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Flashback Décembre 110 : Les Fêtes de fin d'année [Elizabeth Moonmawh & Chandler Riskain]
Elizabeth Moonmawh
Maison de la Terre et du Sang
La fin de la troisième année en Ozéna approchait doucement. Elizabeth rencontrait encore quelques difficultés à s’acclimater à tout : le nouveau monde, son poste de prêtresse au temple d’Ekaris, les nouvelles limites de son statut de métamorphe, et... Son rôle de maman, bien sûr. Ciel qu’elle les aimait ses trois bouts de chou, mais elle avait si peu d’expérience, si peu de recul. D’autant plus que le regard des autres la terrifiait. Et s’ils devinaient qu’elle est une imposture, que ses enfants ne sont pas les siens, qu’ils sont adoptés ? Et si, n’assurant pas assez, on lui retirait leur garde ? Le Haut-Prêtre avait produit une miracle une fois, rien ne garantissait qu’il l’aiderait une nouvelle fois...
La peur au ventre, Elizabeth n’avait pas le temps de flancher. Aurora approchait, et le temple lui avait demander d’aller au marché de la grande place du quartier de la Maison de Terre et de Sang pour récupérer quelques provisions manquantes. Cela tombait bien, la jeune maman avait des courses à faire pour chez elle aussi... Mais cela tombait mal, car elle devait justement aussi gérer les courses pour chez elle aussi. Heureusement qu’elle avait pu se faire construire une poussette, pour transporter Edward, bébé à l’époque, et les différents achats.
L’autre difficulté du jour était le marché hivernal du quartier Sud. Plusieurs commerçants profitaient de l’arrivée des cérémonies et de l’esprit festif global de la ville pour organiser un marché en plein air. Une initiative absolument positive, bien sûr, mais peu pratique lorsqu’on soit s’y mouvoir une poussette et des enfants. Elizabeth regrettait de ne pas avoir demandé à Balthazar s’il pouvait garder au moins les deux bébés une heure ou deux, mais elle n’avait pas osé l’embêter. Voilà donc comment elle se retrouvait dans les marchés, déambulant de sorte à essayer de ne pas bousculer ou gêner les gens, s’excusant lorsque ça manquait d’arriver, poussant sa poussette d’une patte et tenant celle de Lïn qui devenait trop grand pour la poussette -six ans en 110 !- de l’autre et essayant de garder un œil sur Göttier. Au moins, Edward tenait encore dans la poussette à l’époque. Clairement, Elizabeth n’avait ni assurance ni charisme à l’époque. Phew !
Mamaaaan, je peux avoir un gâteau ? Demandait Lïn, tirant la patte de sa maman avec une certaine insistance. Celle-ci répondait avec une patience vacillante : Une autre fois mon ange, d’accord ?
Déconcentrée, elle sentit la poussette bousculer un passant, et lâcha un énième pardon en cette journée chargée. Elle n’avait même pas eu l’énergie de regarder le pauvre passant. Elle s’en sentirait bien honteuse, mais elle n’en avait pas le temps.
Alleeeeez-euh...
S’il te plait Lïn. Elle ferma les yeux un instant, essayant de ne pas élever inutilement la voix. Autorité saine n’a pas besoin de cri, autorité saine n’a pas besoin de cri... Sois sage et nous verrons ça un autre jour cette semaine. Fais comme ton grand frère, il est tout..? Hm ? Mon cœur ? Gôttier !?
En un instant, Elizabeth était saisie d’une impitoyable panique : elle ne voyait le jeune bouquetin noir nulle part. Les sens en alerte, elle cherchait du regard partout autour d’elle, se sentant soudainement étouffée, et traversée par des sueurs froides.
Non, non, pas ça... Gôttier ! Göttier !
Un monstre n’aurait pas profité de la situation pour kidnapper le pauvre métamorphe tout de même, n’est-ce pas ? Elizabeth ne pouvait s’empêcher de supposer le pire. Comment faire autrement ? Il devait se sentir perdu, égaré au milieu de la foule. Le pauvre n’avait que huit ans, devait-il en plus continuer à subir ? D’autant plus qu’il faisait froid en ce mois de décembre, et si quelqu’un le bousculait et le blessait ? Et si Elizabeth ne le retrouvait pas à temps, ou pire, pas du tout ? Son cœur battait, prêt à rompre à tout instant.
Maman..?
Il ne fallait pas longtemps pour que les deux plus jeunes remarquent leur maman suffocante et en souffrance certaine. Comment ravaler la panique d’une telle situation ? Elle voulait être à la hauteur, elle les avait récupéré de l’ancien monde pour qu’ils profitent d’une meilleure vie, mais pouvait-elle vraiment leur en offrir une ? Elle repensait aussi à Aurélie, cette scène horrible dans laquelle elle faisait face seule à leur agresseur pour qu’Elizabeth puisse fuir avec les trois enfants. Elle avait dû affronter des horreurs inimaginables face à ces pillards, ces tueurs, ces... Et elle, elle perdait son enfant qu’elle lui avait confié. “Incapable, incapable” se répétait-elle, “tu es incapable, et indigne” pendant qu’elle continuait de crier le nom de Göttier. En vain.
M..M’man ?
Tout va bien les enfants, tout va bien.
Tant bien que mal, elle essayait de paralyser ses suffocations, d’avoir l’air sereine devant ses deux petits. Certainement que cela ne les rassurerait pas, mais elle n’avait pas le temps de faire plus. Elle poussa sa poussette, avançant en essayant de ne pas trop tirer Lïn -même si elle n’avait en tête que l’idée de se hâter. Elle se demandait quoi faire, impuissante, elle ne pouvait pas juste chercher dans le marché au hasard, ça n’irait pas assez vite... En temps normal, elle n’aimerait pas l’idée d’interrompre la promenade d’un visiteur des marchés, mais la situation l’imposait.
Du coin de œil elle aperçut un métamorphe au pelage roux. Peut-être qu’elle l’avait déjà croisé plus tôt au marché ; elle ne s’en souvenait pas. D’une impétuosité absolument pas naturelle, mais nécessaire, elle lui attrapa la patte. Les yeux perlés de larmes, elle essayait de capter son intention et son regard.
Je... Je suis navrée, c’est urgent, est-ce que vous auriez vu un enfant ? Métamorphe, entre sept et huit ans, bouquetin, pelage noir, yeux rouges, des courtes cornes sur le haut du crâne, possiblement perdu, égaré... Je... Je vous en prie, j’ai besoin d’aide...
La poitrine serrée, elle savait qu’elle n’avait pas le choix. Elle devait demander de l’aide, Göttier était possiblement en danger, quelque part, le pire pouvant le frapper à tout instant... Comprenant à peine tout ce qu’il passait, le jeune Lïn tenait la poussette et poussa d’une voix fébrile.
On a perdu mon grand frère...
