PNJ : Leander:

Sous la pluie maintenant battante qui avait décidément quelque chose d'anormal, le trajet jusqu'à l'arbre parut bien plus long qu'il ne l'était réellement. Il se fit néanmoins sans encombre, malgré l'impression étrange de danger que Leander pensait percevoir depuis leur arrivée dans la grande clairière. Si le calme des dix dernières minutes de marche et l'absence de traces récentes commençait peu à peu à calmer ce sentiment d'alerte, à leur arrivée auprès du grand arbre, il revint, plus intense encore.


Cette seconde clairière lui inspirait encore bien moins confiance que la première. La végétation se raréfiait au fur et à mesure qu'ils approchaient de l'arbre, comme si quelque chose de sinistre affectait le sol jusqu'à en repousser l'étreinte de la nature elle-même. D'étranges structures de bois, aux allures d'autels impies, étaient dressées tout autour d'eux, dont l'origine autant que le but ne pouvait que leur échapper. Qui ou qu'est-ce-qui avait pu les ériger ? Etaient-ce des vestiges laissés par d'anciens explorateurs, des premiers voyageurs ? D'une autre forme de vie ? Une étude approfondie s'imposait... Ou plutôt s'imposerait. Leur objectif initial et prioritaire était de s'assurer de la relative sécurité des environs, et pour l'heure, c'était bien sur cet arbre creux qu'il fallait investiguer.


Leander s'éloigna d'une des structures de bois devant laquelle il s'était arrêté brièvement, pour rejoindre le reste du groupe, plus particulièrement ceux qui s'étaient assemblés autour de l'arbre. En approchant, il leva un sourcil légèrement perplexe en voyant Poppy se pencher sans davantage de précautions pour observer à l'intérieur du tronc. Simple, mais efficace. De toute façon, ils allaient bien devoir y mettre les pieds à un moment ou un autre, alors autant commencer par un œil.


En revanche, quand il vit Osiris s'adonner à une technique d'analyse pour le moins particulière, il écarquilla les yeux d'incrédulité.

- "Osiris, mon cher Osiris, je suis ravi d'inspirer les foules vois-tu, mais ma brève et percutante aventure avec l'arbre d'un peu plus tôt n'était en rien volontaire, et pas une expérience que je conseillerais à qui que ce soit de reproduire. Je n'ai pas toujours été le plus assidu des apprentis à la Guilde, mais je suis presque certain qu'on nous a enseigné à un moment ou un autre d'éviter tout contact buccal avec des surfaces inconnues... Peut-être qu'Uriah pourra confirmer mes dires sur les précautions élémentaires à suivre pour alléger sa charge de travail !"


Quand Leander parvint près du grand arbre, il prit quelques instants pour l'examiner. Toute trace d'activité animale ou indice sur la nature de cet endroit était bon à prendre... Et des traces animales, il en trouva. L'intérieur du tronc, creux, était maculé de traces de passage plus ou moins récentes, qui descendaient le long de la paroi et disparaissaient dans les profondeurs, en direction du puits lumineux remarqué par Poppy. Plus singulier, et plus inquiétant encore, les parois du tunnel étaient parsemées de lambeaux de tissu. Il en saisit un du bout des doigts et le décrocha pour l'étudier à la lumière du jour. Soigneusement tissé, il n'y avait aucun doute qu'il s'agissait d'un morceau de vêtement, assez vieux. Le tissu usé, blanchi par le soleil et malmené par les éléments, trahissait qu'il avait très certainement quitté son porteur depuis très longtemps. Toutefois, ce n'était pas le cas de tous, et un en particulier attira l'attention du faucheur. Il laissa tomber le lambeau qu'il tenait dans le gouffre, et saisit celui-ci. Il n'était pas sec comme les autres, et les fibres ne semblaient pas particulièrement dégradées... Le passage de celui qui l'avait laissé là était bien plus récent.


Il fut tiré de sa réflexion par Séléna qui requérait ses services. En temps normal il se serait délecté de cette sollicitation de la Sentinelle, et y aurait probablement répondu sur un ton charmeur, mais pas cette fois. Les signes inquiétants ne faisaient que se succéder.

