour le moment. Petite victoire personnelle, elle avait réussi à dégoter un peu de matériel de couture. Rien de bien grandiose mais juste assez pour rajouter quelques broderies sur sa tunique noire. Des petites fleurs blanches entouraient son col et le bout de ses manches. Elle s’appropriait davantage ses vêtements ainsi et se sentait plus à l’aise.
Ce qui lui manquait cruellement, c’était une indépendance financière. Elle appréciait l’accueil et l’aide qui était mis en place pour son arrivée dans ce nouveau monde, mais l’heure de son envol approchait et l’argent lui permettrait d’exprimer davantage sa personnalité, de vivre plus librement. Sans hésiter, son chant étant sa clé maîtresse, Donatella avait cherché à en faire son métier. Elle visitait les différents lieux qui seraient adaptés à des concerts dans l’espoir d’y trouver sa plateforme de lancement. Et miracle - ou plutôt récompense de son labeur - l’auberge Hurlante avait accepté ! Elle avait deux semaines pour finir ses préparatifs.
Donatella avait eu du mal à dormir tant la nouvelle l’excitait. Elle repassait son répertoire dans son esprit, elle faisait des tours dans sa chambre en s’imaginant sur scène, elle saluait des publics invisibles. Sans surprise, le sommeil ayant fini par vaincre, elle n’émergea pas avant dix heures le lendemain. Elle avait une idée précise en tête dès son réveil. Dans ses mises en situation factices, elle se voyait toujours dans ses tenues extravagantes. La diva devrait-elle monter sur l’estrade dans ses haillons ? Hors de question.
Ce fut avec cet état d’esprit qu’elle se rendit chez le tailleur. Elle en avait entendu parler et l’information n’était pas tombée dans l’oreille d’une sourde. Avec un entrain accru par la pluie dehors, elle poussa la porte d’entrée. Ses doigts tremblaient légèrement de nervosité. Elle n’avait pas d’argent encore, mais elle avait besoin d’un vêtement pour cette représentation. Dans le pire des cas, elle était prête à ne sortir qu’avec du tissu et réaliser sa robe elle-même, ce ne serait pas la première fois. Bien que sans machine et à la main, cela risquait de lui prendre du temps. Donna était patiente et dégourdie. Elle connaissait déjà la couture et s’en sentait capable. En revanche, si le tailleur acceptait de lui prêter une tenue, voire de lui offrir... elle en serait plus que ravie. Il fallait bien rêver dans la vie ! Ça permettait à de belles opportunités de se mettre en place parfois.
Pour mettre ses chances de son côté, malgré son essoufflement dû à sa course pour éviter les gouttes, elle enfila son masque de cantatrice en pénétrant dans la boutique. La tête haute, la détermination transparaissait dans sa posture. Sa chevelure noire soigneusement peignée encadrait son visage aux joues rosies par l’air frais. Des gouttes dégoulinaient de certaines mèches. Se couvrir de sa veste n’avait pas suffi face à l’averse. La retirant avec délicatesse pour éviter de se mouiller davantage et d’en mettre partout sur le seuil de la boutique, Donatella balaya la pièce de regard bleuté. Elle était à la recherche d’un interlocuteur.
“Bonjour ?”
Donatella s’exprima d’une voix forte, espérant se faire entendre à travers les différentes pièces. Dénuée d’agressivité, elle posait un ton poli et assuré.
“Je souhaiterai parler au tailleur. Je suis à la recherche d’une robe.”
Frédéric LaFleur
Maison de la Flamme et de l'Ombre
Le silence des rouleaux de tissus, de la cheminée froide et du tapis lui répondit. Devant-t-elle se trouvait la boutique et l'atelier à la fois du supposé tailleur. Deux mannequins de part et d'autre de l'entrée arboraient de belles tenues, des rideaux devaient faire office de cabine contre le mur, avec leur grand miroir à pied, et derrière l'âtre vide, un lourd bureau encombré de papiers et de tissus attendait son propriétaire, en compagnie des stocks de tissus poussé au fond et d'un fauteuil pompeux. Oh, et il y avait une tête près d'une porte. Pardon, une tête avait passé l'entrebâillement d'une porte et, d'entre ses boucles noirs et les champignons lui encadrant le visage, elle contemplait la nouvelle venue avec surprise.
"Bonjour ? Vous - Ah ! Un instant je vous prie ! Avec un sourire embarrassé, elle disparut. Monsieur LaFleur... !"
Dans la pièce adjacente raisonnèrent les bruits de petits pas pressés, puis une discussion qui s'acheva sur un "... plus tôt !?", suivi du grincement d'une chaise puis le claquement de grandes enjambées, entrecoupées de plus petites revenant dans l'autre sens.
"... pas de patients à cette heure, alors vous pouvez -
- Sans doute attendent-ils la fin du déluge pour venir se faire soigner leur petit rhume. Une boisson chaude et le feu, chère Cassandre, merci !"