La peur au ventre, Elizabeth n’avait pas le temps de flancher. Aurora approchait, et le temple lui avait demander d’aller au marché de la grande place du quartier de la Maison de Terre et de Sang pour récupérer quelques provisions manquantes. Cela tombait bien, la jeune maman avait des courses à faire pour chez elle aussi... Mais cela tombait mal, car elle devait justement aussi gérer les courses pour chez elle aussi. Heureusement qu’elle avait pu se faire construire une poussette, pour transporter Edward, bébé à l’époque, et les différents achats.
L’autre difficulté du jour était le marché hivernal du quartier Sud. Plusieurs commerçants profitaient de l’arrivée des cérémonies et de l’esprit festif global de la ville pour organiser un marché en plein air. Une initiative absolument positive, bien sûr, mais peu pratique lorsqu’on soit s’y mouvoir une poussette et des enfants. Elizabeth regrettait de ne pas avoir demandé à Balthazar s’il pouvait garder au moins les deux bébés une heure ou deux, mais elle n’avait pas osé l’embêter. Voilà donc comment elle se retrouvait dans les marchés, déambulant de sorte à essayer de ne pas bousculer ou gêner les gens, s’excusant lorsque ça manquait d’arriver, poussant sa poussette d’une patte et tenant celle de Lïn qui devenait trop grand pour la poussette -six ans en 110 !- de l’autre et essayant de garder un œil sur Göttier. Au moins, Edward tenait encore dans la poussette à l’époque. Clairement, Elizabeth n’avait ni assurance ni charisme à l’époque. Phew !
Mamaaaan, je peux avoir un gâteau ? Demandait Lïn, tirant la patte de sa maman avec une certaine insistance. Celle-ci répondait avec une patience vacillante : Une autre fois mon ange, d’accord ?
Déconcentrée, elle sentit la poussette bousculer un passant, et lâcha un énième pardon en cette journée chargée. Elle n’avait même pas eu l’énergie de regarder le pauvre passant. Elle s’en sentirait bien honteuse, mais elle n’en avait pas le temps.
Alleeeeez-euh...
S’il te plait Lïn. Elle ferma les yeux un instant, essayant de ne pas élever inutilement la voix. Autorité saine n’a pas besoin de cri, autorité saine n’a pas besoin de cri... Sois sage et nous verrons ça un autre jour cette semaine. Fais comme ton grand frère, il est tout..? Hm ? Mon cœur ? Gôttier !?
En un instant, Elizabeth était saisie d’une impitoyable panique : elle ne voyait le jeune bouquetin noir nulle part. Les sens en alerte, elle cherchait du regard partout autour d’elle, se sentant soudainement étouffée, et traversée par des sueurs froides.
Non, non, pas ça... Gôttier ! Göttier !
Un monstre n’aurait pas profité de la situation pour kidnapper le pauvre métamorphe tout de même, n’est-ce pas ? Elizabeth ne pouvait s’empêcher de supposer le pire. Comment faire autrement ? Il devait se sentir perdu, égaré au milieu de la foule. Le pauvre n’avait que huit ans, devait-il en plus continuer à subir ? D’autant plus qu’il faisait froid en ce mois de décembre, et si quelqu’un le bousculait et le blessait ? Et si Elizabeth ne le retrouvait pas à temps, ou pire, pas du tout ? Son cœur battait, prêt à rompre à tout instant.
Maman..?
Il ne fallait pas longtemps pour que les deux plus jeunes remarquent leur maman suffocante et en souffrance certaine. Comment ravaler la panique d’une telle situation ? Elle voulait être à la hauteur, elle les avait récupéré de l’ancien monde pour qu’ils profitent d’une meilleure vie, mais pouvait-elle vraiment leur en offrir une ? Elle repensait aussi à Aurélie, cette scène horrible dans laquelle elle faisait face seule à leur agresseur pour qu’Elizabeth puisse fuir avec les trois enfants. Elle avait dû affronter des horreurs inimaginables face à ces pillards, ces tueurs, ces... Et elle, elle perdait son enfant qu’elle lui avait confié. “Incapable, incapable” se répétait-elle, “tu es incapable, et indigne” pendant qu’elle continuait de crier le nom de Göttier. En vain.
M..M’man ?
Tout va bien les enfants, tout va bien.
Tant bien que mal, elle essayait de paralyser ses suffocations, d’avoir l’air sereine devant ses deux petits. Certainement que cela ne les rassurerait pas, mais elle n’avait pas le temps de faire plus. Elle poussa sa poussette, avançant en essayant de ne pas trop tirer Lïn -même si elle n’avait en tête que l’idée de se hâter. Elle se demandait quoi faire, impuissante, elle ne pouvait pas juste chercher dans le marché au hasard, ça n’irait pas assez vite... En temps normal, elle n’aimerait pas l’idée d’interrompre la promenade d’un visiteur des marchés, mais la situation l’imposait.
Du coin de œil elle aperçut un métamorphe au pelage roux. Peut-être qu’elle l’avait déjà croisé plus tôt au marché ; elle ne s’en souvenait pas. D’une impétuosité absolument pas naturelle, mais nécessaire, elle lui attrapa la patte. Les yeux perlés de larmes, elle essayait de capter son intention et son regard.
Je... Je suis navrée, c’est urgent, est-ce que vous auriez vu un enfant ? Métamorphe, entre sept et huit ans, bouquetin, pelage noir, yeux rouges, des courtes cornes sur le haut du crâne, possiblement perdu, égaré... Je... Je vous en prie, j’ai besoin d’aide...
La poitrine serrée, elle savait qu’elle n’avait pas le choix. Elle devait demander de l’aide, Göttier était possiblement en danger, quelque part, le pire pouvant le frapper à tout instant... Comprenant à peine tout ce qu’il passait, le jeune Lïn tenait la poussette et poussa d’une voix fébrile.
On a perdu mon grand frère...
Chandler Riskain
Maison de la Terre et du Sang
Les fêtes de fin d'année
Décembre 110 - Quartier SUD - Place Centrale
Elizabeth Moonmawh & Chandler Riskain
Le mois prochain, Chandler fêtera sa deuxième année sur Ozéna. Elle lui paraît déjà bien loin cette époque où il avait eu besoin d'un mentor pour lui présenter son nouveau territoire. Son futur royaume, comme il aimait à le penser. Enfin, non pas qu'il ait longtemps eu besoin d'un tuteur. Le jeune homme s'était rapidement émancipé de toutes ces formalités que représentaient les délais d'acclimatations et le temps nécessaire pour "prendre ses marques" comme on dit. Alors certes, il vivait toujours dans un de ces appartements au QG de sa maison, mais c'était purement par intérêt autant que par sens de l'économie. Cela lui permettait de garder ses ressources de côté, de se montrer aux yeux du plus grand nombre, et de montrer par la même occasion qu'il était toujours disponible à qui voudrait bien lui confier un service.