- "Bien sûr, vous pouvez compter sur moi. Vous pouvez emmener une autre personne en plus de Poppy, je serai à même d'assurer notre retraite à tous, si la situation l'exige... Et davantage encore si Archer nous accompagne." Il laissa filer quelques secondes, légèrement songeur. "Je vais peut-être formuler une évidence, mais je suggère d'être particulièrement prudents une fois en bas. Il y a beaucoup de traces de passage dans ce tunnel..." Il montra le morceau de tissu à Séléna, avant de le fourrer dans une de ses poches, au cas où. "Et des lambeaux de tissu qui viennent assurément de vêtements déchirés."


A la suite de Séléna, il attrapa fermement la corde et ensemble, le petit groupe d'avant-garde entama sa descente. Leander atteignit le sol quelques dizaines de secondes plus tard, juste derrière la Sentinelle. Sans attendre une seconde de plus, il dégaina précautionneusement sa pertuisane, de manière à ne pas faire de bruit et à ne heurter rien ni personne, et la prit solidement à deux mains, le fer pointé vers l'avant, vers le tunnel. Il s'assura que tout le monde était prêt, puis se mit en marche lentement vers le puits de lumière, tous les sens en alerte.

Résumé:

Le truc que je ne pourrais pas retirer à ce monde en dehors de sa dangerosité dont je prends chaque jour la mesure, c’est sa beauté. Je saurais pas dire qui de l’humain ou de la nature -ou de la divinité ?- a créé ces choses mais elles sont foutrement belles. Presque trop pour ne pas paraître suspectes à vrai dire. La lumière provient d’une fleur, elle est petite, délicate et jolie comme tout. D’ici j’ai presque l’impression qu’elle a été taillé dans un morceau de cristal et que la lune reflète ses rayons pâlichons sur sa surface. Mais il n’y a pas de lune, il pleut comme si le ciel s’apprêtait à nous tomber sur le coin de la gueule et moi j’hésite alors que j’ai déjà la main tendue. De toute façon, le trou est trop profond pour que je puisse la cueillir sans descendre. A mes côtés se dressent bientôt d’autres personnes, si on ne s'est jamais parlé, je sais qui ils sont et surtout qui elle est. Quand elle commence à installer ses cordages et ses prises, je me contente de me pousser et de réfléchir -quelque chose que je devrais sûrement faire plus souvent. En plus pour une fois ça sert.

- C’est une lunavia, je lance tout en continuant de fouiller dans ma mémoire. - On s’en sert contre certains poisons… Ça doit valoir le coup de la ramasser. Plutôt pour Uriah que pour moi, à part la replanter dans un pot sur le bord de ma fenêtre je suis pas sûre de savoir quoi en faire et surtout, de ce dont je me souviens, elle n'est pas particulièrement fan de lumière. Enfin c’est surtout de l’humidité qu’il lui faut. Je crois. J’essaye de fouiller un peu plus ma mémoire mais le souvenir de Viktor se superpose dans ma tête et je me rappelle rapidement  pourquoi je n'ai jamais pu terminer ce bouquin. Il me faut un pincement de lèvres et beaucoup de volonté pour étouffer le sourire qui me monte aux lèvres. Heureusement, Selena ne tarde pas à me tendre la main pour m’inviter à descendre.

- C’est partie. Une grande inspiration plus tard, je me retrouve à descendre entre Séléna et Léander. Une part de moi regrette amèrement ce que je suis en train de faire, mon instinct de survie à l’air plutôt d’accord. Sans parler du fait qu’une sylphe n'a rien à faire sous terre. Mais ma curiosité est insatiable. “Non je vais rester ici avec les autres”. Une phrase que je suis parfaitement incapable de prononcer alors qu’elle aurait dû être mon premier réflexe.

Une fois en bas, je m’attache à cueillir la plante exactement comme je me souviens qu’elle doit l’être : en conservant la racine. Quand c’est fait, je la range dans la poche intérieur de ma besace en priant pour qu’elle ne souffre pas trop du trajet. Pour ce qui est de l’humidité, j’imagine que le temps pluvieux sera suffisant. Maintenant qu’on est tous en bas, il ne nous reste plus qu’à avancer. Au loin de devine une sorte d’arche en os, probablement l’entrée d’une tanière ? Pas engageant. Ce qui m’empêche pas d’avoir envie d’y aller. Putain d’instinct de survie inexistant.