En grande la porte latérale de l'atelier fut ouverte, et un dandy y entra avec un sourire éclata, lançant la blouse blanche dont il venait de se défaire à la jeune femme derrière lui. Grand, en taille comme en longueur de cheveux noirs, il salua avec entrain l'inconnue qui finissait de gouter à l'entrée de sa petite échoppe, tandis que son assistante se dépêtrait du vêtement.
"Bienvenue madame, je vous en prie, entrez ! Permettez que je vous débarrasse. Il indiqua la veste trempée, prêt à la poser près du feu que préparait la dryade dans son dos. Bienvenue à la 'Bonne Aiguille', où vos rêves les plus fous n'attendent qu'un bon coup de fil pour vous transformer ! De la robe de jour confortable et pratique pour toutes vos activités, à la chemise de nuit vous révélant déesse de minuit, il n'y a qu'un pas à faire, et vous l'avez réalisé en franchissant ma porte. Un clin d’œil complice. Monsieur LaFleur, pour vous servir."
Un petit rire amusé se fit entendre. Frédéric fit volt-face avec un même entrain extravagant.
"Eh bien Cassandre, qu'y a-t-il ?
- R-rien ! pouffa doucement la jeune femme en plaçant sa bûche. Je vous imaginais simplement accueillant les patients d'une manière semblable...
- Mais - ! Ce n'est pas la même chose ! Le spectre sembla sur le point d'ajouter quelque chose, mais se retint. Enfin ! Aidons plutôt notre invitée à se remettre du mauvais temps. Et le LaFleur se retourna vers la cliente. Alors, qu'est-ce qui vous amène ?"
Quand bien même le ton évoquait incontestablement le ton maniéré d'un vendeur de grande marque, il y avait dans son ton un enthousiasme des plus sincères, et c'est avec curiosité qu'entre ses différents gestes, il avait déjà inspecté de haut en bas la nouvelle figure et sa tenue. Une simple retouche ? Une nouvelle arrivée ? Qu'en sera-t-il ?
"Bonjour ? Vous - Ah ! Un instant je vous prie ! Avec un sourire embarrassé, elle disparut. Monsieur LaFleur... !"
Dans la pièce adjacente raisonnèrent les bruits de petits pas pressés, puis une discussion qui s'acheva sur un "... plus tôt !?", suivi du grincement d'une chaise puis le claquement de grandes enjambées, entrecoupées de plus petites revenant dans l'autre sens.
"... pas de patients à cette heure, alors vous pouvez -
- Sans doute attendent-ils la fin du déluge pour venir se faire soigner leur petit rhume. Une boisson chaude et le feu, chère Cassandre, merci !"
En grande la porte latérale de l'atelier fut ouverte, et un dandy y entra avec un sourire éclata, lançant la blouse blanche dont il venait de se défaire à la jeune femme derrière lui. Grand, en taille comme en longueur de cheveux noirs, il salua avec entrain l'inconnue qui finissait de gouter à l'entrée de sa petite échoppe, tandis que son assistante se dépêtrait du vêtement.
"Bienvenue madame, je vous en prie, entrez ! Permettez que je vous débarrasse. Il indiqua la veste trempée, prêt à la poser près du feu que préparait la dryade dans son dos. Bienvenue à la 'Bonne Aiguille', où vos rêves les plus fous n'attendent qu'un bon coup de fil pour vous transformer ! De la robe de jour confortable et pratique pour toutes vos activités, à la chemise de nuit vous révélant déesse de minuit, il n'y a qu'un pas à faire, et vous l'avez réalisé en franchissant ma porte. Un clin d’œil complice. Monsieur LaFleur, pour vous servir."
Un petit rire amusé se fit entendre. Frédéric fit volt-face avec un même entrain extravagant.
"Eh bien Cassandre, qu'y a-t-il ?
- R-rien ! pouffa doucement la jeune femme en plaçant sa bûche. Je vous imaginais simplement accueillant les patients d'une manière semblable...
- Mais - ! Ce n'est pas la même chose ! Le spectre sembla sur le point d'ajouter quelque chose, mais se retint. Enfin ! Aidons plutôt notre invitée à se remettre du mauvais temps. Et le LaFleur se retourna vers la cliente. Alors, qu'est-ce qui vous amène ?"
Quand bien même le ton évoquait incontestablement le ton maniéré d'un vendeur de grande marque, il y avait dans son ton un enthousiasme des plus sincères, et c'est avec curiosité qu'entre ses différents gestes, il avait déjà inspecté de haut en bas la nouvelle figure et sa tenue. Une simple retouche ? Une nouvelle arrivée ? Qu'en sera-t-il ?