Ce jour-là, point de mission précise à remplir. Les toîts percés avaient été comblés, le bois coupé apporté dans les chambrées, et un ou deux messages transmis à qui de droit. Il ne restait à Chandler que l'embarras du choix sur la façon d'occuper le reste de son temps pour aujourd'hui. Une petite virée au marché l'avait inspiré. C'était aussi souvent par là qu'il choppait de nouveaux contrats ou des potins croustillants à se mettre sous la dent. Cette fois, comme cela lui arrivait parfois, c'était le contrat et le potin même qui le choppèrent par le bras en l'espèce d'une métamorphe louve qui, les larmes aux yeux, se mit à le supplier.
À l'instant où cette femme l'avait attrapé par la manche de son manteau il avait d'abord pensé à sa dégager en grognant d'un geste reflexe. Quand même, ce n'était pas des manières ! Certes, il n'avait pas froid dans son épais pelage roux et son manteau de laine teint de rouge ne servait que d'élément d'apparat. Il l'avait fait brodé par une femme aux talents de couturières indiscutables contre un paquet d'autres services l'hiver dernier. L'assurance d'avoir la classe et d'être pris au sérieux. Point n'était question de faire de cet atout de mode indiscutable l'unique moyen d'attirer son attention en tirant dessus comme sur un vulgaire torchon de cuisine ! ... mais Chandler se retint. Autant par courtoisie que parce qu'il n'eut pas le temps de se montrer aussi désagréable qu'il aurait pu l'être. La détresse qui se dégageait de son " agresseuse " le prit à la gorge avant toute chose.
Un enfant ? Entre sept et huit ans ? Enfin bon. Il a sept, ou bien huit ans déjà ? Faudrait savoir, ma p'tit dame ! Chandler l'écoutait, buvant ses paroles et s'imprégnant des indices de l'enquête qu'on semblait lui présenter. Cette louve cherchait un enfant et lui faisait un descriptif complet du petit bonhomme perdu. C'était suffisant pour lui pardonner de l'avoir interrompu dans sa promenade du jour.
" Respirez madame. " Répondit Chandler aussitôt. " Et toi aussi, petite . " Adressa-t-il calmement aux deux femelles angoissées devant lui.
Et pour montrer l'exemple, le renard inspira profondément et souffla tout aussi doucement, allant jusqu'à mi-clore ses yeux. Du temps gagné pour réfléchir à la situation et que tout le monde puisse reprendre son calme. Cette femme sentait le gâteau et les fleurs. Et un petit peu le champilait. Il l'avait déjà croisé au QG. Elle et ses trois marmots. C'est qu'il n'y avait pas beaucoup d'enfants à Azamyr, elle était un petit peu l'exception qui confirmait la règle d'ailleurs mais il n'avait pas encore pris plus le temps que ça de la rencontrer ni de la connaître. D'ailleurs, qui serait assez fou pour gaspiller son pognon pour emmener ses marmots à travers la porte ? Ce devait être une personnalité ... intéressante. Enfin. C'était un autre sujet. Parce qu'en parlant de marmots, visiblement, il en manquait un.
" On vas le retrouver, ok ? " Reprit Chandler en posant doucement sa patte sur celle de la dame. Un contact doux et plutôt chaleureux. " Déjà, pour commencer. Vous l'avez vu quand, en dernier ? Vous vous souvenez à quel étal ? "
Le renard profita de cet instant de réflexion pour se dégager de son emprise et relisser discrètement le tissu de sa manche. Puis il alla fourrer son museau autant que son regard du côté de la poussette. Bel ouvrage. Ça sent le chat et une petite tête rousse ressort d'une épaisse couverture. Chandler offre un grand sourire calme et doux aux deux yeux noirs qui le fixent depuis là-dedans. Sa truffe frétille. Odeur de petits gâteaux et de champilait plus prononcé. Quelques relents d'animaux. Il fallait prendre des indices.
Tout en flairant la poussette et ses environs immédiats Chandler scrutait les alentours. Si il avait pu y appercevoir un bouquetin noir du premier coup d'oeil ça aurait été trop facile. La question était plutôt de savoir s' il y avait des marchands de bonbons ou de petits gâteaux à proximité ou sur ce marché même. Les fêtes de Cerpuscula et d'Aurora se préparaient un petit peu partout en ville. Le Quartier Sud ne faisait pas exception et la place était effectivement animée de plusieurs groupes de marchands et autres vendeurs devant leurs boutiques ouvertes.
Tout en flairant la poussette et ses environs immédiats Chandler scrutait les alentours. Si il avait pu y appercevoir un bouquetin noir du premier coup d'oeil ça aurait été trop facile. La question était plutôt de savoir s' il y avait des marchands de bonbons ou de petits gâteaux à proximité ou sur ce marché même. Les fêtes de Cerpuscula et d'Aurora se préparaient un petit peu partout en ville. Le Quartier Sud ne faisait pas exception et la place était effectivement animée de plusieurs groupes de marchands et autres vendeurs devant leurs boutiques ouvertes.
" Vous êtes une louve, pas vrai ? Alors ce sera un jeu d'enfant pour nous de le retrouver, vous verrez. Est-ce que c'est un gourmand par hasard, ce grand frère ? " Demanda Chandler d'une voix mielleuse et chaleureuse en s'adressant autant à la mère qu'à ses deux bambins..
Elizabeth Moonmawh
Maison de la Terre et du Sang
Dos au mur, désespérée, Elizabeth eut au moins la chance de saisir le bras d’une personne qui semblait efficient, bienveillant, et diplomate. La situation ne permettrait pas vraiment à la maman en détresse de prendre le recul nécessaire de respirer calmement et analyser pragmatiquement la situation. Alors, sans plus réfléchir, elle saisit la suggestion basique du bon métamorphe vulpin et essaye de se concentrer sur sa respiration.
Lïn prit exemple sur sa maman, sans trop comprendre pourquoi ; sans trop non plus savoir pourquoi le monsieur eu pelage roux l’avait nommé « petite », mot qui s’implanta dans son esprit comme une petite graine qui mettra quelques années à germer sous forme de nouvelles questions. Pour le moment, le cervidé était surtout hypnotisé par le calme olympien dont faisait preuve son interlocuteur ; et par les jeux de respiration auquel il s’adonnait soudainement avec sa maman, jeux que l’enfant s’amusait à imiter avec un certain succès.
