C’était un matin presque comme les autres pour Zerk. Du moins, comme les autres, quand il ne se sentait à sa place nulle part. Il était déprimé, vide, et un monde fade rempli de gris s’offrait à lui depuis quelques jours déjà.
La cause ? Surement ce fichu pari qu’il avait perdu lors d’une soirée bien trop arrosée à l’Auberge Hurlante. Il tenait pourtant bien l’alcool, mais cette fois-ci, son assurance démeusurée avait eu raison de lui.
En gage ? Faire le tour de la ville complètement à poil, à quatre pattes et ne pouvant s’exprimer qu’en rugissant. Quoi de plus dégradant pour un métamorphe après tout, et rien non plus d’étonnant à ce qu’il ne soit pas resorti indemne de cette escapade, ça l’avait marqué et attristé.
Quoiqu’il en soit, l’ursidé était toujours en peine. Il s’était levé très tard la veille et n’était pas encore couché en ce début de matinée aux allures bien trop grises. Etait-ce le brouillard qu’il perceuvait, ou était-ce dans sa tête ? Il n’aurait pu le dire, un pivert cognait dans sa tempe à mesure qu’il fournissait son plus bel effort en déambulant sans but dans les rues de ce quartier central bien vide.
Un peu plus tôt, il sortait d’une taverne, sûrement encore bien ivre. Mais là, ce qu’il lui fallait, c’était de quoi s'occuper, l’échoppe dans laquelle il avait étanché sa soif toute la nuit venait de fermer ses portes et il lui fallait se trouver un nouvel excutoire.
N’importe quoi ferait l’affaire !
C’est donc à l’angle d’une rue que son salut lui fut révélé. Là, contre un mur, une affiche placardée, un portrait dessus. Il ignorait bien ce qu’il y était écrit, ceci-dit, ne sachant pas lire. Mais l’ours blanc n’était pas si idiot que ça, et comprit qu’il devait s'agir d’un contrat ou d’un avis de recherche. Par chance, un boulanger ouvrait les volets de sa petite boutique. Zerk parti alors à sa rencontre :
“ HEP, VOUS ! Bonjour… “
S’exclama Zerk d’une voix puissante qui résonna dans la rue déserte.
Il désigna l’affiche :
“ Vous, vous savez ce qu’elle dit ? L’affiche là… “
L'homme, d’abord surpris en voyant l’énorme métamorphe se diriger avec détermination vers lui, fit un pas en arrière, prêt à déguerpir à tout moment. Zerk commençait à être connu et pas toujours en bien. L'homme, voyant ce que lui désignait l’ursidé un peu plus loin, se fit hésitant, puis comprit que l’ours n’en avait pas après lui.
Fit le boulanger, toujours sur la défensive.
“ Et donc !? Ça dit quoi !? “
“ Hum, c’est donc par là… très bien. “ Fit Zerk hésitant en regardant le plan griffonné dans la précipitation.
“ Merci ! “ Ajouta l’ours en s’éloignant déjà à grands pas.
Zerk se retourna hochant la tête accompagné d’un grognement en guise d'ultime remerciement, et mis les voiles vers la fameuse adresse.
Ce n’est qu’après une bonne grosse heure de recherches et quelques alpagages en règle, que Zerk parvint enfin à trouver la fameuse adresse d’Elias Holus.
Il frappa à la porte et attendit que quelqu’un veuille bien lui ouvrir.
La bienséance que lui avait enseignée les prêtres du temple d’Ekarys semblait avoir portée ses fruits. Ce coup-ci en tout cas…