Donatella
Maison de la Flamme et de l'Ombre
Donatella ne put que sourire face à l’accueil que lui réserva le tailleur. Elle eut même un petit rire, appréciant l’extravagance de ses offres. Excentrique à souhait, elle l’apprécia tout de suite. Entre les jolies tenues qui trônaient à l’entrée et la confiance qu’il dégageait, elle sentait qu’elle avait frappé à la bonne porte. Les nombreux tissus aux teintes variées lui confirmaient son ressenti. Elle avait hâte de pouvoir travailler avec lui. Ou au moins de discuter de son besoin particulier. Serait-il aussi généreux que passionné ?
Laissant sa veste aux bons soins de ce beau Monsieur LaFleur, Donna remit un peu ses cheveux humides en place. Les paroles de son assistante sous-entendaient qu’il était médecin en plus de tailleur ? Elle ne voyait pas d’autres raisons de les appeler des “patients”. Une combinaison étonnante de métier ! Mais pourquoi pas ? Les deux devaient savoir (re)coudre après tout !
“Vous savez accueillir ! Je suis ravie d’avoir poussé cette porte !”
Son sourire s’agrandit, ses pommettes de poupée se teintant toujours davantage de rose à mesure que la pièce se réchauffait. L’enthousiasme de parler robes et paillettes grimpant, elle prononça ses politesses sincères en ouvrant grand les bras pour montrer autant la boutique que son propriétaire. Les manières du maître tailleur l’invitaient à remplir son rôle d’amatrice de mode, et lui donnaient envie d’être joueuse. De diva à styliste, les caractères originaux ne pouvaient que s’encourager vers des divagations passionnantes.
“J’ai un besoin qui n’est ni une robe de jour ni une nuisette de déesse.”
Un petit air de défi traversa ses iris bleutés lorsqu’elles croisèrent le regard du tailleur. Puis attirée par les flammes qui commençaient à grignoter la bûche, Donatella se déplaça dans cette direction. Lentement. Gracieusement. Prenant son temps dans son élocution, son attention oscillait entre les rouleaux de tissus qui l’attiraient irrémédiablement et le grand docteur qu’il était difficile d’oublier ou d’ignorer.
“Avez-vous l’habitude de créer des vêtements de scène Monsieur LaFleur ? Voyez-vous, dans deux semaines, je dois m’exposer au public et cette tunique aussi pratique soit-elle est plus qu’inadéquate pour se donner en spectacle.”
Italienne jusqu’au bout des ongles, ses mains accompagnaient chacune de ses paroles depuis son entrée dans la boutique. En cet instant, elles désignèrent sa tenue avec une forme de dépit avant de suivre leur envie première. Ses doigts fins effleurèrent quelques étoffes. Les textures étaient surprenantes, différentes. Pas de coton ou de cachemire. Des équivalents proches mais la sensation n’était pas exacte. Elle s’arrêta sur un tissu aux reflets bleutés envoûtant, caressant l’étonnante douceur qu’il offrait. Il se rapprochait de la soie sans l’être exactement. Fascinant. Et avec naturel, elle s’exclama :
“Ces tissus sont de qualité impressionnantes ! Les couleurs sont magnifiques aussi !”
Elle ne s’attendait pas à trouver un tel choix en vérité. Surtout dans ce monde où tout était reparti de zéro. Naïveté de sa part certainement, il fallait bien que le peuple ne se vêt et développer les textiles avaient dû être une responsabilité importante dès le début de l’installation. Tant mieux pour elle. Ses rêveries de couture pourraient être plus audacieuses qu’elle n’osait l’espérer.
Laissant sa veste aux bons soins de ce beau Monsieur LaFleur, Donna remit un peu ses cheveux humides en place. Les paroles de son assistante sous-entendaient qu’il était médecin en plus de tailleur ? Elle ne voyait pas d’autres raisons de les appeler des “patients”. Une combinaison étonnante de métier ! Mais pourquoi pas ? Les deux devaient savoir (re)coudre après tout !
“Vous savez accueillir ! Je suis ravie d’avoir poussé cette porte !”
Son sourire s’agrandit, ses pommettes de poupée se teintant toujours davantage de rose à mesure que la pièce se réchauffait. L’enthousiasme de parler robes et paillettes grimpant, elle prononça ses politesses sincères en ouvrant grand les bras pour montrer autant la boutique que son propriétaire. Les manières du maître tailleur l’invitaient à remplir son rôle d’amatrice de mode, et lui donnaient envie d’être joueuse. De diva à styliste, les caractères originaux ne pouvaient que s’encourager vers des divagations passionnantes.
“J’ai un besoin qui n’est ni une robe de jour ni une nuisette de déesse.”
