Bienvenue sur Ozéna

Girls just wanna have fun

Octobre 11, 118

Amelia était d'excellente humeur. Pourquoi direz vous ? Et bien sans aucune raison valable. À l'image de cette dépression ravageuse qui refluait parfois pour lui offrir quelques temps de répit, le bracelet fournit par la sorcière semblait avoir offert une parenthèse dans son malheur à la petite vampyre aux émotions débordantes. La vie était douce, les perspectives futures aussi, elle dormait certaines nuit et allait bientôt sortir, pour cette grande aventure que serait l'exploration. Non, en deux ans, c'était peut-être la première fois qu'Amelia était heureuse.
Certes, des veines sombres coloraient parfois sa gorge, après avoir enchaîné une nuit ou deux à dormir, mais loin de réaliser l'influence négative qu'avait la sombre magie sur elle, elle continuait sa petite vie, comme si de rien était.

Le ventre plein d'une chasse fructueuse dans l'après-midi, la vampyre sortait tout juste des bains publics, les cheveux encore humides de la vapeur et l'eau chaude dans laquelle elle s'était prélassée de longues heures quand elle se mit en route vers le quartier central. Similaire en terme d'animation au quartier Nord, le quartier centre réunissait tous les lieux de vie de la ville. Rien d'extravagant, tant la population restait réduite, mais s'y rendre était l'assurance de trouver un lieu animé, dans lequel faire des rencontres, ou boire un verre seul selon les degrés de sociabilité.
Ce soir là, Amelia était d'humeur sociable. Enfin... En toute commune mesure lorsqu'on connaissait la narquoise petite vampyre. Mais probablement moins mordante qu'elle aurait pu l'être - sûrement calmée par le coup de tête qu'elle avait reçu une dizaine de jours plus tôt - elle n'était pas d'humeur à embêter, taquiner, titiller son petit monde comme elle avait l'habitude de le faire. Elle voulait simplement passer une bonne soirée.

Poussant alors la porte d'une taverne choisie au hasard, elle se dirigea rapidement vers le comptoir, son chapeau vissé sur la tête et l'argent de ses cheveux rutilant encore d'être gonflés d'humidité. Autour d'elle, des petits groupes s'étaient formés, riant parfois aux éclats de cette manière complètement déshinibée qu'avaient les gens lorsqu'ils étaient entourés. Un petit sourire moqueur plus tard et Amelia détourna les yeux de cette métamorphe lionne qui semblait désespérément tenter d'attirer l'attention d'un camarade à poil qui ne daignait même pas la regarder. Au comptoir, les vieux loups de mer à la face blasée - sûrement des pêcheurs vu l'odeur de crevette qu'ils dégageaient - et quelques âmes en peine qui n'eurent même pas le courage de lever le nez du fond de leurs verres quand Amelia vint s'accouder. Comme toujours, la vampyre était fière, un sourire matois tordant ses lèvres tandis qu'elle observait tout ce petit monde comme si elle le possédait et d'un geste à peine, elle fit signe au tavernier qui ne tarda pas à approcher.

« Un whisky. » Pas de s'il vous plaît, pas de merci, Amelia n'était pas le genre à supplier. Pas avec cette magie qui courait encore dans ses veines, discrète de cette dernière nuit faite trois jours plus tôt. Et tournant cette fois le dos au bar, la vampyre y resta accoudée, observant la salle, sa faune et ses visages en quête de quelqu'un pour l'accompagner. Car ce soir, Amelia était d'humeur sociable et ne voulait rien d'autre que s'amuser.

Et d'un coup d'oeil à peine, elle distingua un visage qu'elle n'avait jamais remarqué. Une jeune femme, sûrement à peu de choses près du même âge qu'elle, assise seule à un table les yeux rivés vers une fenêtre donnant sur la ruelle éclairée. Allez savoir pourquoi, mais son visage sembla l'attirer, car la vampyre attendit à peine de récupérer son verre, jetant quelques azys qui vinrent rouler sur le bois poli du comptoir et se dirigea à grandes enjambées jusqu'à elle, une étincelle malicieuse dans le regard. À sa hauteur, la peste se racla la gorge pour se faire remarquer, offrant immédiatement un ravissant sourire - sans plus une cicatrice aucune - de ses lèvres parfaitement rougies et elle indiqua d'un regard à peine la chaise libre en face de celle de l'élémentaire. « Tu attends quelqu'un ? Je suis à la recherche d'une camarade de beuverie. » Et elle se garda bien d'éviter de mentionner le fait qu'elle n'avait aucun ami. Car quand on était aimable comme une porte de prison, capricieuse au possible et aussi stable qu'un chateau de carte, mieux valait s'éloigner de ses semblables. Attendant alors la réponse d'Elide, Amelia espérait secrètement que son choix de personne s'était avéré être le bon, car si Elide était chiante à mourir, ou aussi dépressive qu'elle, il y avait fort à parier que cette rencontre n'apporterait rien de notable...

Feat Elide Evans

by Nathie

En cette fin de journée d'octobre, les pieds d'Elide la portèrent une nouvelle fois au cœur du quartier central. À croire que toutes ces saloperies de rues y menaient, pesta la jeune femme avec toute la bonne foi d'une personne dénuée du moindre sens de l'orientation. Comme tous les jours depuis environ une semaine, elle s'était mis en tête de découvrir un peu les environs. Et, comme tous les jours depuis environ une semaine, elle se perdait lamentablement dans un dédale de ruelles et de places qu'elle était incapable de différencier. Mais elle s'accrochait malgré tout, autant par fierté que parce qu'elle n'avait rien d'autre à faire. Elle avait bien caressé l'idée d'aller faire un tour chez les veilleurs histoire de prendre un peu la température, mais une part d'elle n'était pas encore prête à sauter le pas de l'écrasante responsabilité d'avoir un travail honnête. L'élémentaire préférait donc largement se laisser porter par ses errances, au sens propre comme figuré.

Le quartier du centre, donc. Encore. Il avait au moins cela de bien qu'il rassemblait au même endroit les représentants des quatre maisons, et qu'il était de fait sensiblement plus peuplé que le reste de la cité. Pour une personne habituée aux turpitudes et au vacarme incessant de la vie urbaine, le côté désertique de cette cité aux quelques centaines d'âmes avait le don de lui flanquer des angoisses. Ce n'était pas normal, de marcher dix minutes sans croiser quelqu'un – et c'était encore plus anormal que ce quelqu'un vous salue poliment à cette occasion. Une ville de tarés.

L'élémentaire en était là de ses turpitudes lorsqu'un fumet des plus alléchants vint soudain lui chatouiller les narines, lui rappelant, fort à propos, qu'elle n'avait pas mangé de la journée. Sur Terre, il lui arrivait fréquemment de sauter un repas, principalement par manque d'envie, parfois par absence de nourriture à se mettre sous la dent. Souvent parce que ses cauchemars lui coupaient l'appétit. Depuis son arrivée sur Ozéna, son appétit s'était encore plus détraqué – la faute à l'absence d'horloge pour indiquer l'heure, et à sa toute nouvelle nature d'élémentaire d'air qui faisait qu'un simple courant d'air pouvait parfois lui donner la sensation de sortir d'un bon repas. Son mentor lui avait assuré qu'avec le temps, elle parviendrait à contrôler et à choisir ces moments de fringales, mais le fait est que pour l'instant, la jeune femme ne savait plus vraiment quand manger, ni si elle avait vraiment faim. En cet instant cependant, son ventre gargouillant ne laissait pas vraiment de place au doute.

Elide se dirigea donc vers la source de cette merveilleuse odeur jusqu'à une taverne d'aspect fort banal. L'enseigne flambant neuve qui se détachait nettement sous les derniers rayons de soleil de cette fin d'après–midi indiquait le Baudet Ricaneur. La jeune femme esquissa une moue circonspecte, pas vraiment sûre de vouloir s'aventurer à l'intérieur d'un établissement porteur d'un nom aussi... stupide. Mais la faim la tenaillait, et elle se résolu donc à en pousser la porte. Après-tout, que pourrait-il lui arriver ? Plusieurs visages se tournèrent vers elle à son arrivée, qu'elle tenta d'ignorer comme elle le pouvait, se contentant d'afficher un sourire aussi poli que possible. À son grand damne, la jeune femme avait rapidement réalisé que dans une ville avec si peu d'âmes, tout le monde se connaissait de près ou de loin, et que toute nouvelle tête était donc scrupuleusement dévisagée, avec une discrétion somme toute relative. Inutile de dire que l'élémentaire, qui détestait attirer l'attention, avait du mal à s'habituer à ces démonstrations d'intérêt. Elle avait cependant vite compris que la meilleure attaque restait encore l'ignorance, raison pour laquelle elle se dirigea vers une table solitaire au fond de la pièce sans leur accorder un regard. Les curieux retourneraient bien vite à leur occupation en réalisant qu'elle n'avait aucune intention de leur prêter attention. Et, effectivement, les discussions reprirent rapidement, non sans quelques coups d'œil jetés de temps à autres dans sa direction.

Au bout de quelques minutes, une serveuse aux cheveux roux vint la saluer et s'enquérir de son choix. Si ses yeux brillaient de curiosité, elle se garda bien de lui poser la moindre question. L'élémentaire salua mentalement son professionnalisme, réalisant la seconde d'après que, ça se trouve, la fille ne faisait en réalité que suivre les consignes de son patron, à savoir « Interdiction-d'emmerder-les-clients-avec-tes-questions-Kareynhe ».

« Bonjour » commença-t-elle mécaniquement, les yeux rivés sur le menu qu'elle tenait entre les mains. « Votre plat du jour, s'il vous plaît, et une pinte d'hydromel. » Elle roula le parchemin sur lequel était écrit le dit-menu, et le tendit à son interlocutrice. « Merci. » Un petit sourire pour la congédier, et celle-ci fit rapidement demi-tour sans demander son reste. Ouf.

Sa commande – un escalope de Stipmon rôtie accompagnée de patates rissolées – lui fut rapidement apportée. La jeune femme la dévora, se rendant compte avec une certaine consternation qu'elle était véritablement affamée. Il allait vraiment falloir qu'elle trouve un moyen de régler ce problème d'horloge interne. Repue, elle sirota tranquillement sa pinte d'hydromel, un peu plus détendue au fur et à mesure de ses gorgées. La nuit était tombée, et la taverne accueillait doucement ses oiseaux nocturnes. Métamorphes, nymphes, malakims, peu à peu la pièce se remplissait de rires et de vie. L'ambiance se réchauffait, la cité s'animait. Elide se surprit à sourire et, avant qu'elle n'ait le temps de se rendre compte de ce qu'elle faisait, fit signe à la serveuse de lui apporter un nouveau verre. Elle en était donc à sa deuxième pinte, à observer par la fenêtre avec une certaine nonchalance le ballet tremblotant des lumières des torches qui éclairaient la pénombre extérieure, lorsqu'un raclement de gorge vint la tirer de ses réflexions.

Elide tourna la tête, ses sourcils légèrement arqués marquant sa surprise, et observa l'inconnue qui avait eu le courage – ou le toupet – de troubler sa tranquillité. Celle-ci affichait la morgue des personnes sans gêne persuadées d'être parfaitement à leur place en toutes circonstances. Les lèvres rouges carmin de la belle, étirées en un sourire parfait et parfaitement apprêté, semblaient lui dire que quelle que soit la réponse de l'élémentaire, elle ne ferait de toute manière que ce qui lui plairait. La jeune femme poussa intérieurement un soupire résigné.

« Ou... oui, bien sûr, installez-vous » répondit-elle finalement d'une voix flottante après une ou deux secondes de latence. Dans le même temps, elle entreprit de pousser son assiette désormais vide pour faire de la place à la nouvelle venue. Elle ne pourrait probablement pas éviter toute sa vie les autres habitants de la cité, et devrait bien tôt ou tard accepter de satisfaire leur curiosité. Alors pourquoi ne pas commencer ce soir, alors qu'elle avait l'estomac plein et était d'humeur relativement... neutre. Prenant son courage à deux mains, elle se composa un sourire aussi faux que celui d'Amélia, et reprit d'un ton qui se voulait jovial mais qui dégoulinait de crispation.

« Je m'appelle Elide. Et vous êtes ? »

** Une emmerdeuse ... **

Si la jeune femme avait fait preuve d'un peu d'honnêteté, elle aurait néanmoins volontiers reconnu que l'apparition de la Vampyre était en réalité une distraction bienvenue dans une journée fort monotone. Mais, une vie passée à se méfier de tout et son prochain l'avait rendue d'une part quelques peu suspicieuse face aux gestes désintéressés, mais surtout lui avaient atrocement fait perdre le peu de compétences sociales qu'elle possédait. C'est donc terriblement mal à l'aise qu'Elide attendit la suite des événements, priant pour que la curiosité de la nouvelle venue ne soit pas aussi intempestive que son sens des convenances.

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Octobre 11, 118

En temps normal, Amelia serait restée loin d'Elide. Avec son nuage noir au dessus de la tête, on aurait presque pu catégoriser la jeune élémentaire de rabat-joie avant même de l'avoir accostée. Mais voilà, en plus d'être complètement hors de toute convention sociale, Amelia était surtout remplie de magie noire, bien assez pour lui faire perdre toute envie de faire dans la dentelle, de prendre des gants pour s'adresser à ses pairs. Surtout lancée comme elle l'était dans cette soirée de beuverie solitaire, il y avait fort à parier qu'elle ne perdrait pas plus de temps en palabres. Alors elle s'approcha, sans se faire prier, son verre de whisky à la main et le visage surmonté de ce sourire vainqueur, conquérant partout où elle allait.

Elle usa bien de politesse, demandant si l'inconnue la laissait s'incruster, mais elle n'attendit pas vraiment de réponse alors qu'elle tirait la chaise, un petit sourire matois toujours flanqué sur ses lèvres parfaitement couverte de twill. Croisant les jambes avec élégance, la peste rayonnait d'une aura étrange, presque malfaisante si on faisait attention aux striures noires qui couraient parfois sur sa peau, mais c'est avec une douceur insoupçonnée qu'elle adressa un léger sourire complice à Elide, dont l'attitude trahissait sérieusement le fait qu'Amelia la dérangeait. Un petit rire plus tard et Amelia tendit sa main droite lorsqu'Elide lui demanda de se présenter, son chapeau faisant à peine d'ombre sur ses deux grenats étincelants de malice.

« Amelia, enchantée. » Et si Elide lui serre la main, elle réciproque, avant de se vautrer un peu sur sa chaise, dans un mélange de flegme et de grâce certain, comme si toute cette maudite taverne lui appartenait.

« Allons ne fais pas cette tête, je ne vais pas te manger. » Et de nouveau ce petit rire mutin tandis que son regard régalien courait sur la pièce. Elle reprit pourtant, sur un petit ton de confidence à l'humour à peine masqué : « J'ai mangé avant de venir, tu n'as rien à craindre. » Et d'appuyer ses propos d'un magnifique sourire, d'où dépassaient quatre canines acérées sur une dentition parfaitement alignée. Au moins, si Elide peinait à reconnaître la race de sa vis-à-vis, c'était désormais plus facile à distinguer. Son regard trahissait déjà sa nature de sangsue, mais ces quenottes là... Nul doute qu'elle appartenait à la tranche sanguine de la population.

