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Saison froide ☃︎ Azamyr • An 118 — Novembre à Décembre

Imaginez un monde dans lequel votre avenir est incertain, la fin se rapprochant de plus en plus, sans que vous puissiez changer votre destin. Un jour, une solution est trouvée, vous permettant d’espérer, de croire en la possibilité d’une autre vie, une nouvelle vie. Il vous faut trouver une clé, vous permettant de traverser le portail menant à un nouveau monde. Là, tout est possible, vous naissez à nouveau, différent. Vous devrez faire face aux dangers, aux complots, aux découvertes. Mais l’avenir s’étend devant vous. Le petit journal d'Azamyr

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[TW] Par un soir de novembre - Eos [TW]

Elide Evans
Maison du Ciel et du Souffle

« Pourquoi ne pas espérer ? » répéta Elide tout en clignant des yeux, visiblement surprise. C’était pour elle une question tellement simple qu’elle en resta aphone quelques secondes. Elle finit par lâcher un ricanement incrédule et secoua la tête. « L’espoir est une maladie. Il vous dévore de l’intérieur sans rien apporter d’autre qu’une souffrance inutile. J’ai vu ce que donnait l’espoir. Il finit par tuer tous ceux trop cons pour y croire. Ou par faire tuer les autres » ajouta-t-elle amèrement. L’espoir était ce qui avait tué Oslo. L’espoir était ce qui avait fait assassiner Kal et Fenris. L’espoir, c’était de la merde. La jeune femme ravala les paroles acerbes qui lui chatouillaient les lèvres et prit un instant pour refouler la colère qui lui piquait le nez. « Mais je respecte ton choix. Le fait que tu choisisses d’y croire. Que tu choisisses de croire en l’humain. J’espère juste que tu ne seras pas trop déçu, et que tu ne ressortiras pas brisé par l’expérience » ajouta-t-elle d’un ton plus narquois qu'elle ne l'aurait souhaité.

Plus par besoin de s’occuper les mains qu’autre chose, l’élémentaire s’empara de sa tasse vide et la porta à ses lèvres, grapillant les quelques gouttes de chleucolat qui en tapissaient encore le fond. Pourquoi l’optimisme d’Eos l’agaçait-il autant ? Elle ne le connaissait que depuis quelques heures. Qu’il aille se casser les dents en essayant d’aider son prochain, ce n’était pas son problème, tenta-t-elle de se convaincre. Sans grande conviction. Du coin de l’œil, elle observa le psychiatre, les sourcils légèrement froncés. Pourquoi lui importait-il ?

« Je n’ai connu que la ville » répondit-elle distraitement, son esprit tâchant encore de démêler le pourquoi du comment de cette étrange relation qu'elle entretenait avec le nymphe. « Je ne connais rien à la nature, au monde extérieur. J’ai pensé que je serai plus efficace sur les remparts. » Une réponse joliment édulcorée, mais elle avait suffisamment partagé de vérités malaisantes pour ce soir. Solitude. Désespoir. Une furieuse envie de faire partie de quelque chose. Un besoin viscéral, peut-être, de compter pour quelqu’un, même un peu. Autant de raisons qu’elle refusait de s’avouer, alors les partager… Ça ne changerait rien.

Elide sentit ses oreilles chauffer alors que les paroles – crues, dures, réalistes – d’Eos lui parvenaient aux oreilles. Automutilation. Elle se raidit. La honte lui serra la gorge, effaçant le soulagement éphémère qu'elle avait ressenti à la promesse que celui-ci ne parlerait pas de ses débordements à ses supérieurs, et elle garda les yeux rivés sur sa tasse tandis qu’elle la reposait sur sa soucoupe. Son index en dessina le contour, son esprit cherchant désespérément une échappatoire, refusant d’accepter ce mot. Automutilation. Sa peau griffée sembla chauffer en réponse, et la jeune femme cacha un peu plus sa main écharpée. Elle se sentit soudain minuscule, sous le regard sévère et scrutateur du nymphe. Elle n’osa croiser son regard, persuadée que ce faisant il verrait directement au travers du manteau de mensonges et de semi-vérités dont elle s’enveloppait en permanence. Cette simple idée la remplissait d’un mélange d'embarras et de terreur – déjà, elle regrettait d’en avoir tant dit et de s’être montrée si vulnérable. La jeune femme s’agita sur son fauteuil, mal à l’aise.