Un petit air de défi traversa ses iris bleutés lorsqu’elles croisèrent le regard du tailleur. Puis attirée par les flammes qui commençaient à grignoter la bûche, Donatella se déplaça dans cette direction. Lentement. Gracieusement. Prenant son temps dans son élocution, son attention oscillait entre les rouleaux de tissus qui l’attiraient irrémédiablement et le grand docteur qu’il était difficile d’oublier ou d’ignorer.
“Avez-vous l’habitude de créer des vêtements de scène Monsieur LaFleur ? Voyez-vous, dans deux semaines, je dois m’exposer au public et cette tunique aussi pratique soit-elle est plus qu’inadéquate pour se donner en spectacle.”
Italienne jusqu’au bout des ongles, ses mains accompagnaient chacune de ses paroles depuis son entrée dans la boutique. En cet instant, elles désignèrent sa tenue avec une forme de dépit avant de suivre leur envie première. Ses doigts fins effleurèrent quelques étoffes. Les textures étaient surprenantes, différentes. Pas de coton ou de cachemire. Des équivalents proches mais la sensation n’était pas exacte. Elle s’arrêta sur un tissu aux reflets bleutés envoûtant, caressant l’étonnante douceur qu’il offrait. Il se rapprochait de la soie sans l’être exactement. Fascinant. Et avec naturel, elle s’exclama :
“Ces tissus sont de qualité impressionnantes ! Les couleurs sont magnifiques aussi !”
Elle ne s’attendait pas à trouver un tel choix en vérité. Surtout dans ce monde où tout était reparti de zéro. Naïveté de sa part certainement, il fallait bien que le peuple ne se vêt et développer les textiles avaient dû être une responsabilité importante dès le début de l’installation. Tant mieux pour elle. Ses rêveries de couture pourraient être plus audacieuses qu’elle n’osait l’espérer.
Frédéric LaFleur
Maison de la Flamme et de l'Ombre
En chemise et pantalon justement taillé, droit et à l'écoute, Frédéric ne put qu'arborer un sourire de contentement, en réponse aux propos comme à l'attitude de la nouvelle venue. Ah, ce que cela lui changeait des patients aux milles bobos et autres afflictions plus ou moins mineures ! Un peu de couleur dans le ton comme les gestes, et la bonne humeur de son invitée se révélait on ne peut plus contagieuse. Curieux, ses mires pâles s'ouvrirent grandes à la demande de la jeune femme. Un vêtement de scène ?
"Un vêtement de scène ? s'étonna-t-il tout haut.
- Vous aller donner un spectacle Mademoiselle ? s'étonna Cassandre en se relevant, le feu ayant bien pris.
- Très bonne question. Quel type de spectacle ? reprit Frédéric. Danse ? Théâtre ? Chant ? Opéra ? Malgré-lui, le spectre sentit son sourire s'étirer jusqu'à ses oreilles, des larmes lui montant aux yeux, sa voix le trahissant même par quelques frémissements. Excusez-moi, je ne souhaite pas vous presser. Mais l'évocation d'un spectacle me rappelle de bons souvenirs de l'ancien monde...! Il se frotta les yeux pour en chasser l'humidité. Je vous en prie, regardez tout votre saoul, Mademoiselle... ? Cassandre, une boisson chaude je vous prie."
Timide, la dryade attendait la réponse de la nouvelle venue avec une grande curiosité mais, rappelée à ses devoirs, elle s'éclipsa dans la pièce adjacente, et revint vite avec le nécessaire pour faire chauffer de l'eau, et une théière et des tasses. Le LaFleur, lui, suivait des yeux sa cliente, notant les tissus dont la vue et le contact semblaient la ravir tout particulièrement, se faisant déjà une idée de ses goûts.
"A vrai dire je n'ai pas encore eu l'honneur d'une telle réalisation. Je n'ai commencé cette activité qu'une fois arrivé à Ozéna et... Malheureusement le développement culturel prend du temps, et les démonstrations n'ont pas l'ampleur qu'on leur connaissait dans l'ancien monde." soupira-t-il.
Fils de bonne famille, Frédéric avait vu un large panel de démonstration du génie créatif humain. En quelques mots, cette nouvelle cliente l'avait ramené bien des années en arrière, littéralement dans un autre monde où, malgré les ressources manquant de plus en plus, l'élite se permettait toujours des démonstrations abracadabrantesques et magnifiques de démesures, de couleurs, d'élégance, de fantaisie... Il y avait de quoi en avoir le vertige.
Suivant la délicate silhouette curieuse, tout en conservant une distance respectueuse, il ajouta :
"Dites-moi tout : de quoi auriez-vous besoin exactement ? Aviez-vous déjà un nom de scène dans l'ancien monde ? Vous souviendriez-vous d'un spectacle dont la tenue vous intéresserait ? Peut-être l'aurais-je vu... !"
C'était beaucoup espérer que d'imaginer qu'il aurait la référence - les habitants d'Ozéna venaient du monde entier, et l'ancien monde avait des millénaires d'histoire d'art derrière-lui -. Mais l'enthousiasme ne se limitait pas à pareille raison !