Et après un tour du propriétaire de ce regard amusé, Amelia revint poser les yeux sur la jeune femme, qui semblait toujours aussi enjouée par sa présence tout autant qu'elle paraissait avoir choisi de ranger son balais dans son derrière. Un petit sourire plus tard et la vampyre se pencha légèrement sur la table, faisant tourner le liquide ambré dans son verre avant de murmurer, un ricanement au coin des lèvres. « Ne te fais pas de soucis, je ne viens pas te cuisiner sur ta vie passée ou ton arrivée, pour une raison toute simple : j'en ai rien à faire. Par contre, j'ai très envie de m'amuser ce soir, car vois-tu ma jolie, je suis d'excellente humeur. Et ça n'était pas arrivé depuis assez longtemps pour qu'ça vaille d'être notifié. Alors, on va pas passer par quatre chemins, est-ce que t'as envie de me suivre, voir où la nuit nous mène, ou est-ce que tu préfères continuer de broyer du noir toute seule à ta table, pendant que ces espèces de demeurés t'épient comme si tu avais une pomme de terre à la place du nez ? » Et de rire à sa propre formulation, comme si finalement, Amelia n'avait besoin de rien ni de personne d'autre qu'elle pour s'amuser. D'un geste du menton à peine, elle désigna alors un attroupement de personnes à l'apparence hétéroclite, un petit rire moqueur lui échappant avant qu'elle ne vienne prononcer, mesquine : « Tiens par exemple, regarde les eux. Tu vois lui là ? L'espèce de lion à la face écrasée ? Ça doit faire au moins dix minutes qu'il essaie avec cette fée ou ce papillon de nuit et rien à faire, elle préfèrerait sûrement être balancée du haut des remparts que d'avoir à le regarder. En même temps vu sa tronche et ses poils, j'ose même pas imaginer quel genre d'odeur de cabot il doit avoir après avoir été lavé. » Et la garce ricane, buvant finalement son verre d'une traite avant de tourner de nouveau le regard vers Elide, telle le diablotin qu'elle était. « Alors, t'en es ? » Et ce magnifique sourire étincelant d'innocence tout autant qu'il véhiculait toute la noirceur et l'obscurité que couvait en réalité la vampyre.

Feat Elide Evans

by Nathie

Décidemment, cette femme, quel toupet ! Elle n'avait même pas attendu sa réponse avant de tirer une chaise et de s'y asseoir avec l'assurance de ces personnes qui savent que le monde leur appartient. Visiblement, elle avait décidé de s'incruster, que l'élémentaire le veuille ou non. Elide se mordit l'intérieur de la joue pour retenir un petit sourire médusé devant ce sans-gêne décomplexé, et serra la main aux ongles soigneusement manucurés que l'inconnue lui tendait.

« Enchantée également », répondit-elle un peu mécaniquement. Son œil fut attiré par une zébrure noire sur le cou d'Amélia, qui pulsa doucement avant de disparaître. Elle fronça doucement les sourcils. Bah, ça devait être une ombre. À peine les présentations terminées, la nouvelle venue s'affala sur sa chaise avec des airs de propriétaire qui arrachèrent à la jeune femme un nouveau sourire. Son attitude était étrangement rafraîchissante, tranchant agréablement avec la retenue polissée qu'affichaient la plupart des habitants d'Azymir qu'elle avait rencontrés jusque-là. Le comportement d'Amélia lui était d'ailleurs bien plus familier, lui rappelant, sous un angle un peu différent, certains des voyous que son passé l'avait amenée à fréquenter.

« Ravie de l'apprendre », laissa-t-elle échapper en ricanant lorsque la blonde la rassura sur le fait qu'elle ne ferait pas d'elle son dîner. Jusqu'à ce que celle-ci dévoile quatre crocs pointus, qui donnèrent une toute autre tournure à ses propos. Oh. L'élémentaire observa soudain son interlocutrice avec une acuité renouvelée, notant pour la première fois la teinte vermeille de ses yeux ainsi que son étrange pâleur. Re oh. Elle se sentit soudain un peu stupide, avec la désagréable impression d'être une souris entre les pattes d'un chat un peu trop joueur. Mais la Vampyre en face d'elle ne semblait pas particulièrement intéressée par autre chose que de profiter de la soirée d'une façon somme toute conventionnelle, et Elide se détendit peu à peu. Elle alla même jusqu'à pousser un discret soupir de soulagement en comprenant que son interlocutrice ne jouerai pas les fouilles-merde.

« Je ne broie pas du noir ! » se défendit-elle avec un sourire – la bonne humeur d'Amélia était contagieuse. « J'étais juste... dans mes pensées. » Bon, d'accord, dit ainsi c'était totalement déprimant. « Merci, en tout cas. Je t'avoue que j'en ai un peu ma claque de tous ces regards qui me suivent où que je mette les pieds. C'est carrément glauque. » Elle esquissa une grimace dégoûtée en secouant la tête. Tout en reprenant une gorgée de sa boisson – c'était sacrément bon, ce truc – elle suivit le regard de la Vampyre et manqua de s'étouffer dans le même temps. Une quinte de toux la secoua, qui lui fit presque recracher son hydromel. La vache, quelle salope ! pensa-t-elle, intérieurement morte de rire. L'élémentaire s'essuya le menton, ne pouvant retenir un ricanement.

« Et encore », ajouta-elle d'un air de conspiratrice en baissant la voix. « Tu aurais vu il y a une heure, il était littéralement en chien devant une renarde. Elle l'a snobée tellement fort que ça faisait peine à voir. Mais il faut croire qu'il sait rebondir, le roi de la jungle... ou du râteau, plutôt. » La jeune femme se redressa, esquissa un sourire en coin qui lui donna un air cabotin. Jeta au pauvre lion un rapide regard dédaigneux. « Le regarde pas trop, il serait capable de venir par ici. »

L'élémentaire fronça les sourcils, légèrement surprise par ce soudain élan de fiel. Normalement, il lui fallait au moins le triple de verres – et un alcool autrement plus fort – pour qu'elle commence à se transformer en saloperie. Il faut croire que les habitants d'Azymir l'avaient plus agacée qu'elle n'en n'avait eu conscience. Elle reporta son attention sur Amélia. De nouveau, son regard fut attiré par une striure noire qui pulsa légèrement avant de s'évanouir. C'était ... étrange. Mais pas autant que cette légèreté qui l'envahissait au fur et à mesure que passaient les minutes en compagnie de la Vampyre, comme si on avait ôté de ses épaules un poids qu'elle n'avait pas conscience de porter.

« Donc... tu recherches quelqu'un pour t'accompagner, c'est ça ? » La jeune femme posa les coudes sur la table, joignit ses deux mains et y appuya la tête. Plissa doucement les yeux, comme pour mieux jauger les intentions d'Amélia. Son instinct lui criait que c'était une mauvaise idée, et que la Vampyre était typiquement le genre de personnes à problèmes dont elle devrait se méfier – elle les connaissait, ces personnes qui vous promettent de vous entraîner au bout de la nuit mais qui vous laissent sur le bord du trottoir à la première embrouille, avec pour tout souvenir un vieux paquet de paillettes à moitié ouvert. Et puis merde, elle avait bien le droit de relâcher la pression. À quand remontait la dernière fois qu'elle s'était sentie aussi bien, aussi détendue ?

« J'en suis. » Elide offrit à sa comparse un grand sourire, dévoilant à son tour de belles dents régulières, bien que nettement moins létales que celles de sa congénère. Après tout, pourquoi n'en profiterait-elle pas, elle aussi ? « En revanche ... », ajouta-t-elle un peu plus sérieusement, « ... une petite règle ». Elle leva l'index, comme pour mieux souligner son propos et planta un regard redevenu sérieux dans celui d'Amélia, le menton toujours posé sur ses mains. « Aucune morsure sans consentement, d'accord ? »

Comme tout nouvel arrivant, l'élémentaire avait rapidement été informée que si les Vampyres étaient autorisés à se nourrir de sang humain, cela devait être à l'unique condition que les deux parties soient d'accord. C'était une règle incontournable à laquelle tout contrevenant était sévèrement puni. Mais, pour avoir elle-même souvent opéré en-dessous des radars, elle savait également qu'il y existait un monde entre ce que dictaient les lois et ce que les gens faisaient réellement. Dans les faits, l'idée de servir de repas à l'une de ces créatures ne la dérangeait pas particulièrement – il n'y avait à ses yeux pas de grande différence avec le fait de vendre son sang à ceux qui étaient près à payer, chose qu'elle avait fait plusieurs fois par le passé – mais Amélia semblait être le genre de personnes à qui il valait mieux régulièrement rappeler certaines évidences.

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Octobre 11, 118

Amelia était une emmerdeuse. Comme une obligation de devoir faire chier son petit monde partout où elle allait, la vampyre était la personnification de la confiance, déboulant comme une reine en tout temps - sauf là où plus gros qu'elle nageait - et ce soir, c'est sans conteste que cet aspect d'elle-même ressortait avec l'aisance de la reine de la Pègre qu'elle était. Elide était rigide, mais rien qu'elle ne pouvait surmonter, tout sourire qu'elle était avec cette assurance crasse et ces gestes mesurés, elle parviendrait à la dérider. Ou alors elle l'emmerderait assez pour que l'élémentaire fuit. Les deux possibilités existaient et Amelia ne semblait dérangée à l'idée que l'une ou l'autre prévale.

Au moins, les présentations étaient faites, même si elles étaient plus un passage obligatoire qu'une véritable volonté de la vampyre de connaître plus en détail la jeune femme face à elle. Car Amelia était une personne égoïste et l'avait toujours été. Et maintenant que sa gorge pulsait à intervale régulier de cette magie noire résiduelle courant dans ses veines, il était certain qu'elle n'aurait plus aucun contact avec quelconque altruisme. Non, Amelia était de nouveau qui elle était sur Terre. Une petite peste, moqueuse et désagréable, qui agissait comme si le monde lui appartenait.

Et si Elide se pensait discrète lorsqu'elle eut son petit soupir de soulagement, Amelia ne manqua pas de le remarquer. Sûrement ses sens de prédateurs, mais elle savait l'effet que faisait le fait de voir ses canines. Mais elle ne s'en formalisa pas, se contentant de ricaner légèrement lorsque l'élémentaire argua qu'elle ne broyait pas du noir. Mon oeil. Amelia savait reconnaître une âme en peine lorsqu'elle en voyait une. Mais l'heure n'était pas à se morfondre, bien au contraire. Hochant alors la tête d'un air entendu lorsqu'elle invoqua le sacro-saint "j'étais dans mes pensées" le sourire en coin de la vampyre vint s'allonger, dévoilant parfois au hasard la pointe d'une canine qui vint surmonter cette lèvre rouge, pleine.
Vautrée dans sa chaise, la vampyre écouta alors les paroles de l'élémentaire, sans se départir de ce petit sourire et quand celle-ci vint la remercier, Amelia eut un geste de la main paresseux, un de ces geste qui ne pouvait rien signifier d'autre qu'un "baste" à peine dissimulé. « Me remercie pas, c'est normal voyons. » Mais cette phrase pleine de sagesse ne lui ressemblait pas, elle précisa alors, retrouvant l'éclat malicieux dans son regard rubis. « La moitié de ces débiles congénitaux ne pense qu'à s'accoupler ou à "prospérer" quoi que cette connerie puisse vouloir dire dans un monde où nous sommes seuls, alors leur en veut pas de pas savoir se tenir quand ils sont face à un peu de nouveauté. J'y suis passée moi aussi, avec l'option regards effrayés quand ils comprenaient que j'avais sûrement plus envie de les croquer que de leur chanter la sérénade. » Et de nouveau, ce sourire matois, cet air de peste tandis qu'elle ricanait sans retenue. Mais d'un geste de la main, elle appela la serveuse qui dodelina tandis qu'elle approchait et d'un geste à peine de son verre, la vampyre mentionna qu'elle était prête pour la deuxième tournée.

Puis ce fut au tour du lion à la face plate de se faire rhabiller et si Elide manqua de recracher son hydromel par les trous de nez, Amelia, elle, semblait apprécier avoir un public réceptif à ses petites méchancetés. Elle ricana alors quand la jeune femme vint préciser avoir assisté à l'acte un de la débandade sentimentale du lion, se redressant alors sur sa chaise d'un geste souple, d'une grâce insoupçonnée. « Voyez vous ça, mh... » Et à ce sourire de s'agrandir tandis qu'elle ne détournait pas le regard du lion en pleine tentative de drague. « Oh mais qu'il vienne, j'ai justement envie de m'amuser. » Et son verre plein lui étant ramené, elle le souleva, un sourire aux lèvres, comme si elle encourageait le lion à s'approcher. Qu'il le fasse, ou non, la finalité serait la même, les deux femmes pourraient s'en amuser à loisir. Au dépens du pauvre lion, certes, mais quelle idée avait-il eu de s'illustrer ainsi de ridicule devant une femme n'attendant qu'une arme pour vous poignarder ?

De nouveau vautrée dans sa chaise, la vampyre fit de nouveau un tour du propriétaire du regard, observant autour d'elle sans quitter ce petit sourire confiant qu'elle arborait. Elide réfléchissait à son offre de laisser la nuit les porter et si Amelia n'avait pas été quasi certaine que l'élémentaire accepterait, elle se serait sûrement levée, cherchant une victime nouvelle ou une compagne pour ses pérégrinations nocturnes, mais un petit quelque chose en elle lui soufflait qu'Elide n'attendait qu'une seule chose : Que quelqu'un la tire de ces pensées et ces regrets. Alors à sa question, la vampyre releva son chapeau d'un geste du doigt, prenant des airs de cowgirl toute puissante tandis que le liquide ambré était levé à ses lèvres et elle hocha la tête. Et comme si les deux femmes liaient leurs destins d'un fil d'or, cette petite soirée se dessinait, prenant forme par l'acceptation de l'élémentaire à la suivre, peu importe où elle irait.

Mais c'est lorsqu'Elide vint apporter une précision que le regard distant de la vampyre se riva de nouveau vers elle, gardant ce flegme typique qui la définissait. Un « Mh ? » interrogateur plus tard et une lueur curieuse brillait dans le regard d'Amelia, comme un chat croisant du regard l'ombre fugace d'une souris passant entre ses pattes et laissant alors la jeune femme expliciter les conditions de leur petite virée, elle hocha légèrement la tête. Alors sûrement qu'Elide pu voir un réseau de veines sombres se constituer contre la carotide de la vampyre, pour mieux disparaître, comme si la pulsation avait conscience d'avoir été repérée, mais après quelques secondes d'un silence tout relatif, elle reprit, le sourire dans la voix : « Tu sais... Imposer des règles ne me donne qu'une envie : ne pas les respecter. Mais parce que je suis gentille et que j'adore respecter la loi, je te promets de ne pas te croquer sans que tu l'ai accepté d'abord. Il paraît que mes morsures sont diablement plaisantes en plus. » Et cette fois, la garce lance un clin d'oeil proprement grivois, la pointe de sa langue passant fugacement sur sa lèvre supérieure avant qu'elle ne descende une nouvelle fois son verre d'une seule traite. Levant de nouveau la main vers la serveuse qui ne manqua pas de lâcher un bref soupir en voyant que la vampyre la rappelait déjà. Et sans un mot, la femme potelée vint déposer la bouteille du liquide devant Amelia, laissant les deux femmes sans un mot tandis que l'ex mafieuse se resservait généreusement.