« Non. » finit-elle par répondre d’une voix étranglée. Son cœur battait jusque dans sa gorge, lui donnant la nausée. « Non. Je… je n’ai jamais essayé d’en... finir. » Elle était trop lâche pour mettre elle-même fin à ses jours. En revanche, s’exposer de façon irraisonnée au danger était autant une façon de se sentir vivante que de provoquer le destin : ainsi, peut-être, quelqu’un d’autre se chargerait de cette tâche qu’elle était incapable d’accomplir ? Elle avait promis de vivre, mais n’avait rien dit sur le fait de chercher à mourir.

Puis arrivèrent ces mots terribles, pourtant prononcés avec la candeur d’un cœur innocent. Tu n’es plus seule, je suis là. La main d’Eos sur la sienne la fit sursauter, la tirant de l’adieu silencieux auquel elle se livrait sans que celui-ci en ait conscience. L’élémentaire observa un moment les doigts fins sur sa peau pâle, qui stabilisaient le tremblement des siens, puis replongea son regard dans les prunelles vert-gris de l’homme en face d’elle. Son cœur se serra. Non, elle ne pouvait pas le laisser approcher, elle ne pouvait pas prendre le risque de le perdre lui aussi.

« Tu n’en sais rien. Tout le monde meurt, Eos. » chuchota-t-elle. « La date d’expiration est simplement plus longue chez certains que chez d’autres. » Elle serra les dents. « La prudence ne donne aucune garantie, si ce n’est de repousser peut-être un peu l’échéance. Dans une semaine, dans un mois, dans un an… Un jour, quelqu’un te posera une lame sur le cou alors que tu pars dîner, ou entrera chez toi au beau milieu de la nuit, parce que toi, tu possèdes ce qu'il n’a pas. De l’argent. À manger. De l’espoir. » Elle cracha ce dernier mot. Puis la main du nymphe quitta la sienne après une dernière tape réconfortante, et la jeune femme glissa un regard sur le fantôme de cette présence qu’une part d’elle aurait voulu retenir. « Ce n’est pas parce que tu es censé vivre longtemps que tu ne peux pas mourir. » Ses yeux de miel se firent suppliants. « Alors je t’en prie. Fais… fais attention. »

La jeune femme détourna la tête, le cœur au bord des lèvres. Les adieux aux vivants étaient parfois aussi difficiles que ceux que l’on devait aux morts, et la douleur qu’elle ressentait au creux de son estomac à l’idée de ne plus jamais revoir Eos l’informait à quel point elle faisait bien de s’éloigner de lui. Mais merde, pourquoi tenait-elle tant à lui ? L’épuisement des dernières heures tomba soudain sur ses épaules comme une chape de plomb, et l’élémentaire vacilla légèrement sur sa chaise. Un froid qui n’avait rien à voir avec ses vêtements humides envahit ses os, et elle frissonna. Elle pouvait sentir l’obscurité reprendre peu à peu possession de son esprit, grignoter la brève lumière qu’y avait fait naître le nymphe, étouffer les braises de cet espoir qu’il avait, l’espace d’un instant, réussi à faire rougeoyer. Oui, elle aurait tant voulu y croire.

Lorsque celui-ci lui proposa une nouvelle étreinte, Elide voulut d’abord refuser. Elle devait s’éloigner de lui, de ce qu’il lui représentait et de ce qu’il lui offrait. Mais cette part d’elle assoiffée de chaleur humaine se rebiffa aussitôt cette pensée apparue, et avant qu’elle ne puisse retenir sa langue traîtresse, elle s’entendit accepter son invitation, sa voix rauque peinant à passer l’étau de sa gorge serrée. « D’accord, un dernier câlin pour la route, alors. » Et, avant qu’elle ne puisse formuler une objection, trouver une raison de se raviser, les bras d'Eos se refermèrent sur elle, oblitérant toute résistance en même temps qu’une partie de sa résolution.

Un dernier câlin pour la route. Quel mal pouvait-il y avoir à cela, après tout ?
Elide Evans
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Eos Saysanasy
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Par un soir de novembre - Eos & Elide


15 Novembre 118

La jeune fille était morte de peur, et ce depuis si longtemps que comme un animal meurtri elle montrait les dents à la main tendue, qu'elle soit remplie de bonnes ou de mauvaises intentions. Les yeux tantôt dans le quartier aquatique, tantôt dans les prunelles atterrée de l'élémentaire, j'écoute ses sursauts, sa désapprobation ou son scepticisme avant de murmure, presque absent: "Et le désespoir Elide, ne mène-t-il pas à la souffrance et ne provoque-t-il pas la mort de ceux qui s'y jette corps et âme?" La encore, ce qu'elle voyait être la faute de l'espoir brisé pouvait être vu comme un désespoir si plein que tout était bon pour y échapper... La tasse achevée, je la dépose à plat contre la table, regardant les quelques restes de nourriture avant d'en reprendre, plus pour finir que par réelle faim.