"Un vêtement de scène ? s'étonna-t-il tout haut.
- Vous aller donner un spectacle Mademoiselle ? s'étonna Cassandre en se relevant, le feu ayant bien pris.
- Très bonne question. Quel type de spectacle ? reprit Frédéric. Danse ? Théâtre ? Chant ? Opéra ? Malgré-lui, le spectre sentit son sourire s'étirer jusqu'à ses oreilles, des larmes lui montant aux yeux, sa voix le trahissant même par quelques frémissements. Excusez-moi, je ne souhaite pas vous presser. Mais l'évocation d'un spectacle me rappelle de bons souvenirs de l'ancien monde...! Il se frotta les yeux pour en chasser l'humidité. Je vous en prie, regardez tout votre saoul, Mademoiselle... ? Cassandre, une boisson chaude je vous prie."
Timide, la dryade attendait la réponse de la nouvelle venue avec une grande curiosité mais, rappelée à ses devoirs, elle s'éclipsa dans la pièce adjacente, et revint vite avec le nécessaire pour faire chauffer de l'eau, et une théière et des tasses. Le LaFleur, lui, suivait des yeux sa cliente, notant les tissus dont la vue et le contact semblaient la ravir tout particulièrement, se faisant déjà une idée de ses goûts.
"A vrai dire je n'ai pas encore eu l'honneur d'une telle réalisation. Je n'ai commencé cette activité qu'une fois arrivé à Ozéna et... Malheureusement le développement culturel prend du temps, et les démonstrations n'ont pas l'ampleur qu'on leur connaissait dans l'ancien monde." soupira-t-il.
Fils de bonne famille, Frédéric avait vu un large panel de démonstration du génie créatif humain. En quelques mots, cette nouvelle cliente l'avait ramené bien des années en arrière, littéralement dans un autre monde où, malgré les ressources manquant de plus en plus, l'élite se permettait toujours des démonstrations abracadabrantesques et magnifiques de démesures, de couleurs, d'élégance, de fantaisie... Il y avait de quoi en avoir le vertige.
Suivant la délicate silhouette curieuse, tout en conservant une distance respectueuse, il ajouta :
"Dites-moi tout : de quoi auriez-vous besoin exactement ? Aviez-vous déjà un nom de scène dans l'ancien monde ? Vous souviendriez-vous d'un spectacle dont la tenue vous intéresserait ? Peut-être l'aurais-je vu... !"
C'était beaucoup espérer que d'imaginer qu'il aurait la référence - les habitants d'Ozéna venaient du monde entier, et l'ancien monde avait des millénaires d'histoire d'art derrière-lui -. Mais l'enthousiasme ne se limitait pas à pareille raison !
Donatella
Maison de la Flamme et de l'Ombre
L’enthousiasme du tailleur ravit sa cliente. Ses questions étaient d’une précision remarquable et Donatella sentait avec joie qu’elle avait rencontré quelqu’un partageant son goût des spectacles et de toutes les extravagances qui s’y mêlaient. S’il n’avait pas encore réalisé de tenue de scène, et au vue du sourire qui traversait son visage, il serait peut-être enclin à lui offrir. Ou à travailler ensemble dessus. L’italienne avait la main pour ce genre de robe, surtout la concernant.
“Oh mais j’en perds mes politesses ! Je m’appelle Donatella, que l’on pose pied sur la scène de l’ancienne monde et sur les terres d’Ozéna.”
Accompagnant sa présentation, elle effectua un salut théâtral tant par amusement que par goût du dramatique.
“Je suis vraiment contente de rencontrer un connaisseur !”
Cassandre revint en lui tendant une boisson chaude. Donna la remercia et la prit doucement, réchauffant ses doigts sur la tasse fumante.
“Assez de mystère, je vous explique la situation ! Je vais monter, pour la première fois, sur la charmante estrade de l’Auberge Hurlante dans deux semaines. Je suis habituée à ce genre de prestation dans l’ancien monde mais d’une manière différente, forcément. Alors j’aimerais faire quelque chose de... qui me ressemble disons ! Et d’époustouflant ! Si vous me dites que la culture prend son temps à s’installer, je pense qu’il est temps de lui donner - si vous me permettez l’expression - un coup de pieds aux fesses !”
Elle sourit largement, les yeux toujours aussi pétillant.
Elle but une gorgée du breuvage, appréciant les notes sucrées qu’il comportait. Elle fit une petite remarque sur le goût appréciable à Cassandre pour la remercier à nouveau avant de reprendre. Sa promenade dans la boutique se remit en marche aussi. Comme si avoir les mains bloquées par la tasse transmettaient la bougeotte à ses pieds.