Sur l’instant, Elizabeth balbutia un mot inconnu qui ressemblait phonétiquement à un mélange entre « navrée » et « merci ». Navrrcie ? Mévrée ? Probablement, quelque chose dans ces eaux-là. Elle ne repoussa absolument pas son geste tendre -et libérateur pour sa manche, au contraire, c’était plutôt bienvenu. Elle n’était pas encore en état de noter si elle avait ou non abimé son habit, mais certainement qu’elle se confondrait en excuse en temps voulu si c’était le cas. Pour le moment, l’esprit moins tourmenté par la panique, libéré de ses nuages ; Elizabeth essayait de remettre au clair ses pensées et les évènements passés. Ils n’étaient pas au marché depuis le petit matin, non plus, Göttier ne pouvait pas être si loin. D’une voix plus proche de son habituel ton calme, bien qu’encore porteur d’un aspect roque, conséquence de ses récents pleurs, la louve retraça son parcours parmi les étals.
Eh bien… Nous avons commencé par récupérer quelques tissus, des perles hivernales, et d’autres accessoires pour le temple. Je… Je me souviens clairement que Göttier était encore là quelques étals plus loin, il m’avait demandé si on allait manger quelque chose de particulier pour la fin d’année. Puis je n’en suis plus aussi certaine…
Plus la prêtresse essayait de se remémorer le fil des évènements récents, plus celui-ci lui semblait s’effilocher. Pendant qu’elle cherchait ses mots, la frimousse du chaton rond s’étirait doucement en-dehors du berceau, curieux d’apercevoir un métamorphe d’une couleur de pelage aussi similaire à la sienne, bien qu’un poil plus sombre, tirant sur le rouge alors que le sien tirait plutôt vers le clair et le jaune. Le confort de la couverture préservait petit Edward du froid, et il n’avait pas de mal à sourire doucement à Chandler lorsque leurs regards se croisèrent. Dès qu’il entendit la voix irremplaçable de sa maman, son attention se retourna vers elle ; même s’il était incapable de comprendre tout ce qu’elle racontait, le simple fait de l’entendre lui procurait un état de bien-être.
Nous avons acheté des pâtisseries pour le temple, ainsi que du bois, de la nourriture pour la maison… Je-je ne sais plus à quel moment je l’ai perdu de vue. C’est terrible, quelle… ”Quelle mère horrible je fais”, avait-elle commence à dire. Mais elle n’avait pas certainement pas le temps de se plaindre ni de se complaindre dans la complaisance de son incompétence du jour. Hm. Puis j’en suis arrivée ici, à vous demander de l’aide. Le dernier étal était celui des accessoires et décorations, juste avant qu’on ne passe aux étals de nourritures.
De façon tout à fait pertinente, Chandler mit en avant le côté « louve » de la métamorphe, faisant ici certainement mention au flair qu’elle possédait. Cela faisait près d’un an qu’elle s’était habituée à cette étrange force physique, et à ses sens développés… Mais en soi, elle n’avait jamais vraiment eu l’occasion de « pister » quelqu’un en utilisant sa truffe.
Je suis une… Louve, oui ; douée des sens propres à l’espèce. Je n’ai pas souvent eu l’occasion de les mettre en pratique, mais… Mais c’était le meilleur moment de le faire, oui. Quant à Göttier… Gourmand, gourmand, il mange bien à table, il apprécie le goûter… Sinon…
Göt-té il a dit que-euh il voulait un gros gâteau. Gros comme ça. Bien entendu, le gros comme « ça » s’accompagnait de deux bras grands ouverts pour mimer la gigantesque taille du dit gâteau dont, apparemment, voulait Göttier, aka Göt-té ici. C’est gourmand ça, non ?
Déclarait avec éclat Lïn, comme s’il était porteur d’une vérité profonde, faisant fi des mots sur lesquels il butait un peu. D’un ton plus bas ; d’une voix encore prise dans quelques réflexions, Elizabeth rebondit.
Hm, oui, depuis quelques temps il a tendance à… Réclamer, pourrait-elle dire, mais elle se retint. Demandé quelques achats de desserts. Mais je ne sais pas s’il en userait comme motif pour s’échapper à ma surveillance…
Elizabeth soupira, toujours en signe de honte, elle avait la sensation que quelque chose lui avait échappé, une chose qui ne lui revenait pas et qui cultivait en elle un champ de culpabilité latente et indicible. Mais elle ne souhaitait pas vraiment prendre le temps de s’attarder là-dessus, son ainé l’attendait, là, quelque part dans les marchés. La louve se redressa alors, essayant de mettre en application son odorat lupin, de percer la bonne fragrance parmi la multitude d’odeurs qui parsemait le marché.
Encore merci, votre aide et soutien sont pour le moins… Providentiels.
Disait Elizabeth, essayant de ne pas, en plus, manquer de reconnaissance envers son héros du jour. Puis elle engagea de nouveau ses forces à pousser la poussette d’une patte, poussette qui transportait toujours le petit chaton qui demeurait bien au chaud ; ainsi que les produits achetés aux différentes étales du marché. De son autre patte, elle reprenait celle de Lïn, bien assurée à ne pas le laisser disparaître dans la nature sauvage du marché du quartier Sud lui non plus. Le tout en gardant sa truffe en recherche active, essayant encore de trouver une éclaircie dans le maelstrom des odeurs environnantes.
Le trouvant gentil, Lïn tendit son autre patte à lui vers le renard, se disant d’une naïveté enfantine que lui aussi pourrait vouloir qu’on lui prenne la pattoune.
Lïn prit exemple sur sa maman, sans trop comprendre pourquoi ; sans trop non plus savoir pourquoi le monsieur eu pelage roux l’avait nommé « petite », mot qui s’implanta dans son esprit comme une petite graine qui mettra quelques années à germer sous forme de nouvelles questions. Pour le moment, le cervidé était surtout hypnotisé par le calme olympien dont faisait preuve son interlocuteur ; et par les jeux de respiration auquel il s’adonnait soudainement avec sa maman, jeux que l’enfant s’amusait à imiter avec un certain succès.
Sur l’instant, Elizabeth balbutia un mot inconnu qui ressemblait phonétiquement à un mélange entre « navrée » et « merci ». Navrrcie ? Mévrée ? Probablement, quelque chose dans ces eaux-là. Elle ne repoussa absolument pas son geste tendre -et libérateur pour sa manche, au contraire, c’était plutôt bienvenu. Elle n’était pas encore en état de noter si elle avait ou non abimé son habit, mais certainement qu’elle se confondrait en excuse en temps voulu si c’était le cas. Pour le moment, l’esprit moins tourmenté par la panique, libéré de ses nuages ; Elizabeth essayait de remettre au clair ses pensées et les évènements passés. Ils n’étaient pas au marché depuis le petit matin, non plus, Göttier ne pouvait pas être si loin. D’une voix plus proche de son habituel ton calme, bien qu’encore porteur d’un aspect roque, conséquence de ses récents pleurs, la louve retraça son parcours parmi les étals.
Eh bien… Nous avons commencé par récupérer quelques tissus, des perles hivernales, et d’autres accessoires pour le temple. Je… Je me souviens clairement que Göttier était encore là quelques étals plus loin, il m’avait demandé si on allait manger quelque chose de particulier pour la fin d’année. Puis je n’en suis plus aussi certaine…
Plus la prêtresse essayait de se remémorer le fil des évènements récents, plus celui-ci lui semblait s’effilocher. Pendant qu’elle cherchait ses mots, la frimousse du chaton rond s’étirait doucement en-dehors du berceau, curieux d’apercevoir un métamorphe d’une couleur de pelage aussi similaire à la sienne, bien qu’un poil plus sombre, tirant sur le rouge alors que le sien tirait plutôt vers le clair et le jaune. Le confort de la couverture préservait petit Edward du froid, et il n’avait pas de mal à sourire doucement à Chandler lorsque leurs regards se croisèrent. Dès qu’il entendit la voix irremplaçable de sa maman, son attention se retourna vers elle ; même s’il était incapable de comprendre tout ce qu’elle racontait, le simple fait de l’entendre lui procurait un état de bien-être.
Nous avons acheté des pâtisseries pour le temple, ainsi que du bois, de la nourriture pour la maison… Je-je ne sais plus à quel moment je l’ai perdu de vue. C’est terrible, quelle… ”Quelle mère horrible je fais”, avait-elle commence à dire. Mais elle n’avait pas certainement pas le temps de se plaindre ni de se complaindre dans la complaisance de son incompétence du jour. Hm. Puis j’en suis arrivée ici, à vous demander de l’aide. Le dernier étal était celui des accessoires et décorations, juste avant qu’on ne passe aux étals de nourritures.
De façon tout à fait pertinente, Chandler mit en avant le côté « louve » de la métamorphe, faisant ici certainement mention au flair qu’elle possédait. Cela faisait près d’un an qu’elle s’était habituée à cette étrange force physique, et à ses sens développés… Mais en soi, elle n’avait jamais vraiment eu l’occasion de « pister » quelqu’un en utilisant sa truffe.
Je suis une… Louve, oui ; douée des sens propres à l’espèce. Je n’ai pas souvent eu l’occasion de les mettre en pratique, mais… Mais c’était le meilleur moment de le faire, oui. Quant à Göttier… Gourmand, gourmand, il mange bien à table, il apprécie le goûter… Sinon…
Göt-té il a dit que-euh il voulait un gros gâteau. Gros comme ça. Bien entendu, le gros comme « ça » s’accompagnait de deux bras grands ouverts pour mimer la gigantesque taille du dit gâteau dont, apparemment, voulait Göttier, aka Göt-té ici. C’est gourmand ça, non ?
Déclarait avec éclat Lïn, comme s’il était porteur d’une vérité profonde, faisant fi des mots sur lesquels il butait un peu. D’un ton plus bas ; d’une voix encore prise dans quelques réflexions, Elizabeth rebondit.
Hm, oui, depuis quelques temps il a tendance à… Réclamer, pourrait-elle dire, mais elle se retint. Demandé quelques achats de desserts. Mais je ne sais pas s’il en userait comme motif pour s’échapper à ma surveillance…
Elizabeth soupira, toujours en signe de honte, elle avait la sensation que quelque chose lui avait échappé, une chose qui ne lui revenait pas et qui cultivait en elle un champ de culpabilité latente et indicible. Mais elle ne souhaitait pas vraiment prendre le temps de s’attarder là-dessus, son ainé l’attendait, là, quelque part dans les marchés. La louve se redressa alors, essayant de mettre en application son odorat lupin, de percer la bonne fragrance parmi la multitude d’odeurs qui parsemait le marché.
Encore merci, votre aide et soutien sont pour le moins… Providentiels.
Disait Elizabeth, essayant de ne pas, en plus, manquer de reconnaissance envers son héros du jour. Puis elle engagea de nouveau ses forces à pousser la poussette d’une patte, poussette qui transportait toujours le petit chaton qui demeurait bien au chaud ; ainsi que les produits achetés aux différentes étales du marché. De son autre patte, elle reprenait celle de Lïn, bien assurée à ne pas le laisser disparaître dans la nature sauvage du marché du quartier Sud lui non plus. Le tout en gardant sa truffe en recherche active, essayant encore de trouver une éclaircie dans le maelstrom des odeurs environnantes.
Le trouvant gentil, Lïn tendit son autre patte à lui vers le renard, se disant d’une naïveté enfantine que lui aussi pourrait vouloir qu’on lui prenne la pattoune.
Chandler Riskain
Maison de la Terre et du Sang
Les fêtes de fin d'année
Décembre 110 - Quartier SUD - Place Centrale
Elizabeth Moonmawh & Chandler Riskain
Le changement d'ambiance était palpable. À cette époque le métamorphe ne disposait pas du même sixième sens qu'en l'an 118. Son flair n'était pas encore aussi fin et sa connaissance des autres espèces toujours très approximative. Mais il n'en fallait pas autant pour déceler le petit tic qu'avait eu la petite famille à l'emploi du féminim lorsqu'il s'était adressé au petit cervidé. Des haussements de sourcils surpris. Une seconde d'un souffle retenu. S' il avait été plus alerte, le renard se serait sans doute remis en question. Mâle, ou femelle, cet enfant ? Il ne s'y connaissait pas vraiment, en enfants... et encore moins en hormones et phéromones. S' il venait de mégenrer l'enfant, il ne s'en faisait pas pour autant. Le reste de son éloquence semblait de toute façon produire l'effet recherché : sympathie, calme et réflexion.
La louve énumérait à haute voix le cheminement de leur visite au marché. Ils en avaient fait du shopping, dit donc ! Et il était aussi frugal que l'on pourrait s'y attendre d'une femme de temple. Ou en tout cas qui faisait des achats pour celui-ci. Une véritable perte de temps et d'argent si vous demandiez son avis au renard mais il n'allait certainement pas faire cette constatation et ce jugement à haute voix. De son côté Chandler hochait de la tête au rythme du flot de paroles dont on le bombardait ainsi que durant l'échange qu'elle eut avec le petit . Ou bien la petite ? Il préféra attendre la fin ddu dialogue au sujet des gourmandises pour intervenir de sa voix calme et posée. Presque... noble ?
" Permettez moi mais, j'ai crû comprendre que l'on recherchait ... Götté ? " Le renard ponctua sa phrase d'un petit rire amicale . " Je crois qu'on a manqué une étape, Madame. Veuillez pardonner ma propre étourderie. Chandler Riskain. Enchanté de vous servir. " Dit-il en inclinant légèrement sa tête en signe de politesse après sa petite présentation. " Et j'ai affaire à ? " demanda-t-il tout aussi poliment.
Voilà. Avec des noms et des prénoms, ce serait peut-être plus simple pour la suite. Lui-même n'en avait pas changé en arrivant ici quelques années plus tôt. Il n'avait pas honte de sa précédente identité et se moquait pis encore de celle passée des autres. Cependant il s'asseyait à retenir celle que se forgeaient ici les gens. À son arrivée, ils étaient encore assez peu nombreux. Tenir les comptes des arrivées serait moins aisé que celui des départs et au fil des ans ce deviendrait presque mission impossible. D'autant plus qu'ils étaient répartis en quatre maisons différentes. Néanmoins, connaître ceux de la sienne pourrait être un atout majeur dans sa propre évolution au sein de ces murs.
Mais revenons à nos moutons, loups, bouquetins, et tout les animaux de la ferme à Maturin. La mère restait inquiète. Elle transpirait l'angoisse à grosses gouttes et il s'en faudrait de peu pour que le froid de l'hiver ne lui gèle pas le pelage de ses larmes. Elizabeth s'accablait des tout les maux de la terre. Il tenta une petite manoeuvre stratégique pour la rassurer.
" Vous savez que ce n'est pas de votre faute, pas vrai ? " Dit Chandler avec sincérité. " Et puis s'il ne vous demande que quelques gourmandises de temps en temps j'irais même jusqu'à vous dire que c'est le moindre mal ! Vous ne pouvez même pas imaginer les bétises que j'inventais à leur âge ! "
Et le renard laissa s'échapper un petit rire pour ponctuer ce qu'il voulait être une boutade. Il n'allait certainement pas continuer ses aveux en dénonçant sa propre enfance mais elle avait été autrement haute en couleur. Peut-être que lorsque l'atmosphère serait plus détendue entre eux deux, ou peut-être même dans un cadre plus privé, lui avouerait-il quel genre d'enfance il avait lui-même vécu. Mais il était sûr d'une chose. S'il avait eu une mère comme elle, Chandler n'aurait pas eu l'enfance chaotique qui entachait son passé. Et tandis qu'ils se mirent en route, la truffe en l'air, le dandy fit une dernière courbette de politesse.
" Je vous aide et vous soutient avec plaisir. Mais gardez vos remerciements pour lorsque l'on aura réuni toute la petite tribu. Ce qui je n'en doute pas un instant ne saurait tarder. "
Après un petit clin d'œil complice, il attrapa la patte qu'on lui tendit. D'ailleurs. Quel âge avait-il, ce petit cornu là ? On a pas idée d'être aussi grand pour un enfant. Quelle loi de la nature faisait que les petits cerfs faisaient presque la taille d'un renard adulte ? Et puis, qui determinait ça d'abord , hein ?! Quel sorte de dieu sadique décidait que les astrophysiciens finissaient avec des tailles de lilipu...
" Quelle couleur vous avez dit qu'il avait denouveau ? Le p'tit Göttier ? " s'exclama Chandler tandis qu'il venait de voir filer une ombre sombre et cabriolante entre l'étal de boucherie et celui d'un boulanger. Son propre museau frétilla à l'odeur de la charcuterie fraîche. Ses instincts de chasseur carnivore étaient tous en alerte. Une proie mouvante venait d'attirer son attention.
Elizabeth Moonmawh
Maison de la Terre et du Sang
Déjà enfant, Lïn n’était pas difficile à réconforter. Le jeune cervidé affrontait déjà ses cauchemars avec une extravagance enfantine, renvoyant avec une assurance amusée l’hypothétique monstre qui dormait, apparemment, sous son lit. En même temps, avec un petit frère aussi peureux qu’Edward, on ne pouvait être soi même qu'un parangon de courage ! Ainsi, la présence du renard l’amusait, il prononçait avec aisance des mots rigolos et clairs, à l’image d’un... Conteur. Puis, tel un simulacre des fables que lui racontait maman pour l’endormir, Lïn se doutait que celle de la louve, du renard et des trois enfants ne pouvait que bien finir. Transporté par l’humeur de Chandler, l’enfant lui répondait donc avec un certain amusement.
- “Go-ti-yé ! Hé hé hé.”
Le moins qu’on puisse dire sur ce renard, est qu’il avait l’art de goupiller avec aisance de mielleux mots ; de se montrer diplomate, pertinent et rassurant tout en faisant office d’un pilier émotionnel mille et une fois bienvenues dans ces perditions hivernales. Même si Elizabeth restait inquiète à en mourir, ses idées étaient plus claires. De plus, le fait de voir ses enfants si réceptifs à l’attitude de Chandler lui offrait une aide précieuse pour mieux se concentrer sur Göttier. Lorsque Chandler se présenta, d’ailleurs, Elizabeth prit le temps d’une seconde pour s’incliner respectueusement devant lui, avant de reprendre la poussée de la poussette, la truffe en l’air.
- “Un plaisir, monsieur Riskain. Je crains d’avoir moi-même manqué à mes plus simples devoirs ; Elizabeth Moonmawh. Vous avez donc entendu le nom de mon ainé, Göttier ; quand à mes deux plus jeunes : Lïnaüs et Edward Moonmawh.”
Oui, Lïnaüs. Car à l’époque Lïn portait encore le prénom choisi par son papa -le frère d’Elizabeth- avant de changer pour “Lïn” lorsque son souhait d’affirmer son identité féminine devint clair.
Chandler mentionna que ce n'était... Pas sa faute ? Elizabeth concédait difficilement à cette idée. S’estimant responsable de ses enfants, c’était à elle s’assurer leur sécurité et de les surveiller en permanence. Étrangement, un rictus semblable à un sourire vint se dessiner sur le visage de la jeune maman, lorsqu'il lui confessa que lui-même était apparemment un certain plaisantin à ses plus jeunes années. Au fond, peut-être, qu’elle ne s’en sortait pas si mal, en l’état, avec ses trois enfants ? En même temps, aucun parent ne pouvait se pavaner d'un travail parfait. Tout le monde faisait de son mieux.
- “ Mo-ssieur ! Go-ti-yé il est tout noir !”
Répondait Lïn, tenant toujours la main du gentil monsieur, balançant même un peu son bras par volonté de jouer un peu.
Alors que, pas si loin que ça... Göttier ne s’était pas éloigné volontairement de sa maman. Comme souvent, il restait sage lorsque la petite famille partait en sortie faire les courses. Mais cet hiver, comme chaque hiver, son esprit cabriolait ailleurs jusqu’à se geler dans un passé pas si lointain. Les souvenirs tristement clairs d’un autre temps lui revenaient chaque fois que les neiges de Décembre décoraient d’un éclat blanc les ruelles d’Azamyr.
Il se souvenait de la précarité dans laquelle il avait grandi. De sa mère qui, à l’occasion de son anniversaire, puisait dans ses maigres économies, labeur d'une année de travail, pour offrir un gâteau illuminé de quelques bougies -toujours une de plus chaque année ! Göttier n’oubliait jamais la chaleur de ces instants, cette lumière vacillante qui semblait chasser toutes les ombres de leur vie précaire. Ces souvenirs étaient doux, mais aussi terriblement amers par leur aspect passé.