Sûrement attiré par les regards fixes que la vampyre devait lui lancer, le métamorphe félin se mit alors à approcher, d'une démarche gauche tranchant avec la grâce aérienne que lui conférait sa race et se redressant alors sur sa chaise où elle avait manqué de se vautrer pour mieux mettre les pieds sur la table, Amelia emprunta alors son plus beau sourire forcé, s'accoudant à la table avec de petits airs de sirène allanguie sur son rocher tandis qu'il approchait.

« Bonsoir mesdames, vous êtes seules ce soir ? » Demanda-t-il dans une vague tentative de se faire charmant. Et feignant à merveille de l'intérêt, Amelia le regardant comme si il était le plus beau matou du monde se mit presque à ronronner d'une voix suave. « Plus maintenant, qu'est-ce qui t'amènes par là mon gros minet ? » L'envie de rire était présente, en témoignait le coin de ses lèvres tressautant légèrement. Le regard brillant de malice, Amelia testait le nouvel arrivé, le mettant immédiatement au pied du mur pour tenter de le tourner en ridicule. Car Amelia était charmante, n'est-ce pas ?

Feat Elide Evans

by Nathie

En exposant à la Vampyre les termes de leur accord, Elide avait envisagé plusieurs réactions possibles : un refus un peu vexé, des négociations obstinées, une acceptation désinvolte... Mais pas le défi qui illumina les yeux d'Amélia, la mention d'une frontière à ne pas franchir semblant au contraire provoquer chez l'héritière une furieuse envie de la traverser. Ah. Aux paroles prononcées d'une voix de velours, l'élémentaire frissonna doucement, la peur le disputant à l'anticipation que provoquait chez elle la proximité du danger. Ses yeux, d'abord attirés par une ombre sur la carotide de la Vampyre, suivirent comme hypnotisés le mouvement de sa langue et se perdirent un peu trop longtemps sur les lèvres carmin qui, étirées en un sourire enjôleur, dévoilaient la pointe d'un croc luisant. Elide se sentit rougir tandis que résonnaient dans son esprit les dernières mots d'Amélia. Les joues en feu et le cœur battant, elle se redressa, détournant précipitamment le regard, et s'appliqua à terminer d'une traite le reste de sa choppe. Seigneurs.

Heureusement, l'arrivée impromptue du métamorphe lion lui offrit la distraction dont elle avait désespérément besoin. Le répit fut de courte durée, cependant, car Amélia accueillit le pauvre animal avec une telle hypocrisie qu'Elide se retrouva à devoir feindre se gratter le nez pour cacher le rictus amusé qui bataillait pour apparaître. Dieux merci, l'homme était tellement obnubilé par la Vampyre et sa pose aguichante qu'il ne remarqua pas son petit manège. La jeune femme tendit la main et se servit un fond de la bouteille qu'avait déposé la serveuse, qu'elle avala cul sec. La brûlure de l'alcool le long de son œsophage lui permit d'oublier momentanément la scène ubuesque qui se déroulait sous ses yeux et de rassembler ses esprits. Elle se resservit aussitôt un nouveau verre qu'elle sirota doucement.

Durant ce laps de temps, le métamorphe avait tiré une chaise, sur laquelle il s'était assis à califourchon, les bras nonchalamment adossés sur le dossier. Il adressa à Amélia un sourire tout en crocs, avant de se tourner vers l'élémentaire et de lui offrir un clin d'œil tout aussi affecté.

« Permettez que je me joigne à vous, alors. » s'exclama-t-il d'une voix enjouée.

Toutes ces mimiques partaient certainement d'une bonne attention, mais l'ensemble était tellement en décalage avec l'apparence générale du lion qu'elles en devenaient ridicules. Elide sentit ses joues l'élancer sous l'effort qu'elle faisait pour ne pas éclater de rire. Elle trouva donc un compromis sous la forme d'un sourire éclatant – tout aussi faux que celui de la Vampyre –, comme si la présence à leur table du nouveau venu était le plus beau cadeau de la soirée.

« Mais avec grand plaisir mon chaton ! » ronronna-t-elle à son tour suavement, ce qui lui valut un vif coup d'œil surpris de la part d'un homme aux cheveux châtains qui passait comme par hasard à côté d'elles à ce moment précis. Autant pour sa réputation.

Enhardi par les démonstrations d'affection des deux femmes – le fait qu'il ne se rende pas compte de leur niveau d'hypocrisie en disait long soit sur son intellect, soit sur son niveau de sobriété – le métamorphe prit une grosse gorgée de sa boisson avant de reprendre avec une nonchalance affectée.

« Je m'appelle Tam. Pourrais-je connaître le nom de ces charmantes demoiselles qui me font l'honneur de leur douce compagnie ? »

« Je suis Elide, et la bombasse aux yeux vermeille à côté, c'est Amélia. » L'élémentaire, qui s'était péniblement retenue de hausser les yeux au ciel, inclina doucement la tête sur le côté et détailla le lion de la tête au pied avec un regard faussement appréciateur. « Elle te trouve probablement à croquer, d'ailleurs. » Elle traça sensuellement le contour de son verre avec l'index « On ne peut pas lui reprocher d'avoir bon goût. » La jeune femme évita soigneusement le regard d'Amélia, certaine qu'elle était de ne pouvoir garder son sérieux. Tam l'observa un instant avec des yeux de merlans fris, déstabilisé par ce rentre-dedans auquel il ne s'était visiblement pas préparé. Au bout d'une seconde cependant, il secoua doucement la tête, probablement réveillé par cette petite voix masculine millénaire qui devait lui hurler « putain mec, fais pas le con ! », et lui adressa un sourire carnassier, rendu étrangement crédible par l'étincelle libidineuse qui s'était allumé au fond de ses yeux. Elide en frissonna intérieurement de dégoût. Elle s'appuya à son tour sur le dossier de sa chaise, étirant une jambe devant elle dans une pose langoureuse, qui n'avait en réalité d'autre intérêt que de mettre de la distance entre elle et les mains possiblement baladeuses du métamorphe et de lui permettre de le repousser si celui-ci se faisait trop entreprenant – on n'était jamais trop prudente, comme elle l'avait appris à de nombreuses reprises lors de ses virées nocturnes.

Tam, visiblement chamboulé par les révélations d'Elide, porta sur Amélia un regard fiévreux, la détaillant à son tour d'un regard cette fois-ci réellement appréciateur, s'arrêtant un peu trop longtemps sur ses attributs. De là où elle était, l'élémentaire pouvait voir les rouages tourner dans la petite tête léonine, et n'avait pas besoin de creuser sa propre cervelle pour savoir ce qu'il devait penser – elle avait côtoyé suffisamment d'hommes pour en avoir une idée assez précise. Elle esquissa donc un petit sourire de connivence, anticipant avec l'impatience d'un spectateur devant un bon film d'action la scène qui allait suivre.

« Ah oui ? » susurra-t-il à l'attention de la Vampyre. Le métamorphe la déshabillait du regard avant un tel manque de discrétion que toute la taverne devait probablement mater en même temps que lui. « Si jamais, plus tard dans la soirée, je pourrai te payer à boire » ronronna-t-il avec un clin d’œil en mettant l’emphase sur ce dernier mot. Ronronna.

Seigneurs.

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Octobre 11, 118

Les paroles d'Amelia avaient fait leur petit effet. Observant la rougeur se diffuser sur les joues laiteuses de l'élémentaire, son sourire sembla davantage s'agrandir, de cette manière qu'elle avait de laisser le plaisir de voir les gens ployer la galvaniser. Car si une chose était sûre, c'était qu'Amelia savait parfaitement ce qu'elle faisait. Que ce soit cette posture nonchalante et pleine de grâce, ou ces paroles désinvoltes qui étaient pourtant si soigneusement sélectionnées. Alors naturellement, lorsqu'Elide choisit de se noyer dans sa pinte pour mieux masquer la chaleur de son visage, Amelia eut envie d'en rajouter, mais choisissant finalement d'être patiente face à cette nouvelle proie toute désignée, elle se contenta de laisser de nouveau son regard divaguer, accueillant avec un ravissant sourire l'arrivée planifiée du grominet de service. Amelia n'avait pas vraiment besoin de feindre cette risette d'ailleurs, tant son expression habituelle mêlait toujours un brin de moquerie et de défi. Et sûrement que le chat de salon façon géant était trop obnubilé par ses hormones pour comprendre la nuance, car il vint s'asseoir, son regard oscillant d'une donzelle à une autre. Le con devait sûrement penser avoir tiré le gros lot, deux femelles rien que pour lui et l'esprit déjà embrumé par les fantasmes qui couraient à toute jambe dans sa cervelle étriquée, Amelia n'aurait besoin de presque rien faire pour le faire basculer.

Elle allait donc montrer à Elide son petit jeu préféré : Ériger pour mieux détruire.
Plantant son coude sur un coin de la table, Amelia vint visser son poing contre sa tempe, les yeux glissant sans pudeur aucune sur le corps tout entier du Lion qu'elle détaillait. Elle n'aimait certainement pas ce qu'elle était en train de regarder, mais la garce savait si bien mentir que le pauvre minet n'y vit rien, lançant même une phrase qu'elle ne prit pas le temps de réfuter, répondant même d'une voix suave qu'elle avait volontairement baissée.

« Mais fait donc mon tout beau, fait donc. » Et elle fit lentement tourner son verre, laissant Elide prendre le lead de ce début de conversation qui l'amusait déjà tant. Mais sans même avoir besoin de feindre ce désintérêt soudain qui la prit, Amelia reprit son regard lointain, observant les autres groupes attablés non loin, comme si les bassesses mortelles en train de s'échanger autour de la table ne l'intéressaient guère. Ça ou elle n'avait que faire du prénom du métamorphe emprunté à l'une des pires raclures de littérature. Dans tous les cas, pas de haut seigneur du printemps à l'horizon, juste un gros chat et ses espoirs qui finiraient tôt ou tard piétinés. À voir quand la garce déciderait de l'achever. À deux doigts de montrer des relents d'ennui, Amelia vint pourtant poser les jambes sur le genou du nouveau venu, sans demander son reste. Les talons trônant là sur le pauvre matou, elle lui adressa un regard fixe, sans détour, comme si silencieusement elle l'invitait à arguer, refuser ce contact imposé et possiblement dégradant, mais le lion n'en fit rien, posant simplement une grosse patoune griffue sur la cheville de la vampyre qui aurait presque pu lui demander de l'éventer.

Et pour toute réponse, quand Elide mentionna les goûts zoophiles de la vampyre, celle-ci lui adressa un petit sourire de connivence, un bref hochement de tête appréciateur suivant derrière. Mais leurs regards ne se croisèrent pas, à la place, Amelia fixa ses yeux rubis dans ceux du lion, battant exagérément lentement des paupières quand celui-ci se mit à se tortiller sur sa chaise, sentant sûrement son coeur gonfler d'égo à l'idée qu'une femme comme elle ait pu le choisir. Et sûrement que la garce en rajoute encore, s'allanguissant sur sa chaise avec des poses de sirène, sa musculature puissante de prédatrice se mettant en branle pour exagéré ses courbes légères, mais présentes. Car Amelia n'était pas du tout voluptueuse. Tout au plus affutée, taillée pour la chasse et le meurtre, mais elle n'avait rien à envier à aucune autre femme présente dans la pièce, sa poitrine étant menue et ses hanches étroites. Mais ce n'était visiblement pas ce qui dérangeait le matou, qu'on pouvait presque entendre ronronner d'anticipation de l'autre côté de la table, déjà galvanisé par le simple fait de servir de repose pied. Il tenta bien de faire glisser sa main le long d'une jambe, mais la vampyre lui asséna un sifflement si emplit de reproches et un regard d'une telle noirceur, qu'il abandonna toute idée de jouer les meneurs dans cette petite veine qu'il se tapait.

Il choisit donc de demander si les paroles d'Elide étaient réelles et reprenant sans mal aucun son petit sourire enjôleur, Amelia se redressa légèrement, ôtant ses jambes de la jambe oreiller pour mieux se pencher, accoudée sur la table. Sa voix de velours reprit alors, dans un ronronnement aguicheur à peine dissimulé. « Comme tu es adorable mon coeur. Mais il faudra te saigner alors, je n'ai pas ta merveilleuse faculté à recracher les boules de poil. » Et de ponctuer cette petite phrase assassine d'un clin d'oeil, avant que son dos ne retrouve le dossier de la chaise dans lequel elle vint s'affaler.

Sûrement que le lion comprit un peu la double teneur des paroles de l'opaline, car même si elle avait enrobé ses mots assassins d'une voix chaude, elle venait tout de même de lui envoyer un sacré tacle dans les moustaches et sûrement l'égo un peu en berne, le lion reposa son attention sur Elide, Amelia voyant bien dans son attitude défensive que l'élémentaire ne souhaitait pas se mouiller autant qu'elle. Alors dans un geste faussement possessif et aussi simplement parce qu'elle le pouvait, Amelia se pencha à peine, attrapant le bord de la chaise de Tam pour le tirer plus près d'elle, sans même avoir à forcer. Car si les vampyres étaient amateurs de croque jugulaire, ils étaient surtout ridiculement forts. Amelia aurait sûrement pu faire tourner Tam sur son nez comme une balle sans même mouiller la chemise. Et comme une jouvencelle, le lion échappa un couinement ridicule lorsque sa chaise fut tirée, sa crinière s'agitant un instant avant qu'il ne pose de nouveau un regard prédateur sur l'héritière. « Entreprenante hm ? » Demanda-t'il encore un peu surpris. Et à Amelia de sourire, dans un pseudo rictus innocent avant qu'elle ne s'accoude de nouveau, horriblement près du lion et de son haleine avinée. « T'as tout compris. Maintenant tu comptes nous payer un verre ou tu vas proposer de nous laisser te regarder faire ta toilette ? Je me suis toujours demandé si les métamorphe félin prenaient des bains ou préféraient utiliser leurs langues. »

Cette fois, le métamorphe se décompose, se demandant sûrement quels étaient les double sens de cette phrase. Mais en réalité, il n'y en avait aucun, Amelia était simplement en train de se jouer de lui, pour son bon plaisir et voyant alors le lion lever une main vers la serveuse sans la quitter du regard, elle poussa même le vice en le soutenant, feignant presque à merveille être charmée par ses yeux fauves, son odeur animale et ses ronronnements. Mais il y avait fort à parier qu'à peine les verres auraient-ils été payés, qu'elle lui claquerait une remarque cinglante lui donnant envie d'aller s'enterrer, pleurer son désespoir sans comprendre pourquoi ces deux femmes l'avaient ainsi tourmenté.

Feat Elide Evans

by Nathie

Elide devait le reconnaître : dans le genre allumeuse décomplexée, Amélia se plaçait tout en haut de l'échelle. La jeune femme observait le petit numéro de la vampyre avec une véritable fascination, enviant l'aisance et le naturel avec lesquels celle-ci menait le pauvre bougre en bateau. Dans un autre monde et un autre temps, Amélia aurait probablement fait une partenaire de crime idéale. À défaut, ce soir, elles devraient se contenter de dépouiller le métamorphe, programme qui semblait d'ailleurs plutôt bien parti. Enfin, si le lion ne crevait pas de trouille avant – chose qui, elle aussi, semblait être en bonne voie. Elle-même avait tressailli au sifflement que l'héritière avait laissé filer lorsque Tam avait eu le courage – ou la stupidité – de vouloir profiter de la situation pour la peloter plus qu'elle ne l'y autorisait déjà. Tranquillement – et en sécurité - assise de l'autre côté de la table, l'élémentaire observait la scène en sirotant son whisky, avec l'impression de plus en plus tenace de voir en face d'elle une vipère resserrer doucement ses anneaux autour d'un lapereau inconscient du danger. Dans un autre monde et un autre temps, Elide se serait interposée, aurait conseillé au lion de dégager et à Amélia de trouver une victime plus féroce. Mais pas ce soir. Car, depuis que la Vampyre avait débarqué à sa table avec sa proposition décadente, la jeune femme n'avait plus qu'une sombre envie : déconnecter et ... s'amuser.