Et croire avait finit par me blesser, déjà. Car après tout, en laissant partir la demoiselle Gouttenoire, ne s'était-elle pas empressée de revenir avec de mauvaises intention? Le monstre sanguinaire dans mon souvenir est cependant vite effacée par les lèvres carmins gémissantes et piquant un fard monumental m'étouffe dans mon dessert avant de reprendre contenance. "L'espoir m'apporte plus qu'il ne me desserre. Bien qu'il m'ait déjà desservi, je ne suis pas si candide." Ma main frôle inconsciemment mes écailles froissées de l'attaque avant de rajouter: "Sans espoir, je suis inutile. A quoi sert un phare sans lumière?"

Les veilleurs avaient recueilli Elide, malgré son manque de lumière pour elle-même. Et son raisonnement semble logique, car après tout il était difficile de se débarrasser de nos connaissances pour se jeter dans le grand bain, dans l'inconnu. Les remparts étaient plus proches de ce qu'elle avait connu que la jungle et les habitants de celles-ci, et je hoche la tête. "C'est bien pensé." La petite ne manquait pas de raisonnement, juste d'entourage... Et cette isolation semblait la ronger petit à petit, au risque de l'éteindre tout à fait. Mais quand je demande si son comportement auto-destructeur ne comporte pas d'envie d'en finir elle bégaye, réfléchit, nie. Je regarde dans ses yeux un moment avant d'acquiescer. "En ce cas... Ton secret est le mien."

En guise de conclusion je croque dans le fruit et sous la terreur infusée dans le regard d'Elide j'essaye de la rassurer sur mes chances de survies. Le nouveau monde est plutôt serein, sauf dans les esprits embrumés de craintes comme celui de l'élémentaire et malgré les faits prononcés elle se fait plus dure. Sa peur est tellement insufflée en elle que la destinée de tous semble être une mort funeste, sauf pour elle, obligée de subir en triste spectatrice une solitude ordonnée par je ne sais quel dieu perfide. Je pourrais dire que faire attention dans son monde où la violence est omniprésente n'a pas grand intérêt mais rajouter du fuel sur son feu d'incertitude ne le fera pas étouffer, et je me contente de regarder flotter les algues bioluminescentes avant de simplement dire: "Dans le monde d'où tu viens, je devrais être aussi prudent que tu ne l'es. Dans ce monde... les choses sont différentes." Après tout, les crimes recensés se comptent sur les doigts...

Finalement je propose une embrassade et même si l'enthousiasme est bien moindre je sens la tête de la petite se poser contre mon épaule. Un moment passe, tranquille, et finalement un bruit venant de la porte au fond de la salle me fait reculer doucement. Le serveur revient, une mine un peu désolée. "Nous allons fermer, je vous met vos desserts restant à emporter?" Je regarde le quartier où les lumières humaines ont pratiquement disparues, la salle vide puis acquiesce avant de me tourner vers Elide. "Je te ramène chez toi? "

Eos Saysanasy
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Elide Evans
Maison du Ciel et du Souffle

Elide voulut rétorquer que c’était le désespoir, qui l’avait happée, et non elle qui s’était volontairement jetée dans sa gueule tourmentée. Qu’à l’image de ces sacrifiés sur l’autel des Dieux aveugles, on ne lui avait guère laissé le choix, et qu’elle n’avait même pas eu le loisir de supplier. Mais, alors qu’elle ouvrait une bouche tordue par la colère pour faire connaître au nymphe l’injustice de son point de vue, les mots se bloquèrent dans sa gorge, refusant de franchir ses lèvres. La véracité des paroles prononcées s’insinua en elle comme une caresse sirupeuse, glaçant les dernières parties de son âme survivante. Son cœur manqua un battement alors qu’explosait dans son esprit la réalisation qu’Eos avait raison. C’était le désespoir, qui l’avait menée là où elle était aujourd’hui. Le désespoir d’un monde mourant, le désespoir de frères qui auraient voulu tellement plus, le désespoir d’une humanité qui n’avait plus rien à perdre. Je refuse de te laisser vivre dans un monde aussi pourri, murmura à son oreille le spectre d’Oslo. Désespoir. Trois petites lettres qui renversaient les croyances de toute une vie. L’espace d’un instant, la fureur fit étinceler ses yeux. Contre le nymphe, pour lui avoir ouvert les yeux. Contre elle, pour y avoir cru.