Il savait que sa vie n’était pas miséreuse, ici. Il n’oubliait jamais qu’Elizabeth l’aimait comme sa mère l’aimait, et qu’il vivait paisiblement en compagnie de ses deux petits-frères. Mais pourtant, au fond de son petit cœur d’enfant, l’espoir de retrouver cette tradition passée brillait fébrilement, en mémoire d'un geste qui comptait tant pour lui. Alors il s’était promis de demander un gâteau. Mais en voyant la poussette se remplir et les caprices de Lïn qui n’aboutissaient pas, le bouquetin n’osa plus, craintif à l’idée de fâcher ou fatiguer celle qui s’occupait de lui.
Puis ils passèrent près des pâtisseries, dont les couleurs berçaient plus que jamais les envies du jeune ainé, comme si un monde de couleurs sucrés n'attendait que lui. Doucement, presque sans s’en rendre compte lui-même, il s’éloigna de la poussette pour aller coller sa truffe près des étales aux odeurs sucrées. Sa rêverie passagère se transforma en cauchemar lorsque le pâtissier lui pesta de ne pas toucher à ses marchandises, faisant sursauter Göttier qui recula machinalement pour retrouver sa maman. Sauf qu’elle n’était plus là.
- “Maman ?”
De nombreuses ombres défilaient autour de lui ; certaines silhouettes le bousculaient même par inadvertance. Pris de panique, l'enfant tenta d’avancer dans le marché, déambulant difficilement entre les grands. Il essayait bien de crier, mais sa voix ne parvenait pas à outrepasser les bruits du marché. Impuissant, les larmes lui montaient aux yeux. Göttier essayait de se répéter que maman reviendrait ; comme cette fois au temple, comme toutes les autres fois où elle. Elle revenait toujours Mais lui il paniquai, son esprit d’enfant imaginait le pire. Alors, il pleurait, en retournant près des pâtisseries. Peut-être que ça l’aiderait ? Non. Leur vue ne le rassurait pas. Les couleurs devenaient fades, et le sucre aussi amer que ses souvenirs. Il avait juste besoin de sa maman. Puis, d’un coup, il se retrouva saisi par des bras.
Guidée par sa truffe, Elizabeth retournait près de l’étal du boulanger-pâtissier par lequel elle était passée plus tôt avec les enfants. En un éclair, elle l’aperçut, et plus vite encore elle alla le prendre dans ses bras, le serrant fort et maternellement contre elle. Soulagé, Göttier essayait tant bien que mal de retenir ses larmes, en vain. Un flot s’écoulait de ses yeux dont les iris n’étaient plus les seules à se teindre de rouge. Elizabeth, qui avait été morte d’inquiétude quelques instants auparavant, ravala son propre tumulte intérieur. Elle enfouit ses peurs au plus profond d’elle-même et réajusta son expression. Il n’y avait plus place pour l’angoisse : elle devait être la maman forte, rassurante, un pilier inébranlable pour son petit. Son visage se para d’un calme maîtrisé, une image parfaite de réconfort, tandis qu’elle berçait doucement Göttier pour apaiser ses pleurs.
- “Là, là... Maman est là... Tu n’as plus à avoir peur.”
- “Pa-pardon maman, j’ai-j’ai vu les gâteaux, et, et... Je voulais en demander un-un avec des- avec des bougies, mais... Mais... Je ne te voyais plus...”
Quelque peu décontenancée, Elizabeth manque de trouver ses mots. Elle tentait de préserver l’image d’assurance qu’elle voulait projeter.
Un gâteau avec des bougies ? Bien sur, Göttier parlait d’un gâteau d’anniversaire. Mais la révélation, le fait qu'il espérait fêter les siens depuis trois ans, lui serra le cœur. Elle-même n’avait jamais célébré les siens, ni sur Terre, ni en Ozéna. La louve resserra son étreinte, caressant doucement le dos de son fils tandis que ses pleurs s'apaisaient peu à peu. Elle faisait tout pour recomposer son masque, mais Chandler, à quelques pas, devait percevoir sa mine déconfite malgré ses efforts. Pourtant, sa voix, elle, restait chaleureuse et réconfortante, un refuge pour Göttier. Lui, dans son innocence, ne pouvait deviner la culpabilité qui rongeait en silence sa maman.
- “Tu... Tu n’as à t’excuser de rien. D’accord ? Nous allons bientôt rentrer à la maison, prendre un bon bain chaud, ainsi qu’un bon repas. Je vous préparerai du champilait chaud, et nous reviendrons ici dès demain pour choisir tous ensemble un bon gâteau. Qu’en penses-tu, mon grand ?”
Le bouquetin sortit doucement sa tête de contre sa maman, qui en un instant, retrouva un sourire maternel et chaleureux. Il hocha la tête avant de lâcher quelques “sniff” de la truffe. La métamorphe lui sortit un mouchoir en tissus avant de lui essayer doucement le visage.
Les deux plus jeunes n'avaient pas bougé. Même s'ils ne réalisaient pas ce qu'il se passait, ils étaient pris par un flot de sentiments forts. Ils étaient heureux de retrouver leur grand-frère, mais leurs regards étaient interloqués par les expressions changeantes de leur maman. Ils restaient silencieux, pris entre l’innocence de leur jeune âge et une intuition étrange qui leur soufflait qu'il se passait quelque chose.
- “Go-ti-yé ! Hé hé hé.”
Le moins qu’on puisse dire sur ce renard, est qu’il avait l’art de goupiller avec aisance de mielleux mots ; de se montrer diplomate, pertinent et rassurant tout en faisant office d’un pilier émotionnel mille et une fois bienvenues dans ces perditions hivernales. Même si Elizabeth restait inquiète à en mourir, ses idées étaient plus claires. De plus, le fait de voir ses enfants si réceptifs à l’attitude de Chandler lui offrait une aide précieuse pour mieux se concentrer sur Göttier. Lorsque Chandler se présenta, d’ailleurs, Elizabeth prit le temps d’une seconde pour s’incliner respectueusement devant lui, avant de reprendre la poussée de la poussette, la truffe en l’air.
- “Un plaisir, monsieur Riskain. Je crains d’avoir moi-même manqué à mes plus simples devoirs ; Elizabeth Moonmawh. Vous avez donc entendu le nom de mon ainé, Göttier ; quand à mes deux plus jeunes : Lïnaüs et Edward Moonmawh.”
Oui, Lïnaüs. Car à l’époque Lïn portait encore le prénom choisi par son papa -le frère d’Elizabeth- avant de changer pour “Lïn” lorsque son souhait d’affirmer son identité féminine devint clair.