C'est pourquoi, plutôt que de mettre un terme à ce jeu malsain, Elide se contenta de ricaner doucement dans sa barbe, manquant de s'étrangler de rire au couinement terrifié que laissa échapper le métamorphe lorsque l'héritière l'attira à elle. C'était lui, désormais, qui posait sur la jeune femme blonde un regard incertain, comme s'il prenait enfin conscience du bourbier dans lequel il s'était fourré. Mais, comme un chat qui retombe sur ses pattes après une chute de trois étages, le bon Tam ne se laissa pas intimider bien longtemps et, levant un sourcil aguicheur, se fendit d'une dernière répartie – quoique prononcée d'une voix un peu tremblante. L'élémentaire se passa la main sur le visage, secouée d'un rire silencieux.

La serveuse, justement apostrophée par le dindon de cette énorme farce, se rapprocha d'un pas lourd avec sur son visage l'air blasé de la maritorne qui sait que la nuit ne fait que commencer.

« Deux cocktails à la Plumelle corsée pour ces jolies dames, mon cœur » demanda le lion sans détourner le regard d'Amélia. De là où elle se trouvait, Elide pouvait voir sa pomme d'Adam monter et redescendre au rythme de ses déglutitions frénétiques. Il fallait au moins reconnaître au pauvre bougre qu'il savait mettre les gros moyens pour tenter de les séduire – le prix de ces boissons était proprement scandaleux. Mais, comme elle se sentait d'humeur taquine, elle ne résista pas bien longtemps à la tentation d'ajouter encore un peu d'huile sur le feu.

« Mon cœur ? » s'exclama-t-elle d'une voix faussement scandalisée. « Ferais-tu des infidélités à la belle Amélia, petit chat ? Fais attention, elle n'est guère partageuse. » L'élémentaire termina son verre d'une traite et le reposa sur la table avec un bruit sonore. Se saisissant de la bouteille, elle remplit de nouveau leurs deux gobelets, faisant glisser celui de la Vampyre dans sa direction. « Et d'ailleurs » ajouta-t-elle après quelques instants, « tu ne nous as pas répondu. Es-tu de ceux qui préfèrent utiliser leur langue ? » Et de se fendre d'un clin d'œil évocateur.

Le métamorphe pâlit – spectacle saisissant, au passage – et lança vers sa dulcinée proclamée un regard presque paniqué. La jeune femme aurait juré voir ses méninges fumer tandis qu'il cherchait visiblement un moyen pour se sortir de ce mauvais pas.

« Des infidélités ? Jamais, vo ... voyons ! » Tam sembla se reprendre. « Au contraire », reprit-il d'une voix plus ferme, « je n'ai d'yeux que pour elle. N'est-ce pas, ma magnifique petite pompe à hémoglobine ? » Et de rapprocher sa truffe frémissante du nez d'Amélia. Seigneurs, ça allait être superbe. Le verre à la main, Elide se campa plus confortablement sur sa chaise, prête à assister à la baffe du siècle. Mais, alors qu'elle prenait le pari solitaire que le métamorphe giclerait hors de son fauteuil sous le coup de la droite que lui collerait probablement Amélia, une main se posa soudain sur son épaule, la faisant sursauter.

« Excusez-moi, la place est libre ? » murmura une voix chaude et mélodieuse à son oreille.

Les sourcils froncés, l'élémentaire jeta un rapide coup d'œil à l'inconnu, déjà prête à lui dire de dégager. Se figea. Se retourna tout à fait. Écarquilla légèrement les yeux. Merde, mais c'était qui ce canon ?

« Heu... je... oui, je suppose que oui » balbutia-t-elle, prise de court devant l'homme aux cheveux mi-longs qui se tenait devant elle. Voilà qui n'était pas prévu. Le nouveau venu s'installa à ses côtés avec aisance, un verre de vodka à la main. Et posa nonchalamment son bras sur le dossier du fauteuil de l'élémentaire. Ah, monsieur était direct, d'accord. Un sourire séducteur aux lèvres, celui-ci se pencha légèrement vers elle, laissant apercevoir quelques écailles vertes dans l'encolure de sa chemise. Ah, un triton. Ou une nymphe ?

« Votre pote lion là... il est au courant qu'il va se faire jeter ? Elle est carrément au-dessus de son terrain de jeu. »
« C'est pas vraiment mon pote » marmonna une Elide aux ardeurs destructrices momentanément soufflées par cette présence incongrue. Drôle de façon de la draguer, que de vanter devant elle les attributs d'une autre femme. Attendez, c'était ses doigts qu'elle sentait en train de lui caresser la nuque ?

« Vos boissons » les interrompit la voix revêche de la serveuse en déposant brutalement deux verres remplis d'un liquide à la couleur presque fluorescente. Elide feignit de s'avancer vers la table pour rompre le contact des doigts baladeurs du triton-nymphe-elle-ne-savait-quoi. Mais ce dernier ne s'en laissa pas compter et suivit le mouvement, appuyant ses coudes sur ses genoux, sans se départir de son sourire enjôleur.

« Cela dit, moi ça me va. Tu m'intéresses beaucoup, mais si je peux vous avoir toutes les deux ... » Ses yeux verts pétillaient d'amusement... et d'envie.

Ah, voilà, on y était. Monsieur Creepy, le retour. Il avait de la chance d'avoir une belle gueule et une plastique à baver, autrement elle lui aurait probablement déjà balancé son verre à la tronche. Fais comme Amélia, fais comme Amélia, se contraignit-elle à penser, alors que son instinct lui hurlait "Pervers en vue. Pervers en vue". Une seconde. Deux secondes. Elide força son corps à se détendre, à se souvenir de la parade. Trois secondes. Quatre secondes. Elle étira ses lèvres en un sourire charmeur. Cinq secondes. Six secondes. Elle laissa la brûlure de l'alcool qu'elle venait d'avaler lui redonner un peu de courage. Sept secondes. Huit secondes. Elle se souvint que cette soirée n'était censée avoir aucune limite. Se rappela cette sensation de danger mâtiné d'excitation qu'avait fait naître le sourire tout en crocs d'Amélia. Neuf secondes. Dix secondes.

« Ah oui ? » murmura-t-elle d'une voix lascive en se penchant légèrement vers lui, jouant avec le bouton de sa chemise. Du coin de l'œil, elle guettait la réaction d'Amélia aux mimiques énamourées du métamorphe, refusant d'en perdre la moindre miette.

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Octobre 11, 118

Voilà, la soirée pouvait vraiment commencer. Un bon verre, une pauvre âme à tourmenter, les conditions étaient réunies pour qu'Amelia puisse véritablement s'amuser. Car finalement, l'héritière gonflée de relents de magie noire était - devenue - une femme simple. Et si elle ne s'était pas laissée aller à ce petit jeu depuis qu'elle était arrivée, tourmenter son petit monde était comme le vélo : ça ne pouvait s'oublier.
Alors elle commença en douceur, battant des cils comme une biche inoffensive, lâchant quelques commentaires ça et là pour tester la résistance psychologique de sa cible et sa détermination à la mettre dans son lit. Et sûrement aidée par les quantités gargantuesques d'alcool que l'abruti semblait avoir ingéré, Amelia comprit vite qu'elle pourrait littéralement lui ordonner de donner la patte : que l'idiot l'aurait fait.

Un petit sourire de squale rivé sur les lèvres lorsqu'elle l'entendit glapir comme une jouvencelle en se faisant ainsi tirer sur sa chaise, la vampyre se contenta d'afficher un maigre sourire amusé. Le bougre était comme un chiot prit dans un filet, trop embourbé pour faire demi-tour et à la fois trop intrigué pour véritablement tenter de s'enfuir et une fois la frayeur passée, elle vit l'idiot en chef héler la serveuse pour mieux tenter de jouer les squale à son tour. Ainsi l'idiot premier du nom voulait scander des mon coeur à tout va. Dommage pour lui, il venait d'offrir à l'héritière une merveilleuse façon de s'en débarrasser. Un fait qu'Elide ne manqua pas de remarquer, agrandissant au passage le sourire en coin de la succube qui se contenta de visser son poing contre sa mâchoire, le coude enfoncé dans un coin de la table.

« Elide a raison, je n'aime pas partager. » Et d'accentuer ce petit air ennuyé qu'elle n'avait même pas besoin de feindre, haussant un sourcil par simple plaisir de voir le Lion se figer.
Attrapant alors son verre qui lui était envoyé, Amelia le descendit à son tour d'une traite, faisant claquer le cul du gobelet sur le bois de la table tandis qu'elle dévisageait maintenant Tam qui semblait s'évertuer à trouver une pirouette suffisante pour le sauver de ce bourbier. Il avait provoqué la colère de sa dulcinée, celle-ci le toisant froidement en attendant qu'il vienne se justifier et quand enfin, la créature de poil parvint à balbutier quelques menus excuses, Amelia se contenta de lever les yeux au ciel, échappant un soupir volontairement exagéré. Mais voilà que le bougre approchait sa truffe luisante de son visage et dans une vitesse surnaturelle, la vampyre leva une main, le museau dentu venant s'y écraser avant qu'elle ne le repousse, ramassant le bougre dans sa chaise tout autant qu'elle pivotait sa nuque dans la direction opposée. « Couché Médor, t'as perdu ta chance de me renifler en laissant ta langue pendre vers notre amie au tablier. Va donc voir ailleurs si j'y... » mais elle n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'une nouvelle entrée se faisait, une espèce de roméo des temps moderne, avec option écailles de poisson dans son col.

Amelia étant assez stupide pour ne pas connaître les différentes races présentes en ville, elle vint alors le détailler, fronçant immédiatement les sourcils devant l'audace que démontrait le nouvel arrivé. Tam dûment calmé, Amelia ne quittait désormais plus de son regard acéré la grande bringue aux accents de casanova italien quand elle sentit un instant le souffle chaud du métamorphe l'effleurer. Con comme ses pieds, ou plutôt bien décidé à ne pas laisser filer la vampyre aux charmes ravageur, il s'était de nouveau approché, profitant sûrement de l'inattention de sa mie qui sondait les intentions de la nouvelle présence comme si elle sentait les ennuis arriver. Un regard mauvais plus tard et TamTam était renvoyé dans sa chaise, à deux doigts de recevoir une baffe magistrale si jamais l'envie lui prenait de retenter de s'approcher quand en silence, Amelia vint jauger cette intrusion nouvelle, laissant à Elide l'occasion de s'en débarrasser sans qu'elle n'intervienne.

Mais le langage corporel de la veilleuse parlait pour elle, elle semblait aussi confortable qu'un chien dans un jeu de quilles et si Amelia leva un doigt autoritaire en direction de Tam qui tentait de lui chanter la sérénade de son haleine avinée, elle se pencha un peu plus encore sur la table, les yeux plissés dans une méfiance certaine. Et c'est la main contre la nuque de l'élémentaire qui la fit tiquer, faisant naître un rictus féroce sur les lèvres de la vampyre tandis qu'elle couvait désormais l'intrus d'un regard mauvais.

Leurs verres dûment posés sur la table, Tam royalement ignoré comme le chat de salon sans intérêt qu'il était, Amelia héla alors le nymphe et ses manières un peu trop cavalières à son goût.

« Hey toi là. Oui toi le salsifi qui joue les beau gosse ténébreux. Tes mains dans les poches ou je m'en fais un collier. On touche pas sans demander. Quoi ? T'as pris tes manières dans les égouts ? À moins que tu veuilles aller y faire un tour, les rats seront ravis de retrouver un de leur congénères. » Et voyant bien Tam jouer les chiens battus à ses côtés, Amelia se fit alors plus incisive, lui crachant presque au visage. « Toi, je t'ai assez vu pour l'instant, laisse moi un peur d'air veux-tu ? Je viendrais te chercher quand j'aurais décidé qu'il sera l'heure de rentrer, tu feras une magnifique carpette au pied de mon lit. » Et de lui indiquer d'un mouvement de menton qu'il était temps de filer, sans oublier de l'attraper un instant par le col, faisant sûrement vivre au pauvre lion toute une palette d'ascenseur émotionnel pour mieux murmurer de cette voix suave parfaitement maîtrisée : « Les verres ne vont pas se payer tout seuls par contre, mon coeur. » Pour mieux le lâcher, le lion se délestant des quelques azys nécessaires au règlement des cocktails que la vampyre ne tarda pas à siroter.

Reportant alors son attention sur le seul homme présent à la table - Tam jouant maintenant les chiens battus à sa table d'origine, les yeux rivés sur la vampyre qui l'ignorait - Amelia décala légèrement sa chaise, assez pour s'approcher d'Elide et du même geste qu'elle avait eu pour approcher Tam, elle vint saisir le bord de l'assise sur laquelle la jeune femme se trouvait, la tirant près d'elle, passant alors un bras amical autour de sa nuque tandis qu'elle dardait ses yeux rubis sur le nymphe, désormais hors de portée pour venir peloter l'élémentaire. « Alors, puisque t'as décidé de t'inviter, un prénom serait la moindre des choses, non ? » Et gardant le bras autour des épaules d'Elide qu'elle protégeait ainsi de sa proximité, Amelia leva son verre de plumelle, trinquant avec sa partenaire du soir non sans continuer de couver d'un regard presque mauvais la pièce rapportée. Si il voulait gagner le droit de rester à cette table, mieux vaudrait pour lui décliner son identité, sans quoi Amelia le briserait en deux, simplement parce qu'elle le pouvait.

Feat Elide Evans

by Nathie

Lorsque la truffe du métamorphe entra en collision avec la main dressée de la Vampyre, Elide, qui observait la scène du coin de l'œil tout en essayant, bon gré, mal gré, de gérer du mieux possible l'attention assidue dont elle était la victime, explosa tout simplement de rire. Pas l'un de ces ricanements un peu rauques qu'elle servait lorsque la situation l'exigeait, mais un rire franc et clair, comme si une digue un peu faiblarde avait soudain cédé face à la pression répétée d'un torrent enfermé depuis trop longtemps. Les mains posées sur son ventre comme pour mieux contenir cet élan de joie qui la secouait tout entière, elle savoura cette sensation qui emplissait sa poitrine d'une légèreté étrangère, se rejouant encore et encore la scène au ralenti.

« Je l'avais bien dit, qu'il allait se prendre un râteau... » marmonna l'inconnu à ses côtés, rajoutant à l'hilarité de la jeune femme qui en oublia momentanément les mains baladeuses. C'était cependant sans compter sur la Vampyre qui, observant la scène de loin d'un œil irrité, décida qu'il était temps pour elle d'enfiler sa cape de chevalier blanc et de voler au secours de sa compagne de beuverie. Congédiant notre ami métamorphe avec une formule à ce point acerbe qu'elle fit se recroqueviller de crainte au moins trois personnes autour, Amélia apostropha le nouveau venu avec la délicatesse d'un troll en rut avant de s'approcher ... et de tirer à elle la chaise sur laquelle l'élémentaire se pâmait. Déséquilibrée par cette traction soudaine, celle-ci fit entendre un « woooow » étonné, vacillant légèrement sur place, une jambe à demi-levée pour retrouver son équilibre. Une partie de son verre en profita pour gicler par-dessus bord, inondant le sol... et une partie des chaussures du nymphe. Ce dernier s'écarta avec un claquement de langue agacé mais, voyant qu'il y avait eu plus de peur que de mal, se contenta de lever un sourcil interrogateur à destination de la Vampyre. Sérieusement ? semblait-il demander.

« Houlà, doucement la furie ! » Le nymphe leva les mains dans un signe d'apaisement. « Je ne lui voulais aucun mal à ta copine, d'accord ? Et je crois qu'elle est assez grande pour me le dire toute seule, si je la dérangeais, non ? » ajouta-t-il en lançant à Elide un regard appuyé.

Parlons-en d'Elide, tiens, justement. Baladée de bras en bras, celle-ci se demandait vaguement quel prédateur était le plus à craindre entre la Vampyre et son attitude possessive, et le nymphe, qui l'aurait bien possédée mais d'une autre manière. L'espace d'un instant, elle eut l'impression d'être un bout de viande que s'arracheraient deux bêtes mortes de faim – de sang pour Amélia, et de... bref, passons, pour l'inconnu – et fronça légèrement les sourcils. Allons bon. Mi dépitée mi-surprise à l'idée qu'on puisse se disputer son attention, la jeune femme termina ce qui restait de son whisky avant de reposer sa timbale vide sur la table d'un mouvement sec en une parfaite imitation d'Amélia quelques instants plus tôt. En temps normal, la jeune femme aurait écarté l'offense d'un geste de la main comme on balaie sur un vêtement une peluche irritante. Peut-être, par la force de l'habitude, ne l'aurait-elle même pas relevée. Cependant, quelque chose dans la proximité de l'héritière semblait comme étouffer ses inhibitions, la poussant à franchir le cap de cette affirmation qu'elle n'avait jamais su maîtriser, la poussant à vouloir à son tour s'amuser aux dépens de ces salopards et les faire payer à la place de ceux qu'elle avait, l'espace d'une nuit, invités dans son lit.

« Tu ne m'as pas vraiment laissé l'occasion d'en placer une, si ? » rétorqua-t-elle ainsi au Casanova des tuyaux d'une voix amusée. « Mais, parce que je suis bon prince, je te pardonne. Pour cette fois. Car, comme le rappelais très justement ma compagne ici présente... » Elide se tourna vers la Vampyre et lui offrit un sourire aguicheur, qui exprimait en réalité, dans ce langage universel que partagent toutes les femmes, une réelle gratitude « ... pas de contact sans consentement. » Plantant ses yeux dans ceux de l'héritière, elle agrippa doucement son bras qu'elle fit glisser de ses épaules – celle-ci la serrait un peu trop fort. Tout en maintenant le contact de leurs regards, l'élémentaire garda cependant sa main dans la sienne et en effleura le dos de ses lèvres. « Bien que certaines aient davantage de privilèges que d'autres. » Un petit sourire, un clin d'œil, un regard en coin pour s'assurer que le nymphe n'en perdait pas une miette – elle l'entendit très nettement déglutir – et elle relâcha la main d'Amélia, non sans effleurer une dernière fois ses doigts. Juste parce qu'elle le pouvait. Juste parce qu'elle en avait envie. Juste pour rappeler, à l'un comme à l'autre, qu'elle n'était pas qu'une simple poupée de chiffon qu'on s'échangeait au gré de ses fantasmes.

« Jem'appelleUskei » débita le nymphe d'une traite, vissant sur les deux femmes des yeux aux pupilles tellement dilatées qu'elles en grignotaient presque le vert de son iris. L'élémentaire laissa échapper un petit rire satisfait tout en s'emparant de son cocktail aux reflets fluorescents. Un point partout. « Tu avais l'air occupée » continua l'homme à l'intention d'Amélia « alors j'ai pensé que... Elide, c'est ça ?... aimerait sans doute un peu de compagnie. Deux belles femmes comme vous, seules, c'est un véritable gâchis. »

Dans une configuration différente, Elide aurait pu se laisser séduire par le nouveau venu. Elle aurait plaqué un sourire aguicheur sur ses lèvres, l'aurait écouté débiner ses conneries pour l'embobiner. Au bout d'un temps, elle aurait accepté ses mains baladeuses, et les siennes se seraient promenées en retour. Des baisers échangés entre deux soupirs auraient suivi les confidences luxurieuses murmurées à mi-voix, avant qu'ils ne s'éclipsent dans un coin tranquille où, après quelques instants d'oblivion, elle aurait pu le dépouiller tranquillement. Mais tout cela, c'était avant. Ce soir, il y avait fort à parier que l'orgueil du nymphe rejoindrait les fragments éparpillés de la dignité du métamorphe qui l'avait précédé. Et elle s'en délecterait.

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Octobre 11, 118

Décidément, tous les mâles de cette foutue ville étaient sur les dents. Qu'il s'agisse de TamTam le lion entreprenant, ou de ce nouveau venu écailleux aux mains baladeuses, le réarmement démographique avait de beaux jours devant lui, prenant des accents de harcèlement sexuel de macho décomplexés, incapable de réaliser qu'ils étaient apparus comme un fichu cheveux sur une merveilleuse soupe d'amusement entre filles. Qu'à cela ne tienne, Amelia n'était pas du genre à reculer devant un combat, encore moins un gagné d'avance et si Tampon fut dûment congédié jusqu'à sa niche, d'abord sous la forme d'une main repoussant sa grosse truffe humide de golden retriever loin d'elle, Amelia ne tarderait pas à enterrer son égo des lieues sous terre, bien décidée à profiter de la soirée simplement en compagnie de la jeune élémentaire. Son sourire moqueur s'étirant lorsqu'elle entendit Elide rire à gorge déployée, Amelia ne tarda pas à tourner son attention vers le nouveau venu, bien plus entreprenant encore que monsieur boule de poil désormais envoyé paître.

Et si elle ne trouva rien d'autre que d'enlacer les épaules d'Elide pour manifester au nymphe qu'il faudrait se frotter à elle si il voulait obtenir quoi que ce soit, Amelia eut un sourire complice à son tour lorsque son regard croisa celui de la veilleuse. Car si son geste n'avait que simple objectif celui de la protéger, Amelia ignorait parfaitement le fait qu'il aurait pu être mal interprété, vu comme une certaine possessivité à obtenir son attention. Car évidemment qu'Amelia ne se disputait personne, qu'elle ne courrait après personne. Tout au plus, elle courrait dans la direction opposée lorsqu'elle voyait un visage qu'elle aurait préféré éviter, mais bonne joueuse, elle laissa Elide s'exprimer, désormais protégée par sa proximité. Si le nymphe voulait de nouveau s'approcher, il aurait fallu pour ça qu'il se mette à portée de ses réflexes surnaturels, de sa force monumentale et de son appétit particulier. Non, il aurait vraiment fallu être profondément con pour s'y essayer.

Alors le sourire de la vampyre resta rivé sur ses lippes carminées lorsqu'Elide prit les devant, claquant une remarque cinglante au nouveau venu et à ses gros sabots. Oui, le con avait touché avant de parler, c'était là sa plus grosse erreur. Car en effet, il était convenablement proportionné, si on oubliait son cervelet inexistant qui rendait sa beauté bien fade. Le mot compagne forçant ainsi l'exploratrice à réciproquer le regard complice qu'elles échangeaient, elle adressa même un bref clin d'oeil à l'élémentaire, de cette manière qu'elle avait de la suivre dans ce petit jeu qui l'amusait. Mais Amelia sembla surprise lorsqu'Elide leva son bras, le faisant glisser entre elles sans pour autant lâcher sa main. Elle l'avait sûrement serrée un tantinet trop fort, trop protégée au goût de l'élémentaire ? La vampyre l'ignorait, tout ce qu'elle savait c'est que cette Elide savait parfaitement manoeuvrer le fait de souffler le chaud et le froid pour ne pas l'enrager. Les yeux plongés dans ceux de miel de sa compagne de soirée, Amelia força même un peu le trait - représentation auprès du nymphe oblige - et fit presque mine de s'approcher, un sourire de connivence sur les lèvres.
Alors, lorsque l'élémentaire fit glisser le dos de sa main contre ses lèvres, Amelia en détacha un doigt qu'elle passa en douceur contre sa joue tout près, sans plus un regard pour le nymphe dont les fantasmes devaient certainement s'envoler de son côté de la table, Tam pleurant sûrement à chaude larmes d'avoir ainsi manqué un si beau spectacle, langue pendante depuis l'autre bout de la taverne. Mais à peine Elide avait-elle abaissé son geste, qu'Amelia sembla s'en désintéresser, son dos retrouvant le dossier tandis qu'elle croisait les jambes de ce même air régalien qu'elle arborait à son arrivée. Loin d'avoir pris ombrage de la petite remise au point que venait de faire Elide, Amelia n'avait surtout jamais eu le courage de ramper et elle ferait ce qu'elle avait toujours fait : laisser venir à elle quiconque souhaiterait l'approcher.

Son verre en main, elle continua alors de le siroter, échangeant parfois quelques regards complices en direction d'Elide, restant pour l'heure bien silencieuse et quand enfin, le nymphe se mit à palabrer, bégayant à moitié dans l'espoir sûrement vain de ne pas ruiner toutes les chances accumulées, Amelia échappa un petit rire, moqueur au possible tandis que son regard coulait sur lui avec un dédain certain.

« Et donc dans toute ta grandeur d'âme tu as imaginé que ta compagnie nous intéresserait plus que de rester entre filles ? » Son dos quitta alors le dossier tandis qu'elle se penchait vers la table, ses prunelles luisant d'une lueur prédatrice tandis qu'elle dévorait du regard le pauvre nymphe désormais maladroitement accoudé. « Nous n'avons pas besoin de toi pour bien nous amuser tu sais... » Elle fit volontairement traîner la phrase plus que de raison, y fourrant un sens bien plus ambivalent qu'il n'y paraissait. Gardant cette fois ses mains bien pour elle, Amelia fit alors glisser un index contre le rebord de son verre à cocktail, penchant finalement la tête sur le côté dans un geste animal, son regard rubis se figeant sur la carotide du nymphe qu'elle voyait battre d'appréhension sous sa peau laiteuse. « Mais qui sait, tu feras peut-être une distraction intéressante, si tant est que tu gardes tes mains pour toi, à moins que ma compagne ici présente t'ordonne le contraire. Est-ce que j'ai été bien claire, Uksei ? » Et à son sourcil de se lever, inquisiteur, autoritaire alors que la garce passait cette fois pleinement sa langue sur sa lèvre, la veine battant maintenant tout à fait jusqu'à lui faire monter l'eau à la bouche.

Puis, comme elle s'était intéressée, soudain, son attention sembla diverger, reprenant son passage en revue ennuyé des têtes présentes dans la taverne. Finalement moins amusée par tout ce petit remue-ménage, Amelia semblait à deux doigts de basculer, comme si finalement, l'attention de l'héritière pourrie gâtée ne tenait pas à grand chose, qu'elle pouvait s'amuser comme soudain bâiller d'un ennui mortel un fois son petit amusement oublié. Qui sait, peut-être s'évanouirait-elle dans la nuit à peine ce verre serait-il terminé ? On ne pouvait jamais vraiment savoir avec un tel phénomène tant tout et rien pouvait l'agacer.

Feat Elide Evans

by Nathie

Le nymphe haussa les épaules à la question d'Amélia.

« Tu ne peux pas m'en vouloir d'avoir essayé, si ? » rétorqua-t-il avec un petit rire gêné avant d'avaler une longue gorgée de la boisson ambrée qu'il tenait d'une main tremblotante, comme pour se donner du courage. Et du courage, il lui en fallait pour faire face au regard inquisiteur de la Vampyre, qui s'attardait d'ailleurs insidieusement sur la carotide du pauvre homme plus longtemps que nécessaire. Une alarme s'alluma dans l'esprit d'Elide, qui ne parvint toutefois pas à percer la brume alcoolisée qui avait commencé à envahir ses pensées et qui étouffa dans l'œuf toute velléité de questionnement plus approfondi. Après tout, le nymphe méritait bien de déguster un peu, non ?

Un lourd silence tomba sur le petit groupe à la suite de l'ultimatum d'Amélia. Le trio s'observa en chien de fusil, jusqu'à ce que l'héritière, que tout cela ennuyait visiblement, se désintéresse du problème et promène autour d'elle un regard papillonnant. Choisissait-elle déjà sa prochaine proie ? ne put s'empêcher de se demander Elide. Il lui semblait pourtant que la Vampyre avait prouvé son point de vue – à savoir que les personnes assemblées au Baudet Ricaneur n'étaient qu'un ramassis de demeurés. Force était de constater que, jusqu'à présent, le retour d'expérience lui donnait plutôt raison.

« Vous savez quoi ? » reprit Uskei en commençant à se lever. « Je n'ai vraiment pas envie de me prendre la tête, donc je vais vous laisser. Navré si mes intentions ont été mal ... interprétées. Elide ? » il se fendit d'un nouveau sourire charmeur, qu'il adressa à l'élémentaire en ignorant de façon ostentatoire la Vampyre – parce qu'il l'avait dans le nez, ou parce qu'elle lui collait les jetons, allez savoir « ... au plaisir de faire ta connaissance plus en profondeur lorsque les circonstances seront moins... hostiles » termina-t-il en lançant à l'héritière un coup d'œil agacé. Après quoi, le nymphe se fendit d'une courbette aussi impertinente qu'incongrue et tourna les talons, laissant les deux femmes enfin seules.

« Et ben... » avança l'élémentaire en sirotant son cocktail, un bras négligemment posé sur le dossier de sa chaise tout en observant l'homme s'éloigner - ou plutôt son séant, serait-il plus juste d'admettre dans un élan d'honnêteté. Elle se tourna vers sa compagne de beuverie. « Voilà au moins un truc qui n'a pas changé. Sur Terre ou ici, il y a toujours autant de morts de faim. » Elle se laissa aller à ricaner. « En tout cas, tu les as reçus comme il fallait, chapeau bas... » mima-t-elle de concert « ... et merci pour le coup de main, j'ai apprécié. »

Entre autres parce que cela lui avait évité de devoir se glisser dans un costume qu'elle n'avait ce soir aucune envie d'enfiler. Mais ça, la jeune femme se garda bien de le dire, préférant entrechoquer son verre avec celui de la Vampyre avant d'observer tranquillement autour d'elle. Le petit numéro d'Amélia semblait avoir porté ses fruits, car si elle interceptait bien encore quelques regards lubriques, leurs propriétaires restaient sagement dans leur coin.