Mais Elide n’était pas prête pour une telle épiphanie. Sa haine était trop farouche, son chagrin ancré trop profondément pour qu’elle se range à un point de vue différent du sien. Elle n’était pas encore prêtre à admettre le fait que c’était le manque de foi en l’humanité qui lui avait arraché les siens et que, s’ils avaient été plus nombreux à partager la vision d’Eos, alors sa famille serait peut-être encore en vie. Son esprit calfeutra cette dangereuse pensée à peine germa-t-elle au fond de sa conscience, et l'élémentaire referma la bouche, secouant la tête une nouvelle fois, refusant de s’aventurer plus en avant sur les chemins d’une introspection que la remarque de l'homme face à elle avait rendus beaucoup trop glissants.

« Je pense que nous ne serons jamais d’accord sur ce point » lâcha-t-elle plutôt d’une voix neutre, étrangement conciliante, retournant à la contemplation des eaux assombries. Une quinte de toux lui fit tourner les yeux, et elle observa, surprise, Eos s’étouffer sur son gâteau, les joues en feu. Merde, qu’est-ce qu’elle avait dit pour le mettre dans cet état ? Elle rejoua dans son esprit les trente dernières secondes de conversation et, ne trouvant aucune raison à cette gêne soudaine, elle remplit un verre d’eau qu’elle poussa vers lui sans un mot, les sourcils légèrement froncés devant le geste inconscient qu’il venait d’esquisser. Mais ce n’était pas son rôle, de questionner, et l’élémentaire se contenta donc de détourner pudiquement les yeux, attendant que le psychiatre reprenne contenance.

« Hum… » marmonna-t-elle pour toute réponse à la nouvelle explication d’Eos. Un phare sans lumière… Parce qu’il existait encore des phares capables d’éclairer quoi que ce soit ? Les divergences d’opinion s'entassaient, et la jeune femme ne voyait plus de raisons à continuer de contredire l’optimisme à tout épreuve de son interlocuteur.  D’un air absent, elle le remercia d’un signe de tête lorsqu’il lui promit de garder son secret – leur secret –, refusant cette fois encore de croiser son regard, submergée par cette honte qui ne manque pas d’éclore lorsque tombe le masque et qu’est enfin révélé à l’auditoire en haleine la laideur du visage qu’il dissimulait.

C’est donc avec un soulagement ombré de tristesse qu’elle accueillit l’interruption du serveur, qui vint leur signifier à mots voilés qu’il était temps pour eux de déguerpir. Eos l’avait une nouvelle fois enlacée, l’attirant dans une étreinte qu’elle craignait tout autant qu’elle la désirait. Comme un naufragé à son rocher, comme un drogué à son héroïne, la jeune femme s’accrocha encore quelques secondes à cette chaleur humaine, respirant une dernière fois cette odeur d’océan et d’espoir, avant de s’arracher, à regret, de ces bras aux couleurs de chez-soi.

« Oui, rentrons » acquiesça-t-elle d’une voix fatiguée. Elle se leva de sa chaise et, suivie d’Eos, se dirigea d’un pas d’automate vers l’escalier, qu’elle gravit sans un mot. « Je t’attends dehors », annonça-t-elle au nymphe en se dirigeant vers la sortie afin de lui accorder un peu d’intimité lorsque celui-ci fit mine d’aller vers le comptoir pour payer. Et, peut-être, pour s’excuser du piètre spectacle qu’elle offrait.

Le froid humide de la mi-novembre l’accueillit lorsqu’elle poussa la porte, la faisant instantanément grelotter. Ses vêtements étaient encore humides, mais dans son état, la jeune femme n’essaya même pas de faire appel au Vent. Au moins avait-il cessé de pleuvoir. Elle se frotta les bras pour se réchauffer, lâchant un hoquet de douleur lorsqu’elle plia par inadvertance sa main mutilée. L’épuisement lui brûlait les yeux, et les griffures sur sa peau lui donnaient l’impression que sa poitrine était en feu. La seule chose qu’elle désirait désormais était de fermer les yeux, en espérant pouvoir oublier. Oublier cette soirée, oublier cette tristesse, mais surtout oublier ce putain d’espoir qui faisait vibrer son putain de cœur lorsqu’elle observait le visage d'Eos.