Chandler mentionna que ce n'était... Pas sa faute ? Elizabeth concédait difficilement à cette idée. S’estimant responsable de ses enfants, c’était à elle s’assurer leur sécurité et de les surveiller en permanence. Étrangement, un rictus semblable à un sourire vint se dessiner sur le visage de la jeune maman, lorsqu'il lui confessa que lui-même était apparemment un certain plaisantin à ses plus jeunes années. Au fond, peut-être, qu’elle ne s’en sortait pas si mal, en l’état, avec ses trois enfants ? En même temps, aucun parent ne pouvait se pavaner d'un travail parfait. Tout le monde faisait de son mieux.
- “ Mo-ssieur ! Go-ti-yé il est tout noir !”
Répondait Lïn, tenant toujours la main du gentil monsieur, balançant même un peu son bras par volonté de jouer un peu.
Alors que, pas si loin que ça... Göttier ne s’était pas éloigné volontairement de sa maman. Comme souvent, il restait sage lorsque la petite famille partait en sortie faire les courses. Mais cet hiver, comme chaque hiver, son esprit cabriolait ailleurs jusqu’à se geler dans un passé pas si lointain. Les souvenirs tristement clairs d’un autre temps lui revenaient chaque fois que les neiges de Décembre décoraient d’un éclat blanc les ruelles d’Azamyr.
Il se souvenait de la précarité dans laquelle il avait grandi. De sa mère qui, à l’occasion de son anniversaire, puisait dans ses maigres économies, labeur d'une année de travail, pour offrir un gâteau illuminé de quelques bougies -toujours une de plus chaque année ! Göttier n’oubliait jamais la chaleur de ces instants, cette lumière vacillante qui semblait chasser toutes les ombres de leur vie précaire. Ces souvenirs étaient doux, mais aussi terriblement amers par leur aspect passé.
Il savait que sa vie n’était pas miséreuse, ici. Il n’oubliait jamais qu’Elizabeth l’aimait comme sa mère l’aimait, et qu’il vivait paisiblement en compagnie de ses deux petits-frères. Mais pourtant, au fond de son petit cœur d’enfant, l’espoir de retrouver cette tradition passée brillait fébrilement, en mémoire d'un geste qui comptait tant pour lui. Alors il s’était promis de demander un gâteau. Mais en voyant la poussette se remplir et les caprices de Lïn qui n’aboutissaient pas, le bouquetin n’osa plus, craintif à l’idée de fâcher ou fatiguer celle qui s’occupait de lui.
Puis ils passèrent près des pâtisseries, dont les couleurs berçaient plus que jamais les envies du jeune ainé, comme si un monde de couleurs sucrés n'attendait que lui. Doucement, presque sans s’en rendre compte lui-même, il s’éloigna de la poussette pour aller coller sa truffe près des étales aux odeurs sucrées. Sa rêverie passagère se transforma en cauchemar lorsque le pâtissier lui pesta de ne pas toucher à ses marchandises, faisant sursauter Göttier qui recula machinalement pour retrouver sa maman. Sauf qu’elle n’était plus là.
- “Maman ?”
De nombreuses ombres défilaient autour de lui ; certaines silhouettes le bousculaient même par inadvertance. Pris de panique, l'enfant tenta d’avancer dans le marché, déambulant difficilement entre les grands. Il essayait bien de crier, mais sa voix ne parvenait pas à outrepasser les bruits du marché. Impuissant, les larmes lui montaient aux yeux. Göttier essayait de se répéter que maman reviendrait ; comme cette fois au temple, comme toutes les autres fois où elle. Elle revenait toujours Mais lui il paniquai, son esprit d’enfant imaginait le pire. Alors, il pleurait, en retournant près des pâtisseries. Peut-être que ça l’aiderait ? Non. Leur vue ne le rassurait pas. Les couleurs devenaient fades, et le sucre aussi amer que ses souvenirs. Il avait juste besoin de sa maman. Puis, d’un coup, il se retrouva saisi par des bras.
Guidée par sa truffe, Elizabeth retournait près de l’étal du boulanger-pâtissier par lequel elle était passée plus tôt avec les enfants. En un éclair, elle l’aperçut, et plus vite encore elle alla le prendre dans ses bras, le serrant fort et maternellement contre elle. Soulagé, Göttier essayait tant bien que mal de retenir ses larmes, en vain. Un flot s’écoulait de ses yeux dont les iris n’étaient plus les seules à se teindre de rouge. Elizabeth, qui avait été morte d’inquiétude quelques instants auparavant, ravala son propre tumulte intérieur. Elle enfouit ses peurs au plus profond d’elle-même et réajusta son expression. Il n’y avait plus place pour l’angoisse : elle devait être la maman forte, rassurante, un pilier inébranlable pour son petit. Son visage se para d’un calme maîtrisé, une image parfaite de réconfort, tandis qu’elle berçait doucement Göttier pour apaiser ses pleurs.
- “Là, là... Maman est là... Tu n’as plus à avoir peur.”
- “Pa-pardon maman, j’ai-j’ai vu les gâteaux, et, et... Je voulais en demander un-un avec des- avec des bougies, mais... Mais... Je ne te voyais plus...”
Quelque peu décontenancée, Elizabeth manque de trouver ses mots. Elle tentait de préserver l’image d’assurance qu’elle voulait projeter.
Un gâteau avec des bougies ? Bien sur, Göttier parlait d’un gâteau d’anniversaire. Mais la révélation, le fait qu'il espérait fêter les siens depuis trois ans, lui serra le cœur. Elle-même n’avait jamais célébré les siens, ni sur Terre, ni en Ozéna. La louve resserra son étreinte, caressant doucement le dos de son fils tandis que ses pleurs s'apaisaient peu à peu. Elle faisait tout pour recomposer son masque, mais Chandler, à quelques pas, devait percevoir sa mine déconfite malgré ses efforts. Pourtant, sa voix, elle, restait chaleureuse et réconfortante, un refuge pour Göttier. Lui, dans son innocence, ne pouvait deviner la culpabilité qui rongeait en silence sa maman.
- “Tu... Tu n’as à t’excuser de rien. D’accord ? Nous allons bientôt rentrer à la maison, prendre un bon bain chaud, ainsi qu’un bon repas. Je vous préparerai du champilait chaud, et nous reviendrons ici dès demain pour choisir tous ensemble un bon gâteau. Qu’en penses-tu, mon grand ?”
Le bouquetin sortit doucement sa tête de contre sa maman, qui en un instant, retrouva un sourire maternel et chaleureux. Il hocha la tête avant de lâcher quelques “sniff” de la truffe. La métamorphe lui sortit un mouchoir en tissus avant de lui essayer doucement le visage.
Les deux plus jeunes n'avaient pas bougé. Même s'ils ne réalisaient pas ce qu'il se passait, ils étaient pris par un flot de sentiments forts. Ils étaient heureux de retrouver leur grand-frère, mais leurs regards étaient interloqués par les expressions changeantes de leur maman. Ils restaient silencieux, pris entre l’innocence de leur jeune âge et une intuition étrange qui leur soufflait qu'il se passait quelque chose.
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