- On devrait aller voir là-bas… Je souffle à voix basse vers Séléna qui hoche la tête. Alors je m’engage à pas de loup sur le chemin d’écorce qui mène à la sculpture macabre mais une main sur mon épaule me rappel que je suis clairement pas la mieux taillé ici pour m'engager là dedans. - Ah... Euh, oui.

"Un jour, c'est moi qu'on enverra en tête". Je peux pas m'empêcher de penser. Et d'espérer.

Résumé:

J’aime pas trop l’idée qu’on se sépare mais faut bien qu’on avance. On est pas bien loin de la civilisation mais ça ne veut pas dire qu’on a rien à gagner à explorer ce qu’on peut. Et le moins qu’on puisse dire c’est que proche de la civilisation ou non on nage déjà dans l’inconnu. S’il continue de pleuvoir comme ça on pourrait même bien nager tout court d’ailleurs… Pas plus mal que ça nous tombe dessus aussi vite, au moins ça va nous servir de leçon pour les prochaines fois et pourra anticiper en conséquence. Faut d’ailleurs bien avouer que c’est peut-être une sacrée chance d’être en pleine forêt pour un cas comme ça… Les risques de maladies, d'accidents et compagnie sont un peu plus faibles… En contrepartie on a une bestiole dont on ne connaît rien qui traîne on ne sait ou. Et la moitié du groupe, particulièrement les combattants, qui sont partis… À peu près au même endroit : on sait pas ou. La suite ne va pas être simple mais on a signé pour ça. Et si les choses devaient être simples ça ne serait pas aussi drôle. En attendant on peut toujours s’échauffer un peu, se préparer et profiter de la situation. Elle m’a un peu manqué cette adrénaline, ce fait de ne pas savoir, ne pas se reposer sur des prévisions, des stratagèmes ou… Un peu n’importe quoi. Juste le talent et l’instinct.

Mais en attendant y’as des gens à s’occuper et peut-être des futurs blessés. On a déjà un semblant de campement qui a commencé à s’établir sous l’arbre à l'abri de la pluie. Autant à l’abri de la pluie qu’on peut l’être en tout cas. Va juste falloir que je garde un œil sur le feu si on veut éviter de rajouter ‘fuir un feu de forêt’ à la liste des problèmes. Et des problèmes, même si chacun essaye de ne pas y penser, d’y aller de sa petite remarque pour détendre l’atmosphère et faire penser à autre chose, on en a. Nos deux principales combattantes le savent bien d’ailleurs, dire qu’elles sont tendues serait un euphémisme. “J’ai confiance en eux, ils vont revenir et nous dire que la zone est tranquille et qu’on peut se reposer pour passer la nuit et attendre que l’averse se calme.” Un grand sourire et des paroles rassurantes est tout ce que je peux proposer à notre cartographe et peut-être que mes paroles sonnent un peu fausses, ça n’empêche pas que je pense ce que je dis. Une partie. Pour ce qui concerne le fait d’avoir un lieu ou se poser je ne dis pas, mais pour le fait de revenir sans encombre ça je n’ai pas trop peur.

“Ce n’est pas une mauvaise idée… Émilia c’est ça ? Excuse moi j’ai un peu de mal avec les noms. Je vais pas m'attaquer à la cuisine tout de suite, d’ailleurs si quelqu’un veut bien m’aider qu’il n’hésite pas à se manifester, mais on peut commencer à préparer tout ça.” La vérité c’est qu’on a pas grand chose à préparer en dehors des rations de survie et de produits qui ne se périment pas et je ne vais rien mettre à cuire temps qu’on ne sait pas si une bestiole traîne dans le coin ou non. Si c’est le cas, elle a déjà sûrement senti notre groupe, on est pas des plus discrets, mais on va éviter d’agiter l’odeur de la viande cuite sous son nez en plus. Par contre ce que je vais faire c’est préparer une couchette ou deux. La vérité est que en cas de problème, de vrai problème, la situation va probablement être réglée à coup de potions de soin pour traiter l’urgence mais une potion de soin ne fait pas tout. Et bon. Ouais j’ai confiance en eux pour revenir sans encombre mais sur terre j’avais aussi parfaitement conscience dans le matériel utilisé pour le saut à l’élastique et pourtant je me suis toujours gardé de sauter dans le vide accroché à une pauvre corde. On sait jamais ce qui nous attend. Et je risquerai pas de perdre des amis par abus de confiance et d'orgueil.