La clochette de l’entrée tinta, et Elide se retourna. Durant de précieuses secondes, elle observa en silence le nymphe qui venait de sortir et qui se tenait devant elle. Elle plongea ses yeux cernés dans les siens. Bons. Chaleureux. Débordant de cette tendresse immuable que seuls peuvent offrir les cœurs purs. L’émotion lui serra la gorge.

« Merci, pour le restaurant » finit-elle par lancer d’une voix rauque. Un nouveau silence. Elle détourna le regard, le cœur déchiré par ce qui devait être des adieux. « Et pour… tout le reste. Je vais rentrer toute seule, d’ici. Tu m’as suffisamment aidée. » S’éloigner. Elle devait s’éloigner, avant que ce ne soit trop difficile. D’un geste décidé, elle défit la cape de pluie qui lui couvrait les épaules, et la lui tendit. Sa cape. « Tiens. Je n’en ai plus besoin. Merci. » Et, après un dernier sourire forcé, elle commença à reculer. Un pas après l'autre. Sans parvenir tout de suite à détourner les yeux de cette silhouette aux airs d’ange tombé du ciel. Sans parvenir à faire taire cette petite voix, au fond d'elle, qui lui chuchotait qu'elle avait tort. Sans parvenir à retenir les larmes qui coulaient de nouveau sur ses joues. Mais la terreur, cette indicible angoisse de la perte qu’avait noté Eos, fut la plus forte, et dans un hoquet où dansait les notes d'une peine indicible, l'élémentaire finit par faire volte-face et disparut dans les ténèbres de la nuit.

Quelques jours plus tard, Eos trouverait sur le pas de sa porte un paquet soigneusement emballé dans du tissu. Lorsqu'il l'ouvrirait, il y découvrirait un pull vert d'eau en laine de Stipmon. Confortable. Doux. Chaud. Sur le dessus, un mot : « Pour remplacer celui que je t'ai tâché. Prends soin de toi. Elide. »
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Eos Saysanasy
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Par un soir de novembre - Eos & Elide


15 Novembre 118

Nourrir la petite n'avait pas eu totalement raison de sa tristesse immense mais avait quand même eu le don de calmer sa crise destructrice et ses pleurs déchaînés. Elide avait le don de réveiller mon empathie, ce qui n'était pas rare en soi mais plutôt exceptionnel dans ce cas, puisqu'elle provoquait des sentiments diverses et tous divergeait en un sens: Elle aurait pu être ma petite sœur que j'aurais voulu la remettre sur pied de la même façon.

Et la soirée se termine, nous remontons à la surface non sans un dernier regard sur la ville cachée endormie, et même si l'idée de laisser Elide seule dehors ne me plaît que moyennement j'acquiesce, espérant qu'elle ne s'enfuit pas à toute jambes une fois mes yeux décollés de sa silhouette fragile. Le serveur arrive, une poche d'un tissu propre à la main et me la tend: "De quoi faire un petit déjeuner demain!". Je sors mes pièces en le remerciant et demande de quoi écrire sous l'air étonné du triton qui me tend une plume et du papier. Une fois mon nom et mon adresse griffonnés plus ou moins lisiblement sur le papier, je remercie de nouveau le serveur et lui donne une pièce de plus, plaçant mon écrit dans le sac avant de passer la porte.

Avec soulagement je vois les cheveux violines de l'élémentaire qui m'attend, et lorsqu'elle se retourne elle me lance un drôle de regard, de ceux qui scrute comme si on était tout à fait nouveaux, et je tends le paquet. "Pour toi, pour demain." Ses petits doigts enserre le tissu et quand elle me remercie je secoue la tête: "Ce n'est rien. Rentre bien et... Pas de bêtises, d'accord?" Puis ses doigts défont la cape sur ses épaules et je la reprend pour l'enfiler, grelottant déjà du froid. "Merci. Prend un manteau, la prochaine fois qu'on fait un restau, c'est plus commode d'en avoir deux." Je fais un sourire, comme si c'était acté qu'on allait se revoir, puis tend la main. "Viens me voir, un de ces jours. Si je n'ai pas de nouvelles j'en prendrais, nous ne sommes pas suffisamment pour pouvoir nous éviter tous..." Surtout lorsqu'on tenait à se croiser, évidemment.

Puis je laisse la jeune femme reculer, en faisant un petit geste de la main, comme un père à son gamin courant vers ses camarades à la rentrée, et je regarde un moment la rue cette fois déserte avant de prendre le chemin de la maison, exténué. Peut-être la jeune Elide avait-elle remué plus de choses que ce que je voulais bien admettre...

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