“J’étais cancatrice soprano. Les troupes se faisant rares et élitistes de nos anciens jours, je jouais pour un public plus restreint, privé et... fortuné. Je viens de Milan et nos concerts ont attiré du monde. Donatella et X, c’était notre nom de scène. Je chantais, surtout de l’opéra, et il m’accompagnait de ses mains de pianiste prodige.”
Un air nostalgique et absent s’empara de son visage quelques secondes. Elle le voyait au piano. Elle se voyait sur scène. Ces riches bien habillés qui s’installaient dans leur salon spécial. Ils jouaient, ils s’amusaient. Ces soirées débordaient de beauté, de joie, de vie !
Chassant ses souvenirs d’un petit mouvement de tête, elle reprit une gorgée avant de sourire à nouveau. Elle espérait réussir à recréer cette ambiance, ce sentiment si plaisant, ici, en ces lieux étranges et miraculeux.
“Je réalisais mes propres tenues donc je pourrais vous aider si vous le souhaitez. Je connais bien mes mensurations, ce qui est pratique. J’avais en tête quelque chose d’un peu fantaisiste, de nouveau. Je n’ai pas envie de reprendre des schémas de chez nous. Mon but n’est pas simplement de raviver une nostalgie de nos glorieux spectacles mais plutôt d’ouvrir un nouveau chapitre, de créer par rapport à ce monde-ci.”
Si Donna pouvait être réservée sur certains sujets, sa voix était une source de fierté et de confiance. Elle savait ce dont elle était capable et surtout, qu’elle était talentueuse. Son ambition théâtral provenait de cette certitude : sa voix plairait. Alors pourquoi se limiter ?
L’air quelque peu rêveur, elle ajouta :
“Même si j’avoue... j’ai eu la chance d’aller à Paris une fois pour voir La Traviata. Un classique ! Et ces tenues... Ce mélange d’époque avec des dorures, des pierres étincelantes ! J’étais toute secouée !”
Son amour du brillant était digne d’une petite fille désireuse d’être une princesse. Et elle n’était pas prête de s’en lasser !
“Oh mais j’en perds mes politesses ! Je m’appelle Donatella, que l’on pose pied sur la scène de l’ancienne monde et sur les terres d’Ozéna.”
Accompagnant sa présentation, elle effectua un salut théâtral tant par amusement que par goût du dramatique.
“Je suis vraiment contente de rencontrer un connaisseur !”
Cassandre revint en lui tendant une boisson chaude. Donna la remercia et la prit doucement, réchauffant ses doigts sur la tasse fumante.
“Assez de mystère, je vous explique la situation ! Je vais monter, pour la première fois, sur la charmante estrade de l’Auberge Hurlante dans deux semaines. Je suis habituée à ce genre de prestation dans l’ancien monde mais d’une manière différente, forcément. Alors j’aimerais faire quelque chose de... qui me ressemble disons ! Et d’époustouflant ! Si vous me dites que la culture prend son temps à s’installer, je pense qu’il est temps de lui donner - si vous me permettez l’expression - un coup de pieds aux fesses !”
Elle sourit largement, les yeux toujours aussi pétillant.
Elle but une gorgée du breuvage, appréciant les notes sucrées qu’il comportait. Elle fit une petite remarque sur le goût appréciable à Cassandre pour la remercier à nouveau avant de reprendre. Sa promenade dans la boutique se remit en marche aussi. Comme si avoir les mains bloquées par la tasse transmettaient la bougeotte à ses pieds.
“J’étais cancatrice soprano. Les troupes se faisant rares et élitistes de nos anciens jours, je jouais pour un public plus restreint, privé et... fortuné. Je viens de Milan et nos concerts ont attiré du monde. Donatella et X, c’était notre nom de scène. Je chantais, surtout de l’opéra, et il m’accompagnait de ses mains de pianiste prodige.”
Un air nostalgique et absent s’empara de son visage quelques secondes. Elle le voyait au piano. Elle se voyait sur scène. Ces riches bien habillés qui s’installaient dans leur salon spécial. Ils jouaient, ils s’amusaient. Ces soirées débordaient de beauté, de joie, de vie !
Chassant ses souvenirs d’un petit mouvement de tête, elle reprit une gorgée avant de sourire à nouveau. Elle espérait réussir à recréer cette ambiance, ce sentiment si plaisant, ici, en ces lieux étranges et miraculeux.
“Je réalisais mes propres tenues donc je pourrais vous aider si vous le souhaitez. Je connais bien mes mensurations, ce qui est pratique. J’avais en tête quelque chose d’un peu fantaisiste, de nouveau. Je n’ai pas envie de reprendre des schémas de chez nous. Mon but n’est pas simplement de raviver une nostalgie de nos glorieux spectacles mais plutôt d’ouvrir un nouveau chapitre, de créer par rapport à ce monde-ci.”
Si Donna pouvait être réservée sur certains sujets, sa voix était une source de fierté et de confiance. Elle savait ce dont elle était capable et surtout, qu’elle était talentueuse. Son ambition théâtral provenait de cette certitude : sa voix plairait. Alors pourquoi se limiter ?
L’air quelque peu rêveur, elle ajouta :
“Même si j’avoue... j’ai eu la chance d’aller à Paris une fois pour voir La Traviata. Un classique ! Et ces tenues... Ce mélange d’époque avec des dorures, des pierres étincelantes ! J’étais toute secouée !”
Son amour du brillant était digne d’une petite fille désireuse d’être une princesse. Et elle n’était pas prête de s’en lasser !
Frédéric LaFleur
Maison de la Flamme et de l'Ombre
Restée par curiosité, la dénommée Cassandre, dryade au côté du visage couvert de champignons et à la toison bouclée noire, regardait la demoiselle avec une timide admiration. Rêvant des spectacles que Donatella lui évoquait, par ses manières, son timbre de voix... Une cliente atypique et à la présence charmante, à vouloir faire rêver les colons ! Et alors que l'assistante et son employeur avaient été au diapason, une fausse note était survenue, plongeant le LaFleur dans un océan de contrariété.
Deux semaines !
Deux semaines... ?
... DEUX semaines !?
A l'empressement de la cantatrice pour formuler sa demande et ses ambitions, le tailleur ne répondait plus que par un fébrile sourire, son esprit saisi par un froid calcul. Le rêve avait pris un méchant revers pragmatique, et il préféra déposer sa propre tasse sur son bureau, bien trop ennuyé pour tout à fait prêter attentions aux détails évoqués. Se serrant les mains de nervosité, il fit face à la demoiselle, toute pimpante d'espoir et de bonne volonté. Notant son air sérieux, la mine enchantée de Cassandre se fana un peu.
Ah, cela faisait parti du travail mais c'était loin d'en être la partie la plus agréable. Frédéric pesta intérieurement.
"Mademoiselle Donatella, malgré tout mon enthousiasme, que dis-je, mon ravissement à l'idée de réaliser pour vous pareille tenue, l'honnêteté m'oblige à vous le dire ainsi : je ne pourrais donner corps à votre désir. annonça le tailleur avec le ton solennel d'un fossoyeur. Il y avait dans sa voix résolue une tristesse assourdie... Mon temps est grandement occupé par mon activité principale, à mon grand regret, et pour porter votre vision, j'ai bien peur que quelques courtes soirées ne soient insuffisantes...
- Êtes-vous sûr Monsieur ? hasarda la dryade, hésitante face à ce brusque refus. Nous avons pourtant parfois réalisé pendant quelques soirs, des commandes plus urgentes que...
- Ne soit pas ridicule. répliqua vivement Frédéric... Avant de grimacer et de reprendre plus doucement. Chère Cassandre, ton optimisme m'est des plus appréciables mais, pour l'heure, j'ai peur qu'il ne soit tout à fait insuffisant pour réaliser ce que Mademoiselle Donatella à en tête. Se tournant un peu vers son assistante, il ajouta. Pour avoir vu des collections privées... As-tu la moindre idée du temps nécessaire pour réaliser des tenues de scène ? Du nombre de petites mains oeuvrant pendant des jours ? Les machines s'occupaient du plus laborieux et évident mais ! La main humaine restait l'outil le plus versatile, pour les réalisations les plus ambitieuses. Et de machine, nous n'en avons pas. Nous... Secouant la tête, il revint à Donatella. Mes excuses, mademoiselle..."
Cruellement touché par son expérience limitée, face aux scintillements de ses souvenirs de spectacles enchanteurs, le LaFleur ne savait plus vraiment... Sur quel pied danser. La Traviata... Il n'avait pas vu ce spectacle-ci mais d'autres l'avaient enchanté par leur élégance. Et ces placards sans fond de collection ancienne de grande maison de couture, que l'étudiant las qu'il avait été avait pu se laisser à contempler à travers des écrans, admirant le résultat de techniques dont il n'avait pas idée, seulement envie d'essayer de ses doigts, pour façonner lui-même ces silhouettes féeriques. Et voilà que lui revenait cette frustration, d'être contraint de soigner par devoir plutôt que se dévouer à l'art par passion... ! Ah, il se sentait le tailleur le plus malheureux du monde !... Certes, ils n'étaient pas nombreux dans ce monde-ci, mais cela n'arrangeait pas sa peine. Pire, elle ne la rendait que plus vraie !
Un instant perdu dans ses tracas, le LaFleur ne réalisa pas que son assistante s'était avancée vers Donatella.
"Mademoiselle, pour une première prestation... Accepteriez-vous, peut-être, de vous approprier l'une des tenues que nous avons déjà préparé ? demanda doucement la dryade. Avec des retouches bien sûr... Mais de spectacles, nous en avons si peu, un rien pourrait ravir nos concitoyens ! sourit la raisonnable demoiselle.
