- Regarde moi cette bande gogole en bas. Ça gueule déjà alors qu’ils sont même pas encore sur le navire.

Je suis du regard le doigt pointé de Persée en bas qui me montre un métamorphe en train d’hurler sur un autre les bras chargés. Je fais une espèce de grimace en levant les yeux aux ciels avant de reprendre mes nœuds sur les écoutes.
Perchés là-haut, entre deux voiles rouges refermées du Milor, Persée et moi espionnont depuis une bonne demi-heure déjà les nouveaux arrivants. Le triton ne cesse de râler depuis l’aube et je ne sais pas trop bien pourquoi. En fait, Persée fait la gueule depuis déjà un bon moment et ça commence à me taper sur le système, mais si j’ose en parler un peu avec lui, cette coquille de cuitras se renferme encore plus, de quoi m’énerver d’avantage. Alors je me la ferme.

- Je sais pas ce qu’il y a dans toute cette cargaison en tout cas, mais ça me paraît beaucoup, je réplique en terminant un nœud de huit en faisant une pause, les pieds battant dans le vide.

- Des conneries d’explorateurs.

Je regarde mon ami avant de l’attraper par le col en le secouant.

- Mais arrêteuuuuh de rouspéter putain Persée, c’est quoi le problème ! Tu te rends compte que c’est ce qu’on attend depuis un bail là ! Et que ça y est bordel, des explorateurs sont en train de monter sur notre rafiot pour qu’on les emmènes plus loin !

- C’est ce que TU attends.

- Déconne pas.

Je baisse le menton pour poser mes coudes sur deux cordes, laissant maintenant tomber mes mains dans le vide.

Nan, Persée avait peut-être raison. J’étais surexcitée depuis que j’avais appris la nouvelle. Bon, ça faisait pas mal de remue ménage depuis quelques jours mais j’en avais plutôt rien à foutre tant que le Milor allait dépasser les limites autorisées pour découvrir la côte plus loin encore. C’était pas non plus le grand voyage sur les flots, ils resteraient terre en vue mais c’était quand même un grand grand pas pour mon coeur débordant de curiosité et d’aventure. Enfin !  Enfin putain, un groupe d’explorateur se penchait sur ce qu’il pouvait se passer en mer. J’étais sûr que cela arriverai un jour. Et bientôt, se sera par-delà le récif.

Bon il allait falloir s’adapter par contre parce que la petite famille du Milor était en train de se faire envahir. Même Papyloc avait demandé à d’autres marins de se joindre à l’équipage pour le temps de l’expédition, bon l’avantage c’est que parmi les marins, on se connaissait tous et on pouvait pas dire qu’on était très, sociable de base. Alors voir les différentes guildes s’amasser sur les quais  c’était quelque chose de sacrément unique et un tantinet agaçant. Mais peu m’importait finalement, si ce n’était que j’avais très très hâte de quitter le port.

- T’as vu captain Papy ?

Je regarde le métamorphe, toujours la pipe au bec et j’explose de rire. Il tire une de ces gueules. Pour avoir discuté avec lui hier soir, je sais qu’il est content de cette aventure, mais je crois que ça fait peut-être trop d’un coup. Et le Milor, c’est son bébé.

- Viens, on va l’aider à supporter l’invasion.

- Pas question, je reste ici.

- Allez Persée, fais pas ton écailleux là.

- Mais vas y toi, je sais que tu meurs d’envie d’aller voir les explorateurs.

- Pas vrai, j’ai hâte de voir l’inconnu. Tu sais ce que je pense des explorateurs. Quoiqu’ils remontent dans mon estime avec cette mission. Et leur requête.

Je lève un sourcil avant de me redresser avec souplesse sur la poutre.

- Galope nymphette.

Je lui fou une tape sur le bas du crâne avant de sauter sur les haubans et de descendre rapidement vers le pont supérieur. Ce con de triton à retrouvé un peu d’humour, c’est déjà ça.

J’atterris en faisant claquer mes bottes sur le bois alors que j’entends la voix du capitaine Curtis derrière.

- Vous pouvez y aller, Urlo va vous montrer les soutes.

- Quoi de neuf capitaine ?