« J'ai l'impression qu'on sera tranquilles un petit moment, tu les fais maintenant autant fantasmer que flipper, c'est un bel exploit ». L'élémentaire adressa un clin d'œil à l'héritière avant de s'appuyer davantage sur le dossier de sa chaise. L'alcool commençait doucement à faire son œuvre, et une chaleur relaxante enveloppait peu à peu ses membres. La jeune femme rejeta ses cheveux en arrière et ouvrir un peu le col de sa chemise pour se rafraîchir. Elle se surprit à sourire sans raison particulière. Elle se sentait... bien. Ni plus ni moins. « Désolée si tu comptais t'amuser encore un peu avec eux, par contre... » reprit-elle au bout de quelques secondes. « Mais on peut bouger ailleurs, si tu veux de nouveaux jouets ? » proposa-t-elle en levant un sourcil interrogateur.

La jeune femme se tourna vers Amélia pour guetter sa réponse. Avisant alors un long cheveux presque diaphane qui traînait sur la poitrine de sa compagne, l'élémentaire se pencha vers elle et saisit délicatement le contrevenant du bout des doigts.

« Attends, tu permets... voilà. » Elle lui adressa un rictus cabotin. « Ça serait dommage que ça attire des regards ... indésirables. » Et elle-même de glisser un coup d'œil éloquent dans le décolleté de l'héritière avant de retourner nonchalamment à sa place. Quelque chose qu'elle n'aurait probablement jamais fait en étant sobre. Ou si elle avait possédé ce qu'on appelle communément l'instinct de survie.

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Octobre 11, 118

Amelia était tout un tas de choses : Patiente et compréhensive n'en étaient pas. Alors évidemment qu'elle s'était un peu vexée lorsqu'Elide avait usé son cas pour prouver le point qu'elle était en train de démontrer. Évidemment que dans son esprit étriqué de petite peste pourrie gâtée, elle s'était dit que cette Elide ne méritait pas sa protection. Après tout, elle voulait se débrouiller et bien soit, qu'elle le fasse, elle savait se sortir de ce genre de panades sans même fatiguer, on verrait donc si il en serait de même avec l'élémentaire. Alors dans toute sa grandeur d'âme, Amelia avait conféré quelques menaces, déballé une canine ou deux pour appuyer ses propos et s'assurer que le nymphe se tiendrait à carreau et visiblement, ses paroles avaient fait mouche.

Gardant pourtant ce petit air ennuyé, Amelia sirotait son verre, les yeux courant ça et là sans jamais rien accrocher, comme si finalement les futilités mortelles prenant place à cette table ne l'atteignaient plus. Nymphe-boy tentait bien de jouer les goldens, implorant quelconque pitié d'avoir essayé, mais ce qu'il récolta ne fut que des regards assassins de la part de la vampyre qui l'écouta déblatérer sa proposition qui prenait bien trop des accents de menaces à son goût. Alors, toujours d'une voix étrangement chaude mais détachée, Amelia vint une ultime fois se pencher sur la table, les yeux rivés dans ceux du nymphe qui l'esquivaient :

« Avise toi encore une fois de poser les mains sur une femme sans qu'elle ne te l'ai expressément demandé et je te retrouverais et enduirait ces jolies écailles de truite d'assez de sang pour qu'on ne parvienne plus à t'identifier. » Et de le congédier d'un geste paresseux de la main, le nymphe accélérant étrangement sa démarche pour mieux s'esquiver. Voilà, elle était maintenant profondément ennuyée, sa petite soirée de beuverie rigolarde prenait des accents de vendetta inutile et Amelia commençait sérieusement à avoir envie de s'échapper. Pourtant, Elide prit la parole, tirant Amelia de ses songes meurtriers tandis qu'elle reportait sur elle un regard cette fois tout à fait détaché. À deux doigts de lâcher un « Mh ? » interrogatif empli de morgue et d'orgueil, elle se contenta pourtant de l'écouter, gardant un oeil sur le nymphe qui zyeutait toujours dans la direction de l'élémentaire, manquant de la faire gronder.

Une fois le regard libidineux dûment détourné, elle reporta cette fois pleinement son regard plein de suffisance revint se poser sur la jeune femme à son côté, un sourire de squale venant alors se dessiner sur ses lippes carminées avant qu'elle ne secoue la tête, chassant enfin cette malencontreuse rencontre de son esprit commençant enfin à s'échauffer des vapeurs d'alcool. « Les hommes sont des porcs. À toi de savoir si tu es assez forte pour en jouer sans risquer de te faire agresser. » Et Amelia semblait profondément sérieuse. Il fallait avoir le répondant nécessaire pour jouer avec le feu sans risquer de se brûler et la ruse n'était parfois d'aucune aide lorsqu'on se trouvait face à un homme aisément capable de nous immobiliser.

Elle se contenta d'ailleurs de répondre aux remerciements d'un hochement de tête plein de respect. Car si la vampyre savait être la pire des garces, elle savait aussi se montrer juste lorsqu'il le fallait et immédiatement, sûrement parce que son attention et son temps se méritait, son regard revint effleurer les groupes attablés non loin d'elle, jouant sûrement les chienne de garde tout autant qu'elle appréciait voir la crainte se propager dans les regards des cabots alentours.

Mais les paroles d'Elide lui tirèrent encore un sourire, son regard se dardant alors dans celui de miel de sa vis-à-vis qu'elle observait. Secouant à peine la tête, elle porta son cocktail à ses lèvres, grimaçant légèrement devant le goût atrocement sucré qu'avait la boisson, sûrement pour mieux masquer les quantités d'alcool qu'elle renfermait, mais sans pour autant verbaliser sa désapprobation d'une telle boisson, elle vint finalement répondre, d'une voix lasse et traînante. « Non, je me suis assez amusée, ils sont de toutes manière tous aussi in-intéressant les uns que les autres. » Laissant alors la suite flotter, elle reprit pourtant, plus incisive, plus directe. « À moins que tu n'ai besoin de compagnie masculine pour te distraire, Elide ? » Et cette façon qu'avait le nom de l'élémentaire de rouler dans la bouche de l'héritière, comme une caresse. Et venant alors s'accouder sur la table de nouveau, Amelia se pencha légèrement dans la direction de la future veilleuse, à bonne distance tout de même, ayant bien compris que madame ne souhaitait pas qu'elle prenne les mêmes largesses qu'avaient pu prendre le poisson d'eau douce quelques minutes plus tôt à peine.

Le poing vissé dans sa mâchoire, Amelia n'eut aucun mouvement de recul lorsque la main de sa comparse vint s'approcher, saisissant un cheveu orphelin tout près de son décolleté. Car si habituellement, Amelia était tirée à quatre épingles, le col remonté et la cravate serrée, ce soir, elle avait abandonné son attirail, laissant sa chemise blanche immaculée entrouverte sur un décolleté léger, sa menue poitrine ne suffisant à rivaliser avec celle qu'arboraient certaines femmes de la taverne. Ses lèvres s'étirèrent alors en un sourire presque doux, tandis qu'elle observait l'air baladin qu'avait pris l'élémentaire et loin de se laisser perturber, Amelia demanda alors, réduisant un peu plus encore la distance les séparants pour mieux l'observer, les yeux plongés dans les siens. « Qu'en est-il de la règle de ne pas toucher sans demander ? » Et il aurait presque semblé qu'elle continuait d'approcher, encore et encore, son regard flamboyant oscillant parfois des yeux d'Elide à ses lèvres, avant qu'elle ne revienne finalement se vautrer dans sa chaise, le dos appuyé contre le dossier, son regard quittant de nouveau l'élémentaire pour mieux se plonger dans une contemplation énigmatique de tout et de rien à la fois. Buvant alors à contre-coeur ce cocktail infâme, Amelia se prit alors à demander, sans vraiment regarder Elide, un doigt paresseux effleurant distraitement le dossier de la chaise de la jeune-femme. « Alors dis moi, Elide... Comment souhaites-tu t'amuser ce soir ? » Et de ponctuer cette demande d'un regard oblique, un sourire matois revenant se flanquer sur ses lèvres à mesure qu'elle ronronnait les paroles qu'elle prononçait.

Feat Elide Evans

by Nathie

Lorsque la Vampyre fit savoir tout le bien qu'elle pensait de la gent masculine, Elide haussa un sourcil surpris tout en lui jetant un rapide coup d'œil. Le sérieux avec lequel l'héritière avait partagé ce simple constat tranchait suffisamment avec la morgue désintéressée qu'elle affichait depuis le début de leur rencontre pour que la jeune femme comprenne que la conversation s'éloignait de la frontière des généralités pour s'approcher de celle de l'expérience. L'élémentaire ressentit un élan de sympathie pour la femme à ses côtés, en même temps qu'une pique de curiosité malsaine. Quelle avait été l'ancienne vie d'Amélia, pour justifier ainsi ce comportement schizophrène oscillant entre altruisme et malfaisance ? Elle se garda cependant bien de poser la moindre question – son instinct de survie n'était peut-être pas si absent que ça, en fin de compte – et reporta son regard devant elle.

« Je sais » répondit-elle prudemment. Elle aussi, avait fait ses propres expériences, bien que probablement moins violentes que celles d'Amélia. « Et je me débrouille, la plupart du temps. Mais ce soir... j'ai été prise au dépourvu. Donc merci. »

Oui, elle s'était laissée surprendre. Parce que son existence avec glissé de l'axe sur lequel elle tournoyait péniblement, et qu'elle n'était pas encore parvenu à retrouver l'équilibre. Parce que l'attention appuyé de cet homme lui avait soudain rappelé certains des faits de son passé auxquels elle n'avait pas pensé depuis plusieurs mois, et que ce constat l'avait déstabilisée. Ses doigts se serrèrent autour de son verre sous le coup d'une colère soudaine, mais elle se força à les détendre. Repoussa son irritation naissante dans les tréfonds de sa conscience embrumée. Non, pas ce soir.

Heureusement pour elle, la soudaine attention que lui accorda la Vampyre acheva d'étouffer les braises de ce pessimisme naissant. La suavité avec laquelle celle-ci prononça son nom lui fit tourner la tête – au sens littéral comme figuré –, tandis que son esprit trébuchait sur l'invitation qu'elle discernait derrière les paroles prononcées. Durant quelques secondes, la jeune femme observa le visage de sa comparse à la recherche d'une quelconque duplicité, mais n'en trouva aucune. Alors, doucement, tout doucement, ses lèvres s'étirèrent à leur tour en un sourire de connivence.

« Non, c'est parfait, j'ai toute la compagnie que je souhaite pour ce soir. » Et de joindre le geste à la parole en ôtant du chemisier le fameux cheveu.

Mais, s'il y avait bien une chose à laquelle l'élémentaire n'avait pas pensé, alcool oblige, c'était de se faire prendre au piège de son propre jeu. Alors qu'elle s'amusait intérieurement de la situation – après tout, qu'y avait-il de mal à flirter un peu avec le diable ? –, elle prit soudain conscience, avec un train de retard, que la proie avait peut-être mordu un peu trop fort à l'hameçon et qu'il était soudain difficile de savoir avec exactitude qui chassait qui. Comme paralysée, elle observa Amélia s'approcher doucement d'elle, hypnotisée par son regard vermillon. Sa voix lui parvint aux oreilles, caressante et enjôleuse, et avant même qu'elle ne sache ce qu'elle faisait, l'élémentaire lui rétorqua d'une voix où perçait une pointe de défi.

« Ah oui ? Et bien punis-moi, dans ce cas. »

Attendez QUOI? hurla sa voix intérieure dans un cri strident, apparemment à deux doigts de la crise d'apoplexie. À peine ces paroles franchirent-elles ses lèvres qu'Elide se figea, réalisant trop tard – et avec une certaine stupéfaction – que cette invitation scandaleuse venait non seulement d'elle, mais qu'elle l'avait de surcroît formulée à haute voix. Ses yeux s'écarquillèrent. Autant pour cacher son trouble que lui éviter de balancer d'autres énormités, l'élémentaire avala plusieurs longues gorgées de sa boisson, accueillant avec plaisir la morsure de l'alcool qui lui brûlait la gorge. Mais le répit fut de courte durée, car la Vampyre était désormais ferrée. Avec cette grâce typique des grands prédateurs, celle-ci reporta de nouveau son attention sur l'élémentaire, resserrant encore un peu plus sa prise. Elide sentit le rouge lui brûler les joues à la dernière question de l'héritière, à ce point ambigüe qu'elle ne laissait aucun doute sur la teneur véritable des mots prononcés. Une invitation autant qu'une mise en garde.

Cruellement consciente de la proximité de cette main dont elle devinait la présence sans pour autant l'expérimenter, Elide se perdit une nouvelle fois dans l'examen du regard carmin de sa camarade. Ses yeux glissèrent sur sa bouche, dont le sourire laissait deviner les crocs caractéristiques de ceux de sa race. La vision de ces canines nacrées fit courir dans son dos une chair de poule soudaine – peur, anticipation ... désir ? – tandis que les paroles prononcées plus tôt dans la soirée lui revenaient en mémoire. Il paraît que mes morsures sont diablement plaisantes, en plus. En avait-elle envie ? Oui ? Non ? Peut-être. La jeune femme reprit une gorgée de son cocktail, autant pour se donner du courage que pour lui offrir le temps de réfléchir. Les nouvelles expériences ne l'avaient jamais rebutée, alors pourquoi hésitait-elle ?

« Oh, j'ai bien quelques idées... » débuta-t-elle finalement d'une voix caressante. Alea jacta est. « ... qui tournent toutes autour de cette notion de consentement, et de ce qu'il est possible de faire lorsqu'on le donne. » Elide se passa une main dans les cheveux, soulevant au passage la masse de mèches irisées, et fit glisser lentement ses doigts le long de son cou. Elle savait qu'elle n'avait pas imaginé le regard de la Vampyre sur la carotide du nymphe quelques instants plus tôt. Est-ce qu'elle jouait avec le feu ? Totalement. Est-ce que cela l'effrayait ? Absolument pas. « Je me disais... » une pause, une gorgée de cocktail. « On pourrait peut-être l'explorer ensemble ? »

Mesdames et messieurs : Elide était officiellement bourrée.

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Octobre 11, 118

Amelia était un fauve. Fille chérie de la pègre, son existence toute entière n'avait été que mensonge, influence et manipulation. Et très rapidement, la jeune femme avait compris que son charme serait son arme de guerre de prédilection. Combien elle avait matryrisé avec ces petits regards, soufflant le chaud et le froid à foison, simplement parce qu'elle le voulait, simplement parce qu'elle le pouvait ? Bien trop. Si bien qu'elle avait cessé de les compter, sortant simplement une nouvelle frasque tous les quatre matins sans jamais être inquiétée. Ici, dans ce nouveau monde, elle n'avait jamais vraiment ainsi badiné. Elle avait bien fait céder Khaïr, mais la petite rebelle n'avait pas vraiment été dure à embobiner, tant il avait suffit qu'elle lui colle quelques raclées sur le terrain d'entraînement pour qu'elle chavire, plongeant tête la première dans le charme naturel que dévoilait l'héritière.
Alors si elle avait tout d'abord approché Elide avec la simple idée de faire d'elle son acolyte pour la soirée, sentir le vent de la chasse l'effleurer ne pu que réveiller les bas instincts de la vilaine à peine l'avait elle fleuré. Ce frisson, cette excitation qu'elle ressentait à l'idée de voir la volonté de quiconque plier devant son charme. C'était son véritable opium sur Terre, plus que les beuveries, les paris, les meurtres. Non, voir la volonté et la conscience du danger s'éteindre dans les prunelles de ses proies, c'était ça qu'Amelia préférait.

Alors tout à son retour sur le wagon express du train de l'ennui, l'héritière était redevenue distante, sûrement un énième stratagème pour que sa proie revienne, s'imagine être volontaire lorsqu'elle se jetterait dans sa gueule et sûrement parce que la vampyre maîtrisait l'ignorance comme personne, Elide ne tarda pas à revenir miauler à sa porte, réclamant son attention, ses sourires, ses regards.
Car elle avait eu l'outrecuidance de faire le pire : feindre de repousser une reine, simplement parce qu'elle voulait prouver quelque chose auprès d'étrons humains qui l'avaient bousculée ? Baste, on ne repoussait pas une reine. Car désormais, chaque parole, chaque geste comptait. Dans cette petite joute qui s'amorçait entre les deux femmes, il n'y avait plus de place pour l'erreur et parfois, un regard suffisait à faire basculer toute chose, donnant des accents bien différent à une soirée censée être ordinaire.

Alors car Amelia semblait jouer les garce dont l'attention se méritait, elle laissa son regard osciller à droite et à gauche, se fixant parfois sur Elide pour mieux l'ignorer, retrouvant un visage au regard fuyant autour d'elles qu'elle pu aussi prétendre d'ignorer. Mais les paroles de l'élémentaire lui tirèrent pourtant un petit sourire en coin, lorsque celle-ci ajouta qu'elle avait toute la compagnie qu'elle souhaitait pour la soirée. Car si Amelia était assurée, elle était aussi affreusement orgueilleuse et assurément, elle approuvait les paroles de la future veilleuse, bien sûr qu'elle avait tout ce qu'il lui fallait. Passant alors l'air de rien un bout de langue sur ses lèvres après une énième gorgée du liquide infâme, Amelia vint pourtant se tourner lorsqu'Elide elle-même brisa sa parole pour venir la toucher. Et pas n'importe quel toucher. La bougresse osait même lorgner dans son décolleté, comme si toute convenance venait de s'envoler. C'était l'ouverture tant espérée. La prédatrice plongea alors et les lèvres tordues d'une risette enjôleuse, la vampyre en profita pour s'approcher. Car si elle attendait une ouverture, c'était maintenant un gouffre qui s'était présenté et la main toujours posée sur le dossier de la chaise de l'élémentaire, Amelia vint assez près pour murmurer, que seule Elide l'entende : « Il te suffit de demander et je te punirais, Elide. Tant et si bien que tu me supplieras de continuer. »

Amelia avait ronronné ces paroles tout près de l'oreille de la jeune femme, sans jamais la toucher, laissant simplement quelques volutes de son souffle chaud effleurer une mèche proche de son oreille avant de tout à fait se retirer, retournant se vautrer dans sa chaise sans plus vraiment la regarder. Laissant sûrement le temps à l'élémentaire de respirer, Amelia fit mine de ne pas voir son visage viré au rouge, le fait que sa chaise soit soudainement sûrement couverte de braises ardentes, mais d'un regard en coin, la vampyre se contenta de siroter son verre, les lèvres tordues du même petit sourire, un brin victorieux, un brin amusé. Car sûrement que la vampyre voyait déjà la proie être ferrée, le poisson prêt à être remonté. Mais sûrement parce qu'Amelia était le genre de fauve à s'amuser avec sa proie avant de l'achever, elle se retourna de nouveau, faisant face à la jeune femme qu'elle approchait avec lenteur quand le menton vissé dans son poing fermé, elle demanda, la voix mutine, les yeux rieurs tout autant qu'ils n'hésitaient pas à détailler l'élémentaire. « Alors ? » Et elle se sentit l'obligation de préciser, comme si finalement, l'attention et l'intérêt d'Amelia allait et venait, comme une vague, capricieuse, dont les remous inégaux restaient parfaitement imprévisibles. Et la réponse d'Elide, bien que peinant à venir, ne cesse de faire s'étirer ce ravissant sourire, dévoilant une à une ses canines acérées. Car Amelia était une jolie femme, à n'en pas douter, mais lorsqu'elle dévoilait ses attributs mortels, difficile de ne pas éprouver une de ces fascinations morbide, qui vous faisait frissonner autant qu'elle vous donnait envie de vous échapper.

Alors les yeux curieux d'Amelia suivirent les gestes d'Elide, l'observant dévoiler son cou, dont la carotide pulsait paisiblement contre un morceau de peau rosée. Et sûrement qu'Amelia se passe cette fois pleinement la langue sur les lèvres, à deux doigts de ronronner. Depuis quand n'avait-elle pas pu de sang humain ? Trop longtemps, beaucoup trop longtemps pour qu'elle parvienne à se contrôler si on lui en donnait l'accès. Alors, les yeux rivés dans ceux de l'élémentaire une fois son verre reposé, Amelia leva une main, lentement, assez pour qu'Elide voit le geste venir et de la pulpe de ses doigts, elle vint effleurer l'artère doucereuse qu'elle sentait battre contre la gorge. « Tu sais... » Et elle laissa la phrase mourir, un nouveau sourire tordant sa bouche tandis qu'elle continuait de s'approcher, ses yeux vermeille venant parfois effleurer les lèvres devant elle pour mieux les quitter, se plantant de nouveau dans ses homologues de miel. « Tu as l'air si délicieuse qu'il y a de fortes chances que je ne parvienne pas à m'arrêter... » Et ses doigts firent marche arrière, remontant la carotide qu'elle continuait d'effleurer, une lueur carnassière brillant dans son regard avant qu'elle ne finisse par expliquer. « Serais-tu prête à prendre ce risque, Elide ? » Et sa main vint se retirer, la caresse avec et cette fois à seulement quelque centimètre de son visage, Amelia prit le temps de l'observer, sans se départir de ce petit sourire matois tout autant qu'il semblait carnassier.

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by Nathie

Lorsqu'Amélia était venu rompre la tranquillité de son dîner pour lui proposer d'être sa compagnie d'une nuit, Elide était loin d'imaginer la tournure que prendraient les événements. Elle s'était facilement figurée une soirée de beuverie, peut-être des confidences avinées et probablement des hauts le cœur au détour d'une ruelle aux premières heures du petit matin. Mais pas ce rentre-dedans assidu auquel se livraient les deux femmes. L'élémentaire n'avait absolument rien prémédité, pourtant. Mais il avait suffi d'une allusion, de mots savamment choisis, d'un ou deux sourires suggestifs pour enflammer une imagination déjà bien échauffée par l'alcool. Ce qui nous amenait à cet instant précis où Elide venait, sans plus tergiverser, d'ouvrir en grand la boîte de Pandore pour voir ce qui diable pouvait bien se cacher dedans.

Le souffle chaud d'une Amélia langoureuse sur son oreille ne calma donc en rien ses ardeurs naissantes, pas plus que les mots prononcés d'une voix provocante. Eut-elle été un personnage dans l'un de ces anciens cartoons qu'Elide aurait bruyamment ravalé sa salive en ouvrant des yeux comme des soucoupes. Doooong aurait fait le bruit de fond en arrière-plan. Mais comme elle se trouvait dans une réalité somme toute moins colorée, elle déglutit sans un bruit tandis que le rouge lui montait furieusement aux joues et qu'une chaleur d'une tout autre nature s'éveillait dans sa poitrine. Une partie d'elle – animale et totalement stupide, disons-le – se serait sans problème mise sur le dos, le ventre offert, pour montrer à la Vampyre toute l'étendue de sa soumission. Mais, dieux merci, il restait à Elide suffisamment d'amour propre et de jugeote pour ne pas répondre directement à une proposition aussi scandaleuse. À moins que celle-ci ne l'ait suffisamment échaudée pour qu'elle ne soit plus capable de prononcer le moindre mot. Quoiqu'il en soit, la jeune femme se contenta d'entrouvrir la bouche, comme pour parler, mais aucun son n'en sortit. Ses yeux brillants s'égarèrent une fois encore sur les lèvres carmines de la Vampyre, avant de fouiller son regard à la teinte jumelle. Mais la voici qui s'éloignait une fois encore, soufflant de nouveau le froid après avoir allumé dans le bas-ventre de l'élémentaire les feux de l'Etna. Et, comme si celle-ci n'était pas suffisamment confuse, Amélia revint une fois encore à la charge, comme pour l'obliger à avouer les fantasmes imaginés par son esprit en roue libre.

« Alors quoi ? » finit par murmurer l'élémentaire d'une voix rauque, tout en promenant ses yeux sur le visage de son interlocutrice. Un nez droit, des traits altiers – c'était vraiment une femme superbe. « Je pensais t'avoir déjà donné mon consentement, non ? » L'un de ses sourcils s'arqua en un faux signe de surprise. « Si tu veux t'en servir pour me punir, et bien fais-le » conclut-elle en se mordillant la lèvre. En se mordillant la lèvre. Absolument. Seigneurs...

Mais Elide avait beau jouer les matamores, une toute petite partie d'elle – pas l'animale, puisque avons déjà statué que celle-ci était stupide – était loin de ressentir la confiance qu'elle affichait. Car, aussi tête brûlée soit-elle, la jeune femme restait toujours consciente du danger dans lequel elle fonçait, qu'il s'agisse des poings d'un adversaire deux fois plus grand qu'elle ou du sourire aux teintes d'hémoglobine d'une Vampyre affamée. Mais, manque de chance pour elle, cette brève étincelle de conscience fut bien vite soufflée par ce vieil instinct aussi primaire que naturel appelé concupiscence, qui se trouva soudain tiré de son sommeil par la proximité de plus en plus affirmée de l'héritière – mais surtout par le contact de son doigt sur sa carotide. Et, loin de refroidir ses ardeurs, la mise en garde de la Vampyre ne fit au contraire qu'attiser les braises de cette ivresse que ressentait la jeune femme face à tout ce qui comprenait le mot « interdit » – il n'était pourtant absolument pas nécessaire de rajouter à son état d'ébriété actuel un nouveau shot d'ordre métaphysique, ne put s'empêcher de remarquer la narratrice avec un certain dépit. Mais passons.

Puisqu'il est désormais acté qu'Elide ne possédait en cet instant plus une once de bon sens, celle-ci décida donc d'imiter la Vampyre en face d'elle. Elle se pencha à son tour vers ce visage prédateur, ses lèvres s'étirant en un sourire provoquant.

« Je te fais confiance » souffla-t-elle à quelques millimètres à peine des lèvres d'Amélia. C'était faux, pourrait-on se sentir obligé de préciser, déjà parce qu'Elide n'avait absolument pas la moindre idée de ce à quoi elle s'exposait, mais principalement parce que sa cervelle était désormais concentrée sur un objectif unique qu'il n'était cependant pas encore l'heure de dévoiler aux yeux impudiques. L'élémentaire leva la main et enroula autour de ses doigts une mèche diaphane qui pendait devant le regard de braise de sa compagne. Son autre main se leva à son tour, et vint frôler doucement la mâchoire de la Vampyre. Son cœur battait à tout rompre. Ses lèvres s'approchèrent davantage et effleurèrent celles d'Amélia, tentatrices, joueuses, avant de s'éloigner de nouveau. À moins d'un centimètre. « Ce que je te propose » reprit-elle d'une voix voilée, légèrement essoufflée, « c'est qu'on termine nos deux verres rapidement, et qu'on aille ailleurs explorer les limites de ta retenue, d'accord ? »

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Octobre 11, 118

Même avec son rôle de pelote de laine, Elide semblait plaire à la vampyre. Ou alors l'héritière était maîtresse dans l'art de mentir, mais toute à son rôle de chat, elle semblait prendre un malin plaisir à voir les joues de l'élémentaire flamber, à chaque regard, chaque murmure, son sourire mutin s'agrandissant lorsqu'elle vit son visage s'enflammer. Ses murmures avaient fait mouche, visiblement, car incapable de parler, Elide ne pouvait que la regarder, la bouche entrouverte de stupeur. Et si Amelia comptait bien voir la jeune femme se jeter à ses pieds, lui tendre le ventre afin qu'elle la fasse ronronner, elle fit durer un peu ce plaisir coupable qu'était le fait de perturber ses cibles, juste parce qu'elle le pouvait. Avachie dans sa chaise, le port altier en plus, Amelia laissa son regard courir sur le visage de la jeune femme, ses yeux miels, ses cheveux iridescent tombant en cascade fluide le long de ses épaules. Et de nouveau, la vampyre revint à la charge, les yeux rivés dans ceux de sa vis-à-vis qu'elle acculait, tentatrice tout autant qu'elle l'attirait plus profondément encore dans ses filets.

Le chaton semblait vexé, que la vilaine prédatrice joue encore un peu avec elle, mais à chaque fois qu'Elide ouvrait la bouche, elle continuait de se dévoiler. Ne faisant que tendre un peu plus encore les rênes de cette rencontre à la vampyre qui les saisissait à pleine main, Elide ne réalisait pas qu'à mesure que son esprit glissait dans les vapeurs d'alcool et de concupiscence, Amelia prenait le dessus, encore et encore. Et immédiatement, quand les dernières paroles de l'élémentaire sonnèrent, on aurait presque pu entendre la vampyre ronronner. Avoir lu le désir de la future veilleuse dans son regard était quelque chose, mais qu'elle le formule si clairement encore, Amelia revint alors s'approcher, laissant cette fois son souffle doucereux effleurer les lèvres de l'élémentaire tandis qu'elle répondait, d'une voix chaude et languissante : « Je veux t'entendre le dire... » Et elle s'approche, laissant leurs lèvres s'effleurer sans quitter la jeune femme des yeux, avant de se retirer, reprenant sa place sur sa chaise, un petit sourire de connivence sur les lèvres.

Mais cette fois convaincue que l'autorisation était donnée, Amelia fit glisser sa main le long du dossier de la chaise, consciente que le simple effleurement de ses doigts suffisait à détourner quelques secondes l'attention de l'élémentaire de son visage qui approchait de nouveau. Mais plutôt que de lui offrir la satisfaction de l'effleurer à peine avait-elle formulé son consentement, Amelia reprit son verre, faisant mine de le siroter quand ses grimaces parlaient pour elle au sujet de ce qu'elle en pensait.

Mais Elide n'avait pas froid aux yeux, car jouant avec les bas instincts de l'héritière, elle vint même faire miroiter sa jugulaire, découvrant sa gorge de sa chevelure pour mieux l'effleurer. Le verre posé sur la table et Amelia prit sa suite, laissant à son tour la pulpe de ses doigts l'effleurer, sentant chaque pulsation fébrile de la veine sous ses doigts. La langue humidifiant ses lèvres asséchées, Amelia se pencha alors légèrement, son sourire prenant peu à peu des airs carnassiers tandis qu'elle mettait en garde l'imprudente qui ne semblait pas vraiment craindre la mort. Parfait. Parfois, la main d'Amelia semblait fuir la peau laiteuse, pour mieux la retrouver, ses dextres glissant cette fois contre la nuque qu'elle vint effleurer. Les caresses, légères comme une plume, ne laissaient rien transparaître de la force ridicule que possédait la vampyre, et dévoilant cette fois parfaitement ses deux paires de canines lorsqu'Elide vint s'approcher, Amelia ne força rien, laissant l'élémentaire fuir à sa guise, si elle le désirait. Le chaton voulait donc jouer les fauves, attiser le désir de l'unique prédatrice présente à cette table. Sa main vint donc refluer, quitter la nuque qu'elle effleurait, enserrait parfois d'une main presque possessive pour mieux lâcher, remontant à la naissance du crâne de l'élémentaire qu'elle attisait. Et sans se départir de son sourire de squale, Amelia écouta les dernières propositions de l'élémentaire, notant sûrement que le filet était désormais tout à fait refermer.

Les pieds de la chaise de la vampyre crissèrent alors, tandis qu'elle s'approchait, croisant ses jambes avec celle d'Elide qu'elle observait. Comme un fauve jaugerait sa proie avant de se lancer, elle détaillait ses traits, chaque mouvement de ses sourcils ou du coin de ses lèvres lorsqu'elle respirait et glissant cette fois entièrement son bras sur le dossier de la chaise, Amelia vint attirer le corps de l'élémentaire à elle, réduisant toute distance résiduelle entre elles tandis qu'elle la tenait près d'elle d'une main dans le dos. Tout près de ses lèvres, à deux doigts de les sceller, Amelia murmura alors, ronronnant cette fois tout à fait : « Tu es sûre de vouloir te retrouver seule avec moi pendant que je te mords... ? C'est dangereux, tu sais. Qui appelleras si je n'arrive pas à me contrôler ? » Et sa main remonte contre la nuque d'Elide qu'elle emprisonne, mêlant leurs souffles tandis qu'elle la toisait, un sourcil haussé dans une provocation évidente alors qu'elle savait l'élémentaire incapable de résister. Et avant même qu'Elide puisse rétorquer, par la positive comme la négative, Amelia vint l'attirer, plaquant ses lèvres carminées à celle de la future veilleuse dont elle prit la bouche comme si elle lui appartenait. Oubliés les verres, oubliés les regards lubriques qui s'agitent sûrement autour d'eux de voir les deux femmes s'embrasser. Car Amelia noue un bras fort autour des épaules de la jeune femme, tandis que ses lèvres de twill s'entrouvrent, laissant passer sa langue pour mieux les mêler. Et la vampyre laisse alors sentir à Elide tout contre elle l'étendue de cette force, cette capacité qu'elle avait à la briser, serrant contre elle le corps frêle sans discontinuer de ce baiser qui prend peu à peu des accents passionnel. Mais bien vite, Amelia se recule, les yeux luisants de malice et le twill étalé et d'un geste presque maternel, elle vient essuyer les restes rouges bariolant la bouche d'Elide, échangeant avec elle un petit rire entendu avant qu'elle ne se penche pour murmurer de nouveau tout près de son oreille. « Tu es prête à y aller ? Je n'ai plus soif, enfin... Pas d'alcool... » Et la garce s'abaisse et vient déposer un unique baiser contre cette gorge offerte, n'attendant qu'une seule chose : qu'elle vienne la croquer.

Feat Elide Evans

by Nathie

Et ben, messieurs dames, ça, c'était un baiser. Pas l'un de ces baisers de cinéma qui se terminent par un feu d'art d'artifice avec en fond sonore une mélodie au violon à faire pleurer dans les chaumières – ou vomir, tout dépend des personnes. Si feu d'artifice il y avait, c'était dans le ventre d'Elide ; quant à l'ambiance sonore, elle se composait plutôt de rire alcoolisés et de quelques rots échappés de-ci, de là. Non, le baiser qu'échangèrent les deux femmes était sauvage, féral, brutal. C'était la rencontre de deux volontés enflammées qui n'avaient cessé de s'attiser tout au long de la soirée et qui se retrouvaient enfin réunies pour une bataille d'un autre genre.

Plaquée contre Amélia dans une étreinte de fer, l'élémentaire n'aurait cependant pas vu d'inconvénient à rendre les armes. La main de la Vampyre sur sa nuque la maintenait immobile sous ses assauts, comme un rappel muet que celle-ci pouvait, si l'envie lui prenait, la briser en un claquement de doigts. Littéralement. Mais, puisque comme chacun le sait désormais, le danger produisant sur Elide l'effet inverse qu'il était censé avoir sur toute personne normalement saine d'esprit, la prise de conscience de cette vulnérabilité ne fit que renforcer la détermination de la jeune femme, et c'est avec une ardeur renouvelée qu'elle rendit son baiser à sa compagne. Sa langue se mit à son tour en action, joueuse, tentatrice, et ses doigts glissèrent le long de la mâchoire d'Amélia jusqu'à ce que sa paume entre en contact avec cette peau de velours. Un discret gémissement s'échappa des lèvres de l'élémentaire alors que l'héritière accentuait leur baiser – oui, bon, elle n'était plus à une humiliation près.

Bien trop tôt à son goût, cependant, la Vampyre mit fin à cet échange langoureux, essuyant du bout du doigt les preuves incarnates de leur étreinte. La jeune femme retint tout juste un frisson de plaisir en sentant ce contact sur ses lèvres. Les yeux brillants de désir, elle ne quitta pas des yeux la bouche de sa compagne tandis que celle-ci reprenait la parole, observant avec une fascination mâtinée de désir les mots se former sur ces lèvres séductrices. Son cœur manqua un battement, avant de s'emballer follement lorsque ces mêmes lèvres, devenues impies, se posèrent en un chaste baiser sur sa carotide au pouls affolé. Elle n'était guère plus qu'un chaton pris dans la danse hypnotique d'un cobra qui n'attend pour frapper que de s'être suffisamment amusé. Mais, après tout, la damnation n'a-t-elle pas un arrière-goût de paradis ?

« On y va » souffla la jeune femme d'une voix rauque. Joignant le geste à la parole, elle extirpa ses jambes de celles d'Amélia et se leva. Fouillant dans sa poche, elle laissa tomber sur la table une poignée d'azys en règlement de leurs consommations, avant de se diriger vers la sortie. Mais, au bout de quelques pas, elle sembla se raviser et, faisant marche arrière, rafla la bouteille de whisky à demi pleine qui leur restait – la perspective d'une sobriété forcée lui déplaisait visiblement autant que celle de ne pas faire d'idioties, se sentirait-on obligé de noter – avant de quitter la taverne.

Une fois dehors, l'élémentaire balaya du regard la rue de gauche à droite. Puis de droite à gauche. Personne en vue. Compte tenu des températures qui se rafraîchissaient et du fait que sur Ozéna, personne n'avait visiblement encore eu la mauvaise idée de trouver un remplaçant au tabac, il n'y avait autour d'elles aucun fêtard aviné pour refaire le monde. Ou pour les gêner. Portant la bouteille à ses lèvres, provoquant au passage un facepalm désespéré de la narratrice, Elide avala une gorgée de whisky tout en se tournant vers sa comparse. Détailla son visage, sa bouche, d'un regard affamé. Déglutit – gloups aurait fait le cartoon – tandis qu'à la chaleur de l'alcool se mêlait soudain celle, puissante, enivrante, de l'anticipation et du désir.

La bouteille toujours à la main – quelle dommage ç'aurait été de la perdre –, l'élémentaire s'avança vers l'héritière d'un pas décidé, le cœur battant au point qu'il lui donnait l'impression d'être à tout moment prêt à sortir de sa poitrine. Parvenue près d'Amélia, elle l'empoigna fermement par le col de sa chemise et l'attira à elle, plaquant dans le même mouvement ses lèvres sur les siennes. Les mordilla légèrement, en un ordre silencieux pour qu'elle les ouvre, et taquina sa langue de la sienne. Doucement. La goûtant, la découvrant. Tout en reculant, pas à pas, les entraînant toutes deux vers le premier abri ou la première ruelle qui accepteraient de les accueillir et de les protéger par son obscurité tandis qu'elles goûteraient enfin au fruit défendu.

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Octobre 11, 118

Petit à petit, le piège s'était refermé. Créant autour des deux femmes une bulle de stupre, où les promesses charnelles s'entremêlaient avec celles d'alcool, le sens de la soirée se perdant peu à peu au milieu des regards enfiévrés. Dans toute sa superbe, Amelia avait presque manqué de faire supplier Elide pour ses faveurs, mais sûrement car elle aussi commençait à s'enivrer, Amelia céda, à cette pulsion, à l'idée de contenter le chaton avide devant elle. Un sourire vainqueur sur les lèvres, elle s'était approchée, attisant encore un peu le feu de l'élémentaire, se jouant de cet air affamé qu'elle arborait, avant de mieux abdiquer.
Et le baiser n'eut strictement rien de ceux de conte de fée. Non, on était loin des oiseaux gazouillants et des jolis petites promenades dans les prés. Ce baiser là était simplement animal, presque brutal dans la manière impérieuse qu'avait Amelia de serrer la future veilleuse près d'elle, comme si dans ses gestes, elle voulait lui témoigner comme elle était piégée, comme pour ce soir, la vampyre la ferait sienne, de la manière qui lui plairait.

Et Elide n'est pas en reste, à échapper un gémissement contre la bouche de la succube. Bien sûr, Amelia ne rate rien de toute la myriade de réactions en chaîne provoquées par le baiser, se délectant sûrement de voir la volonté de sa proie plier, fondre comme neige au soleil à mesure qu'elle s'approchait. Et lorsque leurs lèvres s'éloignent, sous les regards médusés de Tam et de Fishboy qui doivent sûrement être à deux doigts de défaillir d'intérêt, Amelia enfonce un peu plus le clou encore, essuyant le twill sur les lippes que son baiser avait marqué.

Alors Amelia joue de nouveau les indifférente, détournant le regard, pinçant ses lèvres de ses airs régaliens, comme si il en aurait fallu bien plus pour l'impressionner et du coin de l'oeil, elle voit l'élémentaire céder, abandonner toute convenance et décider que le départ serait immédiat. Pour aller où ? Aucune idée. Vu le feu qu'elle venait d'allumer, il y avait fort à parier qu'Elide la coincerait à peine seraient-elles sorties de cette taverne. Mais n'était-ce pas ce qu'Amelia préférait ? Voir les gens se vautrer à ses pieds, gémir leur impatience tandis qu'elle les torturait ?

La vampyre se lève donc, souplement, sans se presser et d'un regard circulaire autour d'elles, elle s'assure que tous les yeux soient baissés, quitte à montrer les dents et laissant Elide partir la première, bouteille à la main, Amelia lui emboite le pas, saluant d'un geste de deux doigts les deux idiots laissés sur le carreau.
Dehors, la vampyre prend le temps de respirer, de profiter de l'air frais, comme si Elide n'était pas déjà en train de trépigner et s'étirant même quelques secondes comme un chat paresseux tout juste levé, elle ne se départit pas de son sourire amusé, voyant bien vite l'élémentaire revenir à la charge après une gorgée de whisky pour le courage - ou la bêtise.
La lampée à peine avalée, voilà qu'Elide l'attrape par le col et l'attire à elle, autoritaire, impérieuse dans son baiser et gardant le même sourire rivé sur les lèvres, la main d'Amelia vient lentement se glisser contre les reins de la future veilleuse. Attirée à elle, presque empoignée, Elide a tout le loisir de fondre contre la bouche de la vampyre car celle-ci répond avec ardeur à son baiser, mêlant leur langues au milieu de l'odeur entêtante d'alcool. Se laissant alors entraîner, Amelia sépare parfois leurs lèvres pour ricaner, ses doigts s'insinuant sans demander leur reste sous la chemise de la veilleuse tandis que ses doigts viennent effleurer la chute de ses reins et entre deux baisers qu'elle coupe volontairement lorsqu'elle sent l'élémentaire s'échauffer, Amelia ronronne, tentatrice, joueuse : « Alors mon chaton... On est pressée ? » Mais pas vraiment de réponse attendue, puisque la succube fond sur les lèvres comme un rapace, les faisant mieux reculer jusqu'à ce que son dos heurte un mur de pierre lui indiquant qu'elles étaient arrivées. Une ruelle miteuse et mal éclairée ce serait donc, parfait... ses préférées.

La main toujours fermement rivée contre la hanche de la jeune femme qu'elle enserre, Amelia vient lentement dégager la chevelure d'Elide de sa gorge, apposant quelques caresses éparses sur la peau qu'elle regarde se dresser à chaque nouveau frisson et plongeant cette fois contre la peau tendre de la jugulaire dégagée, Amelia y dépose quelques baisers, sa langue chaude venant même effleurer quelques secondes la peau pour mieux l'échauder. Quelques ronronnement plus tard et l'exploratrice remonte à peine, laissant son souffle, ses dents effleurer la gorge tendue avant qu'elle ne murmure, le corps pressé contre celui de la future veilleuse qu'elle vient finalement retourner, pressant son dos contre le mur tandis que ses prunelles brasillent, affamée. « Toujours sûre de vouloir braver le danger ? » Et histoire de rendre le choix un peu plus difficile, Amelia laisse ses doigts remonter, caresser la hanche d'Elide pour mieux revenir l'empoigner avant de murmurer : « Dis le, je veux t'entendre me demander de te croquer. » tandis que ses lèvres reviennent échauffer la gorge palpitante de désir et d'appréhension, comme elle les préférait.

Feat Elide Evans

by Nathie

L’élémentaire frémit en sentant la fraîcheur des doigts d’Amélia sur sa taille. Aventureuse, la main de la Vampyre s’était faufilée sous sa chemise, curieuse, joueuse, effleurant sa peau enfiévrée du bout des doigts. Entre deux baisers, elle sentit le rire de l'héritière sur ses lèvres, presque cajoleur, le ronronnement de ses mots la caressant comme une promesse invisible. La question posée n’en était effectivement pas une, et Elide ne perdit pas de temps à y répondre, laissant son avidité parler pour elle. Laissant celle de la succube l’avaler tout entière.

Parvenues dans la ruelle, la jeune femme se pressa un peu plus contre l’héritière. La sensation de ce corps sculpté et de ces muscles de granit contre la chaleur du sien l’étourdissait, provoquant un contraste tel que la jeune femme ne put retenir un gémissement. Mettant temporairement fin au ballet enfiévré de leurs langues, Amélia écarta délicatement la chevelure de l’élémentaire, dégageant sa jugulaire et y promena ses lèvres. Une langue espiègle vint taquiner sa peau brûlante, et Elide gémit de nouveau, pantelante.

Son dos heurta le mur avec un bruit étouffé lorsque la Vampyre échangea leur position. En une autre occasion, la jeune femme aurait pu prendre ombrage de la brutalité avec laquelle celle-ci la plaqua contre la paroi de pierre. Dans le cas présent, cependant, cela ne fit que renforcer sa convoitise. L’une de ses mains alla se perdre dans la chevelure nacrée d’Amélia tandis que l’autre se posait sur sa taille. Son talon glissa contre le mur alors qu’elle remontait la jambe, attirant la Vampyre plus près. Son cœur affolé manqua un battement lorsque celle-ci, conquérante, serra sa hanche plus fort. Comme pour lui montrer, tant est que le doute puisse persister, qui contrôlait.

La mise en garde de sa compagne passa comme la brise au-dessus d’un cour d’eau, effleurant à peine la surface de cette chappe de luxure qui recouvrait toute pensée cohérente. Pour toute réponse, Elide raffermit sa prise dans ses cheveux de soie, son autre main remontant le long du dos de la buveuse de sang en une caresse sensuelle. Ses doigts s'arquèrent. Exigeante. Désespérée. L'attirant encore un peu plus vers cette jugulaire qui palpitait. Le chemin des damnés lui ouvrait grand les bras.

« Mords-moi » chuchota-t-elle d'une voix enrouée par le désir, offerte à cette descente aux enfers au goût de Paradis.

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