- Prendre une tenue déjà faites... Quel en serait l'attrait ? Il n'y aurait pas de broderie dorée, d'effet de voile...! se lamenta soudainement le LaFleur, en entendant la suggestion.
- Qu'en dites-vous ? la tendre dryade eut la grande idée d'ignorer complètement les émois de son employeur. Plutôt que de partir de rien, nous aurions plus de temps pour éventuellement ajouter des détails, l'ajuster à vos mensurations..."
Deux semaines !
Deux semaines... ?
... DEUX semaines !?
A l'empressement de la cantatrice pour formuler sa demande et ses ambitions, le tailleur ne répondait plus que par un fébrile sourire, son esprit saisi par un froid calcul. Le rêve avait pris un méchant revers pragmatique, et il préféra déposer sa propre tasse sur son bureau, bien trop ennuyé pour tout à fait prêter attentions aux détails évoqués. Se serrant les mains de nervosité, il fit face à la demoiselle, toute pimpante d'espoir et de bonne volonté. Notant son air sérieux, la mine enchantée de Cassandre se fana un peu.
Ah, cela faisait parti du travail mais c'était loin d'en être la partie la plus agréable. Frédéric pesta intérieurement.
"Mademoiselle Donatella, malgré tout mon enthousiasme, que dis-je, mon ravissement à l'idée de réaliser pour vous pareille tenue, l'honnêteté m'oblige à vous le dire ainsi : je ne pourrais donner corps à votre désir. annonça le tailleur avec le ton solennel d'un fossoyeur. Il y avait dans sa voix résolue une tristesse assourdie... Mon temps est grandement occupé par mon activité principale, à mon grand regret, et pour porter votre vision, j'ai bien peur que quelques courtes soirées ne soient insuffisantes...
- Êtes-vous sûr Monsieur ? hasarda la dryade, hésitante face à ce brusque refus. Nous avons pourtant parfois réalisé pendant quelques soirs, des commandes plus urgentes que...
- Ne soit pas ridicule. répliqua vivement Frédéric... Avant de grimacer et de reprendre plus doucement. Chère Cassandre, ton optimisme m'est des plus appréciables mais, pour l'heure, j'ai peur qu'il ne soit tout à fait insuffisant pour réaliser ce que Mademoiselle Donatella à en tête. Se tournant un peu vers son assistante, il ajouta. Pour avoir vu des collections privées... As-tu la moindre idée du temps nécessaire pour réaliser des tenues de scène ? Du nombre de petites mains oeuvrant pendant des jours ? Les machines s'occupaient du plus laborieux et évident mais ! La main humaine restait l'outil le plus versatile, pour les réalisations les plus ambitieuses. Et de machine, nous n'en avons pas. Nous... Secouant la tête, il revint à Donatella. Mes excuses, mademoiselle..."
Cruellement touché par son expérience limitée, face aux scintillements de ses souvenirs de spectacles enchanteurs, le LaFleur ne savait plus vraiment... Sur quel pied danser. La Traviata... Il n'avait pas vu ce spectacle-ci mais d'autres l'avaient enchanté par leur élégance. Et ces placards sans fond de collection ancienne de grande maison de couture, que l'étudiant las qu'il avait été avait pu se laisser à contempler à travers des écrans, admirant le résultat de techniques dont il n'avait pas idée, seulement envie d'essayer de ses doigts, pour façonner lui-même ces silhouettes féeriques. Et voilà que lui revenait cette frustration, d'être contraint de soigner par devoir plutôt que se dévouer à l'art par passion... ! Ah, il se sentait le tailleur le plus malheureux du monde !... Certes, ils n'étaient pas nombreux dans ce monde-ci, mais cela n'arrangeait pas sa peine. Pire, elle ne la rendait que plus vraie !
Un instant perdu dans ses tracas, le LaFleur ne réalisa pas que son assistante s'était avancée vers Donatella.
"Mademoiselle, pour une première prestation... Accepteriez-vous, peut-être, de vous approprier l'une des tenues que nous avons déjà préparé ? demanda doucement la dryade. Avec des retouches bien sûr... Mais de spectacles, nous en avons si peu, un rien pourrait ravir nos concitoyens ! sourit la raisonnable demoiselle.
- Prendre une tenue déjà faites... Quel en serait l'attrait ? Il n'y aurait pas de broderie dorée, d'effet de voile...! se lamenta soudainement le LaFleur, en entendant la suggestion.
- Qu'en dites-vous ? la tendre dryade eut la grande idée d'ignorer complètement les émois de son employeur. Plutôt que de partir de rien, nous aurions plus de temps pour éventuellement ajouter des détails, l'ajuster à vos mensurations..."
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