PNJ : Leander:

Une fois leur descente achevée, les quatre volontaires s'enfoncèrent dans les abysses, sous la terre. Au moins, eux n'étaient plus victimes de cette pluie battante qui semblait si singulière, ni condamnés à attendre entre ces structures de bois inconnues qui n'évoquaient rien de bon. Le tunnel, quoique toujours baigné d'une lueur surnaturelle émanant du puits un peu plus loin, n'inspirait pas vraiment confiance non plus à qui que ce soit. Alors quand Poppy, après avoir délicatement cueilli une fleur dont elle semblait connaître les vertus, s'engagea la première sur cette voie inconnue, Leander se permit, en toute bienveillance, de poser une main sur son épaule.

- "Si vous me permettez, Mademoiselle, laissez-moi vous précéder. Si le pire doit arriver, votre arc sera plus utile si vous n'êtes pas empêtrée en première ligne..." Il lui adressa un sourire taquin. "Et puis vous aurez d'autres occasions de courir dans les bras d'Uriah, nul besoin de se mettre en danger plus que de raison !"


Le faucheur ouvrit donc la marche, sa courte pertuisane tenue fermement à deux mains, la lame tenue droit vers l'avant, vers l'inconnu, et potentiellement, vers le danger. Suivi de près par Séléna, Poppy et Asteria, il se tenait paré à toute éventualité et à devoir, à tout moment, faire face à l'hôte des lieux et faire un choix crucial : combattre, ou ouvrir un portail pour extirper ce petit groupe d'une situation désastreuse. Si cela venait à arriver, ils devraient tous agir de concert, et il n'aurait pas droit à la moindre seconde d'hésitation.


Il leur fallut quelques minutes pour atteindre la source lumineuse, ce puits qui descendait toujours plus loin dans les entrailles de la terre. A chaque pas se dissipait la moindre trace de doute qui pouvait subsister : ils avançaient bel et bien vers le repaire de ce qui avait laissé ces toiles dans les environs, et plus inquiétant encore, ces lambeaux de tissus arrachés. Mais pendant un bref instant, la vigilance et la concentration de Leander furent subrepticement remplacés par une certaine admiration mêlée d'appréhension alors qu'ils atteignaient le puits. Majestueux, devant eux, trônait le crâne d'une bête massive, morte depuis longtemps.


Son placement avait quelque chose de bien trop ordonné et précis pour être le fruit du hasard, et ainsi éclairé par la lumière qui jaillissait du puits, précisément entre ses gigantesques bois courbes, l'édifice revêtait une beauté macabre relevant presque de la mise en scène. Que ce soit de la main d'habitants d'Azamyr puis repris par la nature, ou du fait d'une créature qui en aurait fait son repaire, il l'ignorait, mais il refusait de croire qu'un tel résultat était autre que le fruit d'une intention précise.


Et en parlant de repaire, les soupçons se confirmaient davantage encore. Autour et dans ce nouveau gouffre à leurs pieds, les mêmes toiles que précédemment formaient un réseau intriqué et dense, et des traces rouges qui n'évoquaient rien d'autre que le sang maculaient ses parois. Leander approcha prudemment du gouffre, et frotta du bout d'un doigt une des trainées, pour dissiper ses doutes et en évaluer la fraicheur.

- "Evitons de marcher sur ces toiles. Elles forment un enchevêtrement qui ne discontinue pas, aussi loin que porte mon regard, dans ce trou. S'il y a quelque chose à l'autre bout, la bête sentira les vibrations de nos pas dessus."


Prenant garde à là où il mettait les pieds, et suivant assidument le conseil qu'il venait de donner, il fit le tour du crâne géant sans jamais marcher sur les toiles. Il l'inspecta sous toutes les coutures, profitant de la lumière ambiante, à la recherche de quoi que ce soit qui ne serait pas naturel. Des marques, des gravures, des griffures, des traces de crocs, il ne savait pas réellement ce qu'il cherchait, ni si c'était humain ou animal, mais il espérait trouver quelque chose, quoi que ce soit qui lui en dirait davantage sur l'origine de ce lieu aussi sinistre que fascinant.