La tortue me regarde de ses petits yeux perçants avant de lâcher un nuage de fumée de sa bouche. Un homme qui est le tout premier intrus sur le Milor semble organiser le chargement. Je l’observe en plissant les yeux à mon tour avant de regarder de nouveau le métamorphe.

- Tu rayonnes aujourd’hui Reyna, on peut pas en dire autant de ces autres là.

Papyloc me montre d’un mouvement de tête certains arrivants un peu agacé, le même métamorphe que j’avais déjà repérer plus tôt.

- Ils sont un peu stresser, on va les détendre, hein ?

Je le regarde avec un air coquin avant d’étirer mes bras vers le ciel.

- La météo est avec nous aujourd’hui, mais mes articulations ne me trompent pas, en décembre, naviguer s’avère être plus dangereux que en saison estivale. Va aider ce qui en on besoin et va me chercher les « dirigeants » de l’expédition, je veux avoir une entrevue avec eux avant de partir. Soit présente, Reyna, tu as des choses à dire.

Je regarde la tortue avant de hocher la tête avec sérieux. Puis m’en vais rejoindre le premier bonhomme que je venais de voir débarquer, le pauvre devait être un peu perdu. En tout cas, il avait en avait l’air.
Je descend les marches vers le pont principal et arrive à hauteur de l’inconnu. Un homme plutôt beau gosse c’est certain avec un petit air de « j’en ai rien à foutre ». Je lui tend ma main en me présentant.

- Salut, je suis Reyna. On m’envoie pour vous donner un coup de main. Je crois qu’Urlo vous a montrer là ou vous pouvez poser… votre… vos affaires. Vous êtes le chef de l’expédition ? Le capitaine souhaiterait faire une petite réunion avant de partir par contre, donc faudra réunir, bah les gens que vous voulez.

Je met mes mains dans mes poches de pantalon avant d’observer l’effervescence se faire sur le Milor.

- C’est un sacré bordel par contre. Dite, celui-là il vient avec nous ?

Je lui montre du menton le métamorphe girafe avant de jeter un sourire en coin au monsieur à mes côtés.

- Parce que lui, je sens que je vais pas aimer sa gueule.

« Fayad. » Je tends la main, par réflexe, pour l’inviter à me la serrer en guise de salutations formelles. Encore une vieille tradition sortie du fin fond des âges. Mon regard plonge dans celui, doré, de la jeune femme. Une créature fascinante. La peau caramel, beurrée par le soleil, salé par l’océan. Une tignasse insoumise en guise de coiffure. Avec quelques dizaines de centimètres de plus, la mienne ne serait pas franchement mieux. Mon sourire s’étire, presque naturellement. C’est les hormones : face à un joli minois, la plupart des mâles relâche la pression. Mais je reste pro. Très pro. Pas moyen de que fasse foirer ma première mission officielle avec la Guilde. « Mes amis m’appelle Fay’… Même s’ils se font rares, visiblement. » Une référence aux regards en coin, peu amicaux, que me jette la majorité des marins du Milor, certains encore suspendus aux échelles de cordes. Reyna, elle, me parait plus curieuse que gênée par ma présence. A moins que ce ne soit qu’une façade. Difficile à dire… Mais j’entre dans son jeu : celui de la décomplexion sans détours verbeux. « Désolé m’dame » Vieux réflexe hérité de l’armée. « Mais je ne suis qu’une recrue envoyée au casse-pipe en éclaireur. Le boss, c’est lui là-bas ». Je désigne du doigt Maxwell. Un humain moulé dans une armure de cuir ajustée. Ses cheveux poivres et sels, coupés très courts, trahissent son entrée dans la quarantaine. Ses traits sont tirés par l’agacement. Il assène ses ultimes ordres aux veilleurs et explorateurs encore sur le ponton. Je porte deux doigts à ma bouche pour siffler. « Chef ! Par ici ! Le capitaine veut vous voir ! » D’un signe je lui demande d’approcher.

J’ai déposé le baluchon de vivres à mes pieds. Sur le pont, les allers-retours ne cessent, sous la supervision du fameux Urlo. Les tonneaux ont été roulés à bord, au rythme des râles. C’est qu’ils pèsent le poids d’un spitmon mort. Il ne reste à quai que les deux dernières caisses de matériel des intellos de la Guilde d’Ozénys. Deux marins manipulent sans trop de précaution le palonnier utilisé habituellement pour décharger les filets de pêche. Chaque cahot arrache un rictus haineux à Jean-Eudes, qui tente de guider les forbans en gesticulant les bras dans tous les sens. Si ce gars avait été agent de piste sur Terre, il y aurait eu de milliers de morts. A coté de lui Eustache la moustache, indolent, observe passivement. Je me demande si ce n’est pas son visage qui a poussé sur cette moustache extravagante, plutôt que l’inverse. Un balais brosse qui retombe mollement sur ses joues, sa bouche, lui donnant un air de mastiff anglais. Une impression trompeuse, car il s’agit d’un sorcier, et non d’un métamorphe.

« Ouais, ces deux là sont les VIP. La girafe c’est le cartographe. L’autre un zoologue, et accessoirement expert en magie verte. Deux grosses têtes de la Guilde d’Ozénys. Va falloir qu’on les supporte, et qu’on passe leurs caprices… » L’ombre d’un sourire carnassier étire mes lèvres. « Ils ont dit qu’on devait les ramener en vie… Mais ils ont pas précisé s’ils devaient rester au sec... J’imagine qu’on a vite fait de glisser par-dessus une balustrade quand le vent tourne. » Un préambule de conversation avorté par l’arrivée de Maxwell. Il nous rejoint d’un pas rapide, ses semelles claquent durement sur le bois lustré du pont. Il se plante devant moi, et me plaque un index inquisiteur sur le sternum.

« Recrue, c’est la dernière fois que tu me siffles… » me balance-t-il, la patience déjà élimée. Je me dis que ça commence bien… « Oui, chef. » Réponse réflexe. Je hausse les épaules, à l’attention de Reyna, en guise d’excuse, lorsqu’il me tourne le dos pour se présenter. « Vigie Maxwell. Je dirige cette expédition au nom de la Guilde des Explorateurs. Allons-nous entretenir avec votre Capitaine. Si nous n’organisons pas rapidement tout ce petit monde, nous allons finir par nous entre-tuer. » Il ne plaisante pas.

Faute d’ordre contradictoire, je balance le baluchon au collègue le plus proche, qui me lance un regard courroucé, et m’élance à la suite du duo. Maxwell doit bien faire deux têtes de plus que Reyna. Une volée de marches surélève le pont arrière, au milieu duquel trône fièrement une barre à roue tout droit sortie d’un vieux film de pirate. Campé à coté du bastingage, la pipe au bec, la tortue nous observe d’un œil perçant. Comme si le vieux loup de mer pouvait lire nos âmes. L’attitude de Maxwell change du tout au tout. Ses enjambées se font moins raides à mesure que l’agacement s’évapore. Et lorsqu’il se présente au capitaine, pour une poignée de main musclée, c’est un sourire de gosse qui illumine son visage. Je comprends alors que Papyloc est une sorte de monument à Azamyr. Un vieux de la vieille, respecté de tous.

« Capitaine Curtis. Encore merci d’avoir accepté de conduire notre expédition le long de la côte. » Il est amusant de penser que le Milor est le seul navire capable de transporter autant de monde. Si la tortue avait refusé, tout serait tombé… A l’eau. Bordel, quel sens de l’humour. Dommage qu'il n'y ait personne dans ma tête pour en profiter ! « Et désolé pour tout ce… bazar. » Il soupire. « Sans vouloir vous commander, j’ai préparé une organisation, pour que nous ne nous marchions pas dessus : nous sommes dix. Deux Ozénys, quatre Veilleurs chargés de leur protection rapprochée, et quatre Explorateurs. Nous pourrions nous relayer par quarts de six heures. Six heures de guet, six heures de corvées, et six heures de détente, et six heures de sommeil. Un binôme de Veilleur/Explorateur par quart, auquel, si vous le souhaitez, vous pouvez ajouter l’un de vos marins. De cette manière nous ne seront pas tous sur le pont en même temps, et nous pourrons partager les hamacs dans la soute. » Je devine que Maxwell s’y connait en navigation… Il a pensé à tout. Ou presque. « Quant aux Ozénys, j’imagine qu’ils ont déjà établi leur propre planning. Le mieux c’est de les laisser travailler. » Enfin il achève son laïus, par une formule très humble, respectueuse. Que je trouve classe : « Bien sûr, vous êtes le seul et unique capitaine à bord. Il ne s’agit que d’une proposition. Je m’en remets à votre décision de la suivre ou non. »

Et voilà que j’espère secrètement faire équipe avec Cazimyr… Et pourquoi pas Reyna. Ce serait toujours mieux que de devoir me coltiner un veilleur taciturne, et un marin bourru qui pue la vinasse.

Je ne peux m’empêcher d’analyser le nouvel homme à mes côtés d’un air curieux avant de porter mon attention sur une dryade et un jeune homme en train de ramener une grosse caisse sur le bateau. Avec tout ça, on avait l’impression que l’on partait pour des mois et des mois mais j’avoue ne pas avoir très bien connaissance du nombre de vivres qu’il faut pour le nombre d’individu qui allait être à bord.

Je regarde la main que Fayad donc, me tend puis je viens la serrer avec poigne d’un geste assez brutal. Pas très nymphe si vous voulez mon avis. Mais ça, j’en ai rien à foutre.
Je ricane toute seule alors que je sais pertinemment que l’explorateur m’analyse à son tour.

- Vous en faites donc pas, la plupart des gens qui travaillent sur le Milor à l’année n’aiment pas trop les intrus. Donc, ignorez leur regard noir. Au fond, on a tous hâte de quitter le port. En plus, on est resté à quai plusieurs jours à cause des chutes de neige donc on a qu’une envie, s’est dégager vite fait.

J’arque un sourcil lorsque Fayad s’excuse avant que je comprenne de quoi il en retourne. Il me montre du doigt le fameux « chef » de l’exploration et je plisse mes yeux dorés pour observer en détail le bonhomme aux cheveux grisonnants. Le caractère de ce gars allait définir toute la suite de cette tant attendu expédition. Mieux valait qu’il soit intéressant.

Je hoche la tête en signe de compréhension avant de voir l’homme se rapprocher du navire. J’écoute Fayad et je grimace lorsqu’il me raconte que le métamorphe n’est autre que le cartographe. Super. Sans blague, c’était vraiment super. Putain.
Je lance un petit regard en coin à l’explorateur lorsque celui-ci s’amuse à dire des choses qui me plaise bien.

- Je vois qu’on est sur la même longueur d’onde alors, je déclare en venant croisant mes bras. La mer est dangereuse, rentrer en vie ne signifie pas rentrer entier. De toute façon, il vaut mieux pour tout le monde que chacun reste à sa place.

J’hésite un instant avant de regarder Fayad.

- J’imagine que l’on va devoir tout de même lui montrer nos cartes.

Je n’ai pas le temps de développer que le chef de l’exploration débarque devant nous deux en gueulant déjà sur mon nouveau collègue. Putain. Pas ce caractère là s’il vous plaît. Tout sauf ça.
Je le juge, très fort. Je ne m’en cache pas, je place même un sourire narquois sur ma jolie frimousse. Maxwell donc. Fort bien.

- Reyna Curtis, je déclare d’une voix pleine d’assurance avant de regarder le chef de bas en haut. En effet, j’acquiesce. Se serait dommage qu’il y ait des morts, dès le premier jour j’ajoute après une pause avant de leur faire signe de me suivre d’une main qui porte plus de bagues que je n’ai de doigts.

J’emmène le conMaxwell devant Papyloc avant de regarder de nouveau Fayad qui nous avait suivit avec un petit air malicieux.
La tortue lâche enfin sa pipe pour regarder le chef de l’exploration avant de le saluer d’un mouvement de tête.

De mon côté, je ne peux que grincer des dents lorsque j’entends le chef ne dire ne serait-ce que « sans vouloir vous commander » à mon métamorphe préféré. Ils étaient donc dix. Moins que ce que je m’étais imaginée et s’était tant mieux. Tout ce beau monde finalement aidait seulement aux préparatifs.

Je sens que quelque chose me tombe sur l’épaule. Je regarde en l’air en sachant déjà très bien que Persée veut savoir ce qu’il en est. Je lui fait trois signes derrière mon dos d’un langage que nous avons établis tout les deux et que nous sommes les seuls à comprendre. Grossomodo, je lui dis, « attends trou duc ». Je ne regarde pas sa réaction qui doit sûrement être un magnifique majeur, signe universel à n’en pas douter.

- Chef Maxwell. Bienvenue sur le Milor. J’espère que vous n’avez pas le mal de mer parce que nous sommes parties pour plusieurs jours. Sachez que personne ne fait jamais rien sur mon bâtiment, comme vous le dites si bien. Tout le monde fait sa part et même les capitaines ont leurs tours de veilles. Si vous êtes prêt à ça, alors on devrait bien s’entendre. Pour ce qui est de vos binômes, je vous laisses faire, vous connaissez vos troupes mieux que moi.

Papyloc me jette un coup d’oeil avant de tirer un coup de sa pipe.

- Les vents vont être fort une fois les murailles passés. J’ai besoin d’un équipage vif et même si vous n’êtes pas marins, j’attends de vos hommes une écoute sans faille. Suivez-moi.

La tortue quitte son poste et nous emmènes dans le couloir qui mènent aux différentes cabines du pont supérieur. Je descend un petit escalier en suivant le groupe et en faisant signe à Fayad de suivre sans trop savoir si il à le droit ou non. Au pire, qu’est-ce qu’on pouvait y faire ? Curtis entre en premier dans la salle boisé. Le bureau du capitaine. Les vitres des fenêtres amènent de la lumière grise dans la pièce. Sur le bureau central, des tonnes de papiers, boussoles, cadrans et cartes.


- Voici nos cartes, je présume que vos cartographes en ont déjà mais si ils veulent jeter un coup d’oeil sur celle-ci. Reyna en a dessiné plusieurs. Elle a un bon coup de crayon.

Mouai. Pour les donner à cette conne de girafe.

Je m’avance pour montrer au conMaxwell plusieurs zones.

- On est pas cartographe ici mais on a le sens du détail.

Je déplace mes doigts pour descendre vers le sud sur la plus grande des cartes. Avant de caresser doucement une zone vierge de toute encre. Le sud du sud, la côte ou je ne suis encore jamais allée.

- Avant d’arriver dans notre zone d’exploration, on devra traverser une zone de récif assez dangereuse. Le reste sera une partie de plaisir si le vent ne tourne pas. Mais en cette saison, comme le dit le capitaine, rien n’est plus sûr.

Je tapote de l’index la zone de récif avant de regarder le conMaxwell pour l’observer.

- Votre cartographe devra prendre note de ça j’ajoute en haussant les épaules avant de jeter un coup d'oeil à Fayad.

Bien si vous le permettez, je vous laisse entre grands chefs, et je vous emprunte cette… recrue. Capitaine ?

Le métamorphe hoche la tête. On se comprend entre nous. Il est l’heure maintenant de voguer.

J’abandonne le bureau de Papyloc en me tournant vers Fayad.

- Bon, j’espère que tes copains ont tout fini de charger. T’as pas hâte toi ?

Au cachot le vouvoiement, Reyna avait bien vite oublié les manières. De toute façon, le chef de l’exploration et Papyloc sortirent quelques minutes plus tard des cabines. Tout était paré.

Les derniers chargements se firent et tout le monde était maintenant à bord ce qui changeait quand même la donne.
Je laisse Fayad pour aller m’occuper des choses que j’ai à faire en lui faisant signe qu’on se verra tout à l’heure. Le bougre doit sûrement aussi avoir des trucs à faire de son côté.
On est sur les derniers préparatifs. Je remonte sur un hauban pour aller vérifier certaines choses, j’ignore Persée qui me fait signe, je redescend et un frisson me parcours la peau lorsque j’entends le capitaine dire :

- LARGUEZ LES AMARRES !

Qu’on ne me le dise pas deux fois. On y était. Le Milor allait quitter le port.