Résumé:

C’est la main de Léander sur mon épaule, qui m’intime de le laisser passer devant et de prendre sa place. Même si je suis pas du genre à écouter ce qu’on me dit et ce qu’on me conseille, j’obtempère. Ma docilité me surprend moi-même mais j’imagine que l’endroit où on est n’y est pas étranger. Il fait sombre, humide et l’odeur qui règne ici bas me rappelle un mélange âpre de pourriture et de substrat. Rien de franchement engageant alors non, je rechigne pas à laisser ma place. Au moins pour cette fois. Dans quelques mois, peut-être que je lui dirais que c’est pas son service trois pièces qui le rendra plus féroce que moi. C’est pas ça non plus aujourd’hui en soit, mais bon. Cela dit, quand j’entends ses paroles je peux pas m’empêcher de sursauter et ce n'est pas sa main sur mon épaule qui produit cet effet.

- Uriah ? Mais… Je… Pas du tout ! Je me sens comme une adolescente. Je pique un fard magistral, je le sens à la chaleur qui échauffe mon visage jusque dans le cou. Les dieux soient loués, on est presque dans le noir et avec un peu de chance il ne remarque rien, en tout cas, il ne fait pas de commentaire. Moi je me contente de rentrer dans le rang en repassant mes derniers échanges avec le guérisseur. Mais rien de compromettant ne me vient et si j’admet qu’il est aussi mignon que sympathique, c’est pas pour autant que ça me donne envie de me catapulter dans son lit. Mon esprit s’évade un instant vers un autre lit, où j’étais pas plus tard qu’hier soir. Je peux pas m’empêcher de me demander si ce même lit sera occupé par quelqu’un d’autre à la nuit tombée. M’enfin, ça me regarde pas. C’est le principe des amants, non ? Personne doit rien à personne. Puis j’ai des choses autrement plus importantes à gérer ; par exemple le grognement sinistre qui s’élève des entrailles de la terre.

J’ai rarement eut l’occasion d’avoir peur au cours de ma vie. Pas ce genre de peur en tout cas. Evidemment j’ai été terrifiée quand j’ai compris que j’étais enfermé avec moi seule pour compagnie -horrible- dans un corps qui n’était rien d’autre qu’une coquille d’os et de chair ou quand j’essaye de trouver le sommeil et que j’ai l’impression de retourner quelques mois en arrière. Mais ce n’est rien comparé à la peur qui me glace quand j’entends ce cri et c’est bien pire quand je constate que ceux qui m'accompagnent ne sont pas plus farouches. Mon regard se tourne machinalement vers Séléna. C’est elle notre phare dans la nuit, c’est à ses ordres que je suis censée obéir mais quand je vois l’expression dans ses yeux, je sais que là, maintenant, je dois juste me retourner et courir. Alors je le fais, je pivote agilement sur mes pieds et rebrousse tout le chemin qu’on vient de faire. En un rien de temps, on rejoint notre porte de sortie. La corde pend toujours, comme une main tendue vers l’extérieur et je la saisis sans rechigner. Je dois au moins accorder ça a mon corps de sylphe, il est aussi léger qu’une plume et aussi agile qu’un daim. Je grimpe sans peine jusqu’au moment où une main puissante m’arrache complètement au tombeau où mes camarades se trouvent encore.

D’aucun dirait sans doute que je n'ai pas l’esprit d’équipe, que je n'aide pas les copains. Mais il y a déjà assez de monde pour tous les tirer de là et entre Amélia et Séléna, je pense qu’ils sont plus en sûreté que tout le reste du groupe. Eux, personne ne les a prévenu, ils ne savent pas ce qui arrive. Ils sèchent leur carte, montent le camp, alors qu’ils devraient faire l’exact contraire. D’un coup de pied je me propulse en l’air et mes ailes viennent prendre le relais. Je prie n’importe quel dieu de pas me prendre une énième rafale qui viendrait m'empaler le second bras puis je hurle à l’attention de ceux qui sont encore étranger au tumulte sous la terre.

- Quelque chose arrive ! Une créature ! Rangez tout ce que vous pouvez et mettez-vous à l'abri ! Se mettre à l’abri c’est beau mais à l’abri de quoi ? Je n'en sais rien et ça me fait peur alors que je reste en l’air, à une hauteur parfaite qui me permet de voir le tronc et la majorité de mes camarades. Je décroche mon arc, encoche une flèche et me prépare à bander la corde. Journée de merde.

Résumé: